Avignon et les abeilles, c’est une vieille histoire qui débute en 1956 quand s’est installée la première ‘Station Expérimentale d’Apiculture’ sur le site de Montfavet, au sein d’une région à vocation apicole dont les travaux portent déjà sur la santé des abeilles, la sélection du cheptel et la qualité du miel.
La Région Sud, dans le cadre de son Contrat de Plan finance un projet ‘3A’ (‘A’ comme Avignon, Agrosciences et Abeilles) afin de faciliter la collaboration entre les chercheurs de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), les universitaires et le laboratoire Pharm-Ecologie Cardiovasculaire(LaPEC). En tout, 7,46M€ ont été investis (4M€ par l’NRAE, 2,5M€ par la Région, 450 000€ par le département, 230 000€ par le Grand Avignon). « Le bâtiment ‘Coeur de Centre’ en cours de construction offrira 2 150m2 de plancher, un amphi de 150 places, un atelier de co-working avec les entreprises, il pourra aussi accueillir des agents du Pôle de Compétitivité et il sera ouvert sur l’extèrieur » explique Jean-Philippe Nabot, directeur de l’INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Lors de la visite du chantier, Olivier Pélassy, ingénieur – chef de projet évoque la volonté de « Construire un bâtiment HQE (à Haute qualité environnementale) lumineux, foncionnel, relié à celui de la présidence et des services administratifs, en béton bas carbone, avec une isolation extèrieure masquée par un bardage de résineux Douglas ».
L’unité de recherche ‘Abeilles et environnement’ qui existe depuis 66 ans (1956) a vu ses missions évoluer au fil des décennies. Dans les années 90, est d’abord apparu le ‘varroa’, un acarien parasite et de nouvelles espèces d’abeilles résistantes ont été sélectionnées. Ce fut ensuite le tour des pesticides ‘néonicotinoïdes’ qui altèrent leur sens de l ‘orientation et les empêchent de retourner dans leurs ruches. Au sein du laboratoire de Montfavet, une jeune chercheuse, Mahira Kaabèche a étudié les effets cardio-toxiques de ces pesticides sur les abeilles en procédant à un enregistrement électrique de leur activité. C’est la toute première étude de ce genre, un travail salué par l’ensemble des scientifiques du monde entier.
Les alliées naturelles de l’agriculture
Axel Decourtye, le responsable de l’Unité mixte technologique ‘Protection des abeilles dans l’environnement’ rappelle que les abeilles sont les alliées naturelles de l’agriculture : « Elles pollinisent 80% de la production mondiale donc de notre alimentation. C’est pourquoi les apiculteurs les chouchoutent. On dénombre un millier d’espèces d’abeilles entre les domestiques et les sauvages et nos équipes oeuvrent pour enrayer leur déclin dû aux changements climatiques, à la pollution, aux espèces invasives et aux pesticides ».
Ensuite, c’est le PDG de l’INRAE, Philippe Mauguin qui prend la parole pour rappeler que « L’engagement de l’INRA devenu INRAE se déploie sur un temps long. Tout le monde travaille main dans la main, les apiculteurs, les scientifiques, les généticiens, les responsables de l’agro-alimentaire pour protéger l’abeille et l’aider à faire le meilleur miel possible. Ce nouveau bâtiment est la preuve de la visibilité du travail de nos équipes au service du plus grand nombre ».
Sanctuariser la recherche et l’innovation
De son côté, Joël Guin président du Grand Avignon évoquera « Le grand défi du siècle qu’est la pollinisation des abeilles puisqu’elle a des conséquences sur notre environnement, notre agriculture et notre alimentation ». Bénédicte Martin, vice-présidente du Conseil Régional insistera sur « La sanctuarisation de la recherche et de l’innovation au coeur de notre action pour permettre à l’agriculture de s’adapter à tous les changements ».
Enfin, Jean-Luc Parrain, délégué régional académique à la recherche et à l’innovation qui représentait le Préfet de Région Christophe Mirmant rappelle que ce « Projet 3A Avignon a été inscrit au Contrat de Plan Etat-Région avec celui de Sophia-Antipolis pour un montant de 9,4M€. Aujourd’hui nous devons avoir une approche globale. Le généticien doit parler au géographe, à l’éthologue. C’est l’objectif du mouvement ‘One health » une seule santé qui oblige toutes les disciplines à s’articuler, pas de santé humaine, sans santé animale ni santé environnementale, ce qui implique un dialogue science-recherche-société. Autant d’enjeux cruciaux pour envisager notre devenir avec un peu d’espoir »conclura-t-il.