Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Le territoire du bassin de vie d’Avignon figure parmi les 9 nouveaux projets de Services express régionaux métropolitains (SERM) que vient de labelliser le ministère des Transports. Ce dispositif, porté tout particulièrement par la Région Sud, le Grand Avignon et la ville d’Avignon, visent le renforcement des épines dorsales ferroviaires avec une fréquence de type RER et la recherche d’une meilleure complémentarité avec les réseaux de bus urbains, d’autocars interurbains et l’offre de mobilité douce (piste cyclable, co-voiturage, autopartage). Pour Avignon, ce SERM concerne huit intercommunalités de l’ensemble de son ‘étoile’ ferroviaire qui s’étend jusqu’à Carpentras, Orange, Arles et Pont-Saint-Esprit. Une zone comprenant 715 000 habitants dont 90% se situent à moins 15 minutes d’une des 26 gares de ce bassin de vie. Le potentiel est particulièrement important pour le territoire puisqu’à ce jour seulement 6% des déplacements sur cette zone sont réalisés en transports en commun. Cette labellisation n’est qu’une première étape qui doit se poursuivre par l’obtention du statut définitif par arrêté. Cette décision sera prise sur la base d’un dossier approfondi, qui précisera les objectifs, la feuille de route, le financement et la gouvernance des projets. Le calendrier des actions à venir s’’étendra donc jusqu’en 2040 via plusieurs phases dont la prochaine devrait prendre la forme d’une période d’études dont le coût est estimé à 7M€.
« Il s’agit d’un pas de plus pour apporter des réponses concrètes aux attentes des habitants de la Région qui souhaitent plus de trains. »
Renaud Muselier, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur
Vers une tarification unique et une ouverture à la concurrence ? Dans la Région Sud, les territoires d’Aix-Marseille-Provence, Toulon et Nice-Côte d’Azur figurent également dans cette 2e vague de labellisation. « Le Ministre a été sensible au caractère très particulier de nos 4 projets, dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes et qui sont tous reliés entre eux par des trains et des bus régionaux rapides et cadencés : un véritable réseau express qui nous permet de desservir nos 4 SERM et qui n’existe nulle part ailleurs, se félicite Renaud Muselier, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il s’agit d’un pas de plus, complémentaire à la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur et aux effets de l’ouverture à la concurrence de nos TER, pour apporter des réponses concrètes aux attentes des habitants de la Région qui souhaitent plus de trains, plus de bus et une tarification unique. » Ces neuf projets viennent s’ajouter aux quinze issus de la première vague de labellisations intervenue la semaine dernière. D’autres projets de SERM sont par ailleurs actuellement à l’étude. Environ 800M€ vont être mobilisés par l’État pour soutenir ces projets, au travers du plan de relance et par le biais des contrats de plan État-Régions 2023-2027 (CPER). « Ce travail de préfiguration des projets de SERM doit permettre de faire émerger une vision et des objectifs communs aux acteurs locaux, répondant aux besoins de mobilité quotidienne des habitants, autour d’une gouvernance claire », explique le ministère des Transports.
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Selon le dernier rapport sur le développement du marché ferroviaire de la Commission européenne publié en septembre 2023, la ponctualité des services de transport ferroviaire de voyageurs à longue distance et à grande vitesse s’élevait à 83 % en France en 2020. Il s’agit plus précisément du pourcentage de trains de type TGV et Intercités arrivés au terminus à l’heure ou jusqu’à 5 minutes après l’horaire prévu.
Comme l’indique notre carte, la ponctualité du transport ferroviaire à longue distance en France se situait dans la moyenne de l’Union européenne (83 % également en 2020). En comparaison avec les pays voisins, les trains longue distance étaient davantage à l’heure en Espagne (91 %) et en Belgique (93 %), tandis que l’Italie (66 %) et l’Allemagne (70 %) affichaient une ponctualité assez médiocre dans ce domaine cette année-là.
Avec des taux de ponctualité supérieurs à 95 % en 2020, les pays où les services de transport ferroviaire de voyageurs étaient le plus à l’heure étaient les Pays-Bas, la Lettonie et la Lituanie (dans ce dernier pays toutefois, plus de 80 % des trains avaient été annulés en 2020). À l’autre bout de l’échelle, les taux de ponctualité les plus bas, soit autour de 50 %, étaient mesurés en Roumanie, en Grèce et en Slovénie.
De Tristan Gaudiaut pour Statista
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Le constat n’est pas nouveau, mais il reste plutôt accablant. Même si le train est l’un des modes de transport les moins polluants pour voyager, prendre l’avion coûte bien souvent beaucoup moins cher (même sur des trajets courts). Une tarification qui n’incite pas vraiment à choisir le rail et qui va à « contre-courant de l’urgence climatique et de la nécessité de réduire les émissions » dénonce Greenpeace, qui a publié ce mois-ci une étude sur les écarts de prix entre les billets de train et d’avion, basée sur l’analyse de 112 itinéraires en Europe.
Comme le montre notre graphique, c’est au Royaume-Uni et en Espagne que l’écart de prix entre les deux moyens de transport est le plus marqué, le billet de train y étant en moyenne 4 fois plus cher que le billet d’avion. En France et en Belgique, pour le même trajet domestique ou européen, voyager en train revient en moyenne 2,6 fois plus cher qu’en avion. Dans les 16 pays étudiés, le rail était en moyenne 2 fois plus coûteux. Seul un pays fait figure d’exception, la Pologne, où prendre le train est globalement moitié moins cher que l’avion.
Les avantages fiscaux dont bénéficient le secteur aérien en Europe (par exemple : exemption de la TVA sur le kérosène) sont l’une des raisons qui expliquent pourquoi l’avion reste relativement peu onéreux comparé à d’autres modes de transport.
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
En Suisse, près de 16 % de tous les voyageurs-kilomètres (une mesure correspondant au transport d’un voyageur sur un kilomètre) parcourus par voie terrestre – ont été effectués en train en 2020, selon les données d’Eurostat. La république alpine occupe ainsi la première place au niveau européen, bien qu’elle ne se situe qu’en milieu de classement en ce qui concerne la longueur totale du réseau ferroviaire.
Pour les déplacements de passagers en ville, mais aussi et surtout au niveau régional et suprarégional, le transport ferroviaire représenteune mobilité propre, durable et particulièrement adaptée pour relever les défis de la transition écologique. L’Helvétie investit beaucoup dans le transport ferroviaire comparée à ses voisins : soit 413 euros par habitant en 2021, contre seulement 45 euros par habitant en France, comme le révèle un autre graphique.
Alors qu’en Allemagne, seuls 6,3 % des voyageurs-kilomètres ont été réalisés en train en 2020, cette proportion était de 9,1 % en Autriche et de 7,8 % en France, en République tchèque et aux Pays-Bas. En Belgique, en Pologne et au Danemark, entre 5 et 6 % des voyageurs-kilomètres ont été effectués sur rail.
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Samedi 15 et dimanche 16 octobre, l’ensemble des billets proposés sur le réseau de trains d’Occitanie seront affichés à 1€. Cette mesure exceptionnelle, mise en place dans le cadre de la pénurie de carburant, s’applique également à la ligne ferroviaire de la rive droite du Rhône.
Depuis plusieurs jours maintenant, la pénurie de carburant impacte de nombreux Français à travers tout le pays. A la suite des déclarations du président de la République, mercredi 12 octobre, la présidente de la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, Carole Delga, annonce que l’ensemble des billets de train régionaux liO seront proposés au tarif de 1€ pour le week-end du 15 et 16 octobre.
« Compte tenu de l’évolution de la [pénurie de carburant], qui devrait durer encore plusieurs jours, il faut agir concrètement. La région Occitanie prend ses responsabilités et met en place pour ce week-end une mesure exceptionnelle pour encourager l’usage du train et ainsi économiser le carburant nécessaire pour la semaine à venir. Durant 2 jours, l’ensemble des trains liO seront ainsi proposés au tarif de 1€ » a déclaré la présidente de région, Carole Delga.
Ainsi, samedi 15 et dimanche 16 octobre, l’ensemble des billets proposés sur le réseau de trains régionaux liO seront affichés au tarif de 1€ dès ce jeudi soir minuit. Dans le cas où la situation perdurerait, la région Occitanie envisage la possibilité de renouveler la mesure si nécessaire.
Informations et réservations, à partir de ce jeudi 13 octobre minuit, à retrouver ici ou par téléphone au 0800 31 31 31 de lundi au vendredi de 7h à 20h, le samedi de 9h à 16h et le dimanche et jours fériés de 13h à 20h.
J.R.
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
La ligne ferroviaire de la rive droite du Rhône va reprendre du service ce lundi 29 août. Son inauguration, quant à elle, aura lieu demain.
À partir de ce lundi 29 août, la ville d’Avignon sera de nouveau reliée à la rive droite du Rhône par voie ferroviaire. Telle était l’ambition de la Région Occitanie qui, jusqu’ici, a investi un budget de 12,8 millions d’euros pour la conduite des études et la réalisation des travaux. L’ensemble du projet représente un investissement total de 100 millions d’euros. Fermée depuis un demi-siècle, cette ligne va reprendre du service, et son inauguration aura lieu demain, le dimanche 28 août, en présence de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, aux côtés des autorités ministérielles, des représentants de la SNCF ainsi que des collectivités et partenaires locaux.
Lors de cette journée, le train partira à 10h45 de la gare de Nîmes centre, pour arriver et repartir de la gare d’Avignon-centre à 11h20, puis pour faire une halte à celle de Bagnols-sur-Cèze à 11h45. Le train repartira de cette gare à 13h et s’arrêtera à celle de Pont-Saint-Esprit à 13h15, pour repartir à 14h45 afin de faire le chemin inverse et d’arriver à Nîmes à 16h06. À partir de lundi, il devrait y avoir 10 trains par jour, dont 4 qui feront les aller-retours entre Pont-Saint-Esprit et Avignon, et 1 qui fera l’aller-retour entre Pont-Saint-Esprit et Nîmes.
Si pour l’instant seulement ces 4 gares seront desservies, 6 devraient s’ajouter à partir de 2026 : Marguerittes, Remoulins/Pont du Gard, Aramon, Villeneuve-lès-Avignon, Roquemaure/Tavel, et L’Audun-l’Ardoise. À terme, la Région Occitanie espère transporter 200 000 voyageurs par an sur cette ligne en rive droite.
Tout le monde est invité à venir fêter ce grand événement. À 11h30 sur le parvis de la gare de Bagnols-sur-Cèze, il y aura une dégustation de produits locaux dans une ambiance festive assurée par DJ Albass. Et à 13h, à la gare de Pont-Saint-Esprit, les producteurs locaux vous accueilleront dans une ambiance musicale avec la fanfare ‘La Tête dans l’Cuivre’. Pour prendre part aux festivités, il faut vous inscrire au préalable via la formulaire en ligne.
V.A.
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Située au cœur d’une étoile ferroviaire quasiment sans équivalent en France pour une agglomération de cette taille, Avignon va de nouveau être reliée à la rive droite du Rhône par le rail à partir du 29 août prochain. Carole Delga, présidente du Conseil régional d’Occitanie est venue en personne pour annoncer la remise en service de cette ligne fermée aux voyageurs du Gard rhodanien depuis 1973.
1973, c’était la date du premier choc pétrolier. Une période qui aurait dû déjà nous alerter sur la réalité des énergies fossiles. A l’époque pourtant, le ‘tout-voiture’ était encore de mise et c’est donc en 1973 que la ligne de la rive droite du Rhône dans le Gard a été fermée aux voyageurs. Depuis, notre planète a été rattrapée par la crise climatique et les réalités d’hier ne sont plus les vérités d’aujourd’hui. Face à ces défis climatiques et de mobilité, la Région Occitanie a fait le choix de miser à fonds sur le ferroviaire. « Je me suis toujours battue pour le train, insiste Carole Delga, présidente du Conseil régional d’Occitanie. Pour les trains à grande vitesse, qui désenclavent nos territoires et pour les trains du quotidien qui facilitent la vie. »
A l’heure où se profilent les réaménagements sur les allées de l’Oulle ainsi que la réduction du trafic sur les ponts Daladier et de l’Europe, entre Gard et Vaucluse, afin de donner la priorité aux transports en commun de la Communauté d’agglomération Grand Avignon, cette ouverture devrait faciliter la vie de nombreux ‘navetteurs’ du Gard rhodanien travaillant sur le bassin de vie de la cité des papes. Et cela concerne beaucoup de monde selon l’Insee qui, a rattaché l’an dernier, 15 communes gardoises, soit près de 58 000 habitants (bien davantage que des villes comme Agen, Castres, Albi et sur les talons de Montauban) ainsi que près de 447 000 habitants et 225 000 emplois en tenant compte de l’intégralité de la proximité du 2e bassin industriel d’Occitanie au 82 kilomètres de ligne rouvertes.
100 M€ d’investissement pour un objectif 200 000 voyageurs par an Dans un premier temps, la nouvelle ligne proposera 5 allers-retours quotidiens entre Pont-Saint-Esprit et Avignon, dont un qui sera prolongé jusqu’à Nîmes. Depuis Pont-Saint-Esprit, le temps de trajet pour rejoindre Avignon-Centre sera de 30 minutes, puis de 40 minutes supplémentaires jusqu’à Nîmes. Le train desservira les communes de Pont-Saint-Esprit, Bagnols-sur-Cèze, Avignon-Centre et Nîmes-Centre. Les premiers départs auront lieu de la cité des papes à 6h37 pour une arrivée à Pont-Saint-Esprit à 7h06 pour le retour. Dans l’autre sens : départ de Pont à 7h03 et arrivée en gare-centre à 7h35. Le soir, le dernier trajet sera affiché d’Avignon à 19h07 pour un terminus en terre spiripontaine à 19h35. A l’inverse : départ de Pont à 20h16 pour un retour dans la cité des papes à 20h46. Le tout connecté avec une nouvelle offre de bus devant assurer une complémentarité avec le train, notamment pour la ligne 122 (Pont-Saint-Esprit/Avignon) et la ligne 121 (Pont-Saint-Esprit/Nîmes). Elles desservent respectivement 12 et 28 communes et proposent chacune environ 15 allers-retours par jour permettant ainsi une desserte fine du territoire. De plus, afin que la complémentarité soit totale et pour que les usagers bénéficient du service le plus utile qui soit, l’agglomération du Gard Rhodanien a également adapté ses dessertes de bus pour assurer la connexion avec les TER d’Occitanie.A terme, la Région espère transporter 200 000 voyageurs par an sur cette ligne en rive droite.
« Aujourd’hui, la demande est clairement entre Pont-Saint-Esprit et Avignon, explique Jean-Luc Gibelin, vice-président aux mobilités pour tous et infrastructures de transports de la Région. Nous verrons ensuite à l’usage s’il y a besoin d’augmenter la fréquence vers Nîmes. » Par la suite, les gares de Laudun-l’Ardoise, Roquemaure-Tavel, Villeneuve-lès-Avignon, Aramon et Marguerittes seront réaménagées, en créant notamment des quais là où ils n’en subsistent plus aujourd’hui, afin de proposer de nouveaux arrêts supplémentaires en les transformant en PEM (Pôle d’échanges multimodal) pour une réouverture complète en 2026. « Porte d’entrée à la fois de la région Occitanie et de la Provence occitane, Pont-Saint-Esprit disposera désormais d’une liaison directe avec les deux plus grandes villes du Gard et du Vaucluse, qui sont aussi deux pôles économiques et touristiques majeurs (ndlr : Nîmes et surtout Avignon où cette zone est davantage connectée qu’avec le chef-lieu du Gard), se félicite Claire Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit et 1re vice-présidente de l’Agglomération du Gard rhodanien chargée des Mobilités, conseillère régionale d’Occitanie. L’ensemble représente un investissement total de 100M€ pour l’ensemble du projet dont 12,8M€ ont déjà été mobilisés à ce jour par Occitanie pour la conduite des études et la réalisation des travaux qui ont permis cette réouverture. A terme, la Région espère transporter 200 000 voyageurs par an sur cette ligne en rive droite.
Une chance pour Avignon Comme le soulignait tout récemment dans nos colonnes Cécile Helle, la maire d’Avignon, la cité des papes dispose d’une étoile ferroviaire permettant une desserte à nulle autre pareille pour une ville de cette taille (2 gares, dont une gare TGV, et des axes de desserte arrivant des 4 points cardinaux). Et si Avignon bénéficie, avec cette ligne en rive droite de la première ouverture de ligne en France depuis 2016, celle d’avant concerné déjà la gare-centre de la cité des papes. Ainsi, après près de 80 ans de fermeture, les 27km de la ligne Carpentras-Avignon ont été rendus aux voyageurs en 2015. De quoi marquer la grande revanche des transports collectif au dépend des modes de déplacement individuels. Cette nouvelle ligne ne sera donc pas de trop pour amortir l’étranglement du trafic sur les ponts d’accès entre Occitanie et la région Sud au niveau d’Avignon.
Des tarifs les moins chers de France « La SNCF dit que les trains d’Occitanie sont les moins chers de France », poursuit la présidente du Conseil régional. Dans cette logique, la tarification des trains entre Pont-Saint-Esprit et Avignon sera unique et progressive selon un principe de paliers kilométriques (voir tableau ci-dessous). Pour garantir une complémentarité d’usage totale entre le train et le car, une tarification adaptée à cette réouverture anticipée est mise en place sur la ligne de la rive droite du Rhône, avec des billets de trains qui seront aussi valables à bord des cars Lio pour les abonnés.
Par ailleurs, lors du lancement de la ligne une offre événementielle sera proposée pendant un mois. Du 29 août au 29 septembre, tous les trains circulant sur cette ligne seront proposés au tarif de 1€ par trajet pour tous les voyageurs.
Politique tarifaire incitative En marge de cette présentation, la Région a aussi annoncé la mise en place d’une nouvelle mesure tarifaire destinée aux seniors fonctionnant selon le principe : plus je voyage, moins je paie. Proposée sous le nom ‘+ = -‘, cette formule utilise une application mobile 100% dématérialisée qui permet notamment de reconnaître automatiquement les gares de départs et d’arrivée et prélève aussi le coût du déplacement. L’offre de la Région est aussi particulièrement incitative pour les jeunes avec le succès de l’expérimentation de ‘+ = 0’ permettant aux jeunes de 18 à 26 ans de bénéficier de la gratuite du transport à partir du 11e trajet mensuel à bord des trains Lio. Le tout couplé à la mise en place d’un compte mobilité crédité au gré des trajets, une sorte de cagnotte accumulant les voyages sans limitation de date pour les utiliser. Lancée en septembre 2021, le dispositif compte déjà 35 000 inscrits.
Le train comme outil d’aménagement « Cette réouverture est le résultat d’une bataille collective alors qu’on nous disait que c’était impossible, rappelle Carole Delga. C’est également le fruit d’une détermination sans faille de la Région qui nous a permis de gagner 3 ans alors que l’échéance envisagée était 2025. En Occitanie, nous croyons au train. Le train comme outil d’aménagement des territoires, comme levier d’attractivité et de vitalité, et bien sûr comme chaînon essentiel aux mobilités du quotidien à l’heure où la crise climatique impose plus que jamais une remise en question de nos modes de déplacement. Cette première réouverture de ligne en Occitanie doit conforter notre ambition régionale pour le développement du ferroviaire. Bientôt, d’autres suivront, comme la ligne Montréjeau-Luchon en Comminges, qui verra circuler les premiers trains à hydrogène de France, ou encore la ligne Alès-Bessèges dans les Cévennes. »
« Je veux des trains partout, martèle la présidente d’Occitanie. Cette bataille du rail est essentielle pour décarboner nos déplacements face à l’urgence climatique mais aussi pour bénéficier de transports en commun moins chers et préserver ainsi le pouvoir de vivre des habitants. C’est encore plus urgent à l’heure où le prix des carburants s’envole. » La Région s’est fixé d’atteindre les 100 000 voyageurs par jour d’ici 2030. Pour cela, elle est déjà la seule région française à avoir retrouvé une fréquentation supérieure à fin 2019 (année de référence hors Covid). À fin juin 2022, elle enregistrait même une hausse de 8% de la fréquentation des trains Lio par rapport à cette date. Preuve d’un engouement pour le rail 228 962 billets à 1€ ont été vendus durant les week-ends dejuin 2022, soit une augmentation de 58% par rapport à 2021.
Delga et Wauquiez ‘courcircuite’ Muselier sur la ligne PLM ? « L’intérêt porté aux trains du quotidien a fait émerger plusieurs projets sur la rive droite du Rhône, rappelle la Région Occitanie. En effet, la Région Aura (Auvergne-Rhône-Alpes) et SNCF Réseau ont lancé des études sur la réouverture aux voyageurs de la ligne entre le Teil (Ardèche) et Romans-sur-Isère (Drôme) via Valence TGV et Valence-Ville. L’étude préliminaire entre Le Teil et Romans prévoit à l’horizon 2028 7allers-retours quotidiens soit 14 trains par jour, et la desserte des gares de Romans, Valence-TGV, Valence-Ville, Livron, Le Pouzin, Cruas et le Teil. Les deux projets, bien que géographiquement distincts et à des stades d’avancement différents, s’inscrivent dans une même logique de réouverture de cet axe à la desserte de voyageurs. Ainsi, les deux régions ont convenu de travailler conjointement afin de faire avancer ces deux projets de manière concertée pour faciliter la connexion des territoires et les déplacements des habitants au quotidien. » Des projets qui s’inscriraient en parallèle (voir en concurrence ?) des voies existantes le long de la Vallée du Rhône reliant déjà Marseille à Bollène pour ensuite rallier Lyon via l’axe PLM (Paris-Lyon-Marseille).
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Ils sont venus en force pour annoncer la création du pôle territorial. Qui ? Jacqueline Bouyac, Gérard Daudet, Pierre Gonzalvez, Christian Gros, Joël Guin et Pierre Prat. Tous à la tête de communautés d’agglo ou de communes. Objectif ? Sortir du périmètre de leurs EPCI pour gagner en vision globale et faire avancer leurs projets.
Leur crédo ? Ouvrir la carte du territoire en grand pour travailler sur les continuités comme les transports en commun, les pistes cyclables, la gestion des déchets, la prévention des risques d’inondation, le développement et l’aménagement d’espaces. Bref, donner de la cohérence et surtout faciliter la vie quotidienne de presque 600 000 habitants… Soit le poids d’une métropole ! Et là, en termes de positionnement régional ça pourrait tout changer.
L’aventure commence par un constat Le Grand bassin de vie d’Avignon est à cheval sur deux régions : l’Occitanie et Provence-Alpes Côte d’Azur ainsi que trois départements : le Vaucluse, le Gard et les Bouches-du-Rhône. Or, près d’une dizaine d’EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) est inscrit–tout ou en partie- dans ce territoire. Également 200 000 actifs habitent cette aire urbaine dont 120 000 travaillent dans une autre commune où ils se rendent de 60 à 93%… en voiture.
Quand Margot prend le bus Margot, la vingtaine, habite actuellement aux Angles. Pour se rendre au Capitole studio, elle a dû prendre le bus de 7h45, puis en changer et attendre pour être déposée dans la zone commerciale Sorgues-Le Pontet à 8h45. C’aurait été dans le même cas de figure, voire pire, pour se rendre des Angles à Agroparc Avignon et c’est l’un des objets sur lesquels se pencheront les techniciens à la demande des présidents d’intercos. Mission ? Répondre aux défis de la transition écologique.
Les Sraddet qui font trembler les élus Il est aussi question des Sradett. L’acronyme du Schéma régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires -urbains et ruraux-. Dans ce document de planification régionale, l’institution décrit la vision politique des priorités de l’aménagement du territoire. En clair ? La feuille de route détaille l’état de lieux et les enjeux comme l’implantation des infrastructures d’intérêt régional, la gestion économe de l’espace, l’intermodalité et le développement des transports, la maîtrise et la valorisation de l’énergie, la lutte contre le changement climatique, la pollution de l’air, la protection et la restauration de la biodiversité, la prévention de la gestion des déchets… Et pour que le Sradett aille dans le sens des départements, mieux vaut pour eux être compris et écoutés des régions, surtout lorsqu’elles sont deux à présider au destin d’un Vaucluse qui se trouve au fin fond de leur territoire.
Un outil au service de l’intelligence collective Avec la création du pôle territorial les présidents d’EPCI veulent peser sur les décisions régionales de l’Occitanie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur, notamment en coordonnant les orientations d’urbanisme commercial, en travaillant sur la sobriété foncière, en analysant la consommation des espaces agricoles, naturels et forestiers. Il sera aussi question d’optimiser la gestion des déchets afin d’en maîtriser les coûts car le secteur en profonde mutation devra désormais répondre à un modèle plus vertueux et surtout environnemental… Le sujet est épineux puisqu’il pèse de plus en plus sur le budget des collectivités qui préviennent ne pas pouvoir en supporter longtemps, seules les frais.
Sortir du cadre Avec la création du pôle territorial les élus préviennent : «Sortir du cadre permettra de porter des projets communs et de devenir force de propositions sur des projets à rayonnement régionaux et nationaux comme les lignes de cars interurbains régionaux en lien avec les gares de l’étoile ferroviaire, de mieux favoriser le transport fluvial pour les voyageurs et les marchandises.»
Ils étaient six autour de la table, d’autres ont déjà prévu de les rejoindre Adhèrent au projet : Jacqueline Bouyac présidente de la Communauté d’agglomération Ventoux Comtat Venaissin ; Gérard Daudet Président Luberon-Monts de Vaucluse ; Pierre Gonzalvez président des Pays-des- Sorgues-Mont-de-Vaucluse ; Christian Gros président des Sorgues-des-Comtat ; Joël Guin président du Grand Avignon et Pierre Prat président du Pont-du-Gard. Ils ne sont pas venus mais sont partie prenante : Yann Bompard président du Pays d’Orange, Christian Rey, président de la Communauté d’agglo du Gard-Rhodanien a dit son intention de les rejoindre ainsi que Jean-François Périlhou de Vaison-Ventoux et Julien Merle président de la Communauté de communes Aygues-Ouvèze-en-Provence. D’autres devraient les rejoindre. L’esprit est ouvert à condition de rester pragmatique et surtout efficace.
Il n’y aura pas de mille-feuille administratif C’est en tout cas ce sur quoi tous insistent. Le pôle –qui prendra la forme d’un syndicat mixte- a son adresse à L’Aurav, c’est-à-dire, l’Agence d’urbanisme Rhône-Avignon-Vaucluse. C’est d’ailleurs cette structure qui constituera l’outil technique et d’animation. Un président a-t-il été élu ? Non plus. Le projet, initié par Joël Guin et Christian Gros, va partir dans les mains du préfet… Qui laissera sa place à son successeur en Août, qui lui-même, promulguera la naissance du Pole territorial du Grand bassin de vie d’Avignon. Côté effectif, budget de fonctionnement… Non plus. Le pôle territorial promeut une vision élargie et planchera sur des solutions à mettre en œuvre le plus rapidement possible.
A la rentrée Le préfet prendra l’arrêté de création du Pôle territorial du Grand bassin de vie du Grand Avignon après consultation auprès des départements et régions. Les techniciens eux, sont déjà au travail.
Ils ont dit Christian Gros «Pour exister il est préférable d’être un peu plus important que la moyenne, après plusieurs réunions nous avons convenu de créer un pôle territorial avec des objectifs précis. Nous représentons 520 000 habitants. La métropole du Var, par exemple, en compte 450 000 habitants. Nous créons une structure de pôle métropolitain pour partager une vision collective, respectueuse des identités de chacun sur les axes de développement du Grand bassin de vie du Grand Avignon. Cette structure souple nous permettra de peser face aux régions et aux métropoles. L’idée ? Mettre en place un dialogue permanent entre nous pour avancer de manière concertée. Avec le pôle territorial du Grand bassin de vie d’Avignon nous créons un outil politique partenarial.»
Joël Guin «Être ensemble nous rendra plus performant dans chaque collectivité et pour l’intérêt général. Nous nous fédérons en un espace de réflexion, de concertation pour être plus forts et plus efficaces, plus pertinents en pensant aux usagers.»
Pierre Prat «L’idée ? Essayer de mutualiser des moyens. Nous communes gardoises avons beaucoup de liens avec le bassin de vie du Grand Avignon. D’ici 2025 le train reliera plusieurs communes gardoises à Avignon permettant de déplacer les populations par transport vertueux. C’est dans ce sens que nous allons travailler.»
Jacqueline Bouyac «Nous avons des projets de rayonnement régionaux à travailler ensemble pour les faire avancer.»
Pierre Gonzalvez «Nous avons conscience que les projets et les questionnements doivent dépasser les limites administratives afin de travailler, en fonction des sujets, à de nouveaux objectifs communs. Il nous faut peser dans l’arc méditerranéen entre les métropoles déjà existantes et les nouvelles lois Zad (Zone d’aménagement différé, utilisation du droit de préemption, évitement de la spéculation foncière). Nous nous regroupons pour porter une voix unique.»
Gérard Daudet a évoqué les débordements de la Durance et les dysfonctionnements dans la réflexion et la compréhension du traitement des sorties de lit du Calavon et de la Durance lors du traitement antérieur du PPRI (Plan de prévention des risques d’inondation). «Maintenant tout est en règle et les digues faites. Avoir une vue d’ensemble et partagée du Plan de prévention du risque d’inondation aurait pu faire gagner du temps.»
Services express régionaux métropolitains : Avignon dans le bon wagon
Alors que Carole Delga, présidente de la région Occitanie, sera présente ce lundi 11 juillet à Avignon pour officialiser la réouverture de la ligne TER entre le Gard rhodanien et la cité des papes prévue pour la fin du mois d’août, rencontre ‘fleuve’ avec Cécile Helle, maire d’Avignon pour évoquer les enjeux de mobilité à l’échelle du bassin de vie.Plan faubourgs, LEO, jonction A7-A9, gratuité de l’autoroute, plan pour le climat, plan de temporalité urbaine… l’Echo du mardi vous propose un tour d’horizon complet sur la problématique des déplacements de la 2e aire urbaine la plus étendue de France.
Aujourd’hui, lorsque l’on parle de mobilité sur Avignon, c’est le plan Faubourgs qui focalise le débat. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il semble loin de faire l’unanimité, que ce soit auprès des riverains, du monde économique ou des simples usagers de la route. Près de 6 mois après sa mise en place, quel bilan tirez-vous de ce plan ? « Avant tout chose, ce qui me surprend beaucoup aujourd’hui au niveau de notre territoire, c’est que personne n’a réellement pris la mesure de là où on en était de l’Histoire. Et l’Histoire aujourd’hui, c’est que dans le cadre de l’urgence climatique nous n’avons plus le choix dans la mutation vers d’autres formes de mobilité. Alors oui, on peut tous dire que c’est à l’autre de changer ses comportements et dire que tant qu’il n’y a pas la LEO (Ndlr : Liaison Est-Ouest), on ne fait rien. Mais au final, c’est pour cela qu’on est un territoire qui prend du retard sur tout un tas de réorientations. Il est donc nécessaire d’accélérer sur ces problématiques liées à la transition climatique. Et que je sache : la circulation automobile c’est aujourd’hui ce qui génère la grande majorité de la pollution atmosphérique responsable du changement climatique. »
Justement pour en revenir au plan Faubourgs, outre les difficultés de circulation, les opposants mettent particulièrement en avant la pollution et les nuisances créées par les bouchons que ce plan génère pour les riverains ? Ils estiment également que cela a transféré du trafic et de la pollution sur la Rocade, ce qui va à l’encontre des objectifs initiaux ? « Nous on intervient pour qu’il y ait une réduction du trafic automobile. Il ne faut pas raisonner à circulation automobile égale. J’espère bien que d’ici 5, 10, 15 ou 20 ans, on va réussir dans notre agglo, comme dans plein d’autres territoires en France, à diminuer la circulation automobile sinon cela va devenir invivable. Donc, soit on en prend tous collectivement conscience et on accepte tous d’avancer dans cette direction comme vient de le faire le Grand Avignon en mettant en place, enfin, une politique ambitieuse en matière de transport en commun en liant de la création de parking relais en entrée d’agglomération, la mise en place des bus Chron’hop, une baisse des tarifs, une plus grande fréquence… Soit cette politique-là, n’a pas d’impact sur la diminution de la fréquentation automobile, et alors nous aurons un réel souci. »
« Aujourd’hui quand la ville porte des projets ambitieux en matière de développement de voies douces, j’entends les journalistes. Mais je les invite à aller dans les Faubourgs. Que l’on ne me dise pas qu’il n’y a pas le développement d’une circulation de mobilité douce. Je ne dis pas que c’est parfait, mais avant ce plan est-ce que quelqu’un s’était posé la question sur les difficultés de circuler à vélo. Aujourd’hui, grâce à ce plan nous avons mis en place 7km de voies cyclables supplémentaires et je n’entends personne admettre que parmi les résultats positifs de cette mesure il y a aujourd’hui des familles entières qui se déplacent à vélo en toute sécurité. » « Tout cela, je n’en démordrai pas. Après quand on est dans cette logique-là, évidemment on fait face à une forte adversité. Du coup, le plan Faubourgs, qui ne se limite pas qu’à un plan de circulation, montre aujourd’hui qu’il y a une partie de la population, que ce soit des habitants, des acteurs économiques, des associations ou de simples personnes en transit, qui n’est pas prête à ça. Qu’ils ne sont pas prêts à se questionner sur : ‘Moi, qu’elle est la pierre que je peux apporter à ce mouvement inévitable’. »
Le plan Faubourgs ce n’est pas aussi une manière de mettre la pression sur les services de l’Etat pour l’inciter à faire bouger les lignes ? « C’est un peu ça parfois. Et cela vaut aussi pour les services du Grand Avignon quand nous avons mis la pression pour les parkings relais. Car avec le plan Faubourgs ce sont surtout les Gardois qui ont été embêtés parce qu’ils passaient par là. Tout comme, quand nous avons mis le borne à la Garance, ce sont les gens des Bouches-du-Rhône qui ont été impactés sauf qu’aujourd’hui quand je vais dans la ceinture verte je rencontre plein d’habitants qui me disent : ‘Merci madame le maire parce que l’on a retrouvé un peu de tranquillité’. Là aussi, la ceinture verte, cela ne doit pas être un raccourci pour les bucco-rhodaniens. »
Est-ce à dire que finalement le plan Faubourgs s’attache à un périmètre trop petit en reportant les problèmes dans sa périphérie ? Et face aux enjeux climatiques majeurs que vous évoquez un ‘super plan Faubourgs’ à l’échelle du bassin de vie n’aurait-il pas été plus ambitieux et plus efficace ? « Mais le plan Faubourgs, il ne sort pas de la tête du maire et de ses élus. Je n’ai pas arrêté lors de la dernière campagne municipale, et même avant, d’annoncer ce que nous allions faire à la demande des riverains qui nous avaient alertés, dès 2018, sur le fait que c’était un enfer. Il ne faut pas perdre de vue non plus que la mise en place du plan Faubourgs est liée au tramway (Ndlr : une décision du Grand Avignon). Le jour, où nous avons été obligés de fermer le boulevard Saint-Ruf pour y faire passer le tramway, nous avons perdu un axe de desserte majeur de la commune. Du coup, il a été coupé sans avoir anticipé les incidences que cela allait avoir sur le fait que dorénavant nous n’aurions plus le flux aspirant qu’était ce boulevard pour toutes les voitures qui arrivaient du Sud. Et quand dans le même temps, on prend deux voies de circulation le long des remparts cela a forcément un impact sur le trafic automobile. »
« Je ne suis pas contre le tramway et les voies dédiées aux transports en commun, bien au contraire, mais quand on réduit la place que l’on laisse aux voitures, on contraint automatiquement les flux de circulation. En revanche, ce que nous sommes venus poser là-dessus, c’est que les Faubourgs sont avant tout des espaces résidentiels avant d’être des lieux de transit. On ne peut le nier, les Faubourgs étaient complètement embolisés par ce trafic pendulaire. Je sais que cela embête certaines personnes, mais cela devenait infernal pour les habitants de ces quartiers. N’oublions pas que beaucoup de ceux qui passaient par là ont fait le choix d’habiter dans des communes périphériques, avec les avantages – la campagne, l’espace – et les inconvénients – faire des allers-retours le matin et le soir pour se rendre sur son lieu de travail. Moi, je n’oblige personne à habiter à Avignon, mais quand on travaille à Avignon le plus simple c’est d’y vivre. » « C’est un choix. Quand on choisit de vivre en extérieur, il ne faut pas s’étonner d’avoir des bouchons le matin pour venir travailler. Lorsque je travaillais à l’université, j’avais des collègues qui avaient fait le choix d’aller habiter vers l’extérieur alors que je suis restée sur Avignon pour aller à pied à mon travail. » « Tout est lié. Pour moi, le plan Faubourgs n’est pas à la mauvaise échelle. C’est simplement une des briques de notre politique de mobilité et c’est tout aussi cohérent que de se mobiliser pour l’interconnexion A7-A9 ou la gratuité de l’autoroute entre Avignon-Nord et Avignon-Sud. »
Justement où en êtes-vous de ce dossier, qui permettrait de disposer d’une ‘brique’ supplémentaire pour une meilleure mobilité sur tout le bassin de vie ? « Avec le président du Grand Avignon, nous allons rencontrer très prochainement les représentants de Vinci autoroutes afin de déterminer le montant du manque à gagner des autoroutes et ainsi évaluer le coût de la compensation nécessaire. Toutefois, cela ne concernerait pas l’ensemble du trafic car il semblerait qu’il existe de nouvelles solutions où la gratuité ne s’applique qu’aux déplacements pendulaires (ndlr : déplacement journalier de la population dans son centre urbain) pour les habitants de la ville ou de l’agglomération via des portiques spécifiques sur le même principe que le télépéage. »
Vous affichez votre volonté de réduire le trafic routier. Pourtant, la tendance selon l’observatoire des mobilités de l’Ifop est que la dépendance à l’automobile est de plus en plus forte sauf en Île-de-France. Aujourd’hui, 30% des parisiens ont un véhicule contre 82% pour le reste de la France alors que cette proportion était respectivement de 50% et 75% il y a quelques années. Il y a clairement une rupture entre les zones métropolitaines, dotées d’un maillage important de transports en commun, et les territoires intermédiaires comme Avignon où la voiture est souvent le moyen le plus adapté pour se déplacer ? Moins de voiture, oui. Mais commentlorsque l’offre de transports ne correspond pas aux besoins des potentiels utilisateurs et que la densité ne permet pas forcément de rentabiliser cette offre ? « Je peux vous dire que l’hôpital, qui est un contributeur important à la taxe transport qui a permis de financer le tramway, n’était pas très satisfait de voir qu’il n’arriverait pas jusqu’à lui. Et mis à part les 30 000 emplois du centre-ville, il n’y a aujourd’hui aucune autre zone d’activité reliée à son réseau alors que ces pôles économiques sont fortement générateurs de déplacements. C’est pour cela que nous avons demandé la mise en ‘stand-by’ de la 2e tranche menant vers Saint-Lazare, car je ne voyais pas trop ce qu’elle apporterait de plus pour l’instant, et que nous poussons pour qu’il y ait un raccordement de la route de Tarascon jusqu’à l’hôpital et le pôle des cliniques. »
« Nous avons aussi obtenu du Grand Avignon d’aller plus vite pour la réalisation du parking relais de 350 places dans le secteur de Grand Angle avec la création d’une desserte en bus avec une voie dédiée. Il y aura aussi le parking relais de Saint-Chamand qui va renforcer l’attractivité du tramway. Enfin, il y aura également les parkings relais à Agroparc et à Réalpanier avec une liaison bus. Le seul qui patine un peu c’est celui au Nord des Bouches-du-Rhône vers le pont de Rognonas même si jusqu’à présent Terre de Provence était convaincue de l’utilité de cet aménagement qui est plus destiné aux habitants de ce territoire qu’à ceux du Grand Avignon. Mais c’est vrai que plus on multiplie les intervenants dans un dossier plus cela prend du temps pour le mener à bien. »
Nous sommes dans une aire urbaine très étendue (ndlr : la 2e en France après celle d’Aix-Marseille), comment permettre à ceux qui vivent loin de pouvoir venir sur Avignon sans pour autant utiliser leur voiture ? « Une des solutions passe aussi par notre réseau ferré, il n’y a pas d’agglo qui soit positionnée au sein d’une telle étoile ferroviaire. Après l’ouverture de la ligne TER avec Carpentras, nous allons enfin bénéficier de la remise en service de la ligne ferroviaire avec le Gard rhodanien que la Région Occitanie va remettre en service fin août. Pourquoi croyez-vous que je me suis battue, avec la SNCF particulièrement, pour la requalification du parvis de la gare centre dont le chantier est financé grâce à la mobilisation des collectivités. Cette gare va de nouveau redevenir attractive. D’abord parce que cela sera plus agréable mais aussi car il y aura plus de trafic grâce à une meilleure desserte de notre territoire. J’habite à Carpentras, à Monteux, à Sorgues : je peux prendre le train. J’habite à Cavaillon, l’Isle-sur-la-Sorgue, le Thor, Montfavet : je peux prendre le train. Je viens du Sud, de Beaucaire, Arles ou Tarascon : je peux prendre le train. Demain, en venant du Gard rhodanien on pourra enfin désormais prendre le train pour venir à Avignon. La problématique : est-ce que la SNCF, quand les régions lui en confient la responsabilité, est-elle en mesure de mettre de la fréquence et de la régularité ? S’il y a des annulations de dernières minutes, comme c’est parfois le cas sur la ligne Avignon-Carpentras, évidemment que ce n’est pas possible pour les usagers. »
Cette offre ferroviaire ne doit pas aussi faire preuve de ‘souplesse’ en remettant l’usager au cœur du projet ? Lors de la réouverture de la ligne Avignon-Carpentras il avait ainsi été envisagé d’aménager un arrêt ‘Université-Préfecture’ qui serait très utile aujourd’hui ? « Ce sont des dossiers où la SNCF peut être assez retorse effectivement. De notre côté, nous avons demandé que la gare auto-train, aujourd’hui désaffectée, qui se trouve à Saint-Chamand constitue un arrêt supplémentaire sur cette ligne qui dessert une bonne partie du Vaucluse. Pour l’instant, ils ne veulent pas alors qu’il y a toute l’infrastructure. Il faut toutefois espérer qu’avec les nouvelles contraintes environnementales et le coût que représente pour les usagers l’utilisation des carburants fossiles, la SNCF se repenche sur la faisabilité. N’oublions pas aussi que la Région peut aussi être motrice, car elle est en première ligne pour les TER. La réouverture de la ligne Avignon-Carpentras est une grande réalisation même s’il y a des problèmes d’efficience liés à la régularité des trains. »
Pour les mobilités douces, on a mis en place les conditions de leur développement en les dispensant de certaines contraintes du code de la route (circulation à contre-sens notamment, pas de sens interdit…). Aujourd’hui leur nombre fait que cela commence à poser un problème de sécurité puisque l’on a transféré le danger que pouvait représenter les voitures pour les vélos, des vélos – et surtout des trottinettes – pour les piétons. Ne faut-il donc pas aussi commencer à anticiper ce succès en mettant de l’ordre dans tout cela comme vient de le faire Nîmes en interdisant les trottinettes sur les trottoirs ou bien Nice suite à un accident mortel ayant impliqué un enfant de 5 ans sur la Promenade des Anglais ? « Pour moi, un cycliste est un usager de la route qui doit respecter le code de la route. Je viens parfois à la mairie à vélo et je suis effectivement estomaqué par le nombre de cycliste qui ne s’arrête pas aux feux rouges. Des personnes avec des enfants et pas sur des petites routes ! Pour moi, la ville : c’est le vivre ensemble. Il faut donc se rappeler à chaque instant que lorsque l’on vit dans une ville, on vit au sein d’une communauté où chacun à sa place en étant notamment respecté dans le choix de la mobilité qu’il a pu faire. C’est pour cela que je défends l’idée des voies partagées comme on a pu le faire le long des remparts. Je ne voulais pas que nous soyons sur des ‘autoroutes’ chacun les uns à côté des autres sans se calculer. Il y a des espaces qui doivent être des lieux de rencontre symbolisant cette ville de vivre ensemble que je cherche à construire. C’est ce que nous avons essayé de faire le long des remparts avec une voie de 5 mètres de large pour qu’il y ait de la place pour tout le monde. Par ailleurs, s’il y a bien une ville où l’on peut encore aussi développer la marche c’est bien Avignon. »
Vous êtes certes la maire d’Avignon, mais vous êtes aussi la maire de la ville centre de la première agglomération de Paca et la seconde d’Occitanie (Ndlr : les aires urbaines plus importantes de ces régions sont des métropoles ou des communautés urbaines). De fait n’avez-vous pas une responsabilité ‘morale’ vis-à-vis des communes qui vous entourent sachant que la ‘fluidité’ de la mobilité est une des conditions sine qua non du développement économique et donc de la création de richesses dans un territoire connu pour sa grande pauvreté (le Vaucluse étant classé 5e ou 7e département le plus pauvre de l’Hexagone selon les sources) ? « La réaction des citoyens sur le plan Faubourgs, elle est normale. Quand je vois que même nos techniciens ont du mal à se dire : ‘ce que je produis aujourd’hui, c’est pour dans 20 ans’, ‘je ne peux plus faire de grande rue sans prévoir des voies dédiées pour vélos’, ‘que je fasse plus d’espace vert’… Evidemment que le citoyen d’aujourd’hui, qui peut aussi avoir des contraintes économiques et à qui on vient parler de climat alors qu’il a du mal à faire son plein ou boucler ses fins de mois, il nous dit : ‘tu nous emmerdes ! Avant, je faisais comme ça, maintenant on nous dit de faire autrement. Ben, je n’ai pas envie.’ Mais les enjeux des villes aujourd’hui, surtout de la taille comme les nôtres, c’est la qualité de vie. Nous on croit que parce qu’on a le soleil et le patrimoine on va s’en sortir comme des rentiers, mais nous sommes des territoires très en retard. »
« Si l’on ne créé pas maintenant les conditions d’une qualité de vie où les habitants se sentent bien, nos villes vont dégringoler. Et la qualité de vie de demain, avec les enjeux climatiques, ce n’est pas forcément la qualité de vie d’aujourd’hui. C’est un constat qui s’impose encore davantage maintenant alors que je l’avais déjà pourtant bien intégré durant le premier mandat. En 2014, nous n’avons pas fait de l’aménagement urbain comme dans les années 2000 ou comme en 1981 et pourtant désormais, je suis convaincue qu’il faut accélérer. Notre territoire manque de vision et aussi d’ambition. Il faut de l’audace. »
Vous voulez accélérer mais ne faudrait-il pas plutôt parler de rattrapage en raison de l’énorme retard accumulé depuis 40 ans en termes d’infrastructures de transport, notamment les voies de franchissement du Rhône. Surtout, quand on constate que le pont de l’Europe est le seul pont 2×2 voies, hors autoroute, à relier la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à celle d’Occitanie ? « On a su doubler les ponts sur la Durance à Cavaillon sous l’impulsion du Département. On a aussi fait celui de Pertuis. On devrait normalement pouvoir en faire aussi sur Avignon. Cependant, je pense que dès que l’on parle de mobilité, il ne faut pas systématique penser en termes d’infrastructure car on sait qu’une nouvelle route génère du trafic en plus. Et c’est une vraie problématique dans la logique d’aujourd’hui qui est de limiter le trafic automobile. Un équipement qui apparaissait comme une évidence il y a 20 ans, ne l’apparaît plus forcément aujourd’hui dans ce contexte-là. »
Est-ce le cas de la 2e tranche de la LEO « Oui, car aujourd’hui il y a une sensibilité aux enjeux environnementaux et écologiques qui n’est évidemment pas la même que dans les années 2000. Par exemple, si le matin on se positionne sur les ponts de Rognonas ou de l’Europe ou bien encore à l’entrée Sud d’Avignon : on voit très bien le nombre de véhicules avec une seule personne à bord. C’est dramatique. Là, je n’ai pas besoin de faire des infrastructures nouvelles, j’ai besoin de développer une politique qui va faire que je vais réussir à convaincre les ‘navetteurs’ que c’est plus intéressant d’être 4 dans une voiture que d’être tout seul. C’est plus intéressant écologiquement et, avec le prix des carburants, c’est aussi de plus en plus intéressant économiquement. »
Dans cette logique, il existe des financements pour inciter au co-voiturage ? « Il y a des agglomérations qui commencent à s’y mettre avec la création d’un système de bonification au bénéfice de celui qui accepte d’être le conducteur. On peut également apporter des solutions en termes de temporalité. Ainsi, la mobilité en ville, en période scolaire ou en vacances, n’est pas la même. La semaine et le week-end, c’est n’est pas la même non plus. Et même dans les journées, en raison notamment du télétravail, on constate qu’il y a des moments à ‘pression’ plus que d’autres. Au final, des embouteillages dans notre ville, il n’y en a pas tout le temps, y compris dans le plan Faubourgs. Dans ce secteur, seule l’avenue Saint-Ruf pose problème, c’est une réalité. Je vis dans ces quartiers, donc franchement je ne vais pas vous dire que tout va bien dans le meilleur des mondes mais il y a des choses qui fonctionnent. Face aux représentants des collectifs que j’ai rencontré, je leur ai dit ‘Vous êtes d’accord que les samedis et dimanches cela se passe bien ? Oui’, ‘Que c’est pareil pendant les vacances scolaires ? Oui’, ‘On est aussi d’accord que de 9h à 11h, de 14h à 16h puis à partir de 19h cela se passe bien ? Oui’. Tout cela montre que nous sommes dans une ville où il y a des pics de circulation que certaines agglomérations, comme Rennes ou Besançon par exemple, ont intégrés depuis longtemps. En Italie, les villes sont obligées de faire un plan de temporalité urbaine comme nous nous sommes obligés de faire un plan de déplacement urbain. Tout cela incite à répondre aux questions de congestions du trafic automobile en trouvant des solutions qui ne passent pas forcément par la réalisation de nouvelles infrastructures et qui pourtant vont remettre de la fluidité dans les déplacements. »
Concrètement comment se matérialisent ces solutions de ‘temporalité’ ? « Cela veut dire que l’on met autour de la table tous les représentants des générateurs de trafic du centre-ville, comme les employeurs notamment ou les établissements scolaires, et on essaye que tout le monde n’arrive pas au travail à 8h. On propose, en fonction des contraintes des uns et des autres, que certains puissent arriver pour 8h30. Idem, avec les entreprises, les collectivités et les administrations pour qu’elles ne choisissent pas les même jours que les autres pour les journées de télétravail. En faisant cela, on dispose d’un outil de re-fluidification du trafic.
J’insiste, mais la problématique n’est pas qu’Avignon est tellement en retard qu’il faut utiliser tous les moyens possibles : infrastructures, développement des transports collectifs, limitation du trafic automobile, plan de temporalité… A ce jour, la réalisation d’un autre pont sur la Durance dans le cadre de seconde tranche de la LEO apparaît de moins en moins utile alors que la troisième tranche, avec un pont franchissant le Rhône, est fondamentale car c’est celle qui permet de dévier le trafic poids-lourd ? « Une voie de contournement par le Sud d’Avignon a un intérêt ne serait-ce que pour décongestionner la Rocade pour qu’elle devienne enfin un boulevard urbain. C’est ce qui est prévu dans le cadre de la rénovation urbaine qui est en cours avec des investissements de l’ordre de 200M€ par l’ensemble des partenaires publics. Sauf que si l’on continue à avoir une autoroute au cœur de ces quartiers, il faudra m’expliquer comment on ramène de la qualité de vie ? »
Il existe aussi une autre solution pour dévier le trafic poids-lourd, la jonction entre les autoroutes A7 et A9 que vous avait proposé de relancer ? « Nous avons réussi à faire bouger les lignes concernant l’interconnexion de l’A7-A9 à Orange. C’est une aberration, c’est l’un des rares endroits en France où deux autoroutes se rencontrent sans qu’elles soient en jonction… C’est-à-dire qu’aujourd’hui, si je veux passer de l’A7 à l’A9 en venant du Sud, je dois sortir de l’autoroute. Cette interconnexion A7-A9 est très importante pour Avignon qui se trouve au cœur d’un triangle autoroutier avec l’A54 également. Pour moi, ce sont ces voies-là qui doivent naturellement recevoir le trafic de transit des poids-lourds. Ce n’est aucunement l’agglomération d’Avignon. Nous ne sommes pas un raccourci pour aller de Remoulins à Avignon-Sud. »
Cet exemple montre que la mobilité sur Avignon va bien au-delà du périmètre de la ville centre. Nous sommes en train de parler d’Orange et de Remoulins ? « Oui, c’est pour cela que je suis en train d’agir même si je ne suis pas décisionnaire. C’est par l’action du maire d’Avignon, mais aussi des autres acteurs de ce territoire, que ce projet qui n’avait jamais réussi à aboutir jusqu’à présent – qui n’était même pas évoqué ! – est désormais inscrit dans le cadre du contrat Etat-Région pour que Vinci autoroute puisse débuter les études pour lancer ensuite les travaux en 2026 pour la réalisation de cet échangeur à l’horizon 2028-2029. Tout cela est désormais acté aujourd’hui. »
Mettre autant de temps pour réaliser un projet aussi simple alors même que le retard structurelle est si important sur ce territoire, est-ce encore tolérable ? « Il y a la partie étude, mais je suis d’accord avec vous sur la lenteur des projets d’aménagement. Je crois que je pourrais écrire un livre sur ce sujet après avoir été maire. Là tout le monde est en ordre de marche. Les études vont démarrer maintenant. Elles vont durer 2 ans environ. Après il faut lancer les marchés. Les premiers coups de pioche n’auront pas lieu avant 2026 pour une mise en service 3 ans plus tard même si on essaye de presser un peu tout le monde afin de gagner le temps qui peut l’être.»
Vous disiez tout à l’heure ‘que plus on multiplie les intervenants dans un dossier plus cela prend du temps pour le mener à bien’.C’est malheureusement le cas dans beaucoup de projet concernant Avignon où, entre 3 départements, 2 régions et 2 zones scolaires, les frontières administratives ne correspondent plus à la réalité du bassin de vie dont vous êtes la maire de la ville centre sans être à la tête de l’intercommunalité ? « Depuis 2020, il y a une action concertée entre la Ville et le Grand Avignon sur ces enjeux de mobilité notamment avec l’accélération concernant la réalisation des nouveaux parkings relais. Après, ce n’est pas parce que l’on est en seconde ligne que l’on ne peut pas instiller une réflexion. »
Mener une réflexion c’est bien, mais comment la mettre en pratique quand l’on constate tous ces ‘blocages’ que vivent de plus en plus mal les élus locaux lorsqu’ils veulent concrétiser leurs projets ? « Nous avons pris la décision politique de faire la nouvelle école Joly-Jean en 2018. Nous avions les financements et malgré cela elle sera inaugurée en 2024 ! Et encore, nous n’avons eu aucun souci dans la bonne marche du dossier : pas de zone inondable, rien de compliqué. Au final, il nous aura fallu tout de même 6 ans pour porter un projet que l’on a décidé et que l’on a financé. C’est trop long. »
Cette lenteur est due à quoi ? Aux services de l’Etat qui ont multiplié les contraintes réglementaires ? Comment peut-on améliorer les choses ? « Je veux bien que l’on nous dise, ce n’est pas possible. Mais quand un projet fait l’unanimité, qu’il est dans l’intérêt général, on devrait pouvoir tous se mobiliser quel que soit celui qui le porte pour qu’il se réalise dans un délai raisonnable. C’est cette non culture du ‘mode projet’ multi-partenarial qui constitue le principal frein. Et même si j’ai une appétence pour ce type de sujet, je comprends que certains maires s’épuisent face à cette inertie. Il faudrait retrouver un peu de fluidité et de simplicité dans les démarches. Il faut aussi davantage de cohérence : pour la LEO, nous avons l’Etat ‘environnement’ qui ne dit pas la même chose que l’Etat ‘instructeur de projet’. »
Alors, du coup pour la LEO ont fait quoi pour avancer sachant que dans ce dossier le pont le plus important se situe sur le Rhône – entre l’Est et l’Ouest comme l’indique son nom – et pas sur la Durance, entre le Sud et le Nord ? « Si la tranche 2 de la LEO est de nouveau d’actualité c’est bien parce qu’Avignon l’a relancé en amenant le préfet de Vaucluse et celui de région au bout de là où elle s’arrête en leur disant que le rond-point de Rognonas est juste à 800 mètres. Vous ne pensez pas que c’est une aberration qu’au lieu d’aller au moins jusque là-bas la route s’arrête au milieu de nulle part ! Que l’on ne soit même pas capable de faire la jonction. Je ne dis pas plus, mais au moins ça. Car aujourd’hui la tranche 1 de la LEO elle a été faite, avec l’argent des Vauclusiens et du Département notamment, pour les arlésiens afin qu’ils puissent accéder à notre gare TGV en 20 minutes. »
Vous disiez qu’il faut aussi avoir de l’audace en se montrant innovant. Lors de votre première campagne vous aviez évoqué la création d’un téléphérique pour desservir les deux rives du Rhône. A l’époque, ce projet avait fait l’objet de nombreuses moqueries. Depuis, Toulouse vient d’inaugurer, en mai dernier, le plus long téléphérique urbain de France et Nice vient d’annoncer qu’elle compléterait ses lignes de tramway avec un téléphérique annoncé pour 2025. Est-ce le type de solution que vous envisagez ? « C’est un projet que je continue de porter sachant qu’un téléphérique est aussi un élément de modernité en introduisant un mode de déplacement un peu différent. C’est une solution qui pourrait être parfaitement adaptée pour le lien entre le centre-ville et la zone de Confluence où nous avons toujours dit que nous voulions construire la ville de demain, c’est-à-dire celle de 2050. Je pense qu’à cette date, le téléphérique sera un mode commun de transport, comme l’est un bus ou un tram aujourd’hui. Cela permet aussi de passer au-dessus d’endroit ayant une forte emprise, comme les voies SNCF, sans engendrer des coûts exorbitants. Cela coûte bien moins cher qu’un tramway (ndlr : la réalisation d’un téléphérique coûte près de 9 fois moins cher qu’un tramway et 6 fois moins pour son exploitation). En plus, il y a un réel intérêt avec ce type de projets car ils bénéficient d’aides financières de l’Etat ou des régions. »
Votre projet de réaménagement des allées de l’Oulle, c’est aussi la démonstration que le cœur de l’agglomération est au bord du Rhône, avec un bassin de vie de plus en plus aspiré par le Gard. En tant que maire : comment concilier la défense des intérêts des avignonnais tout en veillant à ce que l’agglo et le bassin de vie se portent le mieux possible pour générer de la qualité de vie et de la richesse économique qui puisse profiter à tous, à commencer par vos administrés ? « Ce n’est pas forcément contradictoire. Quand on développe de nouveaux quartiers, comme dans l’éco-quartier de Joly-Jean avec le programme que finalise Eiffage actuellement ou à Bel-Air, on prend en compte ces critères qualitatifs pour que les avignonnais qui doivent changer de domicile ne se tournent pas systématiquement vers une commune périphérique comme cela pouvait être le cas il y a 5 ans ou même encore aujourd’hui. » « Au final, c’est en produisant une vraie qualité d’habiter, avec des pompes à chaleur plutôt que du gaz, des aérations naturelles, des terrasses, des logements traversant que l’on améliorera la qualité de vie globale. Cela passe aussi par moins de pollution, davantage de végétalisation. Notre agglomération et encore plus Avignon ont de vrais atouts. » « Et pour aller plus loin que votre question : le cœur de l’agglomération c’est la Barthelasse. C’est génial d’avoir un espace protégé comme celui-là, même s’il est sous utilisé. Nous allons enfin aménager notre maison des îles et de la nature. Les travaux vont débuter avant la fin de l’année pour pouvoir l’inaugurer avant la saison estivale prochaine. C’est l’ancienne maison de gardien située au bout du chemin de halage qui abritera un endroit où l’on pourra prendre un petit fascicule pour connaître les parcours de VTT, l’endroit où l’on pourra déguster la poire de la distillerie Manguin, ou bien encore rencontrer les agriculteurs comme les frères Cappeau à la ferme la Reboule… Là encore, avec le réchauffement climatique, dans 10 ans les villes qui auront des espaces de fraîcheur comme ceux-là auront des atouts considérables. Si à cela, on rajoute la quarantaine d’espaces verts de proximité qui permettent à chaque avignonnais de se situer à moins de 500 mètres d’un parc. »
J’entends votre volonté de végétaliser la ville, mais rappelons tout de même que depuis des dizaines d’années nous avons des ABF (Architecte des bâtiments de France) qui ont imposé une vision ‘minérale’ de la ville d’Avignon en limitant les plantations. Pour au final se rendre compte, aujourd’hui, qu’à l’ombre des arbres il y fait moins chaud qu’en plein soleil ! « Le centre-ville n’est pas la totalité de la ville, mais même quand on voit des vues aériennes du cœur de ville on voit qu’il y a beaucoup de verdure. Avignon a toujours été une ville nature. »
Pour atteindre cet objectif, il y a la ZFE (Zones à faibles émissions) et ses conséquences avec la mise en place de la vignette Crit’Air sur la mobilité des personnes qui ont les véhicules les plus polluants ? « Notre inquiétude porte effectivement sur l’impact que cela peut avoir pour les ménages les plus modestes qui ont les voitures les plus anciennes et donc souvent les plus polluantes. On a beau dire que l’Etat accompagne pour le renouvellement des véhicules : une prime de 5 000€ pour une voiture qui en coûte 30 000€, si vous n’avez pas le complément cela ne sert à rien. Pour ces personnes, la voiture est bien souvent le seul moyen de déplacement. Et même si la gratuité des transports est désormais active lors des pics de pollution, il faut que les pouvoirs publics se mobilisent pour proposer des transports en commun adaptés ou bien des services de co-voiturage avec des véhicules propres comme l’expérimente la Cove actuellement. »
Pour vous qu’elle serait donc la ville idéale ? « La ville idéale c’est une ville apaisée avec toutes les formes de mobilité sans exclure la voiture. Elle doit encore avoir sa place, mais sa juste place. La ville doit aussi être plus nature avec la présence d’îlots de fraicheur. Ce sont ces deux éléments qui sont en mesure de créer de la qualité de vie, de la qualité de ‘ville’. Regardez ce que l’on a réussi à générer à la plaine des sports est assez remarquable. C’est à petite échelle, mais cela illustre parfaitement cette notion de ‘Vivre ensemble’ ou comment l’espace public peut devenir une ville fraternelle. Tout le monde nous avait dit qu’il fallait clôturer et fermer le soir. Maintenant cela fait 3 ans que c’est ouvert et nous n’avons rien eu à déplorer mis à part les quelques dégradations, mais pas plus qu’ailleurs. Je fais partie de ceux qui croient que quand on requalifie l’espace et que l’on y met du beau, on arrive aussi à générer un respect de ce qui est réalisé. »
« Une ville idéale, c’est aussi une ville qui anticipe sur ce que sera demain comme nous le faisons avec notre plan pour le climat. Une ville n’est pas obligée d’en adopter un car cela peut être fait au niveau de l’agglomération. C’est donc une démarche que nous avons voulu volontariste car je suis persuadée que ce sont tous les échelons qui doivent agir face à cet enjeu climatique. Cet échelon local est l’un des plus pertinents afin de faire passer la responsabilité de nos convictions auprès du citoyen. Tout cela en intégrant les nécessités de l’urgence environnementale. Cette réflexion globale sur le climat est rarement évoquée dans les débats locaux, y compris dans les conseils communautaires, alors que dans n’importe quelles autres métropoles ou agglomérations cette thématique est au centre des discussions, que ce soit des élus de gauche, de droite ou des verts. Le plan local est là pour ça. La ville va impulser, pendant les 4 prochaines années, que chaque avignonnais a un rôle à jouer. Je ne dis pas qu’il faut tout de suite tout changer. Il faut un temps d’adaptation normal. Il y a aussi un temps d’accompagnement, y compris social, car aujourd’hui tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter une voiture ou un vélo électrique. »