25 novembre 2024 |

Ecrit par le 25 novembre 2024

Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Par rapport aux élections législatives de 2022, le RN gagne la 5e circonscription qui lui manquait. Cependant, dans le même temps le parti lepéniste perd la 1re circonscription qui place en tête l’antifa LFI Raphaël Arnault empêchant ainsi le RN de faire le grand chelem dans le département. Pour ce second tour, le Vaucluse reste cependant largement une terre RN avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau Front de Populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages).

Contrairement au Gard où le parti lepéniste a raflé la mise en enlevant la totalité des 6 sièges de députés du département, le Vaucluse en conserve 4 sur 5. Déjà, la semaine dernière dans la 3e circonscription, Hervé de Lépinau avait été réélu dès le 1er tour (53,51% des suffrages). Dans sa permanence de Carpentras, hier soir la déception des militants se lisait sur tous les visages. « Le Vaucluse a relevé la tête, mais ailleurs, les magouilles LFI-Macron ont joué à fond. Ce qui est sûr, c’est qu’à la prochaine élection, on va cartonner » a averti le député.

Dans la 2e circonscription, Bénédicte Auzanot a été réélue avec 56,92% des voix face à Patrick Blanes pour l’Union de la Gauche (43,08%). Par ailleurs, dans la 4e, Marie- France Lorho avait pour sa part failli être réélue au soir du 1er tour à une soixantaine de voix près. Finalement, le RN est repassé haut la main (65,43%) face à Monia Galvez (34,57%). Enfin, dans la 5e délaissée par le sortant Jean-François Lovisolo au soir des Européennes, c’est la RN Catherine Rimbert qui s’est imposée avec 55,39% contre 44,61% pour Céline Celce.

La 1re au centre de toutes les attentions
La 1re circonscription (Avignon-Morières-Le Pontet) où, dans le passé ont été élus les socialistes Henri Duffaut, Dominique Taddéi, Guy Ravier, Elisabeth Guigou, Cécile Helle et Michèle Fournier-Armand, voit l’élection du controversé Raphaël Arnault qui est passé avec 54,98% des voix face à la frontiste Catherine Jaouen (45,02%).
Dans cette circonscription, c’est Avignon qui a fait la différence pour le Nouveau front populaire avec 18 863 voix pour Raphaël Arnault (60,44%) contre 12 346 pour la sortante RN Catherine Jaouen (39,56%) qui, en revanche est arrivée en tête à Morières (65,92%) et au Pontet (58,47%).

« Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. »

Raphaël Arnault, nouveau député de la 1re circonscription de Vaucluse

« Nous, les militants de terrain, on a subi une violence folle de l’extrême droite sur le terrain, a déclaré le vainqueur venu célébrer son succès sous les fenêtres de la mairie de la cité des papes. Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. Malgré l’acharnement des medias contre nous, les fake news, on a contrecarré le RN. Le dissident Philippe Pascal nous a soutenus dès le soir du 1er tour, on a fait du porte à porte, les marchés et ça a payé. C’est une victoire de toutes les forces de gauche, des militants de tous âges. Il faut résister. Hier soir, une manifestation spontanée a eu lieu devant la Mairie. Les gens étaient soulagés, les LGBT, les bi-nationaux, les musulmans, les républicains, les juifs, le peuple de gauche ». D’ailleurs Cécile Helle, la maire d’Avignon qui avait soutenu une liste dissidente au premier tour, l’a souligné : « Avignon n’a pas failli, la dynamique collective du NFP a fonctionné à plein ».

« Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »

Thierry d’Aigremont, secrétaire départemental RN du Vaucluse

Autre son de cloche du côté du référent du RN en Vaucluse, Thierry d’Aigremont. Après ce ‘retournement national’ qu’aucun sondeur ni commentateur n’avait vu venir, le secrétaire départemental lepéniste reconnaît « un défaite cinglante » de son camp. Mails il insiste : « Un ‘fiché S au Palais Bourbon, c’est une atteinte à la sûreté de l’Etat. Nous ne lâcherons pas. La France va être ingouvernable. Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »

Le RN reçu 4 sur 5 en Vaucluse
Plus en détail, dans la 2e circonscription, la sortante lepéniste Bénédicte Auzanot a réalisé de hauts scores à Caumont (62,71%), au Thor (58,37%), à Cavaillon (58,21%) et à l’Isle-sur-la-Sorgue (54,96%). Son opposant Patrick Blanes, fataliste l’a reconnu, « Vous ne pouvez pas changer la décision des électeurs ».
Pour sa part, Marie-France Lorho a été confortée dans la 4e avec 75% des voix à Piolenc contre 25% pour Monia Galvez (NFP), 79,93% à Lamotte-du-Rhône, 71,64% à Châteauneuf-du-Pape, 71,36% à Uchaux, 71,26 à Jonquières, 66,61% à Sérignan, 65,92% à Orange, 65,71% à Beaumes-de-Venise. Elle dénonce : « Tous ces retraits, ces désistements, c’est une mascarade, on se fout des Français, on nous fait prendre les vessies pour des lanternes. Je m’inquiète pour le fonctionnement de l’hémicycle, on a déjà vu ce que ça donnait avec la NUPES dans la précédente législature. Au bout de quelques semaines, c’est le NFP qui va éclater en mille morceaux. Mais heureusement, chez nous, un nouvel élan est né ».

Enfin dans la 5e circonscription où l’ancien secrétaire fédéral du PS vauclusien et député sortant macroniste Jean-François Lovisolo ne s’est pas représenté, c’est la RN Catherine Rimbert, conseillère régionale qui l’a emporté dans un duel avec Céline Calce (55,4% contre 44,6%).
« Ce n’était pas facile dans ce bastion, mais heureusement les électeurs ne se sont pas laissé infantiliser par les consignes de vote. Et je serai la représentante de tous les Vauclusiens à l’Assemblée ». Elle a totalisé 66,67% des voix à Violès, 65,54% à Sarrians, 64,90% à Aubignan, 64,78% à Gargas. En revanche Céline Celce réalise un excellent score dans l’un des plus petits villages de Vaucluse, Auribeau 81,25% avec 39 voix contre 18,75% et 9 voix pour la nouvelle élue RN.

Au final, la participation en Vaucluse pour ce second tour est de 67,14%. Globalement, le RN s’impose avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau front populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages). Soit 43 376 votes de plus.

Un seul point commun : la détestation du Président de la République
Maintenant que le second tour est passé, on attend toujours la clarification. Rien n’est réglé puisqu’aucun des 3 blocs n’a de majorité. Et les questions qui se posent sont innombrables. Et maintenant quelle majorité ? Qui à Matignon ? Pour quoi faire ? Les analystes y vont de leurs commentaires et se désolent. Après ces alliances contre nature, quel gâchis. Que de fractures entre français. Une coalition de bric et de broc, un président dont le parti est arrivé derrière le NFP et devant le RN, coincé entre les extrêmes qui n’ont qu’un point commun, la détestation du Président de la République. La gauche fait un carton, l’ex-majorité présidentielle fait ses cartons. Remontada de la gauche, étiolement du macronisme.

Il est vrai que l’ampleur des désistements a notoirement modifié la physionomie du scrutin entre les 2 tours. Le RN qui était donné vainqueur, aux portes du pouvoir, se retrouve 3e en raison du Front républicain. Entre les Français lepénistes qui sont frustrés à cause du tir de barrage anti-RN, ceux qui ont suivi les consignes et voté pour un candidat qui ne représentait pas leur sensibilité politique, ceux qui n’ont pas envie d’une majorité de gauche avec LFI, la France sera encore moins gouvernable qu’avant la dissolution-surprise…

A l’heure qu’il est, l’Union de la Gauche disposerait, selon le Ministère de l’Intérieur, de 182 sièges, Ensemble de 168 (alors qu’Emmanuel Macron bénéficiait d’un confortable matelas de 245 députés), le RN de 143 (lui qui n’en avait que 6 en 2012 et 89 avant la dissolution).

Un calendrier chargé pour le maître des horloges
Le calendrier de la semaine qui s’ouvre est plutôt chargé : déplacement dès demain du Président Macron à Washington pour les 75 ans de l’OTAN, retour à l’Elysée le 11, puis défilé du 14 juillet. La 1ère séance de l’Assemblée Nationale est prévue le 18 juillet, avec l’élection du ou de la présidente, des vice-présidents, des présidents des 8 commissions dont celle des Finances, des questeurs, des présidents de groupes (15 élus au moins pour en constituer un) et enfin la Cérémonie des Jeux Olympiques sur la Seine le 26 juillet.
On se souvient que lorsque Gérard Collomb avait démissionné après notamment l’affaire Benalla le 3 octobre 2018, il avait fallu 13 jours à Emmanuel Macron, maître des horloges, pour nommer Christophe Castaner au Ministère de l’Intérieur.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Hervé de Lépinau, député RN sortant est réélu au premier tour dans la 3e circonscription de Vaucluse.

3e circonscription de Vaucluse :
Hervé de Lépinau, remplaçante Fanny Lauren (RN) : 53,51%
Muriel Duenas, remplaçant Lounès Djoumer (Nouveau Front Populaire) : 20,71%
Christophe Tonnaire, remplaçant Melvin Chabran (LR) : 6,24%
Souad Zitouni, remplaçant David Marques (Renaissance) : 17,01%
Bertrand Helleu, remplaçante Joëlle Aracil (LO) : 1,28%
Louis Roussel, remplaçant Paul Samuelian (Reconquête) : 1,26%

Composition communale de la 3e circonscription du Vaucluse
Althen-des-Paluds, Bédarrides, Carpentras (partie de commune), Courthézon, Entraigues-sur-la-Sorgue, La Roque-sur-Pernes, Le Beaucet, Mazan, Monteux, Pernes-les-Fontaines, Saint-Didier, Sorgues, Vedène, Velleron, Venasque.

3e circonscription de Vaucluse

Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Après la dissolution surprise de l’Assemblée, se dirige-t-on vers un grand chelem RN/Reconquête aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains en Vaucluse ? Pas si sûr, car si la 5e circonscription est prenable, rien n’est jouée dans celle d’Avignon.

Débâcle, déconfiture, déroute, débandade, désastre, désaveu, déculottée, défaite, les synonymes ne manquent pas pour définir la Bérézina du parti présidentiel aux Européennes.
La fusée Bardella bénéficie ainsi de 30 élus RN à Bruxelles pendant que la candidate macronienne Valérie Hayet en a 13, tout comme le candidat PS Raphaël Glucksmann, LFI avec Manon Aubry 9, le LR François-Xavier Bellamy 6, Marion Maréchal avec Reconquête 5, tout comme l’écologiste Marie Toussaint. En plus, le seul député macroniste de Vaucluse Jean-François Lovisolo, ancien secrétaire de la Fédération PS du département, annonce qu’il passe son tour pour se recentrer sur les prochaines municipales à La Tour d’Aigues.

Après l’annonce des résultats des élections européennes , le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette dissolution, prévue par l’article 12 de la Constitution, met fin de manière anticipée au mandat des députés de l’Assemblée. Les élections législatives, qui devaient avoir lieu en 2027, auront ainsi lieu le 30 juin et 7 juillet. Comme le détaille cette infographie, basée sur les données de Légifrance, c’est la 6e fois qu’un président prend la décision de dissoudre l’Assemblée nationale sous la Ve République. ©Valentine Fourreau-Statista

Coup de poker ou coup de folie ?
Emmanuel Macron qui répète à l’envi « C’est moi ou le chaos », qui a encore déclaré le 16 mai dans un entretien exclusif à l’Express : « On garde notre cap, notre stratégie est la bonne », le ‘Mozart de la finance’ qui affiche 3100Mds€ de dette pour un déficit public de 5,5% du PIB subit donc une déconvenue magistrale.
Et dans un geste désespéré, il renverse la table, décide ‘tout à trac’ de dissoudre. Pari dangereux? Coup de poker ? Quitte ou double ? Saut dans l’inconnu ? Suicide collectif ? Coup de génie politique ? L’avenir le dira.
Depuis des décennies en Vaucluse, l’ancrage du Rassemblement National de Marine Le Pen, après celui du Front national de Jean-Marie Le Pen, se consolide à chaque scrutin, il creuse son sillon, conforte son socle. En plus, il bénéficie d’une publicité plein feux avec un président qui installe le match depuis qu’il est élu, faisant de lui son principal opposant en surjouant la dramatisation. Cette fois, le piège qu’il a tendu aux lepénistes se referme sur lui.

Le RN creuse inexorablement son sillon
Hervé de Lépinau, député RN salue se félicite de cette « motion de censure en grandeur réelle des électeurs ». Et il ne mâche pas ses mots, « Le président Macron n’aime ni la France, ni les Français. Il gouverne à coups de 49-3 à l’assemblée et méprise les parlementaires, il joue les va-t-en guerre en Ukraine, sa politique est un échec sur toute la ligne. Il fracture la société, met ses concitoyens en difficulté, que ce soient les agriculteurs qui croulent sous les normes et ne vivent pas décemment de leur travail, que ce soient les ménages qui vont encore subir une hausse de 11% du gaz dès le 1er juillet en plus de l’inflation galopante depuis des mois. » Evidemment, Hervé de Lépinau va se représenter aux législatives à Carpentras, après une campagne-éclair, les 30 juin et 7 juillet prochains « Une nouvelle génération, plus jeune, va régénérer le Palais Bourbon, mener une autre politique pour améliorer la vie des Français » conclut-il.

Du côté de Reconquête, Yann Bompard, le maire d’Orange qui était sur la liste de Marion Maréchal, salue cette percée sur la droite de l’échiquier. « Avec mon père (ancien maire, conseiller régional et député d’Orange et ma mère (ancienne maire et conseillère départementale de Bollène), nous appelons à l’union des droites depuis des décennies, tant mieux si Marion tend la main au RN, ensemble on sera plus fort ».

« Une campagne-éclair de 3 semaines, c’est bien trop court ! »

Julien Aubert

Julien Aubert qui n’avait pas pu briguer un 3e mandat LR en 2022, éliminé dès le 1er tour, ne cache pas sa colère, lui qui était dans la même promotion qu’Emmanuel Macron à l’ENA : « Avec cette dissolution, Il confie les clés du camion au RN pour qu’il échoue, c’est dangereux. Une campagne-éclair de 3 semaines, c’est bien trop court, il se moque des Français. En 2017, en même temps, il avait tué en même temps la gauche et la droite. Là, il crée une confusion extrême et joue les pompiers pyromanes ».

De son côté, Dominique Santoni, présidente du Conseil départemental de Vaucluse rappelle qu’elle n’entend pas céder aux chants des sirènes : « Je suis issue d’une famille gaulliste. Du RPR jusqu’aux Républicains, j’ai toujours appartenu à cette même famille : une droite indépendante et singulière. Certains aujourd’hui sont tentés de suivre le RN, je ne les suivrai pas. Certains, hier, ont rejoint Emmanuel Macron, je ne les ai pas ralliés et ne les rallierai pas. Et, pour les élections législatives à venir, je réaffirme haut et fort que Les Républicains doivent partir sous leurs propres couleurs et rester indépendants, tant du Rassemblement national que de la Majorité présidentielle. Et si, demain, Les Républicains devaient disparaître, je serai une élue vauclusienne divers droite, tout aussi indépendante et ferme sur ses convictions. »

Le PPE (Parti populaire européen), dans lequel siègent notamment les élus LR français, conserve la majorité lors de ces élections européennes. Un scrutin marqué par une importante poussée de l’extrême droite : le groupe Conservateurs et réformistes, ainsi que le groupe Identité et démocratie. Pour sa part, la majorité présidentielle française siège au sein du groupe centriste Renew. © Valentine Fourreau-Statista

Une gauche unie comme seule alternative ?
A gauche, le sénateur PS Lucien Stanzione minimise le succès du RN puisque l’abstention est de 45,88%, donc grosso modo, selon lui, un vauclusien sur deux n’a pas voté. Et il affirme que la gauche unie est la seule alternative possible contre la montée de l’extrême droite, « Il nous faut un Front Populaire fort pour la contrer ».

« Un président ne devrait pas jouer à la roulette russe quand le canon tonne aux portes de l’Europe » a ironisé un observateur du landerneau politique. Le RN avait déjà raflé 4 circonscriptions sur 5 en Vaucluse en 2022 avec Joris Hébrard (remplacé depuis par sa suppléante Catherine Jaouen), Bénédicte Auzanot, Marie-France Lorho, et Hervé de Lépinau. Là, avec la main que leur tend Marion Maréchal de Reconquête pour une union des droites, au soir du 7 juillet ils pourraient ensemble faire le grand chelem si la gauche ne se ressaisit pas. « Arrêtons les conneries, jouons collectifs » a vertement conseillé le LFI François Ruffin aux socialistes, communistes et écologistes.

Un appel entendu par Cécile Helle, maire d’Avignon qui souhaite « reconquérir une circonscription qui n’aurait jamais dû échapper au camp des républicains en 2022 ».
« Les élections européennes qui se sont déroulées hier ont placé à Avignon, comme quasiment partout en France, le RN en tête des suffrages, s’inquiète-t-elle. Toutefois, j’ai la satisfaction de constater qu’une nouvelle fois, Avignon la Républicaine est la plus résistante des villes de la région face aux populismes puisque le résultat de la liste du RN est inférieur de 5 points aux résultats nationaux. »

Composition du nouveau Parlement européen. © Valentine Fourreau-Statista

Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Le logement social et la fusion entre Vallis habitat et Grand delta habitat ont été au cœur d’une séance-marathon lors de la dernière séance plénière du Conseil départemental de Vaucluse. Si tout le monde semblait s’accorder sur les difficultés du bailleur départemental à assumer son rôle d’aménageur c’est surtout deux visions de l’action politique qui se sont opposées. Avec d’un côté les tenants d’une défense, coûte que coûte, du service public et d’autre part ceux qui privilégient la culture du résultat. Avec 18 voix contre 15 et 1 abstention, ce sont ces derniers qui ont emporté la décision.

Quatre heures de débat, 32 délibérations et un dossier-papier de 994 pages pour cette plénière d’automne à Avignon. Avec en amont, devant l’hémicycle de la Rue Viala, dès 9h, un comité d’accueil d’un peu plus d’une centaine de manifestants vent debout contre la fusion-absorption programmée du bailleur social public Vallis habitat avec la coopérative de droit privé Grand delta habitat.

Cette délibération, la 22e, a pris 2 heures montre en main. Tous les groupes politiques ont pris la parole, certains avec sincérité, d’autres oubliant les dérives qui ont mené l’office départemental dans sa situation actuelle notamment lorsqu’il s’appelait encore Mistral habitat ou lors du rapprochement avec Grand Avignon résidences entrainant principalement une forte dégradation du parc de logement de Vallis habitat.

Auparavant, au milieu des salariés de Vallis habitat en colère manifestant devant l’Hôtel du département, un représentant du Parti ouvrier indépendant démocratique (Poid), tracts en main, Gilbert Saccani : « Il est inacceptable que des biens publics soient ainsi pillés. Il faut arrêter cette politique de destruction du logement social, la dégradation des conditions de vie des habitants et la hausse des loyers ».

Solution rapide et efficace
La présidente de l’exécutif, Dominique Santoni, prend longuement la parole pour expliquer les raisons de cette solution : « Les locataires, encore les locataires, toujours les locataires. C’est à eux que je pense avec ce projet de fusion, motivée que je suis par le service que nous leur devons. Nous les mettons au centre des débats, avec, en Vaucluse, 15 600 logements gérés par Vallis habitat et 13 000 par Grand Delta et des habitants qui attendent qu’on engage d’indispensables rénovations. Il y a un an, le 21 septembre 2021, dans ce même hémicycle nous avons eu un débat, long et riche, vous avez fait les mêmes constats pour Vallis habitat, ses difficultés, son incapacité à remettre en état des milliers d’appartements. »

Elle continue : « Je suis une femme pragmatique qui cherche une solution rapide, efficace, loin de toute posture politicienne et idéologique. Depuis au moins 2 décennies, notre office public de HLM n’est plus performant, il a cumulé une dette considérable, le parc locatif est en totale déliquescence, Vallis habitat n’a plus ni les moyens, ni le personnel pour mener à bien toute rénovation. Il faut 450M€ pour réhabiliter le parc, le restructurer en profondeur et procéder à une réelle réhabilitation urbaine de grande envergure. Grand delta habitat a fait ses preuves de compétence, technicité dans les grands chantiers, comme d’autres coopératives dans des villes communistes comme Gennevilliers. Contrairement à la caricature que vous nous présentez, nous ne donnons par Vallis habitat au grand capital, que je sache la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann est socialiste. »

4 000 logements rénovés d’ici 5 ans
Dominique Santoni précise ensuite les engagements obtenus au fil des négociations avec la gouvernance de Grand delta habitat en général et Michel Gontard en particulier, son patron, l’ancien 1er adjoint socialiste de la mairie d’Avignon. « Il s’est engagé à réhabiliter 4 000 logements en 5 ans alors que notre office public n’en rénovait que 130 par an, il en construira 500 par an dans le Vaucluse, nous aurons une minorité de blocage de 36%, les emplois seront préservés, je veillerai personnellement à ce que le personnel ne soit pas laissé sur le bord du chemin. Il faut agir et agir vite avant que les taux d’intérêt ne remontent en flèche, Vallis habitat n’y arrivera pas seul, et je répète que je ne suis pas dans une posture idéologique mais que je prends mes responsabilités d’élue pour défendre les Vauclusiens ».

Les inquiétudes de l’opposition pour le logement social en Vaucluse
Sophie Rigaut, dans l’opposition regrette « Cette fusion, nous aurions préféré un rapprochement gagnant-gagnant dans ce département où 76% des habitants sont éligibles à un logement social. Que se passera-t-il demain ? Les effectifs seront-ils maintenus ? Le montant des loyers aussi ? ». Dominique Santoni rassurera les élus inquiets sur le sort des salariés: « Les primes de vacances sont de 150€ pour Vallis habitat, 1448,50€ pour Grand Delta Habitat, pareil pour l’intéressement 1 800€ pour VH – 2 800 à 7 000€ pour GDH ».

André Castelli dénonce la précipitation de cette décision
Le communiste André Castelli n’y va pas de main morte : « J’ai l’impression d’être au marché aux bestiaux au Puy en Velay? C’est effarant et insultant de parler ainsi de Vallis habitat et de ses agents. Tout est plié d’avance, cette précipitation est inaccoutumée, vous vous levez le matin et soudain vous décidez de fusionner les deux structures ». Réponse cinglante de Dominique Santoni : « Vous lisez votre question malgré tout ce que j’ai dit en ouverture de séance, vous ne m’écoutez pas et vous continuez à avoir une posture politicienne. Croyez-vous que je me suis levée un matin et que je prenne une telle décision en quelques secondes ? Non, absolument pas, je travaille sur ce dossier qui concerne des centaines d’hommes et de femmes depuis des mois. J’ai étudié les chiffres, vérifié, écouté le point de vue des maires et des spécialistes de l’habitat social avant de penser que cette solution était la meilleure ».

Métropolisation sous-jacente pour le RN, ségrégation pour les Bompard
Marie Thomas de Malleville pour le Rassemblement National prend ensuite la parole : « Vous privatisez le social, le département est phagocyté par une métropolisation sous-jacente, vous cédez gratuitement une partie du patrimoine des vauclusiens et je me demande comment vous allez intégrer 147 fonctionnaires quand vous mettez 10 jours pour remplacer Joris Hébrard, l’ancien maire RN du Pontet qui démissionne du Conseil Départemental pour ne pas cumuler les mandats après son élection comme député ».
Autre prise de position, celle du maire d’Orange, Yann Bompard : « Certains versent des larmes de crocodile sur la disparition de Vallis Habitat, ex-Mistral Habitat, mais ce sont les mêmes qui l’ont tué il y a 20 ou 30 ans. Une ancienne présidente PS avait déclaré haut et fort qu’il n’y aurait un coup de pouce pour Orange et Bollène tant qu’un ou une Bompard serait à la mairie. Pendant tout ce temps-là, on a laissé crever le parc immobilier et ses résidents, les habitants des quartiers de Fourches-Vieilles ou de l’Aygues ont vécu douloureusement cette stigmatisation et cette ségrégation continues ».

« On ne peut plus continuer ainsi. »

Jean-François Lovisolo.

Le débat a continué avec l’élue du canton de Pertuis, Noëlle Trinquier qui dénonce la carence de locations, vu l’état des appartements : « Sur 16 500 logements du parc de Vallis Habitat 702 ne sont pas loués. Ces chiffres de vacances sont inacceptables quand on connaît le nombre de Vauclusiens qui cherchent un toit. Ensuite c’est au tour du nouveau député RN Hervé de Lépinau d’exprimer ses inquiétudes : « Vous voulez une fusion-absorption à marche forcée, mais quand il y a un absorbeur il y a forcément un absorbé qui n’a plus son mot à dire. Grand delta habitat va construire du neuf plutôt que de remettre en état des appartements insalubres ».

De son côté l’ancien socialiste Jean-François Lovisolo devenu parlementaire macroniste l’annonce : « On a réussi à mettre à genou un outil public et on se retrouve avec des appartements délabrés, insalubres, indignes, on ne peut plus continuer ainsi. Je voterai cette fusion mais je demande la création d’un comité de suivi sur le devenir des personnels de Vallis habitat ». Souhait qui sera mis en œuvre, a assuré dans la foulée la présidente.

Enfin Jean-Baptiste Blanc, élu LR du département et du Sénat et ancien président de Vallis habitat sous la mandature de Maurice Chabert raconte ce qu’il a trouvé en arrivant : « Une situation apocalyptique. On a fait ce qu’on a pu pour mieux gérer. La coopérative c’est une forme juridique qui existe dans des villes de gauche comme Nanterre ou Evry, elle fait partie des outils de l’économie sociale et solidaire, donc cette fusion doit marcher ».

Au bout de deux heures d’échanges tendus, la fusion a été votée : 18 voix pour, 15 contre, une abstention.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Mais avant toute chose, Dominique Santoni, la présidente de l’exécutif vauclusien s’est adressée aux élus, en particulier aux 3 conseillers du département devenus députés, au terme des dernières élections législatives. « J’adresse mes félicitations à nos collègues Joris Hébrard, Hervé de Lépineau et Jean-François Lovisolo. Vous voilà élus de la Nation, je sais que par-delà les étiquettes et les idées qui vous animent, vous aurez à cœur demain, de défendre à Paris les intérêts de notre département et de tous les Vauclusiens. Je suis une femme de droite, une droite républicaine qui ne transige ni sur les valeurs, ni sur le respect de l’ordre. C’est cette droite-là, que de ma modeste place d’élue locale, je soutiendrai. Mais hors de cet hémicycle, car ici, nous ne sommes pas des élus des partis mais des élus des Vauclusiens » a précisé Dominique Santoni.

Une gestion de ‘mère’ de famille
Plat de consistance de cette session, l’exécution du Budget 2021, un rapport de 605 pages. Le montant des dépenses s’élève à 758,4M€ et celui des recettes à 776,2M€, soit un excédent de 17,8M€, ce qui est plutôt sain et signe d’une bonne gestion de ‘mère’ de famille.
Dans le détail, l’aide sociale représente la plus grosse part des dépenses départementales : 196M€ (+5%) et la gestion du personnel 132M€ (+3,3%). Pour cette dernière, cette hausse s’explique d’abord par l’impact de la crise sanitaire et l’aide apportée en particulier aux plus fragiles, les personnes âgées et handicapées et ensuite par l’effet mécanique du GTV, Glissement-Vieillesse-Technicité c’est à dire la revalorisation des salaires des agents du département.

Le dynamisme immobilier en Vaucluse profite au Département
L’épargne brute s’envole de +38%, passant de 93,8M€ en 2020 à 129,4M€ en 2021, grâce à la progression des DMTO (Droits de mutation à titre onéreux) qui témoignent du dynamisme soutenu du marché immobilier dans le Vaucluse.
Le montant des allocations RSA (Revenu de solidarité active) versées s’élève à 109,8M€. Il est insuffisamment compensé par la TICPE (Taxe intérieure sur la consommation énergétique de 58,3M€, soit un différentiel de plus de 51M€. Ce qui signifie, que d’année en année, les contribuables vauclusiens assument le coût exponentiel du RSA alors que cette charge (47M€) devrait incomber à la solidarité nationale.

Reprise des routes nationales
A noter aussi 47,6M€ pour l’entretien de la voirie entre Lourmarin et Apt, sur la départementale 974 entre Bédoin et le sommet du Ventoux, à Sarrians (RD 221), entre la Tour d’Aigues et la départementale 120, à Entraigues, entre la Bastidonne et Mirabeau… Le département de Vaucluse consent un effort significatif pour sécuriser le réseau routier (2 400km de routes et véloroutes). A travers la ‘Loi 3DS’ (Différenciation, déconcentration, simplification) l’Etat offre la possibilité aux collectivités locales d’achever la décentralisation du réseau routier en lui transférant les dernières sections qu’il gère encore sur le territoire. Le département souhaite s’inscrire dans ce mouvement pour qu’il y ait un seul gestionnaire, ce qui simplifie les procédures et permet de répondre aux attentes des usagers locaux. Dans cette optique Dominique Santoni affirme sa volonté de gérer 44km de routes nationales présentes en Vaucluse. Ce qui concerne la RN 86 entre Bollène et Pont Saint-Esprit, la RN 129 Avignon – Sud, accès au péage, la RN 7 de Lapalud à l’échangeur d’Orange et la RN 7 entre l’échangeur de Bonpas et le carrefour de l’Amandier.

Faire sauter le bouchon perpétuel de Bonpas
Justement, en ce qui concerne le ‘nœud gordien’ de Bonpas traversé par l’autoroute A7, la nationale 7, les départementales 900 et 907 et où transitent 65 000 véhicules par jour, dont nombre de poids-lourds, le chantier se poursuit. Pour faire sauter ce « bouchon perpétuel » et baisser le nombre d’accidents (55 constatés en 10 ans, 2007-2017 sur la départementale 900), le projet de réaménagement envisage de limiter la congestion routière, sécuriser les carrefours et fiabiliser la liaison cyclable Avignon / Cavaillon / Vaucluse / Bouches du Rhône. L’Etat, la région Sud et le département de Vaucluse travaillent main dans la main pour financer ce chantier de 25M€ qui devrait démarrer en 2024 pour s’achever en 2027.
S’ajoutent les frais induits par la réhabilitation ou la construction des collèges, soit 85M€ à destination des collèges du Thor, Sorgues, Vedène et Valréas. Les subventions pour le monde culturel et sportif représentent 7,2M€ (600 000€ pour l’Orchestre National Avignon Provence et le Festival d’Avignon, 300 000€ pour les Chorégies d’Orange, 200 000€ pour l’Opéra-Théâtre du Grand Avignon et la Garance, Scène Nationale de Cavaillon et enfin 1,2M€ pour les associations sportives.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Législatives en Vaucluse : le RN arrache 4 circonscriptions sur 5, déroute pour le parti présidentiel qui n’en obtient qu’une. Déception pour la Nupes sur Avignon.

La République en panne. Alors qu’En marche comptait 2 sièges en 2017 (Jean-François Césarini et Brune Poirson), il n’en détient plus qu’un avec l’ancien patron du PS, Jean-François Lovisolo devenu macroniste, et élu hier avec 589 voix d’avance (50,81%) sur la RN Marie Thomas de Malleville (49,19%) dans la 5e où précédemment était élu le LR Julien Aubert, éliminé dès le 1er tour le 12 juin dernier.

L’abstention, 1er parti de Vaucluse
La première force de Vaucluse reste l’abstention : 223 582 électeurs sur 413 316 inscrits se sont abstenus, soit 54,09%, c’est dire le degré de défiance et de rejet du système politique.
Dans la 1re circonscription, le maire RN du Pontet, Joris Hébrard devient député, grâce à sa courte victoire (656 voix) sur le représentant de la Nupes Farid Faryssy, avec 51,14% des suffrages contre 48,86%. Celui-ci arrive en tête à Avignon (54,76%), mais Joris Hébrard totalise 67% dans sa commune comme à Morières. « La gauche s’effondre sous le poids de ses contradictions » a déclaré Joris Hébrard, au soir de sa victoire. « Je me battrai pour le pouvoir d’achat, la sécurité, le service public de l’hôpital, la LEO et la pollution que subissent les riverains de la Rocade Charles de Gaulle mais aussi contre la brutalité de la politique d’Emmanuel Macron ». Son challenger a reconnu « Avoir perdu la bataille ce dimanche, mais continuera à la mener ».

RN des villes contre ‘bobo’ des villages
Dans la 2e circonscription, celle de Cavaillon, détenue par le LR Jean-Claude Bouchet qui ne se représentait pas, c’est la frontiste Bénédicte Auzanot qui est élue avec 52,18% face à la macroniste Sylvie Viala (47,82%). Sylvie Viala totalise 73% des suffrages à Buoux (76 votants), 60% à Lacoste (150 exprimés), mais la RN Béatrice Auzanot arrive en tête dans les communes plus importantes (57,59% à Caumont, 54% à Saint-Saturnin-lès-Avignon, 53% à Mérindol et aux Taillades). La nouvelle députée « a hâte de se mettre au travail pour défendre les citoyens, face au pouvoir d’achat, à la sécurité, à la défense des services publics ». Quant à Sylvie Vialat elle reconnaît « payer la politique d’Emmanuel Macron, le rejet de sa personne ».

Hervé de Lépineau sans se forcer
Dans la 3e, le frontiste Hervé de Lépineau qui avait perdu de 423 voix face à Brune Poirson en 2017 s’est largement imposé : 59,22% face à Adrien Morénas, le sortant (40,78%). L’ancien suppléant de Marion Maréchal en 2012 obtient 68,77% à Bédarrides, 64,57% à Sorgues, 62,55% à Monteux, 61,74% à Entraigues, 59,22% à Pernes, 58,30% à Vedène et 56,52% à Carpentras. Adrien Morénas arrive en tête à Venasque (61,83%), au Beaucet (59,69%). Ils sont à égalité (104 voix chacun à La Roque sur Pernes).

Marie-France Lorho poursuit son mandat
Du côté de la 4e circonscription, la ‘bompardiste’ Marie-France Lorho, en duo avec le maire RN de Camaret (Philippe de Beauregard) est réélue avec 56,96% des suffrages, contre 43,04% pour la macroniste Violaine Richard. Elle obtient ses meilleurs scores à Piolenc (63,41%), Sérignan (61,34%), Mornas (61, 28%), Bollène (60,78%), Jonquières (60, 16%), Valréas (55,85%), Cairanne (54, 57%), Malaucène (53,52%). Quant à Violaine Richard, elle totalise 70% à Saint-Léger du Ventoux, 63% à Suzette et Villedieu, et de bons chiffres dans les villages viti-vinicoles de Gigondas (64,3%) Rasteau (59,86%) Sablet (59,78%). En revanche, les 2 candidates sont à égalité absolue avec 50% chacune à Chateauneuf du Pape (385 voix) et Savoillan (25 suffrages).

Jean-François Lovisolo sauve l’honneur
Enfin dans la 5e, la majorité présidentielle sauve l’honneur avec l’ex-socialiste Jean-François Lovisolo qui devance d’une poignée de voix (589) la frontiste Marie Thomas de Maleville (50,81% contre 49,19%). Le maire de La Tour d’Aigues est carrément plébiscité (95,65% des suffrages) à Auribeau (22 voix), une seule s’est portée sur son adversaire. Il affiche 61% à Goult, 60% à Sannes, 59% à Roussillon, 58,75% à Peypin d’Aigues, 58,54% à Gordes. La RN est en tête à Méthamis (62,26%), Lagarde d’Apt (60,87%), Saint-Christol (60,58%), Gargas (60,09%), Aubignan (57,22%), Mormoiron (53,42%). Ils n’ont qu’une voix d’écart à Saint-Pantaléon : 36 pour Jean-François Lovisolo, 35 pour Marie Thomas de Maleville. Le nouveau député de la majorité présidentielle qui se dit « Inquiet et préoccupé par la vague de contestation qui traverse le pays. Le vrai vainqueur de ces législatives dans le Vaucluse, c’est le RN, qui étend son ancrage et l’emporte très nettement ».

Du ‘Tout sauf Macron’ à la débâcle présidentielle
« Quand le peuple vote, le peuple gagne » martelait Marine Le Pen lors de la campagne pour la Présidentielle. Cela s’est vérifié hier où le ‘Tout sauf Macron’ a fait le bonheur du RN puisqu’il aura autour de 90 députés à l’Assemblée, un chiffre historique. En revanche, de 313 députés ‘En marche’ dans la précédente mandature, le parti du président a rétréci à 245 environ ce matin, loin des 289 qui lui auraient conféré une majorité absolue. Il va devoir composer avec ses oppositions. Jean-Luc Mélenchon parle de « déroute » et de « débâcle » présidentielle.
Quelles marges de manœuvres pour la 1re Ministre, Elisabeth Borne ? Malgré les soutiens du Modem et d’Horizons, le Président Macron ne pourra compter ni sur François Bayrou ni sur Edouard Philippe pour soutenir sa politique sur les bancs du Palais Bourbon puisqu’ils ne se sont pas présentés aux législatives. Pendant que dans l’opposition, les ténors du RN et de la Nupes s’égosilleront à la tribune et déposeront des milliers d’amendements pour contrer la réforme des retraites et défendre le pouvoir d’achat des Français.

« L’Assemblée Nationale n’est ni un squat, ni une ZAD » (zone à défendre) déclarait le président ad interim du RN, Jordan Bardella hier soir. Reste à savoir comment et pendant combien de temps la démocratie va pouvoir fonctionner au cœur de l’Assemblée Nationale dans les mois qui viennent et si Elisabeth Borne restera à Matignon. Autre question : avec quel gouvernement après la défaite cuisante de chefs de file macronistes comme Richard Ferrand (ancien Président de l’Assemblée Nationale) ou Christophe Castaner (ancien Ministre de l’Intérieur et Président du groupe En Marche) battu à Forcalquier.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Avec 59,22%, Hervé de Lépinau (RN) est élu sans difficultés député de la 3e circonscription de Vaucluse. Il devance Adrien Morenas (Ensemble), député sortant, qui obtient 40,78% des sufffrages. Le taux de participation est de 45,62%.


Vaucluse, à droite toute ! Avignon, à gauche toute !

Au terme d’un 3e tour, les conseillers départementaux ont élu Dominique Santoni, la maire LR (Les Républicains) d’Apt, présidente du Conseil départemental de Vaucluse à la majorité relative avec 14 voix, 12 pour le socialiste Jean-François Lovisolo, et 8 bulletins blancs ou nuls.

Après un second tour des départementales, où gauche et droite étaient à égalité dimanche soir dernier (12 sièges chacune), c’est le maire ‘de gauche’ mais sans étiquette de Bollène, Anthony Zilio et de son binôme, Christine Lanthelme, maire d’Uchaux, qui a fait la différence. Contrairement à ce qu’annonçaient certains membres du Parti Socialiste qui le considéraient comme un des leurs, l’édile n’a pas fait pencher la balance de leur côté. Il n’y avait d’ailleurs plus beaucoup de suspense après l’annonce des deux élus du canton de Bollène sur leur intention de vote aujourd’hui.
« Il fait monter le dégoût des Français pour la politique, il est tout en même temps, un macroniste quoi ! » ricanait le RN (Rassemblement national) Hervé de Lépinau en amont de la séance d’installation. « C’est consternant, Zilio c’est une sorte d’anguille qui fraye dans les eaux du Lez » a-t-il ajouté.

« Un mauvais feuilleton »
Jean-François Lovisolo pour l’Union de la Gauche départementale, qui ne mâche pas ses mots, en rajoute une couche : « Un mauvais feuilleton va prendre fin. La droite a perdu les élections en sièges et en voix face à la gauche dimanche et elle va se retrouver à la présidence, c’est du jamais vu, autant de tambouille et de carabistouille politicienne. Face à un résultat démocratique, certains ont fait le choix de la politique du ‘bon coin’, celle des enchères où on oublie les convictions politiques. Ils ont préféré la voie de la compromission, de l’opportunité, ils ont trompé leurs électeurs, c’est une faute, au pire cela les dégoûtera encore plus de la vie publique. Je comprends leur nausée et je la partage. C’est une imposture. »

Droit dans ses bottes
Qualifié de ‘traître’, Anthony Zilio reste droit dans ses bottes : « Ce matin, je me suis réveillé de gauche, ce soir, je m’endormirai en étant toujours de gauche. Jean-François Lovisolo adopte une posture et il est aussi violent que brutal. Il savait très bien qu’il ne pourrait être président qu’au bénéfice de l’âge de l’un de ses colistiers (ndlr : Max Raspail). Hier, il m’a parlé un quart d’heure tout au plus. Alors qu’avec Dominique Santoni, nous avons échangé une heure et demie sur les dossiers qui concernent la vie des Bollénois sans esprit partisan. Pendant la mandature de Marie-Claude Bompard (Ligue du Sud) pendant 12 ans, Bollène a vu des tas de trains passer sans s’arrêter. Moi je pense à l’avenir de mon bassin de vie, les 9 maires qui m’ont suivi savent que les planètes doivent être alignées (communes, intercommunalités, canton) pour que les dossiers avancent, main dans la main avec le Département et la Région. Je voterai les délibérations dans l’intérêt des habitants de ce territoire mais je ne fais un chèque en blanc à personne, vous me verrez à l’œuvre ».

« Une nouvelle voie pour les femmes »
En prenant place à la tribune, dans le fauteuil de la présidence, Dominique Santoni (57 ans) dira son « émotion et l’honneur qui lui est fait d’être à la tête de cette institution. Le ‘e’ de présidente veut dire beaucoup pour moi, je suis la première à ouvrir une nouvelle voie pour les femmes. Je suis une femme de dialogue, de consensus, je vais me concentrer sur ce qui nous rassemble, nous les Vauclusiens. Je souhaite construire un avenir où les jeunes auront le choix de se former, d’avoir un emploi, de construire leur vie ».

Faire preuve d’exemplarité
Dominique Santoni est revenue sur le taux record d’abstention pour ces Départementales : « Les électeurs ont boudé les urnes, j’ai entendu leur message. Les invectives doivent laisser la place à des échanges constructifs, fructueux, nous avoir un devoir d’exemplarité. Nous allons continuer le travail accompli pendant la précédente mandature. Nous avons des finances en bonne santé, les chantiers de la LEO, de Bonpas se réaliseront. Nous accompagnerons les plus démunis, nous construirons et rénoverons les logements sociaux. Nous ferons de notre mieux pour le handicap, la dépendance. La santé est une priorité absolue, nous ferons venir des médecins en milieu rural, nous ouvrirons des maisons de santé. Côté sécurité, nous augmentera le parc de vidéo-protection, donnerons davantage de moyens aux polices municipales. L’effort entrepris pour le développement des hautes technologies, de la fibre se poursuivra pour aider les activités économiques et sociales. Le Vaucluse est un département attractif avec une qualité de vie, de paysages, le TGV, la fibre optique. Nous devons attirer encore davantage d’entrepreneurs pour créer des emplois et des richesses. Je travaille en osmose avec Renaud Muselier, le président réélu de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Grâce à cette synergie, nous décuplerons notre efficacité. Ce qui compte c’est que tous les cantons soient traités avec équité grâce, notamment, aux contrats de développement territorial. C’est vrai que Bollène a été un peu oublié ces dernières années, nous ferons avancer les dossiers qui relèvent de notre compétence. »
Lors d’une courte conférence de presse, la nouvelle Présidente de Vaucluse est revenue sur son ADN, puisque son grand-père maternel (Eugène Baudouin) a été élu au début du XXe siècle, son papa Georges Santoni aussi, maire d’Apt puis député de Vaucluse : « d’eux j’ai appris le respect de soi et des autres, celui du travail, le refus de l’intolérance. Je souhaite travailler dans le dialogue, l’intelligence collective, sans idéologie partisane ».
A l’horizon, se profile une nouvelle vie, toute entière dédiée au département, sans cumul des mandats. « Quitter la mairie d’Apt sera un véritable arrachement, j’y suis viscéralement attachée, confie-t-elle, mais je resterai adjointe de ma ville. »

Cette première séance de l’assemblée départementale a également permis de désigner 8 Vice-présidents : Thierry Lagneau, Corinne Testud-Robert, Elisabeth Amoros, Suzanne Bouchet, Pierre Gonzalvez, Christian Mounier, Patrick Merle et Christelle Jablonski-Castanier.

Retrouvez ici l’intégralité de la dernière séance du conseil départemental de Vaucluse.

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