22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Ecrit en 2017 par le portugais Rui Zink ‘L’installation de la peur’ a très vite intrigué le directeur du théâtre des Halles Alain Timar
Il décide alors de rencontrer l’auteur et lui propose une adaptation théâtrale avec la complicité de l’écrivain Michael Stampe. L’adaptation, d’une grande universalité et actualité aborde le mécanisme de la Peur et surtout son installation insidieuse dans nos vies.

Bonjour Madame, nous sommes venus installer la peur
Ainsi débute le spectacle avec l’irruption dans l’appartement d’une mère de famille de 2 clowns improbables, Laurel et Hardy des temps modernes. Une sorte de meneuse de revue nous prend vite à parti et nous accompagnera pendant tout le spectacle pour nous rassurer, commenter, ironiser. Le pianiste sur scène installe des interludes musicaux ou au contraire participe à cette pseudo comédie musicale qui nous surprend à chaque tableau.

Quand le rire et l’absurde permettent d’aborder un sujet ambitieux
Il ne s’agit pas d’égrainer un catalogue des peurs même si elles sont toutes évoquées : peurs enfantines, peurs primitives, peur de la maladie, des marchés financiers etc.. Point de sketchs non plus même si les situations se succèdent avec une intensité qui croît. La mise en scène alerte permet de provoquer le sujet à partir de la situation. Elle déjoue les pièges d’un discours philosophique ou engagé. Le propos nous ouvre des introspections sur nos peurs individuelles et nous renvoie à des références littéraires – on pense à Hanna Arendt, Sartre, Machiavel, La Boétie. Avec ce spectacle, Alain Timar fait mouche et nous pousse à sortir de nos paralysies intérieures avec humour.

L’installation de la peur. 19h. Jusqu’au 30 juillet. Relâche les 13, 20, 27. 15 et 22€. Théâtre des Halles. Rue du Roi René. 04 32 76 24 51. www.theatredeshalles.com

L’installation de la peur

L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Le Théâtre du Chêne noir propose 14 spectacles. « Cette édition signe le retour à la normale assure Julien Gélas, le directeur du Chêne noir. Une fois la programmation faite, je me suis rendu compte que deux thèmes majeurs émergeaient : l’amour et la guerre. Des thématiques qui résonnent avec l’actualité, car, aujourd’hui nous nous trouvons encore dans une logique de guerre, de confrontation, au niveau international. Qu’est-ce-qui fait qu’on tienne plus à la liberté qu’à la volonté de puissance ?« 

Le théâtre était archi-plein lors de ce dimanche 3 juillet où le soleil écrasait la ville sous une chaleur sans souffle. Il n’y avait pas un chat dans la rue hormis les aficionados du théâtre du Chêne noir et aussi quelques voitures et transits perdus à la recherche d’une adresse, d’une location, dans les boyaux étroit de la ville médiévale.

La salle s’est très vite remplie. Alors que le public bruissait à peine, face à la scène, une table depuis laquelle Julien Gélas annonçait le programme et où metteurs-en-scène et comédiens prenaient chacun à leur tour, la parole. Certains étaient diserts, d’autres plus synthétiques, ou encore graves ou bien légers et plein d’humour. Ils portaient le bermuda, la casquette, quand d’autres arboraient de chics ensembles sable. Il régnait un esprit de famille heureuse de se retrouver dans sa maison de campagne.

Et puis il y a cette sensation d’un retournement
Car la scène, avec ses chaises et ses artistes en se remplissant, ressemblait finalement à la salle d’un théâtre qui regarde une scène emplie de spectateurs. D’ailleurs ils étaient quelques-uns, comédiens, écrivains à scruter le public, à étendre leurs tentacules invisibles pour collecter ambiance, impressions, guettant les plus fugaces réactions. A ce moment peu de gens arboraient de masque, alors comédiens et metteurs-en-scène voulaient encore pouvoir décrypter les visages.

Le programme, qu’en penser ?
On y fera sans doute de belles découvertes. Il y aura déjà les pièces vues cet hiver alors qu’elles n’étaient pas encore tout à fait rodées mais déjà bien maîtrisées laissant surgir émotions et mises-en-scène efficaces sans parler du soin apporté à d’ingénieux décors.

Ce qu’on a vu cet hiver
Nous avions déjà écrit sur ces trois pièces dont vous pourrez retrouver les critiques en cliquant sur les titres : ‘Les chaises’ d’Eugène Ionesco. La création fut portée au cœur même du Covid «Le spectacle évoque l’amour, la fin de vie, la disparition, la perte de la mémoire. Si ces thèmes ne sont pas joyeux Ionesco les traite sous la forme de farce avec beaucoup d’humour et de dynamisme », relatait Renaud Gillier, le metteur-en-scène et comédien. Il est le formidable orateur dans les Chaises…
Salle John Coltrane. 10h15. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Lettres à un ami Allemand’ d’Albert Camus 
«C’est un défi et un magnifique texte pour ce qu’il dit de nous, de ce que nous vivons, de l’histoire de humanité qui ne fait que se répéter,» soulignait Julien Gélas. «A un certain âge on a envie de faire des choses essentielles. Un moment fort à partager,» relatait Didier Flamand qui interprète le texte.
Lettres à un ami allemand. Salle Léo Ferré. 11h45. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Le Jeu du Président’ de Julien Gélas
«J’ai écrit ce texte pendant le confinement, se souvient Julien Gélas. J’étais fasciné par le début de quinquennat d’Emmanuel Macron. J’observais que tout ou presque était théâtral. Une matière formidable pour composer un drame contemporain. Je me suis inspiré des crises des gilets jaunes, du Covid, de la manière dont Emmanuel Macron s’était emparé du pouvoir et de la politique -ce qui m’a rappelé beaucoup d’illustres personnages-. J’ai imaginé un personnage étrange, un conseiller occulte, Vicien, qui serait à la fois la mauvaise conscience et la conscience humaniste et désespérée de ce président. L’idée de Vicien ? Mener le président à sa perte en exacerbant tous ses défauts. Une inspiration de ‘Le roi s’amuse’ de Victor Hugo.»
Le Jeu du président.
Salle Léo Ferré. 17h15. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

La servante de Proust de Georges Belmont
«Céleste Albaret –la femme du chauffeur du grand auteur- fut la gouvernante et la seule confidente de Marcel Proust, indiquait Arnaud Bertrand le metteur-en-scène. Elle se met à son service alors que la guerre de 1914-18 éclate. Elle arrive de Lozère et sait à peine lire et écrire. Alors que ces deux êtres n’avaient rien en commun –elle la campagnarde, lui le dandy mondain à la culture encyclopédique- une solide relation va les lier. Agée de 82 ans Céleste décide d’écrire cette fabuleuse relation.
Salle John Coltrane. 17h35. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Les nouveautés ?
Il y aura ‘Blanche Neige et les sept nains, des frères Grimm, un spectacle jeunes enfants –nominé aux Molière- réalisé avec beaucoup de fougue et de moyens techniques sur le plateau », annonce Julien Gélas. Le spectacle fera la part belle à la musique, à la poésie, des hologrammes et du mapping.
Blanche neige et les 7 nains. Salle Léo Ferré. 9h45 du 7 au 31 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

‘L’Arlésienne’ d’Alphonse Daudet
dont tous les personnages seront interprétés par l’acteur et metteur-en-scène Daniel Mesguich qui commente de sa belle voix profonde : «Alphonse Daudet est le plus grand des acteurs mineurs avec une Arlésienne écrite de main de maître, une histoire implacablement structurée, mathématique. J’avais envie de faire le conteur tout en jouant la pièce. J’interprète tous les personnages : le vieux berger Balthazar, le jeune héros Frédéri, le gardian… La pièce de théâtre a été inspirée à Alphonse Daudet par le neveu de Frédéric Mistral qui s’était suicidé. Sa particularité ? Elle fût accompagnée, en son temps, par la musique de Georges Bizet qui devint célèbre par la suite.
L’Arlésienne. Salle John Coltrane. 10h15. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

‘Fabien de Marcel Pagnol
Sera donné, sur scène, par 9 comédiens. Marcel Pagnol a eu l’idée du texte en parcourant la Foire du Trône. Elle fut sa dernière pièce de théâtre et jouée, pour la dernière fois, en 1956. Sans doute à cause du sujet abordé. Au départ ? Le cirque et le théâtre forain : un monde artisanal, de la magie, des clowns et des monstres. Le thème ? Les violences psychologiques conjugales dans un foyer au cœur du cirque. «J’ai cherché à faire rire le public à travers ce drame, parce que je suis convaincu que le rire ouvre les esprits et l’on peut faire passer plus de messages ainsi, explique Marc Pistolesi le metteur-en-scène. Je n’ai pas voulu dénoncer mais montrer ce qui se passe dans ce foyer qui vit dans un cirque en balançant le public, comme une femme violentée psychologiquement, par une caresse, deux gifles, une caresse, deux gifles. Elle ne sait jamais sur quel pied danser. Dès que l’on rentre dans le drame, l’on rentre dans le rire et dès que l’on rentre dans le rire, l’on rentre dans le drame. Ça virevolte comme la piste aux étoiles, comme le cirque.
Fabien. Salle Léo Ferré. 13h15. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

‘Un amour de Blum’  
Le saviez-vous ? L’ancien président du Conseil Léon Blum –également écrivain et critique littéraire- fut emprisonné en 1940 par le gouvernement de Vichy puis déporté dans le pavillon de chasse de Himmler à 600 m des murs de Buchenwald puis à Dachau. Une jeune-femme déjà mariée, de 27 ans sa cadette –Jeanne Levylier- qui deviendra sa dernière compagne et 3e épouse, le soutiendra de prison en prison, y compris en camps de concentration et dans la terreur d’être fusillés à tout moment. L’homme politique réunira tous les arguments pour répondre au procès qui lui est fait poussant Philippe Pétain lui-même à ajourner celui-ci afin d’éviter qu’un regain de popularité ne mette Blum à l’affiche. Le couple sera finalement sauvé par l’armée américaine et les francs-tireurs italiens. Ce que raconte la pièce ? Cette mystérieuse et improbable histoire d’amour au milieu de l’horreur. «Elle est jeune et solaire, il a 27 ans de plus qu’elle et est l’ami de grands auteurs tels que Proust, Gide… Il tombera fou amoureux d’elle.» raconte le metteur-en-scène Gérard Gélas, précisant que la musique a été concoctée par Julien Gélas.
Un amour de Blum. Salle John Coltrane. 13h30. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin
«C’est parti d’un voyage entre Paris et Avignon où Caroline Rochefort a lu dans l’avion ‘Changer l’eau des fleurs, relate Salomé Lelouch. L’histoire ? Violette Toussaint vit dans un cimetière dont elle est gardienne, partageant le quotidien des fossoyeurs, des personnes qui se recueillent sur les tombes. Une défunte exige d’être enterrée auprès d’un inconnu. Son fils enquête, » raconte Salomé Lelouch. «Violette célèbre la vie dans un lieu de mort qui parle de la mémoire,» relève Mikaël Chirinian, metteur-en-scène avec Salomé Lelouch.
Changer l’eau des fleurs. Salle Léo Ferré. 15h15. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

La délicatesse
C’est au départ un roman de David Foenkinos. « Je voulais faire de ce texte un parcours initiatique. «Phase 1 : On cherche à avoir l’idéal, lorsqu’on l’atteint on le perd, il meurt, affirme Thierry Surace, le metteur-en-scène. Phase 2 : La meurtrissure, le repli sur soi, la victimisation et finalement le combat pour survivre ou pour apprendre à vivre. Phase 3 : Accepter la laideur des choses pour prendre le monde dans sa globalité et de ce fait, pouvoir trouver le bonheur. L’idée ? Que le spectateur suive ce cheminement. Vous ne sortirez pas grandi, mais, j’espère épanoui et content d’avoir entendu un beau texte mis, malgré lui, au théâtre.»
La délicatesse. Salle John Coltrane. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Les passagers de Frédéric Krivine
«Une femme, commerçante Palestinienne, est convoquée par la Police pour recueillir son témoignage sur un attentat à la bombe survenu dans un bus après qu’elle en soit descendu. Ce fait divers a eu lieu en Israël, détaille Julien Gélas et la jeune-femme en a été accusée. Au départ l’interrogatoire plutôt neutre met au jour l’idéologie de la femme. Ce thriller, cette réflexion très minutieuse, dissèque les motivations, les événements qui font que l’on passe à l’acte, que l’on essaie de se révolter, détaillant les tenants et aboutissements. Finalement pourquoi passe-ton de l’esprit au crime ?»  
Les passagers. Salle John Coltrane. 19h30. Du 7 au 31 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Fleurs de soleil de Simon Wiesenthal
«L’histoire se passe durant la 2e guerre mondiale. Un cas de conscience qui parle du pardon », relate lors d’une vidéo Thierry Lhermitte dans ce seul-en-scène. Simon Wiesenthal a passé sa vie à poursuivre les nazis, hanté par l’assassinat de millions de juifs innocents et d’autres comme les handicapés, les homosexuels, les gens du voyage, les résistants… Arrive le moment où il recueille les confessions d’un jeune soldat nazi, Karl, qui lui narre une scène terrible. Se pose alors la question du pardon. Peut-on accorder soi-même la rédemption au nom d’autres victimes ?  Arrêté en 1941 Simon Wiesenthal sera interné dans 5 camps de concentration. Il sera libéré lors de l’invasion soviétique.
Fleurs de soleil. Salle Léo ferré. 19h55. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Le temps des trompettes de Félicien Chauveau
«ici l’on aborde les 36 premières années de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière en faisant écho au monde contemporain, raconte Félicien Chauveau, metteur-en-scène, auteur et comédien. En tant que directeur de troupe j’ai trouvé, dans le temps des trompettes, des correspondances avec ma propre vie : Aller frapper à la porte des princes, chercher des aides à droite et à gauche, des protecteurs, connaitre des déboires, beaucoup voyager.»  
Le temps des trompettes. Salle John Coltrane. 21h20. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 11, 18 et 25 juillet.

Andromaque de Racine
«Il est question de l’héritage des crimes des parents, détaille Robin Renucci en vidéo. Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime son défunt époux Hector pour défendre la vie de son fils, Astyanax. C’est aussi une histoire de guerre, de guerriers, de dette de guerre, et du poids de la guerre chez les enfants. Cela nous touche particulièrement dans le contexte que nous vivons. On retrouve chez Racine souvent 8 personnages, 4 points cardinaux, 4 espaces et un spectacle en diagonale. On parle des parents, des Dieux, des humains. C’est une façon mathématique de raconter une histoire.»
Andromaque. Salle John Coltrane. 21h30. Du 7 au 17 juillet. Relâche le 11 juillet.

Fragments de Hannah Arendt
«Bérengère Warluzel s’est prise de passion pour Hannah Arendt, révèle Charles Berling, m’apportant, pendant le Covid, un assemblage de textes, des fragments tirés de beaucoup de ses œuvres. Le défi ? Trouver l’émotion profonde et donc théâtrale de ce qu’elle raconte. La question ? Comment partager ensemble cette pensée, cette lucidité et cette foi –dans l’être humain- qui nous réveille dans toutes les dimensions qui nous réunissent, ce qui fait le bien commun, qu’on est bien ensemble. Nous avons d’ailleurs été saisis de voir le public bouleversé par cette pensée claire, forte quand nous avions joué l’an passé chez Présence Pasteur. Nous avons réalisé deux versions. L’une avec Bérengère Warluzel seule en scène et l’autre avec ses enfants adolescents : Romane, Isaure, Guilad, et Ariel Oren pour montrer que ces textes sont abordables par tous.»
Fragments. Salle Léo Ferré. 21h30. du 19 au 30 juillet. Relâche le 25 juillet.

Les infos pratiques
Théâtre du Chêne noir. 8 bis, rue Sainte-Catherine à Avignon. 04 90 86 74 87. www.Chenenoir.fr Tous les spectacles ici.


L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Des avant-premières sont proposées depuis un mois dans plusieurs théâtres de la ville.

Sorties de résidence pour certains, répétition générales pour d’autres, visites logistiques: c’est sûr le 56ième festival Off aura bien lieu dans une forme olympique ( plus de 1500 spectacles dans 137 lieux) après 2 années tronquées dues à la crise sanitaire. Il commencera le 7 juillet, en même temps que le festival d’Avignon. A noter que le village du Off déménage non loin de la Scala ( ex Pandora, ex Capitole!).

Vu et apprécié en avant-première…
L’intérêt des avant-premières est le plaisir de découvrir sans avoir forcément choisi, de se laisser séduire sans à priori, de pouvoir plus tranquillement rencontrer les artistes…Bref de se préparer acteurs comme spectateurs dans la sérénité.

C’est ainsi que :
J’ai été sous le charme de «Mon petit cabaret» un spectacle musical qui met en scène pour la première fois ensemble, l’excellente comédienne Béatrice Agenin -Molière de la meilleure comédienne pour « Marie des Poules, gouvernante chez George Sand » – et sa musicienne de fille Émilie Bouchereau. C’est tendre et léger. Proust et Rimbaud ne sont jamais très loin et le spectacle se joue des conventions du cabaret pour nous offrir 1h15 de poésie. Ce spectacle se jouera au Théâtre Au coin de la Lune. Rue Buffon. Du 7 au 30 juillet.15h.

Dans un tout autre genre «Aimer tue», un spectacle écrit par Myriam Grelard et formidablement interprété par François Cracovy, nous plonge dans les méandres judiciaires d’un féminicide. Dès le début nous connaissons les faits mais pas la sentence, qui nous appartiendra à nous, spectateurs de décider à la fin du spectacle. La force de ce texte est de nous tenir en haleine,malgré la tragédie et de nous bousculer dans nos jugements. Le théâtre du Chapeau Rouge devient un prétoire oppressant où amour, justice et folie se bousculent. Belle découverte. «Aimer tue » . Théâtre du Chapeau Rouge. Rue du Chapeau Rouge.17h20.

Mon petit cabaret.

Les esprits chagrins diront qu’un spectacle de mentalisme tel « L’effet papillon » n’a pas sa place dans un festival de théâtre. Je m’y suis moi-même rendue par curiosité avec quelques a-priori. Et là, le choc ! Taha Mansour ne possède peut-être pas de pouvoirs para-normaux ( et encore le doute peut subsister) mais il est assurément un extraordinaire comédien doué de réparties, de bienveillance et de présence. Pendant plus d’une heure nous allons vivre des expériences qui nous interrogent encore, dont le fil rouge est le questionnement en 1972 du scientifique Edward Lorenz « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ». Soyez confiants, soyez curieux. Sham’s bar théâtre. Place Pie. D7 au 30 juillet. 11H30. Relâche le mardi.

A 13h, dans la chaude lumière des gradins extérieurs du Théâtre des Doms, la prestation sans artifice de Lylybeth Merle appelle émotion et respect. Il faut en effet du courage et du talent pour accompagner les spectateurs dans les méandres des transidentités. Lilith(s) , c’est une seule en scène qui nous renvoie codes et injonctions, mélange les genres et nous propose quand elle nous perd un moment d’échanges après la représentation. Lilith(s). Du 7 au 28 juillet. Relâche les 12, 18, 19 et 24 juillet. 13h. Les Doms/Garden Party.1 bis, Rue des Escaliers Saint-Anne. 04 90 14 07 99. www.lesdoms.eu

Les directeurs des scènes permanentes avignonnaises nous offrent également de belles créations que nous avons eu la chance de découvrir en exclusivité.

Il y a en effet quelques pépites à ne pas rater et à promouvoir auprès de nos amis festivaliers de passage. Le magistral « Jeu du président » de Julien Gelas,directeur du théâtre du Chêne Noir rejoint non sans humour la réalité du pouvoir et des crises politiques que nous traversons. Au théâtre des Doms, Salim Djaferi s’empare des mots et de la « Koulounisation » en enquêtant surnotre proche histoire coloniale. La création d’Alain Timar au Théâtre des Halles « L’installation de la peur » saura nous réjouir-malgré le titre- et nous entraîner dans un huis clos grinçant. Le « Petit boulot pour vieux clown » joué au Théâtre du Balcon, dernière création de Matei Visniec sur une mise en scène de Virginie Lemoine, consacre trois formidables comédiens : Pierre Forest (Molière 2017 – Edmond), Serge Barbuscia et Richard Martin. Il y aura aussi la reprise de « Le parfum de femme » de Gérard Vantaggioli au théâtre du Chien qui Fume, truculente comédie italienne.

La parade d’ouverture du festival Off Avignon fait son grand retour pour cette 56e édition ! Elle se tiendra le mercredi 6 juillet à 17h à la place des Carmes pour un départ à 17h30 et une arrivée à 19h00 au Village du festival Off .

Festival Avignon Off. du 7 au 30 juillet. Village du Off. 6 rue Pourquery Boisserin. Avignon.


L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Racheté en octobre 2021, le cinéma Pandora, situé en Avignon, devient la Scala Provence et devrait ouvrir ses portes à temps pour le Festival Off qui débutera le 7 juillet prochain.

Le bâtiment qui a accueilli le cinéma le Capitole, puis le Pandora, prend une toute autre forme et devient la Scala Provence. Sous la gestion de Mélanie et Frédéric Biessy, ce futur lieu de création théâtrale, mais aussi musicale, est pour le moment en travaux. Les échafaudages et les éclairages de chantier seront bientôt remplacés par des fauteuils, les ouvriers par des comédiens et les bruits de perceuse par le son des applaudissements.

Pour le moment, si ce chantier colossal paraît loin d’être fini, ses travaux devraient en réalité être terminés d’ici la fin du mois de mai et tout le matériel installé à la mi-juin. « Nous avons un emploi du temps bien chargé, nous restons confiants car pour l’instant nous sommes dans les temps par rapport à ce que nous avions prévu », affirme Frédéric Biessy, producteur de spectacle depuis plus de 30 ans. Une vingtaine d’entreprises et d’artisans travaillent quotidiennement pour faire de ce lieu la Scala Provence.

Mélanie et Frédéric Biessy. ©Vanessa Arnal

Des travaux colossaux

Racheté en octobre dernier par le couple, le bâtiment n’avait pas accueilli de visiteurs en son sein depuis 2018. L’espace de 3000m² qui s’élève sur quatre niveaux fait l’objet de travaux titanesques. Ce lieu situé au 3 Rue Pourquery Boisserin, a dû subir d’importants aménagements comme le renforcement de ses fondations et de ses murs porteurs, qui menaçaient de s’effondrer. « Il a fallu retourner toutes les pierres et vérifier les fondations qui étaient brinquebalantes », explique Mélanie Biessy, directrice de la société d’investissement en infrastructure Antin Infrastructure Partners.

Les propriétaires, qui avaient prévu un coût total de 1,5 millions d’euros pour ces rénovations, ont en fait dû augmenter leur budget. Ce dernier s’élève à plus que le double de ce qui était initialement prévu puisque les travaux vont finalement coûter 3,7 millions d’euros. Mélanie et Frédéric Biessy garantissent que le théâtre sera prêt avant le lancement du Festival Off d’Avignon. Les murs et plafonds de la Scala seront repeints de la teinte de bleu éponyme, les fauteuils, également bleus, seront prêts à accueillir les spectateurs, et les quatre salles de spectacle pourront accueillir les artistes.

L’entrée de la Scala Provence. ©Vanessa Arnal

Avignon, un choix évident

Si la Scala est déjà implantée à Paris depuis maintenant six ans, ses propriétaires ont souhaité lui créer un « bras méditérannéen », comme ils l’appellent. Quel meilleur endroit pour implanter un second établissement et faire vivre les arts de la scène que la capitale même du théâtre ? La ville d’Avignon, bien connue pour ses festivals In et Off, s’est présentée comme une évidence pour le couple parisien.

« Notre objectif n’est pas d’ouvrir un énième théâtre pour apporter de la concurrence, développe Frédéric, mais de créer une harmonie avec les Avignonnais déjà en place, les piliers du festival. » Avec une programmation imaginée en corrélation avec les artistes, la Scala permettra aux disciplines du théâtre et de la musique de rayonner en un même lieu.

Ce à quoi va ressembler la Scala une fois les travaux achevés. ©La Scala

Un projet au-delà du Festival d’Avignon

Si le projet de la Scala Provence va enfin voir le jour aux prémices de la prochaine édition du Festival Off en juillet prochain, l’établissement compte bien être à son apogée également le reste de l’année. Le bâtiment, qui sera inauguré le 6 juillet prochain, pourra accueillir jusqu’à 1000 spectateurs et sera non seulement dédié à toute forme d’art, mais il sera aussi un lieu de vie consacré à la rencontre.

À terme, Mélanie et Frédéric aimeraient installer une librairie au sein des quatre murs de la Scala. Plusieurs appartements et un bar-restaurant font également partie du projet. « Nous aimerions que les visiteurs puissent déjeuner et dîner avec les artistes », développe Frédéric. Les salles de spectacle, quant à elles, sont isolées avec de l’acoustished, qui permet de les insonoriser sans pour autant étouffer la réverbération, ce qui leur permettra de se métamorphoser en studios d’enregistrement durant l’hiver.

Les murs des salles de spectacle ne sont pas parallèles, ce qui n’est « pas pratique pour réaliser le plan des lieux », selon Frédéric, mais cela offre une belle acoustique aux artistes. ©Vanessa Arnal

En dehors du Festival d’Avignon, la Scala Provence ne s’endormira pas et continuera de vivre et de faire vivre l’art sous toutes ses formes. Frédéric et Mélanie Biessy ont une volonté de créer une « chaîne vertueuse entre les deux Scalas ». Certains spectacles pourront passer de la Provence à la scène parisienne.

La grande salle de la Scala est la plus grande du Festival d’Avignon, avec environ 450m² de surface et une capacité de 620 places assises. ©Vanessa Arnal

L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Hier, 8 mars célébrait les Droits des femmes, et c’est Olympe de Gouges que l’on a retrouvée au Théâtre du Balcon, à Avignon, interprétée par l’excellente Céline Monsarrat (La voix française de Julia Roberts). Dans ce seul en scène qui file comme un conte cruel du réel, on retrouve celle qui fût la fondatrice des Droits de la femme et de la citoyenne. Cette femme hors norme intrigue par la justesse de sa pensée, sa modération, sa bienveillance et surtout sa volonté d’indépendance.

Inspirée
La comédienne, Céline Monsarrat, très inspirée par ce destin extraordinaire, révèle l’histoire et le cheminement de cette femme pas comme les autres. Par touches sensibles, dans un rythme soutenu, elle nous éclaire sur le secret de sa naissance, ses engagements et surtout sur le procès expéditif qui la fit comparaître devant de célèbres avocats devenus Bourreaux : Danton, Robespierre, Fouquet-Tinville qui ne permirent pas aux résidents de la Conciergerie d’être défendus.

Ovationnée
A la fin du spectacle la salle pleine à craquer du Théâtre du Balcon offre un tonnerre d’applaudissements ainsi que deux rappels à la Céline Monsarrat, habitée par le rôle, alors que les larmes creusent des sillons sur son visage.

Elle fit sa révolution
Elle porte haut Olympe de Gouges et nous invite à relire l’histoire, notamment l’époque de la terreur. Nous sortons de la salle à nouveau alertés par un passé assassin, les convictions et le courage d’une femme qui bouscula les codes pour gagner en liberté et en partage. Aujourd’hui ? Le chemin qu’elle a commencé à tracer par le sang de sa décapitation a encore besoin d’être emprunté. N’est pas Olympe de Gouges qui veut.

Le saviez-vous ?
Olympe de Gouge a demandé : « la création d’une caisse patriotique ‘pour que celui qui a donne à celui qui n’a pas’ ; l’Éducation publique pour les garçons et les filles ; des maternités ‘où les femmes y accoucheraient dignement’ ; des maisons de repos décentes pour les aînés ; des ateliers nationaux pour les ouvriers ; des foyers d’accueil pour les mendiants ; des orphelinats pour les enfants trouvés ; la reconnaissance pleine et entière pour les enfants nés hors mariage et leur libre accès pour leur recherche en paternité ; un contrat civil signé entre concubins qui ne tiendraient pas à se marier. »

Une exposition
Un exposition sur Olympe de Gouges intitulée Droits humains et égalité réside actuellement dans le péristyle bas de l’Hôtel de ville d’Avignon jusqu’au 14 mars.


L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Nous nous sommes rencontrés à la toute fin du mois d’octobre. L’assemblée générale du festival off n’avait pas encore eu lieu. Lors de cette discussion informelle, nous avons fait un tour d’horizon du festival de l’été 2021 et de son ambition future d’une rencontre artistique responsable socialement et économiquement. Ce que promeut Nikson Pitaqaj ? Un modèle économique qui tienne la route pour tous : artistes, lieux et publics afin que le théâtre puisse tenir sa plus belle promesse, être accessible à tous.

Nous avons, tout d’abord, entamé notre discussion sur sa sensibilité artistique. Nikson Pitaqaj évoque alors le travail d’Ariane Mouchkine, le sens visuel de Kantor, Tchekov, les textes de Nino Noskin, Jules Romains, Vaclav Havel, Dostoïevski, Kleist…

Au départ
«Au départ je n’étais pas destiné à venir à Avignon parce que je ne suis pas un enfant du festival. J’ai créé des festivals, en Seine-Saint-Denis (93) de 2004 à 2007, autour du Kosovo, de la Bosnie, de l’Albanie et un festival Balkanique. L’objectif ? Rassembler tous les balkaniques et les français travaillant sur cette culture. Ça a été très compliqué et en même temps magnifique. Parce que j’ai ce côté ‘venu d’ailleurs’, je peux aller partout sans crainte, même dans les zones dites de non-droit. J’ai pu travailler avec tout le monde parce que je ne rentre pas en conflit. Désormais je travaille plus vers le Nord, à Calais et dans le Pas-de-Calais, avec les habitants de l’ancien bassin minier.»

Mon parti-pris ? C’est de ne pas en avoir !
«Je travaille sans parti pris, vraiment sur les traces de Jean Vilar. Je n’ai pas de démarche intellectuelle mais une démarche artistique et physique. Au contraire de lui qui aimait employer les costumes, une mise en scène très posée, mon format théâtral est plus proche de Grotowski, de Kantor, des auteurs des pays de l’Est où le théâtre se déploie à partir du seul jeu de l’acteur. Je pars d’un plateau complètement nu, ce qui était impossible il y a quelques années, car en aucun cas le décor ne doit cacher les défauts du travail et du jeu du comédien. Le décor doit venir soutenir le travail, le propos de celui-ci. Cela fait 25 ans que je fais de la mise en scène et cette sobriété de décors et de costumes, qui met en avant le comédien, parle à beaucoup de gens, y compris ceux qui pensent que le théâtre n’est pas fait pour eux. C’est en cela que je fais le lien avec le festival off.»

Le festival d’Avignon Copyright Mireille Hurlin

Venir à Avignon ?
«C’était vraiment contre ma volonté. Moi ? Je m’épanouis à travers la vie, la dynamique d’une troupe, dans une communauté de travail mais pas de vie ensemble. Je suis d’ailleurs co-directeur de la ‘Compagnie libre d’esprit’, une co-direction partagée avec une directrice, notamment depuis que je travaille à Avignon. Ce que j’aime ? Le travail d’équipe, dans ma compagnie chaque voix est aussi importante que la mienne, la mienne ne prévalant que dans la direction d’acteur où je suis le regard extérieur de la mise en scène. Il y a quelques années, notre compagnie avait besoin de développer ses dates de diffusion, c’est alors qu’une comédienne a suggéré de venir à Avignon. Je ne voulais pas parce que je ne savais pas comment appréhender ‘ce marché du travail du théâtre’, même si je ne suis pas dupe et que cette connotation économique est prégnante dans tous les festivals. Nous avons voté à bulletin secret, j’ai perdu et je me suis plié à la majorité. Nous avons joué à l’Espace AlyaAudience’ une pièce de Vaclav Havel, et Knock de Jules Romains. Nous avons fait complet !»

Ce qui ne collait pas
«C’est là aussi que j’ai compris que plein de choses ne collaient pas et notamment le fait que les compagnies ne soient pas impliquées dans la vie associative du Festival off. Nous avons fait un bilan à la fin du festival avec l’équipe. Nous sommes tombés d’accord sur le fait de continuer Avignon à condition de devenir adhérent et de s’engager. On pourrait dire que c’est arrivé par hasard mais non, parce que j’ai toujours été guidé par la justice sociale et je voyais que les plus fragiles étaient laissés pour compte. C’est ainsi que je me retrouve à candidater pour intégrer le Conseil d’administration, et au bout d’un an, voilà que Greg Germain s’en va. Mes collègues du Conseil d’administration me proposent de devenir vice-président. Mon objectif de l’époque ? Il est très précis : créer un fonds de soutien pour aider les compagnies ; mutualiser le plus possible les moyens pour que les troupes puissent financer leur production sans pour autant intervenir dans le lien entre les lieux et les compagnies.»

Quels modèles économiques pour les lieux ?
«Je ne suis pas partisan de faire baisser les prix. En revanche je suis intrigué par le fait que les lieux n’affichent pas clairement leur modèle économique. Cette absence d’information créé du fantasme car les lieux ne gagnent pas des millions. Certains s’en sortent mieux que d’autres mais beaucoup de petits lieux ne gagnent rien à la fin du festival. Certains sont même véritablement en galère. Est-ce la différence entre les théâtres subventionnés et ceux qui ne le sont pas ? Je ne crois pas car les subventions interviennent pour un travail effectué tout au long de l’année. En étant plus transparents et ouverts, les lieux éviteraient d’être critiqués. D’ailleurs la crise de la Covid l’a démontré, c’est vraiment dur. Et ce manque de transparence peut fragiliser les compagnies qui peuvent subir l’augmentation des tarifs de location qui ne sont pas le fait des lieux mais du bailleur qui augmente son loyer. De fait les compagnies qui ne possèdent pas ces éléments d’information pensent que les lieux se font des millions, alors que ce n’est pas le cas. Cet état de faits m’empêchait parfois de prendre la parole parce que tout le monde n’était pas au même niveau d’information. Cependant mon rôle reste inchangé, je défends les artistes pour que le spectacle puisse être vu par le plus grand nombre. L’artiste est celui qui questionne, qui dérange. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que l’artiste doit à tout prix déplaire, mais il n’est pas obligé, non plus, de chercher à plaire.»

Le bilan Juillet 2021
«Pour moi le bilan du festival off 2021 a été extraordinaire sur le plan humain parce que le festival a eu lieu car, rappelez-vous, le festival off 2020 n’a pas eu lieu. Le festival a été au-delà de mes espérance et rêves les plus fous. Nous avons tout fait, avec l’équipe, pour qu’il ait lieu, y compris sans public même si c’aurait été un vrai drame. Alors que certains ont parlé de résistance, nous, nous avons travaillé pour qu’il ait lieu sans prononcer de mots aussi forts. Pourquoi ? Parce que c’était notre devoir en tant qu’artistes, organisateurs du festival de faire en sorte que nos partenaires publics, privés, le préfet en tête, n’aient pas le choix. Nous avons tous été fiers : équipe du festival off, équipe du Festival d’Avignon, acteurs locaux et nationaux. J’ai vu des artistes heureux, des publics enchantés.»

Copyright Mireille Hurlin

Dans les faits ?
«Dans les faits ? Nous accusons une baisse de 40% des ventes du cartes du Off, moins 20% de billets d’entrée dans les théâtres par rapport à l’année 2019 qui, pour rappel, avait été exceptionnelle. 2/3 des compagnies ont été présentes, pratiquement tous les lieux ont ouvert – à l’exception de 8- avec cependant moins de créneaux. Là aussi la DGCA (Direction générale de la création artistique) s’est engagée auprès des lieux proposant une aide au cas par cas en fonction des pertes subies et prouvées. Oui, l’association est fragilisée mais nous allons nous en sortir, le Ministère de la culture s’étant engagé à nous aider sur la perte financière subie.»

Les compagnies
«Les compagnies ont apprécié qu’il y ait moins de créneaux et certains lieux aussi. Dans un sens, cela permettait à tous d’être plus apaisés, moins dans la course. Ça a d’ailleurs été le mot du président du festival off, Sébastien Benedetto : ‘Nous avons vécu un festival raisonnable et donc apaisé’. C’est d’ailleurs paradoxal car nous étions dans l’année la plus fragile, dangereuse et délicate et puis… il y a eu cette période de calme qui a offert plus de temps aux compagnies, aux lieux et aux publics de s’installer, de se concentrer et de donner le meilleur d’eux.»

Un accord pour les dates entre le In et le Off ?
«Nous avons envoyé Sébastien Benedetto et moi-même un courriel dans ce sens à Olivier Py et Paul Rondin afin d’en discuter et qu’ils nous indiquent leurs dates car ce sont à la fois les membres du Conseil d’administration et les adhérents qui les choisissent pour le festival off. A titre personnel j’aimerais que nous ayons les mêmes dates, maintenant je comprends que des compagnies veuillent jouer le plus longtemps possible afin d’être visibles. Cependant nous sommes aussi obligés de nous plier au calendrier scolaire puisque des lieux s’installent aussi dans les murs des établissements scolaires. Nous sommes aussi contraints par la dimension internationale du festival de théâtre, par la disponibilité des artistes et par un public déjà très présent début juillet et bien moins en fin de mois. En 2019 j’avais cependant eu l’impression que le public s’était attardé dans les salles en fin de mois. En 2021, oui, la dernière semaine de juillet a été désertée sans que je puisse analyser si cela était dû au Pass sanitaire ou à l’absence de festival In. Cette dernière semaine du mois de juillet reste effectivement un problème.»

Copyright Mireille Hurlin

Essentielle question
«La question essentielle ? Avons-nous une ville et un festival qui peut accueillir autant de spectacles si longtemps ? Actuellement ? Le festival s’étend sur 25 jours dont des jours comprenant des relâches. Entendons-nous bien, c’est une chance de vivre au cœur d’une ville baignée dans un festival pendant un mois cependant le public, vieillissant, n’est pas suffisamment nombreux pour se rendre à autant de spectacles. Également, ‘coller’ aux dates du In ne sera pas suffisant pour régler ce problème. Ramener le festival à 21 jours –du 7 au 27 juillet 2022- permettrait peut-être aux compagnies comme aux lieux de moins souffrir. L’âge moyen du festivalier est de 57 ans, avec une majorité de femmes aux revenus moyens –dont beaucoup d’enseignants-. Il est vrai que participer au festival revient cher puisqu’il faut venir, se loger, se nourrir, acheter des places de spectacles, repartir, tout cela a un coût…»

Un festival de seuls-en-scène ?
«La conjoncture économique pousse à rationaliser les dépenses. Ainsi, ne risque-t-on pas de faire du festival off un festival de seuls-en-scène qui coûtera moins cher que de faire venir des troupes ? C’est à cela que répond le fonds de soutien des compagnies avec les aides directes et indirectes ! Également les Villes, les Régions, les Départements subventionnent les compagnies pour qu’elles puissent venir à Avignon. Le festival d’Avignon est un écosystème qui évolue, s’affranchissant des remparts avec des propositions ‘Hors les murs’, le rôle d’AF&C est de l’accompagner pour qu’il s’épanouisse dans un terreau fertile où compagnies, lieux, partenaires et institutions créent ensemble une dynamique artistique au rayonnement international.»

Nikson Pitaqaj, lors de notre rencontre à la toute fin du mois d’octobre 2021, enthousiaste du bon déroulement du Festival off d’Avignon malgré la pandémie de la Covid 19

Qui est Nikson Pitaqaj ?
Nikson Pitaqaj, Albanais du Kosovo, est comédien, metteur-en-scène et auteur dramatique, après des études de cinéma à l’Ettic (Etudes sur le terrain des techniques de l’image cinématographique), c’est vers le théâtre que le pousse sa sensibilité, pour participer et vivre au cœur de cette dynamique artistique collective. Ses thèmes de prédilection ? La peur, la folie humaine, le rejet de l’autre. Nikson Pitaqaj a fondé sa compagnie ‘Libre d’esprit’ en 2001.

Quelques chiffres
En 2021 le festival se déroule du 7 au 31 juillet avec 1 123 spectacles.
En 2020 le festival se déroule du 3 au 26 juillet alors que le Festival d’Avignon (le In) est annulé à cause de la Covid. Les théâtres dont les directions sont indépendantes, sont libres d’ouvrir ou non.
En 2019 le festival se déroule du 5 au 28 juillet et affiche 1 592 spectacles.
En 2018 le festival se déroule du 6 au 29 juillet avec 1 538 spectacles dans 133 lieux.
En 2017 le Festival off a lieu du 7 au 30 juillet et propose 1 480 spectacles dans 128 lieux et 119 théâtres.

Petit historique non exhaustif du Festival Off
2010, Le village du Off
Le village du Off propose des rencontres et des débats entre le public, les professionnels et les artistes ainsi qu’un bal de clôture.

Greg Germain (acteur et directeur de la Chapelle du verbe incarné) sera président de l’association de 2009 à 2015, Raymond Yana, directeur de l’espace Alya en prendra la présidence en 2016 puis Pierre Beyfette de 2016 à 2020, et enfin Sébastien Benedetto depuis janvier 2021.

Copyright Mireille Hurlin

2008
Le Off renoue avec la Grand parade du Off qui a lieu la veille de l’ouverture du Festival off en présence des troupes, d’artistes de la tradition circassienne. Celle-ci démarre du cours jean Jaurès pour suivre la rue de la République et s’installer, pour quelques minutes, en haut de la place de l’horloge sur le parvis du palais des papes.

2004
En 2004 une nouvelle association Alfa, entre en dissidence avec Alain Léonard qu’elle taxe d’immobilisme et édite un deuxième programme en 2004 et 2005. Alain Léonard donne sa démission et André Benedetto créé Avignon Festival et Compagnie qu’il préside de 2006 à sa mort en 2009, poste que prendra Greg Germain.

Le conflit des intermittents en 2003
En  2003, le intermittents du spectacle se battent pour conserver le régime spécifique d’assurance chômage remis en question par le Gouvernement de l’époque. Bernard Faivre d’Arcier, alors directeur du festival d’Avignon, décide de l’annuler. Le Festival Off a lieu mais peu de gens en dehors des ‘locaux’ font la distinction entre le festival d’Avignon et le Festival Off. Ainsi, l’ensemble de la presse parisienne fait état de l’annulation du Festival sans soupçonner que le Festival Off a bien lieu. Pourtant beaucoup de troupes de comédiens jouent et essaient de remplir les salles contrant une information régionale et nationale qui les ignore.

Alain Léonard est le fondateur et président de l’association Avignon Public Off (APO) de 1982 à 2004. Il créé le 1er programme en 1982. C’est avec lui que le Festival d’Avignon connaît son véritable essor et la professionnalisation. Son souhait ? Rassembler les compagnies. Il créé la Maison du Off en 1988 pour que les compagnies et le public se rencontrent.

Copyright Mireille Hurlin

1970, temps de l’expansion
D’une quarantaine de spectacles en 1970, le festival off en dénombre plus de 1 300 en 2015. En 1982, Alain Léonard créé un programme répertoriant tous les spectacles du Festival off ainsi qu’une carte ‘Avignon Public Off’ qui propose une réduction de 30% sur le prix des entrées de spectacles. Le coût de la carte est amorti au 3e spectacle.

André Benedetto, Directeur du théâtre des Carmes qu’il créa en 1963 est considéré comme le fondateur du Festival off en 1967, ‘dans un geste de révolte contre l’institution’. Il sera président de l’association Avignon Festival et Compagnie qu’il créa en 2007 et jusqu’à sa mort en 2009. Il fera débuter au théâtre Daniel Auteuil, à 16 ans, en 1966, dans ‘la Demande en mariage de Tchekov’. En 2011 il fait jouer Philippe Caubère dans ‘Urgent crier’ et Jean-Claude Drouot dans ‘Lear et son fou’.

La contestataire histoire du Off
Le festival off né en 1966 lorsqu’André Benedetto propose une représentation de sa pièce intitulée ‘Statues’, au théâtre des Carmes. Un acte ressenti comme une provocation par Jean Vilar qui a créé le Festival d’Avignon en 1947. L’année suivante, en 1967, André Benedetto propose ‘Napalm’ sur la guerre du Vietnam et est rejoint par plusieurs compagnies, 7 spectacles sont donnés. Le Off est né. En 1968 ‘La paillasse aux seins nues’ donnée par Gérard Gélas est interdite par le préfet du Gard. Le Living theatre, invité officiel du festival et Gérard Gélas se lignent contre Jean Vilar. Les comédiens du théâtre du Chêne noir (sans l’accord de Gérard Gélas) et le Living theatre perturbent la représentation de Maurice Béjart le 19 juillet 1968 en montant sur scène à la Cour d’honneur.

Copyright Mireille Hurlin

L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

L’histoire 

Trois frères se retrouvent en bordure de forêt près de la rivière où leur père les emmenait pêcher. Le plus jeune est sur le point de se marier, le cadet, spécialiste de l’art est venu tout exprès pour l’occasion, tandis que le frère aîné est attendu. Pourtant il se passe quelque chose de bizarre. Ils auraient jurés être tous ensemble dans un camion juste avant de se retrouver sur le lieu de leur enfance.

Le plateau

Un plateau plongé dans le noir. Des plots posés au sol orchestrent un espace de forêt en bord de rivière. Derrière une tenture, le violon égrène ses mélodies, parfois hachées, vives, lentes, harmonieuses, rythmant le récit de ces anciens enfants perdus dans leur vie d’adulte. Puis l’histoire déroule sa trame, chacun y apportant sa sensibilité. Peu à peu ces parties de vie forment un tout, délivrant le secret de chacun puis de toute une famille. Il était une fois un homme qui avait trois fils. Ils étaient tout pour lui mais eux quelle était leur place auprès de lui ?

Les comédiens

Trois silhouettes en chemise blanche et pantalon anthracite dans le noir. Trois hommes dans une chorégraphie réglée au millimètre. Trois personnalités campées pour incarner un texte ciselé à la hache à la fois subtil, féroce, poétique et vibrant. Trois comédiens à la fois bouleversants de justesse et puissants dans leur jeu. Un magnifique moment de théâtre d’où l’on sort bouleversés par toute cette mécanique, prodige d’un travail d’équipe aussi intelligent qu’abouti. Car le propos est profond. L’exécution du jeu, particulièrement exigeant et les acteurs, chose très rare, jouent d’égale qualité. Un vrai grand moment de théâtre.

Grâce à eux

Le chemin des passes dangereuses. De Michel Marc Bouchard, sur une mise-en-scène de Claude Crétient et une scénographie de Dominique Fataccioli. Les comédiens sont Mikaël Alhawi, Willy Lietchy et Franck Borde. Ambroise Chevalier est au violon. Une production de la Salamandre.

Les infos pratiques

Le Chemin des passes dangereuses. Jusqu’au 31 juillet à 20h50. Théâtre des Corps Saints à Avignon. 76, place des Corps saints. Réservations 04 90 16 07 50.


L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Réunis en conférence de presse au Village du Off le 29 juillet, Nikson Pitaqaj, Sébastien Benedetto respectivement directeur délégué et président d’Avignon festival et compagnie (AF&C) et Victor Quesada Perez vice-président des compagnies ont donné les chiffres non exhaustifs du pré-bilan de cette 55e édition du Festival Off qui s’est déroulée du 7 au 31 juillet 2021. Résultat ? L’année 2021 serait très proche de l’année 2012, en terme de fréquentation. L’info en plus ? Nikson Pitacaj promet une immense surprise ce soir, à partir de 23h, pour la dernière soirée du Village du Off.

Les spectacles

1070 spectacles ont eu lieu contre 1 592 en 2019 ; 923 créations ont été données ; 752 compagnies françaises étaient au rendez-vous ; 66 étaient étrangères. Le festival off d’Avignon s’est déroulé dans 116 lieux tandis qu’ils étaient 124 en 2019 et 49 spectacles ont été donnés en langues étrangères.

Les genres

101 spectacles étaient dévolus au jeune public contre 159 en 2019 ; 396 spectacles ont fait la part belle au théâtre contemporain ; 149 spectacles étaient humoristiques. 83 spectacles étaient des ‘seul en scène’ ; 153 étaient musicaux ; 52 étaient dédiés au théâtre classique 23 au cirque contemporain ; 38 au théâtre d’objet et 69 à la danse.

Les spécificités

315 spectacles étaient accessibles aux personnes présentant une déficience visuelle et 186 aux personnes présentant une déficience auditive ou n’étant pas francophone.

Les dispositifs

Le fonds de soutien à la professionnalisation

En 2021, 206 713€ ont été attribués au titre d’aides. 65 spectacles ont été lauréats du dispositif et 197 artistes ont ainsi été soutenus. Créé en 2017 par AF&C, le fonds de soutien permet de lutter contre la précarité des artistes qui participent au festival Off. Les compagnies soutenues reçoivent une aide de 50€ par jour et par artiste au plateau.

Les éco-packs

309 Eco-packs ont été commandés en 2021. Depuis 2017, AF&C propose un service de mutualisation des impressions d’affiches et de tracts : les Éco-Packs. Cette solution permet aux structures participantes de réduire leurs frais de communication et de participer à la transition éco-responsable du festival Off Avignon. Les supports sont imprimés localement, en quantités limitées, sur du papier recyclé (certifié PEFC) avec des encres végétales.

Ticket’Off

Au 28 juillet 2021, 75 695 places ont été achetées sur Ticket’off soit 75 695€ reversés au fonds de soutien à la professionnalisation pour les artistes. Ticket’Off est la billetterie solidaire en ligne développée par Avignon Festival & Compagnies. Les compagnies et théâtres qui participent au festival choisissent ou non de mettre en vente le nombre de places de leur choix sur la plateforme. Sur chaque place vendue, 1€ de frais de gestion est reversé au fonds de soutien à la professionnalisation. Dans le détail qui cela a-t-il concerné ? 51 677 places au tarif abonné ; 19 650 places plein tarif ; 3 925 places enfant et 443 tarif jeune abonné.

Les cartes d’abonnement ‘public

Au 28 juillet –soit 3 jours avant la fin du festival- 36 342 cartes ont été vendues contre 66 786 en 2019. Cette carte d’abonnement offre aux spectateurs 30% de réduction sur les places de spectacles du festival Off d’Avignon. Elle permet aussi d’accéder aux soirées et concerts au Bar du Off. AF&C met aussi en place des partenariats pour offrir des avantages et tarifs réduits aux porteurs de la carte, l’objectif étant de faciliter l’accès aux lieux de culture et de patrimoine de la ville. Les recettes générées par la vente des cartes d’abonnement assurent pour partie le financement du programme et les divers projets d’AF&C dont le développement des dispositifs de soutien à l’emploi des artistes et à la création. Dans le détail, 23 826 cartes de 26 ans et plus ont été vendues ; 5 345 cartes tarif grand Avignon ; 4 591 cartes tarif jeunes 12-25 ans ; 2 206 cartes tarifs réduits et 260 autres cartes : réseaux transports partenaires, Pass culture, Cofees (Collectif des festivals éco-responsables et solidaires)…

Offre billet Région Sud

114 cartes ont été offertes par la Région Sud. Pour soutenir la reprise du secteur culturel fortement impacté par les conséquences de la crise sanitaire, la Région Sud a mis en place une offre Billet découverte. Avignon Festival & Compagnies a proposé cette offre aux publics du festival Off Avignon qui habitent en région Sud. Pour l’achat d’une carte d’abonnement public, la Région Sud offre la deuxième.

Les accréditations professionnelles

2 087 professionnels ont été accrédités contre 3 250 en 2019.1 664 professionnels du spectacle vivant contre 2 640 en 2019 et  423 professionnels de la presse contre 605 en 2019. Les recettes générées par la vente des cartes d’accréditation professionnelle -hors carte presse gratuite- sont entièrement reversées au fonds de soutien à la professionnalisation d’Avignon Festival & Compagnies.

Les soirées et concerts au Bar du off

Le Bar du Off a été ouvert du 7 au 30 juillet, de 23h à 2h du matin. 19 concerts (groupe live et DJ Set) ont été organisés réunissant en moyenne 600 personnes chaque soir. La dernière grande soirée du Festival au Village du Off se tiendra ce soir à partir de 23h et, selon Nikson Pitacaj, « fera l’objet d’une très grande surprise dont ont parlera encore longtemps après ! »

De gauche à droite, Nikson Pitaqaj, Sébastien Benedetto respectivement directeur délégué et président d’Avignon festival et compagnie (AF&C) et Victor Quesada Perez vice-président des compagnies

L’installation de la peur, la dernière création d’Alain Timar au Théâtre des Halles

Nikson Pitaqaj, Sébastien Benedetto respectivement directeur délégué et président d’Avignon festival et compagnie (AF&C) et Victor Quesada Perez vice-président des compagnies ont fait un pré-bilan chiffré de cette 55e édition du festival Off qui a lieu du 7 au 31 juillet 2021. L’année 2021 fait écho à 2012 en termes de chiffres. Pas folichon mais pas non plus désastreux, à condition, cependant, que la Covid 19 se calme d’ici l’été 2022.

Alors que l’inquiétude régnait pour ce festival d’Avignon, Nikson Pitaqaj a évoqué un festival apaisé dans une étrange époque faite d’incertitudes. Ce qui étonne ? Toutes les disciplines –théâtre jeune public, contemporain, classique, humour et tutti quanti étaient bien au rendez-vous. «Un festival exceptionnel par sa diversité,» a tenu à souligner le directeur délégué d’origine kosovare. «Tout, le programme, le site, l’appli, a été difficile à mettre en place dans une période très courte mais notre projet est de soutenir les artistes avant tout, notamment via le fonds de soutien et les Eco packs (mutualisation de l’impression des affiches).

Les chiffres de 2019 viennent en écho à ceux de 2012

«Je ne sais pas si nous avons été héroïques –je fais là un clin d’œil à notre grand frère (Le festival d’Avignon)- s’est amusé Victor Quesada-Perez, mais un grand merci à ceux qui ont porté le festival et au public bienveillant. Le bilan est positif. La dernière année où nous avions ces mêmes chiffres : 1 000 spectacles et à peu près autant de cartes d’abonnement public -36 342 cette année- était en 2012 ! Ce n’est pas glorieux mais nous sommes retombés sur nos pattes !»

Coup d’arrêt et dates qui s’entrechoquent entre le Off et le In

Nikson Pitaqaj relève que le festival, la première semaine, a démarré très fort. Une dynamique qui se trouvera stoppée net, le 12 juillet, lors de l’annonce du Gouvernement de la mise en place du Pass sanitaire à partir du 21 juillet. Son sentiment ? «Il me semble que les spectateurs qui ont acquis la carte d’abonnement sont allés voir plus de spectacles qu’en 2018 et 2019.» Côté Village du off  «Si celui-ci a nettement été moins fréquenté en journée, les soirées, après 23h, ont été très suivies.»

Le temps des regrets

«La dernière semaine du festival s’annonce difficile avec peu de public dans les salles, détaille Nikson Pitaqaj. Un fait corroboré par la fin du festival d’Avignon qui a eu lieu le 25 juillet –et débuté le 5- et qui impacte le festival off. Je regrette l’annonce du Pass sanitaire et l’arrêt du Festival d’Avignon une semaine avant la fin du festival off. Beaucoup de lieux ne peuvent pas être mis en place la première semaine de juillet en raison des vacances scolaires. Je pense, à titre personnel, qu’il serait mieux de concevoir un festival in et off aux mêmes dates, car il est important de travailler ensemble, particulièrement en ces temps difficiles.»

La difficulté de la dernière semaine de juillet

«Proposer des spectacles lors de cette dernière semaine de juillet a été souhaité par les théâtres comme les compagnies, relève Sébastien Benedetto, même si l’on sait qu’elle connaît un fléchissement du public. Mais nous votions en novembre et peut-être avons-nous fantasmé un festival différent parce que les compagnies étaient exsangues. Un mois de juillet sans les contrôles des Pass sanitaire. Les compagnies avaient aussi besoin de réaliser leurs cachets car 22 dates ce sont 22 cachets. Ce n’est pas l’annonce du 12 juillet –du Pass sanitaire- qui nous a fait mal mais celle du 15 juin qui promettait un été sans masques et presque sans contraintes. Nous étions tous prêts à jouer avec 65% de jauge.»

Une exception ?

Une compagnie présente à la conférence de presse relève : «Lors de cette dernière semaine de juillet, nous faisons le plein avec les Avignonnais et des personnes qui ne sont jamais venues au théâtre ! Certains publics ne savent ni lire ni écrire et, pourtant, pour la 1er fois et maintenant, ils viennent au théâtre ! Je n’avais jamais vu cela auparavant, dans ma vie !»

Pas d’accord !

«La décision des dates du In n’est pas réfléchie ni démocratique, elle n’est pas concertée avec les collectivités territoriales, entame Victor Quesada Perez. Elle vient de quelques personnes. Ne faudrait-il pas se mettre autour d’une table pour entamer une réflexion de territoire ? Il n’est pas normal que les commerçants, restaurateurs se retrouvent cette dernière semaine sans clients.»

Un gouvernement très présent et aidant

Nikson Pitacaj s’est félicité de la célérité des institutions à venir en aide aux compagnies, notamment la Direction générale de la création artistique, la Direction régionale des affaires culturelles et le préfet de Vaucluse qui ont annoncé la mise en place d’un fonds provisionnel pour les compagnies –géré par AF&C- qui participe au festival off et qui viendra compenser les éventuelles baisses de recettes de billetterie causées par la mise en place du Pass sanitaire. Cette aide exceptionnelle à destination des artistes et techniciens du off sera accompagnée d’autres mesures de soutien avec la revalorisation du Fonceps (Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle), la perte d’exploitation des lieux et la création du fonds spécial du off. Objectif ? Que les artistes, auteurs et techniciens soient payés et cela dans les meilleurs délais.

Mise au point

«Si nous avons eu un festival apaisé c’est que nous avons eu un festival raisonné et raisonnable, a observé Victor Quesada Perez, avec moins de créneaux dans les salles, ce qui a permis de prodiguer un meilleur accueil aux artistes, de monter sur scène en ayant pris le temps de se concentrer auparavant. Je pense qu’il faut revenir à une taille et à un nombre de spectacles raisonnables. C’est le travail d’accompagnement que nous devrons réaliser envers les théâtres et les compagnies.»

AF&C

«Avignon festival & compagnie n’est pas facile à gérer, mais on y arrive a confié Nikson Pitaqaj. Je voudrais que nous ayons plus de temps pour travailler et moins de polémique. A propos de l’affichage, le directeur délégué AF&C a développé sa pensée expliquant qu’il n’était pas contre l’affichage mais pour une visibilité plus égalitaire des affiches, notamment pour les petites compagnies qui font les frais de l’affichage, la ville souhaitant également réguler la pose d’affiches avec des endroits dédiés.»
«Nous travaillons, avec le ministère de la Culture, à trouver une solution d’accompagnement des théâtres et du modèle économique par rapport à la baisse du nombre de créneau», a précisé Sébastien Benedetto.

AF&C et la Fédération des théâtres indépendants

A la question des relations entre AF&C et la Fédération des théâtres indépendants Sébastien Benedetto remet les pendules à l’heure :«Nous ne sommes pas dans la recherche de problèmes mais plutôt de solutions, comme de fonds d’aide à l’accompagnement. Ils jouent leur rôle de syndicat de théâtres privés qui ne représente qu’une partie du festival. Nous, nous représentons tous les acteurs –très différents- du off.»
«Le festival off reflète la richesse de la France, remarque Nikson Pitaqaj, sa complexité, toutes les fédérations et syndicats qui gravitent autour d’AF&C sont les bienvenus car ils défendent des intérêts plus pointus. Ils sont là pour nous pousser à nous améliorer, à corriger des erreurs. Ils nous permettent des remontées de compagnies, de structures de production, de théâtres. Ce sont des partenaires.»

Retrouvez dans le prochain article Pré-Bilan du Off, tous les chiffres connus à ce jour.

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