2 avril 2025 |

Ecrit par le 2 avril 2025

A Caromb, le patrimoine provençal se conjugue au futur avec les ‘Ciéuta Mistralenco’

Depuis sa création en juin 2022, le label ‘Ciéuta Mistralenco’ est attribué aux communes engagées dans une démarche de valorisation de la culture provençale et sa langue. Régi par une charte que le Félibrige a élaborée, le label est une reconnaissance bénéfique à la portée de tous.

À Caromb, vendredi 14 mars, la commune est en effervescence, c’est un grand jour. La maire Valérie Michelier signe la charte des Ciéuta Mistralenco. « Il permet d’ancrer cette identité provençale pour les générations futures et récompense aussi les efforts fournis par de nombreux acteurs locaux et par les municipalités précédentes » explique la première magistrate sur la candidature de Caromb. Il faut dire que le dossier de 30 pages pour une demande gratuite et simplifiée a enthousiasmé la commission d’attribution (voir aussi encadré ‘Pour candidater, ‘coume faire’ ?’ en fin d’article). La petite ville remplissait la majorité des conditions. Les panneaux bilingues, la rue Frédéric Mistral, les cafés et stages de provençal, le travail des associations, le concours de Tian de faiòu (plat typique de Caromb), la fête de la figue (spécialité du pays) ont pesé comme arguments. « Nous avons exposé avec du concret tout ce qu’ils attendaient d’une cité mistralienne » complète Valérie Michelier.

« Rappelons que la culture provençale a sa place partout et tout le temps. »

Paulin Reynard, Capoulié du Félibrige

Ce label répond à deux objectifs principaux : accompagner les villes dans leur démarche de visibilité de la culture d’oc, mais aussi montrer qu’elle peut se raccrocher à tout. Comme le résume le Capoulié du Félibrige Paulin Reynard, « ce peut être une grande fête à destination des entreprises et commerçants d’une ville avec de la culture provençale au milieu. Il faut rappeler qu’elle a sa place partout et tout le temps, cela ne s’arrête pas à faire des blagues en provençal ou aux fêtes folkloriques une fois par an ».
 Il soulève entre autres la « responsabilité commune » dans l’enseignement de la langue, un des points clés de la charte ‘Ciéuta Mistralenco’. Le label permet donc de se saisir de ces questions et de faire le lien entre les communes et l’Éducation Nationale.
Du côté de Caromb, si des interventions ont lieu en provençal, l’enseignement bilingue est en projet. « Intégrer la langue provençale dans notre école serait vraiment la cerise sur le gâteau. Et avec cette formation en primaire, la nouvelle génération serait plus engagée dans ce sens » anticipe la maire.

Saynète présentée par des élèves Virginie Bigonnet-Balet, professeure de provençal, lors de l’inauguration de la Ciéuta Mistralenco à Caromb. Crédit : DR

La charte, un objectif idéal
Il est difficile de respecter tous les points de la charte dès le départ. Cependant la commission Ciéuta Mistralenco accompagne les communes dans ce qu’elles ont déjà fait et ce qu’elles peuvent ensuite faire émerger. Paulin Reynard soulève ainsi une crainte fréquente des villes candidates, celle de ne pas réussir à créer le bon lien. « Il s’agit simplement de voir ce qui est déjà là et de trouver comment le relier à la langue et à la culture provençales. »
Le Capoulié du félibrige propose un exemple simple, comme la présentation d’un auteur local dans un document touristique. « Il faut montrer que son œuvre est en provençal. Ainsi, nous ne restons pas sur le caractère ‘homme de lettres’ sans s’interroger sur ce qu’il a fait vraiment. » D’autant que, selon la maire de Caromb Valérie Michelier, « cette culture provençale apporte de l’attractivité sur le territoire ». A ce jour, 81 communes sont labellisées ou en cours de signature, essentiellement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (65 communes) dont près d’une quinzaine en Vaucluse (voir carte et encadré ‘Les communes vauclusiennes labellisées’ en fin d’article).

« La culture provençale apporte de l’attractivité sur le territoire ».

Valérie Michelier, maire de Caromb

Des initiatives en place sans budget
Deux ans et demi après la création officielle du label, le Félibrige a organisé son premier congrès des Ciéuta Mistralenco en février dernier. Une cinquantaine d’élus représentant une quarantaine de villes labellisées sont venus partager leur expériences et leurs projet autour de la culture et de la langue d’oc (autre dénomination de la langue régionale parlée dans tout le midi).
« Les villes jouent le jeu, et même moi Capoulié, je découvre un certain nombre d’actions que j’ignorais » s’étonne Paulin Reynard, ajoutant que « la majorité des initiatives se mettent en place sans moyens financiers ou très limités ». Et cela grâce au tissu associatif, aux institutions déjà présentes, aux ressources propre de la ville, aux équipements déjà amortis etc. De quoi créer une dynamique autour de la ‘provençalité’ dont les communes peuvent s’emparer. « Le soir de l’inauguration de Caromb, certains maires ont dit qu’ils allaient peut-être s’engager », révèle Valérie Michelier. Peu à peu, le projet du Félibrige enfoui pendant des années se développe à la lumière des volontés politiques de plus en plus fortes.

Amy Rouméjon Cros

Renseignements : Secrétariat du Félibrige : contact@felibrige.org ou
Commission Ciéuta mistralenco : cieutamistralenco@felibrige.org

Pour candidater, ‘coume faire’ ?
– L’initiative doit venir de la commune, le félibrige n’attribuant pas directement le label
– Le label étant gratuit et valable dans tous les pays d’oc, il n’y aucun frais de candidature ni d’adhésion au Félibrige.
– Un référent membre du Félibrige, qui ne soit pas élu à la municipalité candidate, aide au montage du dossier.
– La commission Ciéuta Mistralenco, indépendante du Félibrige, étudie la candidature.
– Si les critères d’attribution sont respectés, le bureau de la maintenance concernée par la localité juge le fond du dossier et le valide dans un deuxième temps.
– Enfin, le Capoulié du Félibrige, qui ne siège dans aucune de ces deux commissions, signe officiellement la charte du label avec la mairie.
– En cas d’échec, les commissions accompagnent tout de même les communes candidates pour améliorer leur dossier.
— Le label est attribué à vie mais peut être retiré en cas de non respect de la charte signée, après un contrôle du Conseil des Ciéuta Mistralenco.

Les communes vauclusiennes labellisées
En tout, 81 communes sont labellisées ou en cours de signature, dont 65 en région PACA. La première Ciéuta Mistralenco a été Manosque (04), en septembre 2022. Dans le Vaucluse, Le Thor a ouvert la voie en mai 2023 aux 13 autres communes labellisées. Le département rassemble près d’un quart des labels provençaux (carte ci-dessus et liste ci-dessous) :
– Bédarrides
– Cabrières d’Avignon
– Caromb
– Caumont-sur-Durance
– Châteauneuf-de-Gadagne
– Crestet
– Entraigues-sur-la-Sorgue
– Le Pontet
– Le Thor
– Monteux
– Pernes-les-Fontaines
– Pertuis
– Sérignan-du-Comtat
– Vaison-la-Romaine

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A Caromb, le patrimoine provençal se conjugue au futur avec les ‘Ciéuta Mistralenco’

Google vient d’intégrer 110 nouvelles langues à son outil de traduction Google Translate. Parmi elles, plusieurs langues régionales utilisées en France comme le Breton, le Corse et l’Occitan.

« L’intégration de l’Occitan, même si elle nous paraît tardive, témoigne de l’importance de son usage sur internet », se félicite la structure de défense de cette langue Assemblada Occitana qui rappelle que « grâce au travail de beaucoup de bénévoles, l’occitan est très présent sur internet, notamment dans Wikipédia et dans des applications diverses : WordPress, Windows… »
« Maintenant il faut améliorer la qualité de l’occitan traduit : il faut y garantir une grammaire authentique, la disponibilité des sept dialectes et la norme du Conseil de la langue occitane », insiste Assemblada Occitana.

S’il est difficile d’évaluer précisément le nombre de locuteurs, on estime tout de même qu’ils seraient près de 600 000 à parler couramment l’Occitan dans la partie Sud de la France. Le Provençal étant l’une des variantes encore utilisée par environ 200 000 personnes dans la région.

8% de la population mondiale concernée
Aujourd’hui, grâce à ces 110 nouvelles langues représentent plus de 614 millions de locuteurs (de quoi permettre à 8% de la population mondiale d’effectuer des traductions), Google Translate propose désormais 243 langues.

Afin de déterminer, l’intérêt d’une langue, Google évalue notamment le nombre de demandes reçues pour la prise en charge de la langue, le nombre de locuteurs de cette langue ainsi que la quantité de données disponibles pour former l’intelligence artificielle qui pourra faire ces traductions.

Objectif : 1 000 langues
« Il y a beaucoup de critères à prendre en compte lorsque l’on ajoute de nouvelles langues à Google Traduction, depuis les variétés de langues que nous proposons jusqu’aux orthographes spécifiques que nous utilisons, explique Constantin Foniadakis, porte-parole français de Google. Les langues intègrent énormément de variétés : variétés régionales, dialectes, normes orthographiques différentes. En fait, de nombreuses langues n’ont pas de forme standard et il est donc impossible de choisir la ‘bonne’ variété. Notre approche a consisté à donner la priorité aux variétés les plus couramment utilisées de chaque langue. Grâce à nos partenariats avec des linguistes spécialisés et des locuteurs natifs, nous continuons à faire de grands progrès. Et au fur et à mesure que la technologie progresse, nous allons continuer à prendre en charge encore plus de variétés de langues et de conventions orthographiques. »

A termes, Google a annoncé le lancement de la ‘1,000 Languages Initiative’ (initiative 1 000 langues), un engagement à construire des modèles d’IA qui prendront en charge les 1 000 langues les plus parlées dans le monde, sur les 6 000 à 7 000 dialectes de la planète.


A Caromb, le patrimoine provençal se conjugue au futur avec les ‘Ciéuta Mistralenco’

Le samedi 27 avril 2024 se tiendra une conférence proposée par Paulin Reynard, défenseur de la langue provençale et capoulié du Félibrige à la salle des fêtes l’Arbousière, à Châteauneuf-de-Gadagne de 20h à 22h. Le Félibrige est une association fondée par Frédéric Mistral et Joseph Roumanille qui défend depuis 1854 la sauvegarde et la promotion de la langue et de l’identité des pays de langue d’oc.

Cette conférence qui sera animée par Paulin Reynard, sera bilingue et abordera les origines, le parcours et l’évolution de ses questions de préservation et de transmission de la langue provençal. Des sujets qui questionnent le Félibrige depuis 170 ans. La structure avait déjà agi avec la création en 2022 du label « Ciéuta mistralenco » qui a pour objectif de valoriser les villes qui promeuvent l’identité provençale et des pays d’Oc. Un concert d’Aliço aura également lieu dans la continuité de la conférence.

Infos pratiques : Conférence « A 170 an, lou Felibrige a pas tout di ! ». Samedi 27 avril, de 20h à 22h, salle de l’Arbousière, 1360 Avenue Voltaire Garcin, Châteauneuf-de-Gadagne. Entrée gratuite. 


A Caromb, le patrimoine provençal se conjugue au futur avec les ‘Ciéuta Mistralenco’

Pour prolonger les festivités de fin d’année, Gilbert Chiron, conteur dans le groupe des ‘conteurs du Trac‘ proposera un spectacle créé par Martine Deval, ce jeudi 4 janvier à Bonnieux.

Il raconte des histoires en français et en provençal qui parlent des villages de Provence, de leurs habitants, des bêtes et même du loup qui est revenu dans les montagnes. À Bonnieux, il racontera une veillée de Noël provençale improvisée. Un goûter sera offert par l’office de tourisme Pays d’Apt Luberon à l’issue du spectacle.

Jeudi 4 janvier. 15h30. Entrée libre. Mairie. 3 Rue Jean-Baptiste Aurard. Bonnieux.

V.A.


A Caromb, le patrimoine provençal se conjugue au futur avec les ‘Ciéuta Mistralenco’

L’Observatoire de la langue et de la culture provençales, installé depuis deux ans à Cheval Blanc, a pour objectif de devenir un acteur culturel essentiel de la région et de faire rayonner la Provence et sa culture. Grâce à ses nombreuses manifestations culturelles, qui se veulent aussi pédagogiques, l’institution présente déjà un bilan très positif.

L’Observatoire de la langue et de la culture provençales (OLCP) a pour vocation d’encourager la pratique de la langue provençale et de valoriser la culture, les arts et les traditions de la Provence. Il est donc à la fois un centre culturel où on trouve des expositions et des conférences, un centre de documentation avec sa médiathèque de plus de 5 000 ouvrages, un centre de formation et d’information, mais aussi une maison d’édition. L’édifice comporte d’ailleurs un espace librairie bilingue.

Grâce à ses nombreux atouts et la variété d’activités qu’il met en place, l’Observatoire affiche déjà un bilan plus que positif, seulement deux ans après son ouverture. Depuis septembre, l’institution a organisé deux expositions, l’une dédiée à Frédéric Mistral, l’autre à Théodore Aubanel qui sera en place jusqu’en mars prochain. Il y a également eu deux conférences sur le thème du 15ᵉ corps et sur l’étang de Berre, l’étang de Bolmon et le canal de Marseille au Rhône. L’OLCP a également proposé des stages de formation à destination des animateurs de cours de provençal dans le milieu associatif, qui ont remporté beaucoup de succès. En décembre, l’Observatoire prévoit diverses animations autour de Noël telles que l’installation d’une crèche provençale, des lectures de contes, une reconstitution du Gros souper traditionnel, ou encore une conférence sur les traditions de Noël en Provence.

De nombreux projets pour l’avenir

L’OLCP est né en 2020. Une initiative du Collectif Prouvènço, qui s’est installé au sein du Mas Saint-Paul, une ferme traditionnelle provençale mise à disposition par la commune de Cheval Blanc. Deux ans plus tard, l’objectif de l’Observatoire reste inchangé : faire rayonner la Provence parmi les grandes régions linguistiques de France. Cependant, l’institution voit plus loin.

Si l’OLCP affirme déjà sa position en tant qu’acteur culturel essentiel à travers les différents projets qu’il propose, mais surtout à travers la diversité de ces projets-là, l’institution veut s’ouvrir à d’autres horizons. En étant un lieu qui laisse libre cours à différents modes d’expression, l’Observatoire veut s’ouvrir à des partenariats avec d’autres acteurs culturels de la région tels qu’Arsud, le Théâtre du Chêne Noir à Avignon, le Musée des Alpilles de Saint-Rémy-de-Provence, le Musée Estrine dans la même ville, ou encore le site archéologique de Glanum.

Ces nouveaux partenariats vont permettre à l’Observatoire d’organiser de nouveaux rendez-vous pour les amoureux de la Provence. Un vide-grenier et un vide-commode provençal devraient voir le jour au printemps prochain. De nouvelles conférences et expositions vont également avoir lieu. L’institution devrait également accueillir le 18ᵉ Congrès International sur la Pierre Sèche en octobre 2023.

2024, une année phare pour l’Observatoire

En 2024, le Collectif Prouvènço fêtera les 120 ans du jour où Frédéric Mistral a reçu le Prix Nobel de littérature pour son œuvre Mirèio. Ce poème publié en 1859 reste l’une des seules œuvres écrites dans la langue provençale. Pour fêter cet anniversaire spécial, une création originale devrait naître de la collaboration entre Jean-Pierre Richard, président de l’OLCP, Gérard Gélas et son fils Julien, qui est l’actuel directeur du Théâtre du Chêne Noir.

Cette collaboration va permettre une synergie entre le Conseil scientifique de l’Observatoire, qui va pouvoir apporter sa connaissance et son expertise, mais aussi inclure des associations garantes de la maintenance et de la mémoire de la culture provençale au projet.

La jeunesse au cœur du rayonnement de la culture provençale

Si le provençal est une option de moins en moins choisie par les jeunes durant leur parcours scolaire, l’OLCP tend à leur redonner le goût de cette culture. Intervenir davantage dans le milieu scolaire, telle est l’ambition de l’Observatoire qui a déjà mis quelques actions en place telles que la Dictée provençale ou encore sa participation au Prix des Collégiens, qui ont toutes deux eu lieu à Salon-de-Provence.

L’Observatoire ambitionne même de réaménager ses locaux afin d’avoir un espace dédié à l’accueil de groupes scolaires et plus généralement des jeunes.

Une double conservation du patrimoine

Si l’Observatoire est un lieu de conservation du patrimoine immatériel, il l’est aussi pour le patrimoine naturel et environnemental. Alors que le réchauffement climatique inquiète, il parait indispensable de protéger les paysages provençaux. L’OLCP a donc pour projet d’aménager le Parc de l’Observatoire.

Ce Parc aura notamment un espace qui s’apparentera à celui d’un musée, il présentera les outils et les anciens métiers agraires. Le public pourra également visiter une sorte de jardin botanique, aussi appelé un arboretum, composé d’une flore méditerranéenne et provençale. Le projet du Parc sera présenté comme un espace ouvert à la promenade, qui, non seulement servira à la conservation, mais qui aura aussi un caractère pédagogique et touristique.

DR

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