12 avril 2025 |

Ecrit par le 12 avril 2025

Média : La Provence revient aux fondamentaux de la proximité

A l’occasion des vœux de nos confrères de la Provence qui se sont déroulés au palais des papes à Avignon, Olivier Biscaye, le nouveau directeur de la rédaction, a dressé les grandes lignes de la stratégie du quotidien régional. Ce dernier prône un retour aux sources en misant sur ce qui fait l’ADN de La Provence : la proximité et les territoires.

« Nous nous sommes beaucoup éloignés des territoires », a reconnu en toute franchise, Olivier Biscaye, directeur de la rédaction chez La Provence lors de la tournée des vœux du quotidien régional qui s’est achevée la semaine dernière au palais des papes à Avignon.
« Il y a beaucoup d’engagements qui ont été annoncés ces dernières années, poursuit-il, et nous avons à cœur de revenir au plus proche des territoires. »
Pour jouer cette carte de la proximité, le nouveau directeur de la rédaction annonce déjà le retour, début mars, des pages ‘sport amateur’ dans les colonnes ainsi que dans les différents supports numériques de la Provence.

Crédit : La Provence

« Toutes les communes de notre département sont importantes. »

Olivier Biscaye, directeur de la rédaction chez La Provence

« Nos pages dites ‘villages’ vont également évoluer dans les prochains jours, complète Olivier Biscaye. Pour cela, nous recrutons des correspondants locaux car si nos équipes sont plutôt présentes dans les grandes villes, toutes les communes de notre département sont importantes. L’objectif est de rendre compte, d’informer sur l’actualité dans le plus petit des villages. C’est ça un journal de proximité. »

« On raconte le territoire, confirme Jean-Luc Pelé, directeur général de La Provence. Notre ADN c’est de faire vivre cette proximité. C’est pour cela que nous avons aussi pour ambition de redévelopper les événements dans notre région comme non a l’a fait en relançant le tour de la Provence en 2024. Cette course de vélo met en valeur les territoires en permettant à notre région de d’être en contact avec près d’un milliard de personnes via les différents diffuseurs de l’épreuve. »
« L’événementiel c’est aussi l’économie avec le Club de la Provence qui vise à mettre en avant les pépites de la région », complète Olivier Biscaye.

« Nous serons là pour parler de vous. »

Mélanie Ferhallad, directrice départementale de La Provence en Vaucluse

Pour Mélanie Ferhallad, directrice départementale du quotidien de presse régionale en Vaucluse, il s’agit de « faire de la proximité l’ambition de notre titre cette année. C’est-à-dire être à peu de distance de tous, mais aussi être accessible au plus grand nombre. Cette année, avec l’équipe de la Provence, nous serons donc dans les parages, dans les environs, aux alentours, dans le voisinage immédiat, juste à côté, sur le terrain, pour couvrir l’actualité, parler de vous, des autres, de ce que vous faites, témoigner encore et rendre compte. Dans ce monde où tout va de plus en plus vite, où l’info tourne à plein régime sur les réseaux sociaux, où la fake news menace en permanence notre travail, nous souhaitons être à vos côtés et vous dire que rien ne remplacera un journaliste de terrain. Lui seul est capable de faire un reportage, de décrier, de rapporter ce qu’il a vu ou entendu, de protéger nos sources, de trouver le mot juste pour dépeindre une situation, de donner un aperçu d’un événement avec toute la rigueur qui l’emmène.

Cécile Helle, maire d’Avignon. Crédit : La Provence

« Je pense qu’on se reconnaît tous dans votre leitmotiv autour de la proximité, a précisé Cécile Helle, la maire d’Avignon conviée à cette présentation. Pour moi c’est évidemment un mot qui résonne d’autant plus que nous sommes dans un territoire à taille humaine et c’est ce qui fait notre force. »
Et l’élue avignonnaise de rappeler le rôle de titres « comme La Provence et ses équipes de journalistes pour essayer d’expliquer aux citoyens habitants ce qui se passe. Y compris dans la contradiction, parce que je pense que ça fait partie depuis toujours du débat démocratique et citoyen. Je crois que c’est le rôle aussi des journalistes de bien présenter les différents points de vue qui peuvent exister sur un sujet. »

« La Provence, c’est un journal qui incarne les valeurs de liberté et de démocratie sur le territoire, conclu Olivier Biscaye, directeur de la rédaction chez La Provence. On sait que nous avons des échéances électorales dans les prochains mois, qui vont évidemment intéresser bien les personnes sur ce territoire, mais qui vont aussi intéresser notre journal, parce que nous avons le devoir de rendre compte de l’actualité politique et électorale sur l’ensemble de toutes ces communes de Vaucluse. »


Média : La Provence revient aux fondamentaux de la proximité

Au début de XIXème siècle, avec l’essor de l’imprimerie, beaucoup de journaux d’information se sont créés. Ils étaient pour la plupart des ramassis de cancans et de fausses nouvelles. Par analogie avec les fausses notes des musiciens, ces journaux, porteurs de fausses nouvelles, furent affublés du sobriquet de « canard ». Aujourd’hui, ironie de l’histoire, les réseaux sociaux numériques ressemblent beaucoup à ces canards du début de XIXème siècle…

Depuis la création des premiers organes d’information écrits les choses ont beaucoup évolué surtout avec l’avènement du numérique qui a bouleversé l’usage des médias. Les réseaux sociaux sont ainsi devenus, après la télévision, le deuxième moyen d’information du public (source Médiamétrie). Les journalistes on fait place aux influenceurs. Au moins ça le mérite d’être clair ! Avec l’annonce récente de Mark Zuckerberg de mettre fin à la modération et la vérification des contenus publiés sur Facebook c’est un blanc-seing qui est donné aux excès et manipulations en tous genres. Cette annonce s’aligne sur la position d’Elon Musk qui fait du réseau X un outil d’influence et de propagande pour son nouvel ami Donald Trump.

Les réseaux sociaux sont ainsi devenus, après la télévision, le deuxième moyen d’information du public (source Médiamétrie).

« Une fausse information répétée plusieurs fois finit par devenir une vérité » disait Joseph Goebbels, ministre de la propagande du troisième Reich. Et pour compléter le tableau une récente étude publiée par le très sérieux magazine « Science » révèle qu’une fake-news se repent 6 fois plus vite qu’une vraie information. Alors pourquoi s’en priver ?

Circulez y a rien à voir !

Face à ce constat pas vraiment réjouissant il apparaît comme indispensable de redonner au métier de journaliste toute la place nécessaire. C’est une nécessité pour notre fonctionnement démocratique. Je ne prendrais qu’un seul exemple et il est d’actualité. Gérard Davet et Fabrice Lhomme, deux journalistes du Monde, viennent de publier « Les juges et l’assassin », un livre enquête sur la gestion de la crise du COVID 19 par le gouvernement français. Ils ont pu avoir accès aux pièces de l’instruction conduite par la Cour de Justice de la République, grâce à des sources anonymes et bien placées. Cette instruction fait suite au dépôt de plus de 20 000 plaintes, dont l’immense majorité a été jugé non recevable. Tiens donc ! Il est important de préciser que cette juridiction qui a pour fonction de juger uniquement les membres du gouvernement pour des actes délictueux ne permet pas la constitution de parties civiles. En d’autres termes, personne, à part les magistrats chargés de l’instruction, ne peuvent avoir accès aux pièces de la procédure. Circulez y a rien à voir !

Les journalistes n’étant pas astreint au secret de l’instruction, ils ont pu utiliser ces documents dans leur livre

S’agissant du COVID, 25 000 pièces et plus d’un million de pages ont été rassemblés depuis 5 ans par les magistrats. Ainsi, si les deux journalistes du Monde, n’avaient pas pu avoir accès à ces éléments il y a fort à parier que l’affaire serait restée dans les placards de l’histoire. Et aucune responsabilité dans les « éventuels » mauvais traitements de cette crise sanitaire d’ampleur n’aurait pu être déterminée.

Les journalistes n’étant pas astreint au secret de l’instruction, ils ont pu utiliser ces documents dans leur livre. Il convient également d’ajouter que l’annonce de la pandémie en janvier 2020 revient à la presse et pas aux autorités sanitaires. En l’occurrence La Voix du Nord dans un premier temps et ensuite l’AFP.

la Presse est vraiment indispensable à notre démocratie

Tout cela pour rappeler une fois de plus que la Presse est vraiment indispensable à notre démocratie. Tous sont importants, à commencer par les médias de proximité qui à la fonction d’information y ajoutent un rôle sociétal essentiel dans la vie des territoires. Ainsi on pourrait se réjouir que l’Écho du Mardi, un hebdomadaire crée en 1839, aujourd’hui passé au tout numérique (www.echodumardi.com) dans une version libre d’accès bat chaque semaine des records d’audience.


Média : La Provence revient aux fondamentaux de la proximité

Après la Provence c’est au tour de Vaucluse Matin de s’être mis en grève. Dans les deux cas, il s’agit de s’opposer aux plans d’économie qui visent à supprimer des emplois. Les salariés et journalistes concernés craignent des fermetures pures et simples. Le Vaucluse risque-t-il d’être un territoire sans quotidien d’information ? La question inquiète et mobilise.

Le phénomène n’est pas nouveau et pas spécifique à la presse quotidienne régionale. Pour faire face à la baisse de leurs lectorats et aussi par incidence à leurs revenus publicitaires, les journaux n’ont pas d’autre choix que de tailler à la serpe dans leurs dépenses. Une question de survie. Sauf que réduire les moyens pour produire de l’information rend ses journaux encore moins attractifs. Un vrai cercle vicieux. De plus, les revenus tirés du numérique ne compensent pas aujourd’hui le recul de ceux du papier. En tout cas pas encore. Un vrai casse-tête. Ces journaux sont-ils alors condamnés à n’être que les simples spectateurs de leurs chutes, avec pour seul espoir que les pertes de lecteurs s’arrêtent un jour ?

Comme remettre l’église au milieu du village

On a bien vu qu’avec l’avènement et le développement du numérique de nombreux secteurs économiques ont dû s’adapter pour ne pas disparaître. On ne peut pas dire que la presse quotidienne régionale se soit montrée dans cet exercice le plus offensif de tous les médias. Mais il ne saurait y avoir de fatalité, et nous avons la conviction que la proximité reste une valeur forte. Nous estimons même que l’information locale a encore un avenir devant elle. Le local est un contrepoint nécessaire à la globalisation de l’info et aux « machins » que sont devenus les réseaux sociaux, avec leurs approximations, leurs amalgames, et leurs fake news. La presse écrite peut être celle qui n’est justement pas dans l’émotion, la réaction. Il y a les chaînes d’info pour cela. Le local, loin d’un parisianisme parfois exaspérant, est un bon prisme pour voir le monde et ses tourments. Comme remettre l’église au milieu du village.

Un recul du pluralisme s’accompagne forcément d’un recul des pratiques démocratiques

La presse locale est également indispensable à la vie des territoires et à la démocratie tout simplement. Un recul du pluralisme s’accompagne forcément d’un recul des pratiques démocratiques.  Aux USA, sur les territoires où la presse locale a disparu, les participations aux élections se sont effondrées (elles n’étaient déjà pas importantes), les extrêmes ont pris le dessus et les rapports sociaux et communautaires se sont tendus.

Il est important de soutenir l’existence d’une presse locale et régionale forte, qu’elle soit quotidienne ou hebdomadaire, qu’elle soit papier ou numérique. Notre démocratie et nos territoires le méritent et le nécessitent. C’est une fois qu’elle aura disparu qu’on se rendra compte de son rôle… mais il sera alors trop tard.

Signez la pétition contre le démantèlement de Vaucluse Matin ICI


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