21 novembre 2024 |

Ecrit par le 21 novembre 2024

Au-delà des clivages, Avignon en larmes pour les obsèques de Marie-Josée Roig, maire pendant 19 ans

Mère, maire, grand-mère et catalane. Voilà en quatre mots Marie-Josée Roig, celle à laquelle tout le monde a rendu hommage ce mercredi 14 août à l’Église Saint-Agricol, trop petite pour accueillir la population qui, pour partie, est restée sur le parvis pendant la messe qui a duré plus d’une heure.

En plus des Avignonnais anonymes, le tout Vaucluse de la politique était là : Cécile Helle qui lui a succédé à la mairie en 2014, le préfet de Vaucluse Thierry Suquet, Alain Bompard, ancien président des Verts de l’AS St-Etienne et adjoint aux sports, Jean-Claude Andrieu, ancien maire de Carpentras, Anthony Zilio, 1ᵉʳ magistrat de Bollène, Joël Guin, président du Grand Avignon, Jean-Baptiste Blanc, sénateur, Jean-Marc Roubaud, ancien député-maire de Villeneuve-lez-Avignon. La liste est longue de ceux qui ont tenu à lui rendre hommage : Albert Mansour, Jean-Christophe Ozil, Pascale Bories, Christiane Gontard et son mari Michel Gontard, René Dubuy, Jean-Louis Cros, Christophe Bertrand, Valérie Wagner, Anne-Marie Jouffroy-Bologna, Gérard Facq, Christian Etienne, Vincent Leleu, François Leleu, Didier Auzet, Jean-Louis Cros, Romain Lautier, Jacques Montaignac qui l’ont tous côtoyée comme élus ou collaborateurs lors de ses trois mandats municipaux. Elle qui a aussi été conseillère régionale, puis députée, ensuite présidente de la COGA devenue Grand Avignon et enfin ministre à deux reprises, sous la présidence de son ami Jacques Chirac, en 2004, de ‘La Famille et de l’Enfance’ et en 2005 comme ‘Déléguée à l’Intérieur’ dans le gouvernement Raffarin.

En l’absence de l’archevêque d’Avignon, François Fonlupt, c’est le vicaire général du diocèse, Charles-Bernard Savoldelli qui a célébré l’office. L’amie de Marie-Josée Roig, Véronique Boissy a été la première à lui rendre hommage. « C’était une femme exceptionnelle qui a marqué de son empreinte indélébile notre ville et notre pays. Ce n’était pas qu’une femme publique, c’était une maman et la grand-mère de Jules. Avec elle, Avignon a progressé et prospéré. Elle était fidèle à ses racines, elle la catalane, avec une ténacité à toute épreuve, un tempérament bien affirmé qui l’ont amenée jusqu’à la victoire dans toutes ses campagnes électorales. Mais elle a perdu son dernier combat, celui contre la maladie, elle qui avait une immense chaleur humaine, une présence lumineuse, qui savait si bien écouter et réconforter avec empathie. Elle nous a quittés le 7 août et elle laisse déjà un vide immense. Mais là-haut, parmi les étoiles, elle veille sur ses enfants, sa famille et nous tous, les Avignonnais. Tu nous manques déjà, Marie », a-t-elle conclu avec émotion.

© Andrée Brunetti

Natacha Nicolas qui avait été à la tête de la Commission Culture quand Avignon avait été désignée « Capitale Européenne de la Culture » en 2000, a insisté sur ses derniers souhaits, quand Marie-Josée Roig était à l’hôpital d’Avignon : « Que les soignants, les infirmières aident les plus fragiles, les plus démunis, ceux qui sont en longue maladie ou en fin de vie. Qu’ils soient tous respectés et surtout protégés jusqu’à leur dernier souffle, quoiqu’il en coûte. »

Natacha Nicolas

Son fils, Jean-Christophe Roig, est resté silencieux, mais sa fille, Geneviève, avocate, a pris la parole : « Ce petit bout de femme d’un mètre soixante était la fille unique d’émigrés espagnol et catalan, une maman institutrice qui lui a donné l’amour des livres, des arts et de la culture, et un papa ouvrier. Rien ne la prédestinait à une carrière politique. Elle s’est engagée aux côtés de son ami et mentor, le président Jacques Chirac. Mais ne vous y trompez pas, de tous ses mandats, celui qu’elle a gardé dans son cœur, c’est celui de maire d’Avignon. Elle aimait quand on l’arrêtait dans les rues d’Avignon pour la remercier, c’était son plus grand bonheur. Merci à vous tous d’être là, ce matin, vous la regrettez, comme nous, ses enfants, sa famille. Elle avait une intelligence exceptionnelle, une indiscutable humanité, une force de caractère, mais aussi de l’humour et un sens de la répartie unique. Maman, tu es et resteras inoubliable », a-t-elle lancé avant que l’organiste de la Métropole des Doms n’exécute la pièce ‘Méditation’ sur le 1ᵉʳ Prélude de Bach, enchaîné avec l’Ave Maria de Gounod. Et le vicaire général a conclu « que Marie-Josée Roig goûte enfin les joies de la résurrection », avant que, à la façon des Catalans pour les obsèques de leurs êtres chers, l’assistance n’applaudisse longuement la mémoire de celle qui a été leur maire de 1995 à 2014 et que le cercueil ceint du drapeau tricolore ne quitte l´église pour rejoindre le funérarium d’Avignon.

Geneviève et Jean-Christophe, enfants de Marie-Josée Roig

Seule ombre au tableau : alors qu’Avignon a été proclamée « Capitale Européenne de la Culture » en 2000 et que le monde entier connaît Jean Vilar, Gérard Philipe ou Maria Casares grâce à la Cour d’Honneur du Palais des Papes, à l’exception d’Alain Timar, le directeur du Théâtre des Halles, aucune personnalité du Festival, de l’Opéra, des scènes avignonnaises et autre collection n’est venue accompagner l’ancienne édile avant son dernier voyage. Avec les tombereaux de subventions qu’elle avait fait voter en leur faveur pendant près de 20 ans, quelle ingratitude. À moins que ce ne soit de l’amnésie.


Au-delà des clivages, Avignon en larmes pour les obsèques de Marie-Josée Roig, maire pendant 19 ans

Les obsèques de Marie-Josée Roig auront lieu en la collégiale Saint-Agricole, en intramuros à Avignon mercredi 14 août à 10h. L’ancienne maire d’Avignon était décédée à 86 ans à l’hôpital Henri Duffaut mercredi 7 août. Un registre des condoléances sera installé dans le péristyle de l’Hôtel de Ville d’Avignon de lundi 12 août à lundi 3 septembre 2024.

La Collégiale a été édifiée au 7e siècle -entre 660 et 700- par Saint-Agricol, évèque d’Avignon. L’édifice remanié au 14e siècle, de style gothique, abrite les reliques de Saint-Agricol, patron de la Ville. Il est inscrit aux Monuments historiques. Copyright MMH

Elle fût le maire RPR puis UMP d’Avignon de juin 1995 à avril 2014 ; Présidente du Grand Avignon de janvier 2001 à avril 2014 ; Ministre de la Famille et de l’Enfance de mars à novembre 2004, Ministre déléguée à l’Intérieur de novembre 2004 à mai 2005 toujours sous la présidence de Jacques Chirac. Elle fût également trois fois députée de juin 2007 à juin 2012 et avant cela de juin 2002 à avril 2004 et d’avril 1993 à avril 1997.

Marie-Josée Roig,
née Méliorat, était la fille d’une institutrice et d’un père typographe au quotidien régional L’Indépendant à Perpignan où elle est née le 12 mai 1938. Elle fût professeur de lettres au lycée Alphonse Daudet de Nîmes.

Ils ont dit
Renaud Muselier, Président de la Région Sud-Paca
‘Elle était Avignon’

« Elle était Avignon, elle a transformé, développé et tant aimé sa ville a souligné Renaud Muselier, Président de la Région Sud-paca. Une femme de caractère et de cœur au service de son territoire.»

Dominique Santoni, Présidente du Département de Vaucluse
‘Proximité et rassemblement’
«Marie-Josée Roig a été une pionnière qui a ouvert la voie à tant de femmes, a souligné Dominique Santoni, présidente du Département de Vaucluse. Elle a parfaitement su concilier l’aménagement de la ville d’Avignon et la qualité et l’esthétique (…/…) comme avec le chemin de halage sur le Rhône (…/…) et le mur végétal des Halles. Enfin, Marie-Josée Roig a montré que, par-delà sa propre sensibilité politique, c’est le rassemblement le plus large possible des Avignonnais qui donnait à cette ville toute sa force et toute son énergie. Elle avait fait de la proximité sa première priorité.»

Joël Guin, Président du Grand Avignon
‘Une femme exceptionnelle qui a marqué l’histoire de notre territoire’

«Elle fut l’une des premières femmes maires d’une commune de plus de 50 000 habitants, tout comme la première présidente d’une Communauté d’agglomération. Femme politique de tout premier plan de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle fut également ministre et conseillère régionale.
Elle a mené des projets d’envergure comme le tramway, le lancement de la zone de Courtine, le développement de l’Université d’Avignon, la création du pôle de compétitivité et l’essor d’Agroparc, les transferts culturels de la Ville d’Avignon à l’Agglomération comme l’Opéra et le Conservatoire ainsi que l’installation du Conservatoire dans l’ancien palais de justice d’Avignon. Avec caractère, elle a toujours su travailler en étroite collaboration avec les élus et l’ensemble des maires du Grand Avignon.»

Photo de une : 2007, Marie-Josée Roig avec à sa droite le préfet Hugues Parent lors de la pose de la première pierre de l’extension Sud du Centre hospitalier Henri Duffaut d’Avignon DR Echo du mardi


Au-delà des clivages, Avignon en larmes pour les obsèques de Marie-Josée Roig, maire pendant 19 ans

En amont d’un décès et après, il est important de savoir comment gérer les démarches et les formalités nécessaires pour sécuriser ses proches, organiser les obsèques et régler la succession. Service-Public.fr répond à vos multiples interrogations et suggère les conduites à tenir dans sa rubrique ‘Comment faire si un proche est décédé’.


PRÉPARER SON DÉCÈS ET SÉCURISER SES PROCHES

Assurance vie et assurance décès : comment les distinguer ?
Malgré la ressemblance de leurs appellations, l’assurance vie et l’assurance décès présentent de nombreuses différences. Elles portent principalement sur la nature du contrat, l’origine de la somme versée et l’identité du bénéficiaire. En savoir plus.

Peut-on désigner une personne pour s’occuper de son enfant après son décès ?
Oui, vous pouvez désigner une personne de votre choix (tuteur : Personne désignée pour exercer une mesure de protection d’un majeur ou d’un mineur (par exemple : le représenter dans les actes de la vie courante, gérer ses biens)) pour s’occuper de votre enfant après votre décès. Le tuteur sera responsable de votre enfant jusqu’à sa majorité. Vous pouvez désigner le tuteur par testament. Vous pouvez aussi le faire par une déclaration spéciale devant notaire. Pour cela, vous devez indiquer par écrit le nom de la personne choisie et déposer le document chez le notaire. En savoir plus

Assurer un prêt immobilier : que sont la garantie décès, invalidité, incapacité ? Pour accorder un prêt immobilier, la banque peut exiger que l’emprunteur souscrive une assurance emprunteur. Cette assurance garantit le remboursement du prêt en cas de décès, de perte d’autonomie, d’invalidité, d’incapacité temporaire de travail. Le contrat d’assurance précise les conditions de mise en œuvre de ces garanties. Lire la fiche

VOUS VENEZ DE PERDRE UN PROCHE, ENGAGEZ LES DÉMARCHES

Un proche est décédé Vous venez de perdre un proche. Cet événement impose d’engager certaines démarches comme organiser les obsèques et informer plusieurs organismes. Dans cette période difficile, nous vous accompagnons pour effectuer l’ensemble de ces démarches. Nous vous indiquons qui peut les faire et dans quels délais. Les réponses apportées sont personnalisées selon votre situation. En savoir plus.

Obsèques et sépultures : ce qu’il faut savoir Déclaration de décès, funérailles, inhumation, crémation… Quelles sont les formalités à accomplir en cas de décès d’un proche ? Pour vous aider, Service-Public.fr vous propose ses fiches pratiques. Lire l’article

Acte de décès : demande de copie intégrale
Vous souhaitez demander un acte de décès et vous voulez savoir comment procéder ? Les démarches pour l’obtenir dépendent du lieu du décès : en France ou à l’étranger. Dans tous les cas, la demande est gratuite. Nous vous présentons la démarche. En savoir plus.

Informer la banque du décès d’un proche (Modèle de lettre)
Permet d’avertir la banque du décès d’un proche parent et de demander le blocage de son ou ses compte(s). Accéder au modèle.

Informer le propriétaire du décès du locataire (Modèle de lettre)
Permet d’informer le propriétaire du décès du locataire. Accéder au modèle de lettre.

Congé pour le décès d’un membre de la famille (salarié du privé)
Vous êtes salarié et souhaitez savoir si vous pouvez obtenir un congé en cas de décès d’un proche ? Oui, vous pouvez obtenir des jours de congés en cas de décès d’un membre de votre famille : enfant, époux(se), partenaire de Pacs, concubin, parent. La durée du congé varie selon le lien de parenté avec la personne décédée. Nous vous présentons les informations à connaître. Se renseigner. 

Autorisation d’absence pour décès d’un proche dans la fonction publique
Quelle que soit votre fonction publique d’appartenance, vous pouvez bénéficier d’autorisations d’absence lors du décès d’un proche. Nous vous présentons les informations à connaître. Lire la fiche 

Rentes et capitaux versés en cas de décès
Le décès d’un salarié ou d’un fonctionnaire peut ouvrir droit, pour ses ayants droit. Celui qui bénéficie d’un droit par le biais d’un parent ou d’un proche, à un capital ou une rente. Versement périodique d’une personne à une autre pendant une période de temps fixée par un contrat ou jusqu’au décès. Se renseigner.

Demande d’allocation versée en cas de décès de l’enfant – 16 / 25 ans (Caf) (Formulaire) Permet de demander une allocation suite au décès d’un enfant de 16 à moins de 25 ans. Formulaire à remplir en ligne et à envoyer par mail à la Caf, ici.

Estimer le montant des droits de succession (Simulateur)
Ce simulateur vous propose de réaliser une estimation indicative des droits de succession dont vous êtes personnellement redevable à la suite du décès d’un proche.

Rechercher si vous êtes bénéficiaire d’une assurance-vie (Démarche en ligne) Permet de rechercher gratuitement si vous êtes bénéficiaire d’une assurance vie (par exemple après le décès d’un proche). Accéder à la démarche.


Au-delà des clivages, Avignon en larmes pour les obsèques de Marie-Josée Roig, maire pendant 19 ans

Il était solaire, empathique, franc, loyal, souriant, bienveillant Guy Ravier. Ce mercredi matin, le tout Avignon, élus comme citoyens anonymes des quartiers sont venus au crématorium de la cité des papes lui rendre un dernier hommage, aux côtés de ses enfants, petits-enfants et amis. Après le décès de Florence, sa fille, de Fabienne sa belle-fille et de sa femme, Simone, il s’en est allé à 85 ans après une vie de professeur de lettres et de conseiller départemental, régional, de député et de maire.

« Il préférait les actes aux paroles. »

Jean-Luc Bruguier, ancien collaborateur de Guy Ravier pendant une dizaine d’années

Jean-Luc Bruguier, son collaborateur pendant une dizaine d’années, a pris la parole devant son cercueil. « Il préférait les actes aux paroles, il était attaché viscéralement à la condition humaine, il personnifiait les valeurs de la république. Dans son QG du 30 rue de la Balance, s’affrontaient de redoutables compétiteurs. C’était une ruche bouillonnante où énergie et humour corrosif s’entremêlaient ». Il poursuit : « Ce pur socialiste était discret, il n’aimait pas le faste, par-dessus tout il voulait agir au cœur d’Avignon. Sa fille Florence, partie trop tôt, gérait un agenda surchargé. Pour lui, rien n’était impossible il voulait améliorer la vie des gens, il bousculait l’ordre établi. Il s’était battu comme un lion pour qu’existe un service public funéraire pour que les familles frappées par le deuil ne soient pas en plus victimes d’escrocs. Merci pour ton amitié, ton engagement sans faille, pour notre ville et tous ses habitants » conclut-il entre deux sanglots.

« Il a posé les fondations d’un Avignon du XXIe siècle avec volonté, détermination et abnégation. »

Michel Gontard, président de Grand delta habitat et compagnon de route de Guy Ravier

Le regroupent de l’université sur un seul site à Sainte-Marthe et le positionnement de la gare TGV d’Avignon en Courtine sont à mettre au crédit de Guy Ravier.

Après ‘Que c’est beau la vie’ la chanson interprétée par Jean Ferrat, place à Michel Gontard qui a pris la parole, sans une note écrite. « Nous ne sommes pas venus ici pour te dire adieu, Guy, mais pour t’accompagner avec amitié. Tu aimais le jeu de boules, c’est là où se rencontrent les puissants et les humbles, la boule et le cochonnet. Dieu sait si certains se moquaient de toi, ce n’était pas comme au bridge où tu excellais avec Henri Coupon (ancien grand avocat d’Avignon) ».
Michel Gontard résume : « Tu as posé les fondations d’un Avignon du XXIe siècle avec volonté, détermination et abnégation ».
Un sentiment partagé par l’un de ses anciens opposants à la municipalité qui anonymement souligne « qu’en un seul mandat de maire, il a plus fait rayonner Avignon que quiconque ».

Un grand soldat de la République a qui l’on doit l’Université et la gare TGV de Courtine
Entré au PS en 1971, conseiller général (1979-89), conseiller régional (1986-88), député (1988-93) et surtout maire d’Avignon de 1989 à 1995, pendant un seul mandat, après Jean-Pierre Roux et avant Marie-Josée Roig, il n’a de cesse de se décarcasser pour le bien commun de l’ensemble de la population, intra comme extra-muros. Pêle-mêle, en 6 ans et 3 mois seulement, il a réussi à résorber l’habitat insalubre en réhabilitant les quartiers de Monclar, La Croix des Oiseaux, Champfleury, lancé la zone d’activité d’Agroparc, mis en œuvre la station d’épuration pour que les eaux usées ne soient plus déversées dans le Rhône, il a regroupé l’Université sur le site de l’ancien hôpital Sainte-Marthe.

Raillé par une partie de ses opposants en raison de ses qualités de boulistes, Guy Ravier, qui était aussi un joueur de bridge redoutable, a participé régulièrement au Grand prix des personnalités qui se tenait sur les allées de l’Oulle.

Michel Gontard, d’ailleurs, salue « Sa volonté que la gare TGV fût implantée en Courtine. Pour lui, le Rhône et la Durance étaient deux bras dans lesquels allait se lover la Coga, ancêtre du Grand Avignon. Comme le Petit Poucet, il égrenait ses petits cailloux sur le chemin du progrès pour qu’Avignon rayonne, grandisse, il était si fier de sa ville. Avec lui, on perd un grand soldat de la république qui savait que l’intérêt général n’était pas l’addition d’intérêts particuliers. Toute sa générosité, tout son cœur il les dédiait aux plus démunis, aux précaires, aux fragiles. Il était à l’écoute, infatigable humaniste » conclut-il, très ému.

« J’ai perdu un modèle de l’action politique. »

Cécile Helle, maire actuelle d’Avignon

Une deuxième chanson résonne alors dans le Funérarium, ‘Quand les hommes vivront d’amour’ composée par le québécois Felix Leclerc et c’est Cécile Helle qui témoigne. « J’ai fait sa connaissance au PS, je n’avais même pas 20 ans, il était une référence. A ses côtés, j’ai vu en 1981, quand la gauche est arrivée au pouvoir, qu’une autre vie était possible. S’il a été élu conseiller général, régional, député, maire c’est que la confiance des Avignonnais s’est renouvelée. Il était bon, proche des gens, à l’écoute, jovial, protecteur, un vrai militant de gauche. » Elle cite tous les dossiers qu’il a initiés, notamment la sauvegarde de l’intra-muros et l’inscription du Palais des Papes, de l’ensemble épiscopal et du Pont Saint-Bénézet au Patrimoine de l’Unesco en 1995. Elle finit par « J’ai perdu un modèle de l’action politique, notre peine est grande mais nous devons continuer à nous battre sur le chemin qu’il nous a transmis, tant les combats sont d’une cruelle actualité ».

Son fils, Jean-Paul Ravier.

Une version jazz, tout en douceur, piano-contrebasse de ‘La Marseillaise’ conclut la cérémonie où on voit nombre d’yeux rougis parmi les avignonnais réunis au Funérarium. Et sur grand écran, défilent des photos de Guy Ravier en famille, mais aussi avec les grands noms du PS, Michel Rocard et Jacques Delors.

De nombreux élus présents, alliés comme opposants
Ce parterre nous a replongés dans 25 ans de la vie de la Cité des Papes, avec David Fournier, d’anciens élus comme le sénateur UMP Alain Dufaut, les communistes Frédéric Meyer et André Castelli, Alain Cortade, l’ancien maire du Pontet, mais aussi Robert Rouch ex-maire de Velleron, d’autres politiques, Robert Fidenti, Valérie Wagner. Egalement, Raymond Duffaut, ancien directeur général de l’opéra d’Avignon, Michel Pacqueu (ancien directeur d’Avignon tourisme), Jacques Montaignac, Aymé Montal, André Ferren et les représentants de la Société des Membres de la Légion d’Honneur Philippe Massié et PierrePandraud.

Parmi les participants également Joël Granier, ancien maire de Morières où Guy Ravier et sa femme s’étaient installés en 2008 quand il en a eu assez des guerres fratricides du PS, de l’absence de reconnaissance voire de l’ingratitude de certains. C’est d’ailleurs une chiraquienne pur-sucre, la maire RPR d’Avignon, Marie-Josée Roig, qui lui avait remis la Légion d’Honneur. Sans doute pour service rendu à tous les Avignonnais, au-delà des remparts et au-delà des clivages gauche-droite.


Au-delà des clivages, Avignon en larmes pour les obsèques de Marie-Josée Roig, maire pendant 19 ans

On ne reverra plus sa frêle silhouette, son regard bleu, son large sourire. Paul Jean vient de mourir dans sa maison d’Oppède à l’âge de 93 ans. Cet énarque, sous-préfet de la Nièvre quand François Mitterrand était maire de Château-Chinon, préfet des Landes en 1981, à l’époque où Henri Emmanuelli (futur président de l’Assemblée Nationale en 1992-93) était le président de l’exécutif départemental, ancien vice-président du Conseil Général de Vaucluse sous la mandature de Jacques Bérard, Paul Jean était officier de la Légion d’Honneur et chevalier de l’Ordre National du mérite.

« C’était un homme droit, intègre, un pur républicain » dit de lui le colonel Michel Grange, président de la SMLH 84 (Société des membres de la Légion d’honneur) qui rapporte l’une de ses déclarations : « Parmi les élus, il y a des gens vraiment admirables, mais il y a aussi les pires crapules ».

Infatigable malgré son grand âge, Paul Jean continuait à quadriller le Vaucluse, les contreforts du Ventoux, le Luberon, le Plateau d’Albion, à rendre visite visite aux chefs d’entreprises. Il était toujours là, pour la Fête de la Lavande à Sault en août, pour les cérémonies commémoratives du 8 mai, du 14 juillet ou du 11 novembre. Vif, subtil, dynamique, souriant, c’était un homme bon, déterminé, généreux. Père de 4 enfants (Henri, l’aîné, un instituteur devenu énarque puis préfet aujourd’hui à la retraite, qui dit de son papa « qu’il avait de l’humour et du caractère », Françoise, Michel – disparu en 1980 – et Pierre).

La cérémonie funéraire aura lieu demain mardi 29 août à 15h 30 à Sault, le village haut perché où il avait vu le jour le 21 décembre 1929, dans l’épicerie coopérative de ses parents, sur la Place du Château. Suivra l’inhumation à Oppède, dans le tombeau familial. Sur son cercueil recouvert du drapeau tricolore sera posée sa casquette de préfet honoraire.

André Borel, ami de toujours, ancien conseiller général de Vaucluse et ancien député-maire de Pertuis prononcera un discours pour rendre hommage à cet indéfectible défenseur du service public et de la République. « Je n’ai rien préparé, je parlerai avec mon cœur » dit « Dédé » Borel, « Je le connaissais depuis plus de 70 ans, d’ailleurs son beau-père, Monsieur Bascous, le père de sa femme Annie, avait été mon 1er employeur dans les années 55 à Robion.

Paul Jean était un grand serviteur de l’Etat, avant et après la décentralisation, comme préfet puis, à la retraite, en 1994, comme conseiller général. Mais je garderai de lui l’image d’un homme de la terre, simple, discret, humaniste et compétent ».

Paul Jean

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