22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

Robert Antelme (1917-1990), poète, écrivain et résistant a été déporté aux camps de Buchenwald et de Dachau. Il a relaté son expérience en camps de concentration dans un ouvrage, L’Espèce Humaine, paru en 1947 aux éditions de la Cité universelle et dédié à sa sœur Marie-Louise, morte en déportation. Il fut l’époux de Marguerite Duras. Le récit de sa détention est portée au Théâtre des 3 soleils par la très talentueuse Anne Coutureau sur une mise-en scène très habitée de Patrice Le cadre.

Un ange blond dans le noir sidéral. Une femme, formidable Anne Coutureau, pour porter la voix d’un homme, Robert Antelme, en détention dans les camps de la mort. L’Allemagne nazie veut choisir la race qui dominera le monde et exterminer celles qui n’en sont pas dignes. Mais il n’y a qu’une race humaine et détruire les autres revient à se détruire soi-même.

Voilà, je crois,
la pensée farouchement chevillée au corps de ce rescapé des camps de la mort, Robert Antelme, qui évoque, le plus souvent avec des mots simples et plutôt pudiques, des instants de vie dans l’enfer le plus noir que la terre est capable de porter encore et toujours.

Copyright Marasco

Anne Coutureau porte haut,
cette voix incroyablement posée, réfléchie, humaine et parfois tendre d’un homme qui vit, avec d’autres, l’indicible. Et pourtant il faut faire l’effort, surhumain, de justement rester humain, alors que le corps hurle de douleur, que la tête veut s’enfuir, mais ne le peut pas et que remplir son estomac obsède chaque instant.

J’ai énormément aimé cette pièce pour ce dont elle témoigne :
l’appel dans la cour qui dure des heures dans un froid mordant, les poux, le typhus, les droits communs transformés en kapos avec le droit de vie et de mort sur leurs compagnons d’infortune, juste pour manger mieux. Car oui, ils étaient tous détenus. Mais la perversité était de leur faire croire qu’ils avaient le pouvoir. Et ils en usèrent et abusèrent nourrissant leur propre sadisme et celui de nombre de gradés nazis.

Et surtout les éclairs de vie,
les gestes d’amitiés, le partage d’un mégot de cigarette, les amis à qui l’ont dit au revoir, en fuyant déjà, parce que le masque de la mort flotte au-dessus d’eux. Le pire ? C’est de ne pas les reconnaître, sur leur triste paillasse, alors que le coude relevé pour supporter leur maigre buste, leurs fixes regards vous appellent silencieusement. Juste pour se dire que l’on a existé ? L’attention même fugace, que vous leur portez, est alors le plus beau cadeau du monde, même si vous ne pouvez que prononcer, un presque et tout bas, ‘au revoir mon vieux’.

Anne Coutureau DR

La force de la vie envers et contre tout
Des survivants, souvent incompris lorsqu’ils revinrent chez eux, parce que non, tout cela ne pouvait avoir existé puisqu’on n’en n’avait pas entendu parler. Que faire de ces cadavres ambulants ? Alors que Paris avait été libéré depuis plusieurs mois et que tout le monde voulait oublier. Il n’y avait plus de place pour l’horreur et encore moins pour le témoignage. Trop tôt, les gens ne voulaient qu’oublier.

Le silence se faisait malgré eux.
Et puis il y avait la culpabilité : avait-on le droit de s’en sortir quand ses propres camarades étaient morts dans les circonstances les plus effroyables ? Circonstances que tous avaient partagées ? Et qu’ils portèrent comme un fardeau tout au long de leur vie. C’est pourquoi L’Espèce Humaine nous interpelle.

Anne Coutureau est magnifique de justesse, d’émotion, de force.
Le récit est poignant, prenant de la hauteur là où réside la bassesse et pire, la négation de l’homme. On en sort admiratif, pas forcément graves, mais empreints de ce qu’un chouya de vote peut faire basculer la démocratie… Parce qu’Hitler a été élu démocratiquement, faisant basculer le monde dans le chaos.

Les infos pratiques
L’espèce humaine. 17h35. Relâche le mardi. Jusqu’au 29 juillet. 4, rue Buffon à Avignon. Durée 1h15. De Robert Antelme. Avec Anne Coutureau. Mise en scène de Patrice le Cadre et son de Jean-Noël Yven. Théâtre les 3 Soleils. Réservation 04 90 88 27 33.

Anne Coutureau Copyright MH

Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

‘Après coup’ ? J’ai adoré. L’écriture, la mise en scène, le talent des comédiennes, l’intrigue qui se déroule, foisonnante, passionnante. Au départ ? L’amitié que se voue 4 amies réunies, chaque année, dans le chalet de Bélinda.

Elles se racontent leur vie et là, miracle, on se retrouve toutes dans un des personnages. Je crois que j’ai tout aimé. L’atmosphère, l’écriture, l’intrigue, la mise-en-scène, et son savant déroulé, les dialogues, les costumes du quotidien qui en disent déjà long sur chacune d’entre-nous, les terre-à-terre, les enjouées, les sceptiques, les enflammées, les rêveuses, les carriéristes, les amoureuses, les blasées…

Nous pourrions aisément être l’une d’entre-elles
et même, on aimerait bien. Et puis les voiles de soi(e) se déchirent, et l’on entre dans le vif du sujet. Après coup, un vrai plaisir. Parce qu’on est happés par l’histoire et par le décor même s’il est tout simple. On voyage vraiment au gré de la vie de ces amies et puis, longtemps après, l’histoire continue de se dérouler en nous.

Copyright MH

Quelles sont toutes ces personnes que nous avons croisées,
que l’on a oubliées et qui ressurgissent du passé… Parce qu’elles faisaient silence sur ce qu’elles vivaient. Les images, les attitudes et surtout les non-dits resurgissent, criants, du passé. Le décryptage alors se fait dans l’empilement de nos expériences vécues. Nous étions trop petites, trop frêles, trop jeunes, trop occupées… Pour laisser place à la réflexion, aux enseignements de ses pleins silences de nos taiseuses amies…

Après coup ?
On comprend tout et le théâtre a cela de merveilleux qu’il nous révèle à nous-mêmes. Après coup, on regarde l’affiche, et là, ce que nous avions sous les yeux nous disait déjà tout. Sommes nous prêts, désormais, à examiner la vie telle qu’elle est ? Sommes-nous capables d’écouter notre intuition ? D’écouter l’autre ? De réfléchir à ce que nous vivons ?

Copyright MH

Mon conseil ?
Laissez-vous porter par ces comédiennes habitées et talentueuses : la toujours joyeuse et Formidable Aude Roman (Sophie), la super connectée Valérie Moinet (Magali), la romantique et éthérée Gwenda Guthwasser (Belinda), l’écriture fine et la mécanique sans faille de Sandra Colombo avec Tadrina Hocking, les auteures, dont la dernière joue une Ambre révoltée, éprise de missions humanitaires accompagnée de sa fondatrice colère et la géniale mise en scène de Christophe Luthringer.

Après coup. Théâtre des Carmes André Benedetto. 6, place des Carmes. Jusqu’au 26 juillet. Relâches les 13 et 20 juillet. 19h25. De 10 à 20€. A partir de 12 ans. 04 90 82 20 47.

Le metteur en scène entouré des comédiennes Copyright MH

Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

Qui a tué Agamemnon ? Sa femme Clytemnestre avait-elle un amant ? Pourquoi tant de haine entre elle et sa fille Electre ? Mais aussi pesticides, mensonges d’ Etat, jeux de pouvoir.

L’ auteur et metteur en scène Sébastien Bizeau a gardé le point de vue de l’« Electre » de Jean Giraudoux( 1937) : on n’a pas les réponses, on est dans la recherche de la vérité. On chemine entre les atermoiements de Clytemnestre et les mensonges d’état d’un ministre défendant l’utilisation des pesticides. C’est astucieux car ça permet aux spectateurs qui ne connaissent pas ou se repèrent mal dans l’Odyssée d’Homère, mythe du Ve siècle avant notre ère, de le découvrir au fil du spectacle et aux autres de s’intéresser plutôt à la fable contemporaine….Dans les 2 cas, ca fonctionne.

Un entrelacement de situations et de langage
Où miracle on ne s’y perd pas ! On évolue dans des espace temps qui parlent des mêmes problématiques : le mensonge, la trahison, les éléments de langage, la langue de bois, le silence qui tue. Les 5 comédiens jouent une infinité de rôles avec une aisance, une capacité de transformation vestimentaire et d’adaptation de jeu extraordinaire. La mise en scène est à la fois fluide et dynamique avec une économie de décor. Les entrées et sorties de plateau se font sur la dernière réplique de la scène. Astucieux !

Spectacle intelligent, instructif avec du punch et  la joie de jouer. Que demander de plus ?

Heureux les Orphelins. Jusqu’au 29 juillet. Relâche les 9, 16 et 23 juillet. 12 à 21€. Théâtre de l’Oriflamme. 3-5 rue du Portail Matheron. Avignon. 04 88 61 17 75.  loriflamme-avignon.fr


Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

On est invité ou on s’invite dans une Garden Party. On attend quelque chose ou pas, on ne connaît pas forcément tout le monde, on peut s’y ennuyer ou au contraire faire des rencontres surprenantes. Dans le jardin suspendu des Doms, havre de paix s’il en est, les performances qui se succèdent ne vont pas plaire à tous, forcément, mais sont une invitation à découvrir des créations singulières.

Y’a bruler et cramer
Le plateau fourmille de ses rencontres hasardeuses entre France et Belgique en auto-stop. On l’accompagne pendant 30 minutes dans un coming-out déroutant de simplicité, d’humour mais aussi de force tranquille. Camille nous perd dans les méandres analogiques de la volcanologie et de son corps. Les blessures affleurent, les fissures s’acceptent, le feu intérieur couve. Fascinant !
Jusqu’au 27 juillet. Relâches les 5, 12 et 19 juillet. 17h30. 30 minutes. 7 et 10€.

Beat’ume de Z&T
Elles sont formidables ! Z&T ?  Zouz et T.A , deux slameuses au tempérament bien trempé. Juste ce qu’il faut d’impertinence pour adhérer à leur vision du monde qui nous entoure et d’autodérision pour sourire de leurs combats. Mention spéciale pour «Chers harceleurs merci » à l’origine indirecte de leur nom de scène Z&T et qui montre comment la langue peut-être aussi une arme.
Jusqu’au 27 juillet. Relâches les 5, 12 et 19 juillet. 19h30. 30 minutes. 7 et 10€.

Théâtre des Doms. 1 bis, Rue des Escaliers Saint-Anne. 04 90 14 07 99. www.lesdoms.eu


Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

Attention , ceci n’est ni une conférence, ni une performance circassienne
Ce que vous allez voir et entendre est un pur moment de résilience qui force le respect et l’admiration. Lucie Yerles , enfant de la balle si l’on peut dire – ses parents Isabelle et Xavier ont ouvert il y a plus de 20 ans avec le regretté Philippe Gromber l’actuel Théâtre des Doms à  Avignon- a deux parcours : l’un circassien entre l’ Ecole de Cirque de Châtellerault et celle du Québec et l’autre universitaire avec des études de psychologie. Un accident l’oblige à freiner une carrière prometteuse de circassienne, plus spécialisée dans les tissus aériens et elle se remet aux études pour approfondir les neurosciences à Bruxelles. Et là une révélation : la gestion des émotions et du stress prend complètement son sens et dans son parcours personnel et dans la posture du spectateur qui vient assister à un spectacle de cirque.

Elle capte la lumière autant que l’attention
Pendant le spectacle elle va parler, parler beaucoup : à l’endroit, à l’envers, en haut, en bas et toujours avec le sourire, suspendue dans les airs avec pour seuls appuis deux longs rubans rouge.  alors que l’effort et le talent sont bien là. On va comprendre les méandres du cerveau, pourquoi on est là, pourquoi on rit, pourquoi on a peur… Pourquoi on reste tout de même et on en redemande ! C’est à un beau  voyage aérien, poétique et plein d’humour parmi des pancartes aux noms barbares de cortex cérébral ou thalamus sensoriel, que nous convie ce solo hors du commun.

Jusqu’au 16 juillet. Relâche le 12 juillet. 10h. 6 à 12€. L’Occitanie fait son cirque en Avignon. 22 chemin de l’île Piot. Avignon. Www.cirqueavignon.com


Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

C’est en 1982 que Gérard Vantagiolli a ouvert ce théâtre dans la rue iconique des Teinturiers, ses roues à aubes, ses platanes et ses calades. Avec sa femme Danielle qui le dirige, ils ont tissé depuis 41 ans des liens avec les plus grands, Annie Girardot, Judith Magre, Jean-Louis Trintignant, Michaël Lonsdale.

Jusqu’au 29 juillet, ils proposent une quinzaine de pièces, en alternance au Chien qui fume et dans la salle plus intime du Petit chien, à quelques mètres de là, Rue Guillaume-Puy.

Au « Chien qui fume », la journée s’ouvre à 10h30 par « Une opérette à Ravensbrück » pour défier le mal par le rire, écrite par la résistante Germaine Tillion, elle-même déportée, qui précisait : « Même dans les situations les plus tragiques, le rire est un élément revivifiant. On peut rire jusqu’à la dernière minute ». Légèreté et gravité, horreur et grotesque se côtoient dans une mise en scène de Claudine Van Beneden.

12h35 : « Le voyage de Molière », 8 comédiens déchaînés sur scène, la vie d’une troupe, d’un groupe fou de théâtre avec le Grenier de Babouchka. Un peu plus tard, à 15h, Corinne Touzet, a quitté son uniforme de gendarme dans « Une femme d’honneur » pour interpréter « Europeana, une brève histoire du 20ème siècle », deux guerres, la contraception, mai 68, voyage sur la lune, dans une mise en scène de Virginie Lemoine.

Virginie Lemoine (à gauche) met en scène Corinne Touzet (à droite) © Andrée Brunetti

A 17h, « Dernière histoire d’amour » qui se déroule en 1943 à Paris sous l’occupation, une reprise de l’an dernier signée Gérard Vantaggioli. Suivra à 19h15 Clémentine Célarié, habituée du lieu, qui se met en scène dans « Je suis la maman du bourreau » ou comment, une mère qui chérit son fils découvre qu’elle a enfanté un monstre. Sous l’armure d’une femme sévère éclate le cœur en miettes d’une maman. Le roman éponyme de David Lelait-Helo avait obtenu le Prix Claude Chabrol en 2022. Enfin à 21h15 : « Colorature » de Stephen Temperley, l’histoire d’une soprano américaine qui chantait faux et massacrait les plus grands airs de Puccini, Verdi ou Donizetti. Une castafiore interprétée par Agnès Bove accompagnée au piano par Grégori Baquet.

Voilà pour « Le chien qui fume ». Côté « Petit chien », le déroulé de la programmation débute à 10h30 par « Gregor Samsa », sorte de « Métamorphose » de Kafka, douce et ironique, avec un humour grinçant mâtiné de tendresse, dans une adaptation de Sarkis Tcheumlekdjian. Les jours impairs, le même metteur en scène propose « La dernière allumette », quand la petite marchande d’Andersen survit grâce à un petit Gavroche.

Olivier Lejeune jouera Sacha Guitry © Andrée Brunetti

A 12h15 : « Le temps retrouvé » de Marcel Proust avec Xavier Marchand seul en scène. A 13h45 : « 60 jours de prison » de Sacha Guitry. En août 44, le dramaturge, soupçonné de crime de collaboration avec les nazis, se retrouve derrière les barreaux. Jour après jour, il raconte cette expérience carcérale, l’absurdité de la situation, la cohabitation avec ses codétenus, les geôliers. C’est Olivier Lejeune, qu’on a vu dans le film  « Les aventures de Rabbi Jacob » ou au théâtre dans « Mémoires d’un tricheur » qui campe le rôle de cet auteur prolifique pendant 1h20.

Toujours au « Petit chien » à 15h45 : « Pannonica, baronne du jazz », jouée par Natacha Régnier qui interprète cette femme née Rothschild qui quitte Paris et son mari pour New-York, vit une passion  avec le pianiste Thelonious Monk, devient mécène de jazzmen noirs. Itinéraire méconnu d’une femme d’exception. 17h40 : « Dissident, il va sans dire » de Michel Vinaver. Une mère et son fils, dans les années 70, aux prises avec les transformations de l’époque.

De retour sur la scène du « Petit Chien » à 19h30, Myriam Boyer qui ne chante pas, mais dit les paroles de chansons de Carco, Cocteau, Queneau, Mouloudji. Tout en nostalgie. « J’avais tous ces textes en moi, les voix de Fréhel ou de Damia, j’ai juste voulu me faire plaisir » a-t-elle confié. Enfin à 21h15 : « Les vilaines », une reprise de l’été dernier avec des meneuses de revues. Mais au-delà des paillettes, des plumes et du satin, des coups de griffes en coulisses. Une mise en scène d’Elsa Bontempelli à partir d’œuvres de son papa, l’inoubliable auteur-compositeur-interprète de « Quand je vois passer un bateau », Guy Bontempelli.

Contacts : www.chienquifume.com 


Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

Gérard Gélas a créé Le Théâtre du Chêne Noir en 1967. En 1971, il l’a installé au cœur d’une ancienne chapelle de l’Abbaye Sainte-Catherine et en 2020, c’est son fils Julien qui en a pris les commandes.

« Il est temps de retrouver la fête ! L’insouciance et la connaissance, le plaisir et la rencontre de l’autre. Le monde va mal, oui (la dernière semaine d’émeutes le prouve…ndlc). Raison de plus pour nous d’aller bien. Si les crises que nous venons de traverser ont ébranlé nos certitudes, elles nous ont rappelé avec plus d’insistance qu’un monde qui va mal est un monde déshumanisé, où la technologie a remplacé l’homme » a dit en exergue Julien Gélas lors de la conférence de presse de présentation de l’édition 2023 du Off.

Et il a égrené le programme du 7 au 29 juillet de ce « théâtre populaire de mission de service public » qui est ouvert toute l’année, pas seulement l’été, comme les autres « Scènes – permanentes – d’Avignon » (Le Balcon, les Carmes, Le chien qui fume, les Halles, le Transversal). En dehors des lundis de relâche (10, 17 & 24), 14 propositions théâtrales sont offertes au public dans les 2 salles, Léo Ferré (disparu il y a pile 30 ans, le 13 juillet 1993) et John Coltrane.

Créé par son père Gérard Gélas, Julien a repris les rênes du Théâtre du Chêne Noir depuis 2020 © Andrée Brunetti             

A commencer (à 10h) par « un géant du théâtre, le plus grand », aux yeux de Julien Gélas, Shakespeare et « La tempête », sa dernière pièce, une tourmente intérieure et météo mise en scène par Sandrine Anglade. « J’ai voulu créer de l’homogène avec de l’hétérogène » a-t-elle expliqué au public, « Avec des musiques de Purcell, Johnson et Dowland ». A 10h15 : « Lettres à un jeune poète » écrites par Rainer-Maria Rilke à un poète en herbe de 20 ans, Franz Kappus, un voyage intérieur et poétique.

A 12h, « Geli », un texte et une mise en scène signés Diastème sur « la montée de l’extrême droite d’Hitler et le mystère qui entoure la mort de celle qui n’avait que 23 ans, qu’on surnommait Geli et qui était la nièce du Führer ». 12h50 : les fameuses « Variations énigmatiques » d’Eric-Emmanuel Schmitt avec Pierre Rochefort (le fils de Nicole Garcia et Jean Rochefort) et Hugo Becker mis en scène par Paul-Emile Fourny. Suivra à 13h50 : « Au risque de la joie » ou quand une psychanalyste se souvient de patients aux destins singuliers. 15h05 : reprise de « La Belle et  la Bête », 7 comédiens sur scène avec vidéo, chant, danses, un univers fantastique et poétique mis en scène par l’hôte des lieux. 15h45, lever de rideau de la Salle Coltrane sur « Cyrano ». « Tout a déjà été dit, montré, vraiment ? Et si c’était joué par 3 femmes ? Cyrano aurait adoré » précise le metteur en scène, Bastien Ossart.

L’animatrice de TV, Alessandra Sublet montera pour la 1ère fois sur les planches avec un texte qu’elle a écrit : « Tous les risques n’auront pas la saveur du succès » © Andrée Brunetti             

A 17h20, un inédit de Céline retrouvé en 2021, publié à 300 000 exemplaires par Gallimard. Il retrace la blessure de l’écrivain par un obus, sa convalescence, l’absurdité, l’atrocité de la guerre. Ce texte sera porté par Benjamin Voisin, 27 ans à peine et nommé « César » du meilleur espoir masculin pour son interprétation dans « Eté 85 » de François Ozon. A 18h, une surprise, l’animatrice de TV, Alessandra Sublet monte pour la 1ère fois sur les planches avec un texte qu’elle a écrit : « Tous les risques n’auront pas la saveur du succès ».

Roland Dubillard, né en 1923, aurait eu 100 ans. Pour lui rendre hommage, 2 pièces loufoques, « Les crabes » et « Je ne suis pas de moi » avec, notamment, Denis Lavant à 19h15 dans les 2 salles du Chêne Noir. Place au « Flamenco vivo » à 20h avec l’andalou Luis de la Carrasca, son souffle, son énergie et ses musiciens. 21h10, c’est « Barbe bleue » d’après Amélie Nothomb qui a imaginé un « ogre chic » face à une proie qui lui résiste, qui le pulvérise. Chansons de tous les suds à 21h 45 avec Christina Rosmini, sa voix vibrante, chaleureuse, enflammée.

Au programme enfin des soirées « exceptionnelles », les lundis de relâche : « Apocalipsync » de Luciano Rosso, Edgar-Yves et «L’aire poids lourds », une étape de travail avec Carole Errante. Basée sur un fait-divers ou comment des jeunes ados de 14-15 ans se prostituent sur une aire de routiers pour se payer des IPhone ou des fringues de marque…

Contacts : www.chenenoir.fr / Festivaloffavignon.com / 04 90 86 74 87


Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

La 57e édition du Festival d’Avignon aura lieu du vendredi 7 au samedi 29 juillet 2023 avec pas moins de 1491 spectacles dans 141 lieux. Mais le théâtre à Avignon, c’est toute l’année et même pendant le festival ! Des avant-premières sont proposées depuis plus d’un mois dans plusieurs théâtres de la ville : sorties de résidence pour certains, répétition générales pour d’autres, bords de scène pour privilégier l’échange. Les directeurs des scènes permanentes avignonnaises nous ont également offert de belles créations que nous avons eu la chance de découvrir en exclusivité durant la saison passée.

Avant de se perdre – avec bonheur – dans la  multitude des propositions du Off 2023, quelques spectacles,créations ou générales de presse que j’ai pu apprécier cette saison passée en Avignon.

La Belle et la Bête. Ecrit et mis en scène par le directeur du Chêne Noir Julien Gelas.Un spectacle pluridisciplinaire mêlant théâtre, chant, musique, danse, cirque -cerceau acrobatique-, vidéo et escrime qui a conquis le public cet hiver.
Théâtre du Chêne noir. Du 7 au 29 juillet. Relâche les lundis. 15h05. 5 à 22€. 8 bis, rue Sainte-Catherine . Avignon. 04 90 86 74 87. www.chenenoir.fr

Le Fossé. Premier texte de Jean-Baptiste Barbuscia, mis en scène par Serge Barbuscia, le Fossé est une fable contemporaine qui fait mouche à chaque réplique. Ils sont 5 sur scène et tout à la fois : le colon, l’émigré, la prostituée, la mère, la sœur, le joueur de claquettes, dieu dans un environnement peuplé de bouc, lion ou papillon. Humour et rire grinçant garantis.
Théâtre du balcon. Du 7 au 26 juillet. Relâches les jeudis. 18h. 16 et 23 euros. 38, rue Guillaume Puy. 04 90 85 00 80. 

Cette petite musique que personne n’entend Un seul-en-scène écrit et joué par Clarisse Fontaine et mis en scène par JoeyStarr. Un spectacle profondément féministe et humaniste. Joué à guichet fermé ce printemps.
Théâtre du Balcon. Du 7 au 26 juillet. Relâches les jeudis. 22h. 16 et 23 euros. Théâtre du Balcon. 38, rue Guillaume Puy. 04 90 85 00 80.  www.theatredubalcon.org

Yé ! l’eau

« Flamenco vivo… Baró Drom » Le nouveau spectacle de Luis de la Carrasca, issu de son 5e album « Baró Drom », sorti le 17 mars 2023. Chant, musique et danse flamenco. Un grand moment de partage avec cet artiste que nous côtoyons chaque année lors du Festival Andalou.
Théâtre du Chêne noir. Du 7 au 29 juillet. Relâche les lundis. 22h.  5 à 22€. 8 bis, rue Sainte-Catherine . Avignon. 04 90 86 74 87.

L’Iliade. Une adaptation formidable du récit d’Homère et une mise en scène astucieuse : Les Achéens et les Troyens qui s’affrontent ici sont des équipes de football américain.
La Factory, salle Tomasi. Du vendredi 7 juillet au samedi 29 juillet 2023. Relâche le lundi. 17H30. 12 à 22€. 4, rue Bertrand.  09 74 74 64 90.

Yé ! l’eau. La troupe des 17 guinéens de Circus Baobab était de passage cet hiver à Avignon pour deux représentations uniques. Séance de rattrapage pour un défi circassien et environnemental. De la belle voltige !
La Scala. Du vendredi 7 juillet au samedi 29 juillet 2023. Relâche le lundi. 11h45. 10 à 25€. 3, rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 65 00 90. lascala-provence.fr

Gisèle Halimi une farouche liberté. Avec Ariane Ascaride et la jeune comédienne Philippine Pierre-Brossolette – à l’initiative du projet-  pour évoquer à deux voix l’incroyable combat pour les femmes de l’avocate Gisèle Halimi. Une page sensible de l’Histoire du féminisme qui s’incarne sur le plateau de la Scala Provence.
La Scala Provence. Du vendredi 7 juillet au samedi 29 juillet 2023. Relâche le lundi. 18h. 10 à 25€.La Scala. 3 rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 60 00 90 lascalaprovence.fr

J’ai raté ma vie de tapin. Le dernier Pierre Notte. Un texte juste, poignant poétique, drôle…et courageux. Un seul en scène bouleversant.  
Théâtre La Luna. Du 7 au 29 juillet. 15h50. 17 à 24 €. 1 rue Séverine. Avignon.04 90 86 96 28.

La pleurante des rues de Prague. Ecrit  par Sylvie Germain. L’ étrange déambulation de cette géante, d’une rare poésie. A (re)découvrir.
Théâtre des vents. Du 7 au 29 juillet. Relâches les 9, 16, 23 juillet. 64, rue Guillaume Puy. Avignon.

Deux productions du ballet de l’Opéra Grand Avignon vues la saison passée

Storm. Les 12 danseurs du Ballet sous la direction de leur chorégraphe Emilio Calcagno se confrontent à des ventilateurs industriels. Décoiffant !
La Scala Provence. Les 7 et 9 juillet. 10h. 10 à 25€. 3, rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 65 00 90. lascala-provence.fr

L’Oiseau de feu et le Boléro. Deux pièces pour 12 danseurs qui revisitent ces 2 partitions célèbres. Dans l’attente de l’Oiseau de feu comme celle de l’ostinato de Ravel , la magie opère.
La Scala Provence. Du 11 au 16 juillet. 10h. 10 à 25€.La Scala. 3 rue Pourquery de Boisserin. Avignon. 04 90 60 00 90. lascalaprovence.fr

Ballet

Et aussi

Grand Pays. Du Collectif Le Bleu d’Armand. Une fiction décalée inspirée du procès de solidarité intenté à Cédric Herrou. Quatre comédiens installent le grand débat sur les politiques migratoires et l’hospitalité. Indispensable !
Théâtre des carmes. Du 7 au 26 juillet. Relâches les 13 et 20 juillet. 11h50. 10 à 20€. 6, place des Carmes. 04 90 82 20 47. theatredescarmes.com

Heureux les orphelins. Une mise en scène étourdissante, des surprises, du grand art apprécié lors de la sortie de résidence cet hiver à l’Oriflamme.
Théâtre de l’oriflamme. Du 7 au 29 juillet. Relâches les 9, 16 et 23. 16h. 14 à 20€. 3-5 rue du Portail Matheron.

Quelques repères
La sortie du programme papier est prévue ce 3 juillet. La grande parade d’ouverture sera le jeudi 6 juillet à 17h. Départ de la place des Carmes jusqu’au Village du Off  qui sera inauguré officiellement le samedi 8 juillet à 11h .

La carte d’abonnement

 30% de réduction sur les spectacles ; accès au Son du Off, festival de musiques actuelles au Village du Off -avantages exclusifs dans les lieux culturels, touristiques et commerces partenaires… https://www.festivaloffavignon.com/carte-abonnement/

Le Village du Off
6, rue Pourquery de Boisserin à Avignon, du 7 au 29 juillet, de 9h à 2h du matin.

L’affiche du Off

Festival Off, Théâtre des 3 soleils, L’Espèce Humaine

L’affiche 2023 du festival off se veut insolite et impertinente. « Coucou, c’est moi je suis le off et je suis par nature créatif et forcément anticonformiste ! ». L’affiche du off de cette année fait plus que le job … Elle est aussi un clin d’œil au travail du plasticien Maurizio Cattelan, cet artiste italien qui exposait des bananes scotchées sur les murs des salons d’art contemporain. Une démarche artistique, une affiche et… une pierre de plus dans l’éternel débat sur l’art et son rôle dans la société.

A début on se dit : « tiens, une nouvelle polémique serait-elle en train de naître ? ». C’est vrai que certaines peintures murales ou certaines affiches ont à plusieurs reprises fait l’actualité dans la cité papale. On se souvient du scandale lancé l’an dernier, par quelques « intégristes du bon goût » à propos de l’affiche du festival in. On y voyait des femmes dénudées derrières les clés de la ville. La polémique était telle qu’elle a conduit Olivier Py, le directeur de l’époque, à s’exprimer et à défendre les choix de l’artiste Kubra Khadeni qui avait dessiné cette magnifique affiche.

Alors, faut-il créer la polémique pour qu’on parle de vous ?

Il y eu aussi les peintures murales du parking des italiens avec l’actuel Président de la République et plus récemment des affiches toujours à son effigie… Bref on se dit : « tiens, Avignon s’est inventé une nouvelle spécialité dans les arts graphiques ».

La provocation, et en particulier dans le domaine de l’art, a souvent été utilisée par les artistes pour se faire connaitre. On se souvient des excentricités de Salvador Dali, du homard géant et gonflable de Jeff Koons, installé dans la galerie des glaces du château de Versailles, ou encore de l’urinoir renversé de Marcel Duchamp. Ils ont certainement plus marqué les esprits que les travaux de Gerhard Richter ou Nicolas de Staël. Il est à craindre qu’il faille toujours faire la polémique pour qu’on parle de vous.

La Banane de Maurizio Cattelan

Mais revenons à notre tong avignonnaise. Si dans un premier temps l’affiche accroche le regard, elle évoque immanquablement les fameuses bananes de Maurizio Cattelan. Mais, s’agit-il d’un clin d’œil ou d’un pied de nez ? Hommage ou dézingage ? Au fond, c’est peut-être là tout l’intérêt de cette affiche créée par Camille Bricout, étudiante en première année à l’École supérieure d’Art d’Avignon. Chacun peut y voir ce qu’il a envie d’y voir. L’artiste ne dicte pas son point de vue. On applaudi. C’est l’art qui interroge plus qu’il n’impose. On se souviendra alors du sort réservé aux bananes de notre artiste italien. A deux reprises elles ont été mangées par des visiteurs. On est bien peu de chose !

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