25 novembre 2024 |

Ecrit par le 25 novembre 2024

(cartes interactives) Législatives 2024 sur Avignon : les résultats par bureaux de vote

Raphaël Arnault (La France Insoumise) a emporté le 7 juillet 2024 la première circonscription de Vaucluse (Avignon, Le Pontet et Morières-lès-Avignon) avec 54,98% des voix exprimées contre 45,02% pour sa rivale Catherine Jaouen (Rassemblement National).

Avec 60,44% des voix exprimées, c’est sur Avignon que le candidat Mélenchoniste a réellement bâti sa victoire. Voici, avec ces cartes interactives, le score des deux candidats dans tous les bureaux de vote de la cité des papes.





DP


(cartes interactives) Législatives 2024 sur Avignon : les résultats par bureaux de vote

Alors que la députée LR Virginie Duby-Muller vient de déposer une proposition de loi visant à interdire l’élection des personnes fichées S, Raphaël Arnault, nouveau député de Vaucluse, se sent particulièrement visé par cette mesure et dénonce « une dérive autoritaire » ainsi « qu’une volonté d’éliminer les opposants politiques lors de futures élections ».

Réélue pour un 4e mandat, Virginie Duby-Muller, la députée LR (Les Républicains) de la 4e circonscription de Haute Savoie, vient de déposer une proposition de loi « visant à rendre inéligible les personnes inscrites à la catégorie ‘atteinte à la sûreté de l’Etat’ du fichier des personnes recherchées ». Dans son collimateur, ce que l’on appelle plus communément les ‘fichés S’.

Des questions de sécurité et de sureté nationale ?
« Dans un monde toujours plus violent et instable, il est de la responsabilité du législateur de protéger les institutions de la République afin d’empêcher d’accéder à certaines fonctions politiques des personnes dangereuses et dont les intentions violentes visent à créer les conditions du chaos dans notre pays, explique Virginie Duby-Muller. Il en va du maintien de l’ordre public et de la protection de la sûreté de l’Etat. »
« Les parlementaires en tant qu’élus de la Nation sont amenés à occuper des fonctions spécifiques dans nos institutions politiques et à disposer de pouvoirs qui imposent une grande responsabilité, poursuit la parlementaire. On ne peut que s’interroger sur la pertinence d’autoriser un individu fiché pouvant mettre en péril la sûreté de l’Etat de pouvoir accéder à des informations ou à des lieux sensibles sans préavis et sans limitation de sécurité. Cela pose la question de la sécurité et de la sureté nationale. »

Virginie Duby-Muller, députée LR (Les Républicains) de la 4e circonscription de Haute Savoie, à l’origine de la proposition de loi « visant à rendre inéligible les personnes inscrites à la catégorie ‘atteinte à la sûreté de l’Etat’ du fichier des personnes recherchées ». Crédit : Les Républicains à l’Assemblée nationale

Un agent de sécurité perdra son emploi, pas un député
« Dans le reste de la société, un agent de sécurité perdra son emploi immédiatement pour des raisons de sûreté à partir du moment où il est fiché S, rappelle la députée LR. Pourtant à un poste de responsabilité, tel qu’élu de la Nation, aucun contrôle à priori n’est effectué. Les élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet 2024 ont démontré qu’il est possible pour un individu fiché S de se faire élire à la fonction de député. »
Pour éviter cela, la députée haut-savoyarde propose « d’instaurer un ciblage des candidatures aux élections », quel que soit le type de scrutin (scrutin de liste, scrutin binominal ou scrutin uninominal) afin de permettre au préfet de vérifier si le candidat est fiché S lors des déclarations de candidatures. Objectif : avoir la possibilité de la refuser et permettre de la remplacer dans un délai de 24h. En cas de rejet, il sera possible pour le candidat de contester sous 24 h cette décision auprès du tribunal administratif qui aura alors 3 jours pour se prononcer. Sans jugement rendu dans ce délai de 72h, la candidature serait alors validée.

Le député de la 1re circonscription de Vaucluse dans le collimateur
Virginie Duby-Muller ne s’en cache pas, cette proposition de loi cible tout particulièrement Raphaël Arnault, le nouveau député de la 1re circonscription de Vaucluse. Militant antifa lyonnais revendiqué, la candidature de ce dernier avait suscité une levée de bouclier, puis un ralliement à l’occasion du second tour, en raison de son profil d’ultra-gauche et de son passé à la tête de l’organisation antifasciste La Jeune garde dont il est membre fondateur. C’est manifestement à ce titre, qu’il serait fiché S par plusieurs services de police et de renseignements.
Cependant, en général le fiché S ne sait pas qu’il l’est. L’intérêt étant effectivement qu’il l’ignore afin de pouvoir le surveiller plus facilement. De fait, certain candidat le découvrirait lors de leur dépôt de candidature, ou éventuellement lors de leur rejet alors que ce document n’a aucune valeur juridique.

« Un pas de plus dans la dérive autoritaire de la droite française dite ‘républicaine’. »

Raphaël Arnault, député de la 1re circonscription de Vaucluse

« Si cette proposition arrive dans un contexte particulier, certainement liée à mon arrivée à l’Assemblée nationale, elle constitue un pas de plus dans la dérive autoritaire de la droite française dite ‘républicaine’, réagit d’ailleurs Raphaël Arnault. Il s’agit purement et simplement de la volonté d’éliminer leurs opposants politiques lors de futures élections.

 
C’est au titre notamment de son activisme au sein l’organisation antifasciste lyonnaise La Jeune garde dont il est membre fondateur, que Raphaël Arnault serait fiché S par plusieurs services de police et de renseignements en tant que militant de ‘l’ultra-gauche’. Crédit : X/Raphaël Arnault

Un non-sens juridique ?
« Cette proposition de loi est d’abord un non-sens juridique, poursuit le député LFI vauclusien élu sous l’étiquette Nouveau Front Populaire. En droit, seule une condamnation par un tribunal peut empêcher l’exercice d’un droit civique : être candidat à une élection en est un. Or, il est bon de rappeler que la fiche S n’est pas une condamnation par un tribunal. Si l’on se réfère à la commission du Sénat à ce sujet, la fiche S est attribuée de manière arbitraire par les services de renseignements pour ficher une personne. On apprend qu’elle peut être déposée par n’importe quel policier anonymement. Autrement dit, n’importe quel policier pourrait décider d’empêcher n’importe quel militant de se présenter à des élections. Par ailleurs, il existe 16 types de fiche S dont un seul réservé aux terroristes. Aujourd’hui des lycéens qui ont bloqué leur lycée contre Parcursup se voit fiché S, des syndicalistes, des militants écologistes… En clair : des personnes s’opposant aux politiques anti-sociales et anti-écologiques des gouvernements néolibéraux ou encore s’opposant aux violences des milices néo-fascistes. »

Revendiquant son opposition « aux gouvernements néolibéraux » ainsi « qu’aux néo-fascistes », Raphaël Arnault s’est félicité d’avoir voté lors des dernières élections au sein de l’Assemblée sans serrer la main des jeunes élus du Rassemblement national désignés secrétaires pour cette séance. Crédit DR

Pour un moratoire sur le fichage de militants politiques
« Cette proposition de loi est donc un retour en force de l’arbitraire et de l’autoritarisme, insiste Raphaël Arnault. Des personnes que les institutions policières ont décidé de ficher pourraient se voir privées d’un de leur droit de citoyen élémentaire. C’est une atteinte grave à plusieurs libertés fondamentales. Nous ne laisserons pas passer ces attaques liberticides à l’Assemblée. Au contraire, nous proposerons un moratoire sur le fichage de militants politiques. Parce que la démocratie en dépend, les libertés fondamentales doivent être protégées de l’arbitraire des gouvernements. »

3 000 fichés S pour ‘Ultra-gauche’
En France, on comptabiliserait plus de 30 000 personnes fichées S sur les 620 000 individus apparaissant dans les différents fichiers mis à la disposition des forces de sécurité au sein du FPR (Fichier des personnes recherchées), soit respectivement 0,04% et 0,91% de la population.
Au total, une vingtaine de catégories composent ce fichier ou pour certaines il ne s’agit que de surveillance n’entraînant aucune action automatique de coercition à l’encontre d’une personne.
Par exemple, ce fichier est ainsi composé notamment de fichés ‘E’ (police générale des étrangers), ‘IT’ (interdiction du territoire), ‘R’ (opposition à résidence en France), ‘TE’ (opposition à l’entrée en France), ‘AL’ (aliénés), ‘M’ (mineurs fugueurs), ‘V’ (évadés), ‘J’ et ‘PJ’ (recherches de police judiciaire), ‘T’ (débiteurs envers le Trésor) ou bien encore ‘S’ (sûreté de l’Etat)…
En France, selon nos confrères de Libération sur ces 30 000 personnes fichées S, environ 3 000 le seraient pour ‘ultra-gauche’ (0,004% de la population). Dans le même temps, selon le ministre de l’Intérieur près de 10 000 personnes seraient suivies pour leur appartenance à cette mouvance en France.


(cartes interactives) Législatives 2024 sur Avignon : les résultats par bureaux de vote

Par rapport aux élections législatives de 2022, le RN gagne la 5e circonscription qui lui manquait. Cependant, dans le même temps le parti lepéniste perd la 1re circonscription qui place en tête l’antifa LFI Raphaël Arnault empêchant ainsi le RN de faire le grand chelem dans le département. Pour ce second tour, le Vaucluse reste cependant largement une terre RN avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau Front de Populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages).

Contrairement au Gard où le parti lepéniste a raflé la mise en enlevant la totalité des 6 sièges de députés du département, le Vaucluse en conserve 4 sur 5. Déjà, la semaine dernière dans la 3e circonscription, Hervé de Lépinau avait été réélu dès le 1er tour (53,51% des suffrages). Dans sa permanence de Carpentras, hier soir la déception des militants se lisait sur tous les visages. « Le Vaucluse a relevé la tête, mais ailleurs, les magouilles LFI-Macron ont joué à fond. Ce qui est sûr, c’est qu’à la prochaine élection, on va cartonner » a averti le député.

Dans la 2e circonscription, Bénédicte Auzanot a été réélue avec 56,92% des voix face à Patrick Blanes pour l’Union de la Gauche (43,08%). Par ailleurs, dans la 4e, Marie- France Lorho avait pour sa part failli être réélue au soir du 1er tour à une soixantaine de voix près. Finalement, le RN est repassé haut la main (65,43%) face à Monia Galvez (34,57%). Enfin, dans la 5e délaissée par le sortant Jean-François Lovisolo au soir des Européennes, c’est la RN Catherine Rimbert qui s’est imposée avec 55,39% contre 44,61% pour Céline Celce.

La 1re au centre de toutes les attentions
La 1re circonscription (Avignon-Morières-Le Pontet) où, dans le passé ont été élus les socialistes Henri Duffaut, Dominique Taddéi, Guy Ravier, Elisabeth Guigou, Cécile Helle et Michèle Fournier-Armand, voit l’élection du controversé Raphaël Arnault qui est passé avec 54,98% des voix face à la frontiste Catherine Jaouen (45,02%).
Dans cette circonscription, c’est Avignon qui a fait la différence pour le Nouveau front populaire avec 18 863 voix pour Raphaël Arnault (60,44%) contre 12 346 pour la sortante RN Catherine Jaouen (39,56%) qui, en revanche est arrivée en tête à Morières (65,92%) et au Pontet (58,47%).

« Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. »

Raphaël Arnault, nouveau député de la 1re circonscription de Vaucluse

« Nous, les militants de terrain, on a subi une violence folle de l’extrême droite sur le terrain, a déclaré le vainqueur venu célébrer son succès sous les fenêtres de la mairie de la cité des papes. Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. Malgré l’acharnement des medias contre nous, les fake news, on a contrecarré le RN. Le dissident Philippe Pascal nous a soutenus dès le soir du 1er tour, on a fait du porte à porte, les marchés et ça a payé. C’est une victoire de toutes les forces de gauche, des militants de tous âges. Il faut résister. Hier soir, une manifestation spontanée a eu lieu devant la Mairie. Les gens étaient soulagés, les LGBT, les bi-nationaux, les musulmans, les républicains, les juifs, le peuple de gauche ». D’ailleurs Cécile Helle, la maire d’Avignon qui avait soutenu une liste dissidente au premier tour, l’a souligné : « Avignon n’a pas failli, la dynamique collective du NFP a fonctionné à plein ».

« Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »

Thierry d’Aigremont, secrétaire départemental RN du Vaucluse

Autre son de cloche du côté du référent du RN en Vaucluse, Thierry d’Aigremont. Après ce ‘retournement national’ qu’aucun sondeur ni commentateur n’avait vu venir, le secrétaire départemental lepéniste reconnaît « un défaite cinglante » de son camp. Mails il insiste : « Un ‘fiché S au Palais Bourbon, c’est une atteinte à la sûreté de l’Etat. Nous ne lâcherons pas. La France va être ingouvernable. Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »

Le RN reçu 4 sur 5 en Vaucluse
Plus en détail, dans la 2e circonscription, la sortante lepéniste Bénédicte Auzanot a réalisé de hauts scores à Caumont (62,71%), au Thor (58,37%), à Cavaillon (58,21%) et à l’Isle-sur-la-Sorgue (54,96%). Son opposant Patrick Blanes, fataliste l’a reconnu, « Vous ne pouvez pas changer la décision des électeurs ».
Pour sa part, Marie-France Lorho a été confortée dans la 4e avec 75% des voix à Piolenc contre 25% pour Monia Galvez (NFP), 79,93% à Lamotte-du-Rhône, 71,64% à Châteauneuf-du-Pape, 71,36% à Uchaux, 71,26 à Jonquières, 66,61% à Sérignan, 65,92% à Orange, 65,71% à Beaumes-de-Venise. Elle dénonce : « Tous ces retraits, ces désistements, c’est une mascarade, on se fout des Français, on nous fait prendre les vessies pour des lanternes. Je m’inquiète pour le fonctionnement de l’hémicycle, on a déjà vu ce que ça donnait avec la NUPES dans la précédente législature. Au bout de quelques semaines, c’est le NFP qui va éclater en mille morceaux. Mais heureusement, chez nous, un nouvel élan est né ».

Enfin dans la 5e circonscription où l’ancien secrétaire fédéral du PS vauclusien et député sortant macroniste Jean-François Lovisolo ne s’est pas représenté, c’est la RN Catherine Rimbert, conseillère régionale qui l’a emporté dans un duel avec Céline Calce (55,4% contre 44,6%).
« Ce n’était pas facile dans ce bastion, mais heureusement les électeurs ne se sont pas laissé infantiliser par les consignes de vote. Et je serai la représentante de tous les Vauclusiens à l’Assemblée ». Elle a totalisé 66,67% des voix à Violès, 65,54% à Sarrians, 64,90% à Aubignan, 64,78% à Gargas. En revanche Céline Celce réalise un excellent score dans l’un des plus petits villages de Vaucluse, Auribeau 81,25% avec 39 voix contre 18,75% et 9 voix pour la nouvelle élue RN.

Au final, la participation en Vaucluse pour ce second tour est de 67,14%. Globalement, le RN s’impose avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau front populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages). Soit 43 376 votes de plus.

Un seul point commun : la détestation du Président de la République
Maintenant que le second tour est passé, on attend toujours la clarification. Rien n’est réglé puisqu’aucun des 3 blocs n’a de majorité. Et les questions qui se posent sont innombrables. Et maintenant quelle majorité ? Qui à Matignon ? Pour quoi faire ? Les analystes y vont de leurs commentaires et se désolent. Après ces alliances contre nature, quel gâchis. Que de fractures entre français. Une coalition de bric et de broc, un président dont le parti est arrivé derrière le NFP et devant le RN, coincé entre les extrêmes qui n’ont qu’un point commun, la détestation du Président de la République. La gauche fait un carton, l’ex-majorité présidentielle fait ses cartons. Remontada de la gauche, étiolement du macronisme.

Il est vrai que l’ampleur des désistements a notoirement modifié la physionomie du scrutin entre les 2 tours. Le RN qui était donné vainqueur, aux portes du pouvoir, se retrouve 3e en raison du Front républicain. Entre les Français lepénistes qui sont frustrés à cause du tir de barrage anti-RN, ceux qui ont suivi les consignes et voté pour un candidat qui ne représentait pas leur sensibilité politique, ceux qui n’ont pas envie d’une majorité de gauche avec LFI, la France sera encore moins gouvernable qu’avant la dissolution-surprise…

A l’heure qu’il est, l’Union de la Gauche disposerait, selon le Ministère de l’Intérieur, de 182 sièges, Ensemble de 168 (alors qu’Emmanuel Macron bénéficiait d’un confortable matelas de 245 députés), le RN de 143 (lui qui n’en avait que 6 en 2012 et 89 avant la dissolution).

Un calendrier chargé pour le maître des horloges
Le calendrier de la semaine qui s’ouvre est plutôt chargé : déplacement dès demain du Président Macron à Washington pour les 75 ans de l’OTAN, retour à l’Elysée le 11, puis défilé du 14 juillet. La 1ère séance de l’Assemblée Nationale est prévue le 18 juillet, avec l’élection du ou de la présidente, des vice-présidents, des présidents des 8 commissions dont celle des Finances, des questeurs, des présidents de groupes (15 élus au moins pour en constituer un) et enfin la Cérémonie des Jeux Olympiques sur la Seine le 26 juillet.
On se souvient que lorsque Gérard Collomb avait démissionné après notamment l’affaire Benalla le 3 octobre 2018, il avait fallu 13 jours à Emmanuel Macron, maître des horloges, pour nommer Christophe Castaner au Ministère de l’Intérieur.


(cartes interactives) Législatives 2024 sur Avignon : les résultats par bureaux de vote

C’était la circonscription où l’union de la gauche avait le plus de chance de l’emporter : la 1re. Celle regroupant les communes d’Avignon, Morières et Le Pontet. En effet, même si c’était l’élue sortante RN Catherine Jaouen qui était arrivée en tête au premier tour, le profil de la circonscription est plutôt favorable à la gauche.

Les divisions de la gauche avait cependant suscité quelques interrogations suite au parachutage de Raphaël Arnault, candidat polémique LFI, qui avait débouché sur la constitution d’une liste dissidente soutenue par la maire socialiste d’Avignon, Cécile Helle, et le sénateur socialiste, Lucien Stanzione.
Après avoir fini en 2e position (derrière le RN), mais première force de gauche l’anti-fa Raphaël Arnault a pu bénéficier de l’union de la gauche pour le 2e tour.

Au final, ce dernier l’emporte avec 54,98% (22 883 voix) contre 45,02% pour sa rivale RN (18 739 voix). Pourtant ce n’était pas gagné car le candidat LFI avec 1 300 voix a reprendre à Morières-lès-Avignon et 1 000 au Pontet. En faisant le plein sur Avignon (60,44%), il va finalement récupérer 6 500 voix. De quoi devenir député de la 1re circonscription de Vaucluse.


(cartes interactives) Législatives 2024 sur Avignon : les résultats par bureaux de vote

Cécile Helle, maire d’Avignon, vient de clarifier sa position dans le cadre du second tour des élections législatives dans la 1re circonscription de Vaucluse qui se tiendra dimanche 7 juillet prochain.
Lors du premier tour, les électeurs d’’Avignon, Morières-lès-Avignon et Le Pontet ont placé en tête la RN Catherine Jaouen avec 34,62%.

Derrière, la question était de savoir qui arriverait en 2e position entre le candidat LFI, Raphaël Arnault, militant lyonnais antifa parachuté par les instances nationales, et Philippe Pascal, figure de gauche locale notamment soutenue par la maire socialiste Cécile Helle ou bien encore le sénateur socialiste Lucien Stanzione. Au final, avec 24,76% Raphaël Arnault devance sèchement Philippe Pascal (18,27 %).

« La lutte contre l’extrême-droite est depuis toujours l’un des fondements de mon engagement. »

Cécile Helle, maire d’Avignon

« Le risque d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale pour le RN est aujourd’hui bien réel et je suis comme tous les démocrates, inquiète pour l’avenir de notre pays, explique-t-elle. C’est une perspective à laquelle je ne peux bien sûr me résigner puisque la lutte contre l’extrême-droite est depuis toujours l’un des fondements de mon engagement. J’en appelle donc à toutes les électrices et tous les électeurs de la 1re circonscription de Vaucluse pour avoir un vote clair le dimanche 7 juillet prochain pour le candidat du Nouveau Front Populaire afin de faire barrage à l’extrême-droite. »

Le report des voix de Philippe Pascal et, plus encore, celles de la macroniste Malika Di Fraja, (16,13%), devrait être déterminant pour assurer la victoire à l’un ou l’autre des camps. Pour la gauche, le risque est de reproduire le scénario de 2022 où le candidat Insoumis de la Nupes, Farid Faryssy, n’avait pas fait le plein de voix dans cette circonscription plutôt qualifiée de gauche.

La résistance d’Avignon face au Rassemblement national
« Hier soir, les résultats des élections législatives ont permis une nouvelle fois de constater la résistance de la ville d’Avignon face à l’avancée du Rassemblement National dans notre pays, et dans le département de Vaucluse, se félicite justement Cécile Helle. La gauche du Nouveau Front Populaire totalise en effet près de 48% des voix, soit 20 points de plus qu’au niveau national. J’y vois évidemment le résultat de la politique que nous conduisons, nous qui incarnons localement avec la majorité municipale depuis plus de 10 ans le Front Populaire. Mais j’y vois aussi la résistance d’Avignon, la Républicaine, d’Avignon, en festival qui debout et avec courage, fait face depuis toujours, à la menace de l’extrême-droite. J’y vois enfin l’espoir que suscite auprès d’une partie des Françaises et des Français le programme social très ambitieux porté par l’union des forces de gauche et écologistes dans cette élection. »


(cartes interactives) Législatives 2024 sur Avignon : les résultats par bureaux de vote

Alors que les élections législatives se dérouleront les dimanches 30 juin et 7 juillet prochains, c’est entre la gauche et le RN que devrait se jouer la 1re circonscription de Vaucluse. Le choix par les appareils nationaux d’un candidat ‘parachuté’ pour mener la liste du nouveau Front populaire semble cependant loin de faire l’unanimité au sein des différents courants de gauches locaux qui craignent, qu’après l’erreur de casting de 2022, ce choix très controversé ne débouche, cette fois-ci, sur un ‘accident industriel’ en offrant le grand chelem au parti de Marine Le Pen dans toutes les circonscriptions du département.

« Nous avons souhaité que notre candidat à ces prochaines législatives connaisse le territoire et ses attentes. C’était un impératif », insiste Lucien Stanzione, sénateur socialiste de Vaucluse, afin d’évoquer le profil des postulants à la députation dans la 1re circonscription du département lors des élections des 30 juin et 7 juillet prochains.
Rappelons qu’auparavant, l’annonce du parachutage d’un candidat LFI (La France insoumise) lyonnais pour briguer ce siège de député pour Avignon, Le Pontet et Morières-lès-Avignon avait fait l’effet d’un véritable électrochoc au sein de la gauche avignonnaise.

Gauche de rupture
Il faut dire qu’avec Raphaël Arnault, ce choix imposé par les états-majors parisiens suscite de vives réactions. Co-fondateur en 2018 à Lyon de l’organisation antifasciste La Jeune garde, dont il a été aussi pendant longtemps le porte-parole, le militant d’extrême gauche de 29 ans, prône « une gauche de rupture ». Un activisme qui lui aura notamment valu d’être agressé en 2021 à la gare de Lyon à Paris par plusieurs militants des ‘Zouaves Paris’, groupuscule d’ultradroite dissout en 2022.
Pour ses détracteurs, le parcours de Raphaël Arnault suscite surtout des inquiétudes. De quoi d’ailleurs s’attirer les foudres des médias du groupe de Vincent Bolloré. Fiché S pour des faits de violences selon Europe 1 notamment, cet assistant d’éducation aurait eu aussi maille à partir avec la militante ‘féministe identitaire’ Alice Cordier, qui a déposé une main courante contre ce dernier pour avoir proféré de menaces de mort à son encontre. Jamais condamné, Raphaël Arnault a aussi été entendu tout récemment par la police nationale pour apologie du terrorisme suite aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. Une convocation « contre ceux qui défendent ardemment les droits des palestiniens » dénoncée par la Jeune garde.

Raphaël Arnault, co-fondateur à Lyon du mouvement anti-fasciste la Jeune garde,  et sa suppléante Mathilde Millat, militante du NPA sur Lyon également.

Candidat ‘antifa’ contre candidate ‘antifada’
Du pain béni pour Catherine Jaouen, députée RN sortante qui n’en demandait pas tant alors que son parti venait déjà de virer en tête sur Avignon lors des dernières européennes avec 28,67%, suivi par LFI (22,10%) et Raphaël Glucksmann (10,97%). La suppléante de Joris Hébrard – ce dernier ayant été élu à l’Assemblée en 2022 avant de lui céder sa place l’an dernier pour retrouver son fauteuil de maire du Pontet – voyait là l’occasion de jouer la carte de la modération en communiquant, sitôt l’investiture nationale de Raphaël Arnault connue, sur le fait que « la violence politique n’a pas sa place en Avignon. »
Une ‘victimisation’ qui permettait dans la foulée à l’élue vauclusienne de lancer un appel au rassemblement de « tous les partis de l’arc républicain et démocrate afin de dénoncer cette candidature et à se mobiliser pour faire barrage à l’extrémisme politique des LFI. »
La recette semble fonctionner à merveille. ‘L’épouvantail’ Raphaël Arnault mobilisant à 200% les sympathisants RN et finissant de convaincre une partie des électeurs de la droite républicaine locale de rejoindre le camp des pro-Bardella. Pire encore, l’effet repoussoir est tel que même certains militants de gauche excédés se déclaraient anonymement prêt à franchir le Rubicon du vote en faveur du parti de Marine Le Pen. Et les proches de la députée RN de jouer la carte d’une proximité pagnolesque par opposition à ce parachutage au parfum des Gones : « C’est peut-être le candidat antifa, mais nous c’est la candidate antifada. »

Réaction d’urgence
Ces retours du terrain de l’électorat vauclusiens seront tels qu’il ne faudra pas plus de 48 heures pour que les élus de gauche locaux prennent conscience des risques que fait peser cette candidature sur les résultats de la 1re circonscription de Vaucluse.
« L’électorat de gauche ne se reconnaît pas dans cette candidature aussi clivante prônant la violence dans la lutte contre l’extrême-droite, explique Cécile Helle, maire d’Avignon. Ce parachutage, c’est irrespectueux ! Il était donc inenvisageable que j’apporte mon soutien à une candidature qui est à l’inverse des valeurs que je défends. »
Même constat pour le sénateur Stanzione pour qui ce candidat « développe des idées qui ne correspondent pas à la vision et les attentes de notre territoire ».
Au final, dans sa très grande majorité, la gauche local a donc décidé de ne pas se soumettre aux insoumis tout en annonçant dans la foulée son soutien à une candidature alternative.

La candidature Philippe Pascal
C’est donc Philippe Pascal, un ancien LFI aujourd’hui militant au sein de la Gauche démocratique et sociale (GDS), qui partira à la conquête de cette 1re circonscription. Suppléé par Annie Rosenblatt, élue au conseil municipal d’Avignon sous l’étiquette Les écologistes-EELV, c’est ensemble qu’ils porteront les couleurs du ‘Front populaire de Vaucluse’.
Si elle est considérée comme dissidente par LFI, cette démarche est toutefois soutenue au niveau départemental par le parti socialiste, les Ecologistes, GDS, Génération.s et Place publique dont les logos apparaissent sur les tracts officiels de ce Front Populaire ‘made in Vaucluse’. Le PCF 84 ainsi que le PRG 84 ont aussi depuis annoncé leur ralliement.

« D’inspecteur voyou, je suis passé à Robins des bois de l’Urssaf. »

Philippe Pascal

Face au profil antifa de Raphaël Arnault, Philippe Pascal présente un parcours qui a également tout pour séduire les ‘purs’ du peuple de gauche. Âgé de 67 ans, ce natif de la Croix des Oiseaux, habitant aujourd’hui aux Rotondes, est un ancien inspecteur de l’Urssaf. A ce titre, c’est lui qui, missionné en 2010 par le Codaf (Comité opérationnel départemental anti-fraude), contrôlera le restaurant les Agassins au Pontet. Une affaire qui débouchera ensuite sur une très longue procédure qui l’opposera à François Mariani, propriétaire des lieux et alors aussi président de la CCI de Vaucluse. « J’ai gagné 3 procès contre lui et d’inspecteur voyou je suis passé à Robins des bois de l’Urssaf. »

Engagement humanitaire de longue date à Gaza
Militant au MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) dès 1974, ce diplômé des sapeurs-pompiers est aussi un infatigable humanitaire. Présent au Niger, il a également fait partie de la première mission mondiale qui est entrée dans Gaza en 2009, au lendemain du cesser le feu suite à l’opération militaire israélienne ‘Plomb Durci’. Président de l’association ‘Un pont pour la paix’ il retournera à Gaza « en passant par des tunnels » en 2011 puis en 2013. En février dernier, il tentera à nouveau vainement d’apporter son aide mais le passage vers Gaza sera finalement jugé trop dangereux. Il restera alors bloqué côté égyptien, à Port-Saïd, où il travaillera avec le Croissant Rouge ainsi que dans plusieurs hôpitaux du secteur.

« Côte à côte comme un symbole : un militant pro-palestinien et une militante juive contre l’extrême-droite. »

De son côté, sa suppléante rappelle aussi son engagement : « Dès que le RN dérape, je suis toujours en face que ce soit au conseil municipal ou au Grand Avignon où je suis aussi conseillère communautaire. »
« Je suis en phase avec les idées que défend Philippe Pascal, poursuit Annie Rosenblatt. J’apporte une touche écologiste en étant mobilisée sur des sujets comme la Zac d’Entraigues, l’aéroport, la LEO… mais surtout, nous sommes aux côtés des gens pour entendre leurs souffrances et leurs espoirs. »
« C’est important que nous nous trouvions côte à côte, insiste Philippe Pascal. Comme un symbole : un militant pro-palestinien et une militante juive contre l’extrême-droite. »
« Cette candidature, c’est une gauche de combat contre les inégalités », martèle Cécile Helle.

Règlement de compte chez les LFI ?
Avec un tel ADN ayant toutes les chances de fédérer les électeurs de gauche, on peut légitimement s’interroger sur les raisons qui ont empêché ce binôme d’obtenir l’investiture nationale du Front populaire.
« Quand j’étais chez LFI, j’ai eu des discussions musclées avec Manuel Bompard (ndlr : coordinateur national des Insoumis). Depuis, il ne me porte pas dans son cœur », avance Philippe Pascal pour expliquer ce court-circuitage. Il poursuit : « nous avions le soutien de nombreuses familles politiques de la gauche vauclusiennes, nous avions le soutien des élus locaux de gauche, nous avions le soutien de François Ruffin ou bien encore de Raphaël Glucksmann, mais ‘monsieur’ Bompard a choisi la candidature de la dissidence. Ce parachutage a été décidé pour que je ne sois pas élu. »

« Il y avait donc nécessité d’agir rapidement car nous prenions le risque de perdre alors que nous avons la légitimité du fruit de notre travail que nous réalisons à Avignon depuis 10 ans, justifie la maire de la cité des papes. Si nous ne l’avions pas fait, on nous l’aurait reproché. »
Seul hic, en arrivant en tête des partis de gauche à Avignon aux élections européennes, la direction nationale de LFI estime que c’est à elle seule de décider qui doit être partir sur Avignon. Quitte à investir Raphaël Arnault qui n’avait pas hésité à se lancer face à la Nupes dans la 2e circonscription du Rhône aux législatives de 2022 (6,81% au 1er tour). Une circonscription aujourd’hui conservée par les écologistes. C’est donc en Vaucluse que le jeune antifa lyonnais, qui a été auditionné à l’Assemblée nationale sous le nom de Raphaël Archenault dans le cadre d’un débat sur la lutte contre le terrorisme d’extrême droite, sera candidat avec sa suppléante Mathilde Millat, une militante du NPA de 26 ans travaillant dans le milieu associatif sur Lyon.

« Il y a déjà eu un candidat LFI. Il a échoué. »

Cécile Helle, maire d’Avignon

« Il y a déjà eu un candidat LFI. Il a échoué, rappelle Cécile Helle. Pourtant, quand on voit le profil de cette circonscription, nous devrions déjà avoir un député de gauche depuis 2022. »
La maire d’Avignon fait ainsi clairement référence aux précédentes législatives où le choix du candidat Insoumis Farid Faryssy (sous la bannière Nupes), un proche de Manuel Bompard, n’avait pas permis de mobiliser pleinement dans cette circonscription pourtant constituée d’un solide socle d’électeurs de gauche. Certains reprochant à l’avocat avignonnais d’être une ‘erreur de casting’ en ayant permis l’élection d’un député RN à 656 voix près.
Ne voulant pas renouveler cette erreur et ainsi éviter cette fois-ci ‘un accident industriel’ en permettant au RN de réaliser un potentiel grand chelem dans les 5 circonscriptions de Vaucluse, la quasi-totalité de la gauche vauclusienne semble déterminée à mener ce combat jusqu’à son terme.
« J’ai besoin d’avoir un député de gauche, persiste la maire d’Avignon. Un député de combat qui puisse accompagner, défendre et comprendre ce territoire. Et je sais de quoi je parle puisque j’ai été députée de cette circonscription. »

« On gagnera avec ou sans lui. »

Philippe Pascal, candidat du Front populaire Vaucluse

Place à une campagne éclair
« Nous irons jusqu’au bout, prévient dans la foulée Cécile Helle. On fera campagne, on se mobilisera. Toutes les voix vont compter. Le seul barrage au RN c’est Philippe Pascal et Annie Rosenblatt et cela dès le 30 juin. »
« Nous avons déjà fait barrage au RN. On sait faire et on a l’expérience des campagnes », assure David Fournier, adjoint au maire d’Avignon qui promet une mobilisation sans faille sur le terrain durant les quelques jours que durera cette courte campagne électorale.
« Soit on laissait faire et on avait la certitude d’aller à l’échec, soit on se donnait une chance de gagner alors que l’on en avait aucune », résume Eric Deshayes, adjoint au maire d’Avignon (membre exécutif de Génération.s) et directeur de campagne de Philippe Pascal et Annie Rosenblatt.
« On gagnera avec ou sans lui », prévient Philippe Pascal qui espère cependant encore que Raphaël Arnault jettera l’éponge d’ici l’élection. Une demande partagée par Fabien Roussel, secrétaire national du parti communiste français, qui aussi réclamé ce retrait.
« Il y a la lutte contre le RN, mais il y a surtout la lutte pour les Français », rappelle le sénateur Lucien Stanzione qui a peut-être compris que l’enjeu était davantage d’élire un député pour le Vaucluse que pour Rafah…

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