22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Conflit sino-américain : de quel côté penche l’Asie du Sud-Est ?

La visite début août à Taïwan de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, n’a fait que tendre davantage les relations entre Washington et Pékin. Depuis, les frictions entre la Chine et l’île soutenue par les Etats-Unis, ne cessent de s’aggraver.

Quelle est la position des pays voisins de la Chine face au conflit ? Et s’ils devaient choisir, sur quel partenaire stratégique préfèreraient-ils s’aligner, la Chine ou les États-Unis ? Un sondage mené par l’Institut d’études sur l’Asie du Sud-Est a révélé que 57 % de la population interrogée dans les 10 pays membres de l’ASEAN choisiraient les États-Unis.

Le Laos (avec 81,8 %) et le Cambodge (avec 81,5 %) sont les pays qui préfèrent en grande partie la Chine comme partenaire, alors que les États-Unis ont la confiance du Myanmar (92,0 %), des Philippines (83,5 %) et de Singapour (77,9 %).

De Claire Villiers pour Statista


Conflit sino-américain : de quel côté penche l’Asie du Sud-Est ?

Alors que la diplomatie n’a pour le moment débouché sur aucune solution tangible et que des troupes russes sont massées à la frontière ukrainienne, les craintes de voir surgir un nouveau conflit majeur en Europe sont au plus haut. La menace d’une opération militaire russe en Ukraine a poussé les Etats-Unis à ordonner dimanche soir l’évacuation des familles du personnel de leur ambassade à Kiev. La situation « est imprévisible et peut se détériorer à tout moment », a assuré le ministère américain des Affaires étrangères dans un communiqué.

Si les relations entre la Russie et son voisin occidental sont complexes et anciennes, l’aspiration déclarée de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN – l’alliance politique et militaire de 30 pays d’Amérique du Nord et d’Europe – est au cœur des tensions actuelles. Si la demande d’adhésion du pays remonte à 2008 et ne devrait pas être honorée de sitôt, le contexte plus large de l’expansion du traité – de 12 membres fondateurs en 1949 à 30 pays majoritairement européens – trace une marche vers l’est qui est interprétée comme une menace par Vladimir Poutine. En décembre, le président russe avait une nouvelle fois fustigé l’organisation durant sa conférence de presse de fin d’année. « Tout nouveau mouvement de l’OTAN vers l’est est inacceptable », avait déclaré Poutine. Mais sa demande d’une interdiction formelle des expansions de l’OTAN a très peu de chance d’être entendue.

Vladimir Poutine a affirmé à plusieurs reprises que l’expansion de l’OTAN vers l’est rompait une promesse faite par les puissances occidentales après la dissolution de l’Union soviétique. Pourtant, même Mikhaïl Gorbatchev, qui avait participé aux pourparlers en tant que dernier dirigeant soviétique, a déclaré qu’une telle promesse n’avait jamais été faite. Entre-temps, la politique de la « porte ouverte » de l’OTAN, incluse dans son traité fondateur, continuera à faire de l’adhésion une option pour les nations souveraines – post-soviétiques ou non – et ce malgré d’éventuelles conséquences sur le plan géopolitique.

L’Union soviétique a peut-être disparu depuis plusieurs décennies, mais la Russie continue de considérer l’Ukraine comme un élément important de sa sphère d’influence. À l’instar de la Biélorussie voisine, l’Ukraine n’a pas seulement un rôle géopolitique d’État tampon entre l’est et l’ouest, mais elle est aussi considérée comme un allié culturel et historique majeur de la Russie – bien plus que d’autres nations post-soviétiques plus éloignées de Moscou.

Selon les règles d’admission à l’OTAN, les pays ayant des différends territoriaux avec d’autres – comme l’Ukraine et la Russie au sujet de la Crimée – ont pourtant peu de chances d’être admis. Mais le bras de fer entre les souhaits d’adhésion et les requêtes d’arrêt de l’expansion a pris la tournure d’une démonstration de force entre les différents parties, continuant de faire écho à l’époque de la guerre froide.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Conflit sino-américain : de quel côté penche l’Asie du Sud-Est ?

En matière d’effectifs militaires, aucune armée au monde ne peut rivaliser avec celle de la Chine. Selon les estimations de Global Firepower, la République populaire compte environ 2 millions de soldats actifs. En comparaison, les forces américaines et russes emploient respectivement autour de 1,4 et 0,85 millions de personnels actifs. Mais si on évalue la puissance globale des forces armées de la planète – en tenant compte, entre autres, du matériel, des armes déployées et de l’industrie disponible – les États-Unis conservent la tête du classement, devant la Russie et la Chine, respectivement deuxième et troisième.

Comme le montre notre graphique, quatre des huit plus grandes puissances militaires mondiales sont aujourd’hui localisées en Asie. Le Japon, qui ne cesse d’accroître ses capacités militaires face aux tensions géopolitiques régionales, et la Corée du Sud, qui entretient une armée relativement massive (plus de 600 000 soldats), sont classés respectivement cinquième et sixième (derrière l’Inde et ses 1,5 millions de soldats). Avec des troupes régulières beaucoup plus modestes en nombre (un peu plus de 200 000), la France figure quant à elle au septième rang mondial.

Pour déterminer la puissance militaire d’une nation donnée, l’indice calculé par Global Firepower se base sur plus de 50 indicateurs, allant des capacités militaires et logistiques à la stabilité économique, en passant par la main-d’œuvre, les industries et les ressources naturelles à disposition.

De Tristan Gaudiaut pour Statista


Conflit sino-américain : de quel côté penche l’Asie du Sud-Est ?

Les membres du G7 réunis samedi dernier en Angleterre se sont mis d’accord pour proposer aux pays en développement un vaste plan d’infrastructures afin de contrer l’influence grandissante de la Chine dans le monde. Ce projet, baptisé « Build Back Better World » (« Reconstruire un monde meilleur »), vise à conclure des partenariats avec des pays à revenus faibles et intermédiaires pour combler des besoins d’infrastructures estimés à 40 000 milliards de dollars. Comme le rapporte Courrier International, il s’agit de la première fois que les grandes puissances mondiales discutent de créer une alternative directe au projet chinois des « nouvelles routes de la soie ».

Lancé en 2013 par le président chinois Xi Jinping, le projet des « nouvelles routes de la soie » consiste à financer des investissements pour développer des liaisons routières, ferroviaires et maritimes (ports) en Asie, Afrique, Europe et même jusqu’en Amérique latine. Dans ce cadre, plus d’une centaine de pays ont déjà signé des accords avec la Chine. Selon le Green Belt and Road Initiative Center de l’Université centrale d’économie et de finance de Pékin, la plupart de ces investissements restent concentrés en Asie, les régions d’Asie de l’Est et de l’Ouest ayant reçu ensemble 28 milliards de dollars d’investissements en 2020 – soit plus de la moitié du total (environ 47 milliards). L’Afrique et Moyen-Orient représentent 28 % des investissements, soit 13 milliards de dollars.

Les initiatives chinoises concernent principalement les pays en développement et ces derniers s’endettent parfois considérablement auprès de la Chine pour le financement des infrastructures. Selon une analyse de Silk Road Briefing, 68 % des projets liés aux « nouvelles routes de la soie » ont été considérés comme présentant un risque moyen, tandis que 28 % ont été considérés comme présentant un risque élevé. Ce sont surtout des pays d’Afrique qui ont vu leur dette envers la Chine augmenter ces dernières années, notamment la République démocratique du Congo, Djibouti et l’Angola. La liste des principaux créanciers de Pékin comprend également le Pakistan, le Kenya, l’Éthiopie, ainsi que le Laos.

De Tristant Gaudiaut pour Statista

https://echodumardi.com/tag/geopolitique/   1/1