22 juillet 2024 |

Ecrit par le 22 juillet 2024

Retrouvez le nouveau visage de l’Assemblée ainsi que les députés de Vaucluse et des départements alentours

Le second tour des élections législatives anticipées en France a accouché, dimanche 7 juillet 2024, d’un hémicycle sans majorité absolue et dominé par trois principaux blocs politiques (voir infographie en illustration principale ci-dessus). Avec 180 sièges, la coalition de gauche du Nouveau Front populaire a créé la surprise et devient la première force politique à l’Assemblée nationale. Elle devance le camp présidentiel (Ensemble), qui n’obtient que 163 députés élus, soit 82 de moins que les 245 élus il y a deux ans. En troisième position, le Rassemblement national et ses alliés LR ne remportent finalement que 143 sièges, selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur. Mais, avec plus de 30 % des suffrages exprimés au premier comme au second tour, le parti d’extrême droite continue de gagner du terrain et enregistre un gain de 54 sièges par rapport aux 89 remportés en 2022.

©DR

Avec 66,7 % des inscrits qui sont aller voter au premier tour et 66,6 % au second (contre respectivement 47,5 % et 46,2 % en 2022), il s’agit de la participation la plus élevée pour une élection législative depuis 1997. Concernant la représentation des femmes au parlement, la nouvelle Assemblée nationale compte 369 hommes et 208 femmes (36 %), soit un hémicycle moins féminisé que ceux issus des législatives de 2022 et 2017 (respectivement 37 % et 40 % de femmes).

Crédit : Le Trombinoscope
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Crédit : Le Trombinoscope

L’extrême droite gagne du terrain en Europe

Le Rassemblement national n’est arrivé qu’en troisième position à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives 2024, derrière le Nouveau Front populaire et la coalition présidentielle (Ensemble), mais cela ne doit pas occulter le fait que 32 % des électeurs français ayant participé au scrutin ont voté pour le parti d’extrême droite dirigé par Jordan Bardella, et que ce dernier représente le premier parti en nombre de voix à cette élection.

La montée de l’extrême droite semble ainsi se poursuivre en Europe, en témoigne les autres résultats de scrutins récents dans la région. La carte ci-dessous donne un tour d’horizon du score obtenu par une sélection de partis européens classés à l’extrême droite de l’échiquier politique lors de la dernière élection législative, en pourcentage des suffrages exprimés. Ces formations politiques présentent bien sûr des différences, mais peuvent être rapprochées sur le plan idéologique pour, entre autres, leur nationalisme, leur conservatisme social et leur rejet de l’immigration.

Outre-Manche, le parti Reform UK (anciennement Parti du Brexit), dirigé par Nigel Farage, a recueilli 14 % des voix lors des élections générales britanniques du 4 juillet 2024 (obtenant 4 sièges). Il s’agit de la première fois que ce parti europhobe et anti-immigration est représenté au Parlement du Royaume-Uni. En mars dernier, à l’issue des élections législatives anticipées au Portugal, le parti d’extrême droite Chega est devenue la troisième force politique du pays, en recueillant pas moins de 18 % des voix, quadruplant ainsi son nombre de députés au Parlement (de 12 à 48).

Un peu plus tôt, fin 2023, le parti d’extrême droite PVV (Parti de la Liberté), mené par Geert Wilders, est arrivé en tête des élections législatives aux Pays-Bas, obtenant 24 % des suffrages. En Pologne, la coalition centriste pro-européenne de Donald Tusk a récemment battu les nationalistes-conservateurs du PiS, qui étaient au pouvoir depuis huit ans. Mais avec 35 % des voix, le PiS restait une force politique soutenue dans le pays. En Hongrie, le Fidesz de Viktor Orbán est au pouvoir depuis plus de dix ans déjà. Il remporté une victoire écrasante aux dernières législatives de 2022 (54 % des suffrages) et forme actuellement une coalition gouvernementale avec le parti chrétien-démocrate NKDP.

Les prochaines élections législatives en Europe auront lieu le 29 septembre 2024 en Autriche, où l’extrême droite (FPÖ) avait obtenue 16 % des voix en 2019.

De Tristan Gaudiaut pour Statistahttps://fr.statista.com/


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Le rapport des jeunes à la politique évolue avec les réseaux sociaux, notamment avec Tiktok dont près de 40% des utilisateurs ont entre 18 et 24 ans. Nous avons interrogé une quarantaine de jeunes vauclusiens sur les élections à travers leur pratique des réseaux sociaux alors que les ados de Paca apparaissent comme les champions du civisme (voir en toute fin d’article).

Ces plateformes sont un outil de communication considérable à l’usage des campagnes électorales. Les hommes et femmes politiques se présentent sous un nouvel angle et font passer leurs idées à travers des vidéos courtes, des messages sur X, des posts et des stories sur Instagram et Facebook. C’est par ce mode de communication que les jeunes eux aussi réagissent.

Campagne numérique
Pour les législatives de 2024, le temps alloué à la campagne ayant été très limité, les réseaux sociaux se sont révélés être le moyen le plus efficace et rapide pour diffuser les programmes et convaincre les citoyens d’aller voter.
Les réseaux sociaux, véritables armes de communication auprès du public, ont un impact croissant sur les élections et la participation électorale. Les discours politiques y voient une opportunité de partage des idées concises et personnalisées. En s’appropriant ces espaces numériques, ils vont à la rencontre de leurs cibles comme les jeunes, élargissant leur influence.

Pourquoi sont-ils présents sur Tik Tok ?
Utiliser Tiktok, c’est s’assurer une bonne visibilité et proposer des contenus courts et dynamiques. Le nombre mensuel d’utilisateurs actifs sur Tiktok en France est de près de 15 millions contre 4 millions en 2019. Depuis sa création en 2016, ce réseau social chinois a connu une croissance fulgurante et sa capacité d’influence et de captation de l’attention est souvent considérée comme dangereuse.

© Sarah Ripert

En réalité, les réseaux sociaux sont aussi des liens, des communautés qui se rassemblent sans frontières géographiques facilitant la propagation de leurs idées. Cela fonctionne de la même manière avec la viralité de la communication politique.
Se filmer dans les isoloirs en train de voter, faire des montages vidéos sur leur candidat préféré ou tenir des discours concernant la politique est devenu le quotidien des jeunes, sur les plateformes, en période électorale.

Le monde de l’influence
Et on le voit, en 2024, après la victoire du Rassemblement National aux élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, un véritable mouvement a pris de l’ampleur sur Tiktok, Instagram et X, en plus des manifestations physiques ou les personnes invitent à faire barrage à l’extrême droite.
Les influenceurs, les youtubeurs se joignent au mouvement, Squeezie et ses 8.8 millions d’abonnés a posté une lettre ouverte sur son compte Instagram dédiée aux jeunes et incitant à faire barrage à l’extrême droite. Ce post a fait près de 2 millions de ‘likes’ et des centaines de milliers de commentaires, le message du youtubeur n’est pas passé inaperçu puisqu’il a été relayé par de nombreuses autres personnalités publiques. Jordan Bardella a réagi à l’initiative de Squeezie en postant à son tour une lettre ouverte.
Il y a cependant une réelle effervescence des jeunes sur les plateformes qui produisent en masse du contenu liés aux élections. Ce qui devient de plus en plus commun, ce sont les édits (des clips avec des transitions sur une musique) pour mettre en avant un parti politique ou une personne en particulier.

La proximité des plateformes sociales
Les réseaux sociaux, c’est aussi un rapport entre électeurs et politiques qui changent, avec plus de proximité. Gabriel Attal publie sur son compte Tiktok des questions réponses où il prend les questions les plus likées et y répond en vidéo, il est aussi présent sur Bereal, application de partage de photos en direct.
Les politiques apportent un côté plus humain et proche des autres, se mettant au même niveau que les personnes visionnant leurs vidéos. C’est par ce moyen de communication qu’ils tentent d’augmenter leur capital sympathie. Communiquer à travers un écran, c’est ne pas se soumettre aux journalistes et à une analyse critique, c’est communiquer plus simplement sans réel échange derrière.
Ce qui est aussi impressionnant, c’est le nombre de personnes suivant les politiques sur les réseaux sociaux.

Influence néfaste des réseaux sociaux
De plus, nombreux sont les jeunes sous les commentaires d’une vidéo confirmant avoir voté pour une personne, en raison de sa bonne image sur les réseaux sociaux, de la qualité du contenu, de l’humour des vidéos postées, etc.
Le Rassemblement national est le parti politique le plus présent sur les réseaux sociaux, majoritairement porté par Jordan Bardella sur Tiktok, par des montages vidéos les individus mettent en lumière ce parti et il en est de même pour les autres partis politiques présents sur les plateformes. Les idées du RN ont été fortement médiatisées pendant les élections européennes.
Cependant, il n’y a pas réellement de chiffres prouvant que les réseaux sociaux ont un lien de corrélation avec les votes. Le vote étant plurifactoriel, il est impossible d’affirmer que l’influence d’une personnalité politique sur les réseaux sociaux a une incidence sur le nombre de votes qu’il recevra.

Une quarantaine d’étudiants témoignent
Selon une enquête* par formulaire menée sur 40 étudiants d’Avignon, la majorité exprime qu’en effet selon eux, les réseaux sociaux peuvent avoir un impact croissant sur les élections et sur la politique en général.
« Oui, les réseaux ont un impact sur les générations ou les jeunes votants non éclairés ni renseignés politiquement. explique l’un des étudiants. Les réseaux sociaux permettent de mettre en avant des candidats que les jeunes pourraient uniquement choisir selon leur popularité ou l’image qu’ils renvoient contrairement à la réalité et au fondement des idées du parti qu’ils représentent. »

Par ailleurs, plus de 56% des enquêtés affirment connaître une personne de leur entourage ayant voté pour un candidat uniquement par le biais de ce qu’elle avait vu sur les réseaux sociaux. Parmi les 40 étudiants, 52,25% d’entre eux estiment avoir été impactés par les réseaux sociaux pour ces élections, 65% ont découvert les programmes sur ces mêmes réseaux.
« Je pense que les réseaux sociaux sont des supports à bien maîtriser pour en tirer de bonnes idées, précise un autre étudiant. Selon moi, il est donc très important de s’informer via d’autres supports en plus des réseaux (radio, presse écrite, tv…). Les réseaux sociaux favorisent aussi la diffusion de fake news, qui peuvent davantage nuire aux élections et avoir une influence dévastatrice sur leurs résultats. »
Une présence sur les médias sociaux peut en effet provoquer des votes à l’aveugle, les personnes se basant uniquement sur le paraître du politique et ne lisant pas les programmes. C’est l’un des dangers principaux de plus en présent lors des futures élections.

Sarah Ripert

Les ados de Paca champions du civisme
Selon une étude de Pixpay, 88% des adolescents de la Région Sud iraient voter s’ils étaient en âge de le faire. Les jeunes de Paca se placent en 2e position des régions françaises en termes de civisme après celle des Pays de la Loire (89%). Arrivent ensuite Île-de-France (87%), Le Grand Est (86%) ainsi qu’Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, ex-aequo avec 85%. Bon, dernier la Corse (74%) ferme la marche.
L’étude nationale, menée auprès de 4 000 adolescents, montre qu’environ 50% des jeunes déclarent un intérêt pour la politique. À l’âge de 10 ans, 24% se disent intéressés, contre près de 60% à 17 ans. De plus, 59% expriment des inquiétudes concernant les résultats des élections législatives à venir. Plus d’un adolescent sur quatre se dit très inquiet, avec une corrélation entre l’âge et le niveau d’inquiétude. Parmi ces jeunes, 85% affirment qu’ils voteraient au second tour s’ils en avaient la possibilité, un pourcentage qui atteint 90% chez les 16 ans et plus, pour qui le droit de vote est un sujet souvent discuté dans le débat politique.

*Enquête réalisée par Sarah Ripert étudiante en 3e année d’Infocom au sein d’Avignon université.


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Trois semaines après la dissolution de l’Assemblée nationale, déclenchée par Emmanuel Macron suite au score historique du Rassemblement National (RN) aux élections européennes (31 % des voix), le parti d’extrême droite présidé par Jordan Bardella (et ses alliés issus de LR) est arrivé en tête du premier tour des élections législatives anticipées, avec 33 % des votes, selon les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur. L’alliance des principaux partis de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), recueille 28 % des suffrages exprimés, devant le camp présidentiel (Ensemble), qui arrive troisième avec 20 %.

Alors qu’un électeur sur trois a voté pour un candidat RN (ou allié), soit presque le double du précédent record des législatives 2022 (18,7 % au premier tour), une enquête Ipsos réalisée juste avant le scrutin montre comment l’électorat RN s’est « diversifié et élargi ». Qui a voté quoi au premier tour des législatives 2024 ?

Comme le révèlent les données reprises dans notre infographie, les ouvriers ont largement plébiscité le RN et ses alliés (57 %), et ces derniers obtiennent également un score important chez les employés (44 %). La formation politique d’extrême droite a gagné un grand nombre de voix chez les retraités, chez qui elle arrive en tête (31 %), bien que de peu devant la majorité présidentielle (29 %), et chez les jeunes. Ainsi, si près d’un jeune âgé de 18 à 24 ans sur deux (48 %) a voté pour le NFP, le RN et ses alliés récoltent un tiers des voix (33 %) dans cette tranche d’âge, contre 9 % pour Ensemble. Outre chez les jeunes, le NFP est également arrivé en tête chez les cadres (34 %) et les professions intermédiaires (35 %). Parmi les catégories sociales étudiées, c’est chez les cadres que le RN recueille son score le moins élevé (21 %) ; pour le NFP il s’agit des retraités (20 %) et pour Ensemble des ouvriers (7 %).

Législatives : l’extrême droite aux portes du pouvoir

Par ailleurs, comme le laissaient présager les derniers sondages, avec 33 % des suffrages exprimés (10 628 330 voix sur 32 060 561) au premier tour des législatives anticipées de 2024, le Rassemblement national (RN) et ses alliés, a réalisé la meilleure performance de son histoire au premier tour d’une élection. Par rapport au premier tour des législatives 2022 (4 248 626 voix sur 22 745 498), le parti d’extrême droite a plus que doublé son nombre de votes récoltés. Le premier tour de ce scrutin a également enregistré le taux de participation le plus élevé depuis les élections législatives de 1997, soit 66,7 %, contre 47,5 % au premier tour en 2022.

Basée sur les résultats définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur, l’infographie ci-dessous donne un aperçu de l’évolution du score des principales forces politiques du pays entre le premier tour des législatives 2022 et 2024. Les données sont exprimées en pourcentage des inscrits sur les listes électorales et rendent compte, entre autres, du poids de l’abstention sur les scrutins.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


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Marie-France Lorho (RN) frôle les 50% afin d’être élue dès le 1er tour. Pour le second tour, Monia Galvez (Nouveau Front Populaire) partira de loin (19,64%) pour lui ravir son siège. Derrière, personne ne peut se maintenir.

4e circonscription de Vaucluse :
Marie-France Lorho, remplaçant Philippe de Beauregard (RN) : 49,89%
Monia Galvez, remplaçant Alain Viseux (Nouveau Front Populaire) : 19,64%
Lise Chauvot, remplaçant Marc Hoffmann (Renaissance) : 17,27%
David Marseille, remplaçante Nadine-Renée Jullian (LR) : 4,44%
Marie-Claude Bompard, remplaçant Xavier Marquot (Reconquête) : 3,51%
Bruno Coulon, remplaçant Thomas Faure (UDI) : 3,13%
Anne-Marie Hautant, remplaçant Pascal Recotillet (Région et peuples solidaires) : 1,20%
Nicolas Petillot, remplaçant Olivier Bellot (LO) : 0,92%

Les communes de la 4e circonscription du Vaucluse
Beaumes-de-Venise, Beaumont-du-Ventoux, Bollène, Brantes, Buisson, Caderousse, Cairanne, Camaret-sur-Aigues, Châteauneuf-du-Pape, Crestet, Entrechaux, Faucon, Gigondas, Grillon, Jonquières, La Roque-Alric, Lafare, Lagarde-Paréol, Lamotte-du-Rhône, Lapalud, Le Barroux, Malaucène, Mondragon, Mornas, Orange, Piolenc, Puyméras, Rasteau, Richerenches, Roaix, Sablet, Saint-Léger-du-Ventoux, Saint-Marcellin-lès-Vaison, Saint-Romain-en-Viennois, Saint-Roman-de-Malegarde, Sainte-Cécile-les-Vignes, Savoillan, Séguret, Sérignan-du-Comtat, Suzette, Travaillan, Uchaux, Vacqueyras, Vaison-la-Romaine, Valréas, Villedieu, Violès, Visan.

4e circonscription de Vaucluse

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Alors que les élections législatives se dérouleront les dimanches 30 juin et 7 juillet prochains, c’est entre la gauche et le RN que devrait se jouer la 1re circonscription de Vaucluse. Le choix par les appareils nationaux d’un candidat ‘parachuté’ pour mener la liste du nouveau Front populaire semble cependant loin de faire l’unanimité au sein des différents courants de gauches locaux qui craignent, qu’après l’erreur de casting de 2022, ce choix très controversé ne débouche, cette fois-ci, sur un ‘accident industriel’ en offrant le grand chelem au parti de Marine Le Pen dans toutes les circonscriptions du département.

« Nous avons souhaité que notre candidat à ces prochaines législatives connaisse le territoire et ses attentes. C’était un impératif », insiste Lucien Stanzione, sénateur socialiste de Vaucluse, afin d’évoquer le profil des postulants à la députation dans la 1re circonscription du département lors des élections des 30 juin et 7 juillet prochains.
Rappelons qu’auparavant, l’annonce du parachutage d’un candidat LFI (La France insoumise) lyonnais pour briguer ce siège de député pour Avignon, Le Pontet et Morières-lès-Avignon avait fait l’effet d’un véritable électrochoc au sein de la gauche avignonnaise.

Gauche de rupture
Il faut dire qu’avec Raphaël Arnault, ce choix imposé par les états-majors parisiens suscite de vives réactions. Co-fondateur en 2018 à Lyon de l’organisation antifasciste La Jeune garde, dont il a été aussi pendant longtemps le porte-parole, le militant d’extrême gauche de 29 ans, prône « une gauche de rupture ». Un activisme qui lui aura notamment valu d’être agressé en 2021 à la gare de Lyon à Paris par plusieurs militants des ‘Zouaves Paris’, groupuscule d’ultradroite dissout en 2022.
Pour ses détracteurs, le parcours de Raphaël Arnault suscite surtout des inquiétudes. De quoi d’ailleurs s’attirer les foudres des médias du groupe de Vincent Bolloré. Fiché S pour des faits de violences selon Europe 1 notamment, cet assistant d’éducation aurait eu aussi maille à partir avec la militante ‘féministe identitaire’ Alice Cordier, qui a déposé une main courante contre ce dernier pour avoir proféré de menaces de mort à son encontre. Jamais condamné, Raphaël Arnault a aussi été entendu tout récemment par la police nationale pour apologie du terrorisme suite aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. Une convocation « contre ceux qui défendent ardemment les droits des palestiniens » dénoncée par la Jeune garde.

Raphaël Arnault, co-fondateur à Lyon du mouvement anti-fasciste la Jeune garde,  et sa suppléante Mathilde Millat, militante du NPA sur Lyon également.

Candidat ‘antifa’ contre candidate ‘antifada’
Du pain béni pour Catherine Jaouen, députée RN sortante qui n’en demandait pas tant alors que son parti venait déjà de virer en tête sur Avignon lors des dernières européennes avec 28,67%, suivi par LFI (22,10%) et Raphaël Glucksmann (10,97%). La suppléante de Joris Hébrard – ce dernier ayant été élu à l’Assemblée en 2022 avant de lui céder sa place l’an dernier pour retrouver son fauteuil de maire du Pontet – voyait là l’occasion de jouer la carte de la modération en communiquant, sitôt l’investiture nationale de Raphaël Arnault connue, sur le fait que « la violence politique n’a pas sa place en Avignon. »
Une ‘victimisation’ qui permettait dans la foulée à l’élue vauclusienne de lancer un appel au rassemblement de « tous les partis de l’arc républicain et démocrate afin de dénoncer cette candidature et à se mobiliser pour faire barrage à l’extrémisme politique des LFI. »
La recette semble fonctionner à merveille. ‘L’épouvantail’ Raphaël Arnault mobilisant à 200% les sympathisants RN et finissant de convaincre une partie des électeurs de la droite républicaine locale de rejoindre le camp des pro-Bardella. Pire encore, l’effet repoussoir est tel que même certains militants de gauche excédés se déclaraient anonymement prêt à franchir le Rubicon du vote en faveur du parti de Marine Le Pen. Et les proches de la députée RN de jouer la carte d’une proximité pagnolesque par opposition à ce parachutage au parfum des Gones : « C’est peut-être le candidat antifa, mais nous c’est la candidate antifada. »

Réaction d’urgence
Ces retours du terrain de l’électorat vauclusiens seront tels qu’il ne faudra pas plus de 48 heures pour que les élus de gauche locaux prennent conscience des risques que fait peser cette candidature sur les résultats de la 1re circonscription de Vaucluse.
« L’électorat de gauche ne se reconnaît pas dans cette candidature aussi clivante prônant la violence dans la lutte contre l’extrême-droite, explique Cécile Helle, maire d’Avignon. Ce parachutage, c’est irrespectueux ! Il était donc inenvisageable que j’apporte mon soutien à une candidature qui est à l’inverse des valeurs que je défends. »
Même constat pour le sénateur Stanzione pour qui ce candidat « développe des idées qui ne correspondent pas à la vision et les attentes de notre territoire ».
Au final, dans sa très grande majorité, la gauche local a donc décidé de ne pas se soumettre aux insoumis tout en annonçant dans la foulée son soutien à une candidature alternative.

La candidature Philippe Pascal
C’est donc Philippe Pascal, un ancien LFI aujourd’hui militant au sein de la Gauche démocratique et sociale (GDS), qui partira à la conquête de cette 1re circonscription. Suppléé par Annie Rosenblatt, élue au conseil municipal d’Avignon sous l’étiquette Les écologistes-EELV, c’est ensemble qu’ils porteront les couleurs du ‘Front populaire de Vaucluse’.
Si elle est considérée comme dissidente par LFI, cette démarche est toutefois soutenue au niveau départemental par le parti socialiste, les Ecologistes, GDS, Génération.s et Place publique dont les logos apparaissent sur les tracts officiels de ce Front Populaire ‘made in Vaucluse’. Le PCF 84 ainsi que le PRG 84 ont aussi depuis annoncé leur ralliement.

« D’inspecteur voyou, je suis passé à Robins des bois de l’Urssaf. »

Philippe Pascal

Face au profil antifa de Raphaël Arnault, Philippe Pascal présente un parcours qui a également tout pour séduire les ‘purs’ du peuple de gauche. Âgé de 67 ans, ce natif de la Croix des Oiseaux, habitant aujourd’hui aux Rotondes, est un ancien inspecteur de l’Urssaf. A ce titre, c’est lui qui, missionné en 2010 par le Codaf (Comité opérationnel départemental anti-fraude), contrôlera le restaurant les Agassins au Pontet. Une affaire qui débouchera ensuite sur une très longue procédure qui l’opposera à François Mariani, propriétaire des lieux et alors aussi président de la CCI de Vaucluse. « J’ai gagné 3 procès contre lui et d’inspecteur voyou je suis passé à Robins des bois de l’Urssaf. »

Engagement humanitaire de longue date à Gaza
Militant au MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) dès 1974, ce diplômé des sapeurs-pompiers est aussi un infatigable humanitaire. Présent au Niger, il a également fait partie de la première mission mondiale qui est entrée dans Gaza en 2009, au lendemain du cesser le feu suite à l’opération militaire israélienne ‘Plomb Durci’. Président de l’association ‘Un pont pour la paix’ il retournera à Gaza « en passant par des tunnels » en 2011 puis en 2013. En février dernier, il tentera à nouveau vainement d’apporter son aide mais le passage vers Gaza sera finalement jugé trop dangereux. Il restera alors bloqué côté égyptien, à Port-Saïd, où il travaillera avec le Croissant Rouge ainsi que dans plusieurs hôpitaux du secteur.

« Côte à côte comme un symbole : un militant pro-palestinien et une militante juive contre l’extrême-droite. »

De son côté, sa suppléante rappelle aussi son engagement : « Dès que le RN dérape, je suis toujours en face que ce soit au conseil municipal ou au Grand Avignon où je suis aussi conseillère communautaire. »
« Je suis en phase avec les idées que défend Philippe Pascal, poursuit Annie Rosenblatt. J’apporte une touche écologiste en étant mobilisée sur des sujets comme la Zac d’Entraigues, l’aéroport, la LEO… mais surtout, nous sommes aux côtés des gens pour entendre leurs souffrances et leurs espoirs. »
« C’est important que nous nous trouvions côte à côte, insiste Philippe Pascal. Comme un symbole : un militant pro-palestinien et une militante juive contre l’extrême-droite. »
« Cette candidature, c’est une gauche de combat contre les inégalités », martèle Cécile Helle.

Règlement de compte chez les LFI ?
Avec un tel ADN ayant toutes les chances de fédérer les électeurs de gauche, on peut légitimement s’interroger sur les raisons qui ont empêché ce binôme d’obtenir l’investiture nationale du Front populaire.
« Quand j’étais chez LFI, j’ai eu des discussions musclées avec Manuel Bompard (ndlr : coordinateur national des Insoumis). Depuis, il ne me porte pas dans son cœur », avance Philippe Pascal pour expliquer ce court-circuitage. Il poursuit : « nous avions le soutien de nombreuses familles politiques de la gauche vauclusiennes, nous avions le soutien des élus locaux de gauche, nous avions le soutien de François Ruffin ou bien encore de Raphaël Glucksmann, mais ‘monsieur’ Bompard a choisi la candidature de la dissidence. Ce parachutage a été décidé pour que je ne sois pas élu. »

« Il y avait donc nécessité d’agir rapidement car nous prenions le risque de perdre alors que nous avons la légitimité du fruit de notre travail que nous réalisons à Avignon depuis 10 ans, justifie la maire de la cité des papes. Si nous ne l’avions pas fait, on nous l’aurait reproché. »
Seul hic, en arrivant en tête des partis de gauche à Avignon aux élections européennes, la direction nationale de LFI estime que c’est à elle seule de décider qui doit être partir sur Avignon. Quitte à investir Raphaël Arnault qui n’avait pas hésité à se lancer face à la Nupes dans la 2e circonscription du Rhône aux législatives de 2022 (6,81% au 1er tour). Une circonscription aujourd’hui conservée par les écologistes. C’est donc en Vaucluse que le jeune antifa lyonnais, qui a été auditionné à l’Assemblée nationale sous le nom de Raphaël Archenault dans le cadre d’un débat sur la lutte contre le terrorisme d’extrême droite, sera candidat avec sa suppléante Mathilde Millat, une militante du NPA de 26 ans travaillant dans le milieu associatif sur Lyon.

« Il y a déjà eu un candidat LFI. Il a échoué. »

Cécile Helle, maire d’Avignon

« Il y a déjà eu un candidat LFI. Il a échoué, rappelle Cécile Helle. Pourtant, quand on voit le profil de cette circonscription, nous devrions déjà avoir un député de gauche depuis 2022. »
La maire d’Avignon fait ainsi clairement référence aux précédentes législatives où le choix du candidat Insoumis Farid Faryssy (sous la bannière Nupes), un proche de Manuel Bompard, n’avait pas permis de mobiliser pleinement dans cette circonscription pourtant constituée d’un solide socle d’électeurs de gauche. Certains reprochant à l’avocat avignonnais d’être une ‘erreur de casting’ en ayant permis l’élection d’un député RN à 656 voix près.
Ne voulant pas renouveler cette erreur et ainsi éviter cette fois-ci ‘un accident industriel’ en permettant au RN de réaliser un potentiel grand chelem dans les 5 circonscriptions de Vaucluse, la quasi-totalité de la gauche vauclusienne semble déterminée à mener ce combat jusqu’à son terme.
« J’ai besoin d’avoir un député de gauche, persiste la maire d’Avignon. Un député de combat qui puisse accompagner, défendre et comprendre ce territoire. Et je sais de quoi je parle puisque j’ai été députée de cette circonscription. »

« On gagnera avec ou sans lui. »

Philippe Pascal, candidat du Front populaire Vaucluse

Place à une campagne éclair
« Nous irons jusqu’au bout, prévient dans la foulée Cécile Helle. On fera campagne, on se mobilisera. Toutes les voix vont compter. Le seul barrage au RN c’est Philippe Pascal et Annie Rosenblatt et cela dès le 30 juin. »
« Nous avons déjà fait barrage au RN. On sait faire et on a l’expérience des campagnes », assure David Fournier, adjoint au maire d’Avignon qui promet une mobilisation sans faille sur le terrain durant les quelques jours que durera cette courte campagne électorale.
« Soit on laissait faire et on avait la certitude d’aller à l’échec, soit on se donnait une chance de gagner alors que l’on en avait aucune », résume Eric Deshayes, adjoint au maire d’Avignon (membre exécutif de Génération.s) et directeur de campagne de Philippe Pascal et Annie Rosenblatt.
« On gagnera avec ou sans lui », prévient Philippe Pascal qui espère cependant encore que Raphaël Arnault jettera l’éponge d’ici l’élection. Une demande partagée par Fabien Roussel, secrétaire national du parti communiste français, qui aussi réclamé ce retrait.
« Il y a la lutte contre le RN, mais il y a surtout la lutte pour les Français », rappelle le sénateur Lucien Stanzione qui a peut-être compris que l’enjeu était davantage d’élire un député pour le Vaucluse que pour Rafah…


Retrouvez le nouveau visage de l’Assemblée ainsi que les députés de Vaucluse et des départements alentours

Retrouvez dans la carte interactive ci-dessous les 68 candidats vauclusiens aux prochaines élections législatives.



Composition communale de la 1re circonscription du Vaucluse
Avignon, Le Pontet, Morières-lès-Avignon.

Composition communale de la 2e circonscription du Vaucluse
Bonnieux, Buoux, Cabrières-d'Avignon, Cadenet, Caumont-sur-Durance, Cavaillon, Châteauneuf-de-Gadagne, Cheval-Blanc, Cucuron, Fontaine-de-Vaucluse, Jonquerettes, L'Isle-sur-la-Sorgue, Lacoste, Lagnes, Lauris, Le Thor, Lourmarin, Maubec, Ménerbes, Mérindol, Oppède, Puget, Puyvert, Robion, Saint-Saturnin-lès-Avignon, Saumane-de-Vaucluse, Sivergues, Taillades, Vaugines, Villelaure.

Composition communale de la 3e circonscription du Vaucluse
Althen-des-Paluds, Bédarrides, Carpentras (partie de commune), Courthézon, Entraigues-sur-la-Sorgue, La Roque-sur-Pernes, Le Beaucet, Mazan, Monteux, Pernes-les-Fontaines, Saint-Didier, Sorgues, Vedène, Velleron, Venasque.

Composition communale de la 4e circonscription du Vaucluse
Beaumes-de-Venise, Beaumont-du-Ventoux, Bollène, Brantes, Buisson, Caderousse, Cairanne, Camaret-sur-Aigues, Châteauneuf-du-Pape, Crestet, Entrechaux, Faucon, Gigondas, Grillon, Jonquières, La Roque-Alric, Lafare, Lagarde-Paréol, Lamotte-du-Rhône, Lapalud, Le Barroux, Malaucène, Mondragon, Mornas, Orange, Piolenc, Puyméras, Rasteau, Richerenches, Roaix, Sablet, Saint-Léger-du-Ventoux, Saint-Marcellin-lès-Vaison, Saint-Romain-en-Viennois, Saint-Roman-de-Malegarde, Sainte-Cécile-les-Vignes, Savoillan, Séguret, Sérignan-du-Comtat, Suzette, Travaillan, Uchaux, Vacqueyras, Vaison-la-Romaine, Valréas, Villedieu, Violès, Visan.

Composition communale de la 5e circonscription du Vaucluse
Ansouis, Apt, Aubignan, Aurel, Auribeau, Beaumettes, Beaumont-de-Pertuis, Bédoin, Blauvac, Cabrières-d'Aigues, Caromb, Carpentras (partie de commune), Caseneuve, Castellet-en-Luberon, Crillon-le-Brave, Flassan, Gargas, Gignac, Gordes, Goult, Grambois, Joucas, La Bastide-des-Jourdans, La Bastidonne, La Motte-d'Aigues, La Tour-d'Aigues, Lagarde-d'Apt, Lioux, Loriol-du-Comtat, Malemort-du-Comtat, Méthamis, Mirabeau, Modène, Monieux, Mormoiron, Murs, Pertuis, Peypin-d'Aigues, Roussillon, Rustrel, Saignon, Saint-Christol, Saint-Hippolyte-le-Graveyron, Saint-Martin-de-Castillon, Saint-Martin-de-la-Brasque, Saint-Pantaléon, Saint-Pierre-de-Vassols, Saint-Saturnin-lès-Apt, Saint-Trinit, Sannes, Sarrians, Sault, Viens, Villars, Villes-sur-Auzon, Vitrolles-en-Lubéron.


Retrouvez le nouveau visage de l’Assemblée ainsi que les députés de Vaucluse et des départements alentours

Plébiscités par les jeunes adultes, les réseaux sociaux tels que TikTok et Instagram sont devenus des outils de communication essentiels pour les personnalités politiques, suscitant des questions sur le rôle qu’ils ont pu avoir dans l’issue des dernières élections européennes. Après l’annonce des résultats dimanche 9 juin, la tête de liste des Écologistes, Marie Toussaint, a notamment reconnu qu’elle avait « sous-estimé la force de TikTok », semblant viser implicitement la campagne menée par Jordan Bardella sur la plateforme de partage de vidéos, où il est devenu la troisième personnalité politique française la plus suivie, derrière Emmanuel Macron (4,5 millions d’abonnés) et Jean-Luc Mélenchon (2,4 millions).

Comme le confirme une analyse en date du 14 juin, TikTok apparait comme le terrain de jeu privilégié des personnalités et partis d’extrême droite. À l’exception de Jean Lassalle (Alliance rurale) et ses 476 000 abonnés, les deux têtes de liste aux dernières élections européennes comptant le plus d’abonnés sur l’application chinoise de partage de vidéos sont Jordan Bardella (1,6 millions d’abonnés) et Marion Maréchal (179 000 abonnés). Même Florian Philippot (non sélectionné dans notre graphique), faisait mieux que des personnalités engagées auprès de partis majeurs, avec 154 000 abonnés sur TikTok, contre 137 000 pour Manon Aubry (LFI), 17 000 pour François-Xavier Bellamy (LR) ou encore 9 000 pour Marie Toussaint (Écologistes).

Quant à Raphaël Glucksmann, il a décidé de quitter TikTok (sur lequel il avait 60 000 abonnés) en début d’année, estimant que le réseau social chinois contribuait aux ingérences étrangères dans l’Union européenne. La tête de liste PS-Place Publique s’appuie principalement sur Instagram pour sa communication sur les réseaux sociaux, où il dispose d’une base de 765 000 abonnés.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


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Après la dissolution surprise de l’Assemblée, se dirige-t-on vers un grand chelem RN/Reconquête aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains en Vaucluse ? Pas si sûr, car si la 5e circonscription est prenable, rien n’est jouée dans celle d’Avignon.

Débâcle, déconfiture, déroute, débandade, désastre, désaveu, déculottée, défaite, les synonymes ne manquent pas pour définir la Bérézina du parti présidentiel aux Européennes.
La fusée Bardella bénéficie ainsi de 30 élus RN à Bruxelles pendant que la candidate macronienne Valérie Hayet en a 13, tout comme le candidat PS Raphaël Glucksmann, LFI avec Manon Aubry 9, le LR François-Xavier Bellamy 6, Marion Maréchal avec Reconquête 5, tout comme l’écologiste Marie Toussaint. En plus, le seul député macroniste de Vaucluse Jean-François Lovisolo, ancien secrétaire de la Fédération PS du département, annonce qu’il passe son tour pour se recentrer sur les prochaines municipales à La Tour d’Aigues.

Après l’annonce des résultats des élections européennes , le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette dissolution, prévue par l’article 12 de la Constitution, met fin de manière anticipée au mandat des députés de l’Assemblée. Les élections législatives, qui devaient avoir lieu en 2027, auront ainsi lieu le 30 juin et 7 juillet. Comme le détaille cette infographie, basée sur les données de Légifrance, c’est la 6e fois qu’un président prend la décision de dissoudre l’Assemblée nationale sous la Ve République. ©Valentine Fourreau-Statista

Coup de poker ou coup de folie ?
Emmanuel Macron qui répète à l’envi « C’est moi ou le chaos », qui a encore déclaré le 16 mai dans un entretien exclusif à l’Express : « On garde notre cap, notre stratégie est la bonne », le ‘Mozart de la finance’ qui affiche 3100Mds€ de dette pour un déficit public de 5,5% du PIB subit donc une déconvenue magistrale.
Et dans un geste désespéré, il renverse la table, décide ‘tout à trac’ de dissoudre. Pari dangereux? Coup de poker ? Quitte ou double ? Saut dans l’inconnu ? Suicide collectif ? Coup de génie politique ? L’avenir le dira.
Depuis des décennies en Vaucluse, l’ancrage du Rassemblement National de Marine Le Pen, après celui du Front national de Jean-Marie Le Pen, se consolide à chaque scrutin, il creuse son sillon, conforte son socle. En plus, il bénéficie d’une publicité plein feux avec un président qui installe le match depuis qu’il est élu, faisant de lui son principal opposant en surjouant la dramatisation. Cette fois, le piège qu’il a tendu aux lepénistes se referme sur lui.

Le RN creuse inexorablement son sillon
Hervé de Lépinau, député RN salue se félicite de cette « motion de censure en grandeur réelle des électeurs ». Et il ne mâche pas ses mots, « Le président Macron n’aime ni la France, ni les Français. Il gouverne à coups de 49-3 à l’assemblée et méprise les parlementaires, il joue les va-t-en guerre en Ukraine, sa politique est un échec sur toute la ligne. Il fracture la société, met ses concitoyens en difficulté, que ce soient les agriculteurs qui croulent sous les normes et ne vivent pas décemment de leur travail, que ce soient les ménages qui vont encore subir une hausse de 11% du gaz dès le 1er juillet en plus de l’inflation galopante depuis des mois. » Evidemment, Hervé de Lépinau va se représenter aux législatives à Carpentras, après une campagne-éclair, les 30 juin et 7 juillet prochains « Une nouvelle génération, plus jeune, va régénérer le Palais Bourbon, mener une autre politique pour améliorer la vie des Français » conclut-il.

Du côté de Reconquête, Yann Bompard, le maire d’Orange qui était sur la liste de Marion Maréchal, salue cette percée sur la droite de l’échiquier. « Avec mon père (ancien maire, conseiller régional et député d’Orange et ma mère (ancienne maire et conseillère départementale de Bollène), nous appelons à l’union des droites depuis des décennies, tant mieux si Marion tend la main au RN, ensemble on sera plus fort ».

« Une campagne-éclair de 3 semaines, c’est bien trop court ! »

Julien Aubert

Julien Aubert qui n’avait pas pu briguer un 3e mandat LR en 2022, éliminé dès le 1er tour, ne cache pas sa colère, lui qui était dans la même promotion qu’Emmanuel Macron à l’ENA : « Avec cette dissolution, Il confie les clés du camion au RN pour qu’il échoue, c’est dangereux. Une campagne-éclair de 3 semaines, c’est bien trop court, il se moque des Français. En 2017, en même temps, il avait tué en même temps la gauche et la droite. Là, il crée une confusion extrême et joue les pompiers pyromanes ».

De son côté, Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental de Vaucluse rappelle qu’elle n’entend pas céder aux chants des sirènes : « Je suis issue d’une famille gaulliste. Du RPR jusqu’aux Républicains, j’ai toujours appartenu à cette même famille : une droite indépendante et singulière. Certains aujourd’hui sont tentés de suivre le RN, je ne les suivrai pas. Certains, hier, ont rejoint Emmanuel Macron, je ne les ai pas ralliés et ne les rallierai pas. Et, pour les élections législatives à venir, je réaffirme haut et fort que Les Républicains doivent partir sous leurs propres couleurs et rester indépendants, tant du Rassemblement national que de la Majorité présidentielle. Et si, demain, Les Républicains devaient disparaître, je serai une élue vauclusienne divers droite, tout aussi indépendante et ferme sur ses convictions. »

Le PPE (Parti populaire européen), dans lequel siègent notamment les élus LR français, conserve la majorité lors de ces élections européennes. Un scrutin marqué par une importante poussée de l’extrême droite : le groupe Conservateurs et réformistes, ainsi que le groupe Identité et démocratie. Pour sa part, la majorité présidentielle française siège au sein du groupe centriste Renew. © Valentine Fourreau-Statista

Une gauche unie comme seule alternative ?
A gauche, le sénateur PS Lucien Stanzione minimise le succès du RN puisque l’abstention est de 45,88%, donc grosso modo, selon lui, un vauclusien sur deux n’a pas voté. Et il affirme que la gauche unie est la seule alternative possible contre la montée de l’extrême droite, « Il nous faut un Front Populaire fort pour la contrer ».

« Un président ne devrait pas jouer à la roulette russe quand le canon tonne aux portes de l’Europe » a ironisé un observateur du landerneau politique. Le RN avait déjà raflé 4 circonscriptions sur 5 en Vaucluse en 2022 avec Joris Hébrard (remplacé depuis par sa suppléante Catherine Jaouen), Bénédicte Auzanot, Marie-France Lorho, et Hervé de Lépinau. Là, avec la main que leur tend Marion Maréchal de Reconquête pour une union des droites, au soir du 7 juillet ils pourraient ensemble faire le grand chelem si la gauche ne se ressaisit pas. « Arrêtons les conneries, jouons collectifs » a vertement conseillé le LFI François Ruffin aux socialistes, communistes et écologistes.

Un appel entendu par Cécile Helle, maire d’Avignon qui souhaite « reconquérir une circonscription qui n’aurait jamais dû échapper au camp des républicains en 2022 ».
« Les élections européennes qui se sont déroulées hier ont placé à Avignon, comme quasiment partout en France, le RN en tête des suffrages, s’inquiète-t-elle. Toutefois, j’ai la satisfaction de constater qu’une nouvelle fois, Avignon la Républicaine est la plus résistante des villes de la région face aux populismes puisque le résultat de la liste du RN est inférieur de 5 points aux résultats nationaux. »

Composition du nouveau Parlement européen. © Valentine Fourreau-Statista

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La décision de la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président de la République, le soir même des élections européennes a fait totalement basculer ces dernières dans le champ de la politique intérieure. On est loin des grands enjeux de l’Union Européenne. Ces élections sont ainsi devenues malgré elles un outil d’une « clarification » de notre échiquier politique national.

« Un échec sanglant pour la majorité présidentielle, un danger pour la démocratie, une chance unique pour l’union de la gauche, une nécessité pour la droite de clarifier son positionnement, l’urgence d’un sursaut républicain, un coup de poker pour Emmanuel Macron »… qu’avons-nous pas entendu au soir des élections européennes le 9 juin ? Mais où est l’Europe dans ce grand déballage ? Que sont devenus les grands chantiers de l’Union Européenne comme la sécurité, la souveraineté, la réindustrialisation ou la transition énergétique ?

Cette élection a pris la forme d’un exutoire de nos tensions politiques et de nos disfonctionnements démocratiques. Pour ne pas dire celle d’un referendum pour ou contre le Président de la République. Le besoin de « clarification politique » était au fond tellement important et les occasions pour les français de s’exprimer si peu nombreuses que ces élections ont été un moyen unique de prendre la parole et d’envoyer des messages. Et avec force. Jamais, depuis 30 ans, des élections européennes n’avaient autant mobilisé les électeurs français (51,83 % de participation). Et rarement une majorité présentielle n’avait reçu un tel désaveu (85,4 % des suffrages ont voté contre elle). Dans ces conditions, le Président de la République n’avait au fond pas d’autre choix que de dissoudre l’Assemblée Nationale.

Le pari est risqué pour lui, et c’est son affaire. Mais c’est surtout l’occasion pour une majorité de français de renverser la table, eux aussi. Les européennes auront peut être au moins servi à cela, et c’est déjà beaucoup.

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