Alors que l’été vient à peine de se terminer et que l’automne n’a pas encore déployé toutes ses couleurs, les décorations de Noël, dans nos villes et nos villages, sont déjà en place. Comme si le temps, sur lequel nous avons si peu de prise, s’en trouvait tout d’un coup accéléré.
Je ne sais pas si pour vous c’est la même chose, mais pour moi, se plonger dans les fêtes de fin d’année alors qu’on est à peine rentré dans l’automne, ça me met le bourdon. Pourquoi faut-il toujours chercher à être en avance sur le temps ? La rapidité ne rime pas forcément avec efficacité. La lenteur est malheureusement aujourd’hui systématiquement associée à la fainéantise, alors que dans bien des cas elle peut être une vertu. Se donner du temps, c’est réfléchir avant de parler ou de décider, ça évite de dire ou de faire bien des conneries. Se donner du temps, c’est apprécier le voyage avant la destination. Se donner du temps, c’est parfois savoir attendre et regarder.
Maîtriser notre temps, c’est sans doute ce que nous avons de plus précieux
Gagner du temps, c’est l’obsession de l’époque. La course à la rapidité est partout, même la restauration est rapide. Elle nous dépossède de notre propre temps. On ne vit plus, on subit. On ne réfléchit plus, on agit. Vivons le présent tel qui s’offre à nous et laissons le futur pour demain. Sachons maîtriser notre temps c’est sans doute ce que nous avons de plus précieux. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à, aujourd’hui, lever le pied et à se donner le temps. On a baptisé cela le « slow business » (l’anglicisme crédibilise). Il ne s’agit pas de ralentir pour ralentir, mais de vivre à son propre rythme et d’être moins dans le stress. Devenir le maître de sa propre horloge en quelque sorte. Alors disons non à la galette des rois dès les fêtes de Noël. L’épiphanie c’est le 6 janvier et le 19 pour les orthodoxes…
Noël en novembre
On attends toujours quelque chose ou quelqu’un. Parfois l’attente est délicieuse, comme en ce début de printemps où les premières récoltes saisonnières de fruits et légumes annoncent le retour de la belle saison. Mais en fait, savons-nous encore vraiment attendre ?
Tout, tout de suite, aujourd’hui c’est la règle. Et dans tous les domaines. Manger des tomates toute l’année, pouvoir joindre tout le monde à tout moment, commander une pizza à 2 heures du matin, regarder un film quand je veux où je veux… (en mangeant la pizza), la liste est sans fin. Rapidité et immédiateté sont devenues des obsessions. Une course sans fin qui nous éloigne du plaisir de l’attente et sans doute aussi quelque part d’apprécier ce qui est attendu ou convoité. Les marchands du temple sont aussi complices dans cette course au temps. La rentrée scolaire se prépare maintenant en juillet et la galette (ou gâteau) des rois se consomme dès décembre. On se calme Ginette !
C’est la nouveauté qui fait le plaisir
Les premières fraises, et pas uniquement celles de Carpentras, ont forcément un goût exquis. C’est la nouveauté qui fait le plaisir, comme la première gorgée de bière ou encore le premier verre de rosé bu à l’ombre des platanes un soir d’été. C’est là que Proust convoque aussi sa madeleine !
Savoir attendre c’est savoir apprécier chacun de ces moments. Quel intérêt d’avoir des fraises pour noël ? L’attente ne fait-elle pas aussi partie des plaisirs ?
Comme l’amoureux transit qui attend le retour de sa belle, ou l’inverse (surtout si elle s’appelle Ginette). Aujourd’hui on ne sait plus beaucoup attendre. On est vite impatient et surtout on veut maitriser et tout décider. Mais avec la nature ce n’est pas tout à fait la même histoire. Même si on cherche toujours à la maîtriser c’est elle qui décide, in fine. Et si ce n’était pas suffisant les conditions météo pourraient bien vous remettre à votre place et vous rappeler qui est le patron. C’est la nature qui donne le tempo et joue les chefs d’orchestre. Elle nous enseigne la patience et le respect du temps.
« Il faut laisser le temps au temps »
Donc pour les asperges et les fraises il faut attendre mars… C’est ainsi. « Il faut laisser le temps au temps » comme disait le lettré François Mitterrand, qui savait comme nul autre se montrer le maître des horloges. Il faut bien reconnaître qu’en Provence et peut être plus qu’ailleurs la nature peut insuffler le bon rythme. Donc en attendant les melons et les pêches sachons apprécier les asperges et les fraises de Provence, bien sûr.
Noël en novembre
Le livre d’Hervé Coudière « Gestion du temps pour managers et professionnels débordés », publié pour la première fois en 2016, s’offre une nouvelle édition.
Coach et consultant en management depuis plus de 20 ans, Hervé Coudière accompagne les responsables pour améliorer le bien-être, l’engagement et la performance. Pour ce faire, il s’appuie sur des solutions humaines et des techniques positives pour générer la croissance durable des personnes et des organisations.
Ces solutions et techniques, l’auteur les a compilées dans son livre « Gestion du temps pour managers et professionnels débordés », paru pour la première fois en 2016 et qui s’est offert une nouvelle édition courant août.
D’après l’auteur, mieux gérer son temps, c’est bien faire ce qui est important. Construit autour de 4 étapes clés et illustré de situations concrètes, son ouvrage propose des outils pratiques adaptables à toutes les situations, tous les postes et toutes les personnalités.
Noël en novembre
Retour sur les Causeries de Châteauneuf-du-Pape qui viennent de se tenir ce week-end au Château la Nerth sur le thème ‘Temps long et maturation’. Le public a passé deux heures sous le charme de Franck Ferrand, Michel Onfray et François-Xavier Bellamy, un trio d’intelligence et de culture, précédé de l’aristocratique et subtil Calixte de Nigremont.
« Ici, à Châteauneuf-du-Pape, le vin entre en résonance avec cette extraordinaire alchimie qu’est le vieillissement, le temps long et la lenteur » annonce d’entrée de jeu l’historien Franck Ferrand. Il liste les mots que cite l’écrivain , philosophe et essayiste normand Michel Onfray, invité de ces 2e Causeries dans son ‘Traité du Sauternes’ où interviennent la géologie, le naturel, le climatologique, la météo ou la chimie. Il évoque les formes du temps : « Elles n’appartiennent ni à Platon ni à Kant, mais à tout le monde. Pour le vin nous nous référons au vigneron, à l’oenologue, au géologue. La culture rend possible l’agriculture, elle lui est nécessaire pour faire un bon vin. Avec les différentes phases de la lune, croissante ou décroissante, gibbeuse, pleine, rousse. La vinification sculpte le temps. Avant, le paysan n’avait pas de cabine climatisée sur son tracteur, il ne carrottait pas le sol pour avoir le taux d’hygrométrie, il avait la mémoire de sa terre, l’expérience ».
Après lui, c’est le philosophe François-Xavier Bellamy qui intervient : « La géologie, c’est du temps déposé dans l’espace, ses aspérités, les lieux ont une âme, ils ont gardé en mémoire le labeur et la sueur des anciens. Aujourd’hui, avec le GPS, le monde est homogène, comparable, mesurable, juxtaposable qu’il soit familier au étranger, connu ou incertain, voisin ou lointain. Le vin, c’est la consistance du temps et il en faut pour passer de la fleur au grain de raisin, à la véraison, au moment de la vendange choisi avec pertinence par le vigneron. Le vin, on le garde à la cave, on le laisse vivre, vieillir, se bonifier ».
Le philosophe ajoute : « L’esprit du temps joue son rôle, dans le vin comme dans l’architecture ou dans une oeuvre d’art. On peut décoder les traces de la conscience humaine. Prenons comme exemple le Château de Versailles. On y lit à la fois l’histoire de France et les bouleversements qui l’ont ébranlée. Dans le parc, a été créé le Grand canal, l’homme décide, domestique et dompte la nature. C’est le triomphe de la raison, de la géométrie. A côté, se trouve ‘Le Hameau de la Reine’ qui date du XVIIIème siècle. C’est un jardin anglais, sauvage, irrégulier, surprenant, livré à lui-même qui préfigure la Révolution de 1789, là c’est la nature qui s’impose comme l’aime Jean-Jacques Rousseau. On voit bien les deux esprits du temps, de l’époque, avec une rupture entre deux mondes ».
Michel Onfray ajoute : « Le temps modifie l’enfant qui devient adulte, comme la graine qui devient plante. Au départ vous avez cette graine, elle explose et donne naissance à la tige qui grimpe, arrivent la feuille puis le bourgeon qui disparaît pour que naisse la fleur. L’enfant d’hier avec son idéal et ses blessures se dépasse lui-même, se détruit et devient l’adulte d’aujourd’hui ». Interrogé sur l’accélération du temps par Franck Ferrand, il précise : « Nous passons du liquide amniotique dans le ventre de notre maman à la vraie vie, de 4 pattes à bipède, nous avons un langage, bref, nous évoluons. Mais le futur n’est pas forcément mieux que le passé. »
Le temps long, la maturation, voilà des thèmes qui concernent aussi la politique. François-Xavier Bellamy est philosophe et député européen LR et il s’insurge contre le diktat de l’optimisme à tout prix. « Stop à la méthode coué. Il n’y a pas de lendemains qui chantent, j’ai horreur de l’optimisme béat, c’est une forme d’irresponsabilité face aux problèmes qui nous font face. Le pire slogan c’est celui de l’actuel locataire de l’Elysée « En marche », mais vers où, dans quel but, pour quoi faire? Marcher à tout prix, c’est ridicule. ‘EM’ ce sont les initiales du président on le sait, depuis il a changé le nom de son mouvement en ‘Horizon’. C’est pareil, il se situe où? Là-bas…Au loin? » L’élu précise : ‘Le temps de la réflexion pour un homme politique, c’est celui du prochain sondage, de son taux de popularité rarement au zénith et il touche toutes les familles politiques en France, c’est un leitmotiv obsédant et vain. Du coup, ceux qui, comme moi, aiment le temps long, la mémoire, la transmission passent pour des réacs, des conservateurs, tant pis. Je préfère être à ma place qu’à celle de ceux qui ne parlent que de réforme, refondation, renouveau. Sarkozy parlait de ‘rupture’, Hollande répétait ‘Le changement c’est maintenant’, en 1972 on avait comme slogan ‘Changez la vie’ (comme le chante J-J Goldmann).
Michel Onfray revient sur les notions de durée et de maturation. André Malraux, alors Ministre de la Culture avait demandé au Général de Gaulle après que l’homme a marché sur la lune : « Ca sert à quoi d’aller sur la lune pour s’y suicider? Le vrai sujet, c’est un projet de civilisation. Un pouvoir est donné par le peuple, je pars quand il me le demande, quand je suis battu ». Franck Ferrand évoque les trépidations du monde. « Je suis une vraie tortue sur une autoroute, tout me dérange, la sur-information frénétique, les réseaux sociaux qui s’emballent, les journalistes des chaînes info qui demandent de réagir dans la minute qui suit un évènement ». François-Xavier Bellamy lui emboîte le pas : « Il faut ralentir. Prendre le temps de lire un livre au lieu d’être sur sa tablette de longue. Quand on fait une commande, attendons que le facteur sonne à la porte au lieu de piaffer sur son balcon en attendant qu’Amazon livre un colis en moins d’une heure. Stop à l’immédiateté, on n’a pas le temps d’avoir un désir qu’il est déjà satisfait. Le smart-phone abîme notre intelligence. Le livre (liber en latin veut à la fois dire »libre’ & ‘livre’) fait de nous des hommes libres. Tik Tok, avec ses algorithmes veut capter l’attention de tous, en particulier des jeunes. Netflix a raccourci le temps des séries, 32′ au lieu de 44′ pour que nous consommions mieux, plus vite. A l’époque, lors de sa création, France Info avait fixé la durée des journaux à 7′ au lieu de 20′ pour France Inter, au-delà l’attention de l’auditeur décroche, précisait un rédacteur-en-chef. On ne peut pas parler de la crise migratoire en quelques secondes, ni du problème de la dette en quelques brèves. Nous devons retrouver le temps de vivre et de vivre libres ».
Michel Onfray passe en mode attaque à propos d’Elon Musk. « Le propriétaire de Twitter, SpaceX, Tesla veut pucer les animaux pour qu’ils aient des souvenirs de choses qu’ils n’ont pas vécues. Il précise qu’il veut aider ceux qui souffrent de Parkinson ou d’Alzheimer, mais en fait c’est un véritable Cheval de Troie pour rentrer dans le cerveau des gens, effacer leur historique réel, leur vie passée et leur imposer son idéal mercantile. Mais dans la Silicon Valley, les enfants des patrons des GAFAM (les géants du web, Google, Apple, Facebook, Amazon & Microsoft) vont dans une école non connectée, ils n’ont ni smart-phone, ni tablette, seulement stylos, cahiers et livres, comme avant, ils ne veulent pas polluer leur propre progéniture avec les réseaux dits sociaux ». Il continue : « Bientôt, à les croire, il pourrait n’y avoir qu’un professeur en France, une poignée en Europe pour enseigner par visio, une pensée unique, s’ils sont ‘wokistes’, je vous laisse imaginer la suite. Mais ça ferait des économies de salaires au Ministère de l’éducation nationale ».
Le philosohe François-Xavier Bellamy insiste : « Je ne conteste pas la puissance de l’IA (intelligence articificelle), elle est fascinante. Mais je préfère toujours l’humain, il est plus divers, plus complexe. Contrairement à l’industrie qui propose des objets en série, identiques, l’artisan sculpte une essence d’arbre, avec ses noeuds, ses imperfections ses balafres et obtient une forme, un objet, un meuble unique. Le travail de la main, c’est celui de la pensée. Qui poursuit la volonté du cerveau, qui ouvre le champs des possibles à la liberté, qui permet de jouer au piano. Avec les GAFAM, ils veulent imaginer des robots qui ressemblent à des humains, c’est un comble. Nous devons retrouver l’émerveillement, pas transformer le monde en big data, chacun est unique, jamais une machine ne fera ce que nous faisons ».
Franck Ferrand, présentateur d’une double émission quotidienne d’histoire sur Radio Classique (à 9h et 14h) a précisé qu’il a été approché par une start-up qui lui a proposé un pont d’or pour re-fabriquer ses chroniques en anglais, italien allemand, espagnol, avec sa voix, son ton, son style, sa réalisation… Mais sans lui, grâce à l’IA, en quelques secondes, « C’était bluffant mais hallucinant » commente-t-il. Michel Onfray prend la parole : « 60 ans à peine se sont écoulés entre le 1er vol de Louis Blériot en monoplan en 1909 et André Turcat aux commandes du Concorde supersonique en 1969, c’est un progrès fabuleux. Internet, c’est pareil mais avec des aspects discutables, voire terrifiants comme ChatGPT. Notre civilisation risque de disparaître. Quelqu’un peut demander par ChatGPT la composition d’une musique façon Britten ou Purcell, la déclarer comme son oeuvre personnelle, sans connaître une note ni avoir suivi des cours au conservatoire et revendiquer des droits d’auteurs, jusqu’où va-t-on aller? ».
François-Xavier Bellamy, plus optimiste que ses confrères l’affirme pour conclure : « Aucune machine n’aura vécu d’épreuve, souffert dans sa chair, ce qui fait le sel de l’existence, pour égaler la création d’un humain. Aujourd’hui on vend des meubles faussement patinés, des jeans faussement usés, vintage. Mais il faut du temps pour la maturation d’une oeuvre, pour déguster un vrai vin de garde de Châteauneuf, pas une bouteille concoctée en Chine sans un seul grain de raisin, comme on fabrique des steaks sans viande. Le créateur, le musicien, l’écrivain, l’architecte est unique. Jamais aucune machine ne remplacera l’homme ou la femme ». Tonnerre d’applaudissements au Château La Nerthe. Un domaine de 92 hectares né en 1560. Depuis 1985, il est entre les mains de la Famille Richard (qui possède des cafés éponymes et bientôt la Chocolaterie Castelain en montant vers Châteauneuf-du-Pape). La même famille possède également « Les Cassagnes », 79 ha à Sérignan-du-Comtat et 35ha à Tavel (Le Prieuré de Montézargues). « En tout 4 à 500 000 bouteilles sortent de nos 3 caves », explique Rémi Jean, directeur et oenologue du Château La Nerthe, « Nous en exportons près de 65% de notre production, surtout en Europe et aux Etats-Unis et dans une quarantaine de pays ». Cette matinée à Châteauneuf-du-Pape a véritablement ravi les spectateurs qui se sont rués sur les trois auteurs pour faire dédicacer leurs nombreux ouvrages. « Cela fait du bien, autant de culture, de réflexion, d’humour, ça rend intelligent » commentait une élégante mamie dynamique sous son chapeau de paille.
Noël en novembre
L’espace entreprises de la Communauté de Communes du Pont du Gard propose un atelier ‘lunch & learn’ animé par la start-up Fasterclass pour donner aux participants toutes les bonnes pratiques sur la gestion du temps. Les participants pourront : comprendre les nouveaux comportements à l’ère du digital ; adopter les bonnes pratiques et installer les bons rituels ; prendre le temps de gérer leur temps et maîtriser leur agenda ; gérer les priorités, savoir prioriser les tâches par valeurs et savoir dire non ; savoir gérer leur efficience et se déconnecter pour mieux se connecter. L’espace entreprises de la communauté de communes du Pont du Gard a pour vocation de faciliter le parcours des chefs d’entreprises de la création, au développement en passant par la transmission. L’atelier est limité à 12 participants.
Jeudi 30 juin de 12h à 14h à l’espace entreprises de la communauté de communes du pont du Gard, 4 rue Saint-Andrée. Inscription et information sur www.cc-pontdugard.fr