22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Cinéma Capitole MyCinéWest, Le 8e jour a ouvert de nouveaux horizons

Sorti il y a 28 ans, le film le 8e jour a été projeté, lors d’une unique séance, dimanche 15 octobre à 16h au Cinéma Capitole MyCineWest au Pontet. Une initiative conjointe de la radio chrétienne RCF 84 et d’Emmanuel Luc, le directeur de l’établissement. Une opération en partenariat avec l’Echo du mardi. Près de 80 personnes ont répondu à l’invitation.

A la suite de la projection, Emilie Bourdellot, directrice de la radio, Jean-Paul Péridon, président de la radio, Marc Chabaud -administrateur et membre du bureau- ont accompagné le débat ‘Le handicap est-il acceptable en société ?’ 

«Nous avons organisé cette rencontre parce que nous sommes une radio de proximité, proche de ses auditeurs, a entamé Jean-Paul Péridon. C’est la première fois que nous organisons une projection suivie d’un débat pour vous rencontrer, vous public, auditeurs et bénévoles de notre association. Si nous sommes une radio généraliste nous sommes aussi un media de réflexion : tous les sujets de société nous interpellent, même si nous ne sommes pas là pour y apporter des réponses, des suggestions ou des opinions. Notre rôle et de susciter auprès de vous, auditeurs et spectateurs, de l’intérêt pour ces questions et de vous inviter à y réfléchir, à se poser des questions, et, peut-être, à y répondre.»

De gauche à droite David Corbière, Emilie Bourdellot, Denis Blin, Marc Chabaud et Emmanuel Luc

Le débat a été nourri d’interventions portant sur la difficulté d’être parents d’enfants et d’adultes en situation de handicap ; de la vie scolaire, éducative –le plus souvent inexistante-, sociétale, professionnelle et amoureuse des personnes différentes et de leur accompagnement vers le plus d’autonomie possible –avec un travail et un logement lorsque cela est possible- ; De la complexité et de la lourdeur des dossiers administratifs à renseigner ; De l’accès -rarissime- à la formation et au travail ; Du vieillissement des parents et accompagnants des personnes en situation de handicap et de la loi Handicap de 2005 qui beaucoup a fait progresser les droits de ces personnes dans une société qui travaille, peut-être encore trop lentement, à l’inclusion de tous en son sein…

Les grands témoins
David Corbière, directeur de l’entreprise adaptée Optimist et Denis Blin, fondateur de l’Arche du moulin de L’Auro, Alain Arrivets papa de Matieu – anciennement président avec son épouse Henriette du Geist 21– et Marie Josée ont à la fois témoigné et nourri le débat avec un public dont beaucoup étaient connaisseurs et impliqués sur le sujet abordé : la personne en situation de handicap et la vulnérabilité de nous tous, humains, dans la société.’

Témoignages
« Ce qui a contribué à changer le regard du commun ? Interroge Alain Arrivets : La capacité des personnes en situation de handicap à s’intégrer dans la société. Ils disent ‘Oui, nous sommes capables, avec nos différences, d’aller à l’école, de prendre le bus, le tram, d’aller travailler…’ La Loi de 2005 a permis de faire évoluer ce regard commun -des personnes en situation de handicap et nous, qui avons la chance de ne pas en être porteurs.’

« Mon métier est de créer de l’emploi pour les personnes en situation de handicap,
pose David Corbière, directeur d’Optimist. On s’est tous sentis un jour ou l’autre mal à l’aise face au handicap parce qu’il faut de l’humilité et de l’empathie pour l’approcher (A propos du film). Exclusion, marginalité culture du handicap, la véritable évolution de notre société réside dans l’acceptation de nos différences qui est aussi notre première richesse. Notre premier handicap est de vivre à 100 à l’heure, en passant à côté de l’essentiel, de la sensibilité… »

David Corbière, Marc Chabaud et Alain Arrivets

« Le handicap de la trisomie 21 est maintenant connu et accepté par la société mais le handicap invisible,
relève Marie-Josée, spectatrice. Enfants autistes, enfants porteurs de troubles du comportement, parents contraints de ne plus pouvoir sortir du foyer car les enfants ont des comportements extrêmes -grande violence et grande douceur-, pourtant ces handicaps se vivent avec beaucoup de difficulté pour tout le monde. Les parents se trouvent isolés de la société et même de la famille proche. Il y a très peu d’aides de vie scolaire qui sont, également, peu formées et peu reconnues financièrement. Faire reconnaître et obtenir de l’aide spécifique au handicap relève encore du chemin de croix. Nous restons démunis devant la plupart des handicaps. Aussi, peu de structures existent pour la prise en charge des personnes en situation de handicap. »

Jean-Paul Péridon a conclu
« L’ennemi principal de la différence est l’indifférence. C’est un peu comme le syndrome de la grenouille, il y a celle que l’on veut plonger dans l’eau bouillante et qui s’enfuit par la fenêtre parce qu’elle a senti le danger de l’eau chaude et celle qui mourra ébouillantée parce que l’eau a graduellement et doucement monté en température et tue la grenouille sans que celle-ci n’ait pas eu la force de s’échapper parce qu’il était déjà trop tard. C’est tout à fait l’indifférence dans laquelle nous nous installons, confortablement, mais qui tue notre conscience et nos sensibilités. »


Cinéma Capitole MyCinéWest, Le 8e jour a ouvert de nouveaux horizons

RCF et Cinéma Capitole MyCinewest proposent la rediffusion au cinéma du 8e jour suivi d’un débat sur le handicap

La radio RCF 84 et Cinéma Capitole myCinewest Avignon proposent la rediffusion du ‘Huitième jour’ du réalisateur Jaco van Dormael avec les comédiens Daniel Auteuil et Pascal Duquenne ce dimanche 15 octobre à 15h30.

A l’issue de la projection, RCF entamera le débat
sur ‘La différence est-elle acceptée en société ?’ avec Emilie Bourdellot directrice de la Radio RCF Vaucluse et Marc Chabaud. L’Echo du mardi, partenaire de cet événement a ouvert ses colonnes à la famille d’Henriette d’Alain et Mathieu et aussi à Eugénie et Lucile. Le débat sera axé sur des témoignages et expériences de vie, l’acceptation, l’inclusion et les difficultés des personnes en situation de handicap.

‘Le Huitième jour’ est sorti en salle il y a 28 ans.
Depuis notre regard sur la différence et le handicap a-t-il vraiment changé ? La société est-elle vraiment devenue inclusive ? Des témoignages de professionnels et de familles émailleront les réflexions sur vers quoi la société tend, avec quels moyens, ce que vivent la personne en situation de handicap et les accompagnants.

En savoir plus
«Je voulais raconter le choc entre deux mondes, celui qui est considéré comme normal et celui qui ne l’est pas, se remémore Jaco Van Dormael, auteur et réalisateur du 8e jour. Voir ce qu’il a et que nous n’avons pas. Filmer ce qui est beau dans ce qui est rebutant. Filmer la grâce dans ce qui semble ordinaire. Témoigner d’une autre façon d’appréhender le monde et la vie, d’une autre conscience de l’univers, riche, multiple, qui nous révèle à nous-mêmes notre capacité à aimer.»

Le synopsis
Harry est un homme seul qui se voue sept jours sur sept à son travail. Tout va basculer quand il va rencontrer Georges, une personne handicapée mentale, qui vit dans l’instant. Ces deux êtres que tout oppose vont devenir inséparables.

Les infos pratiques
Dimanche 15 octobre. En salle à partir de 15h30. 6€. Projection du film à 16h. Débat de 18h à 19h sur les thèmes du handicap et de la différence avec la salle et de grands témoins. Cinéma Capitole MyCinewest 161, avenue de Saint-Tronquet au Pontet. Lien émission RCF ici.


Cinéma Capitole MyCinéWest, Le 8e jour a ouvert de nouveaux horizons

Alors que ‘Le 8e jour’ ressort sur les écrans au cinéma Capitole myCinewest à Avignon-Le Pontet, Henriette et Alain témoignent de leur vie autour de Matieu. En effet, La radio RCF 84 et Cinéma Capitole myCinewest proposent la rediffusion du ‘Huitième jour’ du réalisateur Jaco van Dormael avec les comédiens Daniel Auteuil et Pascal Duquenne dimanche prochain, 15 octobre, à 16h (6€). A l’issue de la projection, à 18h, RCF entamera le débat sur ‘La différence est-elle acceptable en société ?’ avec Emilie Bourdellot directrice de la Radio RCF Vaucluse et Marc Chabaud, producteur. Exclusion, marginalité, culture et handicaps, où en sommes-nous dans notre société ? L’Echo du mardi, partenaire de cet événement propose, pour l’occasion, de donner la parole à des parents et des accompagnants de personnes en situation de handicap. Que vivent-ils ? Qu’est-ce qui a changé en 28 ans ? Témoignages.

Henriette, Alain et leur fils Matieu vivent à Avignon. Matieu est une personne trisomique 21. A 44 ans, il est agent de service dans un collège de la cité papale et vit dans son propre appartement. Il nourrit de nombreuses relations avec son environnement, voyage, adore le vélo la randonnée en montagne et les voyages. Mais sa vie n’aurait pas été celle-ci sans la pugnacité de ses parents et des associations qui font, au quotidien, bouger les lignes.

Henriette
Première grossesse

«Nous étions en 1979 et c’était ma première grossesse, commence Henriette. A l’époque on ne passait qu’une échographie. J’étais sportive et je me rappelle avoir fait de la randonnée en montagne jusqu’à 15 jours avant d’accoucher. Puis a eu lieu l’accouchement qui s’est révélé très difficile. Notre enfant n’a pas crié tout de suite, il est donc parti en néonatologie, et je ne l’ai découvert que deux jours après. J’ai tout de suite reconnu les traits d’un mongolien, c’est ainsi qu’on les appelait à l’époque.»

Matieu travaille comme agent de restauration dans un collège d’Avignon, ici lors de sa formation en apprentissage

Alain
Une différence dure à exprimer
«J’avais assisté à l’accouchement. Dans un premier temps c’était le bonheur, j’avais un fils. Puis j’ai été convoqué dans un service de la maternité de Sainte Marthe à Avignon. Je me suis retrouvé face à un mur de blouses blanches, tous avec le regard fuyant. Une personne, d’emblée, m’a demandé si je savais ce qu’était le mongolisme. Le trouble s’est emparé de moi. Une sage-femme ou une infirmière m’a tout de suite dit que je pouvais l’abandonner. Puis tout le monde est parti. Je me revois dévaler les escaliers à la poursuite du médecin qui accélérait. Il me fuyait. Le monde du handicap nous était totalement inconnu et nous tombait dessus.»

Henriette
La galerie des horreurs

«Moi, je l’ai vécu différemment parce que j’avais une formation de biologiste et je savais de quoi il s’agissait. Lors de mon adolescence, j’avais visité un établissement pour handicapés et là c’avait été la galerie des horreurs. Quant à l’annonce du handicap ? On me l’a faite deux jours après l’accouchement, avec mon enfant dans son petit berceau, dans l’étroit vestiaire du personnel.»

Un peu d’humanité
«Nous avons eu la chance de connaître le chef de service de pédiatrie qui nous a parlé humainement et sans langue de bois. Il nous a dit qu’il n’y avait pas de comparaison possible entre un enfant placé en institut et un autre grandissant en famille. Ses paroles ont été détrminantes. Au moment où l’on disait qu’un mongolien était inéducable, lui tenait un tout autre discours. Pour autant, il ne nous a pas dressé un tableau idyllique. Nous, nous avons retenu que cet enfant pouvait apprendre et que nous pouvions avoir des relations et une vie avec lui. Une autre personne, une kiné, spécialisée dans les enfants handicapés, nous a également beaucoup aidés.»

Alain
Un moment dramatique
«Il y a eu ce moment dramatique et douloureux gravé dans notre mémoire qui a conditionné notre vie. Nous sommes repartis, tous les deux, Henriette et moi, dans la montagne –Matieu était en couveuse et devait reprendre du poids avant de regagner notre foyer-. Nous sommes restés quelques jours en réflexion. En tant que père, cela a été une 2e naissance. C’est là que j’ai accepté Matieu, cet enfant différent.»

Matieu A

Henriette
Un nouveau départ
«Un jour, alors que je venais le voir à l’hôpital, on m’a dit que je pouvais le ramener à la maison. Je suis repartie avec lui sans y être préparée et sans conseils. C’était mon premier enfant, il était en souffrance, et je devais me débrouiller seule. Très vite nous avons été entourés de nos amis et de notre famille, même éloignée, celle-ci a accepté la situation, ce qui n’était pas le cas de toutes les familles.»

L’acceptation

«Ensuite Matieu a été accepté dans une crèche communale parce que la directrice avait mobilisé, spontanément, son équipe. Notre enfant y était, vraiment, le bienvenu. Nous avons repris nos travails respectifs. Henriette dans un laboratoire d’analyses et moi à l’imprimerie où j’étais maquettiste. En rencontrant d’autres enfants handicapés chez notre kiné, nous avons eu l’idée de créer le Geist 21, association que nous avons portée pendant plus de 33 ans.»

La sociabilisation
«La maternelle a été un peu difficile et l’équipe pédagogique un peu perdue. Tout le monde tâtonnait, y compris nous. Nous étions tous démunis parce que la société considérait les trisomiques comme des débiles profonds qui, la plupart du temps, étaient confiés aux instituts. Dans le même temps, les professionnels exerçant dans ces instituts, commençaient à remarquer le potentiel de ces enfants et jeunes adultes. Nous étions aux prémices de cette dynamique, mais nous partions tous de zéro.»

De mongolien à trisomique
«Il y a eu l’association Geist 21 mais aussi l’appellation quand on est passé de mongolien –qui fermait le regard et le dialogue- à des personnes trisomique 21 et aussi cet ouvrage ‘les trisomiques parmi nous ou les mongoliens ne sont plus’. On s’est beaucoup appuyé sur ce livre qui prônait l’intégration et la considération de ces enfants avec des exigences éducatives. Tout cela a amené à la scolarité et à la vie sociale.»

Alain
Les professionnels changent de paradigme
«Nous, les parents avec les professionnels, avons changé l’image de ces enfants qui n’étaient plus laissés mal vêtus, les cheveux ébouriffés et la langue pendante comme les dessinait Claire Bretécher. Ils n’étaient plus cela ni dans la réalité, ni dans notre imaginaire. Nous avons défendus leurs droits. La fréquentation de l’école Maternelle puis primaire – Matieu a été 3 ans à l’école maternelle et 4 ans à l’école primaire-  les a ouverts à la sociabilisation.»

Une famille éprise de la montagne

Le réseau
«Par notre réseau de parents et de professionnels d’enfants handicapés, nous avons rencontré le Directeur de l’Education nationale qui a évoqué l’ouverture d’une classe spécialisée dite intégrée, -la 2e en France après Saint-Etienne- à l’école Stuart Mill, en 1987, à Avignon. Des classes dactuellement appelées Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire). 

Henriette
Ouverture d’esprit
«Pour que ça marche il faut pouvoir être en contact avec des gens ouverts, engagés et motivés sur le handicap. Les institutrices de maternelle comme de primaire l’étaient. Les enfants étaient vraiment intégrés dans l’école. Et les parents étaient très présents et proactifs.» 

Alain
La force d’être plusieurs
«Quand on est seul, on entrouvre les portes. Quand on est tous ensemble, on peut entrer. La semaine il y avait l’école et le mercredi le centre de loisirs. Mathieu, comme les autres enfants handicapés, a pris le train pour aller à Châteauneuf de Gadagne avec les autres élèves, puis s’est mis à voyager avec nous à travers le monde. Tout cela a été rendu possible grâce à l’émulation qu’entretenait l’association.» 

Henriette
Maternelle, primaire, collège, apprentissage
«Mathieu a ensuite été au collège puis au centre de formation des apprentis via les ateliers pédagogiques personnalisés. Il a fait ses stages dans une maison de retraite, dans le cadre du service en restauration. La direction du travail ne connaissait pas la formule. C’est dire à quel point l’administration méconnaissait le système du contrat d’apprentissage pour personne handicapée, tout comme la société en général.»

A chaque porte poussée…
«A chaque porte poussée, il fallait trouver des solutions et décrypter les arcanes administratives : contrat d’apprentissage, emploi jeune… après nous nous sommes trouvés démunis et sans aide. Nous nous sommes alors tournés vers l’Agefiph pour l’accompagnement professionnel adulte et le maintien des acquis. C’est un combat permanent où vous êtes toujours à anticiper la prochaine étape. Après le milieu du travail, plus ou moins investi, il fallait penser à l’hébergement. Ces jeunes adultes devaient-ils rester chez leurs parents ou fallait-il penser à autre chose ?»

En voyage au Portugal

Le regard insistant
«Nous avons mis en place un appartement-formation avec la Fondation de France puis un service SAVS (Service d’accompagnement à la vie sociale) avec le Département. Aujourd’hui de nombreux adultes ont un travail, plus ou moins intéressant, un appartement où ils sont plus ou moins autonomes, car leur vie ne l’est jamais totalement, tout comme nous qui dépendons des autres. Il y aura toujours ce besoin d’encadrement, d’accompagnement et de suivi. La vision du handicap a complètement changé. Quand on se promène dans la rue, on n’a plus droit à ce regard insistant. Le seul regard ? Il émane de jeunes très enfants qui s’interrogent en se disant ‘tiens, celui-là est différent.’ Plus d’une fois j’ai entendu des mamans expliquer gentiment aux enfants cette différence. Le handicapé est banalisé. La personne n’est plus considérée que sur l’angle de son handicap.»

Alain et Henriette
‘15 ans auparavant, nous avions anticipé la loi de 2005’
«La très importante loi de 2005 a instauré la compensation du handicap en partant du principe que tout citoyen avait des droits et que la personne en situation de handicap ne pouvait y parvenir sans aide matérielle ou humaine. La loi a entériné le fait que cette personne avait droit à l’accès à l’éducation, à la formation, au travail et, donc, à faire partie de la société. C’est ce que nous avions anticipé 15 ans auparavant. L’État a pris en compte toutes ces évolutions menées par les actions des associations de la sphère du handicap, et a donc légiféré de manière à donner un cadre et à assurer la pérennité de ces changements.»

Alain
Aujourd’hui
«La loi de 2005 a fixé un cadre dont nous nous apercevons qu’elle a ouvert beaucoup de droits. Paradoxalement elle exerce un effet inverse par rapport aux parents, car ceux-ci, avant qu’elle ne soit inscrite, inventaient des solutions, étaient combatifs et très actifs. Aujourd’hui, on s’aperçoit que beaucoup de parents demandent l’application des droits. Un exemple ? Même si la loi dit que tout enfant doit être scolarisé, ça n’est pas aussi simple que cela, parce que certains types de handicaps sont complexes à prendre en compte et, parfois, la présence à l’école de l’enfant peut apporter plus de problèmes qu’elle ne génère de bonnes réponses. Il y a également une question de moyens –car la présence d’un enfant différent suppose de nombreux moyens comme un auxiliaire de vie scolaire. Aussi, l’on détecte de plus en plus d’enfants souffrant de handicaps sociaux. C’est la raison pour laquelle les enseignants sont démunis dans une classe de 25 à 30 gamins, dont 10 sont hyper actifs. Et là, il faut reconnaître que c’est compliqué.»

Matieu, passionné de vélo

Un autre phénomène ?
«L’action collective a du mal, aujourd’hui, à s’exprimer. On voit que beaucoup d’associations ont du mal à exister. Ca été le cas du Geist 21. On défend son cas personnel, sa situation ce qui est tout à fait normal, mais sans s’occuper de faire avancer le collectif. Le Geist 21, c’était une réponse individuelle dans une dynamique collective. Je suis convaincu que si Matieu est arrivé à cette autonomie, c’est grâce à cette dimension collective. Sans celle-ci, on ne s’inscrit pas dans la durée. Quand nous allions voir un responsable pour lui soumettre une demande, nous disions toujours, derrière nous, nous avons 15 familles. Lorsque l’on porte la parole d’un groupe, c’est forcément plus porteur.»

Henriette
Faire face aux difficultés
«Également, l’avantage d’être plusieurs c’était de porter une famille si celle-ci se trouvait en difficulté, on ne la lâchait pas. Il y avait cette solidarité. Quels genres de difficultés ? Des familles qui n’avaient pas la capacité à gérer cette situation de handicap, perdues dans les démarches administratives. On leur indiquait quelles aides demander. L’association était représentée dans différentes instances qui pouvaient être des leviers pour accéder à l’école, à la création de services –SAVS, Service d’accompagnement à la vie sociale, comme la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées). Nous avions créé un réseau avec nos entrées. Nous avions convaincus des élus. Ce n’était pas du favoritisme mais nous étions convaincants et avec des projets collectifs et réfléchis. C’était un labourage permanent.»

Alain
Le parcours, pour nous, n’est pas fini.
«Maintenant, Matieu a 44 ans. Nous avons passé les 70 ans. La question est comment Matieu va-t-il nous survivre ? Car le vieillissement des personnes trisomiques est un phénomène nouveau. Désormais, ils survivent à leurs parents, alors, comme d’habitude, il faut anticiper. Les moyens existent comme avec le Mandat de protection future, les tuteurs-curateurs mais la difficulté est de trouver la bonne personne. Il est vrai que nous sommes très exigeants pour notre enfant, ce qui a toujours été notre moteur. On n’avance pas avec des solutions médiocres.»

On commence à passer le relais
On commence à passer un peu le relais avec la PCH (Prestation de compensation du handicap), nous faisons appel à un service d’aide à la personne. Après nous devrons prendre une personne pour régler les affaires plus intimes comme l’accompagnement à la santé, à la solitude… Les services d’aide à la personne ne sont pas formés pour cela. Matériellement, on s’est organisés car Matieu est notre fils unique. Nous avons préparé la succession. Matieu est propriétaire de son logement. Il dispose de suffisamment de biens pour vivre, mais c’est l’accompagnement humain qui sera compliqué car il faut quelque chose de plus qu’un tuteur ou curateur –qui gère de très nombreux dossiers) tel qu’il fonctionne actuellement.»

Alain et Henriette, les parents de Matieu

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