22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Une Légion d’honneur au pied du sapin

Sur proposition du ministère de l’agriculture et de l’alimentation Georgia Lambertin, présidente de la chambre d’agriculture de Vaucluse depuis 2019, figure dans la dernière promotion civile de l’ordre national de la Légion d’honneur. Déjà chevalier de l’ordre national du mérite, l’ancienne présidente du lycée Louis-Giraud à Carpentras de 2004 à 2016, est ainsi désormais chevalier de la Légion d’honneur suite au décret du président de la République du 31 décembre 2021 paru au Journal officiel du 1er janvier 2022. Figurant parmi les premières agricultrices à avoir ouvert une ferme pédagogique, Georgia Lambertin a été la première Française à recevoir le prix de la créativité des femmes en milieu rural décerné par l’ONU (Organisation des Nations unies).

L’ancien patron du Sdis 84 ainsi que celui du Medef
Au total, 547 personnes apparaissent dans cette nouvelle promotion dont 453 chevaliers, 72 officiers, 16 commandeurs, 5 grands officiers et 1 grand’croix. Parmi eux, on retrouve notamment Jean-Yves Noisette, contrôleur général des sapeurs-pompiers professionnels, qui a été la tête du Sdis (Service départemental d’incendie et de secours) de Vaucluse pendant 14 ans jusqu’en 2019 avant de rejoindre Lyon en tant que chef de l’Etat-major interministériel de zone (Emiz) couvrant les 12 départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Vauclusien d’adoption depuis qu’il a repris le domaine du Château de Sannes où il produit du vin et de l’huile d’olive, Pierre Gattaz, ancien président du Medef, est aussi présent dans cette ‘promo’ 2022.

Les autres lauréats
Autres lauréats locaux ou régionaux : Bernard Beignier, recteur de l’académie d’Aix-Marseille et recteur de la région académique Provence-Alpes-Côte-d’Azur, l’ancien footballeur Jean Tigana, Samia Ghali, ancienne sénatrice des Bouches-du-Rhône, conseillère départementale et adjointe au maire de Marseille, Damien Alary, ancien vice-président du conseil régional d’Occitanie et ancien député du Gard ainsi que Joëlle Jeglot-Brun, avocate au barreau d’Alès et ancienne bâtonnière.
Plus controversé, Agnès Buzyn, ancienne ministre de la santé, et l’infectiologue Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique Covid-19, sont également de la partie.
Dans cette promotion, 30% des décorés appartiennent au secteur public, 29,4% au domaine économique, 15,6% œuvrent dans le domaine santé-social humanitaire, 10,4% sont impliqués dans l’enseignement et la recherche, 5,7% s’investissent dans le domaine de la culture et de la communication, 5% sont des élus et assimilés.
Fondée par Napoléon Bonaparte en 1802, la Légion d’honneur est la plus élevée des distinctions nationales françaises. Elle compte aujourd’hui 92 000 membres, récompensés pour leurs mérites au service de la nation.


Une Légion d’honneur au pied du sapin

Le big boss de Business Europe, association patronale européenne dont il est le président depuis mai 2018, mise sur un patronat uni « pour résister aux agressions populistes et nationalistes ». Mais rien ne se fera sans un redémarrage franc et assumé de l’activité. L’ancien président du Medef évoque également concrètement les conséquences de cette crise sanitaire sur l’activité de son domaine de Sannes comprenant notamment 30 ha de vignes et 400 oliviers.

Pour vous, de l’excellence économique découle le progrès social. Et environnemental…

« On doit toujours avoir les trois ‘P’ en tête, Prospérité économique, ‘People’ (Ndlr : au sens des personnes) et Planète. Garantir la sécurité des salariés reste fondamental, non négociable, rien n’est possible sans cette priorité absolue, mais il faudra sans doute inventer et apprendre d’autres façons de travailler. Pas question non plus de se remettre à polluer sans réfléchir à d’autres modèles, il faut aller vers l’imagination, la créativité, en cela la période que nous vivons est intéressante. Une des leçons de cette grande crise, c’est que nous avons beaucoup délocalisé, à marche forcée, par un environnement fiscal et social compliqué en France, on ne relocalisera que si cet environnement se normalise par rapport aux autres pays, et il faut pousser dans ce sens-là. Il y a aujourd’hui toute une réflexion en cours sur les filières stratégiques à conserver en France ou en Europe, la production médicamenteuse notamment, c’est plutôt sain. Côté planète, c’est un combat lui-aussi fondamental, la crise sanitaire s’est déjà transformée en crise économique, il ne faudrait pas la transformer en crise environnementale… »

Selon vous, serons-nous assez responsables ?

« Je crois dans un confinement aux effets vertueux, avec un retour aux vraies valeurs, au vrai sens de la vie, de la mort, aux choses essentielles, à un bonheur que l’on sait relatif. Il pourrait en ressortir une forme de sagesse collective, chefs d’entreprises compris, et d’ailleurs le monde économique a bien réagi, on a senti de la mobilisation, de la solidarité, dans les initiatives qui se sont mises en place. »

“L’Europe devient encore plus importante, c’est en mutualisant nos moyens qu’on y arrivera.“

Et l’Europe, est-elle toujours aussi solidaire ?

« L’Europe a plutôt bien réagi face à la crise, dès le début la commission a été à la hauteur dans le vote de ses budgets pour ajouter de la liquidité dans les rouages économiques. La réactivité est là, il faut continuer, il faut aujourd’hui trois principes de base, ce que nous demandons via Business Europe : que les entreprises aient du cash, que ce soit rapide et que ce soit simple. Il faut vraiment simplifier les procédures, aujourd’hui, des entreprises meurent du manque de cash. Il faut que les Etats-membres aident leurs entreprises, mais l’Europe aussi, elle qui n’y a pas accès directement, qui donne des directives, du financement via la BCE (Banque centrale européenne) ou le fonds d’investissement européen. Solidarité-responsabilité-action, c’est ce que nous poussons depuis deux mois. Solidarité entre petites et grandes entreprises, entre les Etats-membres, entre l’Europe et les Etats-membres, c’est l’union qui fait la force face à ce désastre, chaque pays, seul, ne peut rien. L’Europe devient encore plus importante, c’est en mutualisant nos moyens qu’on y arrivera. Avec une dose de responsabilité bien sûr par rapport à la santé des citoyens, des soignants, des salariés. Quant à l’action, il me semble que nous y sommes. »

Le rebond ?

« Il faut le préparer, dès aujourd’hui, toutes les entreprises ont bien compris l’importance de la gestion de crise pour compenser les pertes, par un confinement intelligent, pourquoi pas par des investissements quand c’est possible, les Chinois le font très bien en accélérant sur la 5G, via un plan massif de relance, il faut faire la même chose sur des filières stratégiques. Il faut profiter de cette crise mondiale pour améliorer l’Europe, mesurer nos faiblesses et nos atouts, et trouver les moyens d’accélérer les forces. Entre le nationalisme exacerbé d’un Trump et l’agressivité chinoise et son rêve d’hégémonie sans respecter les règles de la concurrence, il y a une vraie place pour l’Europe, pour reprendre son destin en main avec des stratégies industrielles et digitales fortes. Une sorte de renaissance… »

Propos recueillis par Isabelle Auzias, Tribune Côte d’Azur pour Réso Hebdo Eco

L’Echo du Mardi est l’un des trois membres fondateurs du Réso Hebdo Eco  avec le groupe ECOmédia et la Tribune Côte d’Azur

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