Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté et la prospérité partagée offre un aperçu de la pauvreté et des inégalités de richesse dans le monde. Comme le rappelle l’organisation, « la répartition inégale des revenus, de la consommation, de la richesse ou des opportunités entre les différents groupes d’une société, est reconnue depuis longtemps comme un obstacle au développement durable ». Ainsi, des inégalités de revenus élevées peuvent « entraver la réduction de la pauvreté, freiner la croissance économique, limiter l’accès aux opportunités économiques et éducatives pour les individus et réduire la cohésion sociale au sein d’un pays », tandis qu’à l’inverse, la réduction de ces inégalités est à même de « favoriser le développement du capital économique et humain ».
L’indice (ou coefficient) de Gini est une mesure statistique permettant de rendre compte de la répartition de la richesse (revenus, consommation, etc.) dans un pays : son échelle varie de 0 (égalité parfaite) à 100 (inégalité totale). Sur la base des dernières données disponibles pour chaque pays en septembre 2024, notre carte dresse un état des lieux des inégalités économiques au sein des populations à travers le monde. Au total, 49 pays présentent un indice de Gini supérieur à 40, c’est-à-dire traduisant de fortes inégalités. Les économies à fortes inégalités de revenus sont concentrées en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu’en Afrique subsaharienne. Plus de 80 % des pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont un indice de Gini supérieur à 40, la Colombie (55) et le Brésil (52) étant les pays les plus inégalitaires de la région. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié des pays sont concernés, et les inégalités les plus fortes sont observées en Afrique australe – l’Afrique du Sud (indice de Gini de 63) et la Namibie (59) étant les pays les plus inégalitaires au monde sur la base de cet indicateur.
Les fortes inégalités de revenus sont plus fréquentes dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ainsi que dans les pays en situation de fragilité politique et/ou touchés par des conflits. Ainsi, environ deux cinquièmes des pays à revenu intermédiaire et un tiers des pays à faible revenu présentent des niveaux d’inégalité élevés. En revanche, seule une poignée d’économies à revenu élevé affichent de fortes inégalités : le Chili, le Panama, les États-Unis et l’Uruguay.
À l’autre extrémité du spectre, l’indice de Gini est le plus faible dans les pays d’Europe du Nord, de l’Est et centrale. Le niveau d’inégalité des revenus le moins élevé au monde est mesuré en Slovaquie, en Slovénie et au Belarus (indice de Gini de 24), suivis par des pays comme les Pays-Bas, l’Islande ou encore la Tchéquie (indice de 26). Quant au coefficient de Gini de la France, il s’élevait à 32 en 2021, correspondant à une inégalité jugée modérée. À l’heure actuelle, la majorité de la population mondiale (5,6 milliards, soit 70 %) vit dans une économie où les inégalités sont considérées comme modérées, tandis qu’un nombre relativement peu élevé (609 millions, 8 %) vit dans des économies où les inégalités sont considérées comme plutôt faibles.
De Tristan Gaudiaut pour Statista