29 avril 2025 |

Ecrit par le 29 avril 2025

Agence Régionale de santé : Quelles priorités pour la santé en Vaucluse ?

La santé est devenue une priorité pour le gouvernement. En cause ? Un accès de plus en plus difficile aux soins, une désaffection croissante des Français pour la vaccination, une potentielle menace de la renonciation aux soins et, enfin, une démographie vieillissante face au spectre des déserts médicaux.

C’est justement pour faire le point et défendre la qualité de l’organisation de la santé que Loïc Souriau et Nadia Benayache, respectivement directeur et directrice adjointe départementaux de l’Agence régionale de santé -ARS- ont présenté les priorités ainsi que le bilan non exhaustif du ‘Ségur de la santé’ permettant d’accompagner 19 projets en Région Paca pour un coût de 621M€ et un financement de l’ARS de 369M€. Les deux responsables du secteur de la santé soulignent que le système de santé, très critiqué, fait l’objet d’une désinformation de grande ampleur qui n’a pas lieu d’être.

Le Plan régional de santé
Tout a commencé par Le Plan régional de santé de Provence-Alpes-Côte d’Azur -2023-2028-qui prend en compte les évolutions sociétales et les enjeux de logique de parcours, de la crise Covid, des impacts du changement climatique et de la tension des ressources humaines dans tous les secteurs. 

7 priorités régionales
Il en découle 7 priorités régionales ensuite exercées au niveau départemental. Il y est question de la Protection de la santé de la population ; de la Réduction des inégalités sociales et territoriales de santé ; de l’Accompagnement du vieillissement, des Conséquences de la prévalence des maladies chroniques et de la perte d’autonomie ; de l’Amélioration du parcours des personnes en situation de handicap ; de Santé mentale ; et enfin, d’Améliorer la coopération des acteurs de la santé et d’améliorer la qualité de la prise en charge.

Une vision fine de la santé en France
Et c’est pour obtenir une vision fine des besoins de la santé à l’échelle nationale, régionale puis départementale que le Ségur de l’investissement entre en scène, avec, au niveau régional l’accompagnement de 19 projets validés par le Comité régional d’investissement pour un coût de 621M€ et un financement de l’ARS de 369M€.

Comprendre le Ségur de l’investissement
En juillet 2020, le Ségur de la santé a réuni l’ensemble des acteurs – professionnels de santé, patients, institutionnels – afin d’identifier les principales pistes de modernisation et d’accélération de la transformation du système de santé français. Le Ségur de l’investissement de Provence-Alpes-Côte d’Azur bénéficie d’un budget national de 1,511 milliards d’euros d’investissement pour soutenir les établissements sanitaires et médico-sociaux. 

Une stratégie régionale des investissements
Cette stratégie régionale des investissements Ségur en Paca tient en 6 axes prioritaires : Refinancer les établissements surendettés ; Transformer l’offre hospitalière, de ville et médico-sociaux ; l’Extension des capacités de soins critiques, la Mise à niveau des services d’urgence, la Création d’unités de soins palliatifs ; Rénover, étendre ou reconstruire des établissements vétustes ; Favoriser une meilleure coopération publique-privée ; et Soutenir les territoires , en perte de professionnels de soins.

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Le Vaucluse en détail
Le Ségur de la santé, intervenu en juillet 2020, suite à la pandémie du Covid 19 communiqué aux français le 17 mars 2020, a permis un financement de grande ampleur des établissements de santé et médico-sociaux pour financer des projets d’envergure. Aujourd’hui, en Vaucluse, 19 projets sont validés pour un coût de 621M€ et un financement de l’ARS de 369M€. Voici les dernières informations communiquées par l’ARS Vaucluse.

Modernisation du Centre hospitalier d’Avignon
Objectif : augmenter les capacités de réanimation, de soins continus, des urgences et de l’hémodialyse. Accroitre la qualité des conditions d’accueil des tours de médecine et de chirurgie. Projet de construction d’un bâtiment. 9M€ ont déjà été alloués et un montant de complémentaire de 58,5M€ est envisagé. Par ailleurs, le Centre hospitalier d’Avignonbénéficie de 17,2M€ pour la restructuration et l’extension des soins critiques adultes. Les travaux ont débuté en mars 2024. La modernisation du centre, dans son ensemble, consommera 81,3M€ auxquels s’ajoutent 2M€ du Conseil régional Sud Paca pour des travaux planifiés au 3e trimestre 2026.

Le Centre hospitalier d’Orange
Le Centre hospitalier d’Orange bénéficiera de 1,5M€ pour la mise à niveau des plateaux techniques et le renforcement de la gradation des soins pour des débuts de travaux 1er trimestre 2026.

La Clinique Synergya-Ventoux à Carpentras            
La Clique Synergya Ventoux recevra 600 000€ pour la rénovation et l’extension du plateau ambulatoire dont les travaux débuteront au 3e trimestre 2025.

Le Centre hospitalier spécialisé de Montfavet
Le Centre hospitalier spécialisé de Montfavet touchera 2,4M€ pour l’humanisation des unités d’hospitalisation dont les travaux débuteront 3e trimestre 2025. Également, 1M€ sera dévolu à la création d’une unité de soins intensifs psychiatriques pour des travaux au 2e trimestre 2026.

Centre hospitalier de Cavaillon
Il est prévu une restructuration et une extension de l’hôpital, création de blocs opératoires à hauteur de 15M, du fait de la fermeture de la clinique Synergya Luberon. Il sera accompagné par l’ARS avec une dotation de 4M€.

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Au chapitre des Ehpad
Les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) n’ont pas été oubliés. Ainsi, l’Agence Régionale de Santé finance la modernisation et la formation des personnels des Établissements pour personnes âgées dépendantes, ainsi, voici les établissements qu’elle accompagne et soutient. «Avant l’affaire Orpéa, nous étions déjà engagés sur l’inspection des Ehpad, rappelle Nadia Benayache. Ainsi tous les Ehpad -il y en a 58 en Vaucluse- ont été contrôlés dont 11 sur sites et le reste sur pièces et de manière conjointe avec le Conseil départemental. L’Ehpad Saint-André à Morières-lès-Avignon a été mis sous administration provisoire durant 6 mois, du fait de signalements. Ces contrôles seront poursuivis pour les structures du handicap, des centres de santé, dentaires et autres, le transport sanitaire, les pharmacies, les hôpitaux…»

L’Ehpad l’Oustalet à Malaucène 
L’Ehpad l’Oustalet à Malaucène a bénéficié de travaux en juin 2023 pour un montant de 1,1M€. Le Conseil départemental là aussi investi à hauteur de 500 000€.

L’Ehpad du Centre hospitalier de Cavaillon
L’Ehpad du Centre hospitalier de Cavaillon a obtenu 7,4M€ et d’1M€ du Conseil départemental de Vaucluse.

L’Ehpad Les Arcades à Sainte-Cécile-les-Vignes
Les travaux devraient débuter en décembre 2025 à hauteur de 4M€ auxquels s’ajoute 1M€ du Conseil départemental de Vaucluse. Le projet fait en totalité 15M€.

L’Ehpad André Estienne à Cadenet
L’Ehpad André Estienne à Cadenet a bénéficié de 1M€ pour des travaux à venir cette année. Il avait déjà bénéficié de 500 000€.

Assainissement financier des établissements de santé
Au titre de l’assainissement financier pour restaurer les capacités financières des établissements en situation de surendettement 743M€ ont été alloués aux établissements de Paca. 
A ce titre, également, le Centre hospitalier Henri Duffaut d’Avignon a bénéficié de 22M€. L’Hadar -Association pour l’Hospitalisation A Domicile d’Avignon et sa Région et HAD -Hospitalisation A Domicile-, SSIAD -Service de Soins Infirmiers A Domicile-et Esa -Equipe Spécialisée Alzheimer- s’est vue allouer 300 000€.

Le Centre hospitalier d’Apt a reçu 1,870M€ ; celui de Carpentras 300 000€ ; celui de Gordes 387 000€ ; celui de l’Isle sur la Sorgue 300 000€ ; le Centres hospitalier Louis Giorgi d’Orange 3,531M€ ; celui de Sault 774 000€ ; celui de Vaison la Romaine 820 000€ ; le Centre hospitalier Jules Niel de Valréas 2,727M€ ; celui de Montfavet 300 000€ ; L’Institut Sainte Catherine à Avignon 7,363M€ ; Le Centre hospitalier intercommunal de Cavaillon Lauris 1,748M€. 

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Extraits de ce qui a été dit lors de la conférence de presse
Les thèmes abordés : La prévention, l’accès aux soins et la santé mentale, priorité nationale 2025.

«Il y a une baisse de la population de médecins généralistes libéraux en ville, mais pas dans les hôpitaux publics où il y en a plus aujourd’hui que 5 ans en arrière, relate Loïc Sauriou, directeur départemental de l’ARS. Il y avait 550 libéraux il y a cinq ans, désormais ils sont 460. Une embellie devrait se faire jour d’ici 2030-2035 pour retrouver les effectifs de 2020-21. Cependant la façon d’exercer a changé et il faut désormais prévoir deux médecins pour remplacer un médecin qui part en retraite. Cependant l’Ordre des médecins vient de publier un rapport évoquant, en 2040, trop de médecins.»

Un guichet unique
«Actuellement 90% vauclusiens ont un médecin traitant, et 94% ayant une affection de longue durée -ALD- également. Depuis 2023 en France, la mortalité pour cancer a diminué, ce que ne permettrait pas un système en bout de souffle. Le Collectif Vaucluse santé attractivité, créé il y a plus d’un an, mobilise la CPAM -Caisse primaire d’assurance maladie-, la MSA -Mutualité sociale agricole-, les Conseils régional et départemental, l’Ordre des médecins, l’ARS, avons mis en place un guichet unique et communiquer, notamment auprès des médecins et favoriser le développement de l’internat dans les cabinets libéraux.» 

Séduire les médecins pour qu’ils s’installent en Vaucluse
«Pourquoi ? Parce que les médecins s’installent naturellement là où ils ont fait leurs études : Marseille, Montpellier ou Nice ou dans villes d’où ils sont natifs.  L’idée, est donc de proposer à ces internes de faire leur internat en structures ou en médecine générale -pour la 4e année de médecine- et les inciter à rester en Vaucluse. 2026 devrait voire la venue de docteurs juniors -thésés- qui auront une année à faire en zones sous-dotée en médecins, avant de s’installer en libéral. Ils exerceront par semestres. Ils sont 200 au niveau régional et nous souhaiterions en disposer d’une trentaine. Ce sera un nouveau vivier à partir de novembre 2026. De la même façon nous recrutons aussi des médecins seniors, possiblement à la retraite, qui peuvent donner un peu de leur temps pour exercer.» 

Recrutement d’assistants médicaux
«Le médecin disposerait d’une personne, un assistant médical, pouvant accueillir le patient, s’occuper des usages administratifs, de transmettre ou d’enregistrer les documents de santé, de prendre les constantes, puis à la fin de la consultation, s’occuper du paiement, afin que le médecin ne soit présent qu’au moment du diagnostic et de la prescription ce qui optimise et libère le temps médical. Cela permet de libérer la file active qui est d’environ 1 000 à 1 500 patients, c’est-à-dire sa patientèle.»

Désaffection pour la vaccination
Loïc Sauriou tire la sonnette d’alarme concernant la vaccination «Car la rougeole sévit de plus en plus, notamment chez les enfants alors que la maladie avait été éradiquée du fait de la vaccination enfantine. Également, cet hiver, peu de gens se sont fait vacciner contre la grippe, notamment les seniors ce qui a entrainé un pic d’hospitalisation de personnes à partir de 75 ans. Cela aurait pu être évité grâce au vaccin qui est conçu pour en atténuer les effets.»

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La santé mentale
«La santé mentale est Grande cause nationale 2025. Des études ont révélé l’impact de la crise Covid sur la santé mentale, notamment des passages aux urgences pour tentative de suicide, de très jeunes-femmes, avec, heureusement, maintenant, un retour à la normale.»

La pédopsychiatrie
«Les parcours vont être revus, dans un contexte de raréfaction des psychiatres. Nous sommes très critiques au niveau des effectifs car les jeunes médecins sont peu attirés par la pédopsychiatrie et la psychiatrie, ces deux spécialités ne rencontrant pas de succès auprès des étudiants. Cependant, la prise en charge des plus jeunes a pu être renouvelée dans le cadre d’une Maison des adolescents, avec une prise en charge élargie qui dépasse la prise en charge de l’hôpital de Montfavet, concernant les médecins généralistes en ville et les psychologues.» A ce propos, l’ARS finance des associations venant en aide aux personnes vulnérables.

Un collectif de 1er secours en santé mentale
«Un collectif de 1er secours en santé mentale, soutenu par l’ARS, forme actuellement des personnes pour en reconnaître les aspects et venir en aide aux personnes, relate Nadia Benayache. Les personnels de l’ARS et particulièrement la CPAM ont, par exemple, été formés en leur qualité de services recevant du public. L’ARS finance des formations en compétences psychosociales pour donner des outils aux citoyens et même aux enfants, afin d’interagir avec d’interagir lors de situations difficiles et ainsi intervenir en gestion d’émotions.»

Les personnes en situation de handicap et autisme
«Plus de 3M€ ont été alloués à des dispositifs pour les personnes en situation de handicap, détaille Nadia Benayache, notamment pour renforcer les IME -instituts médicaux éducatifs- et proposer plus de places, augmenter les places en ESAT – Établissements ou services d’aide par le travail- des dispositifs de répits, afin de soulager les aidants, financer en partie les écoles inclusives, comme pour Joly Jean à Avignon, avec sa structure pour jeunes enfants autistes. Un espace semblable sera créé en septembre 2025, en maternelle, sur la commune de Cavaillon. Ces unités, en milieu ordinaire, pour enfants existent désormais à Avignon, Bollène, l’Isle-sur-la-Sorgue. Une plateforme verra également le jour cette année pour les 7-12 ans-. Un lieu, le CAMSP – Centre d’action médico-sociale précoce- à l’Hôpital Henri Duffaut dépiste l’autisme et, plus particulièrement, chez les plus jeunes enfants, de zéro à 6 ans.» 

Psychiatrie
«Nous allons créer une unité spécialisée, fermée et sécurisée, en plus de l’UMD -Unité pour malades difficiles-, à l’Hôpital de Montfavet- de prise en charge des détenus, de la future prison d’Entraigues mais aussi prenant en charges les autres patients d’autres centres pénitentiaires du Pontet, d’Arles et de Tarascon, reprend Loïc Souriau.»

Le Plan 50 000 solutions
«Le plan 50 000 solutions est un financement structurel de nouveaux dispositifs et parcours médicaux ou sociaux-médicaux. «Il est inédit en France, souligne Nadia Benayache. Il s’agit d’un budget de 3M€ en 2024 en Vaucluse, 2025 devrait être du même niveau, et de 100M€ à l’échelle Provence-Alpes-Côte d’Azur.»

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