16 juillet 2024 |

Ecrit par le 16 juillet 2024

Avignon, Alexandra et Aldo Icardi, Notre métier ? Donner du pep’s à l’habitat ancien

Alexandra et Aldo Icardi incarnent la 3e génération de l’entreprise du bâtiment éponyme, Soditra-Icardi, spécialisée en maçonnerie et rénovation. Leur niche ? Les travaux en ville, parfois difficiles d’accès. Leur sphère d’intervention ? La couverture et la charpente, l’assainissement, l’aménagement de combles, la construction de piscines en béton enterrées ou semi-enterrées. L’entreprise intervient sur les marchés public et privé, auprès de collectivités et co-propriétés.

Lentreprise Icardi a été créée en 1952 par mon grand-père, Dominico, plâtrier originaire d’Italie, relate Aldo Icardi. Il en a tenu les rênes jusqu’en 1967. Activité que mon père, Aldo, dont j’ai hérité du prénom, a poursuivi sous la Sarl (Société à responsabilité limitée) Icardi-Soditra.»

«Moi, je me destinais à une carrière de policier.
C’est la raison pour laquelle j’ai poursuivi des études de droit et c’est aussi là que j’ai rencontré ma future épouse, Alexandra. Désormais nous avions envie de nous lancer dans la vie active. L’opportunité d’y inscrire une 3e génération se présentait, sans qu’au préalable nous nous soyons destinés à cela. Mon père, en effet, ne me l’avait jamais demandé.»

«Donc, avant tout cela, je suis passé par la case pioche, pelle et brouette,
comme tout le monde, avant d’aborder un CAP (Certificat d’aptitude professionnel) de maçonnerie au CFA Florentin Mouret (Centre de formation des apprentis) à Avignon et avant d’être embauché dans l’entreprise comme apprenti. J’ai ensuite passé un BTS conducteur de travaux au lycée Dhuoda de Nîmes tandis qu’Alexandra suivait une formation de deux ans auprès des Compagnons du Devoir en maçonnerie et taille de pierre.»

Réalisation d’une extension Copyright Icardi

«Nous étions en 2010.
Au gré des années nous nous sommes spécialisés dans le plâtre, la construction générale et même le patrimoine, car mon père était très en lien avec l’Evêché pour la rénovation de leurs bâtiments, puis nous nous sommes dirigés vers le neuf. Entre 1960 et 1970 l’entreprise a accueilli jusqu’à 60 ouvriers.»

«Désormais, la plus importante partie de notre activité se fait dans la rénovation
et le réaménagement de bâtiments relativement récents des années 1970, 80 et 90. Les propriétaires souhaitent en changer les volumes. Ils nous demandent d’organiser leur habitat différemment, en reliant les pièces entre elles, en créant des extensions, des surélévations. Ces transformations ont l’avantage de transformer l’habitat tout en le modernisant.»

«Nous faisons de plus en plus de sous-œuvre et de moins en moins de neuf.
Or, reprendre l’ancien révèle toujours des surprises et de nombreux problèmes à résoudre, non pas en démolissant, mais en observant ce qui a été fait, la manière dont le travail a été exécuté pour, ensuite, y appliquer des solutions adaptées et pérennes, avec pour fil conducteur de toujours respecter la construction. Notre rôle est de conserver l’esprit des lieux, de répondre à la demande des clients et d’y apporter des solutions à la fois techniques, judicieusement pensées, harmonieuses et esthétiques. C’est là que s’exercent notre expertise et tout l’intérêt de notre métier.»

Cyclique conjoncture
«Actuellement notre activité est tournée à 95% vers le particulier, mais ça n’a pas toujours été le cas, car je me souviens que dans les années 1990-1996, le bâtiment allait très mal. Mon père s’était alors dirigé vers les collectivités publiques pour garantir le paiement des travaux initiés par l’entreprise. Début 2000, le marché s’est mis à remonter, entraînant avec lui un secteur privé plus enthousiaste à investir. L’activité était partagée, de façon égale, entre le secteur public et privé. Puis, par goût, Alexandra et moi nous sommes redirigés vers le particulier, proposant des solutions à la fois techniques et esthétiques.»

«Qui sont nos clients ?
Des enseignants, des professions libérales, des retraités. Ils sont français, belges, suisses, et hollandais. Nous travaillons dans un rayon de 30 km autour d’Avignon et sur les départements limitrophes où nous réalisons une centaine de chantiers par an.»

Comment nous faisons nous connaître ?
«Par les pages jaunes lorsqu’elles existaient encore en format papier puis sur le Web, avant de créer notre site Internet illustré de photos issues de nos propres chantiers. Mais ce qui nous rapporte le plus, en termes de communication, c’est le camion logoté qui stationne devant la maison ou l’appartement du particulier. Les gens passent régulièrement devant, observant les transformations réalisées, remarquant la qualité du travail avant de héler le chef de chantier, de discuter pour ensuite lui donner leurs coordonnées que nos ouvriers nous transmettent. Les gens ont besoin de concret avant de s’autoriser à réaliser leur projet.»

Copyright Icardi

«Le plus important dans notre métier ?
L’adaptabilité aussi bien aux matériaux qu’aux conditions du chantier souvent difficiles puisque nous travaillons en milieu occupé. Le goût intervient pour beaucoup également car le résultat doit être esthétique et les finitions parfaites. En cela, je dis toujours à mes gars : ‘Si lorsque vous regardez le travail vous vous dites que vous paieriez pour celui- ci, alors le contrat est rempli’. Ce que je dirais à quelqu’un qui souhaite se lancer ? Persévérer à tout prix. Ce que j’aime dans ce métier ? La liberté d’organiser son temps comme je l’entends même si je sais que le volume de travail, lui, reste le même.»

«La place du numérique dans notre métier ?
Il n’a pas la part la plus importante car ce que nous faisons est ultra concret : nous posons de vraies ouvertures, travaillons avec de vrais matériaux, réalisons de vrais chantiers dont l’aspect et l’usage perdureront dans le temps. Le numérique sera plutôt l’outil dévolu aux architectes et bureaux d’ingénierie avec lesquels nous collaborons. En revanche, lorsque mon épouse et moi travaillons à un réaménagement, nous sommes tout à fait capables de dessiner un croquis. Les clients peuvent ainsi se projeter. C’est aussi un document, une base de travail sur lequel s’appuyer pour aborder les phases techniques et esthétiques.»

«Ma vision de l’entreprise dans 5, 10 ans ?
Nous nous orienterons de plus en plus dans la rénovation et le réaménagement de l’espace, proposant des solutions, des mises en œuvre novatrices et efficaces. Notre métier est avant tout intellectuel : Il faut avoir diagnostiqué le bâti, relevé les contraintes techniques, avant d’y apporter des modifications. Nos atouts ? Un personnel professionnel aguerri à de nombreuses techniques de rénovation : réaménagement de pièces, changement de destination, pose du carrelage et de la faïence, des menuiseries, des ouvertures, reprise et pose de plâtre, d’enduits à la chaux…»

Copyright Icardi

Des professionnels polyvalents
«Nos salariés sont des professionnels polyvalents, formés régulièrement aux nouvelles techniques, attentifs à la qualité du travail, à l’importance des finitions et sensibles à l’esthétique. Sur certains chantiers nous voyons des ouvriers chargés d’empiler des agglos toute la journée sans avoir la possibilité de passer à autre chose. Souvent, quand nos gars arrivent, il n’y a rien. Lorsqu’ils partent il y a une construction réaménagée, qui saura traverser les années avec un nouvel élan. C’est d’ailleurs leur fierté car lorsqu’ils repassent devant le chantier, ils pointent celui-ci du doigt en disant à leur famille ou à leurs amis : ‘Voilà, c’est moi qui l’ai fait.’ Et cela est très valorisant.

Les infos pratiques
Soditra. 21, avenue Etienne Martelange à Avignon. 04 90 89 31 52. 06 21 21 27 69. www.icardi.fr
Cet article est paru dans le Hors Série Echo du mardi Spécial Fédération BTP 84 – Juin 2024.

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