22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

A quoi servent les réseaux sociaux ?

Cette question on se la pose tous alors qu’ils prennent toujours plus de place dans nos vies. A l’origine de simples outils permettant à des personnes de rester en contact, les réseaux sociaux sont aujourd’hui omniprésents. Il servent à communiquer, s’informer (et désinformer), influencer, vendre, et sans doute encore plus… On y côtoie le meilleur comme le pire. Mais si on faisait le tri ?

Le rôle joué par les réseaux sociaux numériques a pris une nouvelle dimension avec l’élection présidentielle américaine en 2017. Facebook avait cédé des données personnelles de millions d’utilisateurs à une société liée à la campagne de Donald Trump, qui a pu les utiliser à des fins électorales. En 2024, le réseau X racheté par Elon Musk s’est mis au service de son nouvel ami redevenu Président des États-Unis. Faisant par la même la démonstration que les médias dit traditionnels ne pesaient plus grand chose face à l’influence de ces outils numériques. Dans cette catégorie on pourrait aussi y ajouter les nombreuses officines étrangères qui se sont spécialisées dans les fake news. Mais aux côtés de ce côté sombre il existe quelques raisons de se réjouir.

Malgré la censure les images ont pu circuler partout dans le monde…

Primé lors du dernier festival de Cannes, « les graines du figuier sauvage », est un film qui se fait le récit, au travers de la vie d’une famille de Téhéran, de la condition des femmes en Iran. Mohammad Rasoulof, son réalisateur a choisi comme toile de fond la révolte des femmes iraniennes, qui en 2022 ont fait vaciller le régime. Le point de départ de ces manifestations a été la mort d’une jeune étudiante iranienne Jina Mahsa Amini dans les geôles de la police des mœurs, suite à son arrestation.

Bande annonce du film « les graines du figuier sauvage »

Les images de ces manifestations et de leurs répressions tournées avec des smartphones ont donné à cette révolte une ampleur inédite dans tout le pays. Et malgré la censure les images ont pu circuler partout dans le monde créant ainsi une communauté de soutien qui donnait à ces femmes d’avantage de détermination et de force. Le 2 novembre dernier, une étudiante iranienne a été arrêtée alors qu’elle se promenait en maillot de bain sur le campus de l’université Azad de Téhéran. D’abord interpellée pour un voile jugé mal ajusté la jeune étudiante s’est ensuite déshabillée en signe de protestation. La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux partout dans le monde. Certes, la théocratie iranienne est toujours en place mais un jour les digues finiront pas céder…

Vidéo de la femme iranienne en maillot de bain à Téhéran

Si les réseaux sociaux numériques pouvait dans certains cas faire avancer la démocratie et la liberté ce serait une bonne chose. Mais côté utilisateurs, il faut savoir raison garder et ne pas leur donner trop de place. Si tout le temps qui leur est aujourd’hui consacré l’était à la lecture ou la fréquentation des vrais réseaux sociaux ceux où les gens se voient, dialoguent et partagent le monde irait sans doute un peu mieux.


A quoi servent les réseaux sociaux ?

Qu’il s’agisse de manifestations de masse réclamant un changement social et politique ou de mouvements sociaux organisés pour protester contre une loi, la hausse du coût de la vie ou la crise climatique, les citoyens du monde entier continuent de descendre dans la rue pour exprimer leur opinion, manifester un désaccord et réclamer la justice. Mais bien que les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient reconnus comme étant fondamentaux dans les normes internationales en matière de droits humains, les gouvernements ne cessent de les restreindre.

L’évaluation réalisée depuis 2017 par CIVICUS Monitor suggère que la société civile est confrontée à un environnement de plus en plus hostile. Les données collectées montrent qu’au niveau mondial, les États font un usage injustifié et excessif de la force pour disperser ou détenir des manifestants pacifiques. Dans certains cas, comme récemment au Myanmar et en Iran, la police voire l’armée a même recours illégalement à la force meurtrière.

Selon la dernière mise à jour datant de mars 2023, 27 pays ou territoires affichent un espace civique « fermé », 50 sont considérés comme « réprimés » et 40 comme « obstrués ». Au total, 117 États sur 197 connaissent de graves restrictions des libertés civiles et il est estimé que 28 % de la population mondiale subi une très forte répression. En comparaison, 42 pays (dont la France) ont un espace civique « réduit » et seulement 38 sont considérés comme « ouverts ».

L’année dernière, 5 pays ont basculé dans la pire catégorie, à savoir le Myanmar, l’Afghanistan, le Tadjikistan, Hong Kong et la Russie, qui sont désormais classés comme « fermés ». Le Lesotho, le Guatemala et la Tunisie sont quant à eux tombés dans la catégorie « réprimés » et 3 autres pays ont été rétrogradés dans la catégorie « obstrués » : le Ghana, la Grèce et le Royaume-Uni.

« Même si l’Europe compte le plus grand nombre de pays considérés comme « ouverts », aucune région n’est à l’abri des moyens répressifs utilisés par les gouvernements pour restreindre les libertés », soulignent les auteurs de l’étude. « Au cours des cinq dernières années, 8 pays européens ont vu leur classement baisser en raison de la détérioration des conditions d’exercice des libertés civiles ».

De Tristan Gaudiaut pour Statista


A quoi servent les réseaux sociaux ?

L’avènement de la démocratie constitue l’une des plus grandes conquêtes collectives de l’humanité au cours du siècle dernier. Elle a permis à une grande partie de la population mondiale de vivre dans une relative liberté et de changer la politique et la société de leur pays. Mais cette expansion a-t-elle atteint son apogée ? Une analyse compilée par « Our World in Data » montre à quel point la démocratie peut être fragile.

La part de la population mondiale vivant dans une démocratie élective ou libérale a atteint un pic de 54 % en l’an 2000. Comme l’illustre l’infographie ci-dessus, ce taux est passé de 50 % en 2018 à seulement 32 % en 2019. Bien que la fragilité de la démocratie apparaisse à d’autres endroits du graphique, il s’agit de l’exemple le plus dramatique de la période considérée.

La principale cause de cette baisse a été l’Inde et son déclassement par « Freedom House » en « démocratie partiellement libre » et par l’Institut V-Dem de l’université de Göteborg en « démocratie électorale » depuis la victoire de Modi aux élections de 2019. L’institut V-Dem a justifié ce déclassement par la « pression croissante sur les organisations de défense des droits de l’homme, l’intimidation accrue des universitaires et des journalistes et un flot d’attaques fanatiques, y compris des lynchages, visant les musulmans », ce qui entraînerait une « détérioration des droits politiques et des libertés civiles ».

Claire Villiers pour Statista.

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