21 novembre 2024 |

Ecrit par le 21 novembre 2024

Entre crue et sécheresse

Il n’y a plus de demi-mesure. Il pleut, des crues sont annoncées, il fait chaud la sécheresse est attendue. En Provence, on est de ce point de vue plutôt bien servi. Est-ce le dérèglement climatique ou l’emballement médiatique qui en sont les causes ? Sans aucun doute les deux. Mais pourquoi chercher à agiter continuellement le chiffon rouge, à inquiéter ou faire peur ? Le climat n’a aujourd’hui vraiment plus rien de tempéré…

Tout est maintenant prétexte à catastrophe et c’est vrai que les sujets ne manquent pas. Mais concernant le climat est-il nécessaire d’en faire autant et surtout de cette façon ? S’il s’agit de secouer les opinions ou de susciter des changements de comportement la démarche serait louable. Mais la méthode utilisée a plutôt tendance à instaurer un climat anxiogène, qui peut conduire à la résignation voir à l’individualisme le plus exacerbé. « Perdu pour perdu autant en profiter » se diront certains. En 2023, les SUV représentaient la moitié des ventes de voitures en France, avec une progression de 20 % par rapport à 2022. Sur le Titanic l’orchestre jouait encore alors que le navire sombrait…

Il est beaucoup plus efficace de féliciter que de réprimander

Ne pourrait-on pas plutôt mettre en avant les bons résultats de notre pays dans le recul des émissions de C02 ? Certes, la baisse est modeste – 4,8 %, entre 2022 et 2023 (source CITEPA), mais c’est encourageant et cela devrait nous inciter à redoubler d’efforts et à faire encore mieux. Tous les bons pédagogues vous le confirmeront, il est beaucoup plus efficace de féliciter que de réprimander. Mais ici on sort l’outil de la peur, assorti, le cas échéant, de l’arme fatale : la taxation. C’est qui a été nommé avec beaucoup de justesse « l’écologie punitive ». Il est vraiment nécessaire et urgent d’envisager une autre façon de gouverner et d’arrêter de nous considérer comme des enfants décervelés et inconséquents. On gagne toujours à faire appel à l’intelligence et au bon sens.


Entre crue et sécheresse

En novembre dernier, le Syndicat des eaux Rhône Ventoux a organisé une conférence ‘Ensemble relevons les défis du manque d’eau’ à Mazan. L’occasion de partager autour de l’impact du changement climatique sur l’eau après un été sous le signe de la sécheresse.

L’après-midi s’est déroulée en quatre temps : l’intervention de l’hydrologue Emma Haziza, celle de l’hydro-géologue du Syndicat Rhône Ventoux Marjolaine Puddu, ainsi que celle de la directrice de Suez Laurence Perez, pour finir avec un moment d’échange avec la salle afin d’élaborer des pistes de réflexion.

70 personnes étaient présentes à cette conférence qui était à destination des élus et des agents des services de l’État. Plusieurs sujets ont été abordés tels que la dégradation du contexte climatique et hydrologique, le constat local, la perception des usagers sur le manque d’eau, ainsi que les potentielles solutions à mettre en place afin d’anticiper les années à venir.

Un retour à la normale impossible

À l’aide de différents graphiques, l’hydrologue Emma Haziza a tout d’abord démontré à quel point le contexte climatique et hydrologique s’était dégradé en l’espace de cinq ans seulement. Aujourd’hui, près de trois quarts des nappes phréatiques françaises sont plus basses que la normale et ne peuvent être rechargées avant chaque été car depuis 2016, les précipitations sont 10% inférieures à la normale sur l’ensemble du pays.

L’hydrologue a notamment alerté sur le fait que cette situation, qui aujourd’hui semble exceptionnelle, va devenir la norme d’ici peu de temps. Les météorologues constatent d’ailleurs que la France se réchauffe 50% plus vite que ce qui était prévu à l’origine. Pour la spécialiste, il faut donc engager ce qu’elle appelle la « résilience des territoires », c’est-à-dire envisager la ressource en eau différemment.

Une dépendance au Rhône

En Vaucluse, le constat est sans appel. Les arrêtés de sécheresse commencent beaucoup plus tôt (vers avril en 2022) et se terminent beaucoup plus tard. D’ailleurs, la préfecture vient seulement de lever les restrictions sécheresse.

Le territoire Rhône Ventoux est majoritairement alimenté par le Rhône, qui représente environ 76% de la production. Si cette ressource n’est pour le moment pas trop impactée, une baisse de débit est évidemment projetée, au vu de la vitesse alarmante à laquelle le climat se dégrade. Le Syndicat travaille donc sur la diversification des ressources dans le but d’être moins dépendant du Rhône, notamment sur le Miocène qui est une ressource assez stratégique et qu’il faut préserver pour l’eau potable. Cette source est peu exploitée car elle est moins productive que le Rhône, donc un forage test devrait être réalisé cette année sur la commune de Carpentras.

Un autre problème se pose au niveau de l’exploitation des autres sources : certaines sont dépendantes de la pluviométrie. C’est le cas par exemple de la source Saint-Barthélémy, à Pernes-les-Fontaines. Une interrogation se pose donc pour le Syndicat : comment anticiper ce problème ?

La perception des usagers

Une enquête menée par le Centre d’information sur l’eau (C.I.eau) a révélé que 90% des Français sont inquiets de revoir des épisodes de sècheresse comme celle de cet été mais que près d’un quart ne voit pas le lien entre celle-ci et le changement climatique.

Ainsi est venu le moment d’échange avec la salle afin d’établir des pistes de réflexion. Comment mieux informer les usagers ? Comment adapter nos habitations pour mieux récupérer l’eau de pluie ? Comment réutiliser les eaux usées ? Cette dernière interrogation fait l’objet d’un projet est en cours de maturation au sein du Syndicat. Globalement, la question qui est revenue plusieurs fois est : comment concrètement mettre en pratique des choses pour mieux anticiper à l’avenir ?


Entre crue et sécheresse

Les Communes forestières organisent une visite afin d’échanger avec les élus sur les répercussions du changement climatique en forêt.

Les espaces forestiers sont actuellement fragilisés par les sécheresses successives, les attaques parasitaires, les incendies de forêt… Les élus des collectivités ont un rôle majeur à jouer en s’assurant de la gestion durable des forêts et en prenant en compte le changement climatique. Afin de les informer et de les accompagner sur ce sujet d’actualité, les Communes forestières les invitent à la visite : 

«Les enjeux climatiques et leurs répercussions sur nos espaces forestiers : mise en place d’une gestion forestière adaptée »

Peuplement et pratiques sylvicoles
Première visite en cette rentrée de septembre, à l’ombre des arbres de la forêt de Bédoin, l’association des Communes forestières propose aux élus du département d’échanger sur un sujet d’actualité : l’impact du changement climatique sur les espaces forestiers. En lien avec l’Office national des forêts, des solutions seront proposées pour pouvoir adapter les pratiques sylvicoles et les peuplements à ce nouveau contexte.

Les infos pratiques
A travers la visite d’une forêt, les mesures de gestion forestière qui peuvent être mises en œuvre pour assurer la pérennité du couvert forestier seront présentées. Jeudi 22 septembre de 13h30 à 17h à Bédoin. Auditorium du centre culturel, place de la vigneronne.
MH

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