24 novembre 2024 |

Ecrit par le 24 novembre 2024

Eric Guilloret : ma vie a changé lorsque j’ai rencontré le Vaucluse !

Eric Guilloret est photographe. Sa spécialité ? Des photos de nature et d’animaux. Sa vie ? Elle a basculé lors d’une fête familiale en Vaucluse. Le ciel bleu, la beauté du paysage, la ruralité les ont conquis. Qui ? Lui et sa famille. Ensemble, ils tournent derechef le dos à la grisaille parisienne pour s’installer à Carpentras et commencer une nouvelle vie. Histoire d’un déclic, d’une vie, d’un métier.

Eric Guilloret a exercé plusieurs métiers dans sa vie : agent immobilier, vente d’acier auprès des serruriers, ferronniers, avant de se spécialiser dans la visserie. « Je changeais d’entreprise tous les 5, 6 ans, pour emprunter d’autres univers et toujours progresser. Ce qui me plaisait ? Etre indépendant. Mon plus grand atout ? Aimer pousser les portes. J’ai toujours eu envie de rencontrer les gens.»

chat assis sur de l’eau gelée / cat sitting on frozen water / Photos © Eric Guilloret

Une invitation
«Un jour, mon épouse et moi sommes conviés à un baptême civil en Vaucluse. C’est lors de cet événement familial que nous découvrons, chez nos cousins, un ciel bleu azur, le soleil, un berger et ses moutons. Trois jours après nous retournions dans les bouchons de la A 86 parce qu’il fallait retourner au turbin, à Paris. On était fatigués et finalement on s’est rendu compte qu’on n’allait pas si bien que cela… La pollution, les embouteillages quotidiens, pas un brin d’herbe, pas d’air, pas d’arbres. Une vie pas franchement palpitante. Je me suis posé alors posé la question de ce que j’aimais enfant : le cinéma, les animaux, les chevaux, la nature, les grands espaces.»

Changement de cap
«Nous avons mis la maison en vente. Elle est très vite partie. Le patron de Marie, ma femme, lui avait dit qu’elle conserverait son job et qu’elle pouvait aller partout à condition de rester proche d’un aéroport. Notre 1re fille, Clara, avait 5 ans. C’était le moment. Nous sommes partis à l’aventure en Vaucluse. Marie a visité une cinquantaine de maison en moins de deux semaines. Elle m’a proposé trois maisons : la moche, la moyenne et la belle, j’ai choisi cette dernière. Elle n’était pas si belle que ça, mais c’était la nôtre. Cela fait maintenant 21 ans que nous habitons Carpentras.»

Portrait d’un singe assis / Photos © Eric Guilloret

Au départ
«On a fait chambres d’hôtes mais ça c’est le rêve qu’on vend aux parisiens quand ils achètent une grande maison, puis après on a fait un gîte. Mais l’opportunité est venue du voisinage. Alors que j’étais dans mon jardin, un homme m’interpelle de l’autre côté du grillage en me disant ‘Tu viens d’où toi ?’ Je réponds que je viens de la banlieue parisienne. Il me répond : ‘Un bon voisin est un voisin mort !’ Je lui demande ce qu’il fait dans la vie, il me répond : ‘Je m’appelle Michel Gunther et je suis photographe’. J’appendrai par ailleurs que son épouse est Catherine Delofeu, fondatrice de l’agence BiosPhoto (comme biosphère, spécialisée dans l’image de nature et de l’environnement). Ils étaient arrivés de Paris un an auparavant. Ils sont devenus de la famille.»

Opportunité
«Catherine, l’épouse de Michel Gunther, a regardé mon travail et m’a dit ‘Tu peux faire mieux, je te prends dans l’agence.’ C’est ainsi que j’ai réellement débuté même si j’avais toujours fait de la photo –de façon empirique- depuis mes 20 ans. J’étais suffisamment discret ou accepté pour prendre en photos les parties de pétanques d’Yves Montand, de Lina Ventura à Saint-Paul de Vence. A Paris, je furetais sur les plateaux TV, lors des émissions de Michel Drucker, au culot, pour prendre des clichés des vedettes. J’étais très attiré par le milieu artistique, les artistes me faisaient rêver, même si à l’époque je ne vendais pas mes clichés. Oui, maintenant j’ai de sacrés photos d’archives !»

portrait d’un cheval hénissant / portrait of a horse henifying / Photos © Eric Guilloret

Ça commence ainsi
«J’ai appréhendé différemment les animaux grâce à l’expertise de Michel Gunther, qui s’est révélé être un véritable ornithologue. Son épouse elle, m’indique que ce qui se vend le plus, ce sont les photos d’animaux plus ou moins domestiques : chiens, chats, cochons, poules, chevaux… Ça a tout de suite fonctionné. Comment j’ai progressé ? En écoutant les critiques. Le 1er travail d’un photographe ? Savoir sélectionner et jeter ses photos. Le graal du photographe ? Avoir l’œil. C’est-à-dire capturer l’essentiel : cadrer une émotion, une intensité, une force. Lorsque la photo est devenue numérique, j’ai eu chaud… Je n’avais jamais touché à un ordinateur. Ma femme et l’agence sont venues à ma rescousse, les tutos aussi. J’ai appris la technique, à retoucher –très peu- mes photos. Et toujours, je jette, pas la peine de stocker des photos pour ne rien en faire.»

Les mariages…
«Je fais du mariage depuis 5 ans, des clients venus à moi par le relationnel. Beaucoup de Belges, d’anglais et de Hollandais. Comment je procède ? Je rencontre les mariés, je leur demande ce qu’ils veulent. Je respecte le cahier des charges : photos de famille, de groupe, signature à la mairie, à l’église. Mais quand ils passent à table, je m’en vais parce que les meilleures photos se font à l’habillage. Maquillage, habillage de la mariée, du marié. Ce sont des journées intenses.»

crocodile du nil dans l’eau parc djerba explore tunisie / crocodile of the nile in the water park djerba explore tunisia / Photos © Eric Guilloret

‘Biosphoto’ et ‘Naturagency’
«Je travaille pour ‘Biosphoto’ et ‘Naturagency’, agences très proches mais concurrentes. Faire de la photo c’est vouloir partager une vision, un regard, un sujet. Le photographe a besoin que son travail soit reconnu, pas spécialement par de l’argent mais que l’on remarque la qualité de son travail. Qu’est-ce qu’une bonne photo ? C’est tout d’abord une belle lumière. Pour de la photo animalière il faut impérativement capter le regard de l’animal. Pour se démarquer des autres ? Un beau ou bon fond et surtout un sujet d’où émane une âme. Choisir un sujet de caractère plutôt que rechercher l’esthétisme.»

Capturer la vibration de l’être
«Mon souhait ? Voir et prendre en photo des animaux qui, hélas, vont sans doute disparaître, mais les voir vraiment. Pour les avoir approché dans leur habitat naturel au moins une fois dans ma vie. La photo est un outil de mémoire. C’est aussi un acte militant pour que l’on cesse de les tuer, témoigner de leur fragilité. Nos enfants, nos petits enfants ne verront peut-être jamais ces animaux. Les zoos me mettent mal à l’aise. Ça n’est pas mon biotope. La place de l’animal –hors animal de compagnie- est en liberté. La photo que je rêve de faire ? Celle d’un éléphant sauvage d’Afrique dans son habitat naturel.»
www.Ericguilloret.fr

âne dans une carrière d’ocre / donkey in an ochre quarry / Photos © Eric Guilloret

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