Rencontré lors de la Fête de l’alimentation, Philippe Pichot-Damon évoque l’association Semailles dont il est le président depuis plus de 4 ans.
«Tout commence par ce qui deviendra une longue amitié avec Jürgen Debald, le fondateur de Bleuvert. Nos vies se sont croisées, il y a de cela plusieurs dizaines d’années, en 1989. J’ai même occupé le poste de directeur administratif et financier chez Bleuvert dont Jürgen est le fondateur, et je dois dire que j’ai toujours beaucoup apprécié cette relation à la fois professionnelle et amicale. »
« Je ne sais pas comment, mais lorsque Jürgen Debald a connu Semailles,
il est tombé amoureux de l’association -dont l’entreprise Bleuvert, Pme familiale de produits de beauté bio, est devenue très vite partenaire- et, très rapidement, il m’a proposé de l’y accompagner. Ce que j’observe ? Cette structure est en complète opposition avec Bleuvert qui est une entreprise prospère, confortablement installée dans son activité, et très stable sur un marché porteur. Alors qu’ici les moyens manquent. »
« Et puis le public accueilli par Semailles est bien différent
des personnes qui ont les moyens d’acheter des cosmétiques bio. C’est un vrai contraste. Alors j’ai trouvé où être utile avec mes compétences en gestion, compta et finances. Ce que je recherchais ici ? Me rendre utile, même si chez Bleuvert c’était bien le cas, mais ici je donnais autre chose et ce que j’y trouvais était l’humain, dans sa plus simple expression. Je rencontrais des gens d’horizons différents, abimés, cabossés par la vie. »
La boutique Semailles avec l’un de ses salariés, travaillant à la présentation des fruits et légumes Copyright MMH
« Chez Bleuvert les salariés étaient gâtés
à tel point qu’ils ne s’en rendaient peut-être pas tant compte que cela, parce que les intéressements étaient très confortables et les niveaux de salaires très corrects pour le milieu et la région, alors qu’ici on bricole avec des petits bouts de ficelle. Le challenge est important parce que quoi que l’on en dise, il est à la fois humain et économique. »
« Faire ses preuves en permanence
Nous devons faire nos preuves tous les ans, répéter l’instruction des dossiers de banque pour les financements et prouver que l’on fait bien en permanence. Il faut tout le temps se justifier, prouver, développer des partenariats avec des entreprises, étendre le mécénat, ce qui est particulièrement compliqué en ce moment, parce que les entreprises ne sont pas dans une perspective positive. Là encore, les moyens ne sont pas forcément à hauteur des yeux. »
Le mécénat
« Au chapitre du mécénat certaines entreprises soutiennent Semailles depuis le début. D’autres ont rencontré des difficultés qui les ont forcées à abandonner leur partenariat, il faut donc toujours en chercher d’autres. Comment fait-on pour ne pas se fatiguer ? On n’est jamais fatigués de l’humain, particulièrement s’il est à genoux parce que l’on nourrit tous de l’espoir. Développer du mécénat ou des partenariats, c’est aider encore plus de monde. Et nous sommes fiers de leurs parcours puisque 65% d’entre eux, après une durée moyenne de séjour de 11 mois chez nous, s’en sortent, soit en étant entrés en formation ou dans l’emploi. C’est ce que nous appelons des ‘sorties positives’. Cela veut dire qu’ils progressent dans leur parcours d’insertion. Nous sommes reconnus pour cette qualité de travail. »
Atelier cuisine et éducation à l’équilibre alimentaire Copyright MMH
« Des femmes et des hommes qui se redressent
Roger Cornu, ancien président et président d’honneur de Semailles me disait qu’il voyait arriver des gens brisés qui, au bout de quelques mois, physiquement se redressaient. Le mot n’est sans doute pas bien choisi mais c’est notre plus belle récompense. Ça nous nourrit, donne du sens à nos vies au quotidien. Notre Conseil d’administration est composé de 13 personnes toutes très investies émanant de secteurs très différents comme des paysans, des agriculteurs, des experts comptables, des financiers, des experts en organisation et en développement personnel. De façon très naturelle, chacun a trouvé et pris sa place, dans une parfaite complémentarité dans le fonctionnement de l’association. Quant à Olivier Capgras, le directeur de Semailles, il est à la fois, structuré, aidant, bienveillant et directif. C’est un excellent manager. »
La feuille de route de Semailles
« On a par exemple décidé de participer à l’organisation de la Fête de l’alimentation début octobre sur le développement de l’alimentation durable, de l’éducation à l’environnement, une journée d’information ludique vectrice de rencontres pour les responsables et membres d’associations et également en direction des usagers. On a la chance de pouvoir aller de la graine à l’assiette puisque nous faisons nos semis nous-mêmes et que nous cultivons. Nous expliquons comment nous pouvons diminuer notre recours à la viande, parce qu’elle est trop chère, et la remplacer par des céréales et des légumineuses. Et puis c’est merveilleux d’accueillir toutes ces familles et enfants, de partager un repas avec eux et donner ces messages. Le propos est l’accès à la nourriture de bonne qualité et durable. »
En savoir plus sur Semailles
Le jardin de Cocagne est implanté sur 16 hectares, en ceinture verte d’Avignon depuis 1997. La mission de Semailles ? L’insertion par l’activité économique. Plus précisément, accompagner, chaque année dans l’emploi durable, 70 personnes vulnérables. 15 salariés permanents y travaillent. 350 personnes s’y engagent depuis de nombreuses années en consommant bio, local et solidaire, en participant aux ateliers, en y étant bénévoles ou en y faisant des dons.
Association Semailles. 2 370 avenue de la Croix Rouge à Avignon 04 90 16 05 05 contact@semailles.asso.fr Le rapport d’activités 2023 ici.
Présentation Visite des jardins nourriciers par des accompagnants de Semailles aux familles venues avec les enfants Copyright MMH