23 juillet 2024 |

Ecrit par le 23 juillet 2024

Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

Deux histoires si singulières qu’elles s’apparentent à des fables tragiques : celle de Nauru, l’île perdue dans le Pacifique et celle de Norilsk, la ville isolée en Sibérie. Nauru et son phosphate, exploités par le colonialisme et le néolibéralisme. Norilsk et son nickel, exploités par le soviétisme et le totalitarisme.

Vous suivrez Ritchie, le guide sans touristes, et Alekseï, le mineur usé. Ces derniers, une fois devenus gênants ou obsolètes, se retrouvent piégés d’un modèle global, et dépositaires d’une histoire qui les dépasse. Sommes-nous comme eux arrivés au point de non-retour ?

La vie des hommes dans la fournaise
Dans cette traversée de l’archipel viriliste de l’extraction, des femmes incarneront ces personnages. Comédiennes-musiciennes également (chant, alto, violon), elles interprètent les musiques et paysages sonores qui co-construisent la narration, avec Anthony Touzalin – le compositeur et musicien electro-acoustique.

Grâce à eux
Une sortie de résidence du Théâtre du bruit. Avec Anna Pabst (alto) et Bérengère Steiblin (violon). Un texte et une mise-en-scène de Jonathan Lobos. Scénographie de Rudy Gardet. Musique d’Anthony Touzalin.

Nauru Norilsk. 14 janvier. 20h. Sortie de résidence – La compagnie présentera une étape de travail. Durée: 30 min. Entrée libre sur réservation. Salle Tomasi. 4, rue Bertrand à Avignon. 09 74 74 64 90.
MH


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

L’histoire ? Eté 1936, en Espagne, alors que Bernarda Alba, sévère et toute puissante matriarche décède, quel sera le destin de ses 6 filles cloîtrées, dans une Espagne gangrénée par la guerre civile, tiraillée entre tradition et modernité. L’Autre Scène de Vedène donne à voir et entendre ‘Andando’ (En avant !) une magnifique œuvre de Frederico Garcia Lorca. Elle devait être jouée à Opéra confluence en juin 2019, elle le sera finalement à Vedène mardi 7 décembre à 20h30.

Frederico Garcia Lorca, le grand artiste espagnol plutôt connu comme poète et écrivain il était aussi dramaturge, prosateur, peintre, pianiste et compositeur. Né dans la province de Grenade en 1898 il sera fusillé en Août 1936 à 38 ans à peine, emporté par la guerre d’Espagne. Sa vie et son œuvre ne pourront être évoqués qu’à la mort de Franco, en 1975. Il était proche de Luis Buñuel (réalisateur et scénariste espagnol) et de Salvador Dali (peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain catalan). Voilà pour vous donner un aperçu du grand homme.

Ce qu’on verra et entendra ?
Andando est une proposition de concert théâtral réunissant cinq comédiennes chanteuses et trois musiciens, autour de la poésie de Federico Garcia Lorca et sur la musique de Pascal Sangla. À travers ces figures féminines, toutes issues de l’œuvre de Lorca, c’est Federico lui-même qui se raconte. Textes de Federico Garcia Lorca ; Mise en scène, adaptation et traduction de Daniel San Pedro et Composition et direction musicale de Pascal Sangla. Spectacle chanté en français, arabe et espagnol.

Andando 
Pour les filles, après l’enterrement et la fête, vient le temps du départ, l’invention de vies nouvelles. Dans le village, on entend les bruits de guerre. Il faut choisir son camp. Cinq partent, une seule demeure dans cette maison bien trop grande, incapable d’imaginer sa vie autrement, autre part, et choisissant le camp des fascistes (Camélia Jordana). Une s’engage dans la résistance et prend les armes . Une autre émigre en Amérique pour travailler dans la troupe de Margarita Xirgu (ce qu’avait prévu Federico, s’il avait vécu) (Audrey Bonnet). La mystique de la famille, d’une sensualité gourmande, choisit d’entrer dans les ordres (Estelle Meyer). Une devient une grande figure intellectuelle engagée et féministe (Johanna Nizard). La dernière, amoureuse absolue, part pour chercher l’Amour, l’unique chose qui compte (Aymeline Alix). Dehors, les bruits de la guerre civile commencent à se faire entendre. Ils vont bousculer les espoirs et les rêves de cette fratrie de femmes. Il va falloir aussi choisir son camp. Résister, fuir ou collaborer.

Note d’intention
«Et si nous commencions l’histoire à la mort de Bernarda, interroge Daniel San Pedro, pour la mise-en-scène, l’adaptation et la traduction. Si tout commençait par une veillée funèbre. Leur mère morte, qu’adviendrait-il de ces filles, de ces femmes ? La porte de la maison s’ouvrirait enfin et chacune d’elle pourrait s’emparer de sa liberté. Tout deviendrait possible comme lors de ce printemps 1936. J’ai toujours eu envie de travailler sur la guerre civile. C’est un moment fondateur pour le peuple espagnol mais qui reste encore aujourd’hui l’objet de nombreux tabous, de non-dits et de secrets de famille. En m’attachant aux filles de Bernarda, je voudrais raconter des destins différents. Je voudrais m’interroger sur notre capacité à résister, à nous engager. Je me souviens ainsi du cousin de ma mère qui, aux premiers jours de la guerre, avait été dénoncé par des voisins jaloux et qui, pour échapper à la milice, avait sauté du camion qui l’emmenait devant les murs du cimetière de Zamora, pour y être fusillé, puis s’était caché pendant des semaines le long des berges. Il vécut caché chez lui, au nez de ces voisins, jusqu’à la mort de Franco.»

En savoir plus
Andando est tiré de ‘La casa de Bernada Alba’ écrite en 1936 et donné, pour la 1re fois à Buenos Aires en 1945. Une œuvre qui fait écho à la triste fin de Frederico Garcia Lorca –sans doute le plus grand poète espagnol du XXe siècle- qui un mois de juillet -qui marque le début de la guerre civile en Espagne (1936-1939)- rentrera à Grenade, malgré les avis de tous ses amis. Arrêté, juste un mois après, le 18 août 1936, il sera fusillé le lendemain à l’aube et jeté dans une fosse aux côtés d’un instituteur et de deux anarchistes.

La guerre civile
La guerre civile a fait environ 500 000 victimes sur 24 millions d’habitants. Parmi elles, 230 000 personnes (nationalistes ou républicaines) ont été exécutées. Les thèmes récurrents du dramaturge ? La liberté, l’amour, la mort, l’engagement politique et les voyages.

La Casa de Bernarda Alba
Dans un petit village Andalou, au milieu des années1930. Acte 1: À la mort de son mari, Bernarda Alba a forcé ses cinq filles (Angustias, Magdalena, Amelia, Martirio et Adela) à pleurer pendant 8 années consécutives. Au milieu de cet environnement oppressant, Adela (la plus jeune de toutes les filles) apprend qu’Angustias, la sœur aînée, va épouser Pepe el Romano, avec qui Adela a des relations secrètes. Acte 2 : La Poncia découvre la relation entre Adela et Pepe el Romano.
Acte 3 : Adela se rebelle et revendique son droit d’être l’épouse de Pepe el Romano. Bernarda lui tire dessus et dit qu’il l’a tué bien qu’il ait raté son coup. Désespérée, Adela s’enfuit et s’enferme prête à se suicider.

Grâce à eux
Textes Federico Garcia Lorca ; Mise en scène, adaptation et traduction Daniel San Pedro
Composition et direction musicale Pascal Sangla ; Scénographie Aurélie Maestre ; Costumes Caroline de Vivaise ; Lumières Alban Sauve ; Création sonore Jean-Luc Ristord ; Chorégraphie Ruben Molina ; Maquillages et coiffures David Carvalho Nunes ; Assistant à la mise en scène Guillaume Ravoire ; Assistante scénographie Clara Cohen ; Assistante costumes Magdalena Calloc’h.

Avec
Aymeline Alix ; Audrey Bonnet ; Camélia Jordana ; Estelle Meyer ; Johanna Nizard Et les musiciens ; Violon (Solo improvisé) Liv Heym ; Piano (en alternance) Pascal Sangla, Donia Berriri ; Guitares, luth (Solo improvisé), percussions, contrebasse M’hamed el Menjra. Spectacle chanté en français, arabe et espagnol Durée du spectacle : 1h30 Durée estimée de la musique : 1h15.

Les infos pratiques
Mardi 7 décembre. 20h30. 30€. L’Autre scène à Vedène. Sur un texte de Federico Garcia Lorca, adapté par Daniel San Pedro dans une version théâtrale, mêlant musique traditionnelle espagnole, danse et théâtre dans laquelle nous redécouvrirons Camelia Jordana dans un autre registre que celui de la chanson de variété. Avenue Pierre de Coubertin. 04 90 31 07 75 La billetterie de L’Autre Scène est ouverte uniquement les jours de spectacles, 45 minutes avant le début des représentations. https://www.lautrescene.com/page/infos-pratiques. Billetterie ici.


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

Laetitia Casta raconte sur la scène de l’Opéra d’Avignon la vie hors du commun de la grande pianiste roumaine Clara Haskil.

Clara Haskil, prélude et fugue
L’auteur belge Serge Kribus a été fasciné par Clara Haskil, une des plus grandes pianistes du XXe siècle. Née le 7 janvier 1895 à Bucarest et décédée le 7 décembre 1960 à Bruxelles, cette pianiste roumaine et suisse a traversé bien des épreuves physiques (scoliose mal soignée) et des douleurs dans sa vie chaotique mais le miracle s’accomplissait toujours : son public l’aimait, la réclamait et Clara Haskil restait elle-même, simple et sincère.

Laetitia Casta partage la scène avec la pianiste turco-belge Isil Bengi
C’est un beau cadeau qu’a offert le metteur en scène Safy Nebbou à Laetitia Casta avec qui il avait eu l’occasion de travailler dans « Scènes de la vie conjugale » de Bergman. Son nom s’est imposé pour imposer cette femme remarquable et lumineuse.

Mercredi 24 novembre. 20H30. 9 à 55€. Opéra Grand Avignon. 4 Rue Racine. Avignon. 04 90 14 26 40. Réservation ici. www.operagrandavignon.fr


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

En transit à l’aéroport de Londres, entre Antigua, une île des Caraïbes et Paris, Paul Belmondo nous accorde une interview. Il évoque Boeing Boeing, la pièce de théâtre française la plus jouée au monde, un vaudeville hilarant où il interprète Bernard, un architecte atteint de Donjuanisme, aux prises avec ses trois maîtresses hôtesses de l’air, fortuitement réunies. Un grand moment de bonne humeur.

Vous interprétez Bernard, un séducteur invétéré très attiré par des hôtesses de l’air, que vous inspire votre personnage ?
«Il est toujours intéressant d’interpréter des personnages qui sont à l’opposé de vous dans la vie. C’est explorer d’autres vies avec jubilation, en l’occurrence un séducteur fréquentant plusieurs femmes et dont la vie semble rigolote. C’est très agréable à interpréter ! (rires).»

Comment avez-vous abordé votre rôle pour incarner cet archétype masculin ? Comment vous-êtes-vous préparé ? «Je me suis remémoré ses personnages de vaudeville qui se font prendre la main dans le sac et essaient, par le mensonge, de s’en sortir. Je me suis inspiré de ce que j’ai vu au théâtre et au cinéma. Quant à la préparation ? Il y a cette partie où l’on apprend le texte, seul chez soi, ‘à plat’ tout en s’imaginant comment pourrait-être le personnage, sans trop s’y immerger afin de laisser toute la place au talent du metteur-en-scène. Tout se met en place après la première lecture avec Philippe Hersen, le metteur-en-scène, et tous les comédiens. Une fois le profil des  personnages développé, expliqué puis campé, chaque comédien apporte son imaginaire, son monde, son expérience de la vie. Moi ? J’ai essayé de deviner ce qu’un homme pourrait ressentir et vivre lorsqu’un jour, ses trois maîtresses se retrouvent toutes, au même moment, réunies chez lui… La situation, les émotions qui surgissent et quelles stratégies je fomenterais pour m’en sortir ?»

Quels sont, selon vous, les forces et faiblesses de Bernard ? «Les forces ? C’est un bon vivant, il aime la vie, c’est quelqu’un de fondamentalement gentil qui aime aussi réellement ces femmes. La seule chose ? Il est polygame ! Il les aime toutes autant avec, peut-être, une petite préférence pour l’une d’elle. Ses faiblesses ? La fréquentation de plusieurs femmes ce qui lui rend la vie très compliquée, même s’il est très organisé. Heureusement il a Berthe, sa femme de ménage et complice qui l’aide jusqu’au jour où Robert, son ancien copain de lycée, va perturber toute cette belle mécanique. A l’origine de cette situation ? Bernard souffre sans doute autant d’un manque affectif que d’assurance. Il séduit pour se rassurer. On peut aussi se poser la question de la recherche de ces femmes séduits par des collectionneurs, (rires). Justement la pièce évoquera l’arroseur arrosé !»

Bernard pourrait-il exister aujourd’hui ?
«Oui, ça serait sûrement plus compliqué aujourd’hui avec tous les moyens qu’on a de tracer les gens avec les téléphones portables, les réseaux sociaux, Internet, mais encore possible… Il pourrait se trouver bloquer quelque part, en transit, comme moi en ce moment (rires), se trouver bloquer, au même endroit, avec ses maîtresses.»

Enfin, un homme a-t-il encore le droit de draguer ? «Ah, c’est compliqué (rires) ! Je suis marié. Mais je m’imagine plus de 30 ans en arrière et je me demande comment les situations pourraient être interprétées. Dans tout ce qui se passe aujourd’hui il y a beaucoup de bien, car, durant des années, des attitudes, des comportements et des propos masculins envers les femmes ont été inacceptables et blessants, cependant je crois qu’il ne faut pas basculer dans l’excès et revenir à un juste équilibre. Courtiser une femme aujourd’hui est devenu complexe. D’ailleurs le rôle de Bernard pourrait être interprété par une femme ayant plusieurs amants, ce qui fonctionnerait très bien. La pièce écrite dans les années 60, reste toujours actuelle !»

Maintenant
«On vit une période difficile. Boeing Boeing est une pièce divertissante, on rigole et ça fait du bien ! On est heureux de reprendre le dessus et de vivre ! La priorité pour beaucoup a été de voyager ou d’aller au resto –qui étaient nos premières privations- maintenant il faut reprendre les bonnes habitudes et se retrouver en salle pour partager ces moments-là.»

Paul Belmondo

Le pitch
Dans les années 60, Bernard, architecte, a 3 maitresses, toutes hôtesses de l’air. Quand l’une décolle, la 2e atterrit tandis que l’autre est déjà en l’air. Mais un jour, les conditions de vol les font se poser le même jour. Bien sûr elles ne sont pas sensées se rencontrer puisque chacune se croit la fiancée du frivole Bernard.

L’auteur
Marc Camoletti, auteur et metteur en scène français, célèbre pour ses vaudevilles dont les fameux ‘Boeing boeing’, ‘pyjama pour six’, ‘On dinera au lit’, ‘La bonne Anna’, ‘Le bluffeur’ ou encore ‘Sexe et jalousie’. Boeing boeing, c’est plus de 25 000 représentations dans 55 pays, ‘Boeing Boeing’ est d’ailleurs inscrite au Guinness Book des records comme la pièce française la plus jouée dans le monde. On se rappelle avec bonheur d’une adaptation au cinéma en 1965 avec Tony Curtis, Jerry Lewis, Dany Saval et Kirk Douglas et en 2008 des deux Tony Awards aux États- Unis dont celui de la Meilleure reprise et celui du Meilleur acteur principal pour Mark Rylance dans la mise en scène du britannique Matthew Warchus.

A l’affiche
Paul Belmondo interprète Bernard ; Valérie Bègue est Juliette l’hôtesse de l’air Française ; Marie-Hélène Lentini est Berthe, la femme de ménage ; Roland Marchisio est Robert l’ami de lycée de Bernard ; Jessica Mompiou est Jeannette l’hôtesse de l’air Américaine ; Julie Nicolet est Judith l’hôtesse de l’air Allemande et la mise-en-scène de Philippe Hersen.

Les infos pratiques
La représentation de la pièce de théâtre ‘Boeing Boeing’ aura lieu vendredi 26 novembre à 20h30 au Palais des Princes, Cours Pourtoules à Orange et Mardi 30 novembre 2021 à 20h au théâtre de l’Odéon à Marseille. Durée 1h30. 42€.

Biographie
Paul Belmondo, 58 ans, ancien coureur automobile en Formule 1, est acteur (depuis 2007 à l’issue de sa carrière de coureur automobile), toujours commentateur sportif des 24h du Mans sur la chaîne TV Eurosport et consultant sur Formula One depuis 2013. En 2015, il réalise un documentaire sur son père ‘Belmondo par Belmondo’, diffusé en 2016 sur TF1. Il a été rédacteur en chef de Car Life Magazine. Paul Belmondo est petit-fils du sculpteur Paul Belmondo et fils de l’acteur Jean-Paul Belmondo. Il a épousé Luana Tenca et a trois enfants Alessandro, Victor et Giacomo.

Décryptage

Le fantasme de l’hôtesse de l’air ?
C’est un peu le mélange d’une maman –l’uniforme représentant l’autorité- rassurante –parce que la femme est maternelle- pour d’anciens petits garçons- toujours proches, comme nous tous, du complexe d’Œdipe. D’ailleurs elle est jeune, aimable et serviable –comme une mère-. C’est en même temps une femme sans attache –dont on ne soupçonne pas la vie privée avec homme et enfants-.

Voyager en avion ?
C’est être dans un lieu clos –l’avion- en partance pour ailleurs où l’on peut être dans être transi de peur ou dans, au contraire, dans l’excitation du voyage. Un monde entre terre et ciel. Un peu au milieu de nulle part, où les conventions sociales peuvent s’effacer, où un micro-monde s’est incarné. Enfin l’avion est un habitacle hermétique à l’intérieur duquel on est privé de liberté et où seul le pilote a la maîtrise des commandes.

Le séducteur ?
Il est celui qui a besoin de séduire, de conquérir, d’être reconnu, de ranimer Narcisse, de se rassurer. Il collectionne ? Alors il ne donne son cœur à personne et reste, en cela, l’amoureux fidèle de sa mère –voilà Œdipe qui revient-. Il conquiert puis il fuit car l’autre n’est qu’un objet de valorisation, un doudou pour soulager ses angoisses. Il a besoin d’être aimé pour s’aimer un peu car il souffre du peu d’estime qu’il a pour lui-même.


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

Que se passe-t-il au cœur de Beyrouth quand un auteur de théâtre parisien débarque dans un hôtel miteux pour y rencontrer un producteur qui n’arrive pas ? Et bien il passe son temps avec la réceptionniste. Voilà tout le sel de ce huis-clos où s’affrontent le feu avec la pétillante et joyeuse Natacha –Nathalie Comtat-et la glace avec Olivier Douau en écrivain désabusé.

L’histoire

Lui ? Aussi bougon que froussard, la cinquantaine perdue pour cause de rupture avec sa femme. Il ne veut pas sortir de l’hôtel car si le pays est magnifique les bombes n’ont jamais cessé leur manège. Natacha ? Elle danse et rêve de Paris et de la Tour Eiffel et voit en lui l’opportunité de changer de vie. L’occasion de confronter l’Orient à l’Occident ; d’un côté la vie qui se fraie un chemin dans un pays en guerre entre Eros et Thanatos et les enfants gâtés des 30 glorieuses happés par leur désenchantement. Sauront-ils se voir, s’écouter, se parler pour se rencontrer ? C’est pas gagné !

Ce qu’on en pense

Le texte est rythmé, incisif, intelligent. Nathalie Comtat incarne à la perfection Natacha la jeune Libanaise pressée de vivre avant d’être fauchée à l’aveugle. A la fois candide et réfléchie, profonde et légère. Olivier Duau – que nous avions adoré dans ‘Un contrat’- lui oppose un homme blessé, terré dans sa douleur, sourd au monde avec subtilité, gravité et une maladresse exquise. On a beaucoup apprécié son jeu où, tel du sable, il se dérobe sous les pieds de la danseuse orientale qu’il désire malgré lui.

Le jeu des comédiens

Le binôme de comédiens fonctionne à la perfection aucun ne déclassant l’autre. Une magnifique soirée qui réchauffe le cœur et l’âme alors que dehors, la température annonce l’approche de l’hiver. Bravo à la Compagnie du nouveau monde, une compagnie professionnelle avignonnaise créée en 2015. La pièce sera jouée au Théâtre du Gymnase à Paris pour revenir lors du prochain festival d’Avignon. Il est encore temps de voir la pièce ce soir à Bedoin !

Les infos pratiques

Beyrouth hotel. De Rémi de Vos. Avec Nathalie Comtat comédienne et Olivier Douau comédien et metteur en scène. www.compagniedunouveaumonde.fr Dimanche 7 novembre. 17h. Centre culturel de Bedoin, 100 place de la Vigneronne. Gratuit. Foncez-y !


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

Il faisait très bon hier soir. Assises sur les marches d’un hôtel particulier en face du Chêne noir, nous attendions d’y rentrer tranquillement. Les aficionados du lieu arrivaient par grappe en devisant joyeusement. Que l’automne était doux ce vendredi soir qui clôturait la semaine par Albert Camus au Théâtre du Chêne noir. On peut encore y aller ce soir à 20h. Résa ici.

Plus précisément ? On allions voir ‘Lettres à un ami Allemand’. Une création du théâtre du Chêne noir avec Didier Flamand, sa voix chaude et un peu grave, sa longue silhouette, sa présence aristocratique. La pièce est mise en scène par Julien Gélas. Ensemble, ils font vivre le texte qu’Albert Camus a travaillé dans l’intimité de sa solitude, de la résistance, quelque part, à Paris, à partir de l’été 1943. En fait, il s’agit de chroniques écrites dans la Revue libre en juillet 1943, dans les Cahiers de la libération en 1944, dans la revue Libertés au début de l’année 1945.

La forme

La forme empruntée par le journaliste, essayiste, romancier, dramaturge, philosophe et prix Nobel ? Une lettre imaginaire à un ami imaginaire. La démonstration aussi d’un homme qui se distancie des évènements et de son torrent d’émotions pour appréhender ce qui se joue véritablement. La domination d’un pays sur un autre. La force brute pour réduire l’autre. Alors Albert Camus explique que l’on est plus fort et plus grand que ce petit bout d’humanité qui se fait bête. Que l’autre est soi et que l’homme, devant l’absurdité des événements, redonnera sens en s’appuyant autant sur son  intelligence que son courage, la brutalité ne pouvant engendrer la justice.

Le Chêne noir

Voilà la belle salle de l’ancienne chapelle qui se remplit tranquillement. Sur scène une salle d’archives, la lumière blafarde des néons sur un bureau où trône un ordinateur. Il y a un homme au bout de son téléphone portable qui demande l’envoi de document et répète ‘Ne m’oublie pas’. Il –Didier Flamand- écrit le discours qu’il s’apprête à donner devant les Nations Unies dont le socle est ‘Paix, dignité et égalité sur une planète saine’. Il aura une heure pour convaincre la mémoire de revenir. Alors il cisèle ses phrases, répète son introduction, travaille sa diction, la résonance des mots.

 »Albert Camus, la sagesse de l’esprit et l’éclat des mots’ Julien Gélas Lettres à un ami Allemand interprété par Didier Flamand. Copyright Guillaume Serres

Sa feuille de route ?

Son discours. Au centre de celui-ci ? La perte de sens de notre monde. Il met en garde contre l’enthousiasme des peuples pour les idéologies faciles. Le soulèvement initié par la faconde d’un sombre orateur. L’usurpation de la liberté pour cause d’extrémismes et de nationalisme, puis les agitateurs de peur qui exploitent la haine pour régner en maître. En fonds sonore et vidéo, des discours de haine de la seconde guerre mondiale, la liesse des peuples, le silence, les uniformes, les rues et places désertes, des hommes contenus par d’autres en uniformes, qui osent en pleine occupation, le chant des partisans. D’autres encore résistants et innocents embarqués en camion, assis sous la bâche puis placés face aux fusils. La jeunesse que l’on sacrifie ça et là. De vrais images, de vrais destins et la mort au bout si l’on oublie…

On salue

On salue le travail documentaire effectué par Julien Gélas et son équipe pour incarner le danger toujours présent prêt à basculer dans l’indicible. Le talent de Didier Flamand qui exprime la pensée de Camus avec justesse et intensité. Le monstre rode et l’histoire peut se répéter. On salue le talent de Didier Flamant qui vibre des défaillances de l’humanité et de l’impératif d’être présent à ce qui se joue. On a aimé la mise en scène, les mises en ambiances et lumières, à la fois percutantes, graphiques, dessinées, incarnées, chaotiques, le décor simple mais raffiné.

Ressenti

Tout est fort dans cette pièce. L’intensité de ce que vivent les hommes entre drame et bonheur. Au milieu ? La voix posée d’Albert Camus, de Didier Flamand et de Julien Gélas. Celles, froides, des dictateurs qui ne veulent pas d’union des nations. La mise en scène est soignée, simple, rigoureuse, instaurant la chorégraphie d’un patchwork d’images, de sons, de texte, de jeu mis au jour pour toucher la réalité du doigt. Parce que ce qui s’incarne derrière l’écran peut s’incarner devant. La salle bondée applaudit à tout rompre. Didier Flamand est ému et nous avec lui.

Les infos pratiques

Lettres à un ami Allemand. Avec Didier Flamand sur une mise-en-scène de Julien Gélas. Samedi 16 octobre 2021 à 20h Théâtre du Chêne noir. 8 bis, rue Sainte-Catherine à Avignon. 04 90 86 74 87. Résa ici.

Albert Camus

Albert Camus c’est ce gamin pauvre des quartiers les moins reluisants d’Alger, descendant des premiers arrivants des colonies. Sa maman est sourde et il est orphelin d’un père tombé à peine un mois après qu’il fût enrôlé dans le 1er régiment de zouaves en septembre 1914. Atteint à la tête par un obus en octobre de la même année; emporté à tout juste 28 ans. Après ? L’enfant bagarreur est aussi un élève brillant dont l’intelligence vive émeut son instituteur. Et cela revêtira une importance capitale. Pourquoi ? Parce que le professeur convaincra la grand-mère et forte-femme d’Albert Camus de le laisser poursuivre ses études obtenant même qu’il devienne boursier pour aborder le lycée. La pugnacité de l’instituteur aura été au fondement de la carrière du futur grand homme.

La force des blessures

Ce qui a forgé Albert Camus ? Une enfance marquée par l’absence d’un père, une mère sourde qui lit sur les lèvres mais est analphabète, la pauvreté, les copains de la rue. Plus tard ?  Son incompréhension et son refus de la ségrégation entre français et arabes, son amour du foot, la découverte de la littérature, de la politique, du militantisme, l’absurdité de la guerre, le dépassement des passions et la dangerosité des idéologies. Enfin ? La découverte que l’autre est soi, que l’intelligence et le courage ne sont rien l’un sans l’autre, que le dépassement et l’accès à la lucidité se font aussi par la lecture, l’écriture, le théâtre populaire, et l’art.

Didier Flamand incarne le texte Lettres à un ami Allemand d’Albert Camus. Copyright Guillaume Serres

Pourquoi son destin résonne-t-il tant ici ?

Camus c’est aussi un peu l’ode à la très en vogue laïcité : enfant pied-noir d’extraction modeste, nourri à la lecture, aux livres éclectiques par un oncle boucher anarchiste, voltairien, franc-maçon ; c’est aussi la rencontre d’un instituteur détecteur de talent. Albert Camus c’est aussi une comète, mille vies en à peine 46 ans, l’aventurier qui avait appliqué ses propres règles à son existence : lier l’intelligence au courage. Pourquoi ici ? Parce que son ami René Char lui a fait découvrir la Provence. Parce qu’il a vécu et habité l’Algérie puis s’est établi, les deux dernières années de sa vie à Lourmarin où ceux qui l’ont connu disaient qu’il était humble, discret, empathique, accessible. Que tout comme Hemingway il écrivait debout et conservait une véritable passion pour le football.

Et la Comète se love dans l’infini

Albert Camus est né le 7 novembre 1913 à Dréan, en Algérie française et mort à Villeblevin le 4 janvier 1960, à 46 ans. Les circonstances de sa mort ? Un accident de voiture alors qu’il reprenait la route pour Paris. Dans la Facel-Vega il y a, à la conduite, Michel Gallimard et à ses côtés Albert Camus tandis que Janine et Anne Gallimard l’épouse et la fille de Michel Gallimard ont pris place à l’arrière avec le chien Floc. La voiture de luxe percute un premier puis un deuxième platane. Albert Camus est tué sur le coup, Michel Gallimard décèdera six jours plus tard. Les deux femmes s’en sortent miraculeusement indemnes. En cause ? L’asphalte mouillé  et… le fatal éclatement d’un pneu. Sa sépulture se trouve dans le cimetière de Lourmarin. Quant au chien Floc ? Il n’a jamais été retrouvé.


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

«J’entrerai dans ton silence» donne la parole aux autistes. En 2018, le directeur du théâtre du Balcon Serge Barbuscia adapte les textes de Françoise Lefèvre et d’Hugo Horiot. Il nous dévoile le monde peut-être méconnu de l’autisme et le combat de la mère face aux institutions. Un spectacle intense et émouvant.

Théâtre du Balcon

Présenté en avant-première au Théâtre du Balcon, dans une salle comble, en 2018, la pièce fut ovationnée. Nous retrouverons Fabrice Lebert  dans le rôle de l’enfant autiste et Camille Carraz dans celui de la mère aimante…..et résistante.
Mardi 12 octobre .19h. 19 et 23€. Théâtre du Balcon. Rue Guillaume Puy à Avignon. 06 09 16 28 63 / 04 90 85 00 80  contact@theatredubalcon.org

Déclinaison de ce spectacle en octobre

L’auteur, comédien et réalisateur Hugo Horiot a aussi été invité au Théâtre Toursky de Marseille le 5 octobre dernier. Fils de la romancière Françoise Lefèvre, Hugo Horiot, diagnostiqué autiste Asperger à l’âge de 18 mois se plait à conjuguer artiste et autiste.

Une journée entière au Centre Social de la Fenêtre

C’est aussi à une journée complète autour de ce spectacle, le 7 octobre dernier, qu’ont été conviés Serge Barbuscia et Hugo Horiot. Une occasion unique de côtoyer l’auteur, le comédien et le metteur en scène pour les habitants de Saint-Chamand d’Avignon.


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Les fêtes nocturnes étaient de retour, cet été, au château de Grignan, dans la Drôme. À l’affiche  : le vaillant capitaine Fracasse. Vite, découvrez cette pièce qui se joue jusqu’à ce samedi 21 août !

Chaque été, depuis 1987, le château de Grignan, propriété du Conseil département de la Drôme, propose des représentations théâtrales. Comme un écho aux grandes fêtes organisées autrefois. C’est dans ce contexte qu’il a accueilli ces dernières semaines la pièce « Fracasse », d’après le roman de Théophile Gauthier. Sa mise en scène a été assurée par Jean-Christophe Hembert (connu du grand public pour son rôle dans la série télévisée Kaamelott aux côtés d’Alexandre Astier).

L’histoire se déroule au XVIIème siècle. Le baron de Sigognac, ruiné, reste prostré dans son château délabré. Jusqu’à ce qu’une troupe d’acteurs viennent l’arracher à ses tristes journées. Le noble s’émancipera alors grâce au théâtre et deviendra l’héroïque capitaine Fracasse. Une pièce qui fait la part belle à la beauté de la langue française. Le jeu des comédiens, et parfois même le choix des accessoires, font le reste : les fous rires sont assurés !

Plus de 20 000 spectateurs

À ce jour, plus de 20 000 personnes ont vu le spectacle Fracasse devant la majestueuse façade du château de Grignan. Les amateurs de théâtre peuvent encore découvrir cette pièce jusqu’à ce samedi 21 août 2021. Durée : 2 heures. Tarifs : 25€/18€/10€. Renseignements et billetterie  sur chateaux-ladrome.fr (www.chateaux-ladrome.fr). Pass sanitaire obligatoire.

Aurélien Tournier


Salle Tomasi, Nauru Norilsk, dépositaire d’une histoire qui le dépasse ?

Rénové en partie en 2019, le théâtre de verdure de Cavaillon peut accueillir jusqu’à 330 personnes. En 2019 sur quatre dates et en 2020 sur une date, une programmation organisée par le Sonograf avait permis d’animer ce lieu peu connu des Cavaillonnais.

Le projet en 2021 est de poursuivre cette (re)découverte, en organisant en régie une série de 3 concerts au mois d’août. Les styles musicaux seront variés, afin de plaire à un large public. Cette année, 3 concerts auront lieu à 21h. Le 5 août ‘Brassens inconnu méconnu’ André Chiron et Laurent Astoul ; le 12 août ‘Michel Berger Story’, Richard Groulx, Philippe Perathoner et le 19 août ‘Don Billiez reprises Soul’, Don Billiez. Plus d’informations, cliquez ici.

Port du masque et pass sanitaire obligatoires pour assister aux concerts. 

L.M.

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