22 décembre 2024 |

Ecrit par le 22 décembre 2024

Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

A Avignon, la salle ronde du théâtre de la Condition des soies plante à elle seule le décor : Nous entrons et nous nous asseyons au creux du Moulin de Fontvieille. Philippe Caubère, pardon, Alphonse Daudet arrive, élégant, en habit, chapeau, veston, gilet, chemise blanche amidonnée, pantalon anthracite rythmé de lignes fines et blanches, sur-chaussures, un lourd registre à la main. Il va donner : ‘Les lettres de mon moulin’ Son regard bleu acier fait le tour des gradins, la salle est comble. Les enfants sont au premier rang, tous les âges ornent les bancs conçus en demi-lune. La voix, tout d’abord basse du comédien, doucement fait sa place, captivant déjà l’auditoire. C’est le spectacle des jours impairs qu’il va donner. Alors c’est ‘L’installation’, l’acte d’achat du moulin de Fontvieille d’Alphonse Daudet. Celui qui, sans doute, inspira l’écrivain à bien des égards, même s’il n’y vécut point.

Évidemment

Évidemment, si les récits d’Alphonse Daudet bercèrent notre enfance, joués et mis en scène par Philippe Caubère, comme lui nous devenons «Eblouis par la force d’évocation, la tragédie, le style, l’univers de ce monde attendrissant et terrible de la Provence, conté dans un mélange de religion et de vie sociale. J’ai voulu raconter les nouvelles que j’aimais le plus. » Nous voici donc projetés du XXIe siècle dans une bulle temporelle du IXXe siècle, plus précisément autour de 1869, date de publication originale des Lettres de mon Moulin.

Les lettres de mon moulin

Le petit monde d’Alphonse Daudet (1840-1897) surgit bien de cette silhouette, de ce regard des postures, de l’échange d’un personnage à un autre, même lorsque celui-ci est une chèvre, un vieil hibou poussiéreux où un végétal. Au fur et à mesure du jeu, Alphonse Daudet s’anime et avec lui, émergent des personnages hauts en couleur, porteurs de thèmes universels : les lapins étonnés de voir la porte du moulin s’ouvrir sous les pas du poète dans ‘L’installation’ ; La surprise du voyageur parisien découvrant la vie des voyageurs provençaux dans ‘La diligence de Beaucaire’ ; le métier de meunier qui disparaît et l’élan solidaire des villageois dans ‘Le secret de maître Cornille’ ; Le goût pour une courte liberté férocement gagnée dans ‘La chèvre de Monsieur Seguin’ ; Le jeune-homme qui se consume d’amour pour une jeune-fille compromise dans ‘l’Arlésienne’ ; La légende de l’homme à la cervelle d’or qui paie de sa vie de s’être trop servi de celui-ci et où Alphonse Daudet précisa : «Malgré ses airs de conte fantastique, cette nouvelle est vraie d’un bout à l’autre. Il est de par le monde de pauvres gens qui sont condamnés à vivre de leur cerveau, et paient en bel or fin, avec leur moelle et leur substance, les moindres choses de leur vie… » ; Le cauchemar du ‘Curé de Cucugnan’ qui rêve que tous ses paroissiens vont en enfer et, enfin, le récit d’une des rencontres amicales qui lièrent, durant plusieurs décennies, Alphonse Daudet au poète Frédéric Mistral.

Philippe Caubère propose Les Lettres de mon Moulin, un spectacle en deux parties lors des jours pairs et impairs,
à la Condition des soies à Avignon
©Michèle Laurent

Du coup, on y revient

Et parce qu’Alphonse Daudet est une friandise à laquelle on revient, on fonce pour une deuxième soirée des jours pairs, toujours à la Condition des soies, pour se laisser emporter par le talent de Philippe Caubère et aussi pour la jubilatoire ‘Mule du Pape’ où le comédien se surpasse à vivre une vengeance de 7 ans ; où il nous étreints le cœur en nous rapportant l’effondrement d’une femme regardant le bonheur s’enfuir par sa fenêtre avec ‘Les deux auberges’ ; on se régale ‘Des trois messes basses’ hilarantes de mimiques, de bruitages et de personnages ; On finit sous les bancs lorsque ‘l’élixir du père Gaucher’ nous emporte vers d’ivres paradis puis on redescend tranquillement lorsque ‘Nostalgie des casernes’ nous cueille indécis de savoir si ce que l’on vit est meilleur que ce que l’on a vécu’.

Impressions

Il y a trois types de personnes pour venir saluer Philippe Caubère. Les inconditionnels qui connaissent tout de sa carrière et le vénèrent ; ceux qui viennent voir la bête de scène, celui qui lâchera quelques vacheries au détour d’une réplique bien sentie et, enfin, ceux qui auront été attirés par le thème de la pièce. Clairement ? Les trois en auront pour leur grade et leur argent. Car tous les travers, gentillesses et monstruosités qu’Alphonse Daudet décrit sont bien notre miroir. N’empêche, quelle performance d’acteur ! Imaginez-vous la longueur des textes ? La précision des mots qu’il se flagelle à dire dans le bons sens sous peine de se reprendre immédiate, se conspuant lui-même ? Le corps et l’esprit qui s’emmêlent pour tout dire, tout faire, rendre intelligible, mimer, ouvrir à un imaginaire encore plus grand… Et dans les coulisses, le labeur, l’opiniâtreté. Savez-vous qu’il interroge sa répétitrice à peine une fois par soirée ? Celle-là-même lui répondant vertement comme on replace un enfant… Un spectateur me fait savoir que s’en devient même un jeu ! Pour finir ? Notre plaisir est immense de cette salle comble qui l’applaudit longuement. Alors il sourit, s’évente de ses mains pour ramener plus près de lui les applaudissements ; Il fait même signe de se piquer au creux du bras de notre enthousiasme à saluer l’homme et ses performances. L’enfant terrible du Théâtre du Soleil, s’étant fait un nom et une carrière après Ariane Mnouchkine rayonne de son propre feu depuis bien longtemps déjà ce qui fait d’Avignon un rendez-vous incontournable pour lui comme pour nous.

Les infos pratiques

Les lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, interprétées et mises en scène par Philippe Caubère. Théâtre de la Condition des soies. Salle Molière. 19h15. Durée 1h35. Jusqu’au 25 juillet. Un spectacle donné en deux parties pour deux soirées donnant à voir, lors des jours pairs 6, 8, 10, 13, 15, 17, 20, 22, 24 juillet : Installation, La diligence de Beaucaire, Le secret de Maître Cornille, La chèvre de Monsieur Seguin, L’Arlésienne, La légende de l’homme à la cervelle d’or, Le curé de Cucugnan, Le poète Mistral. Et les jours impairs : 7, 9, 11, 14, 16, 18, 21, 23, 25 juillet. Relâches les 12 et 19 juillet. La mule du Pape, Les deux auberges, Les trois messes basses, L’élixir du révérend père Gaucher, Nostalgie de casernes. A partir de 8 ans. 22€. 13, rue de la Croix à Avignon. 04 90 22 48 43. Réservation ici.


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

Jauges, créneaux limités, compensations financières… Avignon festival et compagnies (AFC) dévoile les dispositifs envisagés pour le festival off, prévu du 7 au 31 juillet 2021. Entre directives étatiques nébuleuses et nécessité de rassurer, l’association tente un numéro d’équilibriste.

Un protocole sanitaire inédit est en cours de réflexion avec le ministère de la Culture et la préfecture de Vaucluse. Des engagements « fermes et définitifs » : voilà ce que l’association qui gère le off a obtenu de la part du ministère. En raison de l’épidémie, le festival se réinvente et son organisation est entièrement revisitée, au grand dam de certains.

Environ 1 000 spectacles

A moins de quelques jours du bouclage du catalogue, les informations à notre disposition font état d’au moins 108 lieux qui accueilleront près d’un millier de spectacles et 586 compagnies se sont déjà inscrites. En comparaison, en 2019, pas moins de 1 600 spectacles s’étaient déroulés à Avignon, dans 139 lieux. Les négociations sont en cours avec le ministère et la préfecture de Vaucluse mais le Off est en mesure de détailler une partie de son protocole sanitaire.

45 minutes de battement

Nouveauté de cette édition 2021 : la fin annoncée des spectacles à la chaîne. En accord avec le ministère de la Culture et la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur (Direction régionale des affaires culturelles), des battements de 45 minutes devront être respectés entre chaque représentation. Objectif ? Aérer les lieux et éviter aux compagnies de se croiser entre deux représentations. Les jauges des salles seront limitées à 60-70% avec un espace entre chaque groupe de spectateurs. Concernant la modalité pratique, mais non moins épineuse, du ‘pass sanitaire’, les théâtres ne devront pas l’exiger à l’entrée. En effet, à l’exception de la Cour d’honneur, aucun lieu ne peut accueillir plus de 1 000 personnes.

Des mesures « qui vont nécessairement impacter les lieux et les compagnies », explique Sébastien Benedetto, directeur du théâtre des Carmes, élu président d’Avignon, festival et compagnies. Pour compenser la baisse du nombre de représentations, le ministère de la Culture envisage un dispositif d’« accompagnement au déficit » au profit des théâtres. Les compagnies, elles, devraient pouvoir bénéficier d’une « aide sur l’emploi », transitant par l’augmentation du Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle (Fonpeps). Seul bémol, les conditions d’accès et les modalités d’application restent pour l’heure inconnues.

Et le spectateur ?

Les festivaliers pourront se faire tester gratuitement et des médiateurs Covid arpenteront la ville pour informer le public. Chaque théâtre pourrait aussi disposer de référents Covid, formés par l’Assurance maladie. Question pratique et déplacements : certains points restent en suspens. Quelles vont être les conditions de circulation dans l’intramuros, comment éviter les files d’attente interminables, des sens de circulation verront-ils le jour ? Des réunions sont prévues dans les jours à venir afin d’éclaircir les zones d’ombre.

Deux affiches, deux ambiances artistiques, deux univers… A gauche, affiche du Festival In. A droite, affiche du Festival off.

Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

Le festival ‘Printemps Anglophone !’, fenêtre ouverte sur la culture anglophone, se tiendra en Avignon du 8 avril au 30 mai 2021. Après deux annulations consécutives en raison du contexte sanitaire, le festival entend bien faire renaître la culture, au sortir d’un hiver quelque peu morose.

Pour cette neuvième édition, les acteurs ont concocté un programme regroupant des trésors de la littérature irlandaise, britannique et américaine. Expositions, films, musique, pièces de théâtre, événements jeune public, discussions, le festival s’annonce protéiforme. Crée en 2013 sous l’impulsion du théâtre Au Chapeau Rouge et d’Avignon Université, ‘Printemps Anglophone’ affiche une volonté de célébrer la culture anglophone dans toute sa diversité. Avec des évènements en français et anglais, pour enfants et adultes, l’événement est accessible au plus grand nombre. Outre la volonté de créer une ouverture vers le monde, le festival entend dynamiser la ville d’Avignon, impliquer les divers publics (scolaire, universitaire et large public) et présenter un éventail d’activités culturelles et ludiques.

« L’hiver cultuel s’est fait long, et nous avons besoin de ce printemps. Cela dit, nous sommes aussi réalistes et conscientes qu’une partie de la programmation de ce festival risque d’être compromise. Nous avons voulu néanmoins démontrer notre volonté de partager la culture anglophone, dans toute sa variété, pendant les deux mois à venir. Cela n’a pas été difficile de mobiliser les participants cette année, tous avaient une grande soif de pouvoir à nouveau partager leur passion pour la culture et le monde anglophone », explique Helen Landau, directrice du théâtre au Chapeau Rouge.

En attendant d’accéder à la programmation complète, ci-après un résumé des principales manifestations.

  • Exposition de livres précieux à ‘Camili Books and Tea’. Sur toute la durée du festival. Entrée libre.
  • ‘Humanités numériques dans et sur les Amériques’, du 21 au 23 avril 9h-18h. Séminaires et doctoriales en ligne organisés par Avignon Université en partenariat avec l’Institut des Amériques.
  • ‘A Book I Like’ : cinq rencontres et discussions en français autour de la littérature anglophone, au sein de cinq librairies partenaires.
  • ‘English Book Club’ sur ‘God help the Child’ de Toni Morrison, le mardi 11 mai à 14h. Conversations informelles en anglais. Entrée libre. L’évènement aura lieu en ligne, inscriptions : cyrielle.garson@univ-avignon.fr.
  • Concerts en anglais : ‘Around the Blues’, samedi15 mai à 20h30 et dimanche 16 mai à 17h ; ’Autour du théâtre musical’, vendredi 21 et samedi 22 mai à 20h30, au théâtre de la porte St Michel. Réservations : 09 80 43 01 79.
  • Théâtre en anglais : ‘Tales without Morals’. Samedi 22 mai à 19h30 et dimanche 23 mai à 16h au théâtre l’Archipel. Tarif et réservations : 04 90 84 04 03.
  • Débat autour du Fringe : jeudi 27 mai à 14h. En ligne. Réservations 09 80 43 01 79.
  • Lecture en résonance : ‘Les Hauts de Hurlevent’ en anglais et en français par des étudiantes du conservatoire du Grand Avignon, samedi 29 mai à 10h au Rocher des Doms.
  • Projection de films : ‘Le retour de Mary Poppins’, samedi 29 mai à 11h.  ‘Scènes en solitude’, le même jour à 17h : sélection de court-métrages crées par les artistes du  ‘Questors Theatre’ de Londres au Théâtre du Rempart. Réservations auprès du théâtre Au Chapeau Rouge : 04 90 84 04 03.
  • Ateliers : ‘Write like the ones you adore’, le samedi 17 avril à 14h30 et le vendredi 7 mai à 17h au Camili Books & tea. Réservations : 04 90 27 38 50.
  • Ateliers d’improvisation en anglais, les samedis 1, 8 et 15 mai de 14h à 17h au théâtre l’Archipel. Réservations : 04 90 84 04 03.
  • Atelier d’écriture le vendredi 21 mai à 14h (le lieu de l’atelier sera annoncé prochainement)..

Cette édition est soutenue par la ville d’Avignon ainsi que par plusieurs structures d’Avignon Université : l’ICTT (Identité Culturelle, Textes et Théâtralité), l’UFR-ALL (Arts, Lettres, Langues), le FSDIE (Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes) et l’association Curtain Call.


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

Le projet ? Réunir 100 lecteurs n’ayant pas nécessairement l’habitude de lire des pièces de théâtre, pour choisir le texte qui sera produit lors du Festival des Nuits de l’Enclave en juillet 2022, par une troupe de comédiens amateurs, encadrée par une artiste professionnelle.

Le Comité des 100
Ces lecteurs, lectrices auront à choisir parmi trois textes qui leur seront proposés par le Comité de lecture du Centre Dramatique Des Villages puis ils se rencontreront à trois reprises : pour récupérer les textes à lire le mardi 13 juillet 2021 à 19h lors d’un temps dédié à l’occasion du Festival des Nuits de l’Enclave ; pour échanger sur leurs lectures à la mi-septembre 2021 en écoutant des extraits des textes lus par les artistes associés du Centre Dramatique ; pour choisir le texte lauréat à la mi-octobre 2021. Ils seront invités à une des représentations du texte lauréat lors du festival des Nuits de l’Enclave en juillet 2022.

Vous souhaitez participer à cette aventure ?
Aucun critère, hormis le plaisir de la lecture et celui d’échanger et de partager ensemble ses retours. Pour plus d’informations, adressez un courriel au comité de lecture comitedelecture@cddv-vaucluse.comPour vous inscrire, il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous et de remplir le formulaire d’inscription. Date limite d’inscription le 30 juin 2021. Inscription ici

Centre dramatique des Villages du haut Vaucluse. 43, cours Victor Hugo à Valréas. 04 90 28 12 51

Michèle Périn

 

 


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

Dans le cadre de la 75e édition du Festival d’Avignon la rencontre mensuelle en visio-conférence accueillera Nathalie Béasse à la FabricA.

La nouvelle création de Nathalie Beasse, ‘Ceux-qui-vont-contre-le-vent’ commence par une accalmie. La sensation d’un profond soulagement après l’épreuve, la perception d’un calme après la tempête. Peut-être avons-nous parcouru un long chemin avant de nous assembler à table pour lire des lettres… Dans cette création, Nathalie Béasse cherche à dire le manque, l’absence, et d’autres choses entre les mots : ‘Nous allons transformer l’empêchement en un jeu d’enfant…’Visio

conférence mode d’emploi
La rencontre sera animée par le journaliste Michel Flandrin. En direct de la FabricA, elle pourra être suivie sur festival-avignon.com et sur facebook.com/festival.avignon. Vous pourrez poser vos questions sur la page de l’événement ou en direct de la rencontre en commentaires de la vidéo. Mardi 16 février 2021 à 19h.

Michèle Périn

 


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

Les collégiens et lycéens de Valréas participant au prix Godot des nuits de l’Enclave 2021 ont voté à une large majorité pour l’auteure Aurianne Abecassis pour son texte ‘Taïga’. Ils l’accueilleront jeudi 25 et vendredi 26 mars à la salle du Vignarès à Valréas ainsi qu’au Centre dramatique des villages pour la remise de son prix lundi 22 mars à la Criée, au théâtre national de Marseille. Une dédicace spéciale et une rencontre avec l’auteure se dérouleront lors des 3 journées de restitutions.

Le prix Godot des nuits de l’Enclave
Le prix Godot sensibilise les élèves de l’académie d’Aix-Marseille à l’écriture théâtrale contemporaine en initiant leur participation à un prix littéraire composé de textes en instance de publication. Près de 14 établissements et 18 classes ont participé à cette 9e édition.

Incarnation du texte
À cette occasion, l’auteure découvrira les restitutions scéniques de son texte travaillé par les élèves et préalablement dirigés par des comédiens professionnels et professeurs au sein de leurs établissements.

L’auteure
Aurianne Abécassis est auteure pour le théâtre, la marionnette et la radio. Après un Master d’Etudes théâtrales à Paris III, elle est formée en jeu au conservatoire de Bobigny, puis accompagnée dans son écriture à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre.

Le prix Godot
Le Prix Godot est organisé avec la Délégation Académique à l’Education Artistique et à l’Action Culturelle de l’Académie Aix-Marseille et avec le Théâtre National de la Criée à Marseille. Les Éditions partenaires sont : Théâtrales, Lansmann, Actes Sud, Espaces 34, Solitaires intempestifs. Le texte ‘Taïga’ d’Aurianne Abécassis est édité aux Editions Lansmann.

 


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

« Résiste » chantait France Gall… « Résistons » lui ont répondu, samedi après-midi, les acteurs culturels, les élus et le public d’Avignon par une manifestation d’environ 300 personnes sur l’emblématique place du palais des papes, à quelques mètres de la fameuse cour d’honneur où ont résonné les voix de Maria Casarès, Jeanne Moreau, Philippe Noiret ou Gérard Philipe.

« La peur des gouvernants est devenue un diktat. »

Citant l’auteur antillais Edouard Glissant, Greg Germain, ancien président du festival Off, martèle : « ‘La culture est de haute nécessité dans la vie des hommes’. Avignon a été en 2000 et reste aujourd’hui la capitale de la culture. Je suis là pour transmettre le message à tous mes frères créateurs d’Outre-Mer, les artistes, les intermittents. » Et d’ajouter : « Partout ailleurs qu’en France, les théâtres sont ouverts et il n’y a eu aucun cluster. En Espagne, au Portugal, au Monténégro, en Serbie, en Australie, en Nouvelle-Zélande. Ici la peur des gouvernants est devenue un diktat. »

Le tout nouveau président du Off, Sébastien Benedetto enchaîne : « Ici, on n’a pas peur, notre destin d’artiste c’est de jouer. On n’est ni aveugle, ni inconscient, ni irresponsable. On prend notre mal en patience malgré l’arbitraire. J’espère juste qu’avec notre ministre, Roselyne Bachelot, qui se bat comme une lionne, nous obtiendrons satisfaction pour que l’édition 2021 du festival d’Avignon ait lieu en respectant rigoureusement les gestes barrières, l’aération des salles et surtout le sens de circulation du public. »

Gérard Gélas, le patriarche du Théâtre du Chêne Noir insiste « La peur est le pire des poisons, elle est destructrice. Ici, à Avignon, le cœur de la culture bat toute l’année, pas seulement l’été, pendant le festival. Avec ce confinement nous sommes séparés, sinistrés alors que les trains et les métros sont bondés, allez comprendre… Le théâtre est un lieu de vie, d’échanges indispensables. »

« Nous demandons, comme ailleurs en Europe, la réouverture des musées, théâtres, salles de spectacle et cinémas… »

« Nous voulons réaffirmer que la culture est vitale, essentielle à nos vies, à notre équilibre. Elle ouvre nos esprits, elle nourrit nos pensées, elle favorise les rencontres et les découvertes. Sans culture, il n’y a ni liberté ni émancipation » ajoute Cécile Helle. La maire d’Avignon poursuit : « pendant que les supermarchés et lieux de culte sont ouverts, les cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées sont toujours fermés. Quelle est cette France à deux vitesses ? La ville d’Avignon se doit d’incarner cette résistance. Nous vous appelons pour que la culture rayonne pleinement et que tous, créateurs, auteurs, musiciens, danseurs, techniciens, producteurs et diffuseurs puissent à nouveau exprimer leurs talents. » Elle conclut : « nous demandons, comme ailleurs en Europe, solennellement, la réouverture des musées, théâtres, salles de spectacle et cinémas dans le respect absolu des préconisations sanitaires… »

Pour traduire cette volonté farouche de jouer malgré tout, la 13e édition de ‘Fest’Hiver’ le festival de théâtre des scènes permanentes d’Avignon (Balcon, Carmes, Chêne Noir, Chien qui fume, Halles, Transversal) se déroulera du 22 janvier au 3 février chez vous, sur You Tube.


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

«Un festival Off ESSENTIEL», tel est le maître mot énoncé par Sébastien Benedetto, nouveau président du festival Off qui se tiendra du 7 au 31 juillet  2021.

Avancer ensemble, en ordre de marche et de bataille
La conférence de presse d’AFC qui a réuni par visio-conférence des membres du conseil d’administration d’Avignon Festival et Compagnie (AFC), des journalistes locaux et parisiens, des compagnies et artistes, des membres de la Fédération des Théâtres indépendants – dont deux membres récemment élus au bureau AFC- vient, bien sûr, à point nommé pour annoncer les dates du festival off 2021 et l’élection de son nouveau président Sébastien Bénédetto.

Un nouveau président pour AF&C
Celui-ci après les remerciements d’usage n’a pas renié sa filiation –fils d’André Benedetto, un des fondateurs du off- et a réaffirmé sa volonté d’un festival solidaire et conforme aux valeurs de respect et d’égalité. L’ancien président Pierre Beffeyte a tenu à réexpliquer sa démission qui n’est que celle d’un poste et non de son engagement : «j’ai atteint les limites du bénévolat du Off et ai eu à prendre la difficile décision d’annoncer la non-tenue du off 2020, je suis la personne qui a géré la crise, ce  n’est pas à la même d’être celle de la reconstruction.» Il a appuyé avec conviction la candidature de Sébastien Benedetto qui aura, lui, à reconstruire et à fédérer avec une belle légitimité locale. Les débats internes existent toujours mais il semble acquis de l’urgence de faire taire, pour un temps, les distensions pour avancer ensemble et relancer la dynamique.

Un festival essentiel pour être un festival de relance
Les compagnies, les artistes, les commerçants et restaurateurs ont été privés de commandes, de publics, de salaires et  le public du spectacle vivant. Il faut donc rattraper une saison mais surtout redémarrer pour devenir le symbole de la relance. On ne rappellera jamais assez les retombées économiques du Festival dans la Cité des Papes et alentours : 150 000 personnes et  100 M€ de retombées économiques.

Travailler à la relance
Avec des contraintes sanitaires maintenues en juillet, les jauges risquent d’être réduites, les compagnies seraient donc en droit de demander de baisser le prix de location des théâtres. Les théâtres ont aussi une logique économique à sauvegarder. La solution ? Aider les compagnies et les artistes autrement. Plusieurs pistes ont été évoquées lors de près de 10 réunions depuis novembre 2020. Ainsi, le fonds de professionnalisation créé en 2017 va être élargi «pour aider un maximum d’artistes». Il complètera le Fonds d’urgence abondé en juillet par l’Etat. Mais le Off n’étant pas subventionné, le nouveau Conseil d’administration d’AF&C va aller démarcher les collectivités territoriales après avoir également sollicité les partenaires habituels : Fondation Face, Spedidam etc.. qui abondent ce fonds de professionnalisation. Beaucoup de pistes sont encore en discussion qui auront sûrement à être validés en Assemblée générale extraordinaire d’après Laurent Rochut, théatre La Factory, mais « après une économie de la réparation, il faut résolument aller vers la relance».

Des pistes et réflexions pour un festival plus solidaire et écoresponsable.
La crise sanitaire et l’annulation du off 2020 auront permis à ce temps suspendu de réinterroger l’économie du off et de remettre en cause ou pas certaines pratiques. Ainsi la trésorière Alexia Vidal a rappelé la consultation publique qui a obtenu 862 réponses avec 2 questions volontairement très ouvertes «Quel est pour vous le festival idéal ? Et Comment y parvenir ?»

Retour d’expérience
Toutes les  idées ont été retenues et classées par thématiques devenant ainsi des documents de travail  pour une réflexion à mener avant mai 2021. Trois groupes de travail vont bientôt être mis en place – dans un premier temps en visio – : Quel festival pour demain ? (l’éthique, solidarité, la viabilité) ;  Quel festival pour les publics (accessibilité, billetterie, communication) ; Quel festival pour les professionnels (résidence, programmation, intermittence).

Les interrogations récurrentes
Les questions dans la salle virtuelle n’ont pas manqué de refaire surgir les interrogations récurrentes : Pourquoi des dates différentes entre In et Off ? ; Pourquoi a-t-on rendu de l’argent à l’Etat, le fonds d’urgence n’ayant pas été complètement dépensé ? ; Affichage ou pas dans la ville ? ; Billetterie centralisée ? Contrôle ou pas des loyers pour les festivaliers et les compagnies ? ; Edition d’un guide des bonnes pratiques ? Les réponses dans les prochains mois seront déterminantes pour la survie d’un des plus grands festivals au monde de théâtre et donneront un signal fort ou pas d’optimisme et de relance pour tout le spectacle vivant en France. Essentiel n’est pas un mot vain !

Michèle Périn


Condition des soies, Le nouveau moulin dont les lettres jaillissent

Dans le cadre de la 75e édition du Festival d’Avignon et en attendant la programmation complète qui doit être dévoilée en mars,  la rencontre mensuelle à la FabricA accueillera la chorégraphe Mylène Benoit.

Avec «Archée»,  Mylène Benoit propose une pièce d’anticipation sur la question très ancienne du matriarcat. Un spectacle qui vient sonder le passé et inventer des rituels de réappropriation des gestes féminins disparus de l’histoire officielle de l’humanité. La chorégraphe rassemble au plateau neuf danseuses, chanteuses, musiciennes autour de modes de révolte qui puisent dans la fiction, dans les corps armés par l’arc ou par la danse, le chant et le cri. « Nous souhaitons dépasser l’adversité réciproque, convoquer une mémoire équitable, afin de nous réparer, de réarmer ensemble l’avenir des hommes et des femmes. »

Visio conférence mode d’emploi
La rencontre sera animée par le journaliste Michel Flandrin. En direct de la Fabrica, elle pourra se suivre sur festival-avignon.com et sur facebook.com/festival.avignon. Vous pourrez poser vos questions sur la page de l’événement ou en direct de la rencontre en commentaires de la vidéo.

Visio-conférence avec Mylène benoit. Mardi 12 janvier 2021 à 19h.

Michèle Périn

https://echodumardi.com/tag/theatre/page/19/   1/1