23 décembre 2024 |

Ecrit par le 23 décembre 2024

‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

Autrefois fabrique de jeans puis de garance dans cette Rue des Teinturiers la bien nommée, ce lieu investi dès 1 982 par le couple Vantaggiolli entame donc sa 41ème saison 2022-23.

Avec une grande dame du théâtre, marraine du ‘Petit chien’, Judith Magre qui, à l’avant-veille de ses 96 ans, reviendra dans cette salle pour ‘Les murs’ le 18 novembre. Judith Magre, c’est une longue, très longue histoire d’amour avec Avignon puisqu’elle y joue depuis plus d’un demi-siècle! Jugez plutôt : 1962, « La guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux mise en scène par Jean Vilar dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, elle y reviendra en 64 pour ‘Romulus’ de Durrenmatt mis en scène par Georges Wilson, en 65 pour ‘Les Troyennes’ d’Euripide version Michel Cacoyanis, en 1970 pour ‘Le diable et le bon dieu’ de Jean-Paul Sartre. Elle jouera également en 1982 à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon ‘De la cave au grenier, un corps entier de songes’ dans une mise en scène de Michaël Lonsdale, en 96, retour au Festival d’Avignon avec Antoine Vitez pour ‘La Cour des comédiens’. Judith Magre sera aussi à l’affiche du Off en 1999 pour ‘Shirley’, justement au Théâtre du Petit Chien et enfin en 2020 au Théâtre du Rempart où elle lira Depardieu.

Cette saison débutera le 11 octobre, pendant ‘La semaine italienne’ avec ‘Ultima violenza’un procès fictif de la Mafia imaginé par un journaliste et dramaturge sicilien, Giuseppe Fava à partir de faits réels. Du 21 au 23 octobre, ‘Dernière histoire d’amour’, création de Gérard Vantaggiolli, une pièce qui se déroule en 1943, en pleine guerre.

Les 26 et 27 novembre, ‘Irina’, un opéra contemporain composé par Eric Breton avec une soprano Lydia Mayo qui interprétera 8 personnages. Le 11 décembre ‘Ainsi de nous’, adapté d’un livre de réflexions de Jean-Louis Barrault qui concevait le théâtre comme art total, la mise en scène sera signée de Valentina Venezia. En janvier, dans le cadre de Fest’hiver : ‘Lampedusa way’ de Lina Prosa, un drame sur l’attente et l’espoir d’un autre monde, moins hostile, pour des milliers de migrants clandestins.

Les 4 et 5 mars, place à Serge ‘Gainsbourg confidentiel’, celui des années 60, à l’époque des cabarets de la Rive gauche à Paris comme Milord l’Arsouille, quand il avait du mal à se faire un nom, avant de faire chanter France Gall, Brigitte Bardot, Jane Birkin ou Catherine Deneuve. Un spectacle entre théâtre et concert mis en scène par David Fabre sur les débuts difficiles d’une des plus créatifs auteurs-compositeurs-interprètes du XXe siècle, Gainsbourg.

Le 18 mars, un concert de musiques persanes actuelles avec un trio de jeunes musiciennes ‘L’Ensemble Chakâm’. Du 24 au 26, 26e Festival Escales voyageuses, des films d’explorateurs et d’aventuriers du bout du monde. En avril, à une date bientôt précisée, Hommage à Jean-Claude Idée, créateur des Universités Populaires du Théâtre à Bruxelles qui vient de nous quitter au début du mois et qui disait que « Le théâtre doit être un forum de réflexion, un miroir éveillé de notre société, une tribune éclectique, un lieu de rencontre où l’on lutte contre l’amnésie, la cécité, l’indifférence et l’intolérance ». Enfin les 15 et 16 avril, retour sur la scène du Chien qui Fume de notre confrère de La Provence, Bernard Sorbier. Après ‘Les mots dans mon vin’, ‘Je suis une truffe’ et ‘Le dernier paysan et les coquelicots’ il présentera sa digression poétique autour de l’olivier. ‘Les lettres de mon moulin à l’huile d’olive’ dans une mise en scène complice de son ami Gérard Vantaggiolli, une ode à l’amour, à l’amitié, au partage, accompagnée Bruno Huet, longtemps compagnon de Raoul Petite, Pierre Vassiliu et Jacques Higelin qui jouera tour à tour de l’harmonica, du saxophone ou de la clarinette, des sons bucoliques pour ce ‘Troubadour du Ventoux’ qu’est Bernard Sorbier.

Contact : www.chienquifume.com – 04 84 51 07 48
Détail du programme à retrouver en cliquant ici


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

C’est Gérard Gélas qui a créé cette équipe en 1967 et métamorphosé l’ancienne Chapelle Ste Catherine en lieu de création et de bouillonnement permanent dès 1971.
Depuis 2020, son fils Julien Gélas, auteur, metteur en scène, compositeur et pianiste a pris la suite et il vient de présenter la prochaine saison avec une thématique : la femme. « Elle, cette oubliée de l’histoire, qui depuis des siècles subit injustices et carcan social » annonce-t-il en préambule.

Et c’est par un symbole que s’ouvre la saison, avec l’auteure Tristane Banon, qui a osé brisé le silence, 10 ans avant « #me-too » avec l’affaire D.S.K. Au cours d’une conférence jeudi prochain à 19h, intitulée La paix des sexes. En amont elle tient à préciser : « Je suis une femme, pas une victime. Héroïser la victime c’est tuer la guerrière, assassiner la créatrice. La guerre des genres est un tango funeste. Désormais les lois de l’égalité existent, c’est à nous de réfléchir aux moyens de la faire appliquer. Bien des batailles féministes restent à mener. S’aliéner la moitié de l’humanité pour y parvenir est une hérésie ».

Le 6 octobre, « Amoreamaro », dans le cadre de la Semaine italienne d’Avignon avec Maria Mazzotta, qui a travaillé avec les compositeurs Ludovico Einaudi et Goran Bregovic. Elle vient des Pouilles et sera accompagnée à l’accordéon par Bruno Galeone pour des chants méditerranéens. Le 8, place à Pirandello avec une comédie : « La fuite ». Suivra « Hedda Gabler », du dramaturge Henrik Ibsen. Le 21 octobre, retour au Chêne d’une habituée, l’inoubliable interprète de « Jeux interdits » en 1952 avec Georges Poujouly ou de la série TV « Le Château des oliviers » tournée dans les Alpilles. Elle proposera une soirée « Humour, poésie, musique » avec des textes de Prévert, Hugo, La Fontaine, Desnos ou Michaux avec Nicolas Celoro au piano.

Le samedi 5 novembre, reprise d’ « Asia », une pièce bouleversante sur l’intolérance, le fanatisme. L’histoire vraie d’une Pakistanaise chrétienne, mère de trois enfants, accusée de blasphème et condamnée à mort. Elle sera interprétée par la lumineuse Pauline Dumas. Le 19, Denis Lavant et Samuel Mercer exploreront les mille pages des « Carnets en marge » de Roland Dubillard pour en extraire les pensées les plus drôles, absurdes, burlesques qui dynamitent le langage. Le 25, « George Sand » avec Céline Dupas-Hutin qui nous plonge dans l’intimité de l’écrivain(e), son coeur, son enfance, sa vie d’artiste avec Frédéric Chopin.

Le public lors de la présentation.

En décembre, le 2, une autre figure de la femme : « Euridice », les 25, 28 et 29 janvier , une création de Julien Gélas destinée aussi aux enfants « La belle et la bête ». Un spectacle total avec 7 comédiens sur scène, de la danse, de l’escrime, de la magie, de la video, des costumes et du numérique.

Robin Renucci, désormais directeur du Théâtre National de la Criée, sur le Vieux-Port à Marseille mettra en scène deux figures tragiques de femmes : « Bérénice » le 18 mars et « Andromaque » le 19. En avril, place à la musique avec d’abord le 21, un jeune prodige pianiste, François Moschetta, seul en scène. Il parlera de Mozart et de sa musique avec partitions et anecdotes. Et le week-end des 22-23 « Piano et tuto » avec André Manoukian qui aura sélectionné plusieurs dizaines de pianistes autodidactes qui ne seront pas pas passés par les cours de solfège et le conservatoire mais qui se sont laissé guider par les tutos d’internet. Ces solistes amateurs se succèderont sur scène et le jury, aidé du public, élira les meilleurs qui pourront ultérieurement se produire dans les Carrières des Baux de Provence.

Enfin le 12 mai, Liane Foly dans « La folle repart en scène ». Une voix, un talent, des imitations, de l’humour, bref un grain de « Foly » pour conclure cette 55ème Saison du Chêne Noir.

Contact : 04 90 86 74 87www.chenenoir.frcontact@chenenoir.fr


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

Pour la 16ème année consécutive, les critiques du Club de la presse Grand Avignon Vaucluse viennent de remettre les prix ‘Coups de Cœur’ du Festival Off à quatre spectacles.

Parmi dix spectacles sélectionnés, le Jury du Club de la presse Grand Avignon-Vaucluse a attribué les prix ‘Coups de Cœur du #OFF2022’ à quatre spectacles. Les critères de sélection étaient basés sur le texte, la créativité, la qualité scénique, l’implication et le talent des artistes.

‘Le journal intime d’adam et eve’ (Sham’s bar théâtre), par Cie Family Francis Grisol

Très loin du mythe religieux, c’est une œuvre unique en son genre : l’adaptation, pour la première fois en français, de trois livres de Mark Twain. Nous y suivons les deux premiers habitants de la Terre à travers leur rencontre, leur histoire d’amour et leur découverte du monde. De nombreux thèmes comme la peur , le pardon, le langage, la sexualité, la naissance, mais aussi la mort sont abordés en douceur tout au long de la pièce. Une écriture limpide et féministe, touchante et équilibrée entre des considérations profondes et un humour affiché. La mise en scène épurée n’en demeure pas moins riche de sens par le choix des postures et des costumes. Comme enfermé dans une boule de neige, le duo interagit avec subtilité avec son public tout en maintenant un jeu de comédien équilibré et sensible. Pièce émouvante, touchante et poétique.

‘Believers’ (Théâtre Le Grand Pavois), par la Compagnie Le 6’Thèmes Théâtre

Une histoire à la fois triste et belle, profonde et touchante, qui se compose à quatre mains pour un seul jeune couple que l’on voit s’aimer, se construire, fonder une famille… Une mise en scène étonnante et créative dans laquelle le décor tourne autour d’un seul objet : un lit, symbole du nid, de l’îlot dans lequel on se réfugie pour l’amour ou quand rien ne va plus. Des sujets forts : l’amour, la mort, la croyance, la responsabilité parentale, l’espoir bien sûr aussi… Et s’Il existe, Dieu, où est Il dans tout ça ? Pour qui ? Pourquoi ? Avec en filigrane la philosophie de Kierkegaard … et le Wonderful word de Black / Colin Vearncombe, si troublant ! De jeunes comédiens merveilleux et percutants, inoubliables, dans ce rôle trop sérieux de jeunes parents affectés par le handicap d’un enfant. Une terrible et belle leçon de vie.

‘Bienvenue au Bel Automne’ (La Luna), par la Compagnie Cavalcade

Avec ce spectacle, on est face à la vieillesse, certes, mais pour débloquer les portes du silence, rompre les tabous et célébrer la vie. Sylvia Bruyant, auteure et metteuse en scène de la pièce, saisit avec une plume au réalisme incisif et à l’humour tendre l’univers d’un EHPAD et crée avec talent un lien fort entre la grande vieillesse et les vieux en devenir que nous sommes. Elle dit elle-même aimer écrire sur les sujets qui la dérangent. On peut même dire « sur les sujets qui dérangent ». Dans cette pièce, donc, qualifiée par l’auteure de « fantaisie douce-amère », on retrouve Virginie, aide-soignante, qui vient d’être mutée à la maison de retraite « Le Bel Automne ». Parce qu’elle cherche désespérément à avoir un enfant, elle pense soulager sa douleur en passant des nouveau-nés aux vieillards. Avec elle, on découvre les autres membres de cette petite communauté : Maïté l’autre aide-soignante encartée CGT, la directrice quelque peu hystérique mais bienveillante, Dolorès infirmière misanthrope, le docteur, mais aussi toute une galerie de portraits des résidents, des lieux et des visiteurs, tous plus attachants les uns que les autres. Et ce combat pour devenir maman, comme un fil rouge, fait écho à ces fins de vie qui nous racontent tellement la vie. Qu’est-ce que le théâtre sinon une succession d’instants hilarants de tendresse qui nous amènent à questionner le monde et sa réalité parfois si cruelle ? Qu’est-ce que le théâtre sinon ce grand éclat de rire qui nous assaille comme une vague bienfaitrice et bouleversante ? ‘Bienvenue au Bel Automne’ est en cela un grand moment de théâtre. Parce qu’on en ressort grandi d’émotion et secoué du rire qui nous réconcilie avec la vie.

‘Der Menschen fresser Berg… ou la montagne’ (Episcène), par La Compagnie des Vrais Majors

Un spectacle de rue adapté à la scène, présentant une sortie de résidence du montage de l’adaptation du film allemand de 1930, ‘Der Menschen Fresser Berg’. Un spectacle qui casse le 4ème mur en invitant parfois le public à participer, qui casse tous les codes en intégrant également ceux qu’on oublie et qui sont dans l’ombre des pièces: metteur en scène et technicien. La mise en scène est folle, part dans tous les sens, toute la salle est sollicitée par les 4 comédiens qui semblent jouer leurs propres rôles avec une grande justesse. Un festival désopilant de foutraque bien monté, où tout vole en l’air, une bouffée d’air frais montagnard !


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

Le festival Villeneuve en Scène, qui a eu lieu du 9 au 21 juillet à Villeneuve-lès-Avignon, a fait carton plein cette année. Pour sa 26ème édition, l’événement centré sur le théâtre a accueilli au total 12 568 spectateurs, 396 heures de spectacles, 15 compagnies, 16 spectacles différents, et 142 artistes.

Après 13 jours intenses dans la joie, la bonne humeur, et surtout le partage, les chapiteaux de la Plaine de l’Abbaye vont être démontés. Mais Villeneuve en Scène revient l’année prochaine pour une 27ème édition qui sera toujours sous le signe de la convivialité.

Retour en images sur cette édition 2022

V.A.


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

Demain, le mardi 26 juillet, le pôle culturel Camille Claudel à Sorgues accueillera la dernière représentation du spectacle itinérant du 76ème Festival d’Avignon intitulé ‘À l’orée du bois‘.

Cette pièce de théâtre, mise en scène par Pierre-Yves Chapalain et Kahena Saïghi, raconte l’histoire d’un couple de citadins qui viennent de s’installer à la campagne et qui voient leur vie bouleversée par des fêtes sauvages impossibles à localiser. Pendant 55 minutes, les spectateurs seront plongés au cœur de cette histoire entre rêve et réalité.

Mardi 26 juillet. 20h. 20€. Billetterie en ligne ou par téléphone au 04 90 27 66 50. Pôle culturel Camille Claudel. 285 Avenue d’Avignon. Sorgues.

V.A.


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

Joséphine ? C’est une Tatie Danielle en pire peut-être
bête, méchante, raciste. A tel point que tout son village de la Bouilladisse ( 13!!) imagine un stratagème pour l’éloigner. Joséphine rêve de voir l’Obélisque à Paris. Qu’à cela ne tienne !Elle la verra mais ….en Egypte.

Des préjugés à revendre
Le sourire crispé, l’oeil soupçonneux, la tête inclinée, une canne mais bon pied bon œil , la blouse blanche-porte: Anne Cangelosi campe le personnage avec justesse avec juste ce qu’il faut de caricature pour ne pas blesser davantage son héroïne. Il faut dire que la Joséphine , elle en prend pour son grade comme on dit pendant sa croisière égyptienne : des ruines à visiter, des repas rationnés pour un buffet somptueux, le car qui part sans elle lors de visites, une mise à l’écart incompréhensible à ses yeux……sauf qu’elle est vieille.

Les voyages forment la tolérance
Bon d’accord. Il a fallu 85 ans à Joséphine pour avoir d’autres points de vue sur la vie et sur les autres. J’ai l’impression que grâce au talent d’Anne Cangelosi, il a suffi d’une heure de spectacle hilarant pour faire sauter également certains leviers de nos noires pensées. Bravo l’artiste !

Jusqu’au 30 juillet.On est tous le vieux d’un autre. 11h. 10 à 19€. Théâtre de la Tache d’encre. 1 rue de la Tarasque. 04 90 85 97 13. www.latachedencre.com


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

Avec le « Moine Noir » d’Anton Tchekov , Kirill Serebrennikov clame sa liberté retrouvée à travers la folie des hommes. Tout est permis dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes ( enfin) utilisée et magnifiée.Il y avait juste ce qu’il fallait de vent pour ajouter à la folie des hommes ce souffle de liberté.

Andreï Kovrine, intellectuel surmené, part se reposer à la campagne chez son ami Péssôtski qui l’a élevé et sa fille Anna. Péssôtski est obsédé par son jardin, ses serres, ses fleurs,le mystère de l’orme, et la question de la relève. Andreï est lui habité par les hallucinations d’un moine noir.

Une mise en scène flamboyante
La rupture d’Andreï, Serebrennikov choisit de la représenter par la multiplication des points de vue et des langues. On y entendra un Andreï en américain, en allemand et en russe incarnés successivement par3 formidables acteurs. Ce procédé de répétition ajoute à la transe que nous éprouvons face à l’occupation du plateau : choeurs révolutionnaires ou mystiques, danseurs-derviche tourneurs, ombres et silhouettes vaporeuses, serres en bois se transformant au gré des 4 chapitres, procédés vidéo qui doublent la réalité et révèlent des visages inquiétants. Nous sombrons nous aussi peu à peu dans un tournis sensoriel à défaut de folie.

Les différents thèmes abordés se percutent
Il y a d’abord une ode à la nature avec de merveilleux couchers et levers de soleil qui mettent tout le monde d’accord. Il y a ensuite cette question lancinante de s’inquiéter sur l’avenir des serres, sur les méfaits du gel. Il y a le questionnement sur la folie, la liberté mais aussi la violence engendrée jouant sur la lumière ou les ténèbres.Il n’y a pas vraiment de réponses sur leur incidence dans un processus de création sauf le résultat lui-même d’un spectacle d’une grande beauté : des chants, de la musique, des acteurs , des décors, d’un lieu, d’une mise en scène limpide et efficace.

Dans Iphigénie Tiago Rodrigues renoue avec ce qui nous avait séduit dans Antoine et Cleopatre ( Festival Avignon 2015) : Réécrire un mythe avec des effets de répétitions orales ( ici Je me souviens) de gestes esquissés ou évoqués, de grande immobilité et du Verbe assené, répété, articulé.

Ici les Hommes mais surtout les Femmes reprennent le pouvoir des mots et de leurs destins. La metteuse en scène Anne Thérond recueille le souvenir des acteurs après la tragédie et nous propose une version en noir et blanc d’une grande beauté : mer calme ou frémissante projetée, silhouettes immobiles, économie de mouvements, attente en apnée.

Iphigénie.

‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

En avril dernier, la gestion culturelle du Théâtre Antique d’Orange a été reprise par l’entreprise Edeis, spécialisée dans la gestion d’infrastructures complexes. Dans le cadre de sa mission de valorisation des monuments de la Ville d’Orange, la société propose un programme estivale aux petits oignons, avec une nouveauté : les Gardiens de l’Histoire.

L’air frais enveloppe les visiteurs lorsqu’ils se baladent dans les couloirs du Théâtre Antique. Leurs pas résonnent contre les pierres de l’édifice. Un soleil éclatant rayonne sur les gradins qui font face à la scène. Tout à coup, une voix interpelle les passants au loin. « Venez, entrez donc dans ma loge », s’exclame la célèbre actrice française du XIXème siècle Sarah Bernhardt, ou plutôt la comédienne qui l’interprète.

C’est là toute la nouveauté du programme estivale du théâtre. Edeis a concocté un tout nouveau concept de visite libre et interactive au cours de laquelle les visiteurs peuvent rencontrer des personnages historiques emblématiques du monument. Ainsi, cette animation nommée ‘Les Gardiens de l’Histoire’ permet de faire un voyage dans le temps et de découvrir le Théâtre Antique autrement, non pas en tant que monument historique, mais en tant que théâtre où la culture a toujours eu une place considérable. Aux commandes de cette animation : Mathilde Moure, la responsable du Théâtre Antique, et Céline Bal qui est à l’origine des costumes et des textes des comédiens.

Céline Bal (à gauche) et Mathilde Moure (à droite). ©Vanessa Arnal

Les huit gardiens de l’Histoire

Durant la visite, les gardiens, des personnalités incontournables de l’histoire du Théâtre, qui sont éparpillés aux quatre coins de celui-ci, délivrent leurs anecdotes autour ce lieu de culture emblématique de la ville d’Orange depuis plus de 2000 ans.

Ce n’est pas l’Histoire qui se présente aux visiteurs mais ce sont ces derniers qui vont à la rencontre de l’Histoire.

Mathilde Moure

Restauration du bâtiment, écriture des représentations qui se faisaient nombreuses à l’époque romaines, ou encore gestion de la régie d’un spectacle, les visiteurs découvrent la vie du Théâtre Antique du Ier siècle avant Jésus Christ, jusqu’en 1975, grâce à huit gardiens :

  • Le vétéran Lucius qui a participé à la fondation de la cité d’Arausio (ndlr : le nom latin de la ville d’Orange) au Ier siècle avant Jésus Christ.
  • Marullus qui était un célèbre auteur de mimes au IIème siècle.
  • Guillaume au Cornet, le cousin de Charlemagne, qui détenait de nombreux titres tels que Duc d’Aquitaine, Comte de Toulouse ou encore Comte d’Orange au VIIIème siècle.
  • L’architecte Auguste Caristie qui a participé aux plus grands travaux de restauration que le Théâtre ait connu au XVIIème siècle.
  • L’actrice Sarah Bernhardt, qui a notamment interprété le personnage de Phèdre au début du XXème siècle.
  • L’acteur Jean Mounet-Sully, amant de Sarah Bernhardt.
  • Patrick et Corinne, régisseurs du ‘Start Truckin Tour’ produit par Miles Copeland dans les années 70. Les seuls personnages fictifs parmi les gardiens de l’Histoire.

Des comédiens de tous les horizons

Certains sont déjà comédiens dans leur vie quotidienne, d’autres sont étudiants férus de théâtre. Les gardiens de l’Histoire sont joués par des passionnés venant de tous les horizons, que ce soit professionnellement parlant que géographiquement parlant. Ils viennent d’Orange, d’Arles ou encore de la capitale. Un but commun les unit : plonger les visiteurs dans le Théâtre Antique du passé.

L’interactivité était primordiale lorsque nous avons élaboré cette animation.

Céline Bal

Tous formés pour incarner les gardiens de l’Histoire, les comédiens jouent en réalité plusieurs rôles. La semaine, six personnages sont présents sur la journée, et seulement quatre le week-end. Chaque comédien est donc capable d’endosser les rôles d’au minimum deux gardiens. Ils ont également appris à incarner les histoires qu’ils racontent en français et en anglais et à répondre à toute sorte de questions qui pourraient être posées par les visiteurs. « Nous ne voulions pas seulement que les comédiens délivrent leur performance et que les visiteurs s’en aille juste après, explique Céline Bal. Nous voulions vraiment créer une interactivité, qu’il y ait un réel échange entre les visiteurs et les gardiens. »

Une véracité des faits

Pour être au plus proche de la réalité historique, Céline Bal a redoublé d’efforts. Après de nombreuses recherches sur les personnages emblématiques du Théâtre, Céline Bal s’est mise à leur place, comme le ferait une comédienne, afin d’élaborer les textes de chacun. Ainsi, les visiteurs peuvent en apprendre plus sur la véritable histoire du Théâtre Antique grâce aux personnages qui livrent, non pas des faits sur le bâtiment et les spectacles qu’il a accueilli, mais des anecdotes de leur vie, qui se rapportent au Théâtre.

Pour pousser l’effet d’un voyage dans le passé encore plus loin, la coordinatrice de l’animation est allée chercher dans les détails. Pour ce faire, elle a fait appel à des associations telles que la Lorica Romana, basée à Comps dans le Gard, qui est spécialisée dans la reconstitution historique antique. Avec cette association, elle a pu reconstituer des costumes et accessoires de l’époque. « Avec mon expérience de guide, je ne pouvais pas imaginer une visite sans support visuel », justifie Céline Bal.

Les gardiens de l’Histoire, en complément d’autres animations

Pour pouvoir rencontrer les gardiens de l’Histoire, pas de coût supplémentaire à l’entrée du Théâtre Antique. Avec un ticket d’entrée, vous pouvez bénéficier d’un audio-guide, vous pouvez aller à la rencontre des gardiens librement, et vous pouvez assister à des ateliers pédagogiques pour être en total immersion dans le passé du Théâtre. Ces derniers permettent de façonner une fibule, l’ancêtre de l’épingle à nourrice, s’initier à la calligraphie et à la numérotation romaine, jouer à la marelle, l’un des plus anciens jeux du monde, ou encore modeler un médaillon à l’effigie de l’Empereur.

Si les ateliers pédagogiques ne sont accessibles que du lundi au vendredi de 10h à 17h30, les gardiens de l’Histoire, quant à eux, sont présents tous les jours, également de 10h à 17h30, et ce jusqu’au 28 août. Le tout est accessible pour 12€ plein tarif, 10€ tarif réduit, 38€ en famille (deux adultes et deux enfants) et gratuitement pour les enfants de moins de 7 ans. Les Orangeois, quant à eux, bénéficient d’un tarif spécial à 5€ à partir de 7 ans, sous présentation d’un justificatif de domicile datant de moins de trois mois par personne.


‘Chien qui fume’ : 40 ans de passion du théâtre avec Danielle et Gérard Vantaggiolli

« 40 ans de galère, j’en ai mangé du riz pour financer les travaux de cette ancienne fabrique de jeans! » se lamente en souriant Danielle Vantagiolli. Son complice fidèle, à la ville comme au théâtre, Gérard ajoute : « Laissés à l’abandon, dans le silence des seuls souvenirs, ces murs commençaient à s’ennuyer. Ils attendaient. Alors, en 1982 d’autres voix sont arrivées, les nôtres d’abord, impatientes dans le feu d’une nouvelle aventure et d’autres encore, peu à peu venues de toutes parts. Alors les murs ont retrouvé leur respiration…Ils recueillent les voix, les musiques, les souffles portés par les femmes et les hommes de notre temps qui ont pour passion de donner un peu de leur art ».

Invités mardi en fin de matinée à assister à la présentation de cette 40e édition, les spectateurs de la 1ère heure, journalistes et élus ont écouté Danielle et Gérard Vantagiolli égrener le programme du 7 au 30 juillet. Avec un invité de marque, le photographe Guy Delahay, qui en novembre 1959 était aux côtés de Jean Vilar, au TNP (Théâtre national populaire) à Chaillot, à Paris, quand meurt Gérard Philipe. Ensuite, pendant des années il a immortalisé les débuts du Festival d’Avignon, grâce à Melly Puaux qui lui a donné un sésame pour entrer dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, en photographiant les Casarès, Noiret, Sorano, Cuny, Jeanne Moreau et Silvia Montfort.

Le programme
Premier spectacle à 10h 30 : « Une opérette à Ravensbrück » de Germaine Tillion mise en scène par Claudie Van Beneden. L’ethnologue et résistante déportée avait composé une opérette lors de sa détention dans le camp. Avec ses camarades, elle refusait de participer à l’effort de guerre nazie. « Le rire est un élément revivifiant, on peut rire, on doit rire jusqu’à son dernier souffle » disait celle qui est une des rares femmes à reposer au Panthéon.

12h 35 : « Le voyage de Molière » par la Compagnie Grenier de Babouchka, à l’occasion des 400 ans de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin. Pas moins de 8 comédiens sur scène pour un spectacle ludique et joyeux.

Suivra à 14h 50 « Parfum de femme », adapté du film de Dino Risi avec en 1974 l’inoubliable Vittorio Gassman. Cette fois, c’est Jean-Marc Catella qui joue le rôle du manchot aveugle dans une élégante mise en scène de Gérard Vantagiolli.

Sera sur scène à 17h l’aixoise Andréa Ferréol dans « La priapée des écrevisses » de Christian Siméon. « Ce texte, j’ai mis 4 mois à l’apprendre. Il mêle sexe, bouffe et crimes non élucidés, une histoire vraie et truculante mise en scène par Vincent Messager » dira Andréa Ferréol.

Enfin à 21h 15 : « Les trois mousquetaires » d’après Alexandre Dumas. Costumes, combats d’épée, un spectacle tumultueux, enlevé, au rythme effréné avec musique live (accordéon et guitares), pour tous les publics.

Côté Petit Chien (76 Rue Guillaume Puy) : Dumas encore avec « Le Comte de Monte Cristo » à 10h 30 par la Cie Théâtre des 3 Hangars. « Rebondissements spectaculaires, amour perdu, trahisons, vengeance » explique Jen-Louis Kamoun, le metteur en scène.

A 12h 15, « Journal d’Assises » de Janine Bonnaggiunta, une avocate qui a défendu au tribunal ces femmes qui ont tué leur mari violent pour ne pas mourir sous leurs coups. Elle raconte leur calvaire, leur souffrance, leur détresse. A 14h, Eva Darlan dans « Irrésistible ». Dans « Les Jeanne », elle évoquait les inégalités au sein du couple, là, c’est une charge comico-féministe contre le patriarcat, « Insolent, documenté mais on rigole quand même » explique-t-elle.

A 15h 45, « Jeanne d’Arc » de l’italienne Monica Guerritore, un monologue émouvant porté par Séverine Cojannot. Ce spectacle a déjà séduit 300 000 spectateurs dans le monde. « Jeanne a le courage de s’opposer jusqu’au bout, elle n’a pas peur » explique la dramaturge.

Un peu plus tard, à 17h 30, « Arletty » mise en scène par Kristian Fredric, une traversée schizophrénique de l’actrice vampirisée par son propre personnage, l’idylle entre la star iconique et l’officier de la Luftwaffe avec Julia Leblanc-Lacoste seule en scène.

A 19h 30 « Frankie », un conte fantastique sur le prototype d’un humain qui serait en empathie avec son prochain. Le monde serait-il meilleur? Frankie est-il la solution? A voir!

Enfin, à l’affiche, « Les vilaines », création musicale d’Elsa Bontempelli, la fille de l’auteur-compositeur Guy Bontempelli (« Quand je vois passer un bateau »). Chorégraphe, meneuse de revue au Lido et au Paradis latin, mannequin, cette fois, elle nous révèle l’envers du décor, les coulisses derrière les bustiers à paillettes, les décolletés plongeants, les plumes et le satin. Trois comédiennes top-models qui chantent et dansent sur une musique jazzy de Bontempelli-père.

Pour saluer ces 4 décennies d’amour indéfectible du théâtre, un ancien instituteur de l’école Louis Gros, Jean Vilane (qui avait reçu la visite de Jean Vilar dans sa classe), montera sur scène et remerciera le couple Vantagiolli pour sa défense du spectacle populaire « à ne surtout pas confondre avec le populisme » insistera-t-il. Il sera longuement applaudi par le public lors d’une standing ovation.

Jean Vilane

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