25 novembre 2024 |

Ecrit par le 25 novembre 2024

Marine Guillemot et Joël Canat exposent au Château du Barroux

Rendez-vous avec François Cance, le président d’Arthotèque, l’association qui propose la découverte d’œuvres des artistes du Luberon. Nous voici au pied du très majestueux Château du Barroux. Nous y découvrirons les œuvres subtiles et colorées de deux artistes : Marine Guillemot, amoureuse du végétal et Joël Canat sculpteur exposant, pour l’occasion, ses œuvres en bois.

« Le panorama qui paraît derrière la silhouette de Marine Guillemot appartient tout entier à la Couronne anglaise, relève amusé François Cance, président d’Artothèque. J’ai voulu réunir ces deux artistes, très proches de la nature, dans ce lieu du patrimoine, le Château du Barroux, récemment acquis par mes amis Fanny et Jean-Baptiste Vayson. Je trouvais que leur courage de lier leurs vies au destin de ce fabuleux édifice historique pour le préserver et le faire vivre et d’y inviter deux artistes : Marine Guillemot et Joël Canat épris de nature, révélait à quel point le patrimoine historique et son environnement naturel sont liés et précieux. »

Marine Guillemot ? C’est une silhouette fine et silencieuse dotée de deux grands yeux bruns qui détaillent l’univers, du plus petit au plus grand. C’est comme souvent une artiste à la sensibilité à fleur de peau, une femme qui se nourrit de l’ambiance, du moment, du subtil et de l’infini. D’une approche plutôt effacée voire neutre, elle marche à pas de loup, observant la poésie de l’infiniment petit, la majesté de la nature, le dépouillement laissant paraître l’essentiel. Ses recherches rejoignent, en cela, les travaux d’Anne-K.  

Marine Guillemot, artiste du végétal, Copyright MH

Mettre au jour
Alors apparaissent des splendeurs, la dentelle des feuilles devenues papier de soie délicatement nervuré. Marine Guillemot en fait des robes, des paysages, des ambiances tour à tour indigo, tourbées, garancées. Souvent elle plaque, entre deux verres, ses œuvres comme pour les suspendre dans le temps et l’espace.

Mais avant cela ?
C’est la vision d’une Marine Guillemot qui arpente le Luberon que nous percevons, à la recherche de feuilles fraîches de genêt, de lavande, d’épines de pin et aussi de feuilles d’olivier, de micocoulier qu’engloutissent son congélateur, pour les travailler l’hiver venu.

Papérisation des feuilles
Les tableaux de Marine Guillemot évoquent parfois des robes –peut-être en hommage à son ancien métier car elle fut une maquilleuse-plateau très recherchée voyageant dans le monde entier à Paris, Milan, New-York, Los Angeles, Londres- d’autres fois exécutant des paysages, surgis de camaïeux de couleurs conçus à partir de pigments -car Marine Guillemot vit à côté d’Okhra dont elle a suivi les formations- comme l’indigo pour le bleu, la garance pour les rouge et orange, la gaude pour les jaunes, le noir galle de chêne, la grenade pour les gris et les noirs.

Les presses
Après de longs et minutieux process, une technique asiatique ancestrale de papérisation comprenant trempages, brassages, cuissons et temps de presse -fabriquées par l’artiste elle-même à l’aide de planches et de serre-joints- les feuilles délivrent, enfin, leurs délicates architectures, sèches, invincibles, éternelles, couchées sur de grands draps pour parfaire le séchage et la mise en forme de ce tissage de feuilles entremêlées naturellement. Parfois, au creux de l’œuvre, une touche d’or surgit, comme la signature de l’artiste. Peut-être pour nous inviter à discerner l’or qui nous entoure et auquel nous demeurons trop souvent aveugles. Le travail de Marine Guillemot est finalement une très majestueuse ode à la nature dont nous sommes humblement issus.

Marine Guillemot au travail avec ses presses dotées de serre-joints et de poids, dans son atelier DR



Joël Canat
Joël Canat est le sculpteur chercheur du volume et de l’équilibre. Alors qu’il commence à sculpter le bois parce qu’il a planté sa vigne et a dû, pour cela sacrifier des chênes, il travaille la forme et les courbes, les inscrivant dans un nouveau cadre, un nouvel espace. Très vite séduit par l’acier, le corten et l’inox, il exécute d’abord un carton de ses sculptures avant de se mettre à l’ouvage, de les faire découper, plier, souder, tout d’abord en petit format pour, très vite, tutoyer les grands formats -parfois plus de 3 mètres- et déployer ses œuvres dans les jardins et les parcs, invitant le soleil, la pluie et le vent à les façonner, à leurs imprimer de nouveaux mouvements, de nouvelles patines. Cet homme aussi fraternel que curieux de tout, à l’œil affûté et aux réalisations exigeantes, mêle avec plaisir ses œuvres à celles de Marine Guillemot.
Vous pourrez ainsi les retrouver, tous deux, dans cette exposition proposée par François Cance à ses amis les propriétaires du Château du Barroux, Fanny et Jean-Baptiste Vayson de Pradelle. Les feuilles de Marine Guillemot bruissant et chuchotant aux oreilles des totems de Joël Canat, la part du féminin et du masculin s’épousant dans un dialogue chorégraphique délicatement complémentaire.

Anecdote
Alors que Marine Guillemot me fait visiter l’exposition, elle s’arrête, me montrant un petit fenestron devant lequel se sont arrêtés tant de paparazzis pour essayer de voler une image de Lady Di dans la piscine de cette maison appartenant à la couronne d’Angleterre.

Propriété de la Couronne d’Angleterre où Lady Di venait se ressourcer et échapper au monde Copyright MH

Les infos pratiques
Marine Guillemot, peintre du végétal et Joël Canat, sculpteur exposent leurs œuvres au Château du Barroux, du village éponyme jusqu’au 30 juin. marine.guillemot@gmail.com. instagram guillemotmarine.artAtelier show-room. 1, rue Pascal Hilarion Pascal à Saint-Saturnin-lès-Apt 06 72 47 24 19

François Cance au Château du Barroux Copyright MH


Marine Guillemot et Joël Canat exposent au Château du Barroux

L’histoire du château du Barroux est peu commune. Pourquoi ? Parce que les actuels propriétaires Fanny et Jean-Baptiste Vayson de Pradenne ont repris le château que leur ancêtre avait presque fini de restaurer en… 1939, juste avant qu’il ne meure, avec sa famille, accidentellement.

Des décennies plus tard et alors qu’un nouveau siècle se dessine, deux ingénieurs Fanny –toulousaine, fille de vignerons ‘Château Saint-Louis- et petite fille de distillateurs d’alcools, ingénieur en génie civil et œnologue- et Jean-Baptiste Vayson –ingénieur et descendant de l’ancien propriétaire- se portent acquéreurs du château fort en 2020, installant leur famille en 2021, avec leurs trois petites filles, dans ces augustes murs.

Une vue du Château du Barroux Copyright MH

Ensemble,
ils acceptent de poursuivre la mission entamée par André Vayson de Pradenne, l’aïeul de Jean-Baptiste. Chacun à un poste bien défini. Fanny à la distillation du whisky de petit épeautre et Jean-Baptiste à la restauration du château et de sa chapelle Notre Dame de la Brune, en hommage à sa Vierge noire. Les peintures et fresques de l’édifice religieux qui couvent entièrement les murs –classées aux Monuments historiques- ont été réalisées entre le 16e et le 19e siècle. En 1563, en pleines guerres de religions, la statue de la vierge placée au milieu d’un incandescent bucher n’aurait eu que le visage noirci sans, pour autant, être consumée. C’est à cette époque que débutent les pèlerinages pour rendre hommage à ce miracle.

Détail d’une fresque de la chapelle Notre dame la Brune Copyright MH

Petite histoire du château
Elle est extraordinaire comme seules les vieilles pierres savent conter les aventures tourmentées de l’humanité. Son édification, au plus haut point du village, remonte au 12e siècle. Mais au tout départ, ce n’est qu’un donjon entouré de murailles cédé, d’une famille à une autre,  en règlement d’une dette. Il devient, au fil des siècles un château empruntant au style renaissance du 16e siècle. Lors des guerres de religion, le château fort est livré aux Huguenots puis repris par les catholiques. Il est transformé entre 1680 et 1690 tout en conservant son caractère fermement défensif. Les troupes révolutionnaires ne lui voudront pas de bien en 1791. A partir de cette date, le château sera pillé de ses pierres pendant plus de 150 ans, concourant à construire les maisons alentours. Il n’est plus que ruines en 1920.

André Vayson de Pradenne
C’est là qu’André Vayson de Pradenne –fils du peintre Paul Vayson, ingénieur, Président de la société préhistorique française, maire de Murs durant 4 mandats, Conseiller général du Canton de Gordes de 1919 à 1929- rachète –en 1929, le château pour le reconstruire. Il faut dire que l’homme est amateur de châteaux puisqu’en plus de celui du Barroux il en possède deux autres : le château de Murs et de Javon à Lioux. Las, intoxiqué au monoxyde de carbone il meurt dans son hôtel particulier parisien avec son épouse et sa fille laissant un seul survivant, son fils.

Hommage à Paul Vayson, Rocher des Doms, Avignon DR

Des expos et du whisky
2021, désormais, le château est ouvert aux visites guidées et non guidées, à des événements réguliers comme des performances d’artistes, des expos, des concerts, des dégustations de whisky, des mariages, des fêtes familiales, des séminaires d’entreprises. En terme de performances, on se souvient de celle de Sandrot qui devant un public ébahi –elle en a l’habitude- exécutait un perroquet dans l’une des cours du château. D’ailleurs un immense aigle signé par elle orne un mur intérieur du château. Marine Guillemot, artiste du végétal et Joël Canat, sculpteur y exposent actuellement (voir ici).

La distillerie dans les salles basses du château du Barroux DR

La distillerie
Est aménagée dans les salles basses du château. Fanny et Jean-Baptiste Vayson de Pradenne s’y approvisionnent auprès de deux producteurs et d’une coopérative d’où elle récupère les intrants pour fabriquer son whisky. Les visites guidées de la distillerie artisanale s’y font dè s à présent. Le whisky est produit à partir de petit épeautre de Haute Provence provenant du Ventoux et du Pays de Sault. Il est certifié IGP (Indication géographique protégée) et bio.

Exposition jusqu’au 30 juin
Exposition du sculpteur Joël Canat, de Marine Guillemot et de Sandrot. Château du Barroux. La Garenne. Visite libre du château. Adulte 8,50€. Enfant –de 6 à 16 ans) 5€ incluant un jeu de piste. Gratuit pour les moins de 6 ans. Abonnement annuel avec entrée individuelle illimitée : 20€. Chiens en laisses autorisés lors de la visite libre du château. Horaires De mai à septembre 10h-18h avec dernière entrée à 17h15. Octobre à fin avril –sauf janvier- 10h-13h et de 14h à 18h. 04 90 28 20 02.

Salle dans laquelle exposent Marine Guillemot, artiste du végétal et Joël Canat, sculpteur Copyright MH

Pour en savoir plus
Marine Guillemot, artiste du végétal ici. Joël Canat ici. Artiste animalière Sandra Guilbot dite Sandrot ici, sa performance au château ici.

Œuvre de Sandrot Copyright MH sur un mur d’une cour du Château du Barroux

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