10 avril 2025 |

Ecrit par le 10 avril 2025

Il y a aujourd’hui presque autant de Pacs que de mariages

Le pacte civil de solidarité (Pacs) a vingt-cinq ans cette année. Instauré sous le gouvernement Jospin en novembre 1999, afin, entre autres, de protéger les couples de même sexe, il a progressivement été plébiscité par les couples hétérosexuels, si bien qu’aujourd’hui, on compte presque autant de Pacs conclus chaque année que de mariages. Comme le met en avant notre infographie, basée sur le dernier bilan démographique de l’Insee, ceci est lié au fait que l’institution du mariage tend à s’éroder en France, tandis que le Pacs connaît lui une montée en puissance.

En 2022 comme en 2023, autour de 242 000 mariages ont été prononcés en France. Un chiffre en baisse par rapport à la moyenne qui était mesurée au début du XXIe siècle – 266 000 unions par an entre 2002 et 2012 – et très loin des plus de 300 000 mariages célébrés au passage à l’an 2000. À l’inverse, au cours des vingt dernières années, le nombre de Pacs conclus chaque année a été multiplié par huit, passant d’environ 25 000 en 2002, à près de 210 000 en 2022. Depuis sa création, le nombre de Pacs a dépassé une fois celui des mariages : en 2020, une année qui était peu propice aux festivités nuptiales.

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Comment la fécondité évolue-t-elle en Europe ?
En 2022, dernière année pour lesquelles les données d’Eurostat sont disponibles, le nombre moyen d’enfants par femmes dans l’Union européenne (UE) était de 1,46. Un chiffre en légère baisse par rapport au début de la décennie précédente (1,54 en 2011) et qui est insuffisant pour que la population européenne se renouvelle d’elle-même, hors apport migratoire. En effet, le seuil de renouvellement des générations est estimé à 2,05 enfants par femme – un taux dont les Européens sont aujourd’hui loin. Dans quels pays de l’UE les taux de fécondité sont les plus élevés, et comment ont-il évolué au cours de la décennie écoulée ?

Comme le met en avant notre infographie, les tendances sont très variables selon les pays. De 2011 à 2022, certains pays, comme la Roumanie, la Tchéquie et l’Allemagne, ont ainsi vu leur taux de fécondité augmenter (de 5 à 15 %), tandis que dans d’autres pays, comme la France, l’Italie, l’Irlande et la Finlande, il a diminué (de 10 à 30 %). Ainsi, si les Françaises avaient toujours le taux de fécondité le plus élevé de l’UE en 2022 (1,79 enfant par femme), elles pourraient prochainement être dépassées par les Roumaines (1,71). Les taux de fécondité les plus bas de l’UE sont mesurés en Italie (1,25 en 2022), en Espagne (1,19) et à Malte (1,13).

Selon le démographe Gilles Pinson, interviewé par Le Monde, les différences entre les pays d’Europe du Sud et du Nord s’expliquent en partie par le niveau des politiques d’emploi favorables à la famille, ces dernières étant nettement moins développées dans les pays d’Europe du Sud. Quant aux pays de l’Est, après avoir vu leurs taux de fécondité chuter dans les années ayant suivi la dislocation de l’URSS, ils connaissent une augmentation de cet indicateur démographique depuis les années 2000.

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La France, championne des bébés nés hors mariage
En 2022, la France était le pays de l’Union européenne avec le plus haut taux de fécondité : le nombre moyen d’enfants par femme y était alors de 1,79, soit bien au dessus de la moyenne de l’UE, qui se situait à 1,46. Et, comme le montrent des données d’Eurostat, les Français sont également les plus nombreux de l’UE à avoir des enfants hors mariage. En 2022, un peu plus de 65 % des bébés nés en France avaient des parents non-mariés, les enfants nés de parents mariés étaient ainsi très largement minoritaires. La diffusion du Pacs (Pacte civil de solidarité) et des unions libres, au détriment du mariage, ainsi que le recul de l’âge au mariage ont rendu les naissances hors mariage majoritaires dès 2006.

Cependant, la France n’était pas le seul pays de l’Union européenne dans lequel une majorité d’enfants naissent hors mariage. Ils étaient un peu plus de 60 % au Portugal, et plus de la moitié en Espagne, au Danemark, en Estonie, en Slovénie, en Suède et en Bulgarie. À l’inverse, les mœurs de certains de nos voisins européens semblent plus traditionnelles : en Grèce, où le taux le plus bas de naissances hors mariage est observé, il était d’un peu plus de 19 %, ce qui veut dire qu’environ 80 % des enfants nés dans le pays en 2022 avaient des parents mariés. Chez nos voisins allemands, seulement un tiers des naissances environ avaient lieu hors mariage.

De Tristan Gaudiaut et Valentine Fourreau pour Statista


Il y a aujourd’hui presque autant de Pacs que de mariages

La chute des naissances se poursuit en France, comme le confirme le dernier bilan démographique de l’Insee. En 2023, 678 000 bébés sont nés dans le pays, soit une baisse d’environ 7 % par rapport à l’année 2022. Comme le met en avant notre graphique qui compare le nombre mensuel de naissances en France métropolitaine, cette tendance s’observe depuis maintenant environ une décennie.

Le solde naturel en France, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, n’a jamais été aussi bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2023, il ne s’élevait plus qu’à +47 000, alors qu’il était supérieur à +200 000 avant 2016.

Le nombre de naissances au sein d’une population dépend de deux facteurs : le nombre de femmes en âge de procréer et le taux de fécondité (ou nombre d’enfants par femme), qui est passé dans l’Hexagone de 2,0 à 1,8 en l’espace de dix ans. Malgré cette tendance à la baisse, la France reste l’un des pays de l’Union européenne où le taux de fécondité est le plus élevé, avec la Tchéquie et la Roumanie.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Il y a aujourd’hui presque autant de Pacs que de mariages

Selon les premières estimations de l’Insee, l’’Institut national de la statistique et des études économiques a assisté à une baisse du nombre de naissances en France en janvier 2023. Durant cette période, 1 825 bébés sont nés en moyenne par jour dans l’Hexagone. C’est 6% de moins qu’en janvier 2022, et 9% de moins qu’en janvier 2020, avant le début de la pandémie de Covid-19.Au niveau national on dénombre ainsi 56 562 naissances en janvier 2023 contre 60 382 en janvier 2022. C’est à peine mieux qu’en janvier 2021 (53 993), période de Covid-19 constituant le plus faible total depuis 2015 (67 775 naissances en janvier). Depuis, ce chiffre a baissé quasi-régulièrement : 65 963 en 2016, 63 379 en 2017, 62 976 en 2018, 63 179 en 2019 et 62 199 en 2020.

Si les données sont encore provisoires (ndlr : tous les bulletins de naissances n’ont pas encore été tous transmis à l’Insee), les départements de la région n’échappent pas à cette tendance nationale à tel point que Provence-Alpes-Côte d’Azur affichent une baisse -7,4% de l’évolution du nombre de naissances par jour entre 2020 et 2023

Dans le détail c’est un peu plus disparate avec un département du Var qui enregistre un niveau plus faible de naissance en janvier 2023 (783 naissances domiciliées) qu’en janvier 2021 (792), alors plus mauvais bilan démographique de ces dernières années.
Pour les autres départements de la Région Sud, si tous les bilans de ces territoires sont à la baisse par rapport à 2022, ils restent tout de même supérieurs à ceux de 2021 sans toutefois retrouver les niveaux de 2020 (à l’exception des Alpes-Maritimes).

Naissances domiciliées par département (données provisoires pour janvier 2022 et janvier 2023). Sources : Insee, statistiques de l’état civil.

En Vaucluse, le nombre des naissances diminue de -3,01% entre janvier 2022 et janvier 2023 et -14,36% par rapport à janvier 2020. Ce chiffre reste toutefois orienté à la hausse de +6,15% par rapport à janvier 2021.
Chez nos voisins du Gard et de la Drôme le constat est plus alarmant puisque le total des dernières naissances mensuelles est encore plus bas qu’en 2021. A l’inverse, l’Ardèche, même en baisse par rapport à 2022, compte plus de bébés qu’en 2020 sur cette même période.

L’Insee explique cependant que malgré un mauvais début d’année en 2021, au final il y avait eu 2% de naissances en plus en France cette année-là que durant l’année 2022. En effet, on avait alors assisté à un ‘rattrapage’ démographique en cours d’année. Avec les incertitudes internationales liées à la situation en Ukraine et leurs conséquences économiques (inflation, coût de l’énergie et des matières premières) il est toutefois possible que les conditions ne soient plus forcément propices à rebond de la natalité.

Evolution du nombre moyen de naissances par jour entre 2020 et 2023, par région de résidence de la mère

Sources : Insee

Il y a aujourd’hui presque autant de Pacs que de mariages

Si les Français font moins d’enfants qu’avant, comme dans la plupart des pays à haut revenu, ils restent toutefois les champions d’Europe de la fécondité, comme le révèlent les données d’Eurostat (en excluant la Géorgie, qui fait aussi partie de l’étude). Le taux de fécondité s’élève à 1,83 enfant par femme dans l’Hexagone, soit le plus haut taux de l’Union européenne devant la Roumanie, où il s’établit à 1,80 enfant par femme. Elle est suivie par l’Islande et la Tchéquie, où les femmes donnent naissance à 1,70 enfant en moyenne.

Ensuite, ce sont les pays du nord de l’Europe qui figurent parmi les plus féconds : le Danemark (1,68 enfant par femme), la Suède (1,67) et l’Irlande (1,63). Comme le montre notre infographie, ce sont les voisins méditerranéens de la France qui font partie de ceux faisant le moins d’enfants sur le continent. En Espagne et en Italie, une femme donne en moyenne naissance à 1,2 enfant. Quant à l’Allemagne, elle se situe dans la moyenne de l’UE avec un taux de fécondité proche de 1,5.

De Claire Villiers pour Statista

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