22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Par rapport aux élections législatives de 2022, le RN gagne la 5e circonscription qui lui manquait. Cependant, dans le même temps le parti lepéniste perd la 1re circonscription qui place en tête l’antifa LFI Raphaël Arnault empêchant ainsi le RN de faire le grand chelem dans le département. Pour ce second tour, le Vaucluse reste cependant largement une terre RN avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau Front de Populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages).

Contrairement au Gard où le parti lepéniste a raflé la mise en enlevant la totalité des 6 sièges de députés du département, le Vaucluse en conserve 4 sur 5. Déjà, la semaine dernière dans la 3e circonscription, Hervé de Lépinau avait été réélu dès le 1er tour (53,51% des suffrages). Dans sa permanence de Carpentras, hier soir la déception des militants se lisait sur tous les visages. « Le Vaucluse a relevé la tête, mais ailleurs, les magouilles LFI-Macron ont joué à fond. Ce qui est sûr, c’est qu’à la prochaine élection, on va cartonner » a averti le député.

Dans la 2e circonscription, Bénédicte Auzanot a été réélue avec 56,92% des voix face à Patrick Blanes pour l’Union de la Gauche (43,08%). Par ailleurs, dans la 4e, Marie- France Lorho avait pour sa part failli être réélue au soir du 1er tour à une soixantaine de voix près. Finalement, le RN est repassé haut la main (65,43%) face à Monia Galvez (34,57%). Enfin, dans la 5e délaissée par le sortant Jean-François Lovisolo au soir des Européennes, c’est la RN Catherine Rimbert qui s’est imposée avec 55,39% contre 44,61% pour Céline Celce.

La 1re au centre de toutes les attentions
La 1re circonscription (Avignon-Morières-Le Pontet) où, dans le passé ont été élus les socialistes Henri Duffaut, Dominique Taddéi, Guy Ravier, Elisabeth Guigou, Cécile Helle et Michèle Fournier-Armand, voit l’élection du controversé Raphaël Arnault qui est passé avec 54,98% des voix face à la frontiste Catherine Jaouen (45,02%).
Dans cette circonscription, c’est Avignon qui a fait la différence pour le Nouveau front populaire avec 18 863 voix pour Raphaël Arnault (60,44%) contre 12 346 pour la sortante RN Catherine Jaouen (39,56%) qui, en revanche est arrivée en tête à Morières (65,92%) et au Pontet (58,47%).

« Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. »

Raphaël Arnault, nouveau député de la 1re circonscription de Vaucluse

« Nous, les militants de terrain, on a subi une violence folle de l’extrême droite sur le terrain, a déclaré le vainqueur venu célébrer son succès sous les fenêtres de la mairie de la cité des papes. Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. Malgré l’acharnement des medias contre nous, les fake news, on a contrecarré le RN. Le dissident Philippe Pascal nous a soutenus dès le soir du 1er tour, on a fait du porte à porte, les marchés et ça a payé. C’est une victoire de toutes les forces de gauche, des militants de tous âges. Il faut résister. Hier soir, une manifestation spontanée a eu lieu devant la Mairie. Les gens étaient soulagés, les LGBT, les bi-nationaux, les musulmans, les républicains, les juifs, le peuple de gauche ». D’ailleurs Cécile Helle, la maire d’Avignon qui avait soutenu une liste dissidente au premier tour, l’a souligné : « Avignon n’a pas failli, la dynamique collective du NFP a fonctionné à plein ».

« Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »

Thierry d’Aigremont, secrétaire départemental RN du Vaucluse

Autre son de cloche du côté du référent du RN en Vaucluse, Thierry d’Aigremont. Après ce ‘retournement national’ qu’aucun sondeur ni commentateur n’avait vu venir, le secrétaire départemental lepéniste reconnaît « un défaite cinglante » de son camp. Mails il insiste : « Un ‘fiché S au Palais Bourbon, c’est une atteinte à la sûreté de l’Etat. Nous ne lâcherons pas. La France va être ingouvernable. Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »

Le RN reçu 4 sur 5 en Vaucluse
Plus en détail, dans la 2e circonscription, la sortante lepéniste Bénédicte Auzanot a réalisé de hauts scores à Caumont (62,71%), au Thor (58,37%), à Cavaillon (58,21%) et à l’Isle-sur-la-Sorgue (54,96%). Son opposant Patrick Blanes, fataliste l’a reconnu, « Vous ne pouvez pas changer la décision des électeurs ».
Pour sa part, Marie-France Lorho a été confortée dans la 4e avec 75% des voix à Piolenc contre 25% pour Monia Galvez (NFP), 79,93% à Lamotte-du-Rhône, 71,64% à Châteauneuf-du-Pape, 71,36% à Uchaux, 71,26 à Jonquières, 66,61% à Sérignan, 65,92% à Orange, 65,71% à Beaumes-de-Venise. Elle dénonce : « Tous ces retraits, ces désistements, c’est une mascarade, on se fout des Français, on nous fait prendre les vessies pour des lanternes. Je m’inquiète pour le fonctionnement de l’hémicycle, on a déjà vu ce que ça donnait avec la NUPES dans la précédente législature. Au bout de quelques semaines, c’est le NFP qui va éclater en mille morceaux. Mais heureusement, chez nous, un nouvel élan est né ».

Enfin dans la 5e circonscription où l’ancien secrétaire fédéral du PS vauclusien et député sortant macroniste Jean-François Lovisolo ne s’est pas représenté, c’est la RN Catherine Rimbert, conseillère régionale qui l’a emporté dans un duel avec Céline Calce (55,4% contre 44,6%).
« Ce n’était pas facile dans ce bastion, mais heureusement les électeurs ne se sont pas laissé infantiliser par les consignes de vote. Et je serai la représentante de tous les Vauclusiens à l’Assemblée ». Elle a totalisé 66,67% des voix à Violès, 65,54% à Sarrians, 64,90% à Aubignan, 64,78% à Gargas. En revanche Céline Celce réalise un excellent score dans l’un des plus petits villages de Vaucluse, Auribeau 81,25% avec 39 voix contre 18,75% et 9 voix pour la nouvelle élue RN.

Au final, la participation en Vaucluse pour ce second tour est de 67,14%. Globalement, le RN s’impose avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau front populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages). Soit 43 376 votes de plus.

Un seul point commun : la détestation du Président de la République
Maintenant que le second tour est passé, on attend toujours la clarification. Rien n’est réglé puisqu’aucun des 3 blocs n’a de majorité. Et les questions qui se posent sont innombrables. Et maintenant quelle majorité ? Qui à Matignon ? Pour quoi faire ? Les analystes y vont de leurs commentaires et se désolent. Après ces alliances contre nature, quel gâchis. Que de fractures entre français. Une coalition de bric et de broc, un président dont le parti est arrivé derrière le NFP et devant le RN, coincé entre les extrêmes qui n’ont qu’un point commun, la détestation du Président de la République. La gauche fait un carton, l’ex-majorité présidentielle fait ses cartons. Remontada de la gauche, étiolement du macronisme.

Il est vrai que l’ampleur des désistements a notoirement modifié la physionomie du scrutin entre les 2 tours. Le RN qui était donné vainqueur, aux portes du pouvoir, se retrouve 3e en raison du Front républicain. Entre les Français lepénistes qui sont frustrés à cause du tir de barrage anti-RN, ceux qui ont suivi les consignes et voté pour un candidat qui ne représentait pas leur sensibilité politique, ceux qui n’ont pas envie d’une majorité de gauche avec LFI, la France sera encore moins gouvernable qu’avant la dissolution-surprise…

A l’heure qu’il est, l’Union de la Gauche disposerait, selon le Ministère de l’Intérieur, de 182 sièges, Ensemble de 168 (alors qu’Emmanuel Macron bénéficiait d’un confortable matelas de 245 députés), le RN de 143 (lui qui n’en avait que 6 en 2012 et 89 avant la dissolution).

Un calendrier chargé pour le maître des horloges
Le calendrier de la semaine qui s’ouvre est plutôt chargé : déplacement dès demain du Président Macron à Washington pour les 75 ans de l’OTAN, retour à l’Elysée le 11, puis défilé du 14 juillet. La 1ère séance de l’Assemblée Nationale est prévue le 18 juillet, avec l’élection du ou de la présidente, des vice-présidents, des présidents des 8 commissions dont celle des Finances, des questeurs, des présidents de groupes (15 élus au moins pour en constituer un) et enfin la Cérémonie des Jeux Olympiques sur la Seine le 26 juillet.
On se souvient que lorsque Gérard Collomb avait démissionné après notamment l’affaire Benalla le 3 octobre 2018, il avait fallu 13 jours à Emmanuel Macron, maître des horloges, pour nommer Christophe Castaner au Ministère de l’Intérieur.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Ils étaient 58 en 2022, ils ne sont désormais plus que 34 à se présenter dimanche pour le 1er tour : 8 dans la 1ère circonscription, 7 dans la 2ème, 6 dans la 3ème, 8 dans la 4ème et 5 dans la 5ème.

Dans la 1ère circonscription, Avignon – Le Pontet – Morières où on a vu successivement la socialiste Michèle Fournier Armand (PS) en 2012, le macroniste Jean-François Césarini en 2017 et le maire frontiste du Pontet, Joris Hébrard élu député en 2022, c’est sa suppléante, Catherine Jaouen qui porte les couleurs du RN. Dans la ville du Festival d’Avignon, où la maire, Cécile Helle, est socialiste, la gauche espère retrouver des couleurs. Sauf qu’Anne Hidalgo avait totalisé 1,24% des exprimés au 1er tour de la présidentielle en 2022, Marine Le Pen était arrivée en tête avec 11 231 voix de plus qu’Emmanuel Macron, pendant que Jean-Luc Mélenchon finissait 3ème (15,32%) et Eric Zemmour 4ème (7,50%). Et dimanche 30 juin, pour le 1er tour, LFI a investi un antifa lyonnais Raphaël Arnault, et face à ce parachutage, vent debout, le PS local soutient le DVG Philippe Pascal. Philippe Toutain portera les couleurs de Reconquête, Malika di Fraja celles de la majorité présidentielle et Johan Courtois celles des Républicains.

Première circonscription de Vaucluse

Dans la 2ème circonscription (Cavaillon) où l’ancien député-maire UMP Jean-Claude Bouchet ne s’était pas représenté en 2022, c’est la frontiste Bénédicte Lauzanot qui avait battu la macroniste Sylvie Viala (52,19% des suffrages contre 47,81%). La sortante se représente avec 6 challengers face à elle. La même Sylvie Viala (« Ensemble »), Dominique Brogi (LR), Patrick Blanes (Union de la gauche) et le zemmouriste Julien Langard.

Deuxième circonscription de Vaucluse

Dans la 3ème circonscription (Carpentras), l’avocat Hervé de Lépineau, ancien suppléant de Marion Maréchal, est candidat. Lors du second tour en 2022, il avait obtenu 5883 voix de plus que le macroniste Adrien Morenas qui se représente dimanche … mais dans la 5ème. Autre ”transfert“, celui de Souad Zitouni (« Ensemble ») en provenance d’Avignon. L’union de la gauche sera représentée par Muriel Duenas, Reconquête par Louis Roussel et LR par Christophe Tonnaire.

Troisième circonscription de Vaucluse

Dans la 4ème circonscription (Orange) où la RN Marie-France Lorho a totalisé près de 57% des exprimés au second tour en 2022, face à la macroniste Violaine Richard (43,03%), l’ancienne maire de Bollène Marie-Claude Bompard portera les couleurs d’Eric Zemmour dimanche. Monia Galvez celles de l’Union de la Gauche, David Marseille celles de LR et Lise Chauvot celles de la macronie.

Quatrième circonscription de Vaucluse

Enfin dans la 5ème circonscription où Jean-François Lovisolo (Majorité présidentielle) ne se représente pas, où en 2022, le LR Julien Aubert n’était arrivé qu’en 4ème position, derrière également le RN et la NUPES, dimanche prochain, le macronniste Adrien Morenas (« Ensemble »), se représente face à la RN Catherine Rimbert, à l’Union de la Gauche Céline Celce et au LR Martin Lefèvre.

Cinquième circonscription de Vaucluse

Les élections européennes du 09 juin 2024
Le Vaucluse où Jordan Bardella est arrivé largement en tête au soir des Européennes (40,24%), où la macroniste Valérie Hayer a obtenu 11,53% des voix, Raphaël Glucksmann 10,97%, Manon Aubry 9,34%, Marion Maréchal 7,49% et François Xavier Bellamy (LR) 5,29%… Le Vaucluse compte 4 députés sortants sur 5 RN. Quelles couleurs dimanche soir pour nos représentants à l’Assemblée Nationale? Apparemment, la participation sera en hausse, si on en croit la vague des procurations. Mais pour se maintenir au second tour le 7 juillet, il faudra préalablement avoir franchi la barre fatidique des 12,5% des inscrits dimanche.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Alors que les élections législatives se dérouleront les dimanches 30 juin et 7 juillet prochains, c’est entre la gauche et le RN que devrait se jouer la 1re circonscription de Vaucluse. Le choix par les appareils nationaux d’un candidat ‘parachuté’ pour mener la liste du nouveau Front populaire semble cependant loin de faire l’unanimité au sein des différents courants de gauches locaux qui craignent, qu’après l’erreur de casting de 2022, ce choix très controversé ne débouche, cette fois-ci, sur un ‘accident industriel’ en offrant le grand chelem au parti de Marine Le Pen dans toutes les circonscriptions du département.

« Nous avons souhaité que notre candidat à ces prochaines législatives connaisse le territoire et ses attentes. C’était un impératif », insiste Lucien Stanzione, sénateur socialiste de Vaucluse, afin d’évoquer le profil des postulants à la députation dans la 1re circonscription du département lors des élections des 30 juin et 7 juillet prochains.
Rappelons qu’auparavant, l’annonce du parachutage d’un candidat LFI (La France insoumise) lyonnais pour briguer ce siège de député pour Avignon, Le Pontet et Morières-lès-Avignon avait fait l’effet d’un véritable électrochoc au sein de la gauche avignonnaise.

Gauche de rupture
Il faut dire qu’avec Raphaël Arnault, ce choix imposé par les états-majors parisiens suscite de vives réactions. Co-fondateur en 2018 à Lyon de l’organisation antifasciste La Jeune garde, dont il a été aussi pendant longtemps le porte-parole, le militant d’extrême gauche de 29 ans, prône « une gauche de rupture ». Un activisme qui lui aura notamment valu d’être agressé en 2021 à la gare de Lyon à Paris par plusieurs militants des ‘Zouaves Paris’, groupuscule d’ultradroite dissout en 2022.
Pour ses détracteurs, le parcours de Raphaël Arnault suscite surtout des inquiétudes. De quoi d’ailleurs s’attirer les foudres des médias du groupe de Vincent Bolloré. Fiché S pour des faits de violences selon Europe 1 notamment, cet assistant d’éducation aurait eu aussi maille à partir avec la militante ‘féministe identitaire’ Alice Cordier, qui a déposé une main courante contre ce dernier pour avoir proféré de menaces de mort à son encontre. Jamais condamné, Raphaël Arnault a aussi été entendu tout récemment par la police nationale pour apologie du terrorisme suite aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. Une convocation « contre ceux qui défendent ardemment les droits des palestiniens » dénoncée par la Jeune garde.

Raphaël Arnault, co-fondateur à Lyon du mouvement anti-fasciste la Jeune garde,  et sa suppléante Mathilde Millat, militante du NPA sur Lyon également.

Candidat ‘antifa’ contre candidate ‘antifada’
Du pain béni pour Catherine Jaouen, députée RN sortante qui n’en demandait pas tant alors que son parti venait déjà de virer en tête sur Avignon lors des dernières européennes avec 28,67%, suivi par LFI (22,10%) et Raphaël Glucksmann (10,97%). La suppléante de Joris Hébrard – ce dernier ayant été élu à l’Assemblée en 2022 avant de lui céder sa place l’an dernier pour retrouver son fauteuil de maire du Pontet – voyait là l’occasion de jouer la carte de la modération en communiquant, sitôt l’investiture nationale de Raphaël Arnault connue, sur le fait que « la violence politique n’a pas sa place en Avignon. »
Une ‘victimisation’ qui permettait dans la foulée à l’élue vauclusienne de lancer un appel au rassemblement de « tous les partis de l’arc républicain et démocrate afin de dénoncer cette candidature et à se mobiliser pour faire barrage à l’extrémisme politique des LFI. »
La recette semble fonctionner à merveille. ‘L’épouvantail’ Raphaël Arnault mobilisant à 200% les sympathisants RN et finissant de convaincre une partie des électeurs de la droite républicaine locale de rejoindre le camp des pro-Bardella. Pire encore, l’effet repoussoir est tel que même certains militants de gauche excédés se déclaraient anonymement prêt à franchir le Rubicon du vote en faveur du parti de Marine Le Pen. Et les proches de la députée RN de jouer la carte d’une proximité pagnolesque par opposition à ce parachutage au parfum des Gones : « C’est peut-être le candidat antifa, mais nous c’est la candidate antifada. »

Réaction d’urgence
Ces retours du terrain de l’électorat vauclusiens seront tels qu’il ne faudra pas plus de 48 heures pour que les élus de gauche locaux prennent conscience des risques que fait peser cette candidature sur les résultats de la 1re circonscription de Vaucluse.
« L’électorat de gauche ne se reconnaît pas dans cette candidature aussi clivante prônant la violence dans la lutte contre l’extrême-droite, explique Cécile Helle, maire d’Avignon. Ce parachutage, c’est irrespectueux ! Il était donc inenvisageable que j’apporte mon soutien à une candidature qui est à l’inverse des valeurs que je défends. »
Même constat pour le sénateur Stanzione pour qui ce candidat « développe des idées qui ne correspondent pas à la vision et les attentes de notre territoire ».
Au final, dans sa très grande majorité, la gauche local a donc décidé de ne pas se soumettre aux insoumis tout en annonçant dans la foulée son soutien à une candidature alternative.

La candidature Philippe Pascal
C’est donc Philippe Pascal, un ancien LFI aujourd’hui militant au sein de la Gauche démocratique et sociale (GDS), qui partira à la conquête de cette 1re circonscription. Suppléé par Annie Rosenblatt, élue au conseil municipal d’Avignon sous l’étiquette Les écologistes-EELV, c’est ensemble qu’ils porteront les couleurs du ‘Front populaire de Vaucluse’.
Si elle est considérée comme dissidente par LFI, cette démarche est toutefois soutenue au niveau départemental par le parti socialiste, les Ecologistes, GDS, Génération.s et Place publique dont les logos apparaissent sur les tracts officiels de ce Front Populaire ‘made in Vaucluse’. Le PCF 84 ainsi que le PRG 84 ont aussi depuis annoncé leur ralliement.

« D’inspecteur voyou, je suis passé à Robins des bois de l’Urssaf. »

Philippe Pascal

Face au profil antifa de Raphaël Arnault, Philippe Pascal présente un parcours qui a également tout pour séduire les ‘purs’ du peuple de gauche. Âgé de 67 ans, ce natif de la Croix des Oiseaux, habitant aujourd’hui aux Rotondes, est un ancien inspecteur de l’Urssaf. A ce titre, c’est lui qui, missionné en 2010 par le Codaf (Comité opérationnel départemental anti-fraude), contrôlera le restaurant les Agassins au Pontet. Une affaire qui débouchera ensuite sur une très longue procédure qui l’opposera à François Mariani, propriétaire des lieux et alors aussi président de la CCI de Vaucluse. « J’ai gagné 3 procès contre lui et d’inspecteur voyou je suis passé à Robins des bois de l’Urssaf. »

Engagement humanitaire de longue date à Gaza
Militant au MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) dès 1974, ce diplômé des sapeurs-pompiers est aussi un infatigable humanitaire. Présent au Niger, il a également fait partie de la première mission mondiale qui est entrée dans Gaza en 2009, au lendemain du cesser le feu suite à l’opération militaire israélienne ‘Plomb Durci’. Président de l’association ‘Un pont pour la paix’ il retournera à Gaza « en passant par des tunnels » en 2011 puis en 2013. En février dernier, il tentera à nouveau vainement d’apporter son aide mais le passage vers Gaza sera finalement jugé trop dangereux. Il restera alors bloqué côté égyptien, à Port-Saïd, où il travaillera avec le Croissant Rouge ainsi que dans plusieurs hôpitaux du secteur.

« Côte à côte comme un symbole : un militant pro-palestinien et une militante juive contre l’extrême-droite. »

De son côté, sa suppléante rappelle aussi son engagement : « Dès que le RN dérape, je suis toujours en face que ce soit au conseil municipal ou au Grand Avignon où je suis aussi conseillère communautaire. »
« Je suis en phase avec les idées que défend Philippe Pascal, poursuit Annie Rosenblatt. J’apporte une touche écologiste en étant mobilisée sur des sujets comme la Zac d’Entraigues, l’aéroport, la LEO… mais surtout, nous sommes aux côtés des gens pour entendre leurs souffrances et leurs espoirs. »
« C’est important que nous nous trouvions côte à côte, insiste Philippe Pascal. Comme un symbole : un militant pro-palestinien et une militante juive contre l’extrême-droite. »
« Cette candidature, c’est une gauche de combat contre les inégalités », martèle Cécile Helle.

Règlement de compte chez les LFI ?
Avec un tel ADN ayant toutes les chances de fédérer les électeurs de gauche, on peut légitimement s’interroger sur les raisons qui ont empêché ce binôme d’obtenir l’investiture nationale du Front populaire.
« Quand j’étais chez LFI, j’ai eu des discussions musclées avec Manuel Bompard (ndlr : coordinateur national des Insoumis). Depuis, il ne me porte pas dans son cœur », avance Philippe Pascal pour expliquer ce court-circuitage. Il poursuit : « nous avions le soutien de nombreuses familles politiques de la gauche vauclusiennes, nous avions le soutien des élus locaux de gauche, nous avions le soutien de François Ruffin ou bien encore de Raphaël Glucksmann, mais ‘monsieur’ Bompard a choisi la candidature de la dissidence. Ce parachutage a été décidé pour que je ne sois pas élu. »

« Il y avait donc nécessité d’agir rapidement car nous prenions le risque de perdre alors que nous avons la légitimité du fruit de notre travail que nous réalisons à Avignon depuis 10 ans, justifie la maire de la cité des papes. Si nous ne l’avions pas fait, on nous l’aurait reproché. »
Seul hic, en arrivant en tête des partis de gauche à Avignon aux élections européennes, la direction nationale de LFI estime que c’est à elle seule de décider qui doit être partir sur Avignon. Quitte à investir Raphaël Arnault qui n’avait pas hésité à se lancer face à la Nupes dans la 2e circonscription du Rhône aux législatives de 2022 (6,81% au 1er tour). Une circonscription aujourd’hui conservée par les écologistes. C’est donc en Vaucluse que le jeune antifa lyonnais, qui a été auditionné à l’Assemblée nationale sous le nom de Raphaël Archenault dans le cadre d’un débat sur la lutte contre le terrorisme d’extrême droite, sera candidat avec sa suppléante Mathilde Millat, une militante du NPA de 26 ans travaillant dans le milieu associatif sur Lyon.

« Il y a déjà eu un candidat LFI. Il a échoué. »

Cécile Helle, maire d’Avignon

« Il y a déjà eu un candidat LFI. Il a échoué, rappelle Cécile Helle. Pourtant, quand on voit le profil de cette circonscription, nous devrions déjà avoir un député de gauche depuis 2022. »
La maire d’Avignon fait ainsi clairement référence aux précédentes législatives où le choix du candidat Insoumis Farid Faryssy (sous la bannière Nupes), un proche de Manuel Bompard, n’avait pas permis de mobiliser pleinement dans cette circonscription pourtant constituée d’un solide socle d’électeurs de gauche. Certains reprochant à l’avocat avignonnais d’être une ‘erreur de casting’ en ayant permis l’élection d’un député RN à 656 voix près.
Ne voulant pas renouveler cette erreur et ainsi éviter cette fois-ci ‘un accident industriel’ en permettant au RN de réaliser un potentiel grand chelem dans les 5 circonscriptions de Vaucluse, la quasi-totalité de la gauche vauclusienne semble déterminée à mener ce combat jusqu’à son terme.
« J’ai besoin d’avoir un député de gauche, persiste la maire d’Avignon. Un député de combat qui puisse accompagner, défendre et comprendre ce territoire. Et je sais de quoi je parle puisque j’ai été députée de cette circonscription. »

« On gagnera avec ou sans lui. »

Philippe Pascal, candidat du Front populaire Vaucluse

Place à une campagne éclair
« Nous irons jusqu’au bout, prévient dans la foulée Cécile Helle. On fera campagne, on se mobilisera. Toutes les voix vont compter. Le seul barrage au RN c’est Philippe Pascal et Annie Rosenblatt et cela dès le 30 juin. »
« Nous avons déjà fait barrage au RN. On sait faire et on a l’expérience des campagnes », assure David Fournier, adjoint au maire d’Avignon qui promet une mobilisation sans faille sur le terrain durant les quelques jours que durera cette courte campagne électorale.
« Soit on laissait faire et on avait la certitude d’aller à l’échec, soit on se donnait une chance de gagner alors que l’on en avait aucune », résume Eric Deshayes, adjoint au maire d’Avignon (membre exécutif de Génération.s) et directeur de campagne de Philippe Pascal et Annie Rosenblatt.
« On gagnera avec ou sans lui », prévient Philippe Pascal qui espère cependant encore que Raphaël Arnault jettera l’éponge d’ici l’élection. Une demande partagée par Fabien Roussel, secrétaire national du parti communiste français, qui aussi réclamé ce retrait.
« Il y a la lutte contre le RN, mais il y a surtout la lutte pour les Français », rappelle le sénateur Lucien Stanzione qui a peut-être compris que l’enjeu était davantage d’élire un député pour le Vaucluse que pour Rafah…


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

En Vaucluse, Jordan Bardella survole les Européennes avec 40,24%. Au niveau national, il obtient, à la suprise générale, la dissolution

Coup de tonnerre dans une élection européenne : elle débouche sur la dissolution de l’Assemblée Nationale de la République Française après la défaite cuisante du parti présidentiel.
Dans le département, Jordan Bardella avec 88 434 voix (soit 24 000 de plus que Marine Le Pen en 2019) s’impose largement au-dessus de la mêlée. La candidate macroniste Valérie Hayet affiche 11,53% (25 326 voix), suit Raphaël Glucksman avec 10,97% (24 102 voix) et 4e Manon Aubry pour LFI 9,34% (20 550 voix). La liste de Marion Maréchal, ancienne députée de Vaucluse qui inclut à la 78e place le maire d’Orange, Yann Bompard, elle, obtient 7,49% des suffrages (16 442). L’abstention a reculé de 5,41%, passant de 51,29% à 45,88% et cette mobilisation a apparemment profité au parti lepéniste.

LFI talonne le RN à Avignon
A Avignon, la liste RN arrive également en tête, mais avec 28,67% des exprimés (6927 voix), talonnée par LFI (22,10%), 3e Raphaël Glucksmann (10,97%) et la candidate de la majorité, Valérie Hayet, arrive en 4e position, comme l’avait fait Macron pour la présidentielle en 2017.
Le RN écrase toutes les autres listes en Vaucluse avec en particulier, le pompon pour Bédarrides qui a le plus plébiscité Jordan Bardella (58,35%) quand Marion Maréchal y totalise plus de 9% des suffrages. A cette hauteur suivent Piolenc (54,03%), Gignac (53,66%), Travaillan (51,55%), Monteux dont le maire est à gauche, 51,66% des suffrages, 50,91% à Saint-Christol, 50,07% à Jonquières, soit plus de la moitié du corps électoral de toutes ces communes.

Autre série des villes où domine sans partage le parti de Marine Le Pen, La Motte du Rhône (51,16%), Lagarde d’Apt (50% tout rond), Sorgues (50,30%), Courthézon (50,51%), Jonquières (50,07%), Bollène (49,32%), Violès (47,69%), Cavaillon (43,21%), Morières (43,86%), Le Pontet (43,66%), Orange (43,44%) là où la tête de liste Reconquête atteint près de 12%, Mazan (43,04%), Carpentras (39,61%), L’Isle sur la Sorgue (38,78%), Apt (34,24%).

Le parti présidentiel en tête à Brantes et Buoux
Après avoir épluché les 1154 pages de résultats vauclusiens publiées après 23h30 par la Préfecture (quand les bureaux de votes vauclusiens ont fermé à 18h), c’est à Brantes que la candidate macroniste a réussi son meilleur score : 27,91% et à Buoux, elle est également en tête, suivie de LFI (14,75%) des suffrages.
Tel la Pythie à Delphes, dans l’Antiquité, l’éternel commentateur de la vie politique française depuis un-demi siècle, François Bayrou a vu juste, disant que « Ces résultats calamiteux sonnaient le glas de la Macronie et exigeaient donc une refondation urgent ».

Même demande de Jordan Bardella en début de soirée. Il a souligné la déroute de la liste d’Emmanuel Macron et lui a réclamé de revenir à l’esprit des institutions en consultant les Français. il a donc obtenu gain Ie cause. La dernière dissolution décidée à l’époque par Jacques Chirac, remonte à avril 1997. Le président Macron a reconnu que la droite populiste “totalise près de 40% des votes des français. Je vais vous redonner le choix de votre avenir. Je dissous l’Assemblée Nationale. Les élections auront lieu les 30 juin et 7 juillet » a-t-il dit, d’un ton grave.

Législatives : seulement 3 semaines pour faire campagne
Seulement 3 semaines pour faire campagne, pour voter en amont des Jeux Olympiques, en plein Festival d’Avignon ou des Chorégies d’Orange. Nombre de réservations, de billets de trains, de représentations théâtrales et lyriques, de locations de logements et de chambres d’hôtels vont sans doute être annulées et compliquer un peu plus la situation économique et touristique du 5e département le plus pauvre de France.
Jean-François Copé a regretté qu’e le Président n’ait à aucun moment utilisé le mot échec. « Qu’il rétablisse l’ordre dans les finances (3000 Mds€ de dettes), dans la rue, à l’école, à l’hôpital. ». Malgré son faible score, 7,2%, le candidat LR François-Xavier Bellamy a tempéré en précisant qu’à Bruxelles et Strasbourg, il fera partie de la première force politique d’Europe et que cela lui donnait un nouvel élan pour défendre les intérêts de la France.

« Cette dissolution est un coup de tonnerre.”

Raphaël Glucksmann

Pour leur part, les écologistes sauvent de justesse leur présence au Parlement Européen . Marine Tondelier a dénoncé les macronistes qui ont fait la courte échelle pour que le RN se retrouve en tête du scrutin. Marie Toussaint a rappelé, en colère, que « C’est Macron qui a installé le match contre le RN alors qu’il ose se présenter comme un rempart. C’est lui qui a demandé à son premier Ministre, Gabriel Attal d’aller au combat contre Jordan Bardella à la TV pendant des heures ».

Pour le candidat du PS-Pl, Raphaël Glucksmann, crédité de 10,97% en Vaucluse, « Cette dissolution est un coup de tonnerre. Emmanuel Macron a obtempéré au RN, c’est Jordan Bardella qui fixe le tempo de la République. Les bras m’en tombent mais la gauche de Robert Badinter n’est pas morte, nous allons nous battre, tous ensemble ».

Vers une coalition des droites ?
Marion Maréchal qui avait été élue députée du RN en Vaucluse en 2012 et qui roule désormais pour ‘Reconquête’ aux côtés d’Eric Zemmour s’est félicitée: « On existe depuis si peu de temps, deux ans, et pourtant on a relevé la tête, on est passé de 4% à 5,3%, on a gagné plus de 300 000 électeurs, merci à vous. Avec le bloc RN, nous totalisons plus de 40% des suffrages. il manque encore des voix, nous devons donc faire une coalition des droites pour gagner. Vous pouvez compter sur nous ».

Bien que sans mandat électif, Jean-Luc Mélenchon s’est évidemment exprimé pour LFI. « Emmanuel Macron est totalement responsable de ce chaos. Sa brutalité dans le vote de la réforme des retraites malgré la farouche opposition du peuple français, son entêtement à réduire les droits des travailleurs avec sa réforme de l’assurance-chômage. Après 40 ans de calme il a ravivé les braises en Nouvelle-Calédonie. C’est lui qui joue avec le feu et fait grimper la colère, le mécontentement, le ras-le-bol des Français. Voilà pourquoi ils lui ont signifié leur total désaccord avec ce vote-sanction et il a bien fait de dissoudre car il n’a plus de légitimité ».

« La macronie, c’est fini.”

François Ruffin

Dans le même mouvement François Ruffin n’y est pas allé de main morte, lui qui était au collège avec Emmanuel Macron à Amiens. « La macronie, c’est fini. Avec le PS, le PC, les écologistes, nous devons reformer un Front Populaire, comme nos anciens l’avaient fait face aux nazis après guerre. Cessons de nous insulter, de nous déchirer à gauche. Donnons-nous une chance de gagner face à l’extrême droite ».

Enfin, Marine Le Pen a laissé exploser sa joie en constatant que « C’est le plus haut score pour notre parti depuis 40 ans. Félicitations à Jordan Bardella pour cette très belle campagne qu’il a menée depuis des mois, à la rencontre des français. Je salue la décision du Président de la République de dissoudre. La parole est redonnée au peuple et je sais qu’il nous font confiance pour que nous réalisions l’alternance en mettant fin à la baisse du pouvoir d’achat , à l’explosion de l’insécurité et du flux d’immigration ».

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