L’Imca (Institut des métiers de la communication audiovisuelle) est désormais bien installé à Sorgues. Implanté place des Corps-Saints à Avignon depuis 1995, l’Institut présidé par Alain Glasberg et dirigé par Nayma Diaf était trop à l’étroit dans ses 200m2 de locaux en intra-muros.
Après Arles, Nîmes, Avignon, c’est à Sorgues qu’une nouvelle page s’écrit. Toute l’équipe de l’IMCA s’est mobilisée pour accueillir ses convives à l’inauguration de ses nouveaux locaux. Au programme : présentation, information, diffusions, visite, démonstrations au studio, fond vert, régie, captations… La structure spécialisée vient ainsi de rejoindre le boulevard Roger-Ricca où son équipe de près d’une dizaine de permanent et d’une quinzaine d’intervenants y enseignera les métiers de l’audiovisuel, de l’écriture de scénario dans un espace de 500m2.
L’Imca forme une centaine de personnes par an lors de sessions plus ou moins longues allant de quelques jours à plusieurs mois. Ses formations dans l’audiovisuel, polyvalentes et généralistes, permettent notamment d’acquérir les bases indispensables pour ensuite aborder les innovations technologiques dans le secteur de l’audiovisuel (la webvidéo, images embarquées, réalité augmentée, mapping, 360°, hologramme, son directionnel). Depuis sa création, l’Imca a formé plus de 2 500 professionnels de l’audiovisuel. Retour en photos de l’inauguration.
L’IMCA a pris ses quartiers à Sorgues
Florine Clap la réalisatrice avignonnaise participe à la 6e édition du Mifac 2021 au Mans les 1er, 2 et 3 Octobre. En effet, son film ‘Boris Daniloff, l’homme aux cheveux rouges’, a été sélectionné pour y concourir avec… 39 autres. Un film tourné et diffusé dans le cadre de l’exposition au cloître St Louis, en septembre 2019, en hommage au peintre disparu en juillet 2015.
Florine Clap réalise des films documentaires, des fictions et dirige des ateliers pédagogiques et artistiques. Elle est actuellement présente au Marché International du Film sur les Artistes Contemporains (Mifac). L’événement met à l’honneur des films sur l’Art sous toutes ses formes, favorisant les échanges et rencontres entre réalisateurs, artistes, producteurs et amateurs d’art. Un melting pot au creux duquel se presse la grande famille de l’art d’aujourd’hui, et à laquelle se mêlent galeristes et collectionneurs. Chaque année, 40 films sont au programme du Mifac : des documentaires sur des peintres, des sculpteurs, des graveurs, des photographes contemporains, avec une 1re édition intervenue en 2015.
Rencontre avec Boris Daniloff
«J’ai rencontré Boris Daniloff alors que je tournais, en 2013, ‘Sous les ponts d’Avignon’, relate Florine Clap. Nous étions en juillet et il tractait dans les rues d’Avignon, comme les compagnies, pour inviter les festivaliers à venir voir son exposition intitulée ‘Gens d’Avignon’. Il s’agissait de portraits d’usagers et de bénévoles d’associations comme ‘Gem Mine de rien’ et ‘Casa’. Des personnes en situation de pauvreté et de grande précarité. Nous avons filmé dans son atelier et parmi les grands portraits peints, il y avait celui de Zac –Zachario- que j’avais moi-même filmé. J’interviewe Boris et suis extrêmement touchée par la colère qui l’anime de voir des gens, sans travail, mourir de faim dans les rues d’Avignon. C’est ce qu’il dénonce dans ses peintures de façon symbolique avec force, mouvements et couleurs. C’est à la fois violent et poignant.»
Les thématiques de Boris ?
«Ce qui bouleverse Boris ? L’injustice sociale ; la guerre –notamment le conflit Israélo-Palestinien- ; l’immigration avec ces familles qui viennent mourir dans la Méditerranée, en cherchant un avenir meilleur ; la satire politique sur les dirigeants du monde. Sa colère, il l’exprime sur des toiles grands formats et il y a cette immense et magistrale fresque au rez-de-chaussée du Cloître Saint Louis … Il a aussi fait le portrait des techniciens de l’opéra d’Avignon, parce qu’il avait à cœur de montrer ces artisans de l’ombre. Ce film a été fait sans moyens, un peu dans l’urgence, à la demande de son épouse Messa.»
L’homme vertical
«Les portraits de Boris sont de grands formats à portée d’homme, cela veut dire que l’on rencontre le regard des autres, de personnes que l’on ne voit jamais : les gens de la rue, ceux qui meurent dans la mer, ceux qui travaillent en coulisse. La voix de Boris extraite de l’interview que j’avais réalisé de lui en 2013 – est le fil rouge du documentaire-. Il évoque toute la difficulté de s’exprimer librement. D’ailleurs il ne peignait ni pour l’esthétique ni pour vendre. Sa démarche ? Questionner et essayer de se libérer de cette tristesse, de cette vision de l’état du monde décrit à la radio qu’il écoutait en permanence.»
Ouvrir la fenêtre
«J’ai envoyé le film au Mifac, il y a deux ans, et là, j’ai le plaisir de voir qu’il est programmé. C’est une belle surprise. Ce qui me ravit ? Que le travail de Boris, par le biais de ce film, sorte du cadre avignonnais. Le fait que ce film, les thématiques de ses expositions, puissent s’exporter ailleurs, être vus par d’autres personnes et que tout cela fasse sens. Je pense, notamment, à ces 5 minutes de film qui détaillent ses œuvres, appuyées par un travail sonore. Ce film va être vu par des commissaires d’exposition, des galeristes… Ce qui serait fantastique ? Que l’exposition se monte ailleurs.»
Faits de société, témoignages, tabous
«Ce sont vraiment les rencontres qui font que, d’un coup, le film se met en place. Il y a des gens qui vous touchent et après, il y a la forme. Il y a l’histoire et comment on la filme. Il est question de trouver une forme pour raconter ces trajectoires. Le documentaire est un espace incroyable parce qu’on est face au réel et c’est justement là qu’il faut imaginer la construction de tout un univers. Alors on cherche le rythme, la forme, à faire que ce qui nous a touchés en touche d’autres.»
En vivre
«Ce qui me fait vivre ? Des documentaires au long cours. Je suis rémunérée en tant que réalisatrice lors de commandes émanant de producteurs et de diffuseurs. Je réponds à des invitations comme pour l’Artcena -Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre- qui est passé par la société de production Avril films avec laquelle je travaille, pour réaliser des portraits d’auteurs dans un esprit créatif ce qui correspondait à ma patte cinématographique. Mes commandes sont souvent liées au monde de l’art et de la culture. Ça me permet de gagner ma vie et d’écrire mes propres projets artistiques non rémunérateurs dans un premier temps… Car le travail de l’écriture, de recherche documentaire, de repérage est long avant de décrocher des bourses d’aide à l’écriture. Mon choix ? L’équilibre ! Je l’ai trouvé via les ateliers où je transmets mon expérience aux jeunes de 13 à 17 ans, sur le thème de la fiction, à l’Imca. Je leur apprends à écrire le scénario, à mettre en scène, à effectuer des repérages, on tourne, on fait de la direction d’acteurs, puis on monte le film. Par ailleurs je travaille sur des projets de commande toujours liés aux institutionnels et mes projets documentaires.»
Actuellement
«Je travaille sur un documentaire dont le sujet est le père Chave. Un premier film hommage de 26 minutes, basé sur l’interview de Laure Adler avec le père Chave, a déjà été diffusé, mais pour moi, il s’agit d’une introduction. Là, je souhaiterais une diffusion nationale parce que cet homme a vécu une histoire à la fois incroyable et universelle. Il s’est trouvé au carrefour de mondes extrêmement différents dont il fera tout pour qu’ils se rencontrent : l’Église, le festival in et off et le milieu des ouvriers. Paul Puaux, le bras droit de Jean Vilar et l’artiste lui-même avaient à cœur de toucher le milieu cheminot d’Avignon, tous rêvant d’un théâtre populaire aux portes ouvertes et d’où personne ne serait ni éloigné, ni exclu. Pour cela ils ont mis en place des choses très concrètes comme des billets accessibles, des horaires moins tardifs, supprimé les vestiaires afin de permettre d’aller au théâtre sans se changer de ses vêtements de travail.»