25 août 2024 |

Ecrit par le 25 août 2024

64e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, dérèglement climatique et animations tous azimuts au coeur de Carpentras

Avec d’abord, sur le parvis de l’office de tourisme, une exposition de matériel avec, notamment, un camion de pompiers de collection affecté à Malaucène il y a 70 ans. Mais aussi le véhicule du GRIMP (Groupement de recherche et d’intervention en milieu périlleux), un zodiac, des scaphandriers, un véhicule-poste de commandement de colonne, un autre de secours et d’assistance aux victimes, secteur qui représente 80% des activités des sapeurs pompiers de Vaucluse avec 38 000 interventions par an, soit une toutes les 12 minutes. Démonstrations également avec la brigade cynophile et des chiens sauveteurs dressés pour retrouver des victimes sous les décombres.

L’après-midi, dans la Bibliothèque Inguimbertine, table ronde sur « Les SDIS face au dérèglement climatique » en présence d’un sénateur de Haute-Saône rapporteur d’une commission sur les pompiers et de Grégory Allione, le patron du SDIS 13, par ailleurs président de la Fédération Nationale des sapeurs-pompiers de France. Animé par le commandant Geoffrey Casu, adjoint au chef de Cie Confluence d’Avignon en présence de Michel Santamaria, président de l’UDSP 84 (Union départementale des sapeurs-pompiers de Vaucluse) et de Jérôme Sotty, directeur-adjoint du SDIS 84.

« Nous avons connu un été d’enfer, des embrasements partout, en Provence, en Gironde, en Alsace, en Bretagne nous devons donc avoir un retour sur expérience pour mieux lutter contre les feux demain ». Le sénateur Olivier Reitmann explique qu’en février dernier, pour faire son rapport il a auditionné 70 personnes à propos du feu de Gonfaron dans le Var l’été précédent, avant d’écrire quelques propositions. Grégory Allione intervient pour dire que « On ne peut pas tout protéger, au fil des décennies, on assiste à une déprise agricole, une augmentation de la masse combustible avec des herbes entre les oliviers, entre les rangs de vignes, il faut revenir à la prévention des feux, désherber ».

Le sénateur Reitmann l’affirme « Seulement 30% du débroussaillement est réalisé, or il est obligatoire d’y procéder dans un rayon de 50 mètres autour de votre maison, mais vous ne pouvez pas obliger votre voisin à le faire et si un feu se déclare chez lui, il y a de forts risques que votre propriété soit menacée par les flammes. Et ce débroussaillement coûte cher, il faudrait aider les propriétaires qui n’ont pas les moyens d’y procéder avec un avantage fiscal déductible. Il faut aussi aménager des chemins assez larges pour que les camions de pompiers puissent intervenir » et il évoque l’incendie de Gonfaron :  » Les écologistes n’avaient pas voulu de ces aménagements préventifs de pistes, résultat les tortues de Hermann, espèce protégée, ont toutes grillé comme le massif forestier autour d’elles ».

« Il faudrait un ministère dédié à la Sécurité Civile. »

Contrôleur Général Allione

Autre problème pour les soldats du feu : ils dépendent de 4 ministres, de l’intérieur, l’agriculture, l’économie et la santé qui ne communiquent pas entre eux, qui travaillent en « silo », avec parfois des préconisations contradictoires. Il nous faudrait un ministère dédié à la Sécurité Civile sous toutes ses formes pour mutualiser les lois et les moyens et pour que la puissance publique s’exprime d’une seule voix ». En plus, ajoute le Contrôleur Général Allione : « Avant, il n’y avait des feux qu’en été, maintenant c’est toute l’année, les colonnes de renforts se réduisent comme peau de chagrin puisque les pompiers de Gironde ont déjà beaucoup à faire chez eux, ils ne peuvent pas aller donner un coup de main aux autres. Et c’est la double peine puisque, avec le développement des déserts médicaux, les pompiers ont aussi de plus en plus de missions de secours à la personne à effectuer pour transporter les victimes aux urgences. »

Le gué aérien armé c’est également l’un des fers de lance de la stratégie. « 95% des feux sont annihilés s’ils sont circonscrits rapidement avant de brûler 5 hectares. Même si c’est au sol que la lutte est la plus prégnante. Or notre flotte d’avions bombardiers d’eau est vieillissante, les Canadair ont 25 ans, on en commande régulièrememt de nouvelles versions, mais la carlingue est la même, les équipements techniques toujours aussi basiques. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal ont connu de terribles incendies aussi. Il faut absolument faire jouer la solidarité à l’échelle européenne pour faire jouer la concurrence entre constructeurs d’aéronefs, y compris les hélicoptères et arriver à faire baisser les coûts ». Le sénateur de Haute-Saône, par ailleurs maire d’une petite commune de 1 600 habitants, explique qu’il n’avait pas de camion de pompiers, il en acheté un qui a coûté 30 000€, pour un camion grands feux avec 4 pompiers dans la cabine, ce serait 250 000€.

Cette journée de congrès départemental de Carpentras s’est poursuivie par la signature d’une convention avec la Société des Membres de la Légion d’Honneur, mais aussi par la remise, par la Préfète de Vaucluse Violaine Démaret, la présidente du Conseil Départemental Dominique Santoni, le sénateur Jean-Baptiste Blanc, le député Jean-François Lovisolo et Thierry Lagneau, président du conseil d’administration du SDIS 84 de brevets à 42 jeunes formés pendant 4 ans dans les casernes d’Apt, Bollène, Carpentras-Monteux, l’Isle sur la Sorgue, Orange, Vaison, Valréas et Pertuis-Cadenet, parmi eux, la fille de l’ancien Préfet de Vaucluse, Bertrand Gaume venu à la cérémonie en papa. Le tout s’est conclu par un défilé motorisé sous la pluie.

Les pompiers protègent et sauvent encore faut-il en recruter davantage, leur donner les moyens de lutte à la hauteur des enjeux de la planète. Le 13 octobre 2022, dans toute la France sera organisée la « 1ère Journée de la Résilience » face aux risques naturels et technologiques. Pour sensibiliser la population aux signaux d’alerte, gestes réflexe, évacuations. « Il y a 30 ans, le 22 septembre 1992 l’Ouvèze débordait à Vaison et Bédarrides, provoquant des dizaines de morts, il y a 20 ans, des digues du Rhône ont cédé à Arles, on a tout oublié » regrette le Contrôleur Général Grégory Allione.


64e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, dérèglement climatique et animations tous azimuts au coeur de Carpentras

Le nouveau centre de secours des Dentelles du SDIS 84, dont Thierry Lagneau est président, vient d’être inauguré.

Ce centre d’incendie et de secours intercommunal situé dans le quartier de la Baumette à Gigondas, en bordure de la RD 8, résulte de la fusion des centres de Gigondas, Vacqueyras et Sablet. Pour un coût total de 1 430 000€, le centre d’une superficie de 600m2, est financé par le SDIS 84 de Vaucluse, avec la participation des communes de Gigondas, Vacqueyras, Sablet, Rasteau et Séguret. Il comprend plusieurs espaces pour les interventions, les équipements techniques ainsi qu’un espace dédié au personnel.

Ce centre est le troisième centre d’incendie et de secours intercommunal dans notre département après les Grange-Blanche, issu du regroupement des centres de Jonquières et de Courthezon puis celui de la Vallée du Rhône, qui réunit les centres de Mornas, Mondragon et Piolenc. À l’occasion de l’inauguration, il a été remis un chèque de 1000 € à l’oeuvre des pupilles par l’association Time sport 84. Par ailleurs, 14 sapeurs-pompiers de Vaucluse ont été décorés d’une médaille pour acte de courage et de dévouement à la suite de leur action lors du feu de Bizanet dans l’Aude.

Betrand Gaume lève le voile sur ce nouveau centre intercommunal de Vaucluse. Crédit photo: préfecture de Vaucluse
Inauguration en présence de Sophie Rigaut (conseillère départementale), Maurice Chabert (ancien président du Conseil départemental de Vaucluse) et Thierry Lagneau (président du SDIS 84). Crédit photo: préfecture de Vaucluse

64e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, dérèglement climatique et animations tous azimuts au coeur de Carpentras

A l’occasion de l’avant-première du film ‘Vaillante’ qui vient de se tenir au Capitole studios, le SDIS 84 (Service départemental d’incendie et de secours de Vaucluse) a proposé de nombreuses animations afin d’évoquer la féminisation de la profession de sapeur-pompier.

Ce long-métrage d’animation réalisé par Laurent Zeitouni (producteur d’ Intouchables) et Théodore Ty (Studios Disney) est doublé par les voix de Vincent Cassel, Valérie Lemercier, Elie Seimoun et Claudia Tagbo. Il retrace l’histoire de Georgia Nolan, une intrépide femme pompier, qui rêve dès son plus jeune âge de devenir pompier, comme son papa. Mais en 1932 à New-York, ce métier jugé trop dangereux est réservé aux hommes. Or, cette année-là, nombre de soldats du feu disparaissent mystérieusement lors d’incendies dans les théâtres de Broadway. La jeune héroïne voit là une occasion en or : se déguiser en homme à moustache, intégrer les sapeurs débutants, enfiler son casque et réussir à démasquer le pyromane en série.

L’avant-première du film d’animation Vaillante a fait le plein au Capitole studio du Pontet.

Les soldats du feu vauclusiens partagent leur engagement
Mercredi après-midi sur le parking du cinéma Capitole studio au Pontet, camions de pompiers, lances anti-incendie et chien renifleur étaient déployés pour faire des démonstrations et des soldats du feu pour parler de leur engagement. Le contrôleur général Sammut, le lieutenant-colonel Santamaria, la lieutenante Sandra Mestre, cheffe du centre de secours de Gordes, étaient notamment présents. Mais aussi des élèves de l’option ‘Sapeurs-pompiers/Sécurité civile’ du collège Roumanille d’Avignon, des jeunes sapeurs-pompiers volontaires comme Mathias Saisse de Vaison-la-Romaine (17 ans) qui a sauvé la vie, à Entrechaux, d’un paysan dont le tracteur s’était retourné et l’avait écrasé. Il a reçu une médaille pour son dévouement. Isaac était là aussi, un chien de 8 ans et son maître Mathieu Valencia, spécialisé dans la recherche de disparus.

A gauche, le maître chien Mathieu Valencia et Isaac. A Droite, Mathias Saisse décoré à 17 ans pour son dévouement au service des autres.

A l’issue de la projection, les officiers et les élèves pompiers ont répondu aux questions des jeunes dans une salle comble. Comment devenir pompier? La durée de la formation? Professionnel ou volontaire? Quelles sont leurs missions? Un atelier des gestes qui sauvent était organisé dans le hall du Capitole avec des enfants qui ont appris la façon de pratiquer un massage cardiaque.

De plus en plus de femmes
Il faut savoir qu’en France, il a fallu attendre 1974 pour avoir la première femme dans les effectifs. Dans le Vaucluse, on comptait en 2020, 40 femmes pour 482 hommes chez les professionnels (7%) et 352 sur 1 510 chez les volontaires (19%). Mais la proportion progresse chez les jeunes en formation, avec 45 filles et 103 garçons soit 30%, une tendance qui souligne l’égalité et la diversité des soldats du feu. Il n’est plus question aujourd’hui d’empêcher les femmes d’accéder à leur idéal : porter assistance aux autres et sauver des vies.

Les femmes représentent une part de plus en plus importante des effectifs des pompiers de Vaucluse.

Contact : sdis84.fr / 04 90 81 68 14


64e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, dérèglement climatique et animations tous azimuts au coeur de Carpentras

Du 15 novembre au 4 décembre, une exposition aura lieu en partenariat avec le SDIS 84, l’Amicale des Sapeurs-pompiers de Sorgues et le concours de la famille Cabagni.

Connaissez-vous l’histoire des sapeurs-pompiers de Sorgues ? Créé le 25 janvier 1933, le corps des sapeurs-pompiers de Sorgues ne dispose au départ que d’un simple dépôt incendie, place Charles de Gaulle, sous l’ancienne mairie, pour stocker le matériel et la fameuse motopompe. Les sapeurs-pompiers de Sorgues, aujourd’hui intégrés au Service départemental d’incendie et de secours de Vaucluse, ont une longue expérience du feu et de la protection civile. Depuis leur première caserne, avenue de Cessac, inaugurée dans les années 1950 à leur installation récente dans le centre de secours renforcé route de Vedène, toute l’histoire est aujourd’hui retracée dans cette exposition.

À l’origine de cette exposition, le Major Guy Cabagni, ancien sapeur-pompier volontaire aujourd’hui décédé, souhaitait montrer l’intemporalité de la dévotion de ces femmes et de ces hommes au service de la population. Cette rétrospective met à l’honneur les anciens pompiers tout en montrant l’évolution de leurs missions jusqu’à nos jours.

Pôle culturel – Hall d’exposition. Entrée libre. Plus d’informations : 04 86 19 90 90.

L.M.


64e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, dérèglement climatique et animations tous azimuts au coeur de Carpentras

Entre le 1er juin et le 25 juillet 2021, 1200 noyades ont été recensées en France. C’est ce que révèle l’enquête annuelle de Santé publique France. 131 de ces noyades étaient mortelles (23%).

Le commandant Alain Jalabert, adjoint au chef de groupement ‘interventions en milieu aquatique’ et chef de la compagnie Orange du SDIS 84, a ouvert ses portes à L’Echo du mardi. Par-dessus tout, l’homme souhaite sensibiliser pour éviter qu’une énième inconséquence ne détruise une nouvelle famille.

18% des noyades dans des piscines privées

Pour le commandant, il convient de distinguer les baignades en piscines privées de celles en milieux naturels. « 15% des noyades en France concernent les moins de 6 ans, 18% ont lieu dans des piscines privées. Mon premier conseil, c’est de ne jamais se baigner tout seul, insiste-t-il. Dès lors qu’il y a des enfants et qu’ils ne sont pas en âge de savoir nager, on s’équipe de barrières métalliques, d’alarmes, de couverture de sécurité, d’abris piscine type véranda coulissante… Toutefois, on a beau avoir une piscine qui coche toutes les cases de la norme réglementaire, il faut surveiller. Deux minutes d’inattention suffisent pour qu’un enfant se noie. On part arroser son géranium à l’autre bout du jardin, on répond à un bref appel, et tout se joue. »

Amende de 45 000€

« Systématiquement, les forces de l’ordre nous accompagnent lorsqu’une noyade est déclarée. Ils sont présents car cela reste un sujet hautement sensible. Lorsque l’enquête est lancée, on s’aperçoit rapidement que les mesures de sécurité autour de la piscine étaient inexistantes, c’est là que le bât blesse, alerte le commandant. Je le répète, un enfant se noie en quelques secondes, la surveillance est permanente et elle ne se délègue pas. » Les propriétaires qui disposent d’une piscine sur leur terrain doivent l’équiper d’un dispositif de sécurité. À défaut, ils encourent une amende de 45 000 €.

Attention aux plongeons dangereux

Le commandant rappelle aussi que, bien souvent, ce qui créé le drame, ce sont les plongeons. « Les gens sautent dans 20cm d’eau, cela entraîne des traumas du rachis et donc tétraplégie », alerte-t-il. Pour le sapeur-pompier aussi, trop de personnes se baignent après avoir bu ou consommé des stupéfiants. « Alcool et drogue ne font pas bon ménage avec la baignade. Ce sont des facteurs aggravants de réactions. Je veux impressionner les copains, au-delà de mes propres capacités. Les écarts entre une température ambiante ressentie et une eau à 16 degrés suffit à ce que le corps se mette en état de choc, explique-t-il. Nos amis pompiers des gorges de l’Ardèche sont régulièrement confrontés au problème. On se réceptionne mal, on rencontre un rocher dans l’eau, on se casse les cervicales sur le pont du Diable… »

« Une personne qui se noie ne crie pas au secours »

« Ayez un comportement responsable. Surveillez-vous les uns les autres, c’est un acte citoyen. Dois-je rappeler qu’une personne qui se noie ne crie pas au secours. En cas d’urgence, composez le 112 ou le 18 », exhorte le commandant Jalabert. 4 noyades sur la voie publique ont eu lieu depuis le début de l’année, notamment au lac du Pontet. « La noyade est médiatique car on n’accepte pas cet accident », souligne-t-il.

Un seul mot d’ordre : surveillance permanente des enfants autour de la piscine.

La noyade en 4 stades

Pour simplifier la communication entre les sauveteurs et les secours, des numéros ont été attribués en fonction la gravité de chaque noyade. L’aquastress (stade 1) : la personne présente des signes de fatigue, voire d’épuisement. Mais elle est consciente, ne présente pas de troubles ventilatoires ni circulatoires. La petite hypoxie (stade 2) : c’est un début de noyade. Il s’agit en général d’une personne qui va tousser, avoir froid, être épuisée, angoissée. Mais sa conscience et son pouls seront normaux. Ses voies respiratoires seront plus ou moins encombrées.

La grande hypoxie (stade 3) : la personne est soit inconsciente, soit désorientée, son pouls est perceptible mais sa respiration est plus ou moins efficace. « Dans ces cas-là, on est face à un véritable noyé, explique le commandant. On met alors la personne en position latérale de sécurité, puis sous oxygène, en attendant qu’elle soit hospitalisée. » L’anoxie (stade 4) : la victime est inconsciente et ne respire plus. On ne perçoit quasiment plus son pouls. Elle est soit en état de mort apparente, soit en danger d’arrêt cardiaque. Dans ce cas, on lui ingère de l’oxygène par insufflation avant d’entamer la réanimation cardio-pulmonaire.

Une centaine d’hommes et de femmes sont repartis en 20 plongeurs et 80 sauveteurs aquatiques sur tout le territoire vauclusien. Un reportage de Strike workout vient d’être publié sur la toile. Objectif ? Mettre un coup de projecteur sur ces sauveteurs aquatiques du SDIS 84 et leur mobilisation intense en période estivale. Quelques minutes pour découvrir leurs techniques pour mieux vous secourir et sensibiliser le public. A noter : la baignade à Fontaine-de-Vaucluse est interdite.

« La Durance est un endroit clé d’intervention »

« Depuis les années 2006, le SDIS a souhaité rendre plus réactive sa capacité de réponse face à un risque aquatique quel qu’il soit, de la noyade jusqu’à la voiture qui tombe dans un canal, en passant par l’inondation. Nos équipes balaient un spectre large d’interventions », explique-t-il. Un territoire au cœur de la vigilance ? La Durance.

« C’est un milieu très attractif, l’eau vient des Alpes, on l’identifie comme propre mais la baignade demeure interdite en raison de l’activité hydroélectrique EDF. Les eaux peuvent monter brusquement et le courant s’accélérer à tout moment en raison des lâchers d’eau dus aux installations hydroélectriques installées en amont. L’eau peut isoler une personne et l’empêcher de revenir à la berge. Repérez un rocher qui émerge de l’eau. S’il disparaît, c’est que le niveau monte. Dans ce cas-là, il faut s’éloigner », conseille le commandant. La balade fait certes partie des libertés fondamentales, elle n’en demeure pas moins règlementée, par la mairie jusqu’à la préfecture.

Lieuteant-colonel Chaussinand (gauche) et commandant Jalabert (droite). Crédit photo: Linda Mansouri

« Tous les cours d’eau canalisés sont interdits, rappelle le commandant. Exemple, le canal de Carpentras, c’est un courant fort, une pente bétonnée et vaseuse. Idem pour les baignades dans les carrières. En cas de noyade, c’est la responsabilité de tout le groupe qui est engagé. Les accompagnants se doivent de porter assistance. Pour les communes, il convient de déployer les meilleurs dispositifs d’information à destination du public, pas uniquement un seul panneau. D’ailleurs, toute collectivité devrait posséder en bibliothèque le bouquin du magistrat Christian Belhache. »

En cas de noyade ou d’accident, la responsabilité des acteurs locaux est de plus en plus souvent mise en cause. La législation et la réglementation applicables en matière de baignades, changeantes, parfois inadaptées à leur finalité et souvent mal connues, se révèlent d’une rare complexité…

Phénomène d’inondation

« Le risque d’incendie et d’inondation pèse sur le Vaucluse comme il pèse sur tout l’arc méditerranéen. La pluie fait déborder un cours d’eau, une rivière sort de son lit, le ruissellement urbain prend vie, le torrent en ville gagne de l’intensité avec des effets de pente… La ville de Nîmes par exemple a engagé de grands aménagements depuis quelques années avec les cadereaux, un réseau souterrain de captation d’eau de pluie pour éviter le ruissellement », cite le commandant.

Plusieurs fois par an, les pompiers du Vaucluse sont affectés à d’autres départements voisins, le Gard, l’Hérault, l’Aude, le Var… « Une intervention qui m’a le plus marqué ? Dans la nuit du 15 octobre 2018, l’Aude subissait de terribles précipitations sur l’ouest du département, engendrant des crues responsables de 15 morts et de centaines de millions d’euros de dégâts. L’eau qui s’écoulait était chargée de galets qui pesaient une dizaine de kg. Tous les pompiers ont des événements marquants, comme on dit, à mesure que l’on s’éloigne du précédent, on se rapproche du prochain », poursuit-il.

« Ne bravez pas les interdictions en voiture »

La mortalité s’explique en grande partie par l’inconséquence des conducteurs à bord de leur véhicule. « Lorsque vous roulez et que vous apercevez un panneau d’interdiction, ne bravez pas le danger, rappelle-t-il. Si la route est barrée, c’est bien volontaire. Ecoutez la radio, les infos, soyez en veille. A de nombreuses reprises, nous récupérons les gens qui nous attendent, apeurés sur le pavillon de leur voiture. Ils sont sauvés in extremis des eaux. »

Les pompiers sont interopérables

En cas d’inondation, le Coz (centre opérationnel de zone) affecte les pompiers et les moyens en fonction de l’urgence de la situation. Les pompiers sont interopérables et le Coz utilise des groupes spécialisés de sauvetage aquatique (voir vidéo ci-dessus). Chaque SDIS de l’arc méditerranéen entretient une capacité rapide de déploiement avec équipements particuliers. Les techniques sont les même que dans les autres départements. La réponse technique a été bâtie dans les années 2006 et 2007. C’est le fruit de l’exposition aux risques, nous avons mis en place des outils de sécurisation. L’inondation est l’affaire de tous les pompiers et implique une réponse exceptionnelle. Les primo intervenant bénéficient d’une formation solide, c’est un axe fort du SDIS.

Et pour la suite ?

Le Vaucluse va renforcer sa participation dans la prévention des phénomènes d’inondation. L’ensemble des casernes va être équipée de capteurs météo, contenant des mailles deux fois plus fines que Météo France. Avec ces capteurs météo, nous serons capables d’avoir une meilleure anticipation de la pluie et de son parcours sur une durée de deux heures. « Nous saurons également la quantité précise de pluie qui tombe sur chaque point du département », conclue le commandant.

Lire aussi : Colonel Chaussinand : « la technique du contre-feu est une spécialité en Vaucluse »


64e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, dérèglement climatique et animations tous azimuts au coeur de Carpentras

Quatre pompiers du SDIS du Vaucluse (Service départemental d’incendie et de secours) ont été réquisitionnés pour se rendre sur l’île d’Eubée en Grèce dans le cadre d’une mission de 15 jours. Objectif ? Lutter contre les violents feux de forêts qui sévissent dans la région. Ces pompiers spécialisés en feux tactiques sont intégrés au détachement de 40 pompiers des zones Sud/Sud-Est.

Apocalypse en Grèce. Des centaines de maisons ont brûlé ainsi que plus de 25 000 hectares de pinède d’après les premières estimations. Les pompiers grecs continuent actuellement de lutter contre deux incendies préoccupants à Olympie et sur l’île d’Eubée, dans l’ouest et l’est du pays. D’importantes forces ont été déployées près du village de l’ancienne Olympie pour protéger le site archéologique où se sont déroulés les premiers Jeux olympiques de l’Antiquité, à l’ouest de la péninsule du Péloponnèse. Plus de 170 soldats du feu, aidés d’une cinquantaine de véhicules et six hélicoptères et avions bombardiers à eau bataillent, assistés de renforts de l’armée, selon les pompiers. Les pompiers vauclusiens sont à pied d’oeuvre et feront le nécessaire pour mobiliser leur force dans cette rude bataille contre la férocité de la nature.

Photo : SDIS 84

https://echodumardi.com/tag/sdis-84/page/2/   1/1