22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Cavaillon : avec Mutatec, des mouches pour nourrir les animaux et demain, les hommes

Que faire des 536kg de déchets organiques produits par personne et par an ? Comment répondre aux besoins  en protéines pour nourrir aujourd’hui les animaux et demain les hommes ? A ces deux questions, un insecte peut apporter une réponse. Fort de ce constat et de sa solution, l’entreprise Mutatec, s’est lancée dans la production de farines riches en protéines en utilisant des déchets agro-alimentaires. CQFD.

Crée en 2015, par Jérôme Costil, ingénieur agronome et Christophe Trespeuch, vétérinaire, l’entreprise Mutatec a mis au point, un processus de production de protéines qui utilise des déchets alimentaires d’origine végétale (fruits et légumes). Chaque année, un européen produit par an, en moyenne, 536kg de déchets organiques (source Eurostat). Le potentiel est gigantesque. Ce procédé n’utilise pas de terres agricoles et ne prélève pas de ressources animales ou végétales. Il s’inspire du cycle de la nature et « industrialise » ce que font les insectes naturellement. Ce modèle d’économie circulaire pourrait bien faire école. Si aujourd’hui, les farines produites servent à l’alimentation des animaux et à la confection d’engrais, leur utilisation pour l’homme donnerait une nouvelle dimension au projet. Un enjeu majeur quand on sait que les surfaces agricoles de la planète ne sauront répondre aux besoins en protéines et à leurs évolutions croissantes. Les prévisionnistes avancent un accroissement de la demande de l’ordre de 40% à l’horizon 2030.

Jérôme Costil, ingénieur agronome et Christophe Trespeuch, vétérinaire, créateur de l’entreprise Mutatec.

Au cœur du système : la mouche soldat noir
Le processus, mis au point par Jérôme Costil et Christophe Trespeuch, utilise de simples mouches, mais pas n’importe quelle mouche : l’Hermitia Illucens. Appelée aussi ‘soldat noir’ en raison de ses capacités à se nourrir de n’importe quelle matière organique, elle est particulièrement prolifique. Et il n’est pas nécessaire de la nourrir et son élevage ne consomme aucune énergie. En six semaines, un kilo d’œufs se transforme en six tonnes de larves. Ces larves, particulièrement voraces, se nourrissent des déchets. Elles sont ensuite transformées en farine. Une vraie alternative à l’utilisation de farines animales, qui servent dans certains cas et contre toute logique, à nourrir d’autres animaux qui servent ensuite à la nourriture des hommes…  Cas des poissons d’élevage notamment. On peut faire plus simple et plus écologique.

« On s’est inspiré de la nature et on a choisi un insecte dont les caractéristiques répondaient aux besoins » dit Christophe Trespeuch. « Et, elle n’est pas nuisible pour l’homme ou l’environnement » précise-t-il. Le procédé est assez rapide, quelques semaines pour un cycle complet, là où il faut plusieurs mois avec la technique du compostage.

L’élevage et la reproduction des insectes n’utilisent qu’une très faible quantité d’eau et ne produit pas de déchets
Après avoir démarrée son activité en 2015, à Châteaurenard, l’entreprise est aujourd’hui installée à Cavaillon, à proximité des fruiticulteurs et maraîchers qui l’alimentent en déchets organiques. Mutatec  a une capacité de traitement de 30 000 tonnes de déchets par an. L’entreprise emploie une vingtaine de salariés. Si l’élevage des insectes n’utilise aucune terre arable, il est également très économe en eau et ne produit aucun déchet. Qui dit mieux, serait-on tenté de dire ?

L’équipe de Mutatec.

L’expérience acquise par Mutatec a donné naissance à un autre site de production installé en Équateur. La société qui a bénéficié du soutien de l’ADEME et de fonds européens a également en projet l’installation d’autres « fermes à insectes » sur le territoire national. Un projet vitrine qui dispose de tous les atouts pour se développer.


Cavaillon : avec Mutatec, des mouches pour nourrir les animaux et demain, les hommes

Conflits armés, menaces nucléaires, dérèglement climatique, retour de l’inflation, incertitudes politiques, tensions sociales… le tableau n’est pas très réjouissant. A un moment où l’on force le sourire et où on se souhaite, sans grande conviction, de meilleurs vœux pour 2024, il y aurait cependant de bonnes raisons d’espérer.

Quand on est au cœur du cyclone on n’a pas toujours la possibilité de voir l’extérieur ou de se projeter dans l’après. Et pourtant, les mobilisations, les initiatives, les projets n’auront jamais été aussi nombreux. Jeunes, retraités, associations, enseignants, soignants, chefs d’entreprises, agriculteurs, collectivités, acteurs du monde culturel… ça bouge de partout. Et ici dans le Vaucluse, on est loin d’être reste.

A Mérindol, la commune va construire une centrale photovoltaïque
A Sérignan-du-Comtat, les habitants se mobilisent pour dire non à l’installation d’un fast-food et obtiennent gain de cause. A Mérindol, à l’initiative du maire, des habitants montent une coopérative pour construire et exploiter une centrale photovoltaïque. A Cucuron, des artistes se regroupent et montent un café alternatif tourné vers les pratiques culturelles. A Cavaillon, le collège Paul Gauthier, établissement REP Plus, se classe en tête du département pour ses résultats scolaires. De leurs côtés les collectivités (département et villes) sont plus que jamais en première ligne dans la lutte contre les fractures sociales. Et il y a du boulot !

A Lauris, le café villageois de accueille les étrangers en situation difficile
Beaucoup d’entreprises innovent, comme MUTATEC qui produit des protéines animales à base d’insectes et en recyclant des déchets végétaux. C’est encore la société B2P web qui a créé une bourse en ligne de fret, permettant d’optimiser les chargements des camions qui circulent en Europe. Elle est aujourd’hui leader sur le marché français. Côté agriculture, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans la vente directe ou la transformation de produits. Ils créent des filières de distribution alternatives leur assurant une plus grande indépendance et des revenus plus décents. A Lauris, le café villageois accueille les étrangers en situation difficile et leur propose des cours de français. On y vient aussi pour des concerts, des débats ou des ateliers de réparations d’appareils appareils électroménagers ou pour devenir un crack en informatique …

Sans les associations caritatives, le pays ne pourrait pas fonctionner
Côté entreprises, elles sont de plus en plus nombreuses à repenser leur gouvernance et souhaiter d’avantage y associer leurs collaborateurs. C’est le cas des entreprises Sterne et Loöki qui ont été récompensé pour cette démarche (trophées RSE). C’est aussi tout le travail effectué par les vignerons des Côtes-du-Rhône qui se lancent dans l’agroforesterie pour aller vers une culture de la vigne plus respectueuse de l’environnement. Ce rapide (et non exhaustif) tour d’horizon ne serait pas complet sans évoquer la mobilisation de tous les acteurs de la culture qui partout dans le département contribuent à distraire et enrichir nos regards. A l’image du festival « Court c’est court » qui a donné cette année la parole aux minorités LGBT. Il faut également saluer tout le travail des milliers de bénévoles qui s’investissent dans les associations caritatives et sociales. Sans elles le pays ne pourrait pas fonctionner. En effet, si elles n’existaient pas qui servirait les 171 millions de repas distribués en 2023 par les restos du cœur ?

Vous l’aurez peut-être remarqué, toutes ses bonnes raisons d’espérer viennent de ceux qui œuvrent au quotidien et qui sont sur le terrain. Il n’appartient qu’à chacun d’entre nous d’y apporter sa contribution et d’amplifier le mouvement. Bonne année à toutes et tous.

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