22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Le Canal Saint-Julien, à l’origine du développement économique de la plaine de Cavaillon

Construit au 12ème siècle, le canal Saint-Julien n’est pas uniquement la veine nourricière de la plaine cavaillonnaise qu’il irrigue. Il a été un enjeu de pouvoirs où se sont affrontés, pendant des siècles, les puissants : ecclésiastiques, nobles, riches familles, élus de Cavaillon… L’histoire du canal Saint-Julien n’a rien d’un long fleuve tranquille.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser le canal de Saint-Julien n’a pas été construit à l’origine pour irriguer. Ce n’était pas sa vocation première. Petit retour en arrière. Nous sommes au début du 12ème siècle, Cavaillon n’est alors qu’un port fluvial de la Durance et le siège d’un évêché influent. A cette époque-là, pour moudre les blés de ses terres, l’évêque Benoit, lance la construction d’un moulin, près de la chapelle de la porte Saint-Julien à Cavaillon (aujourd’hui portail d’Avignon). Il est actionné par l’eau d’un canal dérivé de la Durance, qu’il fait construire par la même occasion. L’évêque avait compris toute l’importance du rôle que pouvait jouer l’eau. Pas uniquement nécessaire à la vie, l’eau était aussi une source d’énergie, un outil de prospérité, donc de pouvoir. Le premier tronçon, d’une lieue (soit environ 6 000 mètres), comprenait également des canaux dit de fuite qui servaient à alimenter les douves des remparts de la ville.

« Le canal St-Julien a transformé un désert en oasis ! »
Il fallut ensuite attendre un demi-siècle (1235) après son autorisation d’exploitation officielle en 1171, pour que l’eau de ce canal puisse être aussi utilisée pour l’irrigation. Une concession faite par les ecclésiastiques en échange de la prise en charge de la moitié des dépenses du canal. Mais l’utilisation de la force hydraulique pour les moulins restait prioritaire. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Cet accord marqua le début de la diversification et du développement des activités agricoles de la plaine de Cavaillon. A cette époque, cette dernière n’avait pas la physionomie qu’on lui connaît aujourd’hui. Entre les crues dévastatrices de la Durance et du Coulon, et ses terres asséchées par le mistral, la plaine n’avait rien d’un jardin d’Eden. Ainsi, le Canal Saint-Julien, comme les autres construits après, ont permis d’irriguer les terres et d’y développer la culture des fruits et des légumes. Ces canaux sont à l’origine de toute la filière économique que l’on connaît aujourd’hui. Yvon Sarnette, un des anciens Président du Canal, a l’habitude de dire : « le canal St-Julien a transformé un désert en oasis ! ».

La distribution et les modes d’arrosage depuis le canal Saint-Julien

En 1382, la ville de Cavaillon prends totalement la main sur ce canal
En 1322, une autre étape importante fût franchie dans l’histoire du canal. Les ecclésiastiques lâchèrent progressivement son contrôle en acceptant une cogestion avec les laïques. Et c’est en 1382, que la ville de Cavaillon prends totalement la main sur ce canal tant convoité. Une taxe pour le prélèvement de l’eau y fût ensuite instaurée. Elle existe toujours, c’est elle qui finance le fonctionnement et l’entretien de l’ouvrage. Mais, très rapidement le débit du canal n’y suffisait plus. Il a fallu capter l’eau de la Durance plus en amont, à Mérindol exactement. Mais cette commune appartenant au royaume de France (donc hors de la concession de 1171), il fallait l’autorisation du roi. Pas moins que cela. Et c’est grâce à l’intervention du marquis Meynier d’Oppéde que François 1er accorda l’autorisation. En contrepartie, le marquis influent pouvait utiliser l’eau pour ses propres moulins. Ensuite, il utilisa aussi les fuyants du canal pour irriguer ses terres. Pas totalement désintéressé le bonhomme. Et c’est à lui que l’on doit le fameux pont-aqueduc de la Canaou qui permet au canal de franchir le Coulon. Voir encadré. Ce même marquis a même envisagé un moment vendre l’eau qui s’y écoulait. Mais l’évêque de l’époque, qui avait encore quelque influence, s’y opposa. Il y a des limites à ne pas dépasser, quand même.

©DR

En appartenant à tout le monde, personne ne peut plus en prendre le contrôle
Ensuite, ce fût une longue période de tensions entre la ville de Cavaillon et la puissante famille d’Oppéde pour le contrôle du canal. La révolution française mis un terme à ces conflits, et en 1818, ce fût la création d’un syndicat regroupant tous les utilisateurs du canal (plus de 5000 personnes). En appartenant à tout le monde, personne ne peut plus en prendre le contrôle. C’est encore ce principe qui prévaut aujourd’hui avec l’ASA (Association Syndicale Autorisée) du canal Saint-Julien, qui au fil de l’eau a repris en gestion les autres canaux de la plaine. Un bel exemple de modèle d’économie associative qui mériterait bien de faire des émules, s’agissant particulièrement de la gestion de nos ressources naturelles…


ASA St Julien – Cuvelage Islcles de Milan et mise en eau du Canal Maître from TODD Développement Digital on Vimeo.

Le pont aqueduc de la Canaou
Inauguré en 1537 par le roi François 1er, ce pont-aqueduc, qui enjambe le Coulon à Cavaillon, faisait le lien entre les quartiers Entre Deux Valats et du Petit Grès. Sa conception, dite en double arche, en fait un ouvrage unique au monde. Elle aurait été inspirée d’un dessin de Léonard de Vinci. L’utilisation d’une double arche permet de résister aux fortes pressions de l’eau, notamment en cas de crues. Classé monument historique en 2011, le pont-aqueduc de la canaou, propriété de l’ASA du Canal Saint-Julien est en cours de restauration.

L’ASA du canal de Saint-Julien :
– Une structure juridique originale : association syndicale de propriétaires, présidée par Yves Jean et dirigée par Hervé Roullin, directeur général
13 collaborateurs
– 6 canaux : le canal Saint-Julien (22km), le canal des sables (9 km), le canal du plan oriental (6 km), le canal des Balaruts (4,6 km), le canal de Feugueyrolles (3 km), et le canal d’amenée (2,5 km)
– 170 km de filioles (canaux secondaires)
– 6 000 hectares de terres dominés sur 7 communes
– 15 000 parcelles desservies
– Droit d’eau annuel: 144 Mm3
– Prélèvement moyen annuel 84 Mm3 (60 Mm3 économisés chaque année grâce aux travaux de modernisation)
– Budget annuel : 3.9 M€ dont 1.79 M€ en fonctionnement et 2.12 M€ en investissements (chiffres 2023)


Le Canal Saint-Julien, à l’origine du développement économique de la plaine de Cavaillon

La liste des 100 lauréats départementaux de la 6ème édition du Loto du Patrimoine vient d’être dévoilée. En Vaucluse, c’est le Château de Cadenet qui a été retenu et qui va pouvoir bénéficier d’un soutien financier.

En septembre 2017, le président de la République a confié à Stéphane Bern une mission d’identification du patrimoine en péril et de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurer. De cette initiative est né le Loto du Patrimoine. Depuis son lancement en 2018, grâce à l’attachement des Français à leur patrimoine ce sont près de 230 millions d’euros qui ont permis d’aider plus de 850 sites pour leurs travaux de restauration.

« Les résultats visibles du Loto nous rappellent combien la sauvegarde du patrimoine est essentielle pour maintenir une activité jusque dans les plus petites communes, susciter les rencontres, transmettre les savoir-faire, entretenir la mémoire et redonner vie à des lieux liés à tant de souvenirs, de rêves et de projets », a déclaré Rima Abdul Malak, ministre de la Culture.

Le lauréat vauclusien, situé dans le Luberon

Pour cette 6ème édition du Loto du Patrimoine, 100 nouveaux sites en péril, répartis sur des territoires ruraux de 100 départements, ont été identifiés. Le montant de la dotation de chaque site départemental sera annoncé en fin d’année. Parmi les 100 lauréats, il y a le Château de Cadenet, dont il reste aujourd’hui principalement ses assises creusées et découpées dans les fragiles falaises sous-jacentes qui ont été transformées en un vaste réseau de caves, de galeries, d’escaliers, de grottes et d’habitats troglodytiques. 

En 2019 des portions de roche de la falaise se sont effondrées sur des maisons de riverains. Il est donc urgent d’effectuer des travaux de de sécurisation du front rocheux du site du château et de la plateforme médiévale. Ces travaux devraient débuter dès les prochains jours et la 1ère tranche devrait être achevée fin 2024.

Un autre lauréat luberonnais

Non loin de là, toujours dans le Luberon mais dans le département voisin, les Alpes-de-Haute-Provence, c’est le Moulin Délestic à Reillanne qui a été selectionné. Ses pans de toiture et de murs se sont effondrés, il faut donc faire des travaux pour restaurer les toitures du monument et consolider les planchers afin de préserver les structures bâties et les équipements de meunerie.

Les travaux, qui devraient débuter au second semestre de 2024 et s’achever fin 2025, devraient permettre à la commune de réaliser son projet de restaurer les mécanismes et restituer le circuit hydraulique du moulin.

Appel à projets 2024

Il est d’ores et déjà possible de candidater à la sélection des sites départementaux de l’édition 2024 de la Mission Patrimoine. les dossiers devront être déposés avant le 29 février 2024 via la plateforme dédiée.

Les projets sont sélectionnés par un comité présidé par Stéphane Bern et composé de représentants de la Fondation du patrimoine, de FDJ et du ministère de la Culture. Les projets sont retenus en fonction de l’intérêt patrimonial et culturel, l’état de péril, la maturité du projet, son impact sur le territoire et le projet de valorisation.


Le Canal Saint-Julien, à l’origine du développement économique de la plaine de Cavaillon

À l’occasion des 39ème journées européennes du patrimoine qui auront lieu en septembre prochain, l’animateur passionné d’histoire et du patrimoine français Stéphane Bern présentera l’émission ‘Le monument préféré des Français’ sur la chaîne télévisée France 3.

Au départ, 42 monuments français étaient en compétition, dont 3 qui représentaient la région Sud : la Villa et les Jardins Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans les Alpes-Maritimes, l’Amphithéâtre d’Arles dans les Bouches-du-Rhône, et la synagogue de Carpentras en Vaucluse. C’est cette dernière qui a été choisie pour représenter la région Sud en finale aux côtés de 13 autres monuments qui représentent différentes parties du pays.

Pour voter pour la synagogue de Carpentras, il suffit de se rendre sur le site sur la page dédiée à l’émission sur le site de France Télévisions avant le 22 juillet 23h59. Il est également possible de voter par téléphone au 32 45 (0,80€/min+prix appel).

Pour découvrir ou redécouvrir la synagogue de Capentras, une visite virtuelle est en accès libre sur internet.

V.A.


Le Canal Saint-Julien, à l’origine du développement économique de la plaine de Cavaillon

A l’occasion des 39ème journées européennes du patrimoine, l’émission ‘Le monument préféré des Français’, programmée sur la chaîne télévisée France 3, revient sur nos écrans. Stéphane Bern compte bien nous faire redécouvrir le patrimoine historique, architectural et culturel de la France.

3 monuments sont en compétition pour représenter la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Parmi eux, un se situe dans le Vaucluse : la synagogue de Carpentras. Cette dernière, qui est la plus ancienne synagogue de France en activité, pourrait devenir le monument préféré des Français. Pour ce faire, il suffit de voter sur le site de France télévisions avant le samedi 28 mai prochain.

Les 14 monuments qui auront été sélectionnés feront de nouveau l’objet du vote du public qui déterminera lequel d’entre eux sera le préféré des Français pour l’année 2022.

V.A.


Le Canal Saint-Julien, à l’origine du développement économique de la plaine de Cavaillon

Le Théâtre antique d’Orange a besoin de vous ! Le monument phare est en lice pour devenir « Le monument préféré des Français » qui fait son grand retour sur France 3 à l’occasion des 38e journées européennes du patrimoine. Stéphane Bern invite à partir en voyage sur les routes de France à la découverte de la richesse du patrimoine culturel, architectural et historique de notre pays. 

Nouveauté cette année : vous pouvez voter pour choisir le monument qui représentera votre région. Pour la Région Sud, le théâtre antique est en compétition directe avec le centre de la Vieille charité à Marseille et la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer. Les 14 monuments qui auront fait l’objet de vos choix seront ensuite soumis au vote du public. Vous découvrirez le classement et le monument préféré des français 2021 lors de l’émission.

Pour voter en faveur du Théâtre antique d’Orange jusqu’au 11 juin : cliquez ici.

L.M

https://echodumardi.com/tag/stephane-bern/   1/1