2 avril 2025 |

Ecrit par le 2 avril 2025

Fort recul de la natalité dans le Vaucluse

Les derniers chiffres publiés par l’INSEE le 7 janvier 2025, montrent que la natalité en France poursuit la baisse constatée depuis 2011. En 2024, le nombre de naissance a reculé de 2,8 % par rapport à l’an dernier. Si dans les Bouches-du-Rhône la baisse n’est que de 1%, dans le Vaucluse le recul est de 4 %. Ainsi, dans les 10 dernières années ce département a perdu un quart de ses naissances.

La tendance est générale et particulièrement marquée, la France fait de moins en moins de bébés. D’après les démographes les taux de natalité actuels sont les plus faibles depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Le taux de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme) est aujourd’hui de 1,68 contre 1,79 en 2022. Avec un taux de fécondité inférieur à 2,1, seuil de renouvellement de la population, celle-ci vieillit naturellement. Pour Nicolas Cochez, chef de projets à la direction régionale de l’INSEE et auteur du dernier bilan démographique, les causes de ce recul historique sont multiples. Il y a d’abord des explications purement démographiques comme la diminution, dans la structure de la population française, du nombre de femmes en âge de procréer. Ensuite, il y a des explications plus sociologiques comme la montée des responsabilités des femmes dans la vie professionnelle, l’augmentation du nombre de femmes vivant seules ou encore la moindre confiance en l’avenir, explique ce démographe.

Une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Pour Catherine Scornet, maitresse de conférence à l’université d’Aix-Marseille la baisse de la natalité et celle de la population est souvent associé à « un sentiment de déclin ». Le vieillissement de la population est associé à une perte de dynamisme de l’économie précise-t-elle. Si dans un premier temps, la baisse de la natalité c’est moins de dépenses de santé, d’éducation et d’allocation, la question du financement des retraites assis sur la contribution des actifs de moins en moins nombreux, devient rapidement problématique.

A contrario pour certains observateurs dans la mouvance écologique, moins de population c’est une bonne nouvelle pour la planète. La croissance démographique est souvent pointée du doigt dans les causes du réchauffement climatique : pression plus forte sur les ressources naturelles et augmentation des émissions de CO2.

Mais tous les scientifiques ne sont pas d’accord sur le sujet. Ainsi, Hervé Le Bars , directeur d’études au laboratoire de démographie et d’histoire sociale, avance l’hypothèse que la baisse du nombre d’enfants a d’abord un impact en matière de consommation. Ainsi il relève que les ménages ayant moins d’enfants consomment d’avantage de biens et services ayant un impact sur les émissions de CO2.

Entre la nécessité économique de voir croître continuellement les populations et celle de les voir diminuer au motif de la préservation de la planète, celle de la stabilité est-elle un scénario si difficile à tenir ?


Fort recul de la natalité dans le Vaucluse

Le pacte civil de solidarité (Pacs) a vingt-cinq ans cette année. Instauré sous le gouvernement Jospin en novembre 1999, afin, entre autres, de protéger les couples de même sexe, il a progressivement été plébiscité par les couples hétérosexuels, si bien qu’aujourd’hui, on compte presque autant de Pacs conclus chaque année que de mariages. Comme le met en avant notre infographie, basée sur le dernier bilan démographique de l’Insee, ceci est lié au fait que l’institution du mariage tend à s’éroder en France, tandis que le Pacs connaît lui une montée en puissance.

En 2022 comme en 2023, autour de 242 000 mariages ont été prononcés en France. Un chiffre en baisse par rapport à la moyenne qui était mesurée au début du XXIe siècle – 266 000 unions par an entre 2002 et 2012 – et très loin des plus de 300 000 mariages célébrés au passage à l’an 2000. À l’inverse, au cours des vingt dernières années, le nombre de Pacs conclus chaque année a été multiplié par huit, passant d’environ 25 000 en 2002, à près de 210 000 en 2022. Depuis sa création, le nombre de Pacs a dépassé une fois celui des mariages : en 2020, une année qui était peu propice aux festivités nuptiales.

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Comment la fécondité évolue-t-elle en Europe ?
En 2022, dernière année pour lesquelles les données d’Eurostat sont disponibles, le nombre moyen d’enfants par femmes dans l’Union européenne (UE) était de 1,46. Un chiffre en légère baisse par rapport au début de la décennie précédente (1,54 en 2011) et qui est insuffisant pour que la population européenne se renouvelle d’elle-même, hors apport migratoire. En effet, le seuil de renouvellement des générations est estimé à 2,05 enfants par femme – un taux dont les Européens sont aujourd’hui loin. Dans quels pays de l’UE les taux de fécondité sont les plus élevés, et comment ont-il évolué au cours de la décennie écoulée ?

Comme le met en avant notre infographie, les tendances sont très variables selon les pays. De 2011 à 2022, certains pays, comme la Roumanie, la Tchéquie et l’Allemagne, ont ainsi vu leur taux de fécondité augmenter (de 5 à 15 %), tandis que dans d’autres pays, comme la France, l’Italie, l’Irlande et la Finlande, il a diminué (de 10 à 30 %). Ainsi, si les Françaises avaient toujours le taux de fécondité le plus élevé de l’UE en 2022 (1,79 enfant par femme), elles pourraient prochainement être dépassées par les Roumaines (1,71). Les taux de fécondité les plus bas de l’UE sont mesurés en Italie (1,25 en 2022), en Espagne (1,19) et à Malte (1,13).

Selon le démographe Gilles Pinson, interviewé par Le Monde, les différences entre les pays d’Europe du Sud et du Nord s’expliquent en partie par le niveau des politiques d’emploi favorables à la famille, ces dernières étant nettement moins développées dans les pays d’Europe du Sud. Quant aux pays de l’Est, après avoir vu leurs taux de fécondité chuter dans les années ayant suivi la dislocation de l’URSS, ils connaissent une augmentation de cet indicateur démographique depuis les années 2000.

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La France, championne des bébés nés hors mariage
En 2022, la France était le pays de l’Union européenne avec le plus haut taux de fécondité : le nombre moyen d’enfants par femme y était alors de 1,79, soit bien au dessus de la moyenne de l’UE, qui se situait à 1,46. Et, comme le montrent des données d’Eurostat, les Français sont également les plus nombreux de l’UE à avoir des enfants hors mariage. En 2022, un peu plus de 65 % des bébés nés en France avaient des parents non-mariés, les enfants nés de parents mariés étaient ainsi très largement minoritaires. La diffusion du Pacs (Pacte civil de solidarité) et des unions libres, au détriment du mariage, ainsi que le recul de l’âge au mariage ont rendu les naissances hors mariage majoritaires dès 2006.

Cependant, la France n’était pas le seul pays de l’Union européenne dans lequel une majorité d’enfants naissent hors mariage. Ils étaient un peu plus de 60 % au Portugal, et plus de la moitié en Espagne, au Danemark, en Estonie, en Slovénie, en Suède et en Bulgarie. À l’inverse, les mœurs de certains de nos voisins européens semblent plus traditionnelles : en Grèce, où le taux le plus bas de naissances hors mariage est observé, il était d’un peu plus de 19 %, ce qui veut dire qu’environ 80 % des enfants nés dans le pays en 2022 avaient des parents mariés. Chez nos voisins allemands, seulement un tiers des naissances environ avaient lieu hors mariage.

De Tristan Gaudiaut et Valentine Fourreau pour Statista

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