22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Théâtre du Vieux Balancier, On a aimé Cœur sans écho

Lorca, poète du symbolisme et du surréalisme, dramaturge et metteur en scène, assassiné un 19 août 1936 à l’âge de 38 ans. Peut-être parce qu’il était homosexuel, socialiste ou juste pour cause d’inimité. Il a été dénoncé, abattu et enterré avec deux autres personnes, mais on ne sait toujours pas où. Pour ce festivla Off, Jean Leloup attire à lui l’âme du grand poète, le faisant renaitre pour une heure au Théâtre du Vieux balancier. Réjouissant.

Et pour nous faire découvrir ce grand lettré,
ce chercheur de la parole juste, Jean Leloup a mis en scène et joue quelques-uns des fabuleux poèmes de Lorca. Des dits minéraux, végétaux, la mort du torero. Son écriture est subtile et forte, sortie des tripes. Il plonge sa plume dans ses viscères et son sang pour dire toute l’intrication de l’âme avec le corps. Il relate une vie tour à tour légère, tourbillonnante, éclairante, puis grave, sombre et féroce.

La mise en scène interpelle qui propose de dérouler un film poétique
d’images choisies, d’un montage sur un voile tissé par d’anciennes vies portées par la brise du passé. Il évoque une défunte mémoire, incarnant les textes chers, et pour être fidèle à Lorca, use de l’espagnol comme du français. Son immense silhouette, sa voix à la fois douce et vibrante nous plonge dans le tourbillon de la vie. Jean Leloup prête son corps et son âme à l’écrivain qu’il sait habité des secrets d’une vie intense, à la marge, tel un chercheur libéré de toutes entraves.

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Lorca
Lorca dissèque les conditions de la vie, le peu de place fait à l’amour, la recherche de la beauté et du désir, le torero qui se jette dans l’arène, la mort, l’insurrection, la peur des autres et des armes. Son univers foisonnant touche à l’âme comme le verdugo (l’épée) le taureau, au moment de l’estocade. La parole acérée comme un scalpel est contrebalancée par le raffinement et la légèreté du montage vidéo. Le tout donne toute son ampleur à l’œuvre de Lorca portée avec talent et respect par Jean Leloup.

Jean Leloup
«Je suis comédien et metteur en scène depuis très longtemps. J’ai fait le Conservatoire et l’INSAS (Institut supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion et de communication de la Fédération Wallonie-Bruxelles en Belgique). J’ai consacré 10 ans au piano et ai beaucoup travaillé la voix. J’ai d’ailleurs joué dans quelques comédies musicales : Cachafaz, Histoire extraordinaires de gens ordinaires, A rose is a rose. Cœur sans écho propose plusieurs plateaux sur la poésie puissante, métaphysique et philosophique de Lorca avec un complexe vidéo, un costume en évolution et danse au Théâtre de l’Epée de Bois. » Une création soutenue par le Printemps des poètes et le service culturel de l’ambassade d’Espagne.

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Grâce à eux
Cœur sans écho. Poésie de Frederico Garcia Lorca par la Compagnie de la Meute. Traduction interprétation et mise en scène de Jean Leloup. Assistant mis-en-scène Thomas Tai. Chorégraphies flamencas Georges Butler et Patricio Martin. Costumes Sarah Lormant. Création vidéo et animation Eva Escobar. Composition musicale Silvère Wong. Création lumière Marie-Jo Dupré.

Les infos pratiques
Cœur sans écho. Poésies de Frederico Garcia Lorca. Jusqu’au 21 juillet à 11h30. Durée 1h. Théâtre au Vieux balancier. 2, rue Amphoux à Avignon. Réservation 06 15 66 47 19. De 12 à 17€.


Théâtre du Vieux Balancier, On a aimé Cœur sans écho

L’histoire ? Eté 1936, en Espagne, alors que Bernarda Alba, sévère et toute puissante matriarche décède, quel sera le destin de ses 6 filles cloîtrées, dans une Espagne gangrénée par la guerre civile, tiraillée entre tradition et modernité. L’Autre Scène de Vedène donne à voir et entendre ‘Andando’ (En avant !) une magnifique œuvre de Frederico Garcia Lorca. Elle devait être jouée à Opéra confluence en juin 2019, elle le sera finalement à Vedène mardi 7 décembre à 20h30.

Frederico Garcia Lorca, le grand artiste espagnol plutôt connu comme poète et écrivain il était aussi dramaturge, prosateur, peintre, pianiste et compositeur. Né dans la province de Grenade en 1898 il sera fusillé en Août 1936 à 38 ans à peine, emporté par la guerre d’Espagne. Sa vie et son œuvre ne pourront être évoqués qu’à la mort de Franco, en 1975. Il était proche de Luis Buñuel (réalisateur et scénariste espagnol) et de Salvador Dali (peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain catalan). Voilà pour vous donner un aperçu du grand homme.

Ce qu’on verra et entendra ?
Andando est une proposition de concert théâtral réunissant cinq comédiennes chanteuses et trois musiciens, autour de la poésie de Federico Garcia Lorca et sur la musique de Pascal Sangla. À travers ces figures féminines, toutes issues de l’œuvre de Lorca, c’est Federico lui-même qui se raconte. Textes de Federico Garcia Lorca ; Mise en scène, adaptation et traduction de Daniel San Pedro et Composition et direction musicale de Pascal Sangla. Spectacle chanté en français, arabe et espagnol.

Andando 
Pour les filles, après l’enterrement et la fête, vient le temps du départ, l’invention de vies nouvelles. Dans le village, on entend les bruits de guerre. Il faut choisir son camp. Cinq partent, une seule demeure dans cette maison bien trop grande, incapable d’imaginer sa vie autrement, autre part, et choisissant le camp des fascistes (Camélia Jordana). Une s’engage dans la résistance et prend les armes . Une autre émigre en Amérique pour travailler dans la troupe de Margarita Xirgu (ce qu’avait prévu Federico, s’il avait vécu) (Audrey Bonnet). La mystique de la famille, d’une sensualité gourmande, choisit d’entrer dans les ordres (Estelle Meyer). Une devient une grande figure intellectuelle engagée et féministe (Johanna Nizard). La dernière, amoureuse absolue, part pour chercher l’Amour, l’unique chose qui compte (Aymeline Alix). Dehors, les bruits de la guerre civile commencent à se faire entendre. Ils vont bousculer les espoirs et les rêves de cette fratrie de femmes. Il va falloir aussi choisir son camp. Résister, fuir ou collaborer.

Note d’intention
«Et si nous commencions l’histoire à la mort de Bernarda, interroge Daniel San Pedro, pour la mise-en-scène, l’adaptation et la traduction. Si tout commençait par une veillée funèbre. Leur mère morte, qu’adviendrait-il de ces filles, de ces femmes ? La porte de la maison s’ouvrirait enfin et chacune d’elle pourrait s’emparer de sa liberté. Tout deviendrait possible comme lors de ce printemps 1936. J’ai toujours eu envie de travailler sur la guerre civile. C’est un moment fondateur pour le peuple espagnol mais qui reste encore aujourd’hui l’objet de nombreux tabous, de non-dits et de secrets de famille. En m’attachant aux filles de Bernarda, je voudrais raconter des destins différents. Je voudrais m’interroger sur notre capacité à résister, à nous engager. Je me souviens ainsi du cousin de ma mère qui, aux premiers jours de la guerre, avait été dénoncé par des voisins jaloux et qui, pour échapper à la milice, avait sauté du camion qui l’emmenait devant les murs du cimetière de Zamora, pour y être fusillé, puis s’était caché pendant des semaines le long des berges. Il vécut caché chez lui, au nez de ces voisins, jusqu’à la mort de Franco.»

En savoir plus
Andando est tiré de ‘La casa de Bernada Alba’ écrite en 1936 et donné, pour la 1re fois à Buenos Aires en 1945. Une œuvre qui fait écho à la triste fin de Frederico Garcia Lorca –sans doute le plus grand poète espagnol du XXe siècle- qui un mois de juillet -qui marque le début de la guerre civile en Espagne (1936-1939)- rentrera à Grenade, malgré les avis de tous ses amis. Arrêté, juste un mois après, le 18 août 1936, il sera fusillé le lendemain à l’aube et jeté dans une fosse aux côtés d’un instituteur et de deux anarchistes.

La guerre civile
La guerre civile a fait environ 500 000 victimes sur 24 millions d’habitants. Parmi elles, 230 000 personnes (nationalistes ou républicaines) ont été exécutées. Les thèmes récurrents du dramaturge ? La liberté, l’amour, la mort, l’engagement politique et les voyages.

La Casa de Bernarda Alba
Dans un petit village Andalou, au milieu des années1930. Acte 1: À la mort de son mari, Bernarda Alba a forcé ses cinq filles (Angustias, Magdalena, Amelia, Martirio et Adela) à pleurer pendant 8 années consécutives. Au milieu de cet environnement oppressant, Adela (la plus jeune de toutes les filles) apprend qu’Angustias, la sœur aînée, va épouser Pepe el Romano, avec qui Adela a des relations secrètes. Acte 2 : La Poncia découvre la relation entre Adela et Pepe el Romano.
Acte 3 : Adela se rebelle et revendique son droit d’être l’épouse de Pepe el Romano. Bernarda lui tire dessus et dit qu’il l’a tué bien qu’il ait raté son coup. Désespérée, Adela s’enfuit et s’enferme prête à se suicider.

Grâce à eux
Textes Federico Garcia Lorca ; Mise en scène, adaptation et traduction Daniel San Pedro
Composition et direction musicale Pascal Sangla ; Scénographie Aurélie Maestre ; Costumes Caroline de Vivaise ; Lumières Alban Sauve ; Création sonore Jean-Luc Ristord ; Chorégraphie Ruben Molina ; Maquillages et coiffures David Carvalho Nunes ; Assistant à la mise en scène Guillaume Ravoire ; Assistante scénographie Clara Cohen ; Assistante costumes Magdalena Calloc’h.

Avec
Aymeline Alix ; Audrey Bonnet ; Camélia Jordana ; Estelle Meyer ; Johanna Nizard Et les musiciens ; Violon (Solo improvisé) Liv Heym ; Piano (en alternance) Pascal Sangla, Donia Berriri ; Guitares, luth (Solo improvisé), percussions, contrebasse M’hamed el Menjra. Spectacle chanté en français, arabe et espagnol Durée du spectacle : 1h30 Durée estimée de la musique : 1h15.

Les infos pratiques
Mardi 7 décembre. 20h30. 30€. L’Autre scène à Vedène. Sur un texte de Federico Garcia Lorca, adapté par Daniel San Pedro dans une version théâtrale, mêlant musique traditionnelle espagnole, danse et théâtre dans laquelle nous redécouvrirons Camelia Jordana dans un autre registre que celui de la chanson de variété. Avenue Pierre de Coubertin. 04 90 31 07 75 La billetterie de L’Autre Scène est ouverte uniquement les jours de spectacles, 45 minutes avant le début des représentations. https://www.lautrescene.com/page/infos-pratiques. Billetterie ici.

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