Je ne sais pas si pour vous c’est la même chose mais rien que t’entendre le mot « rentrée » j’ai le bourdon pour le reste de la journée. Sans doute des réminiscences du difficile retour sur les bancs de l’école, après la longue pause estivale. Et avec toutes ces mauvaises nouvelles qui s’accumulent, cette rentrée 2022, s’annonce comme particulièrement difficile. A moins que…
La rentrée doit-elle forcément être un moment anxiogène ? La fin des vacances, le retour au travail, le début de l’automne, l’arrivée des premiers frimas… Les médias, toujours empreints d’originalité, en rajoutent en nous abreuvant de « rentrées » à toutes les sauces : la rentrée des classes, la rentrée sociale, la rentrée politique, la rentrée culturelle qui elle-même se subdivise en rentrée littéraire, cinématographique, théâtrale, musicale… Sans parler des grandes surfaces qui mettent en place les fameuses fournitures scolaires dès le début du mois d’août, histoire de vous rappeler, au beau milieu des vacances : « coucou c’est bientôt le taff ! » Avouez qu’on ne nous épargne rien !
La rentrée 2022, un cru exceptionnel !
La rentrée 2022 sera, dans son genre, un cru assez exceptionnel. Entre la flambée des prix de l’énergie, le retour de l’inflation, une crise sanitaire pas totalement éradiquée, les menaces liées à la guerre en Ukraine ou encore l’accélération des incidences du changement climatique, il y a de quoi avoir le moral dans les chaussettes. Déjà que la rentrée est, pour beaucoup, un moment, dans l’année, particulièrement difficile et délicat à négocier. Qu’est ce qui pourrait tempérer nos tourments et nos déprimes automnales, et nous offrir quelques raisons d’espérer ?
Vers d’autres modèles ?
Il y a encore quelques mois de cela, la croissance et la consommation étaient érigées comme le seul modèle capable d’apporter le plein emploi, le bien-être et le progrès social. En dehors point de salut. Et hop, aujourd’hui changement total de dogme. Les crises que nous vivons actuellement nous montrent que ce modèle a vécu et qu’il ressemble de plus en plus à une impasse. Et maintenant on nous culpabilise de consommer et d’être dans l’abondance et l’insouciance, alors que il y a encore quelques temps…
Le BNB plutôt que le PIB*
Dans cette crise, qui ressemble il faut bien le reconnaître à une fin de cycle, l’économie manque de bras partout. Pas assez de professeurs ou d’instituteurs, pas assez de chauffeurs de bus, de conducteurs de train, d’infirmières, de médecins, pas assez de personnels dans les commerces, les activités de services, les entreprises de toute nature … Dans notre beau pays, depuis le début de l’année 2022, on enregistre, chaque trimestre, 520 000 démissions.
Selon la DARES** rien d’exceptionnel à cela. Cet organisme explique qu’à chaque période de reprise économique (ce qui était le cas avec la fin de la crise de la Covid), le taux de démission remonte naturellement. Nouvelles opportunités, besoin d’évolutions, le marché du travail s’ouvrant, les salariés sont tentés de changer. Dans le cas présent l’embellie économique de l’après Covid ne pourrait qu’être un feu de paille. Ne faudrait-il pas plutôt voir, dans ce qu’on a appelé « la grande démission »***, une envie d’autre chose, où le bien-être prendrait le pas sur la valeur travail, un nouvel équilibre privilégiant sa vie personnelle. Des changements qui modifieraient aussi nos rapports avec la nature et ses ressources. Un autre horizon que le toujours plus ! Le bonheur national brut plutôt que produit intérieur brut. C’est en cela que la rentré 2022 pourrait être positive : une prise de conscience qui permettrait, à minima, déboucher sur la correction de nos excès (et ils sont nombreux).
Une révolution plutôt qu’un « grand reset ». D’ici là bonne rentrée !
* Le bonheur national brut plutôt que produit intérieur brut
** Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Ministère du Travail).
*** Mouvement née aux USA après la pandémie de la COVID. En 2021, 38 millions d’américains ont quitté du jour au lendemain leur travail.
Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.