23 novembre 2024 |

Ecrit par le 23 novembre 2024

Théâtre du Chêne noir, on vous dit tout sur ce qu’on a vu

On aime la programmation du Chêne noir pour son éclectisme. Pourquoi ? Parce que c’est toujours rafraîchissant de picorer ci et là la pensée de grands auteurs, de les découvrir autrement que sous la forme de mots imprimés sur du papier. Alors que le texte épouse le souffle des comédiens la magie s’empare de l’homme et nos esprits s’ouvrent comme des nénuphars sur un étang.

Il y a, tout d’abord, Les chaises de Ionesco.
L’histoire ? Un couple de vieillard vit dans une mansarde battue par le vent et les embruns. Tous deux sont au crépuscule de leur vie. Lui a préparé tout au long de sa vie un discours qu’il souhaite infuser au monde entier par l’intermédiaire d’un grand orateur. Elle le révère ce mari idéal, le phare de sa vie qui la retient encore un peu à la raison alors que sa mémoire s’enfuit. Ils se préparent à recevoir tous les grands de ce monde pour délivrer le message d’une vie.
Avis
Nous avons adoré les décors, les masques, la faconde des comédiens, leur jeu tourbillonnant, virevoltant retraçant la vie qui file dans un monde qui tourne. Ionesco enfin à portée de compréhension ça n’est pas commun. L’exercice pourtant difficile paraît là un jeu d’enfant. Un très bon moment de spectacle où tout concorde : mise-en-scène, dynamisme des comédiens. Il ne reste plus rien du théâtre de l’absurde alors que le metteur en scène et les comédiens nous offrent la compréhension de notre vie. D’un seul coup on comprend Ionesco et ils nous ont même appris à l’aimer.
Les infos pratiques
Jusqu’au 30 juillet. 10h15. Théâtre du Chêne noir. Relâche 11, 18 et 25 juillet. 8 bis, rue Sainte-Catherine à Avignon. 04 90 86 74 87. Tout le programme ici. Réservation ici.

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Lettres à un ami allemand
Qui a réussi à ne pas tomber amoureuse d’Albert Camus, le sale gosse d’Alger qu’un instituteur, de grande vocation, sauva du ruisseau ? Les professeurs des écoles sont les héros invisibles de notre société d’images sans paroles. Ici, un homme s’apprête à faire un discours pour la Paix aux Nations Unies. Il va relire Lettres à un ami Allemand d’Albert Camus pour s’en inspirer. mais peut-on écrire mieux que Camus ?
Avis
La silhouette et le phrasé de Didier Flamand s’inscrivent depuis des décennies dans la mémoire collective française pour son élégance et qu’il porte Albert Camus sur scène nous donne déjà des frissons. L’auteur qui fut raillé en son temps pour des prises de positions jugées trop tièdes –notamment pendant la guerre d’Algérie- est depuis bien longtemps salué pour son acuité, sa verticalité, son humanisme tout autant que sa propension à la discrétion en toute chose. Lettres à un ami Allemand se déguste tout au long de la soirée. On apprécie le décor, les projections vidéo, bien sûr le propos continue de résonner aux portes de l’Europe alors que le conflit s’enlise dans une Ukraine à genoux. Une magnifique pièce portée par un comédien de talent.
Les infos pratiques
Jusqu’au 30 juillet. Lettres à un ami Allemand. 11h45. Théâtre du Chêne noir. Réservation ici.

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Le jeu du président
Julien Gélas a écrit le Jeu du président pendant le confinement, alors qu’il est complètement captivé par l’exercice du pouvoir d’Emmanuel Macron. Non pas qu’il le révère mais plutôt l’examinant à la tâche. Quel est cet homme qui s’empare du pouvoir, sortant de nulle part et n’ayant, auparavant, jamais exercé de mandat politique ? Quel est son rapport à lui-même et aux autres ?
Avis
Julien Gélas, l’auteur, imagine les arcanes du pouvoir, le jeu subtil des conseillers du président en coulisses. Des hommes –et une femme- sortes d’archétypes, affables et voraces à la fois courtisans et stratèges. Leur ambition ? Rester le plus longtemps possible sous les ors de la République. Pendant ce temps les Luttes intestines font et défont les réputations, réduisant des vies à leur plus simple appareil. Dispose-t-on encore de son destin aux côtés de Machiavel ? De son narcissique miroir le président jouit des petits jeux sadiques en son palais. Bien malin qui saura qui trahi qui. Mais Machiavel lui, reste intemporel.
Les infos pratiques
Jusqu’au 30 juillet. Le jeu du président. Relâche les 11, 18 et 25 juillet. 17h15. Théâtre du Chêne noir. Réservations ici.

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