22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Avignon, Théâtre de l’Oriflamme, La vie interdite nous a scotchés

Nous sommes allés au Théâtre de l’Oriflamme pour le plaisir de voir et d’entendre l’incarnation de ce texte, ‘La vie interdite’ de 1997 de Didier Van Cauwelaert. «Je suis mort à sept heures du matin. Il est huit heures vingt-huit sur l’écran du radio-réveil, et personne ne s’en est encore rendu compte.» Et là, nous avons découvert un Christian Mulot inspiré, bondissant, drôle et tendre. On ne pouvait rêver plus parfaite interprétation.

Arrivé au beau théâtre de l’Oriflamme, du nom de la rue éponyme et aussi à l’angle du 3-5 rue Portail Matheron. Il est si design, si propre et si entretenu dans la vieille ville moite, bruissante et agitée de ce mois de juillet, que l’on s’en trouve déjà transporté.

Etre accueillis
Nous sommes accueillis, vraiment accueillis, par Julien Cafaro, le co-directeur du lieu -avec Patrick Zard qui ont transformé l’ancien restaurant en un confortable théâtre de 91 places ouvert en 2022-. Il faut dire qu’outre les spectacles du off, on y prend des cours de théâtre, on y fait des résidences, on y produit des concerts ainsi que des expositions.

La vie interdite
L’ambiance est bon enfant. On se met en rang. On jette des coups d’œil par-ci, par-là. Des amis de Christian Mulot sont impatients de le voir sur scène. Ils se taisent, regardent et écoutent autour d’eux, impatients de goûter à cet avant-spectacle et de le découvrir sur scène.

Ainsi commence l’aventure
de Jacques Lormeau, 34 ans, quincaillier à Aix-les-Bains.
“Je suis mort à sept heures du matin. Il est huit heures vingt-huit, et personne ne s’en est encore rendu compte”. L’esprit flottant au-dessus du frigo de sa caravane, Jacques découvre son cadavre, allongé aux côtés de sa maitresse, sous les fenêtres de sa femme. Wahou ! Les humains seraient peut-être plus détendus si on les prévenait que la mort est un Luna-Park où l’on passe d’une attraction à l’autre… »

Copyright MH

Sur la scène
Christian Mulot est dissimulé derrière son chevalet d’où il fait surgir d’une toile et des flots, sa maîtresse, nue. Il chantonne. A priori il est mort et flotte au-dessus du frigo et personne ne s’en aperçoit. Commence alors le voyage surprenant du petit quincailler qui n’a pas eu le temps de cacher ses secrets, entend les pensées de ses proches et revient sur les événements fondateurs de sa vie.

On découvre
avec un immense plaisir un comédien habité, facétieux, bondissant, créant à lui seul un univers peuplé de personnages, de ressentis, de situations drôles, loufoques, graves et surtout tendres. L’adaptation, intelligente, perspicace, rythmée, alterne entre sobriété et volubiles propos laissant deviner, sachant dessiner l’impalpable, ce qui laisse toute la place à son talent et signe sa fidélité au texte.

On en sort
heureux, léger, et empli de messages pas si communs à prendre ou pas. Comme tout ce qui semble parfait, fluide et couler de source, une fois la porte du théâtre franchie, l’on mesure tout d’abord le coup de foudre du comédien pour l’ouvrage, le travail de fourmi pour l’adaptation, la géniale mise-en-scène de Séverine Vincent pour mettre au jour l’apprenti fantôme, sur les toits de la ville, voyageant au cœur de la nuit. Les lumières bleues et fantômatiques de Thomas Quenneville, le souffle du vent qui balaie le temps et l’espace concourent à l’incarnation de ce sympathique ectoplasme.

Les infos pratiques
la vie interdite. Texte de Didier Van Cauwelaert et Adaptation de Christian Mulot. Théâtre de l’Oriflamme. 3-5, rue du Portail Matheron à Avignon. Jusqu’au 29 juillet. 20h15. Relâche le 16 et 23 juillet. De 13 à 22€. Réservation : 04 88 61 17 75.

https://echodumardi.com/tag/la-vie-interdite/   1/1