22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France

Le Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France fait partie des invitées de la soirée ‘Femmes d’action, femmes d’exception’, organisée par les Soroptimist d’Avignon qui se déroulera à la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Cité papale, cours Jean Jaurès dans l’intramuros, mardi 26 septembre, à partir de 18h, sur réservation.

« Mon cheminement ? Il est un peu atypique. A 16 ans, j’ai intégré l’Ecole d’Enseignement Technique de l’Armée de l’Air et de l’Espace et je me suis spécialisée par la suite en électronique de bord à l’école de Rochefort. A l’issue de ma formation, j’ai été affectée sur la Base aérienne 125 d’Istres sur KC135.

«En 2013, j’ai eu envie de passer le concours d’officier,
ce qui a été un réel défi pour moi puisque j’avais quitté les bancs de l’école depuis 10 ans. Il n’était pas aisé de se replonger dans les ouvrages avec deux enfants en bas âge. J’ai réussi le concours et j’ai intégré l’école de Salon-de-Provence pour devenir officier mécanicien. A l’issue des deux ans de formation, j’ai été affectée sur la base aérienne d’Orange et j’ai exercé sur Mirage 2000 avec près de 120 mécaniciens sous mes ordres. Une première affectation particulièrement enrichissante d’un point de vue personnel et professionnel.

«Depuis 1 an, je suis affectée à la Patrouille de France
après avoir répondu à une prospection. Comment cette carrière s’est décidée ? J’ai toujours souhaité intégrer l’Armée de l’Air et ce depuis toute petite alors que ce milieu était totalement absent de mon héritage familial. J’étais passionnée par l’aéronautique et la rigueur militaire. La femme qui m’a beaucoup inspirée ? Caroline Aigle. J’avais des articles de journaux sur elle épinglés dans ma chambre, et je rêvais, à mon tour, de devenir un jour pilote. C’est la raison pour laquelle, dès mes 16 ans, je me suis orientée vers une carrière militaire. Est-ce que j’étais manuelle ? Oui, je l’ai toujours été un peu, mais surtout casse-cou et débrouillarde. Tout cela a sans doute contribué à me faire intégrer l’armée, un milieu certes masculin, mais où l’autonomie est un atout indéniable.»

Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France Copyright F. Roussard Armée de l’Air et de l’Espace

«J’ai finalement passé le concours de pilote –que j’ai obtenu-
à mon arrivée sur la base d’Istres . Malheureusement une déconvenue médicale m’a empêchée de continuer mon rêve. Cependant l’institution et ses valeurs me plaisaient. J’exerçais sur avion, je partais en mission régulièrement et l’ambiance en unité correspondait à mes attentes. Tout cela a contribué au fait que j’ai eu envie de poursuivre ma carrière. »

«Les étapes fondatrices de ma carrière ?
Au bout de quelques années, j’ai souhaité aspirer à plus de responsabilités. J’avais découvert la partie que je souhaitais : le monde des avions avec les mains dans le cambouis. J’avais maintenant envie de guider mon équipe de mécaniciens avec mes propres idées et à ma manière, car si j’aimais l’institution je n’étais pas toujours du même avis que mes chefs (rires). J’avais envie d’apporter à mon tour ma vision des choses, de comprendre le sens des décisions prises dont je n’avais qu’une vision parcellaire depuis mon poste. J’ai vraiment eu envie d’évoluer dans ce milieu passionnant.»

Vers un autre management ?
«J’avais peut-être envie d’une autre façon de communiquer et de manager. Une touche de féminité peut adoucir les mœurs. Une approche un peu différente de homologues masculins mais en convergeant, tous, vers le même objectif. »

Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France DR

«Comment ai-je réussi à surmonter mes épreuves ?
Peut-être grâce à mon tempérament un peu garçon manqué, le fait fréquenter davantage les garçons que les filles et cela, dès le collège. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours mieux compris la façon de penser des hommes (rires). C’est aussi ce qui m’a poussée vers ce milieu. Je me retrouvais dans cet élément. Pour autant il m’a fallu faire ma place pour y être acceptée.»

«Mon fort caractère m’a aidée à surmonter toutes ces épreuves.
et aussi à démontrer à mes homologues masculins qu’une femme peut tout à fait y arriver. Cependant je n’ai jamais eu à me battre contre la misogynie, car les femmes dans l’armée de l’air son particulièrement bien intégrées. L’institution se féminise et tend à ouvrir davantage ses portes aux femmes, notamment sur les sphères les plus techniques où elles ont la possibilité d’aspirer à de plus hautes responsabilités. Je le prouve par mon parcours puisque je suis la première femme Cheffe des services techniques à la base de la Patrouille de France. Pourquoi la première ? Parce que jusqu’à présent aucune femme n’avait postulé. Cela signifie bien que les portes nous sont ouvertes. C’était déjà vrai il y a 10 ans, du côté des pilotes avec une femme leader de la Patrouille. S’il n’y a en a pas eu depuis, c’est qu’aucune femme ne s’y est représentée. A l’instar du monde de la mécanique, elles sont évidemment les bienvenues à ces postes là. J’ajouterai aussi que comme pour toutes femmes militaires, la vie de famille est tout à fait possible. Il y a tout de même un rythme à prendre et il est nécessaire de s’adapter aux contraintes opérationnelles. Pour ma part, mes enfants ont été habitués, dès leur plus jeune âge, à mon absence plusieurs mois par an. Ils le vivent et le comprennent très bien car mon épanouissement passe par eux mais aussi par mon travail. C’est en quelque sorte leur montrer que nous n’avons rien sans rien, sans effort ou sans sacrifice…    

Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France Copyright F. Roussard Armée de l’Air et de l’Espace

«Les femmes sont bien intégrées dans l’armée de l’air
même s’il est sûr qu’il faut y faire son trou. On a peut-être au départ deux fois plus à montrer que nos homologues. Même si je rejoins l’idée de l’égalité homme femme, il est vrai qu’une femme reste moins musclée qu’un homme. J’ai aussi vu le contraire (rires). Alors je n’ai pas de scrupules à demander de l’aide lorsqu’il s’agit de porter des charges lourdes ! Plus sérieusement, notre faculté de raisonner est peut-être différente de celle des hommes, mais tout aussi complémentaire. Le vrai défi pour moi est de porter la réflexion plus loin, ensemble, afin de réaliser la mission dans les meilleures conditions. Comme je le disais plus haut, la misogynie n’a pas sa place dans notre institution. Les hommes nous respectent d’autant plus qu’ils savent que nous avons choisi une voie difficile et que nous faisons les efforts nécessaires au quotidien. Je trouve des petites choses pour me débrouiller, notamment parce que je suis petite, alors quand il faut monter dans l’avion, je m’aide de cales pour me rehausser (rires). Ma dignité et ma fierté me forcent à trouver des solutions rapides et efficaces. »

Les obstacles qui ne s’effacent pas ?
«Il peut m’arriver de me retrouver face à un homme (civil ou militaire) qui ne me connaît pas encore en tant que cheffe des services techniques. Il se demande alors si son langage n’est pas trop technique et s’il va être bien assimilé. Il m’est même arrivé de tomber sur une personne (civile je précise) qui ne comprenait pas comment une femme pouvait diriger des hommes. Je ne relève jamais et je rigole intérieurement. Je laisse filer et bien souvent, après avoir fait mes preuves sur un meeting ou lors d’une opération extérieure, le ton change. En général (ou par habitude), je ne m’offusque pas car cet instant va vite s’effacer. La véritable erreur serait de perdre ses moyens. Il faut, en toutes circonstances, garder la tête froide.» 

Thomas Pesquet entouré de mécaniciens de la Patrouille de France et Sophie Devins DR

«Les avantages et les inconvénients d’être une femme dans ce milieu technique?
Les inconvénients ? Même si pour moi ce n’en est pas vraiment un… Contrairement à nos homologues masculins, il faut toujours faire nos preuves et redoubler d’efforts, mais une fois que la confiance est acquise, ce n’est que du positif ! L’avantage ? Lorsque l’on est une femme, on est souvent et même parfois plus écoutée que nos homologues masculins et très respectée une fois que l’on a fait ses preuves.»

Le mot de la fin
«Je donne souvent ce conseil à mes enfants et aux jeunes que je rencontre lors des meetings : ne jamais baisser les bras en cas de coup dur. Dans la vie, rien n’arrive par hasard et à force de persévérance et d’obstination on obtient ce que l’on souhaite.»

Les infos pratiques
Soirée ‘Femmes d’action, femmes d’exception’ organisée par le club Soroptimist d’Avignon. Mardi 26 septembre 2023. A partir de 18h. Billets ici. Tout le programme ici. Chambre de Commerce et d’industrie. 46, Cours Jean Jaurès. Avignon.

Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France DR

Capitaine Sophie Devins, cheffe mécanicienne de la patrouille de France

Mercantour Events et AR Group ont été désignés pour la conception, l’organisation et l’aménagement des 70 ans de la Patrouille de France, qui auront lieu les 20 et 21 mai sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence.

Après avoir été l’aménageur des 60 ans de la Patrouille de France, la société d’organisation d’évènements Vauclusienne, Mercantour Events, a de nouveau été désignée par l’Armée de l’Air pour la conception, l’organisation et l’aménagement du village VIP à l’occasion des 70 ans de la Patrouille de France, qui auront lieu les 20 et 21 mai, sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence où sont attendues 80 000 personnes sur les deux jours.

Mercantour Events s’appuiera sur AR Group, sa société sœur dans la logistique et l’aménagement évènementiel. Tous les métiers portés par les marques d’AR Group seront mobilisés pour le montage du village VIP, constitué de 7 implantations sur 1 400m2, et la gestion des différents espaces. Au total, 60 personnes seront mobilisées pendant 6 jours.

J.R.

https://echodumardi.com/tag/patrouille-de-france/   1/1