L’hippodrome de Roberty, situé au Pontet, entame une nouvelle saison avec une première réunion ce dimanche 17 mars. En tout, sept réunions sont prévues jusqu’au mois de juin.
Du nouveau d’abord à la Fédération régionale des Courses du Sud-Est puisque Joëlle Conti, qui restera dans l’histoire comme la 1ʳᵉ femme présidente à la tête de cette Fédération ainsi que présidente de la Société Hippique de Bollène et du Conseil de Trot du Sud-Est, a lâché la bride après des décennies de bons et loyaux services au milieu de tous ces messieurs.
Et c’est un homme, Christian Atanian, qui lui succède. Il a été élu avec 23 voix sur 24 en novembre dernier à Marseille, à l’hippodrome Borély, au bord de la mer sur le Prado. Ancien journaliste hippique pour Tiercé Magazine, Paris-Turf ou La Provence, il va prendre la relève : « Ce sera avec un œil neuf mais dans la continuité, puisque j’ai longtemps travaillé avec plaisir avec Joëlle comme avec son prédécesseur, Rubens Crémieux, un autre Vauclusien vigneron dans le Ventoux. »
Alain Rouvière, le président de la Société Hippique d’Avignon-Le Pontet a égrené la liste des réunions prévues cette saison à Roberty, 7 en tout, la 1ʳᵉ ce dimanche 17 mars dès la fin de matinée, avec restaurant et buvette (puis les 4 & 10 avril, 9 & 19 mai, 2 & 16 juin) avec toute une série d’animations pour les enfants notamment pour attirer davantage de monde vers les paddocks et cette piste de 1 400 m sur herbe, unique avec sa trajectoire où la corde est à gauche.
De beaux projets pour les jeunes, mais pas que…
Des baptêmes en poneys sont prévus pour les plus jeunes qui ne paient pas l’entrée (jusqu’à 18 ans, c’est gratuit, comme le parking, sinon 5€ le ticket). Au fil des réunions, Roberty accueillera des élèves du primaire, mais aussi des lycéens pour qu’ils connaissent le monde du cheval et les métiers afférents (jockeys, soigneurs, palefreniers, vétérinaires, entraîneurs). Le 9 mai, pour l’opération ‘Propriétaire d’un jour’, une tombola sera organisée et le spectateur tiré au sort touchera 5% des gains du cheval gagnant.
Christian Atanian a annoncé une bonne nouvelle pour les apprentis jockeys. « Un sponsor, fou de courses, offre 5 000€ à 3 d’entre eux qui participeront à un challenge de 11 courses dans le Sud-Est, explique-t-il. 2000€ pour le 1ᵉʳ, 1500€ pour les deux autres. Ils s’engagent dans un métier difficile, il faut les valoriser ces gamins qui ont autour de 16 ans. Grâce à mes contacts, chacun pourra passer une semaine en juin, tous frais payés, chez un professionnel, aux États-Unis, en Suède ou en Italie. »
Autre projet pour le trot. Christian Atanian s’est rapproché du patron de l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) où travaillent des entraîneurs qui pourraient accueillir des jeunes, mais aussi former des adultes en reconversion comme des selliers ou des maréchaux-ferrants.
Le bien-être des animaux avant tout
Un sujet de satisfaction pour les adhérents de la Société Hippique d’Avignon : Roberty vient de recevoir le label ‘2024-2027 EquuRES Engagement’ pour le bien-être animal de la filière équine. Qui implique une série d’obligations : valoriser le fumier, avoir un vétérinaire les jours de course, un site ombragé pour les purs-sang, prévoir l’arrosage de la piste de nuit pour éviter l’évaporation. Mais comme il est classé Monument Historique, il est interdit de percer le moindre trou pour installer la climatisation dans les locaux en dur.
Une nouvelle saison hippique en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Il a aussi été question des autres hippodromes de la région qui organisent des courses. À Cavaillon dès le 6 avril où la piste de la Durance a été refaite, mais aussi L’Isle-sur-la-Sorgue le 27 avril, Carpentras les 5, 12 et 20 mai, Oraison le 6 mai, Bollène le 9 juin, Sault le 11 août, mais aussi Nîmes, Borély, Cagnes, Salon et Hyères jusqu’à fin-décembre.
Un lieu qui ne rajeunit pas
Une ombre au tableau, toutefois, même si tout le monde était content de se retrouver avant la reprise de la saison hippique, l’ambiance est plutôt maussade. Tout repose sur l’inépuisable bonne volonté de papys retraités qui passent leur vie à Roberty, tondent les 1 400 m de pelouse au centre de l’anneau de courses, dégagent les branches et les troncs d’arbres qui jonchent le sol à cause du mistral, repeignent les portes des paddocks. Ils ne comptent pas leurs heures, tous ces bénévoles passionnés. Mais depuis des années, l’état de Roberty se dégrade. Il date de 1868, ses tribunes et anciens haras ont été classés Monuments Historiques en 1993. Il est aussi labellisé ‘Unité de Zone Verte’, un poumon d’oxygène en milieu urbain avec ses 125 ha de verdure.
Mis en vente dans les années 2000, deux acquéreurs ont mis 6,5€ sur la table… Depuis, rien ne se passe. Personne ne manifeste d’intérêt réel pour un projet, l’ancienne propriété du Prince Rodolfo Del Drago se détériore chaque année davantage. C’est un bien privé, la mairie du Pontet, malgré la bonne volonté du maire qui y a usé ses culottes courtes, reste donc en retrait. Christian Atanian a proposé aux propriétaires de racheter avec la Fédération des Courses, une cinquantaine d’hectares au prix des terres agricoles pour y installer de nouveaux équipements, un centre d’entraînement de trot. Certains ont même entendu parler de plantation de bambous ou de panneaux photovoltaïques, ou de l’implantation d’un casino et de machines à sous. « Mais, on n’est pas dans la tête du promoteur », regrette-t-il. On peut rêver : espérons qu’un jour, un mécène tombé amoureux de Roberty financera, quoi qu’il en coûte, la remise en état de cette pépite à deux pas du Palais des Papes. Sinon, on achèvera les chevaux…