22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Avignon, plus de 9 000 personnes ont répondu à l’appel de l’Autre festival

L’Autre festival a eu lieu le 1er week-end de février 2024 au Palais des papes, et dans 4 théâtres permanents d’Avignon. Mission ? Promouvoir les livres et les auteurs auprès de la jeunesse et des adultes. Retour sur une édition exceptionnelle qui a séduit plus de 9 000 visiteurs.

Depuis sa création en 2019, ce salon du livre s’est peu à peu installé dans le paysage grand-Avignonnais séduisant un public curieux de livresques découvertes au plus fort de la saison froide et voici que l’édition 2024 enflamme le cœur de l’hiver sans doute grâce au thème choisi : la criminologie.

Les thèmes
Les thèmes, cette année, étaient la criminologie avec en invité d’honneur Alain Bauer, L’environnement avec Thomas Guénolé et la psychologie, sans oublier le livre jeunesse avec sa pléiade d’auteurs et spécialistes ainsi que les conférenciers.

Résultat ?
9 000 personnes se sont pressé au Palais des papes pour les conférences, en salles Benoit XII et de la Grande audience pour les dédicaces et l’exposition ‘Cruelles archives’ des Archives départementales. Le spectateur a également été fidèle aux quatre théâtres partenaires du Balcon, de la Luna, du Chêne noir et du Chien qui fume. L’événement, émaillé de lectures, de spectacles, de dictées, d’ateliers pour les petits comme pour les grands, a surtout permis la découverte et parfois la re-découverte d’auteurs et, surtout, du plaisir de lire.

Catherine Panattoni la fondatrice de l’Autre Festival

Les conférences
«Les huit conférences ont accueilli en moyenne 190 spectateurs précise Romane Jarlan la nouvelle directrice de l’Autre festival, reprenant le fauteuil de Catherine Panattoni, fondatrice de l’Autre festival et veillant toujours au bon déroulement de ces belles et humaines rencontres. Celles qui ont affiché le plus important succès ? Alain Bauer avec le Crime et l’opinion publique, Ségolène Royal avec la crise démocratique et l’expérience de la bonne gouvernance, Les tueurs en série avec Gilbert Thiel. Les 250 places de la salle Benoit XII ont été prises d’assaut. Même chose du côté du théâtre de la Luna avec la conférence de Linda Segura et de Mathilde Monteaux de l’Ecole du Domaine du possible pour ‘Tu veux apprendre à bien écrire ? La conférence-spectacle a connu un tel succès qu’une deuxième séance a été organisée en urgence pour satisfaire à la demande », relate, volubile, Romane Jarlan.

Les dédicaces ont été très appréciées
«Le Livre gourmand, la librairie partenaire chargée de proposer les ouvrages des auteurs présents a facturé 9000€ de livres achetés, soit 2 000 de plus que l’an passé. La manifestation compte une vingtaine de partenaires et mécènes qui interviennent en numéraire et également en don en nature –échanges marchandises-.»

Le budget de l’Autre Festival
« En 2023 il était de 42 000€ en 2024 il sera d’environ 37 000€. L’Autre festival tourne avec une trentaine de bénévoles plutôt aguerris dans cet exercice qu’ils manient pour la plupart dès le début de l’aventure en 2019.»

Les dictées
La petite dictée a été suivie par 150 élèves de cours moyens 1 et 2 en présentiel et 1 995 élèves du département (CM2 et classes de 6e) d’Apt, d’Avignon, de Bollène, de Carpentras, Cavaillon, l’Isle-sur-la-Sorgue, Orange et Pertuis. Cinq auteurs jeunesse locaux proposaient des ateliers après la dictée. L’oratrice était Fabienne Langlade, inspectrice de l’Education nationale, qui avait auparavant enregistré son intervention reprise dans les établissements scolaires.
La grande dictée a été suivie par 125 inscrits, 91 participants, dont seulement 7 hommes. Elle a été concoctée par  Philippe Dessouliers 3e dico d’or, qui était également à l’origine de la dictée enfant.» 

Romane Jarlan la nouvelle directrice de l’Autre festival

Romane Jarlan, la directrice du festival nous compte l’aventure
«J’ai connu l’Autre festival en 2019, en y exerçant en tant que stagiaire, » sourit Romane Jarlan, Villeneuvoise titulaire d’un mastère en communication et aujourd’hui free-lance. Mais pour cette 5e édition, c’est au poste de directrice qu’elle officie, fauteuil autrefois occupé par Catherine Panattoni fondatrice de l’Autre festival, qui vient tout juste de lui céder tout en continuant à veiller sur le salon du livre qu’elle a créé avec de fidèles amis.»

Jeunesse d’un côté, criminologie de l’autre, le grand écart ?
«La culture jeunesse –de la maternelle jusqu’à la pré-adolescence-est un thème récurent et fait partie de l’ADN de l’Autre festival et la criminologie fascine. L’un dans l’autre il s’agit de deux publics différents et je crois que le thème de la criminologie a vraiment interpellé et est pour beaucoup dans le succès de cette 5e édition. Je ne voulais pas entrer en concurrence avec le Festival du Polar de Villeneuve qui est un événement très réussi qui appartient à la Ville. C’est ainsi que le thème de la criminologie s’est imposé de lui-même, non pas à partir d’ouvrages fictifs mais bien tirés d’expériences réelles de professionnels des métiers de la lutte contre le crime.»

Pourquoi la CCI et la Mairie ont un rôle très important à jouer
«Nous avons toujours voulu installer, dans la pérennité, l’Autre festival et le succès de cette 5e édition très fréquentée nous demande à hausser le curseur ce qui ne pourra être possible qu’avec le concours des institutions les plus importantes d’Avignon comme la Ville, la Chambre de  Commerce et d’Industrie de Vaucluse et le Département de Vaucluse que nous remercions énormément pour leur implication et leur accompagnement,» conclut Romane Jarlan.

Gilbert Marcelli, président de la CCI de Vaucluse a dit toute l’importance d’accueillir le très attendu ‘l’Autre festival’, au cœur de l’hiver

En savoir plus

Les absents qu’on aurait adoré rencontrer
Boris Cyrulnik, le parrain de la 5e édition de l’Autre festival a du annuler sa présence quelques jours avant que ne commence l’événement pour cause de Covid. On également déclaré forfait pour raison de santé : Florence Belkacem, Florent Gathérias et Mathias Malzieu.

La librairie partenaire
La librairie partenaire était celle du Livre gourmand, spécialisée dans la jeunesse tandis que Nicolas Logistique assurait le transport des auteurs et du matériel nécessaire à l’Autre festival. Celui-ci compte 30 bénévoles actifs. Ange Paganucci était le maitre de cérémonie. Les photographes du festival étaient Céline Pilati, présidente et fondatrice du festival des anges de court métrage dont la première s’est déroulée à Châteauneuf-du-pape et Guillaume Samama.

Les archives départementales
Pour l’occasion, également, les Archives départementales proposaient une exposition ‘Cruelles archives’ extirpant de leurs rayons, plusieurs affaires criminelles, exhumant de funestes faites divers comme la restauration, à la grande guerre, ainsi que des homicides par poison et fusil de chasse.

Les métiers psy de la criminelle
Il était également possible de s’informer des chemins scolaires et universitaires Belges et Français menant à la psycho-criminologie afin d’appréhender les métiers de cette branche très à la pointe en Belgique et au Canada. C’est ainsi que le stand de Jeanne Villepoix et Derya Elin Kazkondu a connu un vif succès.


Avignon, plus de 9 000 personnes ont répondu à l’appel de l’Autre festival

L’Echo du Mardi a assisté à la conférence donnée par Alain Bauer, auteur et conférencier prestigieux de l’Autre festival, le festival du livre sur le thème : ‘Crime et opinion publique, entre information et fascination’. Pour l’occasion la salle Cellier Benoît XII -d’une jauge de 250 places- était emplie. Voici quelques extraits de ce qui s’est dit.

Plus de 250 personnes attendaient pour assister à la conférence d’Alain Bauer, et plutôt dans la bonne humeur Copyright Mireille Hurlin

«Dans l’esprit des communs, nous avons le sentiment qu’il y a de plus en plus de criminalité en France, entamait l’animateur, Michaël Orial, psychanalyste. On ne sait si le monde devient fou, ou si nous sommes, au final, beaucoup plus informés et orientés vers ce type d’information. Vous qui êtes un spécialiste de la sécurité, quelles sont pour vous, les principales évolutions de la criminalité au cours de ces dernières décennies?

« J’ai tout d’abord une pensée particulière pour un de mes papes préférés, le cardinal Jacques Duez, dit Jean XXII, un grand manipulateur mystificateur, plus attiré par l’alchimie que la religion, a entamé le célèbre criminologue, pour saluer, à sa manière, via ‘Son moment droit canon’ sa laïque présence dans ce haut lieu d’une dissidente papauté, mais tout de même pressé d’en venir au cœur du sujet. »

Tout commence avec la création de l’Etat civil en 1539
« C’est sous le règne de François 1er, en 1539, que fut inventé l’Etat civil, produit totalement laïque qui permettait de savoir à peu près quand l’on était né, quand on était mort et accessoirement, au fur et à mesure du temps, de quoi l’on était mort. »

Le comptage des homicides
« A l’époque, hors période de guerre, il y avait 150 homicides pour 100 000 habitants. Cinq siècles plus tard, au début des années 2000, nous étions tombés à 1,2 homicide pour 100 000 habitants. Nous n’avions jamais vécu une époque aussi sereine et apaisée. Hélas depuis 20 ans nous vivons une inversion de tendance, invisible d’abord, en phase d’accélération ensuite et avec, en 2023, la pire année depuis que nous avons un outil statistique moderne utilisé dès 1972, puisque, l’année dernière nous avons repassé le cap de 1 000 homicides, même s’il nous est arrivé d’atteindre les 1 500. Cependant nous avons passé le cap des 4 000 tentatives d’homicides qui ne sont rien de moins que des homicides ratés, dus à l’incompétence et à la mauvaise formation des auteurs, -qui sont les bienvenus chez moi pour une petite remise à niveau, a plaisanté le professeur de criminologie- et à l’amélioration exceptionnelle des services de secours. »

Actuellement 5 000 tentatives d’homicides
« Pour la première fois de l’appareil statistique, 5 000 tentatives d’homicides ! Nous avons passé le cap des 4 000 en plein confinement –en 2020-. Il y avait moins de 700 homicides il y a 10 ans. Nous vivons une inversion de tendance, complétée par une augmentation tout aussi massive des coups et blessures volontaires, des violences physiques. »

Le calcul de la criminalité et de la délinquance
« Or, quand on parle de la criminalité et de la délinquance, on fait un lot comprenant les cambriolages, les vols de voitures, d’accessoires dans les voitures, mais on ne fait pas la distinction entre la personne qui vous amène à être acteur de votre propre victimisation et les atteintes aux biens qui font de vous, en général, un spectateur lointain. Certes c’est désagréable mais vous n’avez rien subi. S’il y avait, par exemple, 400 000 cambriolages de plus et 200 000 agressions de moins, le chiffre serait très mauvais mais personne ne parlerait de la violence. A l’inverse, les chiffres seraient très bons et personne ne sortirait de chez soi. »

Le retour des violences physiques
« Ce processus-là de transformation et de retour de la violence physique, d’homicide, est soudain, alors que nous avions domestiqué la violence homicide, elle revient brutalement. Pourquoi, auparavant, s’est-il passé cette transition entre des affaires emblématiques exceptionnelles qui choquaient l’opinion alors qu’il ne se passait rien entre deux affaires exceptionnelles, à un niveau d’affaires exceptionnelles au quotidien, qui fait que l’exceptionnel est devenu quotidien et, lui-même, ordinaire ? »

Le problème majeur ?
« Cela pose un problème majeur : la demande de sécurité ne se traduit pas par un sentiment d’insécurité, ce qui existait hier, mais par un climat de violence qui s’est affirmé avec un élément qui n’est pas la statistique policière, ni administrative, ni l’emballage politique de tout va bien, tout va mieux… mais qui est le nombre de victimes traitées pour des actes de violence ,avec un outil statistique non manipulable qui est les statistiques des hôpitaux. » 

L’outil statistique des hôpitaux
« Lorsque l’on compare l’outil des hôpitaux, le traitement et le suivi des assurances qui sont des éléments extrêmement importants de la connaissance et de la méconnaissance des faits, car l’assureur n’est pas un bienfaiteur de l’humanité par nature. Ils ont inventé la franchise, qui porte mal son nom, c’est le moyen de ne pas vous payer ce qui vous est arrivé, de ne pas passer trois heures à attendre dans un commissariat pour ne pas être remboursé. Ainsi, on a une déperdition mécanique et continue de la connaissance des faits dus à un acteur qui n’est ni policier ni gendarme mais qui est assureur… »

Alain Bauer, criminologue et Michaël Orial, animateur de la conférence Copyright Mireille Hurlin

Les chiffres qui échappaient
« Sauf qu’à un moment donné, on s’est aperçu que quelque chose nous échappait. Notamment lorsqu’on s’est dit que tout le monde ne devait pas prendre les plaintes… C’est pas moi, c’est pas l’heure, c’est ailleurs, faites donc une petite main courante… Cela valait autant pour ceux qui prenaient la plainte que pour ceux qui venaient déclarer, notamment, les violences intrafamiliales (Vif) sur le thème : faut pas porter plainte parce que je ne veux pas être obligée de fuir le domicile conjugal avec mes deux enfants. C’était l’ancêtre d’un ‘Me too’ qui n’allait pas jusqu’au bout. »

Les enquêtes de victimation
« Du coup on a inventé des enquêtes de victimation. C’avait été le cas aux Etats-Unis il y a 50 ans, puis en Grande-Bretagne. J’ai été chargé, il y a une vingtaine d’années, de l’inventer en France. C’est là que nous avons découvert que 65% des victimes portaient plainte pour la dégradation de leur rétroviseur et 9% pour les violences physiques quotidiennes qu’elles subissaient. Pour la première fois, nous savions qu’il nous manquait 90% de violences physiques intrafamiliales qui touchent essentiellement, à 85% des femmes, des enfants et des étrangers. Pourtant ces personnes sont sur victimisées en matière physique et sous-identifiées en matière statistique. Un immense océan de violence n’était pas comptabilisé. Finalement, nous découvrions que nous n’avions pas de lisibilité de la réalité. »

Les chiffres fiables des homicides
« L’homicide, parce qu’on compte bien les cadavres depuis François Ier en 1539, est resté  l’indicateur le plus fiable et le plus stable que nous ayons, en temps de paix et non pas de guerre. C’est un extraordinairement indicatif de l’état de civilisation par la civilité et la domestication de la violence et également, de l’état de dégradation par l’augmentation massive des violences volontaires, des tentatives d’homicide et des homicides. En réalité, nous avons eu une immense chance de pacification massive et nous avons un retour de tendance par la violence qui devrait tous nous inquiéter. »

Votre livre reprend bon nombre de cold-cases. Comment le définir et comment les enquêteurs déterminent-ils s’il ont à faire à un cold-case ou pas?
« Aux Etats-Unis, un cold-case, est une enquête non résolue rapidement… C’est lorsque les éléments essentiels manquent : pas de cadavre, pas d’indices, pas de suspect ; un suspect mais pas d’indices, et où le niveau de popularité dans l’opinion d’émotion implique qu’il faut s’y intéresser. En France, il faut que l’enquête ait 18 mois. C’est donc l’article 706.106.1 du Code de procédure pénal qui désormais définit qu’un cold case n’a pas bien été traité, qu’il relève d’une série criminelle ou d’un cas qui n’a pas eu d’évolution majeure au bout de 18 mois et qui peut donc être traité, notamment par un Pôle national cold-case. Vous noterez qu’il a fallu 2023 ans pour s’intéresser aux cold-cases.

Tout d’abord le FBI (Federal bureau of investigation)
« Les Etats-Unis ont commencé à s’occuper de ces affaires dans les années 1970 au FBI. Alors pas du tout sur la question des cold cases mais parce qu’ils ont commencé à découvrir que des séries de cas non élucidées relevaient d’un seul auteur. Et donc par le biais de faits qui se ressemblent, de modes opératoires… Le premier serial killer de l’histoire ? Gilles de Rais, qui aimait beaucoup les petits enfants et les petites filles. On suppose qu’il en aurait tué entre 300 et 400, même s’il n’a été poursuivi que pour une trentaine. Alors c’est un grand capitaine d’armée, le numéro 2 de Jeanne d’Arc, un VIP serial killer, Malgré Landru et quelques autres, nous n’avions jamais vraiment développé un outil de gestion… »

Salle Cellier Benoît XII presque trop juste pour recevoir les têtes d’affiche Copyright Mireille Hurlin

Faire des corrélations
« Vous découvrez qu’avec un peu de jugeote, un magistrat tout seul pouvait découvrir que Joseph Vacher n’en était pas à son premier assassinat. Et bien nous, il nous a fallu extraordinairement de temps, il faut rendre hommage à un magistrat, d’ailleurs Jacques Dallest, et des avocats qui ont beaucoup travaillé notamment sur Les disparues de l’Yonne, pour se rendre compte qu’on ne s’occupait pas du tout de rapprocher les faits géographiquement. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs, les cold-cases sont exhumés par l’opinion publique ou la détermination d’un enquêteur, d’un groupe d’enquêteurs. En France, 300 ont été identifiés. »

Comment les médias influencent-ils l’opinion publique sur le crime? Y a-t-il une limite du rôle des médias dans ces affaires et si oui, quelles sont-elles?
« La limite du rôle du média c’est la décence. Il n’y en a pas d’autres. Pour ce qui est de ceux qui croient encore qu’en France le secret de l’instruction existe, arrêtez d’acheter les journaux. Sur le reste, les médias servent à peu près tout. Ils servent aussi à relancer des enquêtes, à dénoncer des tentatives d’enfouissement. Ils servent à faire pression pour qu’une vieille affaire ressorte. Donc ils ont un rôle. Ensuite, il serait tout à fait insupportable d’imaginer un univers où le secret serait tel que les médias ne puissent pas parler du tout d’une affaire, sauf au moment où elle arrive devant le juge. On ne connaitrait pas celles qui n’arriveraient pas, on n’aurait pas de connaissance. »

Le vrai drame des médias ?
« C’est la perte des journalistes de faits divers. Il y a de très grands, d’immenses journalistes qui arrivent à faire le métier. Qui sont les gens qui racontent l’enquête. Les familles, les avocats, les magistrats, les policiers, les gendarmes. La demande est immense de pédagogie et d’informations pour que les gens puissent se faire leur propre opinion. Et pas ma propre opinion. »

La catastrophe ?
« C’est lorsque les magistrats, le juge deviennent des justiciers. Quand ils pensent qu’ils portent la bannière, qu’ils sont les héros d’une affaire. Ils partagent leur intime conviction –qu’elle soit vraie ou fausse- avec tout le monde, au lieu de la garder pour eux. Ils partent à la chasse aux suspects, ils vous annoncent tout et n’importe quoi, ils ne vérifient rien. Cela devient alors le drame de la médiatisation moderne. Auparavant, au moment où le journal était diffusé, on pouvait avoir trois contre-indications, deux vérifications. Là, c’est fini. En fait, une information et un démenti égal deux informations. ‘Et ça, c’est bon coco’, je cite. »

Un tempo de plus en plus accéléré
« Donc c’est un peu compliqué parce que les professionnels de l’information vivent dans un tempo de plus en plus accéléré et même les journaux dits sérieux, également présents sur un site internet, doivent le nourrir car il faut faire des clics. Éventuellement ça permet d’avoir des abonnements, on ne sait jamais. Et donc ils démultiplient le nombre d’informations et de désinformations en se contredisant parfois, en se justifiant rarement, et c’est à nous de faire le tri. C’est un vrai problème, ca n’est heureusement pas tous les médias, mais on sent bien qu’il y a des tentations et des pulsions à l’hyper rapidité. C’est le drame des chaînes d’info-continue et tout le monde se lance dans ça, y compris les quotidiens, bref, l’Internet a bouffé la qualité journalistique.

Attention aux pulsions de l’hyper rapidité
« Et puis de temps en temps, vous avez de très grands journalistes, spécialistes de l’investigation… Et aussi des stagiaires qui font leur métier de stagiaire, qui sont obligés de remplir des trucs avec rien et qui font la chasse à l’info. Donc on a le meilleur comme le pire, parfois dans le même journal, des fois que vous êtes sur le site web et pas sur le print. Mais c’est indispensable au bon fonctionnement de la démocratie. Donc il faut faire avec. Simplement, il faut vérifier systématiquement les sources et avoir une diversité d’approches de l’information… Avec les réseaux sociaux et les algorithmes qui vous s’enferment dans une colonne de nage où vous ne vérifiez plus rien et où on vous pousse à l’extrêmisation de tout, sans que vous ayez la possibilité de vérifier ou de douter. »

Appendre le doute
« Moi, mon métier, c’est d’apprendre le doute, donc je vérifie tout et trouve les moyens de sortir de cela par ma propre volonté mais il est vrai que, pour l’instant, nous sommes de plus en plus enfermés dans une logique unique où évidemment personne ne reconnaît ses erreurs et où l’on pense que tout le monde a oublié. En fait, tout le monde mise sur l’amnésie du citoyen. Nous, on mise plutôt sur son intelligence. Moi je pense que dans l’opinion, il y a un effet de masse, et que l’effet de masse produit parfois la haine, la fureur, la vengeance. Ça dépend sur quoi l’on mise. » Puis Alain bauer s’est éclipsé en salle de la Grande audience pour la dédicace de ses ouvrages.

En savoir plus
Alain Bauer, professeur de criminologie. Professeur titulaire de la Chaire de Criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers (depuis 2009), directeur du Master de Sciences Criminelles et criminologie, Directeur scientifique et Vice-Président du Conseil scientifique du pôle sécurité défense du CNAM, Professeur titulaire de la chaire de sciences policières et criminelles du MBA Spécialisé Management de la Sécurité (Paris II, HEC, EOGN), Senior Research Fellow au Center of Terrorism du John Jay College of Criminal Justice à New York (États-Unis), à l’Académie de police criminelle de Chine, à l’Université de Droit de Beijing, Enseignant à l’Institut de criminologie de Paris (Université Paris II-Panthéon Assas), aux Universités Paris I-Panthéon Sorbonne et Paris V-René Descartes, à l’Ihesi puis Inhesj, au Centre national de formation judiciaire de la gendarmerie nationale, au CHEMI, Éditeur de l’International Journal on Criminology, Membre du Conseil Éditorial de PRISM (NDU).


Avignon, plus de 9 000 personnes ont répondu à l’appel de l’Autre festival

L’autre festival, le salon du livre d’Avignon, revient pour une 5e édition pour se dérouler du 2 au 4 février prochains au palais des papes. Au programme, la découverte de 60 auteurs. Les thèmes ? La psychologie, la criminalité, la démocratie, les livres jeunesse. L’ambition ? Elle est pédagogique, culturelle et sociale. La finalité ? La rencontre des auteurs et des conférenciers avec les publics.

Le salon du livre est placé sous le parrainage de Boris Cyrulnik, médecin, psychanalyste, psychiatre et neuropsychiatre. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui évoquent les guérisons de ses blessures pour reprendre goût à la vie et, surtout, la résilience. L’événement littéraire organisé en partenariat avec la CCI de Vaucluse , accueillera aussi le professeur de criminologie et spécialiste de la sécurité Alain Bauer, le chanteur du groupe de rock Mathias Malzieu, l’avocat Thierry Moser, le politologue et essayiste Thomas Guénolé ou bien encore l’ancien juge antiterroriste Gilbert Thiel, l’animateur Thierry Beccaro dans la partie psychologie. Parmi les guest stars, il y aura aussi la femme politique Ségolène Royal.

Au programme également 
David Coulon, Sonya Lwu, Michel Cherchi, Yves Chicouène, Fabien Bilheran, Michel Sapanet  et Agnès Naudin dans la partie criminologie, Mélinda Guery, Peter Barnouw,Sarah Lopez Marmol,Anne Chicard, Emilie Sauzon et Valérie Joursin Campanile dans la partie jeunesse ainsi que François Wioland, Brigitte Soole, Florent Gatheria, Emma Oliveira, Florence Belkacem, Ségolène Royal… Tous les auteurs de l’édition 2024 sont ici.

Des dédicaces
Durant le salon, les dédicaces auront lieu dans la salle de la grande audience et les conférences au cellier Benoit XII. Entrée gratuite et tout public.www.lautre-festival.fr

Comment tout a commencé
L’événement est né sur Avignon d’un pari fou entre 3 drôles de dames et leur Charlie : Gérard Gélas le fondateur du Théâtre du Chêne noir à Avignon. Guilaine Dileva férue des écrits provençaux, d’artistes italiens et écrivaine non éditée, directrice des programmations littéraires, assistée par Gérard Gélas. Une attachée de presse
Dominique Lhotte, la référente du salon du livre d’Avignon, sur Paris. Nicolas Meffre professionnel de l’évènementiel local. Ils portent le projet et construisent l’Autre festival autour de leur socle Catherine Panattoni, directrice-générale d’un groupe d’hôtels, restaurants, spa, société de nettoyage. Elle est la cheffe d’orchestre de l’Autre festival dont la 1ère édition -2019- a été construite en 9 mois, rassemblant près de 160 auteurs et personnalités. Au programme des rencontres avec les écrivains, les artistes, les écrivains, les entreprises, les associations, les publics.

Il y aura…
La grande dictée a lieu le vendredi 2 février à la mairie d’Avignon à 14h. Elle est écrite par Philippe Dessouliers et accueillera 150 participants. Evelyne Dress en sera la lectrice tandis que Philippe Dessouliers en sera le correcteur. Inscription gratuite sur wwww.lautre-festival.fr; Cruelles archives dévoilera des affaires criminelles et de funestes faits-divers intervenus en Vaucluse. Ces archives choisies évoqueront la restauration à la grande guerre, des meurtres au poison et au fusil de chasse. On s’embarquera sur les chemins de la psycho-criminologie en Belgique et en France. Au programme des études en psycho-criminologie, des expériences pratiques sur le terrain, des simulations interactives, les métiers qui s’organisent autour de cette spécialité.

Demandez-le programme

Samedi 3 février 2024

Samedi 3 février

Dimanche 4 février 2024

Le programme des dédicaces samedi et dimanche au Palais des papes

Les infos pratiques
L’Autre festival se déroule à Avignon, dans l’intramuros, au palais des papes, au Théâtre du balcon 38, rue Guillaume Puy, au Théâtre de la Luna 1, rue Séverine, au théâtre du chien qui fume au 75 de la rue des Teinturiers et au Théâtre du Chêne noir 8, rue sainte Catherine.


Avignon, plus de 9 000 personnes ont répondu à l’appel de l’Autre festival

L’Autre festival, fête sa 4e édition. Pour l’occasion, 50 auteurs évoqueront leurs parcours et ouvrages lors de rencontres littéraires et dédicaces. Evidemment la Petite Dictée et la Grande dictée font leur retour ainsi que le Championnat d’orthographe de Vaucluse.

L’autre festival c’est quoi ?
Ce sont une soirée de lancement vendredi 3 février et 2 jours entièrement gratuits pour s’adonner au festival du livre d’Avignon et à l’ivresse des mots, en rencontrant 50 auteurs confirmés ou en devenir. Le haut lieu des festivités aura lieu, cette année, au siège de la Chambre de commerce et d’industrie d’Avignon et de Vaucluse, cours Jean Jaurès, où se dérouleront conférences et séances de dédicace ainsi que dans les 8 autres lieux indiqués ci-après.

Une initiative de Catherine Panattoni
Cheffe d’entreprise dans l’hôtellerie restauration et maman très attentive à sa famille, la jeune-femme pense pédagogie, culture et lien social. Pédagogie avec des ateliers d’écriture et des jeux de mots pour petits et grands. Culture au gré de conférences et lectures ; Lien social pour tisser de jolies rencontres avec les auteurs les plus divers et, bien entendu, les maisons d’édition. Sa force ? Une armée de bénévoles -autour de 80- enthousiastes, très respectueux de cette travailleuse acharnée. vous souhaitez faire partie de l’organisation ? C’est ici.

DR

Les dédicaces
Elles auront lieu samedi 4 et dimanche 5 février, à la CCI de Vaucluse, Cours Jean Jaurès à partir de 10h. On pourra y rencontrer les auteurs nationaux et locaux, ainsi que les auteurs Jeunesse.

Les conférences et rencontres
Elles seront nombreuses -24 !- et débuteront vendredi 3 février à 17h avec Pascal Légitimus et Esteban Perroy sur le thème Peut-on manier l’humour en 2023 ? Les autres sujets ? L’art de la rencontre ; Que reste-t-il de Napoléon aujourd’hui ? ; Ecrire pour les absents ; Les influenceurs ; Les blessures psychiques ; L’écriture et le pardon ;  L’amour au temps de Metoo ; Le pouvoir des femmes ; l’Education sportive et sociale ; Nelson Montfort et ses mémoires olympiques ; Les nouveaux justiciers et les nouvelles censures ; Françoise Dolto mères et filles ; l’Energie d’une lionne dans un corps d’oiseau ; A quoi sert le théâtre ? ; Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ; Joséphine Baker ; la danse thérapie ; Les blouses blanches… Les conférences et rencontres ont lieu à la CCI mais aussi dans les 8 autres lieux du parcours de l’Autre festival.

La grande dictée
Elle se tiendra vendredi 3 février à 15h30, à la mairie d’Avignon, sur une lecture d’Evelyne Dress et une écriture de Philippe Dessouliers. 150 participants plancheront et une remise de prix récompensera les 3 meilleurs participants lors de la soirée d’ouverture vendredi au Novotel Avignon Centre. Les inscriptions se font ici.

Le Championnat d’orthographe départemental
Il se fait sur inscription des proviseurs des collèges. Le texte sera, comme pour les deux autres dictées, de Philippe Dessouliers, et sa lecture exécutée par Dominique Santoni, présidente du département. Le Championnat départemental d’orthographe aura lieu vendredi 3 février. Près de 600 élèves de 6e devraient y participer.

DR

La petite dictée
Elle se fera vendredi 3 février à la Mairie d’Avignon à 9h15. Là aussi, 600 élèves de CM1 et CM2 devraient y participer dont 5 classes en présentiel, à la salle des fêtes. On se souvient des 288 élèves présents à la mairie en 2020. Le texte est concocté là aussi par Philippe Dessouliers qui en fera également la lecture.

Des ateliers post-dictée seront organisés
À la suite de la dictée, 5 auteurs jeunesse animeront des ateliers d’écriture, à la mairie d’Avignon. Les ateliers post-dictée sont destinés aux enfants des écoles qui se seront déplacées. Les auteurs jeunesse y feront des lectures, des ateliers d’écriture et de dessin.

Avignon vue par ses écrivains
L’Office de tourisme d’Avignon propose une visite guidée de la ville vue par ses écrivains. Certains l’ont aimée, d’autres l’ont rudoyée. Ils y ont vécu où s’y sont arrêtés, l’ont évoqué dans leurs romans et à toutes les époques. Pour cette visite, vous emprunterez leurs pas au détour des ruelles médiévales… Avignon vue par les écrivains ? Laissez-vous séduire.
Les infos pratiques
Les visites payantes –entre 8 et 10€- sont proposées vendredi 3 février à 14h30 et dimanche 5 à 10h30, au départ de l’Office de tourisme 41, rue Jean Jaurès. Il faut s’y présenter 15 mn avant l’heure indiquée.

DR

Le théâtre en train
Le théâtre en train ce sont des lectures théâtralisées d’environ 60 minutes, entre Avignon Centre et Carpentras vendredi 3 février pour 4 départs et 4 arrivées en compagnie d’Esteban Perroy et William Franceschi

Les hauts lieux
Important : L’Autre festival se déroule dans 9 lieux d’Avignon. Le Novotel Avignon centre 20 boulevard Saint-Roch ; à la CCI de Vaucluse 46, cours Jean Jaurès ; à l’Hôtel de Ville place de l’Horloge ; Au théâtre du Chêne noir 8, rue sainte Catherine ; au Théâtre du balcon 38 rue Guillaume Puy ; à la Factory 4, rue Bertrand ; à la Luna 1 rue Séverine ; à la Gare centre boulevard Saint Roch et à la Gare de Carpentras avenue de la Gare. On y fait des conférences, des lectures, des dédicaces, des rencontres. Vous en savez pas où donner de la tête ? Rendez-vous sur le programme pour y concocter le vôtre ici.

Daniel Picouly
Daniel Picouly est le parrain de cette 4e édition du festival du livre d’Avignon, L’autre festival. L’auteur s’est imposé en 1996 avec Le Champ de personne (Grand prix des lectrices de ELLE) puis avec L’enfant léopard (Prix Renaudot,1999). Il a publié aux éditions Albin Michel La nuit de Lampedusa, La faute d’orthographe est ma langue maternelle, Le cri muet de l’iguane, Quatre-vingt-dix secondes (finaliste du prix Goncourt 2019 et Prix Nice-Baie-des-Anges) et Longtemps je me suis couché de bonheur.

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