Au moment où la flotte alliée libère ses vagues d’assaut amphibies sur les plages de la côte d’Azur le 15 août 1944 entre Saint-Raphaël et les îles du Levant, plusieurs opérations aériennes se déroulent le long du Rhône pour détruire les ponts qui ont résisté aux précédents raids. Ainsi, les villes d’Arles, Aramon et Montfaucon sont attaquées par de petites vagues de bombardiers moyens de la 12th Air Force composées d’unités équipées de bombardiers bimoteurs B-25 Mitchell et B-26 Marauder. Montfaucon constitue un objectif de premier ordre car au-delà du pont ferroviaire qui franchit le Rhône, elle abrite un important relais de communications allemandes couvrant la vallée du Rhône.
15 août 1944 :des B-25 Mitchell du 444th Bomb Squadron/321st Bomb Group basés en Corse viennent d’effectuer leurs largages sur le pont de Montfaucon. (USAF)
Vers 13h00, une formation de B-25 Mitchell du 321st Bomb Group en provenance de Corse bombardent le pont ferroviaire de Montfaucon. L’objectif est totalement noyé sous la fumée.
15 août 1944 : la fumée et la poussière soulevée par le bombardement entourent la zone de l’objectif qui semble avoir été atteint. Les services de renseignement de l’USAAF confirmeront rapidement que le pont a bien été détruit. (USAF)
Quelques heures plus tard, ce sont des B-26 Marauder du 17th Bomb Group venant de Sardaigne qui bombardent le pont routier d’Aramon en deux vagues de 18 et 17 appareils. La précision n’est pas très bonne, mais les services de renseignement américains relèvent près de 86 impacts dans la zone de la cible et confirment que le pont est bel et bien détruit.
15 août 1944, 16h03 : les bombes larguées par les appareils du 17th Bomb Group explosent autour de l’extrémité Ouest du pont routier d’Aramon. (Coll. De l’auteur)Annoté par le service de renseignement A-2 de la 42nd Bomb Wing de la 12th Air Force, ce cliché révèle les impacts autour du pont d’Aramon bombardé le 15 août 1944 par les appareils du 17th Bomb Group. Près de 200 bombes de 500 et 1000 livres ont été larguées pour réussir à couper l’ouvrage. (Coll. De l’auteur)
A peine quelques minutes plus tard, c’est au tour d’une trentaine de B-26 du 320th Bomb Group en provenance également de Sardaigne depuis leur base de Decimomanu, qui se présentent sur Arles à 16h11. Leur cible n’est autre que le pont routier de Trinquetaille. L’autre pont qui relie la voie ferrée d’Arles à Lunel a, quant à lui, été précédemment détruit le 6 août par les B-26 de l’Armée de l’Air française des groupes Maroc (1/22), Gascogne (1/19) et Bretagne (2/20). La précision du bombardement est optimale et le pont est détruit.
15 août 1944 :après avoir franchi à la verticale les arènes de la ville, cette formation de B-26 Marauder effectue un largage de précision sur le pont de Trinquetaille à Arles. Le pont est détruit et les traces de précédents bombardements bien visibles sur la gauche du cliché nous montrent que la précision d’un bombardement aérien est parfois bien aléatoire. (USAF)
Au cours de cette journée historique du Débarquement en Provence, les bombardements des ponts sur le Rhône sont un succès et vont contribuer à couper les voies de repli à l’armée allemande. Forcée de battre en retraite dans la précipitation face à l’importance des troupes alliées et ne disposant plus que d’un seul axe Sud-Nord dans la vallée du Rhône, les colonnes allemandes vont devoir s’entasser sur la célèbre Route Nationale 7 qui va devenir leur tombeau.
15 août 1944 :ce B-26 Marauder nommé « Pancho And His Reever Rats » du 444th Bomb Squadron/320th Bomb Group piloté par le Lt. Stearn termine son virage après avoir largué ses bombes pour rentrer en Sardaigne. En arrière-plan, la ville d’Arles est parfaitement identifiable grâce aux arènes, le pont de Trinquetaille est noyé sous la fumée des explosions. Cet appareil fut abattu par la Flak allemande quelques jours plus tard au-dessus de Covigliano le 23 août 1944. Il n’y eut aucun survivant parmi les 6 membres d’équipage. (USAF)
Les chasseurs-bombardiers P-47 de la 1st Tactical Air Force vont se livrer à une véritable curée en mitraillant ces colonnes où ils vont semer la terreur. Des centaines de véhicules et des tonnes de matériel vont être détruits et abandonnés le long des routes, poussés et jetés à la hâte dans les talus, avec l’ultime espoir de pouvoir parvenir à échapper aux appareils alliés et réussir à s’exfiltrer de cette souricière.
Grégory Pons
Sources : Archives du 17th Bomb Group et Bulletin des Amis du Vieil Arles n°147 Décembre 2010
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
Élaboré par l’agence de communication avignonnaise Devisocom, le jeu d’énigmes ‘Intrigue dans la ville‘ débarque à Roussillon dès ce lundi 5 août. L’occasion de passer un moment complice en famille ou entre amis et de (re)découvrir de manière ludique et pédagogique l’un des villages les plus colorés du Vaucluse.
L’agence de communication Devisocom vient de lancer sa 32ᵉ ‘Intrigue dans la ville’ à Roussillon. Et quoi de mieux qu’une enquête autour du patrimoine et de l’histoire de l’ocre pour découvrir ce village aux tons jaunes, oranges, rouges autrement ?
« Le 15 décembre dernier, une explosion a endommagé l’un des moteurs qui fait fonctionner nos machines pour concasser et broyer l’ocre, entraînant un incendie […] Rendez-vous sur place pour enquêter discrètement et trouver qui est responsable de cette explosion […]. » Tel est le synopsis de cette nouvelle intrigue qui se déroule en 1900 et qui devrait plaire aux petits comme aux grands. Le kit contenant tout le nécessaire pour mener l’enquête composé d’un carnet, d’un plan du village, des cartes des suspects, d’un filtre rouge, d’un crayon, ou encore d’un puzzle, est vendu aux bureaux d’Apt et de Roussillon de l’office de tourisme Pays d’Apt Luberon, mais aussi à l’écomusée Ôkhra au tarif de 12€.
Durant environ deux heures, touristes et locaux pourront en apprendre davantage sur l’activité ocrière de l’époque tout en s’amusant. Les propriétaires de l’exploitation des Mines d’Ocres de Vaucluse comptent sur vous pour démasquer l’auteur de cet acte malveillant !
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
Quatre jours plus tôt, le Mercredi 2 août 1944, une première alerte retentit vers 11h00, mais les appareils filent plus au Nord ver Orange. A 13h00 les sirènes retentissent à nouveau. La population se précipite vers les abris. La Flak allemande entre en action. Des bombardiers lourds B-24 du 461st Bomb Group sous le commandement du Lt-Col. Knapp frappent de plein fouet avec une remarquable précision le pont ferroviaire de Rognonas qui franchit la Durance avec près de 73% de ses projectiles sur l’objectif. Le pont est coupé net en deux endroits. D’autres objectifs étaient cependant visés lors de cette journée par d’autres formations d’appareils : les viaducs sur le Rhône et les dépôts d’essence du Pontet. Environ 25 soldats allemands furent tués au cours de ce raid. Du côté des civils, les pertes se ‘limitèrent’ à une vingtaine de victimes. Bien loin des 525 morts du raid du 27 mai dans la cité des papes.
2 août 1944 : les Liberator du 461st Bomb Group détruisent le pont ferroviaire sur la Durance entre Rognonas et Avignon. (Coll. de l’auteur)
Quatre jours plus tard, le 6 août 1944, tandis que les appareils du 461st Bomb Group opèrent de nouveau sur le Sud de la France et attaquent les installations ferroviaires de Miramas, plusieurs vagues de bombardiers américains de la 15th Air Force en provenance d’Italie vont se succéder sur Avignon et ses abords à partir de 8h30. Les B-24 Liberator arrivent par le Sud et débutent leur attaque sur le pont métallique qui enjambe le Rhône. Ils frappent également la campagne avignonnaise entre la Durance et les bords du Rhône, ainsi que l’île Piot et la Barthelasse. Les objectifs étaient à nouveau les ponts et les dépôts de carburant du Pontet. Les B-24 du 464th Bomb Group en provenance de Pantanella en Italie ont pour objectif le dépôt d’essence du Pontet.
6 août 1944 : un Liberator du 464th Bomb Group survole Avignon. On distingue en arrière-plan les panaches de fumée au niveau des bords du Rhône au Pontet, tandis que la gare de Petite Vitesse est également noyée sous les bombes. (USAF)
Les appareils ont décollé d’Italie à 07h05 et se présentent sur l’objectif à 11h50. Selon le témoignage d’un des membres d’équipages, ce raid fut un des plus faciles et apparemment les cuves de stockage devaient avoir été vidées suite au raid du 2 août car les bombes n’ont pas provoqué de grands incendies. Après l’attaque du 2 août sur ce même objectif, le but de ce raid était de s’assurer qu’elles étaient bien mises hors d’usage. A 13h45, les sirènes annoncent la fin de l’alerte. Les Liberator d’une autre unité, le 465th BG, avaient pour leur part pour objectif le viaduc ferroviaire sur le Rhône, mais l’ouvrage a résisté et se trouve intact une fois la fumée dissipée (voir photo ci-dessus). Un Liberator est abattu sans plus de précisions quant à son unité et le sort de son équipage de 10 hommes.
6 août 1944 dans la matinée : les Marauder du 17th BG frappent le pont ferroviaire entre Tarascon et Beaucaire. (Coll. de l’auteur)
Plus au sud d’Avignon, Tarascon et Beaucaire sont également bombardées. Les deux ponts qui relient ces deux villes forment une cible de choix et doivent être impérativement coupés. Ce sont des bombardiers moyens de type B-26 Marauder attachés à la 12th Air Force qui sont en charge de cette mission. Les appareils ont décollé de Sardaigne (voir photo principale) et vont effectuer deux frappes. La première attaque a lieu le matin sur le pont ferroviaire. Même si l’objectif est noyé sous les bombes, elles s’éparpillent largement vers le Sud (photo ci-dessus).
6 août 1944 : en fin d’après-midi vers 18h30, une seconde vague de Marauder du 17th BG frappent à nouveau, et cette fois-ci les explosions semblent plus concentrées autour des piles du pont ferroviaire qui sera finalement détruit. Le pont routier quant à lui est encore intact, mais ses jours sont comptés. (Coll. de l’auteur)
La deuxième vague d’attaque qui se présente à 18h30 est beaucoup plus précise et touche l’objectif (photo ci-dessus). Le pont routier est épargné, mais il ne faudra pas beaucoup de temps pour qu’il soit mis hors d’usage (photo ci-dessous). En préparation des opérations de débarquement en Provence, toutes les voies de communication et de repli doivent être coupées afin d’empêcher l’armée allemande de se disperser lors de son repli.
Grégory Pons
Nouvelle frappe sur les ponts de Tarascon et Beaucaire. La date de ce cliché n’est pas précisée mais ce raid a lieu entre les 6 et 16 août 1944. Les impacts de précédents raids sont bien visibles et le pont ferroviaire est bien coupé en deux endroits, tandis que le pont routier noyé sous les explosions dont on devine la précision, doit vraisemblablement être coupé. (USAF)
Sources : « AVIGNON 39/44 » de Robert Bailly – Archives du 461st Bomb Group – Archives du 464th Bomb Group – Archives du 17th Bomb Group.
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
Depuis le 16 mai 2024, plusieurs archéologues du Département de Vaucluse effectuent un travail de fouille préventive sur un chantier situé à Orange, au lieu-dit « La Baussenque ». Ces derniers ont récemment découvert un monument funéraire de l’époque néolithique. Après la découverte, place désormais à l’étude de l’objet et du site qui vont permettre la conservation et la possible future exposition de ce témoignage d’histoire.
Les premières données avaient orienté les archéologues sur un tumulus (tertre artificiel situé au-dessus d’une tombe) datant de la fin de l’âge du Bronze (environ 1000 ans avant J-C). Il n’en était rien, il s’agit bien d’un monument funéraire que les professionnels du Département de Vaucluse étudient actuellement.
Les toutes dernières analyses ont permis de déterminer que ce vestige aurait été conçu à l’époque néolithique dans sa deuxième partie, soit à partir de 3.000 avant J-C. Une phase post-fouille permettra d’être plus précis sur la période exacte.
Le lieu le plus ancien de la commune orangeoise
La découverte de cet objet sur ce lieu revêt d’une importance significative puisque ce lieu de chantier devient le plus ancien site archéologique connu pour la commune d’Orange. Cet imposant monument, constitué d’une couronne de dalles et de galets calcaires de près de 20 mètres de diamètre, a livré plusieurs sépultures dont les ossements sont inégalement conservés en raison de la remontée fréquente de la nappe phréatique et de la nature du substrat, des limons argileux, peu propice à une bonne conservation osseuse.
La découverte de ce monument n’a pas été unique. En périphérie immédiate du monument, deux autres sépultures en coffre, également de l’époque néolithique ont été trouvées. La fouille s’achève ces jours-ci pour laisser la place au chantier routier mais l’ensemble de ce qui a été découvert sur le site sera conservée grâce au travail des archéologues au cours de l’opération et la documentation produite : photographies, relevés, fiches d’enregistrement ainsi que tout le mobilier collecté rejoindront bientôt Memento, Pôle des patrimoines de Vaucluse à Agroparc, pour y être précieusement étudiés puis conservés pour les générations futures avant peut être une éventuelle exposition dans un musée du territoire.
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
Après les clichés inédits du 1er bombardement américain sur Avignon qui fera 525 victimes le 27 mai 1944, Grégory Pons nous propose une nouvelle série de photos provenant de sa collection personnelle ainsi que des archives de l’US Air Force. L’avignonnais, spécialiste de l’aviation américaine de cette époque et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, revient notamment sur l’attaque de la gare de marchandises de Petite Vitesse qui va brûler pendant 48 heures.
Après le terrible bombardement du 27 mai 1944, les bombardiers lourds américains reviennent le 25 juin 1944 sur Avignon avec pour objectifs à nouveau la zone de Foncouverte et les rotondes de la SCNF Route de Marseille, les ponts sur le Rhône, le centre téléphonique régional du Pontet et la gare de marchandises de Petite Vitesse en Courtine. L’alerte retentit à 8h45 et va durer 2 heures. Ce sont à nouveau des quadrimoteurs de la 15th Air Force en provenance d’Italie, mais cette fois ce sont des B-24 Liberator. Environ 150 appareils répartis en 3 vagues parmi lesquels se trouvent une formations du 461st Bomb Group ayant décollé de Torretta (à proximité de Cerignola dans le sud de l’Italie. Les bombardiers vont effectuer leurs largages selon des axes différents, visiblement pour leurrer la Flak (défense anti-aérienne allemande).
La gare de marchandises de Petite Vitesse est touchée de plein fouet. Les wagons de marchandises allemands qui s’y trouvent vont brûler pendant près de 48 heures. (USAF)
Une centaine d’immeubles détruits et une quinzaine de morts Les dégâts sont importants, une centaine d’immeubles sont à nouveau détruits, dont 25 totalement. On déplore également 15 civils tués et une soixantaine de blessés. La gare de Petite Vitesse, qui avait été totalement ratée lors du premier raid du 27 mai, est cette fois-ci sérieusement endommagée. Les voies sont détruites et de nombreux convois en stationnement sont littéralement pulvérisés. Les incendies des wagons chargés de marchandises et de combustibles provoquent d’épaisses colonnes de fumée dense qui s’élèvent dans le ciel et sont visibles à des kilomètres. Le feu va faire son œuvre pendant près de 48 heures.
Les appareils du 461st Bomb Group parviennent à grouper près de 26% de leurs projectiles sur l’objectif de Fontcouverte. Les impacts des bombes sont visibles en bas à droite de la photo. (USAF)
Le maire demande aux riverains de s’éloigner des voies ferrées Le pont à haubans qui relie Avignon à la Barthelasse (à la place de l’actuel pont Daladier) est totalement coupé ; mais les Allemands vont s’atteler à le remettre en service. Quelques bombes frappent même le secteur intra-muros au niveau du Boulevard Raspail et de la rue d’Annanelle. Edmond Pailheret, maire d’Avignon, rédige cette fois un communiqué aux termes duquel il appelle les personnes demeurant près des voies ferrées, ponts et tout autre objectif stratégique de quitter leurs logements par crainte que les raids ne gagnent en intensité. La préparation au débarquement allié en Provence va se poursuivre de façon méthodique et faire des ponts sur le Rhône et la Durance des cibles de premier ordre. Avignon sera de nouveau prise pour cible dans le cadre de ces opérations.
Grégory Pons Sources : « AVIGNON 39/44 » de Robert Bailly-Archives du 461st Bomb Group
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
Le 27 mai 1944, une centaine de bombardiers de l’US Air Force vont larguer près de 350 tonnes de bombes sur la cité des papes. En raison de la présence de plusieurs ponts et d’un nœud ferroviaire pouvant empêcher la retraite des Allemands en prévision du futur débarquement de Provence, la cité des papes ne sait pas encore qu’elle constitue une cible de tout premier ordre pour les Alliés. Après ce premier bombardement, le plus meurtrier qui aura coûté la vie à 525 personnes, Avignon et ses alentours seront ciblés presque une dizaine de fois jusqu’au 25 août, date de la libération de la ville. Retour sur cet événement tragique survenu il y a 80 ans par Grégory Pons, avignonnais spécialiste de l’aviation américaine de cette époque et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet (voir en fin d’article), qui partage des clichés inédits provenant des archives de l’US Air Force et de sa collection. Par ailleurs, d’ici la fin de l’été, nous vous proposerons d’autres photos inédites de la collection de Grégory Pons de plusieurs autres bombardements marquants.
« Les alertes se sont succédées à plusieurs reprises au cours des mois précédents, sans réelle menace pour les Avignonnais qui ne croient pas réellement au fait que leur ville puisse être frappée par un bombardement. Malheureusement en ce samedi 27 mai 1944, la menace est bien réelle et va prendre une majorité de la population au dépourvu. Plusieurs vagues de bombardiers lourds américains de la 15th Air Force basée en Italie vont se succéder avec pour objectifs la gare de triage de Petite Vitesse et les rotondes de la SNCF, le long de la route de Marseille. Nombreux sont les avignonnais qui, depuis leurs fenêtres, observent la vague d’avions ronronnant dans le ciel et qui s’éloigne vers l’ouest. Personne ne sait encore qu’ils vont effectuer un demi-tour pour se mettre dans l’axe de leur objectif pour l’approche finale. De cette manière, les aviateurs américains seront moins exposés aux tirs de la redoutable défense anti-aérienne allemande (la fameuse ‘Flak’) pour filer tout droit vers l’Italie sans avoir à effectuer un virage à 180° les plaçant nécessairement à la merci des tirs ennemis. »
« Avec ses ponts routiers et ferroviaires, la ville d’Avignon offre un objectif de tout premier ordre. »
La gare de Petite Vitesse en Courtine n’est que très peu touchée.(Coll. de l’auteur)Formation de B-17 du 301st Bomb Group. (Coll. de l’auteur)
« Avec ses ponts routiers et ferroviaires, la ville d’Avignon offre un objectif de tout premier ordre car elle constitue le principal nœud ferroviaire et routier du sud de la France, qui doit être impérativement neutralisé. Le but de cette opération est de freiner les forces allemandes lors de leur repli dans les jours qui suivront le débarquement en Provence. L’opération Dragoon est prévue pour le 15 août 1944 mais en attendant, les voies de chemin de fer, gares de marchandises, noeuds de communication et ponts viennent émailler la liste des objectifs pour l’ensemble des unités aériennes alliées basées en Italie, en Sardaigne et en Corse. Une première formation de bombardiers quadrimoteurs B-17 Flying Fortress du 2nd Bomb. Group décolle d’Amendola dans la région de Foggia au sud de l’Italie. Leur trajet va durer près de 5 heures. L’alerte retentit à partir de 10h10 avant que la vague de bombardiers lourds ne déverse ses bombes sur la gare de Petite Vitesse en Courtine. »
En approche par l’est, cette grappe de bombes (en bas de la photo) descend vers les installations ferroviaires du Pontet. Le quartier est sous les bombes, le secteur de Fontcouverte est encore intact. (US NARA)
« La formation évolue à environ 6 000m et l’objectif est visiblement manqué comme le montre un cliché annoté par les analystes du service de renseignements (A-2). Selon leur pointage, sur les 396 bombes larguées, seulement 4 ont touché les rails dans la première zone de 300m autour du point d’impact principal désigné aux navigateurs et opérateurs bombardiers pour effectuer leur visée. La dérive des projectiles a été visiblement mal estimée et vraisemblablement perturbée par le dernier virage de la formation lors de son approche finale. La majorité des bombes frappe la pointe de l’île Piot, la rive droite du Rhône du côté des Angles et la zone agricole au sud des quartiers populaires à proximité de l’élargissement des voies de la gare de triage. Plus d’une cinquantaine de bombes ont même explosé en dehors d’un rayon de 600m par rapport au point central de l’objectif, jusqu’au milieu du Rhône. »
Le complexe des rotondes. Des deux rotondes visibles à droite, une seule sera reconstruite après-guerre.(Coll. de l’auteur)10h50: c’est la gare de triage de Fontcouverte qui est touchée tandis que les Rotondes de la SNCF au niveau de la Route de Marseille sont noyées sous la fumée des explosions. L’objectif a été touché avec beaucoup plus de précision, mais la proximité des logements collectifs entraîne un grand nombre de victimes. (US NARA)
« A la suite de cette première vagues, une autre vague de B-17 en provenance de Lucera (301st Bomb. Group) approche par l’est et largue ses bombes sur des installations dans le secteur du Pontet. Les deux grandes rotondes de la SNCF le long de la route de Marseille ont concentré les largages des premiers appareils et se retrouvent noyées sous un immense voile de fumée. Tout s’est déroulé très vite et du côté des civils, l’horreur et les larmes cèdent la place à la stupéfaction. La liste des tués ne cesse de s’allonger d’heures en heures. Le bilan provisoire est de 350 morts et 500 blessés. Le bilan définitif ira bien au-delà avec 525 morts, environ 800 blessés et près de 650 immeubles rasés, sans compter les milliers de personnes sinistrées qui se retrouvent sans abri. Les forces allemandes ne déplorent quant à elle qu’une trentaine de morts. Un monument érigé à côté de l’église du Sacré-coeur, sur l’avenue Pierre Sémard, rend hommage à la mémoire des victimes des bombardements américains. »
Les obsèques de centaines d’Avignonnais au cimetière Saint-Véran suite au 1er bombardement du 27 mai 1944. Ce raid sera le plus meurtrier. Les Avignonnais auront ensuite retenu la cruelle leçon en ayant appris à craindre ces attaques aériennes. DR
Exposition et commémoration du 80e anniversaire du 1er bombardement d’Avignon Dans le cadre de la commémoration des 80 ans des bombardements d’Avignon, Cécile Helle, maire d’Avignon inaugurera, ce vendredi 24 mai à 18h, le parcours mémoriel ‘Les chemins de la Mémoire’. Accompagnée de Nathalie Gaillardet, adjointe déléguée à Avignon la Républicaine, au devoir de mémoire et aux Anciens Combattants, elle sera présente au monument de commémoration des bombardements situé à l’angle de l’avenue Pierre Semard et celle de la 1re DB. Le 25 mai, c’est le tiers lieu culturel ‘L’éveilleur’ situé 14 impasse Baroni qui accueillera, à 18h, la présentation de l’exposition ‘Avignon meurtrie’ constituée de photographies d’archives et de témoignages recueillis par l’association Bien vivre et Ikigai Prod. Le lendemain, le dimanche 26 mai, les organisateurs proposent un parcours (départ à partir de 17h depuis ‘L’éveilleur’) dans les différents lieux marquants du quartier autour de lecture de textes de Robert Bailly). Visite de l’exposition proposée par la paroisse du Sacré cœur dans l’église. Lundi 27 mai : Journée de commémoration des bombardements avec la visite de l’Eglise du Sacré Cœur 10h30 : Les cloches de l’église sonneront à l’heure exacte des bombardements. 10h30 : Cérémonie au monument des bombardements : présence des écoles du quartier, musique, lectures etc. 11h30 : Pose d’une plaque sur la façade de l’église en mémoire des victimes du Sacré-Coeur
DRDRSource indispensable sur le sujet
Trouvez ci-dessous les différents ouvrages écrit par l’avignonnais Grégory Pons
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
Situé au cœur de Lourmarin, certains le surnomment « la petite Villa Médicis de Provence. » Le Château de Lourmarin, racheté dans les années 1920 par Robert Laurent-Vibert, est géré par la Fondation qui porte son nom. Aujourd’hui, en plus d’être un édifice classé au titre des Monuments historiques, le Château livre un accès à la culture à travers ses expositions, ses œuvres exposées depuis des décennies, et les concerts qu’il accueille.
À peine le panneau d’entrée de la commune de Lourmarin franchi, il est impossible de le rater. Le Château de Lourmarin, beau et imposant, domine le village. Dès lors qu’on franchit ses portes, on se situe dans la cours basse, qui offre une vue imprenable sur le Luberon, les toits de Lourmarin et ses trois clochers. « Autrefois, Lourmarin faisait office de gardien de la route, qui était à l’époque mal fréquentée et qu’on appelait ‘la route des brigands’ », explique Caroline Pettavino, directrice de la Fondation Laurent-Vibert.
Aujourd’hui, le Château de Lourmarin est le quatrième Monument historique le plus visité de Vaucluse après le Palais des Papes, le Pont d’Avignon et le Théâtre antique d’Orange. En 2023, l’édifice a accueilli près de 60 000 visiteurs, une fréquentation en constante augmentation depuis une dizaine d’années (hors période covid). « Ce qui est intéressant, et nos offices de tourisme travaillent énormément dessus, c’est de voir que les visiteurs n’affluent pas forcément en juillet et août mais plutôt pendant les ailes de saison », ajoute Caroline Pettavino.
En débutant la visite du Château, dans une cour face aux balcons, appelés loggias, on en apprend plus sur l’histoire de l’édifice, notamment son abandon. Après sa construction, le Château a été déserté par la famille d’Agoult, qui est partie de Lourmarin pour aller vivre à La Tour-d’Aigues. Le Château a été légué de familles en familles qui se sont davantage intéressées aux terres à cultiver aux alentours.
« Le château était complètement dévasté lorsque Robert Laurent-Vibert l’a racheté. »
Caroline Pettavino
Quand l’industriel amoureux de la culture Robert Laurent-Vibert visite la Provence en 1920, il tombe amoureux du village de Lourmarin, mais aussi de son château qui est alors envahi par la végétation et destiné à être vendu au prix de la pierre de récupération. Il a donc décidé d’acheter le Château et de le restaurer complètement. Les loggias ont donc été reproduites à l’identique, comme beaucoup d’autres coins de l’édifice. Telle était l’ambition de son nouveau propriétaire.
« L’architecture, même si elle a été refaite, a été bien préservée », insiste Caroline Pettavino. Les visiteurs observent donc une architecture de la Renaissance, qui a été inspirée des voyages de Robert Laurent-Vibert en Italie. Tout au long de la visite, ils attestent d’une architecture exceptionnelle, notamment l’escalier à vis à double torsade, conservé en l’état.
Si l’on observe le Château en prenant du recul, on remarque deux parties de l’édifice : une avec une architecture médiévale, tel un château défensif, et l’autre avec une architecture de la Renaissance, qui représente davantage un château de plaisance. « C’est une vraie caractéristique du Château de Lourmarin, d’avoir une partie médiévale du XVe siècle, et d’avoir une autre partie plus esthétique, qui a davantage la fonction de montrer à quel point on savait faire de beaux châteaux à l’époque pour accueillir de belles réceptions », développe la directrice de la Fondation Laurent-Vibert.
Robert Laurent-Vibert est décédé seulement quelques années après avoir acheté et restauré le Château de Lourmarin. Dans son testament, il a indiqué qu’il léguait le monument à l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettre d’Aix, dont il était membre associé régional, et qu’il souhaitait que le Château devienne un lieu de résidence pour artistes.
Au cours de sa visite, le public peut admirer de nombreuses œuvres, dont certaines n’ont pas bougé depuis plus de 40 ans. Chaque année, une douzaine d’artistes posent leurs valises au sein du château. Les visiteurs peuvent donc attester de la vie du Château, qui accueille une belle programmation culturelle toute l’année, mais qui garde aussi certaines pièces meublées telles que la cuisine et les chambres.
Lorsque le Château a été légué à l’Académie d’Aix, est née la Fondation Laurent-Vibert, qui est chargée de l’entretien et de la gestion de l’édifice et de ses collections, qui est aujourd’hui dirigée par Caroline Pettavino. La Lourmarinoise de naissance, après une formation de logisticienne et transport de fret, a commencé à travailler au Château les étés en tant que guide.
« C’est un pur bonheur de pouvoir ouvrir la grille d’entrée tous les matins depuis 22 ans, je ne me lasse pas de la vue sur le village, de la tour du Château… »
Caroline Pettavino
De fil en anguille, elle a commencé à s’occuper de l’animation culturelle de l’édifice, puis la direction artistique des concerts et des résidences, jusqu’à devenir la directrice de la Fondation. « C’est une chance de gérer un tel monument, surtout quand on est native de Lourmarin », s’enthousiasme Caroline. La Fondation s’auto-finance à plus de 90%, l’entretien du Château et la charge de personnel sont complètement à la charge de la Fondation. « Les visiteurs, en payant l’entrée, contribuent au fonctionnement et à la restauration de l’édifice, à la sauvegarde du patrimoine français », affirme la directrice. Seules les grosses campagnes des travaux vont bénéficier d’aides (à hauteur de 60% maximum de manière générale) de la Région Sud, de la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac), ou encore du Département de Vaucluse
Un lieu d’expositions et de concerts
Au cours de sa visite du Château, non seulement le public peut s’imprégner de l’histoire de l’édifice, mais il a aussi accès à une exposition. En ce moment, c’est l’exposition ‘L’Océan’ qui est en place jusqu’au vendredi 31 mai prochain. L’exposition présente le travail de quatre artistes (Rachael Talibart, Henley Spiers, Hélène Baumel et Jean Chièze) qui, à travers photographies et gravures, contribuent à une réflexion et une prise de conscience autour de l’environnement, de l’océan et ses écosysèmes, affectés par le changement climatique. Après le 31 mai, ce sera au tour d’une nouvelle exposition de prendre place durant un an.
Tout au long de l’année, particulièrement l’été et aux ailes de saison, le Château accueille des concerts et des récitals. Le prochain étant le samedi 11 mai. La pianiste Irina Chkourindina fera redécouvrir au public les classiques de Mozart, Beethoven, Rachmaninoff et Chopin. Pour réserver votre place, cliquez ici.
Informations pratiques
Le Château est ouvert de 10h30 à 18h45 de mai à septembre. De 10h30 à 12h45 et de 14h30 à 17h15 de novembre à mars. Il est également ouvert de 10h30 à 13h15 et de 14h30 à 17h45 aux mois d’avril et d’octobre. La billetterie à l’accueil ferme 45 minutes avant la fermeture du Château.
L’entrée est au prix de 8€ pour un adulte, 6,50€ pour les groupes de +12 personnes, les étudiants, les demandeurs d’emploi et Provence Escapade. Pour les enfants de 6 à 12 ans, l’entrée est à 3,50€ et est gratuite pour les moins de 6 ans. L’exposition est comprise dans le prix de la visite.
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
En fait, il s’agit d’un voyage au cœur de ce monument qui date du Iᵉʳ siècle avant Jésus-Christ et qui est l’un des mieux conservés au monde, avec le fameux ‘Mur d’Auguste’ de 103 mètres de long et haut de 37 mètres qui sert de décor majestueux aux Chorégies, le plus ancien festival de la planète (1869).
8 jeunes comédiens se relaient pour accueillir les visiteurs et enfiler le rôle de personnages clés qui ont marqué ce lieu. À commencer par Lucius, un des vétérans de la 2ᵉ Légion Gallique qui a participé à la fondation d’Arausio (nom latin d’Orange) en 35 avant J-C. On continue avec Guillaume de Gelone, cousin de Charlemagne qui a créé la devise de la ville (« Je maintiendrai ») et le cor de chasse qui figure sur son blason. C’est au tour de Tiburge, une princesse née autour de l’an mille, qui a contribué à l’embellissement de la commune en faisant édifier trois faubourgs. Elle apprend aux visiteurs à fabriquer une fibule, ancêtre de l’épingle à nourrice ou à écrire une page de calligraphie.
Quand on monte dans les gradins et qu’on se retrouve dans les coursives et galeries, on tombe sur une loge où Sarah Bernhardt, diva entre toutes, évoque ‘Phèdre’ qu’elle a interprétée ici, au Théâtre Antique en 1903. Pour elle, Jean Cocteau avait d’ailleurs inventé l’expression « Monstre sacré ». L’un de ses amants et comédien, Jean Mounet-Sully aussi est là, il avait été l’interprète d’Œdipe-Roi à Orange.
Classé au Patrimoine de l’UNESCO depuis 1981, le Théâtre Antique d’Orange doit notamment sa renommée à Louis XIV qui qualifiait ‘Le Mur d’Auguste’ de « plus belle muraille du Royaume. » Effectivement, quand on multiplie sa longueur par sa hauteur, on obtient 3 811m² de superficie. Une chance, mais aussi un vrai casse-tête pour les metteurs-en-scène d’opéras !
Les visites, ouvertes à tous, enfants, élèves, familles et touristes, sont gratuites au-dessous de 7 ans.
DR
(Inédit) Il y a 80 ans, les bombardements des ponts d’Aramon, d’Arles et de Montfaucon du 15 août 1944
La réhabilitation de l’Hôtel-Dieu de Carpentras, qui a débuté il y a une dizaine d’années, continue. Après avoir ouvert une bibliothèque multimédia en 2017, qui mêlait déjà œuvres d’art et littérature, communément appelée « L’Inguimbertine », le lieu s’apprête à accueillir le public au sein de sa toute nouvelle aile, la bibliothèque-musée, qui est le prolongement de L’Inguimbertine, avec un week-end inaugural ces samedi 20 et dimanche 21 avril qui sera rythmé par de nombreuses animations.
Impossible de rater ce bâtiment imposant situé au cœur de la ville de Carpentras, que ce soit lors d’une balade ou d’un bref passage. Magnifique édifice patrimonial, l’Hôtel-Dieu a été classé Monument historique et c’est d’ailleurs le 2ᵉ plus grand de Vaucluse après le Palais des papes puisqu’il fait environ 10 000 m².
Anciennement un hôpital pour les plus démunis, commandité par Joseph-Dominique d’Inguimbert, évêque de Carpentras, en 1750, le bâtiment a été racheté en 2002 par la Ville qui a ensuite réfléchi à sa réhabilitation. En 2008, il était question de créer des salles de spectacle, mais en 2010, la Ville de Carpentras confie la maîtrise d’œuvre au cabinet d’architecture Atelier Novembre, et les travaux ont débuté en 2014. De là est né le projet « L’Inguimbertine », qui mêle écrits et images, patrimoines et nouvelles technologies, et dont le coût total des opérations s’est élevé à 36 950 022€, financés par la Ville de Carpentras, l’État, la Région Sud et la communauté d’agglomération Ventoux Comtat Venaissin.
Ce projet de réhabilitation scientifique et culturel qui mêle les livres aux œuvres est assez singulier en France. « Ça a été compliqué, car il a fallu créer une cohérence entre les deux pour que le projet soit mené à bien », expliquent ensemble Marc Iseppi et Jacques Pajot, architectes fondateurs d’Atelier Novembre.
« Avignon est connue pour son festival, Vaison-la-Romaine est connue pour ses vestiges, Carpentras n’est pas encore connue, mais elle va le devenir avec l’Inguimbertine. »
Serge Andrieu, maire de Carpentras
Aujourd’hui, l’Inguimbertine compte 80 000 documents en libre accès, 1,5 km de périodiques du XVIIe siècle à aujourd’hui, 1 200 tableaux, 300 sculptures, 18 000 livres, ou encore 6 000 sceaux et médailles. Si la collection est quantitativement importante grâce à des dépôts de l’État, des dons et des achats, la collection d’ouvrages, elle, est reconnue d’intérêt national.
Le projet L’Inguimbertine commence à prendre forme en 2017, avec l’ouverture de la bibliothèque multimédia, qui se situe sur la droite à l’entrée du bâtiment. Dans cet espace, le visiteur est, contre toute attente, accueilli par des sculptures et des instruments de musique anciens, et non des livres. Ce n’est qu’après qu’on peut les apercevoir. Les livres sont disposés sur des étagères, comme dans une bibliothèque classique, seulement, vous pouvez aussi admirer des œuvres d’art exposées entre deux livres. Il est possible de monter sur une mezzanine partielle, qui a été créée afin d’augmenter le volume de livres.
« L’objectif est de créer du lien sur le territoire dans un lieu incontournable de l’histoire de Carpentras. »
Serge Andrieu
Lycéens, personnes âgées, habitués et curieux de passage s’aventurent dans cette bibliothèque où l’on peut apercevoir le portrait de d’Inguimbert ou encore la figure de Pétrarque. En 2023, ils ont été 135 196 à franchir les portes de la bibliothèque-musée l’Inguimbertine à Carpentras. C’est 14% de plus que l’année précédente. Aujourd’hui, la bibliothèque multimédia compte 7 000 abonnés actifs, c’est-à-dire 7 000 personnes qui font un emprunt au moins une fois dans l’année. « La bibliothèque répond aux usages du XXIe siècle avec du numérique et du papier », explique Jean-Yves Baudouy, attaché de conservation du patrimoine de la Ville de Carpentras et directeur de L’Inguimbertine. La bibliothèque est d’ailleurs dotée d’un pôle jeu vidéo.
Aujourd’hui, L’Inguimbertine s’agrandit et sa renommée va prendre un tout autre tournant grâce à l’ouverture de la bibliothèque-musée. Située à l’étage, cette partie de 1 800 m² représente la partie patrimoniale et d’exposition permanente de L’Inguimbertine. Elle sera d’ailleurs inaugurée ces samedi 20 et 21 avril avec le public.
Cette bibliothèque-musée n’a rien à envier aux musées les plus connus. Elle est composée de trois espaces principaux ayant trois ambiances différentes : une introduction de la collection via l’histoire de Carpentras, capitale du Comtat Venaissin, une aile plus sombre pour plus d’intimité, mais aussi pour des raisons de conservation de certains ouvrages qui ne supportent pas une forte luminosité, ainsi qu’une aile plus lumineuse davantage dans les standards d’un musée classique. De quoi immerger complètement les visiteurs.
Dans cette nouvelle partie de L’Inguimbertine, on y trouve des vestiges de Carpentras, de l’histoire en audiovisuel grâce à des écrans interactifs, une animation audiovisuelle de l’évolution de la ville, l’histoire pontifical du Comtat Venaissin, l’histoire du peuple juif à Carpentras, la bibliothèque de d’Inguimbert, la bibliothèque de Barjavel, mais aussi des œuvres de divers courants artistiques avec de nombreux artistes locaux tels que Claude Joseph Vernet, Jean-Joseph-Xavier Bidauld, Évariste de Valernes, Jules Laurens, ou encore Joseph-Siffred Duplessis.
La bibliothèque de BarjavelParmi les tableaux les plus connus de la bibliothèque-musée, on retrouve notamment une copie de La Joconde
En plus de sa bibliothèque-musée, L’Inguimbertine se compose désormais d’un espace de 230 m² pouvant accueillir des expositions temporaires. Cette salle permettra de proposer au public des regards divers sur l’art, le patrimoine, ou encore le savoir.
Du 1ᵉʳ juin au 31 octobre prochains, cette salle accueillera sa première exposition ‘C215 autour de L’Inguimbertine’. Le public pourra y découvrir certaines œuvres de Christian Guémy, alias C215, qui représentera une rétrospetive de sa carrière. Une seconde partie de cette exposition sera à découvrir dans tout le centre-ville de Carpentras.
Le week-end inaugural
Deux jours de fête sont prévus pour célébrer l’ouverture de la bibliothèque-musée. L’occasion idéale de se réunir, mais aussi de découvrir un univers où passé et présent se rencontrent pour créer un véritable voyage dans le temps.
Un programme aux petits oignons a été préparé pour cette grande célébration qui ravira petits et grands. Conférences sur l’Hôtel-Dieu, sur d’Inguimbert, ou encore sur l’histoire de Carpentras, bals à thème pour apprendre à danser et s’amuser, soirée DJ, fanfares, concerto… Il y en aura pour tous les goûts.
Pour découvrir le programme des deux jours en détail, cliquez ici.
Informations pratiques
La bibliothèque multimédia est ouverte du mardi au vendredi de 12h à 18h, le samedi de 14h à 18h, et le dimanche de 9h à 12h.
La bibliothèque-musée est ouverte d’avril à octobre, du mardi au dimanche de 10h à 18h, et de novembre à mars, du mardi au dimanche de 14h à 18h. Le tarif d’entrée est de 8€ (hors exposition temporaire) ou 12€ (avec exposition temporaire) — 5€ ou 8€ tarif réduit. Son accès est gratuit chaque 1ᵉʳ dimanche de mois pour les abonnés de la bibliothèque multimédia, pour les enfants de moins de 11 ans, pour les porteurs de la carte jeune, la carte ICOM ou la carte de conférencier. L’entrée de cette partie de L’Inguimbertine sera également gratuite pendant la Nuit des musées (18 mai 2024) et les Journées du patrimoine (samedi 21 et dimanche 22 septembre 2024).