Les pays qui hébergent le plus d’URL signalés pour leur contenu pédocriminel
En 2022, un tiers de tous les sites internet signalés à l’ONG Internet Watch Foundation (IWF) pour leur contenu pédocriminel étaient hébergés sur des serveurs situés aux Pays-Bas. C’est en tout cas ce que révèle le plus récent rapport de l’organisation de surveillance du net basée au Royaume-Uni. L’année dernière, 375 230 signalements ont été évalués par l’IWF, et 255 588 ont été confirmés comme contenant des images d’abus sexuels sur des enfants, ayant des liens vers ces images, ou en faisant la publicité. Après avoir évalué si une image ou une vidéo ne respecte pas la loi, l’IWF retrace l’URL jusqu’à l’emplacement du serveur physique sur lequel le contenu est hébergé. L’ONG contacte ensuite le gouvernement et les services de police du pays, et collaborent également avec des organisations internationales telles qu’Europol et Interpol, afin de faire supprimer les contenus criminels.
Selon le rapport, en 2022, près de trois URL sur cinq (59 %) signalés comme contenant des image d’abus sexuels sur enfants étaient hébergés dans les États membres de l’UE. Si les Pays-Bas et les États-Unis ont tous deux enregistré un nombre élevé de signalements l’année dernière, les deux pays ont tout de même constaté une diminution de la proportion d’URL qu’ils hébergeaient par rapport à l’année précédente (de 41 % en 2021 à 32 % en 2022 aux Pays-Bas, et de 21 % en 2021 à 15 % en 2022 aux États-Unis).
Les pays qui hébergent le plus d’URL signalés pour leur contenu pédocriminel
90 % des vidéos pornographiques hébergées par les quatres sites les plus visités en France – Pornhub, HVideos, Xnxx et Xhamster – présentent des actes non simulés de violence physique, sexuelle ou verbale envers des femmes. C’est en tout cas l’une des conclusions d’un rapport présenté la semaine dernière par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, après plus d’un an et demi de travail. Ce rapport dresse un portrait peu flatteur de l’industrie pornographique : l’étude estime que plus de 1,4 million de vidéos contiennent des pratiques sadiques ou des actes de violences sexistes ou sexuelles, et 1,5 utilisent des catégories racistes. Le rapport pointe aussi du doigt l’inaction des autorités face à la pornocriminalité. Un test réalisé en procédant au signalement de 35 vidéos auprès de Pharos, la plateforme gouvernementale censée lutter contre les contenus et comportements illicites en ligne, n’a apporté aucun résultat : aucun des signalements n’a été suivi d’effet, malgré l’extrême violence des actes présents dans ces vidéos, dont certains répondent à la définition juridique des actes de torture et de barbarie. Par ailleurs, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes dresse un constat inquiétant : 51 % des garçons âgés de 12-13 ans consommeraient de la pornographie chaque mois.
Le HCE a émis une série de recommandations pour faire évoluer la loi et ainsi mieux lutter contre les violences pornocriminelles, l’exploitation sexuelle et la diffusion de contenus pornographiques illicites. Le rapport préconise également plus d’éducation contre la normalisation de ces actes de violence.
Les pays qui hébergent le plus d’URL signalés pour leur contenu pédocriminel
Selon les données diffusées par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), 2,3 millions de mineurs fréquentent chaque mois des sites pornographiques en France. Un chiffre non seulement en hausse, mais qui concerne une population de plus en plus jeune.
A l’heure où le tribunal judiciaire de Paris vient de reporter sa décision d’imposer ou non le blocage des principaux sites X aux moins de 18 ans, l’agence spécialisée en data Flashs et le média dédié à l’actualité numérique 01Net ont confié le soin à l’Ifop d’interroger les Français sur leur rapport à la pornographie. Cette enquête confirme notamment la précocité à laquelle de très nombreux jeunes sont confrontés à contenus pornographiques, et met en exergue les conséquences qu’une telle exposition peut engendrer sur leur sexualité.
Ainsi, plus du tiers (35%) des jeunes hommes âgés de 18 à 24 ans ont surfé sur un site pornographique avant leurs 13 ans contre 12% il y a 10 ans. L’évolution depuis 2013 est également flagrante chez les jeunes femmes de la même tranche d’âge : elles sont aujourd’hui 19% à avoir été exposées à du contenu X avant leurs 13 ans contre 9% il y a 10 ans.
La pornographie comme apprentissage Plus de la moitié des 18-24 ans (54% chez les hommes, 51% chez les femmes) indiquent que la pornographie a joué un rôle dans leur apprentissage de la sexualité. C’est 18 points de plus que la moyenne des adultes (35%). Par ailleurs, 42% des Français.es ayant déjà visionné une vidéo pornographique ont reproduit des scènes ou des positions vues à l’écran (c’est le cas de 54% des moins de 25 ans) et 41% s’en sont inspirés pour leurs pratiques sexuelles (48% chez les moins de 25 ans).
Le X, source de complexes physiques Confrontés à des anatomies souvent hors normes, les amateurs de pornographie peuvent nourrir des complexes vis-à-vis de leur propre physique. Ainsi, 30% des hommes (51% chez les moins de 25 ans) disent avoir complexé sur la taille de leur pénis et 22% des femmes (39% chez les moins de 25 ans) sur la taille de leurs seins. La comparaison de la forme de leurs organes génitaux avec ceux présentés dans les productions X est également source de troubles. Les jeunes femmes sont ainsi 39% à avoir ressenti un complexe relatif à la forme de leur vulve en visionnant un contenu pornographique.
Au-delà des seuls organes génitaux, la confrontation avec les corps des actrices et acteurs de l’industrie pornographique est de nature à engendrer de tels complexes : le tiers des femmes (33%) et près du quart des hommes (22%) en font état. Là encore, les jeunes sont particulièrement exposés, plus de la moitié (54%) des jeunes femmes de moins de 25 ans se disant concernées, qu’il s’agisse de leur pilosité ou de la fermeté de leur corps. Il n’est pas de vidéos pornographiques sans orgasmes bruyants et démonstratifs. Mises en scène qui s’avèrent de nature à faire douter celles et ceux qui les visionnent sur leurs propres capacités à faire jouir leurs partenaires. Une remise en cause qui touche plus les hommes (29%) que les femmes (17%).
« Malgré la révolution féministe actuelle et l’essor des discours de type ‘bodypositif’, le visionnage de films X laisse bien, chez les jeunes, des traces dans les corps comme dans les esprits… Car son impact sur la sexualité des Français ne se limite pas qu’à un visionnage passif d’images pornographiques, constate François Kraus, directeur du pôle ‘Genre, sexualités et santé sexuelle’ à l’Ifop. Notre enquête confirme le rôle des films X dans la construction de leur imaginaire sexuel, notamment chez des jeunes pour qui ils constituent une source d’apprentissage des pratiques et techniques sexuelles. Et, si nombre de jeunes intègrent même les codes et scénographies de la pornographie dans leur répertoire sexuel, ils sont aussi nombreux à être perméables aux représentations du corps véhiculées par ces vidéos. En effet, l’impact de la culture porn transparaît aussi dans sa capacité à imposer ses représentations du corps et des organes sexuels telles que les formes de vulves ‘parfaites’ et épilées totalement, indissociables d’un univers pornographique qui les ont popularisées ces dernières années. En cela, la restriction de l’accès au porn aux mineurs ne doit pas être perçue comme l’expression d’une ‘panique morale’ des parents, mais bien comme un moyen de réduire l’influence d’une culture porn génératrice d’anxiété, de complexes corporels et de divers scripts sexuels sexistes. »
*Étude IFOP pour 01net réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 13 au 17 avril 2023 auprès d’un échantillon de 2 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.