27 novembre 2024 |

Ecrit par le 27 novembre 2024

Le MIN de Châteaurenard quitte son site vieillot du centre-ville pour la Zone des Iscles

« Depuis 3 ans, sur une friche industrielle de 7 hectares, nous avons dépollué, recyclé et requalifié un site qui occupe désormais 13 500 m² de plancher », précise lors de l’inauguration, ce mardi 26 novembre, Jérémie Becciu, l’heureux directeur de ce ‘Pôle Logistique – MIN Châteaurenard – Mobilité Décarbonée’ qui trône en pleine campagne.

En présence du Président de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier (qui a fait un chèque de 5M€), de la Présidente du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (qui a déboursé 10M€), de la sous-préfète d’Arles Cécile Lenglet (650 000€), et du maire Marcel Martel qu’il remercie, le directeur ajoute : « Du champ au marché, de la graine à l’assiette, c’est notre ADN, celui de ce pôle agro-alimentaire de tous nos fruits et légumes frais, secs et surgelés. » En tout, ce Pôle a coûté 33M€ cofinancés également par le Crédit Agricole Alpes-Provence (représenté par son président Franck Alexandre) et la Banque des Territoires.

Cette plateforme accompagnera le transport de demain en passant à une mobilité décarbonée des marchandises. « Le taux de remplissage est de 92%, nous avons 148 salariés et dès l’année prochaine, ils seront 200 chauffeurs, livreurs, préparateurs de commandes, manutentionnaires, caristes, gestionnaires de stocks et de chargements, commerciaux », précise Jérémie Brecciu.

Sur un seul site, sont concentrés des bâtiments neufs, lumineux, fonctionnels de béton-verre-acier pour 9 entreprises de transports, des parkings pour 148 poids-lourds et 222 véhicules du personnel, avec 17 bornes de recharge électrique, un groupe de production de froid mutualisé pour autant de quais et cellules logistiques accessibles aux personnes à mobilité réduite avec, côté esthétique, un code couleur éclatant.

Cet outil du XXIᵉ regroupe le flux des marchandises, réduit le nombre de camions sur les routes, limite les nuisances sonores, les vibrations des poids-lourds, les embouteillages et le rejet de gaz polluants dans l’atmosphère. Les chauffeurs disposent d’un vestiaire, de douches, les salariés d’un restaurant d’entreprise. « Entre les étals des producteurs, des paysans, des grossistes, des détaillants et les camions frigorifiques, il y a à peine quelques mètres, tout se passe sur le même lieu, on économise entre 20 et 30% de carburants et il n’y a pas de rupture de la chaîne du froid. D’ici 2030, la plupart des véhicules seront électriques, donc zéro décibel, pas de bruit sur les quais et dans les hangars. Et notre mue n’est pas terminée », insiste Jérémie Brecciu.

Marcel Martel, le maire de Châteaurenard, rappelle que c’est grâce à l’arrivée du chemin de fer, à la fin du XIXᵉ siècle, que Châteaurenard a connu un essor économique exceptionnel en livrant à Paris les fruits et légumes ramassés la veille en Provence. Il a aussi salué ce nouveau site couronné du label ‘BDM’ (Bâtiment durable méditerranéen – Bronze), à haute performance énergétique qui ajoute à l’attractivité de sa commune.

Martine Vassal, la présidente de l’exécutif des Bouches-du-Rhône et de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence qui était venue, dès 2016, sur l’ancien carreau du MIN au cœur de Châteaurenard le reconnaît : « Il était dans un triste état, mais les salariés qui y travaillaient avaient une sacrée volonté ! Du coup, j’ai décidé de les aider, de soutenir ce projet de modernisation. Et j’ai tenu parole. Il ne faut pas oublier que c’est le plus grand marché de fruits et légumes de France, après Rungis. Et surtout, Ici, c’est priorité aux circuits courts. Et dans la crise que traversent nos paysans, je voudrais leur dire que je les comprends. Il est honteux qu’ils ne vivent pas du fruit de leur travail. Et s’il le faut, je suis prête à grimper en haut des barricades avec eux pour les soutenir dans leur juste combat. »

Place à Renaud Muselier, le patron de la Région Sud. « Nous avons chez nous tout un réseau de MIN à Marseille (Les Arnavaux), Avignon, Cavaillon, Nice et Châteaurenard. Il représente 1,2Md€ de chiffre d’affaires, 10% des MIN de France, 682 000 tonnes de marchandises, 11% du flux régional annuel. Le président évoque alors la figure tutélaire du Châteaurenardais Léon Vachet, député RPR pendant près de 20 ans (1988-2007) et surtout éternel défenseur des paysans, « dont l’unique ambition était de développer sa ville. Il serait content aujourd’hui de voir ce pôle. »

Renaud Muselier évoque alors son programme ‘Une Cop d’avance’ avec son ‘Plan climat’, son souci de décarboner, de préserver la biodiversité, de préserver la qualité de l’air et donc de vie de ses habitants et d’avoir une énergie diversifiée entre véhicules électriques, panneaux photovoltaïques, éolien flottant et sites nucléaires. Il a aussi parlé du déficit record que subit la France. « Comment des hauts fonctionnaires de Bercy qui ont Bac + 20 ont-ils pu laisser filer la dette de 60Md€ entre mars et juin 2024 ? Pour nous, ça représente un régime minceur de -112M€. Je ne vais pas fermer de lycées, ni réduire le réseau de transports Zou ni le budget alloué à l’agriculture. Je maintiendrai l’enveloppe de 26,8M€ sans parler des 63M€ du FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) pour 2025. »

Renaud Muselier et Martine Vassal lors de l’inauguration. ©Andrée Brunetti / L’Echo du Mardi

Il faut savoir qu’après cette 1ʳᵉ étape, le programme du Pôle Logistique va s’enrichir dans quelques mois d’un nouveau carreau des producteurs avec des entrepôts adaptés aux attentes environnementales des consommateurs. Il sera, lui aussi, le moteur de la transition énergétique avec une « Centrale de production photovoltaïque » de 4,2GW pour valoriser les produits locaux et bio et apporter une valeur ajoutée à ce territoire. D’autant plus qu’il a été édifié sur un terrain abandonné, une ancienne friche industrielle, donc sans grignoter un seul mètre carré agricole. 

Contact : 06 20 76 38 59  


Le MIN de Châteaurenard quitte son site vieillot du centre-ville pour la Zone des Iscles

A l’heure où le commerce en ligne triomphe et met à genou nombre de distributeurs, les MIN (Marchés d’Intérêts Nationaux) pourraient apparaitre comme une survivance du passé, voire une anomalie. Mais que nenni ! Dans notre région ils sont plusieurs à faire quotidiennement la démonstration que l’ancienne économie n’est pas morte et qu’elle a même consolidé ses positions. Qui l’eut cru ?

Crée par le Général (de Gaulle) au début des années 60, les MIN (une vingtaine en France et cinq en Provence-Alpes-Côte d’Azur*) sont un modèle d’interventionnisme de l’État original et très intéressant. Loin des modèles collectivistes et de leur planification aussi imbéciles qu’inutiles, il s’agissait au sortir de la deuxième guerre mondiale de rationaliser et moderniser les circuits de distribution alimentaire. L’enjeu était de taille, il fallait nourrir les habitants des grandes villes dont les populations se développaient à la vitesse grand V.

Une simple place de marché pour les professionnels
L’idée des MIN est simple, et c’est ce qui en fait sans aucun doute son succès. Il s’agit, dans une unité de lieu et sur un temps donné, de mettre en relation des vendeurs, en l’occurrence des producteurs, avec des acheteurs, commerçants, restaurateurs, grossistes… Une simple place de marché pour les professionnels, où on laisse justement le marché organiser son activité. Les MIN bénéficient d’un statut juridique particulier, et aujourd’hui, bien que leur autorisation d’exercice relève toujours d’un décret du Premier Ministre, les régions en sont, depuis 2004, les collectivités de tutelle. Chaque MIN a la possibilité de choisir la structure de gestion qui lui convient le mieux, souvent une régie municipale (forme de délégation de service public).

Là, la vente en ligne ne peut pas s’aligner
Grâce à ce modèle original, cet acteur économique, incontournable dans la filière des produits frais, est autonome et indépendant. Et la différence des autoroutes, ces petites pépites de notre économie nationale ne sont pas cessibles…
Certes, ce type de commerce nécessite de se lever dés poltron minet, entendez par là 3h00 du matin, quand même. Mais on peut y voir, y sentir, voire y goûter les produits proposés par les producteurs. Là, la vente en ligne ne peut pas s’aligner… Et puis il y a les rapports humains qui restent fondamentalement indispensables à toute vie en société.

Les MIN reste un canal de distribution qui compte
Mais tout n’a pas toujours été facile. Au milieu des années 70, avec le développement de la grande distribution, qui a créé ses propres filières, les MIN ont perdu beaucoup de terrain. On leur prédisait même une fin inéluctable. Mais ils ont résisté et se sont adaptés en jouant la carte de la qualité et des produits locaux.
Les MIN reste un canal de distribution qui compte, aux côtés de la grande distribution et des circuits courts. Aujourd’hui, 35 % des produits alimentaires frais y transitent, contre 80 % dans les années 60. Ils sont un contre point nécessaire aux évolutions actuelles du commerce et de la distribution. Et franchement il y a quelque chose de réconfortant dans ce modèle.

*Avignon, Cavaillon, Chateaurenard, Marseille et Nice

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