Au lendemain des élections législatives 2022, la coalition de partis soutenant le président Emmanuel Macron (Ensemble !) n’a obtenu qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale, soit 245 sièges selon le Ministère de l’Intérieur, loin derrière le seuil des 289 sièges permettant de décrocher la majorité absolue. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) emmenée par Jean-Luc Mélenchon arrive en deuxième position avec 131 sièges, devant le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui a créé la surprise en passant devant Les Républicains, avec 89 sièges remportés contre 61 pour le second.
Il s’agit de la première fois lors d’un scrutin majoritaire sous la Vème République qu’un parti d’extrême-droite franchit le seuil des quinze députés nécessaires pour former un groupe parlementaire dans l’hémicycle. Le précédent remonte au scrutin proportionnel de 1986, lorsque que le FN de Jean-Marie Le Pen avait réussi à décrocher 35 sièges au Palais-Bourbon.
Avec 46,2 % des inscrits qui sont aller voter au second tour (et 47,5 % au premier), la participation électorale a été un peu plus élevée qu’en 2017 mais reste historiquement basse pour ce type d’élections. Concernant la représentation des femmes au parlement, la nouvelle Assemblée nationale compte 362 hommes (62,7 %) et 215 femmes (37,3 %), soit un hémicycle un peu moins féminisé que celui issu des législatives de 2017, où les femmes occupaient 39,5 % des sièges.
Législatives en Vaucluse : le RN arrache 4 circonscriptions sur 5, déroute pour le parti présidentiel qui n’en obtient qu’une. Déception pour la Nupes sur Avignon.
La République en panne. Alors qu’En marche comptait 2 sièges en 2017 (Jean-François Césarini et Brune Poirson), il n’en détient plus qu’un avec l’ancien patron du PS, Jean-François Lovisolo devenu macroniste, et élu hier avec 589 voix d’avance (50,81%) sur la RN Marie Thomas de Malleville (49,19%) dans la 5e où précédemment était élu le LR Julien Aubert, éliminé dès le 1er tour le 12 juin dernier.
L’abstention, 1er parti de Vaucluse La première force de Vaucluse reste l’abstention : 223 582 électeurs sur 413 316 inscrits se sont abstenus, soit 54,09%, c’est dire le degré de défiance et de rejet du système politique. Dans la 1re circonscription, le maire RN du Pontet, Joris Hébrard devient député, grâce à sa courte victoire (656 voix) sur le représentant de la Nupes Farid Faryssy, avec 51,14% des suffrages contre 48,86%. Celui-ci arrive en tête à Avignon (54,76%), mais Joris Hébrard totalise 67% dans sa commune comme à Morières. « La gauche s’effondre sous le poids de ses contradictions » a déclaré Joris Hébrard, au soir de sa victoire. « Je me battrai pour le pouvoir d’achat, la sécurité, le service public de l’hôpital, la LEO et la pollution que subissent les riverains de la Rocade Charles de Gaulle mais aussi contre la brutalité de la politique d’Emmanuel Macron ». Son challenger a reconnu « Avoir perdu la bataille ce dimanche, mais continuera à la mener ».
RN des villes contre ‘bobo’ des villages Dans la 2e circonscription, celle de Cavaillon, détenue par le LR Jean-Claude Bouchet qui ne se représentait pas, c’est la frontiste Bénédicte Auzanot qui est élue avec 52,18% face à la macroniste Sylvie Viala (47,82%). Sylvie Viala totalise 73% des suffrages à Buoux (76 votants), 60% à Lacoste (150 exprimés), mais la RN Béatrice Auzanot arrive en tête dans les communes plus importantes (57,59% à Caumont, 54% à Saint-Saturnin-lès-Avignon, 53% à Mérindol et aux Taillades). La nouvelle députée « a hâte de se mettre au travail pour défendre les citoyens, face au pouvoir d’achat, à la sécurité, à la défense des services publics ». Quant à Sylvie Vialat elle reconnaît « payer la politique d’Emmanuel Macron, le rejet de sa personne ».
Hervé de Lépineau sans se forcer Dans la 3e, le frontiste Hervé de Lépineau qui avait perdu de 423 voix face à Brune Poirson en 2017 s’est largement imposé : 59,22% face à Adrien Morénas, le sortant (40,78%). L’ancien suppléant de Marion Maréchal en 2012 obtient 68,77% à Bédarrides, 64,57% à Sorgues, 62,55% à Monteux, 61,74% à Entraigues, 59,22% à Pernes, 58,30% à Vedène et 56,52% à Carpentras. Adrien Morénas arrive en tête à Venasque (61,83%), au Beaucet (59,69%). Ils sont à égalité (104 voix chacun à La Roque sur Pernes).
Marie-France Lorho poursuit son mandat Du côté de la 4e circonscription, la ‘bompardiste’ Marie-France Lorho, en duo avec le maire RN de Camaret (Philippe de Beauregard) est réélue avec 56,96% des suffrages, contre 43,04% pour la macroniste Violaine Richard. Elle obtient ses meilleurs scores à Piolenc (63,41%), Sérignan (61,34%), Mornas (61, 28%), Bollène (60,78%), Jonquières (60, 16%), Valréas (55,85%), Cairanne (54, 57%), Malaucène (53,52%). Quant à Violaine Richard, elle totalise 70% à Saint-Léger du Ventoux, 63% à Suzette et Villedieu, et de bons chiffres dans les villages viti-vinicoles de Gigondas (64,3%) Rasteau (59,86%) Sablet (59,78%). En revanche, les 2 candidates sont à égalité absolue avec 50% chacune à Chateauneuf du Pape (385 voix) et Savoillan (25 suffrages).
Jean-François Lovisolo sauve l’honneur Enfin dans la 5e, la majorité présidentielle sauve l’honneur avec l’ex-socialiste Jean-François Lovisolo qui devance d’une poignée de voix (589) la frontiste Marie Thomas de Maleville (50,81% contre 49,19%). Le maire de La Tour d’Aigues est carrément plébiscité (95,65% des suffrages) à Auribeau (22 voix), une seule s’est portée sur son adversaire. Il affiche 61% à Goult, 60% à Sannes, 59% à Roussillon, 58,75% à Peypin d’Aigues, 58,54% à Gordes. La RN est en tête à Méthamis (62,26%), Lagarde d’Apt (60,87%), Saint-Christol (60,58%), Gargas (60,09%), Aubignan (57,22%), Mormoiron (53,42%). Ils n’ont qu’une voix d’écart à Saint-Pantaléon : 36 pour Jean-François Lovisolo, 35 pour Marie Thomas de Maleville. Le nouveau député de la majorité présidentielle qui se dit « Inquiet et préoccupé par la vague de contestation qui traverse le pays. Le vrai vainqueur de ces législatives dans le Vaucluse, c’est le RN, qui étend son ancrage et l’emporte très nettement ».
Du ‘Tout sauf Macron’ à la débâcle présidentielle « Quand le peuple vote, le peuple gagne » martelait Marine Le Pen lors de la campagne pour la Présidentielle. Cela s’est vérifié hier où le ‘Tout sauf Macron’ a fait le bonheur du RN puisqu’il aura autour de 90 députés à l’Assemblée, un chiffre historique. En revanche, de 313 députés ‘En marche’ dans la précédente mandature, le parti du président a rétréci à 245 environ ce matin, loin des 289 qui lui auraient conféré une majorité absolue. Il va devoir composer avec ses oppositions. Jean-Luc Mélenchon parle de « déroute » et de « débâcle » présidentielle. Quelles marges de manœuvres pour la 1re Ministre, Elisabeth Borne ? Malgré les soutiens du Modem et d’Horizons, le Président Macron ne pourra compter ni sur François Bayrou ni sur Edouard Philippe pour soutenir sa politique sur les bancs du Palais Bourbon puisqu’ils ne se sont pas présentés aux législatives. Pendant que dans l’opposition, les ténors du RN et de la Nupes s’égosilleront à la tribune et déposeront des milliers d’amendements pour contrer la réforme des retraites et défendre le pouvoir d’achat des Français.
« L’Assemblée Nationale n’est ni un squat, ni une ZAD » (zone à défendre) déclarait le président ad interim du RN, Jordan Bardella hier soir. Reste à savoir comment et pendant combien de temps la démocratie va pouvoir fonctionner au cœur de l’Assemblée Nationale dans les mois qui viennent et si Elisabeth Borne restera à Matignon. Autre question : avec quel gouvernement après la défaite cuisante de chefs de file macronistes comme Richard Ferrand (ancien Président de l’Assemblée Nationale) ou Christophe Castaner (ancien Ministre de l’Intérieur et Président du groupe En Marche) battu à Forcalquier.
Le nouveau visage de l’Assemblée nationale
Avec 4 députés sur 5, le RN s’enracine en Vaucluse (voir résultats ci-dessous circonscription par circonscription). Le parti de Marine Le Pen obtient 93 388 voix (53,71% des suffrages exprimés) sur 189 734 votants vauclusiens lors de ce second tour des élections législatives (taux de participation de 45,91% dans le département). Dans le même temps, Ensemble, le parti du président de la République réunit 66 424 votants (38,20%) contre 14 065 votants pour la Nupes (seulement présent dans la 1re circonscription), soit 8,09% des votants.
Bénédicte Auzanot (RN) est élue députée de Vaucluse de la 2e circonscription de Vaucluse avec 52,18%. Elle devance Sylvie Viala (Ensemble), représentant la majorité présidentielle, avec 47,82%. Le taux de participation est de 46,71%
Le nouveau visage de l’Assemblée nationale
Avec 31,47% des suffrages (59 737 voix) le parti lepéniste arrive en tête, suivi d’ ‘Ensemble’, le parti présidentiel (23,72% et 45 027 voix), 3e, l’union de la gauche, Nupes avec 21,95%. De son côté, LR s’effondre à 9,52% et voit Julien Aubert quitter le Palais Bourbon, enfin ‘Reconquête’ le parti d’Eric Zemmour fait ‘pschitt’ avec 5,28% dans le département et l’élimination dès le 1er tour du duo Stanislas Rigault-Marion Maréchal à Cavaillon, circonscription dont le député sortant LR Jean-Claude Bouchet ne se représentait pas.
Abstention ou défiance ? Autre chiffre qui ne surprend pas, tant la défiance à l’égard du monde politique est grande au fil des élections, celui de l’abstention : 53%. Moins d’un vauclusien sur deux a voté, soit 219 380 abstentions sur 413 261 inscrits, ce qui explique qu’il n’y ait que des duels dimanche prochain, le ticket de qualification pour le second tour à 12,5% des inscrits étant très difficile à atteindre. Dans la première circonscription (Avignon-Le Pontet-Morières) où avait été élu le REM Jean-François Césarini en 2017, remplacé par sa suppléante Souad Zitouni après son décès en 2020, c’est le mélenchoniste de la Nupes, Farid Faryssy qui est en tête avec 30,55% des suffrages (9 338 voix), suivi du RN Joris Hébrard, maire du Pontet (29,97% et 9160 voix soit 178 voix d’écart seulement). Troisième, la députée sortante Souad Zitouni est éliminée. Pour le second tour, la question est de savoir si la gauche unie a fait le plein des voix et si le frontiste Joris Hébrard pourra bénéficier d’une partie des suffrages de Reconquête (Ophélie Nau 1 478), de LR (Dominique Brogi 1 359) et de la DVD Kheira Seddik (752 voix).
Trois duels RN-majorité présidentielle Dans la deuxième circonscription (Cavaillon – Isle sur la Sorgue – Bonnieux – Cadenet), la RN Bénédicte Auzanot arrive en tête (26,08%) devant la macroniste Sylvie Viallat (23,07%). Quant à la conseillère départementale LR Elisabeth Amoros (10,02%) elle ne se qualifie pas dans ce fief républicain tenu des décennies par Jean-Claude Bouchet, l’ancien maire de Cavaillon. En ce qui concerne la troisième circonscription (Carpentras sud – Bédarrides -Pernes), où la REM Brune Poirson avait été élue de justesse (423 voix) devant le RN Hervé de Lépineau, l’avocat de Carpentras a cette fois recueilli 5 445 voix de plus (37,05%) que le macroniste Adrien Morénas (22%) et pourrait aussi bénéficier d’une partie des suffrages du ‘zemmouriste’ Christian Montagard (2 364 voix) pour le second tour. Pas de changement en vue dans la quatrième circonscription de Vaucluse Nord (Orange – Bollène – Vaison – Valréas – Malaucène – Beaumes de Venise) où la députée sortante, Marie-France Lorho (Ligue du Sud), en équipe avec le maire RN de Camaret, Philippe de Beauregard, totalise 41% des suffrages devant la représentante de la majorité présidentielle Violaine Richard (25,27%). La ‘frontiste’ affiche même 48,79% à Lapalud, 48,72 à Piolenc ou bien encore 46,53% à Orange.
Ballotage favorable pour le président de l’Association des maires de Vaucluse Enfin, dans la cinquième circonscription, la plus grande, celle d’Apt, Pertuis, Gordes, Mormoiron, Sault, exit le député LR Julien Aubert (17,17% des voix) arrivé quatrième. Premier l’ex-PS devenu macroniste Jean-François Lovisolo (24,97%), suivi de la RN Marie Thomas de Maleville (23,48%), troisième la Nupes Céline Celce (22,26%). Le maire de La Tour d’Aigues appelle à n’apporter aucune voix à l’extrême droite, il pourrait aussi bénéficier au second tour d’un report d’une partie des voix des écologistes et de la gauche unie. Quant à Julien Aubert il se dit « Déçu. Malgré mon travail à l’Assemblée Nationale et sur le terrain, 10 ans au service des citoyens ont été balayés en un jour ». Il ne donne aucune consigne de vote, va se consacrer à sa famille et sans doute retourner à la Cour des Comptes, son corps d’origine.
Quelle majorité pour l’Assemblée ? Pour le second tour dans le Vaucluse, le RN est donc omniprésent dans les 5 circonscriptions alors qu’Ensemble sera lui présent dans 4 ‘circo’ du département. Par ailleurs, l’effet national Nupes reste moins marqué en Vaucluse ou l’union de gauche n’arrive en tête que dans la première circonscription d’Avignon avec une réelle chance de succès. Reste à savoir si le président réélu le 24 avril, Emmanuel Macron disposera d’une majorité absolue (289 députés) au soir du second tour le 19 juin ou d’une majorité relative. Si Jean-Luc Mélenchon et ‘sa’ gauche unie, la Nupes, sera son principal opposant, pendant que Marine Le Pen, finaliste de la présidentielle, bénéficiera d’un groupe pour apporter la contradiction. Le président devra composer avec ses alliés éventuels pour appliquer sa politique dans les 5 ans qui viennent. Lui qui comptait 313 députés LREM en 2017 va avoir du fil à retordre jusqu’en 2027, même si Eric Zemmour, autre opposant potentiel, disparaît pour l’instant du paysage politique.
Jean-François Césarini (LREM) dans la 1re circonscription, Jean-Claude Bouchet (LR) dans la 2e, Brune Poirson (LREM) dans la 3e, Jacques Bompard (DVD) dans la 4e et Julien Aubert (LR) dans la 5e, c’était la photographie du verdict des urnes des dernières élections législatives en 2017. Depuis, les choses ont changé. Brune Poirson nommée secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire a immédiatement laissé sa place à Adrien Morenas (qu’elle a reprise à nouveau pendant quelques semaines avant de lui recéder il y a 1 an), Jacques Bompard maire d’Orange a laissé la sienne à Marie-France Lorho. Quant à Jean-François Césarini, qui est décédé le 29 mars 2020, il a été remplacé par sa suppléante, Souad Zitouni.
Moins de candidats qu’en 2017 Alors qu’il y avait 68 binômes candidats en 2017, on en compte 58 cette année, 13 dans la 3e circonscription (Bédarrides, Carpentras-Sud, Pernes), 12 dans la 1re (Avignon, Montfavet, Le Pontet, Morières), la plus pauvre du département avec 28,7% de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté et 17 620€ de revenus médians par an. On dénombre aussi 12 duos dans la 2e circonscription, la plus riche (21 310€ en moyenne), celle composée par Cavaillon, l’Isle sur la Sorgue, Bonnieux et Cadenet, 11 dans la 5e (Pertuis, Apt, Gordes, Carpentras-nord, Mormoiron, Sault), la plus vaste et 10 dans la 4e (Bollène, Beaumes de Venise, Malaucène, Orange, Vaison, Valréas).
Forces en présence Pour ce premier tour dimanche sont notamment en lice, dans la 1re circonscription : Souad Zitouni (la REM), députée sortante candidate à sa succession en duo avec le viticulteur Christian Paly, le maire RN du Pontet Joris Hébrard, l’avocat Faryd Farissy pour la Nupes et Philippe Pascal (NDLR : Gauche démocratique et sociale – toujours présent sur les listes officielles du ministère de l’Intérieur s’est toutefois désisté). Dans la 2e où le député Jean-Claude Bouchet (ancien maire de Cavaillon) ne se représente pas, briguent les suffrages : la conseillère départementale LR Elisabeth Amoros, Bénédicte Auzanot (RN), Stanislas Rigault (Reconquête, le parti d’Eric Zemmour) en duo avec Marion Maréchal, ex-benjamine FN de l’Assemblée nationale en 2012 ou bien encore Sylvie Viala de la majorité présidentielle. Dans la 3e, Adrien Morenas (LREM) se représente, il aura face à lui Hervé de Lépineau (RN). Dans le nord Vaucluse, Marie-France Lorho, députée sortante Ligue du Sud en duo avec le maire RN de Camaret, Philippe de Beauregard, ils seront opposés à une habituée, Anne-Marie Hautant et Violaine Richard (Ensemble majorité présidentielle). Enfin dans la 5e, Julien Aubert est candidat à sa propre succession. Le député LR aura notamment face à lui l’ancien gilet jaune Christophe Chalençon, la RN Marie Thomas de Maleville et Jean-François Lovisolo, le maire PS de la Tour d’Aigues désormais sous l’étiquette macroniste.
Une forte abstention ? En 2017 l’abstention en Vaucluse avait oscillé entre 42,95% des voix (la plus basse dans la 2e circonscription Cavaillon- Isle/La Sorgue, Bonnieux, Cadenet) et 60,04% (la plus haute) dans la 1re, Avignon -Morières-Le Pontet. Après les épisodes des ‘Gilets jaunes’, du ‘Covid’, et maintenant du fiasco du stade de France, comment réagiront les électeurs dimanche ? Se masseront-ils dans les bureaux de vote pour remplir leur devoir de citoyens ou baisseront-ils les bras ? Le tout, sans oublier qu’un fort taux d’abstention, en limitant les possibilités de triangulaires ou de quadrangulaires, devrait favoriser le duel dans toutes les circonscriptions du Vaucluse.
Alors que ‘Reconquête !’, le parti d’Eric Zemmour, avait confirmé il y a quelques jours qu’elle ne serait pas candidate dans le Vaucluse, selon nos confrères de La Provence qui l’annonçait hier soir Marion Maréchal devrait finalement être candidate en tant que suppléante aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Elle se présentera dans la 2e circonscription (Cavaillon, l’Isle-sur-la-Sorgue) aux côtés de Stanislas Rigault. Si sa grossesse l’a longtemps fait hésiter à se lancer à nouveau dans l’arène politique vauclusienne, cette dernière vient de clarifier sa position en renonçant à sa fonction de directrice générale de l’ISSEP (Institut de sciences sociales économiques & politiques), établissement privé qu’elle dirigeait depuis sa création à Lyon en 2018. « Aujourd’hui, j’ai une activité politique avec ‘Reconquête !’ et je suis très attachée à l’indépendance de l’école, à sa dimension ‘apartisane’, au fait que ce soit un projet éducatif exclusivement. Donc pour préserver cette indépendance, cette séparation, j’ai décidé de renoncer à ma fonction de directrice générale », confirme la nièce de Marine Le Pen qui restera cependant à la tête du pôle réseau professionnel de l’école. C’est d’ailleurs associée à ce nom que les Vauclusiens avaient découvert Marion Maréchal Le Pen en 2012. A cette époque, celle qui allait devenir la benjamine de l’assemblée nationale jusqu’en 2017, s’était présentée sous l’étiquette FN (Front national) dans la 3e circonscription de Vaucluse, à Carpentras. Elle l’avait emporté avec 42,09% des voix contre 35,82% pour le candidat UMP, Jean-Michel Ferrand, député sortant en poste depuis 26 ans, et 22,08% pour la candidate socialiste, Catherine Arkilovitch. Depuis, le FN est devenu le RN (Rassemblement national), Marine Le Pen est arrivée deux fois au second tour de l’élection présidentielle et Marion Maréchal s’est ‘débarrassée’ du nom Le Pen avant de soutenir Eric Zemmour à l’occasion du dernier scrutin présidentielle. La transfuge est d’ailleurs maintenant vice-présidente exécutive de ‘Reconquête !’.
L.G.
Le nouveau visage de l’Assemblée nationale
Après avoir investi les quatre continents et fondé plusieurs entreprises au service de l’humain, Dominique Brogi poursuit le chemin de ses convictions. Les mêmes qui la conduisent aux législatives de 2022.
« Disruptive », le terme résonne dans la salle un bon nombre de fois. Open space spacieux, cartons de marchandises soigneusement rangés, Dominique Brogi nous reçoit dans son fief à Agroparc. La ‘globe-trotter’ déborde d’une énergie contagieuse, gratifie d’un tutoiement naturel, vous plonge dans les méandres de sa vie. Entrepreneure dans l’âme, toutes ses aventures ont un point commun : l’entraide.
C’est officiel, la conseillère régionale de Paca est candidate LR dans la 1ère circonscription de Vaucluse, au côté d’Elisabeth Amoros, Gilles Veve, Julien Aubert, Roger Rossin, Jean-Claude Bouchet ayant souhaité « passer le relais ». « C’est la première fois que je fais une campagne, je suis arrivée là-dedans par un enchainement de choses. Je ne me suis pas réveillée un matin avec un déclic, c’est une suite logique », nous confie Dominique Brogi. L’entrepreneure entend mettre à profit son parcours de chef d’entreprise, sons sens de l’analyse pour trouver des solutions aux problématiques de sa circonscription. « A 56 ans, je rentre dans un environnement où je n’ai aucune zone de confort », souligne-t-elle.
« J’entends et je comprends que les gens en ont marre de la politique. On retrouve très souvent les mêmes personnes, aux mêmes endroits, avec des mandats différents », déplore la candidate. L’expérience de vie, la maturité, un logiciel déconstruit et une vision neuve, les planètes semblent être alignées. La comète Julien Aubert ne tardera pas à lui tendre la main pour les législatives de juin. Le président LR de Vaucluse lui confiera alors : « je pense que tu peux être celle par qui la différence peut arriver ».
Aux quatre coins de la planète
Un globe terrestre. Enfant, elle le tourne des heures durant dans sa chambre, positionne les pays, apprend par cœur leur nom. Cette sphère anodine lui donnera le goût de l’aventure et ouvrira ses horizons. A quoi ressemble la vie ailleurs ? Celle qui naît à Madagascar arrive en France à l’âge de 3 mois. Elle grandit dans un quartier populaire, élevée par sa maman avec des moyens très modestes. « Je n’ai manqué de rien, mais la viande par exemple, c’était une seule fois par semaine », se remémore-t-elle. Très vite, Dominique Brogi se découvre une passion : les langues. Son accent naturel et la richesse de son vocabulaire la conduisent tout droit vers un bac littéraire avec 3 langues vivantes, puis un BTS Commerce international à Grenoble.
Au sortir des études, elle jette son dévolu sur l’Angleterre avant d’aller à Montréal. L’oiseau s’envole, dort par terre dans un 30m², faute de moyens pour s’acheter un matelas tout de suite. « J’étais très fière d’être indépendante », conte Dominique Brogi qui fait très vite ses preuves. Elle devient directrice générale des ventes à l’international à seulement 21 ans. Suivront des voyages d’affaires dans tout le globe. « L’avion, c’était ma maison et le fil conducteur d’une telle vie est la solitude liée à la délocalisation et les temps de voyage », explique-t-elle.
Explorant des environnements et des cultures différentes, Dominique Brogi écoute les aspirations et les besoins de chacun. La trajectoire est celle d’une entrepreneure animée par cette volonté de changer les choses. « C’est un tempérament qui s’est imposé à moi, c’est l’histoire de ma vie, aider depuis que je suis petite, quel que soit le milieu », indique l’élue. En France, l’extravertie à l’américaine, l’enthousiaste naturelle détonera dans un environnement plus mesuré. « Ceci dit, une fois que tu casses cette première barrière, une relation quasiment fusionnelle se crée », relativise-t-elle.
L’aventure ‘Monshérif‘
Après dix années passées à Tahiti, direction Paris. Dominique Brogi se voit confier un mandat dans une société éditrice de solutions digitales. En 2013, elle crée un réseau nommé Fabtown (la ville fabuleuse) qui met en relation, par des notifications et une carte dynamique interactive, les personnes selon leurs centres d’intérêts. Des fonctionnalités révolutionnaires à l’époque. L’application permet également l’entraide autour de sujets graves ou le partage de services. Suivra le même principe au service des collectivités avec l’application en marque blanche FabVille, précurseur des applications citoyennes disponibles partout aujourd’hui.
En mai 2016, la chef dentreprise donne naissance à ‘Monsherif’. Le dispositif qui prend la forme d’un bouton connecté sera démocratisé en 2018. ‘Monsherif’ permet à partir de simples clics discrets et géolocalisés de communiquer, d’alerter et de récolter des preuves, sans avoir à se saisir de son téléphone, car l’urgence ne le permet pas. « Les personnes victimes de violences, les joggeuses agressées, les situations de handicap, l’accident, la chute, l’AVC, ou encore la détresse respiratoire liée à la Covid19 : si on a un bouton sur soi, on peut appuyer dessus sans avoir à parler pour alerter son entourage, on peut agir rapidement », explique-t-elle.
Pourquoi être venue s’installer en Vaucluse ? Tout est question de logistique. Se faire livrer les boutons connectés en plein centre de Paris, le défi relève de la gageure. « Étant tombée sous le charme du Vaucluse, rejoindre le Technopôle d’Agroparc était une évidence », précise-t-elle. Dès les prémices, l’écosystème économique vauclusien croit fermement à cette solution. En septembre 2021, la bonne nouvelle tombe et vient couronner le labeur : ‘Monsherif’ est récompensé par le prix ‘Tech for women’ remis à l’Unesco.
Aujourd’hui, une quinzaine de personnes s’emploient à développer la solution dans l’hexagone. « Quand des personnes m’expliquent leur calvaire jusqu’au moment où elles ont ce bouton entre les mains, je me sens tellement petite, je visualise encore tout ce qu’il reste à accomplir. J’irai jusqu’au bout, pour toutes les personnes vulnérables qui ont besoin de ça », conclue-t-elle en brandissant la version ‘Monsherif’ en bijou scintillant connecté.
Quand la Région se manifeste
Entre temps, Dominique Brogi est élue ‘Femme numérique du Vaucluse’. « J’ai continué à faire mon bonhomme de chemin dans la discrétion, je ne connaissais pas du tout l’écosystème vauclusien. Je poursuivais mon travail pour permettre aux gens de gagner en sérénité et en liberté au quotidien », raconte l’élue. Une convention avec le Tribunal judiciaire d’Avignon voit le jour, avec l’association d’aide aux victimes l’Amav 84. La Maison de protection tenue par la gendarmerie de Carpentras suivra.
En juin 2021, en pleine campagne, Renaud Muselier entend des échos. Une femme a créé une solution inédite au service de la sécurité des citoyens, elle innove, prend des risques et gagne des prix. Sur proposition du président de la Région Paca, la voilà quelques temps après plongée au Conseil régional, « je me suis dit que cela pouvait être une suite logique dans mon engagement. » Dominique Brogi devient conseillère régionale déléguée à l’égalité femmes-hommes, elle siège notamment à la commission ‘sécurité, défense’, et ‘transports et ports’. Pour éviter tout conflit d’intérêt, elle structure la gouvernance de Monshérif, « je resterai toujours l’ambassadrice, c’est mon bébé ».
Avignon, le « miroir » de la France
De fil en aiguille, la volonté se fait plus prégnante : elle sera candidate aux législatives. De l’aveu de Dominique Brogi, « Avignon est le miroir de la France », avec tout ce qu’elle a de plus beau à offrir : un patrimoine « d’une richesse incroyable », une géographie et des paysages « à couper le souffle ». « A côté de ça, tous les problèmes se concentrent de manière très dense : la pauvreté, la dépendance aux aides sociales, l’insécurité… On a tendance à oublier le bon sens : le bien-être des habitants au quotidien. Est-ce que l’on a bien réfléchi ? En matière de transports, de piétonnisation, de logements sociaux. Comment rendre Avignon vraiment agréable, pouvoir se loger facilement, bouger, s’y sentir en sécurité ? », autant de questions que l’élue met sur la table.
L’approche se veut différente : « je pose un problème, je n’arrive pas en conquérante. Je ne me présente pas à l’élection pour être maire d’Avignon. Je prends une circonscription qui sert de zone d’analyse, avec de la remontée d’informations, pour faire enfin des textes de loi dans le sens de ce qui est attendu par la population », explique-t-elle. En matière de vision, Dominique Brogi épouse celle de la cheffe de l’exécutif, dont la carrière a débuté en agence de publicité. « Dominique Santoni est une femme de terrain, elle se fiche de connaître le parti politique en face d’elle quand on lui soumet une proposition », juge l’élue.
« Je ne m’estime absolument pas légitime pour avoir des vues sur la fonction de maire d’Avignon, même si je vis ici depuis six ans. En revanche, mon expérience de vie fait ma force pour agir », précise celle qui porte le programme de Valérie Pécresse. « Je le dis à tout le monde : je ne veux pas faire une carrière politique, mais une action politique, ce n’est pas pareil », abonde-t-elle.
La circonscription représente pour Dominique Brogi un territoire animé de défis qui appellent à l’action, une cartographie pour « faire bouger les choses au niveau national et renverser la vapeur ». Et d’ajouter : « Mon enjeu, c’est d’être à l’écoute de chaque personne de cette circonscription. » Avec Valérie Pécresse, Dominique Brogi partage le ‘Faire’, ou la réflexion, la prise de décision, suivie de l’action. « Elle préside la plus grosse région d’Europe. Son parcours est remarquable. Elle est discrète, efficace, pragmatique », énumère Dominique Brogi.
Des bassesses, des mesquineries ? « J’en ai eu toute ma vie. En entreprise, on ne te fait pas de cadeau, encore plus quand tu es une femme. Mais je continuerai toujours à m’engager et à tout donner », conclue la candidate.
Le nouveau visage de l’Assemblée nationale
Après 20 ans dans l’arène politique, le député LR de Vaucluse, Jean-Claude Bouchet, quitte le sable de l’amphithéâtre.
« J’ai 64 ans. Comme à chaque fin de mandat, je me pose, je prends du recul et je réfléchis », nous confiait Jean-Claude Bouchet il y a quelques jours, interrogé sur un éventuel 4e mandat aux législatives de juin 2022. Depuis, la réflexion a fait son bout de chemin pour prendre la forme d’une déclaration publiée ce samedi 22 janvier sur sa page Facebook. Face caméra, ton solennel, drapeau tricolore, le parlementaire annonce vouloir « passer le relais » pour les législatives 2022.
Deux fois maire de Cavaillon, trois fois député LR, anciennement vice-président de la CCI Vaucluse, président du syndicat des transporteurs routiers, Jean-Claude Bouchet « ne craint pas ce combat » qui se profile. Pour autant, il « ne souhaite pas être celui, qui en restant, empêche une nouvelle génération d’émerger ». La nouvelle déjoue les pronostics de ceux qui le voyaient déjà tracter à travers les étals des marchés. Une déclaration d’autant plus surprenante qu’elle intervient après la présentation des députés LR de Vaucluse par Julien Aubert, dont le député cavaillonnais faisait partie.
Durant plus de trois minutes, celui qui a « sillonné de long en large la 2e circonscription » revient sur son engagement pour les entreprises, le redressement du pays et la protection des agriculteurs. Il cite notamment ses rencontres marquantes : le pape François, Shimon Peres ou Vladimir Poutine. Enfin et surtout, il égrène quelques chiffres de son bilan. « Cela fait 20 ans que je m’investis pour Cavaillon, le Vaucluse, la France. 20 ans de combats, tous gagnés. […] J’ai déposé 18 propositions de loi, j’en ai cosigné 1064, rédigé 1019 questions écrites, 170 amendements. J’ai réalisé 650 permanences en mairie, […] j’ai rencontré plus de 5000 personnes en rendez-vous individuel », énumère le parlementaire. Pour l’heure, Jean-Claude Bouchet qui « quitte cette mission avec le sentiment du devoir accompli », indique avoir d’autres projets et ne pas rester « inactif ».