22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

(Vidéo) 4e édition du Festival Lire sur la Sorgue du 8 au 11 mai

La 4e édition du festival Lire sur la Sorgue aura lieu du mercredi 8 au samedi 11 mai, à l’Isle sur la Sorgue, avec pour marraine la niortaise Catherine Meurisse, illustratrice et dessinatrice de presse, notamment chez Charlie Hebdo. Le Festival proposera des rencontres dans divers lieux avec 45 auteurs et artistes au fil d’interviews, de tables rondes, de conférences, d’ateliers, de projection de films, de petits déjeuners et déjeuners… Le tout mis en musique durant un an par une armée de 55 bénévoles. Parmi les guest stars : la comédienne Julie Gayet, le rabbin Delphine Horvilleur, le grand reporter Solène Chalvon-Fioriti, le philosophe William Marx, le gynécologue et obstétricien Israël Nisand, et l’ex-infirmier et conseiller départemental durant 25 ans, André Castelli.

«Lire sur la Sorgue n’est pas un salon du livre mais un festival, » prévient-on. En quoi cela diffère-t-il ? « On ne vient pas pour acheter des livres –quoi qu’on puisse le faire- mais surtout pour rencontrer la littérature sous la forme la plus contemporaine qui soit et via de nombreuses formules donnant surtout envie de rencontrer des auteurs et artistes vivants, même si, une fois le festival achevé, il sera temps de plonger dans les ouvrages de son choix.

Frédéric Dol, propriétaire avec son épouse Marie-Claude de la Maison sur la Sorgue,
Galerie d’art, Expositions, Concept store et Hôtel d’une demeure bourgeoise âgée de 400 ans

Pour en savoir plus
Rendez-vous à l’illustre Maison sur la Sorgue au creux de la galerie Retour de voyage, dans cette belle maison bourgeoise qui accueille également un hôtel, 6, rue Rose Gounard, à l’Isle sur la Sorgue. Nous sommes accueillis par Frédéric Dol propriétaire avec son épouse Marie-Claude, de ce vénérable établissement quatre fois centenaire. 

A la tête du festival
Marc Leclerc est président de Lire sur la Sorgue ; Humbert Mogenet dirige le Fonds de dotation nouveaux lecteurs, Maria Ferragu – à la tête de la librairie Le passeur de l’Isle- et Julie Gouaze, auteure, sont les vices-présidentes du Festival Lire sur la Sorgue. Chacun passant en revue la nouvelle mouture de ce festival pas comme les autres.

De gauche à droite, Julie Gouaze, Humbert Mogenet, Marc Leclerc, Séverine Rigo responsable des bénévoles et Maria Ferragu

55 bénévoles
«Je suis très fier de toute l’équipe et des 55 bénévoles qui font vivre Lire sur la Sorgue tout au long de l’année, a commencé Marc Leclerc. La manifestation regroupe de plus en plus de partenaires parmi lesquels la Ville, le Département et la Région qui nous offrent leur précieux soutien. Nous portons tous cette conviction qui permet au festival de rayonner bien au-delà du territoire de Vaucluse puisque nous parlerons de Santé culturelle, à l’Opéra Garnier de Paris, devant plus de 5 000 entreprises. Cette 4e édition marquera également un important moment qui nous permettra encore de grandir. Ce festival est un organisme vivant qui met en lien auteurs, publics et partenaires,» a conclu le président de la manifestation.

La programmation s’étoffe d’année en année
«Ce petit festival grandit avec des éditeurs qui nous sollicitent, proposant des duos ou trios  d’auteurs aux travaux complémentaires, relate Maria Ferragu. D’anciens auteurs invités reviennent aux nouvelles éditions avec force de propositions pour soulever de nouveaux thèmes. C’est le cas de ‘La guerre, et après ?’ (Vendredi 10 mai à 17h, Cour Campredon). Egalement, Lolita Séchan –fille de Renaud et auteure de livres pour enfants et de bandes dessinées-, la marraine de l’édition passée revient avec sa fille, Héloïse –dont le papa est le chanteur Renan Luce- à la demande de celle-ci. Les connexions se font entre auteurs et artistes donnant lieu à de nouvelles collaboration et parfois de nouveaux livres.»

Les petites histoires
«L’année dernière Catherine Meurisse a débarqué à Lire sur la Sorgue avec deux copines, se souvient Maria Ferruga. L’une d’elles était Hélène Honoré, la fille du dessinateur Philippe Honoré assassiné en janvier 2015 lors de l’attentat contre Charlie Hebdo. C’est elle qui nous a proposé l’exposition des œuvres de son père. Des bestiaires et rébus littéraires exposés à la Maison des aînés, Quai Lices Berthelot. »

Les graines que l’on sème
«Ce festival est à l’image de graines semées, de pierres posées bout à bout, imagine la libraire du Passeur de l’Isle. D’ailleurs, les bénévoles sont en train de préparer une surprise pour l’ouverture du festival, lâche-t-elle mystérieuse. J’attire votre attention sur le fait que nous proposons deux programmations : l’une officielle et l’autre alternative. Cette dernière propose de nombreuses innovations comme le retour de la Fabrique poétique qui se tient au Grenier numérique -entièrement géré- par des bénévoles avec des ateliers sans réservation. Le lieu a connu un vif succès l’an passé, accueillant plus de 500 personnes en 48h. En dehors des ateliers et expériences, les rencontres sont sans réservation, dans la limite des places disponibles. Mon conseil ? Venez en avance pour assister aux rencontres auxquelles vous tenez.»
Tout le programme ici.

Maria Ferragu

Les nouveautés et les temps forts
«Il y aura une soirée ‘Des livres et du vin’ lors de laquelle un sommelier, une libraire et un auteur, Gille Marchand pour ‘Le soldat désaccordé’ construiront des parallèles avec le vin, détaille Maria Ferragu. La soirée est déjà bien remplie. Je crois qu’elle plaît déjà aux futurs festivaliers.»
Vendredi 10 mai à 19h30. La chapelle sur la Sorgue, 10 rue du docteur Jean Roux. Réservation ici.

Des petits-déjeuners
«Nous avons aussi décidé de créer des petits-déjeuners et un déjeuner intimes avec des auteurs. Cela permettra aux festivaliers de découvrir des auteurs et des éditeurs dans un cadre différent,» relève la libraire.
Déjeuner avec Magyd Cherfi. Vendredi 10 mai. 12h30-14h30. 45€. Attention places limitées, nécessité de réserver au plus vite ici.

Ciné sur la Sorgue
«Nous assisterons à la projection d’un documentaire sur les femmes intitulé ‘Afghanes’ réalisé par le grand reporter spécialiste des terrains de guerre, Solène Chalvon-Fioriti, ajoute Maria Ferragu. La journaliste y a découvert un réseau clandestin de pratique de l’avortement par des femmes, pour sauver des femmes’ puis nous évoquerons son livre ‘La femme qui s’est éveillée’. Vendredi 10 mai, 19h, Ciné sur la Sorgue. Réservations ici.

Julie Gouaze

La médiation
«Le festival Lire sur la Sorgue c’est à la fois 3 jours de rencontres avec des auteurs et artistes et également un travail qui se prolonge toute l’année avec différents publics,» relate Julie Gouaze, auteure et animatrice de Lire sur la Sorgue.

Les canetons déchainés
«Un exemple ? J’anime une fois par mois une rencontre avec les 11 ‘Canetons déchainés’ jeunes journalistes –de la 6e à la 3e– du Collège Jean Bouin, ponctue Julie Gouaze. Nous rédigeons l’actualité liée au collège. Ils sont également formés à la prise de parole en public et seront les reporters officiels du festival lors duquel ils co-animeront la rencontre avec Delphine Horvilleur, rabbin et philosophe, et intervieweront un certain nombre d’auteurs.»
 
Création d’un spectacle
«Gilles Marchand, auteur et ami du festival anime, à l’année, des ateliers d’écriture dans différentes structures telles que les collège, lycée, foyer des traumatisés crâniens, structures pour personnes âgées ainsi qu’avec des jeunes de la Mission locale, développe Julie Gouaze. Il a ainsi collecté des bribes de textes pour nourrir le spectacle annuel du festival où joueront, avec lui, sur scène, quelques auteurs de ces écrits, accompagnés de son musicien Emmanuel Cross.
Cérémonie de clôture. Lecture musicale. ‘La 4 ou la 14, ballade pour un train’. Samedi 11 mai à 19h. Cour Campredon.

Travail avec la Mission locale
«Nous rencontrons, avec Maria, une fois par mois, une dizaine de jeunes de la Mission locale, relate Julie Gouaze. Ensemble, nous écrivons, nous partageons des moments de liberté où ils prennent confiance en eux, se sentent écoutés. Ces moments plein de richesse nous apportent beaucoup également.»

Des projets plein la tête
«Nous élaborons plein de projets. Le problème ? Nous avons besoin de gens pour apporter la lecture et l’écriture dans les lieux qui en sont le plus éloignés, observe Julie Gouaze. Nous avons déjà lancé des projets avec le Foyer d’accueil médicalisé, La maison d’arrêt pour femmes de Lyon-Corbas. Nous travaillons également avec l’IME, Institut médico-éducatif. Le projet a consisté à travailler avec Ambre Gaudet, jeune podcasteuse animalière. Elle a, avec les enfants et adolescents, enregistré 2 podcasts sur les animaux vivants dans le parc de l’IME. Nous allons créer un événement pour les enfants et adolescents qui ont participé à ces ateliers lors de l’année, une cérémonie d’ouverture du festival mardi 7 mai à 14h, au Grenier numérique, où seront visionnés les podcasts.» « Egalement, lundi 6 mai après-midi et mardi 7 mai le Grenier numérique sera ouvert offrant de découvrir l’exposition conçue par une des illustratrices du festival venue animer des ateliers avec les lycéens,» ajoute Maria Ferragu.

Humbert Mogenet

Une armée de 55 bénévoles
«Nous grandissons et, en même temps nous avons besoin de nous structurer, de nous professionnaliser tout en restant connectés à l’ensemble des acteurs locaux, analyse  Humbert Mogenet. Nous rêvons de pouvoir prendre, d’ici 12 à 24 mois, un salarié ‘couteau-suisse’ à mi-temps aux côtés des 55 bénévoles talentueux en communication, vidéo, organisation, logistique…»

Notre organisation
«Notre association est soutenue, à hauteur de 30% de son budget, par la Ville, le Département et la Région, détaille Humbert Mogenet et d’un fonds de dotation, qui permet, via des mécènes privés, d’abonder ce budget à hauteur de 70% pour un montant total d’environ 75 000€. Nous accueillons, cette année, 3 nouveaux partenaires parmi lesquels Allianz et Le Domaine de Léos. Nous avons conçu un partenariat avec les 300 Monoprix de France –qui annonceront le festival- dont une rencontre littéraire aura lieu au Monoprix d’Avignon ainsi que chez LogiSorgues du groupe Raja. Les deux rencontres seront animées par Maria Ferragu.»

RSE et Fondations d’entreprises
«Toutes nos actions vont en faveur, également, de la RSE Responsabilité sociale des entreprises, expose Humbert Mogenet. Là, nous activons d’autres leviers en lien avec les fondations d’entreprise. Nous pouvons désormais compter sur l’aide des collectivités territoriales, nos mécènes privés et la médiation culturelle la RSE des entreprises comme les Fondations du Crédit mutuel pour la lecture, de France télévision, Hachette, La poste. Nous travaillons avec Aprova 84 qui aide le monde associatif à se structurer et à organiser ses projections financières. Une fois encore, nous ne serions rien sans les restaurateurs, les chambres d’hôtes –qui hébergent les auteurs-, Campredon art & image… Par ailleurs, les services de l’environnement de la Ville nous ont gratifié d’un arbre : l’arbre de Lire sur la Sorgue qui, chaque année, arborera les dates et nom de la marraine ou du parrain de l’édition à venir. Je clôturerait mon intervention par cette citation de Victor Hugo qui a dit ‘Rien n’arrête une idée dont l’heure est venue’.»

Lire sur la Sorgue en chiffres
«Le budget 2024 est de 75 000€, dont 22 000€ pour la partie publique, relève Humbert Mogenet. Si l’on valorise toute l’aide immatérielle : prêt de salles, aides de la Ville, conception, impression et apposition des affiches ainsi que les heures de bénévolat, notre budget est doublé, soit 150 000€. Nous allons commencer à mesurer l’impact économique de Lire sur la Sorgue. Nous pensons que l’an passé le festival a déplacé 3 500 personnes.»

Le coût d’un auteur ?
«Si l’on quantifie le coût d’un auteur ? Interroge Humbert Mogenet. Bien qu’il nous rapporte bien plus encore en plaisir de le recevoir, et si l’on additionne les frais de déplacements, l’hébergement, la restauration, sa rémunération et le paiement des cotisations sociales sur les droits d’auteurs, nous atteignons un peu plus des 1 000€, multipliés par le nombre d’auteurs auquel on ajoute la logistique et la communication, on arrive au budget évoqué.»

4 500 festivaliers attendus
«Cette année nous espérons entre 4 000 à 4 500 festivaliers, espère Humbert Mogenet. Cette année, nous aurons peut-être la possibilité de prendre cette mesure –nommée Flux vision– via Orange business service. Egalement nous distribuerons des questionnaires pour savoir d’où viennent les festivaliers, leur âge, s’ils ont l’intention d’aller au restaurant et d’effectuer un achat plaisir dans une boutique. Pour mémoire 1€ investi dans la culture est ce qui rapporte le plus avec des retombées de 3 à 6 points. Nous pensons nous situer autour de 3.»

Quant aux L’islois ?
«Les collégiens, lycéens et jeunes de la Mission locale, qui ont participé toute l’année à des ateliers et animations de créativité, d’écriture, de lecture, d’arts se rapportant à Lire sur la Sorgue participeront aux rencontres et, en cela, seront acteurs de la manifestation, tandis que leurs familles seront présentes pour les soutenir,» précisent Maria Ferragu et Julie Gouaze.

Marc Leclerc

Un festival à l’inverse d’un salon du livre
«Dans un salon du livre l’auteur attend derrière une table pour rencontrer son public et dédicacer ses livres. Dans ce festival, c’est le public qui vient au-devant de l’auteur qui pourra s’exprimer seul ou avec un ou plusieurs autres auteurs et un modérateur lors d’une intervention face à public qui, également, interagira avec lui,» précisent Marc Leclerc et Maria Ferragu. 

Focus sur Catherine Meurisse
Catherine Meurisse est rédactrice à Charlie Hebdo de 2005 à 2016 où elle est la seule femme de l’équipe de dessinateurs permanents de Charlie Hebdo. Elue à l’Académie des Beaux-Arts en 2020, Catherine Meurisse est la première auteure de bande dessinée à devenir membre de l’Institut de France. Elle interviendra notamment vendredi 10 mai à 14h Cour Campredon dans ‘Carte blanche à la marraine et ses invitées BD’ avec Aurélia Aurita pour son livre ‘La vie gourmande’ paru chez Casterman et Florence Dupré Latour pour ‘Jumelle’ paru chez Dargaud. Catherine Meurisse proposera son livre ‘Le passage’ paru chez Barbier.

Ils étaient présents lors de la conférence de presse

Les lieux de Lire sur la Sorgue
La Cour Campredon, La Maison des ainés, le Clos des lavandes, 4rt Gallery, Ciné sur la Sorgue, Bastidon des Pescaïre. Toute la programmation alternative se déroulera au Grenier numérique, Place de la Liberté, réservations sur le site ici. Les réservations sont à faire au plus vite sur liresurlasorgue.com ici. Retrouvez également toutes les vidéos Lire sur la Sorgue sur youtube.com/@festivalLiresurlaSorgue


(Vidéo) 4e édition du Festival Lire sur la Sorgue du 8 au 11 mai

La 3e édition de Lire-sur-la-Sorgue aura lieu le week-end de l’Ascension, de mercredi 17 au samedi 20 mai, comme son nom l’indique à L’Isle-sur-la-Sorgue avec pour marraine Lolita Séchan. Au programme : des conférences, des rencontres et des animations.

En avant pour l’Isle-sur-la-Sorgue, ses jolies rambardes en fer forgé qui rythment la sorgue, ses canards et ses poissons, le beau temps, les restos pimpants, le parking de l’escargot où l’on s’insère avec précaution et bonheur car nous voici arrivés dans l’une des plus belles villes de Vaucluse baignée de verdure, de la Sorgue, de coquets commerces et maisons.

Direction la Place de la Liberté
Direction les roues à aube, la place de la Liberté avec la Collégiale Notre dame des anges, la libraire Le passeur de l’Isle, où l’on adore se perdre au gré des livres et trainer au premier étage pour y dénicher d’insolites objets.

Un pot au café de France ?
On irait bien prendre un pot en terrasse du Café de France, sous les platanes où l’on imagine instantanément s’engouffrer dans une faille temporelle. Ce sera pour une autre fois car nos pas nous emportent derechef à la Maison sur la Sorgue, la boutique hôtel et sa galerie Retour de voyage où, précisément, nous avons rendez-vous.

De gauche à droite Marc Leclerc président de Lire sur la Sorgue, Humbert Mogenet, président du Fonds de dotation Nouveaux lecteurs et Maria Ferragu, co-fondatrice de l’événement lors de la conférence de presse du festival Littéraire

Ambiance retrouvailles
Déjà du monde, des chuchotis, des sourires, le bonheur des retrouvailles. Au bout de la pièce, un confortable canapé et des chaises venues de tous les horizons invitent à s’installer et à écouter. Au mur les œuvres photographiques de Hans Silvester. Face à nous, glissés sur leurs chaises hautes, des petites tables et des veilleuses à la lumière dorée Maria Ferragu, Humbert Mogenet et Marc Leclerc, les trois pilotes de ligne de la manifestation portée par une précieuse cinquantaine de bénévoles. Ensemble, ils vont dérouler la belle initiative de Lire sur la Sorgue qui réunit toute l’année les personnes les plus éloignées de la lecture, tous ceux qui aiment lire, ouvrir des bandes dessinées, jusqu’au cœur des entreprises où l’on fait alliance grâce à ces pages que l’on tourne ensemble. Bref, on y œuvre à ce qu’il y a de plus compliqué et de plus beau : faire société.

Au mur, les œuvres de l’immense photographe Hans Silvester

Faire société
«Si les livres peuvent changer une vie, ils peuvent aussi changer une ville…» indique le programme. C’est bien là la première ambition de Lire sur la Sorgue, faire société, qui que l’on soit et d’où que l’on se trouve. C’est le ciment qui les unit. C’est aussi vrai pour ceux qui n’aiment pas lire, qui ne savent pas lire, qui ont envie d’écrire où pas du tout, ceux qui savent tout mais qui veulent, en premier, s’ouvrir aux autres parce que les autres… C’est finalement nous et qu’une ville, dans son quotidien n’omet aucun de ses habitants.

Lire sur la Sorgue
C’est un festival littéraire, un rendez-vous festif, un moment lisible par tous qui indique, en vérité, tout ce qui se passe aussi toute l’année, un peu partout dans la ville, auprès des plus démunis comme au cœur des entreprises, où le livre est l’objet de toutes les rencontres. Évidemment, les trois jours sont orientés lecture contemporaine afin de faire la rencontre des auteurs, de les approcher et même de leur parler. Mais pas que, puisqu’il y aura aussi des conférences et des animations pour les grands comme les petits.

De gauche à droite, Frédéric Dol, propriétaire avec Marie-Claude Marseille de Retour De Voyage Galerie d’Art et Boutique Hôtel, Humbert Mogenet et Marc Leclerc

Ce qu’ils ont dit
« Je suis arrivé dans la région il y a 4 ans, relate Marc Leclerc, président de Lire sur la Sorgue. Sensible aux risques sociaux dans les entreprises -je travaille au sein d’un cabinet et conseille des groupes sur la protection sociale de leurs collaborateurs – je pense que la culture en général, et la littérature en particulier, peuvent vraiment apaiser les collaborateurs et les gens. »
« Au printemps 2021, rien n’existait, se remémore Humbert Mogenet, mesurez le chemin parcouru depuis ! »
« Nous venons de recevoir le label Aide tremplin du Centre national du livre, révèle Maria Ferragu. Cela veut dire que nous serons accompagnés et soutenus durant trois ans, même si la subvention, plutôt symbolique financièrement, est surtout une façon de dire que ce festival, dans trois ans, aura une portée nationale. » Les éléments indispensables à ce festival que je remercie solennellement ? Les 50 bénévoles qui gravitent autour de ce projet. C’est tout un écosystème qui se nourrit et existe. »
« Quant au CNL ? Reprend Humbert Mogenet. Ils ont reçu 150 dossiers, en ont retenu 32 pour en soutenir 12, dont Lire sur la Sorgue, le dossier a été monté par Maria Ferragu, c’est donc une vraie satisfaction. »

Le budget
Si Maria Ferragu travaille particulièrement avec les maisons d’édition et les auteurs, elle n’omet pas de remercier la Mairie, la Région, tous les institutionnels et les entreprises pour leurs précieuses aides et subventions. Quant à Humbert Mogenet ? Il se penche plutôt sur les finances, tandis que le président de Lire sur la Sorgue, Marc Leclerc, travaille sur les partenariats avec les entreprises : « Le budget est de l’ordre d’entre 62 et 70 000€, précise Humbert Mogenet, pour une année d’actions, 32 000€ la première année, 62 000€ pour la deuxième et nous espérons atteindre les 70 000€ cette année. »
« L’idée est que tout le monde soit concerné : particulier, entreprises, fondations, notamment avec la RSE, Responsabilité sociétale et environnementale des entreprises », ajoute Marc Leclerc.

A l’initiative de cette 3e édition
Maria Ferragu chef d’entreprise amoureuse des livres à la tête de la librairie Le passeur de l’Isle. Humbert Mogenet l’ancien directeur de la 1ère agence de la Caixa banque à Avignon, qui œuvre à remplir d’honnêtes euros le fonds de dotation et Marc Leclerc, président de l’association Lire sur la Sorgue et aussi directeur au sein du courtier d’assurance Henner, très impliqué dans la prévention et la qualité de vie au travail. Une femme, deux hommes, trois marches pour que Lire sur la Sorgue prenne de la hauteur chaque année, au profit de tous, avec une vraie exigence de qualité et de rencontres bien ficelées. » Les retombées économiques sur la ville ? Nous y travaillons, relève Humbert Mogenet, mais si nous n’avons pas d’études spécifiques à ce sujet, au plan national, les enquêtes pointent que c’est le meilleur rendement ‘avec X8’. 1€ investi dans la culture aurait le meilleur effet de levier d’irrigation économique d’un bassin d ‘activité. »

Lire sur la Sorgue du 17 au 20 mai 2023, pour la littérature en partage. Ici Marc Leclerc, Humbert Mogenet et Maria Ferragu entourés de bénévoles

Ce qu’il faut savoir ?
Ces amoureux de la culture pour tous sont très respectueux du cadre, ainsi, les écrivains et artistes invités sont donc pris en charge et rémunérés. «Nous mettons un point d’honneur à ce que tous les artistes soient payés pour leur prestation, souligne Humbert Mogenet, au tarif recommandé par la CNL (Centre national du livre ainsi que la société des gens de lettres, SGDL), cotisations sociales incluses. Car nous considérons que venir présenter ses œuvres et participer aux rencontres fait partie intégrante du travail des écrivains.»

Les auteurs qui seront présents
Marraine du festival, Lolita Séchan. Les auteurs invités : Didier Atlani, Catherine Bardon, Elise Costa, Grégoire Delacourt, Aurélien Delsaux, Cyril Dion, Amélie Jackowski, Camille Jourdy, Gilles Kepel, Renan Luce, Ian Manook, William Marx, Catherine Meurisse, Noëlle Michel, Marc-Alexandre Oho Bambe, Katherine Pancol, Patrick Pelloux, Mazarine Pingeot, Gilles Rochier, Laurine Roux, Fanny Saintenoy, Alexia Stresi, Didier Van Cauwelaert, Daphné Vanel, Sigolène Vinson et Annette Wieviorka. L’ensemble du programme, les artistes, les lieux et les horaires ici.

Lolita Séchan, la marraine
Après Michel Field en 2021 (Agrégé de philosophie, journaliste et producteur à la radio et à la télévision), Sigolène Vinson en 2022 (ancienne avocate, comédienne au théâtre, actrice au cinéma, romancière, chroniqueuse judiciaire pour Charlie Hebdo et une des survivantes de la tuerie du magazine satirique), c’est Lolita Séchan, écrivain et illustratrice qui présidera, en qualité de marraine, cette très attendue édition. Si son nom de famille vous semble familier c’est que oui, elle est la fille ainée du chanteur Renaud qui habite à l’Isle-sur-la-Sorgue et c’est aussi l’ancienne épouse du chanteur Renan Luce, qui sera d’ailleurs présent. Tout le programme du festival du livre ici.

Les lieux de Lire sur la Sorgue
Les principaux événements se dérouleront au Centre d’art Campredon 20, rue du docteur Tallet ; à l’4rt gallery 15, rue Danton ; à la Fabrique poétique, le Grenier poétique place de la Liberté et le point infos au Passeur de l’Isle 6 et 7 place de la Liberté, à l’Isle sur la Sorgue.

Entretien avec Julie Gouazé
Lors de la présentation du festival, nous rencontrons Julie Gouazé, ça tombe bien puisque l’auteure, qui anime des cours d’écriture, s’est aussi rendue à la Maison d’arrêt pour les femmes de Corbas, dans le Rhône près de Lyon. Là, elle reste impressionnée par les foisonnants écrits des détenues.

Faire taire la tête au profit de son soi profond, de ses tripes
Julie Gouazé mène aussi des ateliers d’écritures en musique avec le Foyer d’accueil médicalisé (FAM) «Ces ateliers d’écritures sont aussi menés par les éducateurs. Je m’occupe du premier et dernier atelier d’écriture. La technique ? Nous écoutons de la musique très fort pour essayer de faire taire notre jugement intérieur afin que les mots ne soient plus réfléchis par la tête, mais sortis par le ventre.»

Eminem et la colère
«Le premier atelier s’est déroulé il y a peu sur des musiques d’Eminem et sur le thème de la colère. Cela a donné des textes forts qui apparaîtront, c’est sûr, sous une forme encore à définir. C’est aussi le principe de cet atelier d’écriture intensif qui aura lieu à la Maison d’arrêt pour femmes de Corbas, où nous nous livrerons à des jeux d’écriture tout d’abord pour faire connaissance et se libérer un peu, pour écrire.»

Comment tout a commencé ?
«Je suis allée à la prison de femmes pour y présenter mon premier roman, Louise. Ma porte d’entrée ? Des personnes qui y travaillaient. J’animais des ateliers d’écriture à la médiathèque, et là j’ai eu envie de retourner à Corbas. Quand vous animez des ateliers en musique, les textes qui surgissent sont formidables… Alors je me suis dit, pourquoi pas essayer avec elles ?» 

Quand Julie et Estelle ouvrent une brèche vers la liberté
«On a monté le projet à deux : j’animerai les ateliers d’écriture tandis qu’Estelle Conil filmera des détenues qui liront leurs textes. C’est ce film-là qui sera présenté au festival. Ensuite ? On y retournera.»

Mon histoire ?
«Je suis lyonnaise, j’ai vécu une autre vie à Paris très longtemps avant d’arriver dans la région lors du confinement, avec mes enfants et, ensuite… Nous ne sommes jamais repartis. Il fallait, maintenant qu’ils étaient devenus ados, qu’ils puissent aller à pied au collège ou au lycée, il y avait tout cela ici.»

Sa bio
Née en 1977 à Lyon, Julie Gouazé vivait auparavant à Paris. Après un DEA (Diplôme d’études approfondies) d’histoire contemporaine et un DESS (Diplôme d’études supérieures spécialisées) en communication politique, elle a travaillé dans la communication puis est devenue journaliste pour la télévision.

Fresque dans une rue de l’Isle sur la Sorgue

Lire sur la Sorgue ?
«Je suis bénévole depuis la 1re édition où j’ai été auteure invitée et animatrice», reprend Julie Gouazé qui interviendra après la conférence dérangée avec Annette Foëx, Christine et Louis Perego ‘autour de la prison et de l’enfermement’ avec la diffusion et la présentation d’un film témoignage d’ateliers d’écriture réalisés à la maison d’arrêt pour femmes de Corbas.

Ses ouvrages
Julie Gouazé a écrit Louise, un premier roman paru en 2014 aux éditions Léo Scheer ; Les corps de Lola en 2016 aux éditions Belfond ainsi que Quand on parle de Lou  en 2018 ; 
Elle est aussi l’auteure de livres pour enfants :  Zeus, Mythologie nordique ; La mythologie grecque , Hermès le messager des dieux ; et d’ouvrages collectifs dévolus à La littérature racontée aux enfants avec le Tour du monde en 80 jours, Le Comte de Monté-Cristo, Frankestein, Roméo et Juliette, Moby-Dick, Olivier Twist, L’étrange cas du docteur Jekyll et M. Hyde, La machine à explorer le temps, Le portrait de Dorian Gray, Les quatre filles du docteur March, Notre Dame de Paris,  Paris l’histoire de ses monuments, Les gaulois sur la trace de nos ancêtres, Le monstre du Loch Ness, Les mystères de l’histoire l’intégrale, Les mousquetaires, Apollo 11, Versailles, Les légendes de Bretagne, Mythe et légendes, Nelson Mandela, Les samouraïs, La fée Viviane la dame du Lac, La Toison d’or, Le Minotaure…  

Les articles précédents sur ce même sujet : Lire-sur-la-Sorgue ? Une idée géniale autour des livres et surtout des hommes ici (Avril 2022).  Lire sur la Sorgue, c’est encore tout ce week-end ici (mai 2022).


(Vidéo) 4e édition du Festival Lire sur la Sorgue du 8 au 11 mai

Vous en rêviez, ils l’ont fait. Quoi ? Un festival du livre à l’Isle-sur-la-Sorgue. C’est même la 2e édition. Le propos ? Se retrouver autour de la lecture et de conférences dans tous les lieux imaginables et possibles. Tout le monde s’y retrouve : le milieu littéraire avec des auteurs et des maisons d’édition, des associations, des acteurs sociaux, des scolaires, des acteurs économiques, les commerçants, les artisans et monsieur et madame tout le monde autour d’un seul mot d’ordre : le partage.

Aux manettes ?
Gilbert Conil, philosophe et amoureux des livres à condition qu’ils soient mis dans les mains du plus grand nombre. Maria Ferragu, à la tête de la librairie Le passeur de l’Isle, parce que depuis toute petite elle ne peut se détacher des trouvailles qu’elle met au jour au gré des pages et, enfin, le financier de l’étape, lui aussi grand lecteur et amoureux des grands auteurs, Humbert Mogenet.

Ensemble on est plus fort
Alors, pour réunir le plus grand nombre, c’est-à-dire les publics les plus divers et variés, soutenus par une armada de gentils bénévoles, ils ont réussi à porter cette deuxième édition du festival Lire sur la Sorgue, qui est le point d’orgue du printemps. Cependant l’ambition est plus vaste et universelle puisque toute l’année, l’association propose des lectures, des découvertes, à tous et pour tous, dans divers lieux s’immisçant avec bonheur au creux des entreprises, des musées, de l’espace public, car pour eux, les actes les plus signifiants de la vie sont la rencontre. Celle que l’on fait avec tout le monde, sans a priori, abolissant les strates de la société et même avec ceux qui ne lisent pas, parce qu’il faut bien un début à tout et peut-être apprendre à s’apprivoiser…

Ce samedi 21 et dimanche 22 mai
Les festivités débutées mardi, continuent de plus belle avec des lectures, des conférences, des enquêtes archéologiques, des infos sur l’antiquité, des rencontres avec des auteurs qui présentent leurs nouveaux livres, des déambulations musicales, l’enfance racontée, des lectures-concert, … Retrouvez le programme ici et laissez vous aller au bonheur car celui-ci, en plus d’être riche de futurs amitiés à naître est gratuit. Et le trio, qui aime à la folie sa ville, y tient. La culture ? Elle est essentielle à faire avancer le monde.

Les infos pratiques
Lire sur la Sorgue. Jusqu’au 22 mai. A l’Isle-sur-la-Sorgue. Tout le programme ici. www.liresurlasorgue.com
Pour tout savoir sur Lire sur la Sorgue, article précédent ici.


(Vidéo) 4e édition du Festival Lire sur la Sorgue du 8 au 11 mai

La pandémie de la Covid-19, les confinements successifs puis les couvre-feux ont considérablement changé la vie de millions de personnes. C’est exactement ce qui s’est passé dans le Village Monde de l’Isle-sur-la-Sorgue. Trois personnes, Maria, Gilbert et Humbert qui y travaillent et y vivent ont lancé ‘Lire sur la Sorgue’ des rencontres littéraires toute l’année et un festival au printemps parce que pour eux,  ‘Un livre peut changer une vie’.

Tout a commencé par un coup de fil.
Est-ce que l’Echo du mardi pourrait venir nous voir parce qu’on voudrait vous expliquer ce qu’est Lire sur la Sorgue ? Intrigués, nous nous rendons à l’invitation. Lire sur la Sorgue c’est quoi ? Un festival du livre, des rencontres, des auteurs et des lecteurs ? Des déclamations théâtralisées dans la rue, sur une barque portée par la Sorgue, plus encore ? Pour le savoir direction l’Isle-sur-la-Sorgue. Arrivée au parking du Portalet, le petit pont franchi nous voici sur la place de la Liberté à l’Isle-sur-la-Sorgue. On a hâte de les rencontrer.

Humbert Mogenet Copyright Mairie de l’Isle sur la Sorgue

On file au Café de France
à l’invitation d’Humbert Mogenet, le financier de l’asso, ancien banquier de la Caixabank devenu courtier où conversent déjà Maria Ferragu, la libraire ingénieure en communication, et Gilbert Conil le président de l’asso qui a passé, avec brio, sa thèse de philosophie. Tous les trois se retrouvent régulièrement pour concocter les rencontres qui feront se croiser les gens de toutes les strates et de tous les âges. «Parce que la qualité de la vie ce sont les rencontres, soutient Gilbert Conil. Nous ? On adore l’Isle-sur-la-Sorgue, on y vit, on y respire et ce lieu est tellement fantastique qu’il doit l’être pour tout le monde. Mais on ne veut surtout pas de l’entre soi, ni de clivage entre les jeunes et les vieux. On invite les gens à se parler et à se respecter parce que tout l’enjeu réside dans le respect et la transmission. On veut aider à ce que chacun puisse s’exprimer, être écouté, que les dialogues se nouent dans la bienveillance et sans jugement.» indique chacun en substance.  

Lire sur la Sorgue
 ?
Ça veut dire apprendre à se parler et à cheminer ensemble. Oui mais concrètement ? Dans les faits ? L’aventure est protéiforme : Un festival du livre de mercredi 18 à dimanche 22 mai prochain dans plusieurs endroits de l’Isle. Pour cette 2e édition, il y aura un spectacle sur les correspondances entre René Char et Camus dont l’amitié ne fut rompue que par la mort de l’enfant terrible d’Alger ; Au Musée Pétrarque -à Fontaine de Vaucluse- on explorera la poésie et la nature au gré d’une conférence de Daniel Bergez. Michel Field, le parrain de la 1re édition rythmera, pour cette deuxième édition, des tables rondes. En tout, plus d’une quinzaine d’auteurs viendront rencontrer leurs lecteurs et en séduire de nouveaux ; un conteur de rue déambulera et s’essaiera même à une performance sur les pescaïres et les Negochin –barques à fond plat-.

En résumé
«Lire sur la Sorgue ce sont des événements littéraires : des spectacles, des conférences, des rencontres, toute l’année dans la librairie, dans les entreprises, dans les associations, dans les lieux ouverts avec, au printemps, son festival, résume Gilbert Conil. C’est aussi aider chacun à se constituer une bibliothèque et pour les plus jeunes, s’engouffrer dans la lecture tout en utilisant les outils numériques pour faire des créations, des captations, des assemblages et de la diffusion.»

Gilbert Conil Copyright Mairie de l’Isle sur la Sorgue

Collégiens et lycéens Le smart phone combiné à l’écrit, ça déchire !
Cependant Gilbert Conil veut aussi mettre l’accent sur les collégiens et lycéens. «On oppose trop souvent high tech et livres. On se gargarise du ‘c’était mieux avant’ alors que pas du tout ! Les smart phones sont dans toutes les mains et permettent particulièrement, en plus d’être des téléphones, de filmer et prendre des clichés de très grande qualité. Alors on a fait une expérience. On a proposé à des élèves de travailler à la fois l’écrit et les images en parallèle ce qui a donné des productions de très grande qualité. Cela a surpris tout le monde alors que ça n’aurait pas dû parce que travailler avec les outils d’aujourd’hui est nécessaire et fait éclore des talents qui ne demandent qu’à être mis au jour. Il sera aussi question des métiers du livre, de la fondation Frédéric Gaillanne où se déroule chaque mois un quai des lecteurs.» 

Les salariés d’entreprise
«Les entreprises sont partout et pourtant on oublie les salariés et leurs besoins, reprend le président de Lire sur la Sorgue. Alors on s’est dit qu’on allait faire entrer les livres dans l’entreprise et que chacun, en parlant du livre qu’il avait choisi, pourrait converser avec ses collègues qu’il côtoie au quotidien sans les connaitre. Le livre est un vecteur qui permet de parler de soi et de dialoguer avec les autres. Cela bouscule les codes, permet d’entrevoir l’autre différemment et, peut-être d’éviter des burn out ou des rapports froids et distants. D’ailleurs le principe est déjà acté avec la Fondation Frédéric Gaillanne –la 1re école en France et en Europe qui éduque et offre gratuitement des chiens guides exclusivement destinés à des enfants déficients visuels- où se déroule un quai des lecteurs chaque mois.

Les entreprises publiques et privées amoureuses des livres ?
C’est bien ce que veut impulser Lire sur la Sorgue. D’autant plus que 2021-2022 a été déclaré Grande cause nationale par le président de la République Emmanuel Macron, avec une inclination, certes pour les plus jeunes mais aussi pour tous les français. Des entreprises parmi les plus importantes de France comme des plus modestes s’y sont essayées. Parmi elles ? La BPI (Banque publique d’investissement) qui, en lien avec des éditeurs, commande des ouvrages pour ses soirées littéraires. La Poste, Orange, la SNCF, Enedis, le BTP tiennent des clubs de lecture, organisant des rencontres entre les écrivains et les salariés. Des start-up de la tech proposent à côté des babyfoot et des corbeilles de fruits de la littérature entrepreneuriale et managériale. A tel points que certains rêvent après la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) de se mettre à la RCE (Responsabilité culturelle des entreprises).

L’enjeu du livre : la distribution puis la diffusion Copyright Mairie de l’Isle sur la Sorgue

Orange, Enedis, Harmonie mutuelle…
Pour mémoire, la Fondation Orange a lancé le prix du livre pour soutenir le papier alors que l’e-book et autres liseuses étaient sensés enterrer les ouvrages. Objectif ? Distinguer les écrivains confidentiels et promouvoir leur notoriété. Depuis 2020 Orange lorgne même du côté de la BD. Enedis a lancé en 2016 ‘Lire la société, Lire la politique’ et encourage ses 38 000 employés à prendre la plume sur ces thèmes en s’engageant à publier les manuscrits avec ‘Le prix du livre des salariés’. Harmonie Mutuelle a créé son prix ‘Solidarité’ en 2004. Le sujet explorés ? Jeunes aidants, précarité des jeunes et handicap avec une approche intergénérationnelle. Après ? Les écrivains lauréats rencontrent les salariés lors d’événements régionaux. A noter dans le top 5 des genres de livres les plus lus en France figurent les livres professionnels. Ce qui séduirait ces lecteurs ? Le développement de la culture managériale et entrepreneuriale. Les grandes marques comme Chanel font même des salons littéraires filmés menés par Charlotte Casiraghi avec les rendez-vous littéraires de Cambon.
Source LH Mars 2022.

Travailler ensemble
Ce qui fait le ciment de ces trois-là : Maria Ferragu, Gilbert Conil et Humbert Mogenet ? Un très fort attachement à l’Isle sur la Sorgue et l’envie de tisser du lien avec tous les acteurs locaux, ainsi les commerçants qui le veulent participeront à Lire sur la Sorgue, notamment en choisissant la phrase en réserve blanche qui parcourra leur vitrine de la citation d’un ouvrage qui les a particulièrement marqués. «C’est un village où les auteurs viennent rencontrer des lecteurs accueillants et curieux.» explique Humbert Mogenet, président du fonds de dotation ‘Nouveaux lecteurs’.

Le point de départ ? 
«Ça a été le confinement, relate Maria Ferragu. J’ai vu des gens rentrer dans la librairie qui d’habitude n’achetaient que sur Amazon. Beaucoup de nouveaux lecteurs ont poussé la porte sans savoir comment fonctionnait une librairie. On s’est dit, il y a quelque chose à faire. C’est grâce au confinement qu’est né Lire sur la Sorgue. Oui mais on voulait des rencontres très concrètes, qui répondent à une vraie demande précise Gilbert Conil et surtout ne pas opposer high tech et livre.

Maria Ferragu Copyright l’Isle sur la Sorgue

Pour mettre au point leur projet ils ont créé 3 structures
Le passeur de l’Isle –la librairie indépendante-, le Cercle Lecteurs des Sorgues –le navire amiral et ses 40 bénévoles et le Fonds de dotation Nouveaux lecteurs. Le budget  du festival de Lire sur la Sorgue qui aura lieu du 19 au 22 mai ? La 1re année il était de 35 000€, cette année il sera au moins de 75 000€. Également, chacun des trois membres fondateurs est le président de sa structure qui porte l’ensemble. Maria Ferragu pour Le passeur de l’Isle, Gilbert Conil pour Le Cercle des lecteurs des Sorgues et Humbert Mogenet pour le fonds de dotation des nouveaux lecteurs.

Le Fonds de dotation des nouveaux lecteurs dont le président est Humbert Mogenet a pour but de rechercher des financements privés pour soutenir des actions philanthropiques, sociales et culturelles. Il est le socle financier de Lire sur la Sorgue. «La structure offre à ses donateurs les mêmes avantages fiscaux que les fondations reconnues d’utilité publique, à l’exception des dons en réduction de l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) souligne Humbert Mogenet qui se penche sur les entreprises pour tisser de nouveaux partenariats. L’association bénéficie du régime fiscal de faveur du mécénat au titre des entreprises (Article 238 bis – Code général des impôts – Légifrance) et des particuliers (Article 200 – Code général des impôts – Légifrance).
Fdd.nouveauxlecteurs@gmail.com

Le cercle des lecteurs des Sorgues
Est l’association –créée en 2013- qui porte Lire sur la Sorgue sur une idée innovante de Gilbert Conil –qui en est le président-. C’est grâce au bénévolat de plus de 40 adhérents enthousiastes et engagés pour promouvoir la lecture que Lire sur la Sorgue créé des événements littéraires toute l’année.
lecteursdessorgues@gmail.com

Le Passeur de l’Isle
Est une librairie indépendante généraliste tenue par Maria Ferruga  qui en est la gérante. Le passeur de l’Isle, en plus de plus de 13 000 références propose un espace décoration à l’étage et des rencontres régulières d’auteurs tandis que l’époux de Maria Ferruga, Rémi, tient le Tome 2 dont la spécialité est la vente de vinyles et de BD.

Vous voulez en savoir plus ?
Maria Ferruga, Humbert Mogenet et Gilbert Conil nous en disent un peu plus sur eux.

Maria Ferragu tient la Librairie indépendante Le passeur de l’Isle. Si le lieu existe depuis 1998, elle l’a repris en 2015. Pourtant rien ne la prédestinait, au départ, à cette nouvelle aventure.  «Avignonnaise, après un master de Droit privé obtenu à la fac d’Avignon et un autre de marketing des services à Lyon, je travaillais dans la communication pour Eco emballages devenu Citéo ce qui m’amenait à me déplacer régulièrement auprès des collectivités territoriales et à rayonner sur le secteur Paca-Corse-Languedoc-Roussillon.»

« On peut changer une vie avec un livre », disent Maria, Gilbert et Humbert

Quand la famille s’agrandit
«A l’arrivée de ma fille, Héloïse, je souhaitais me réveiller, chaque jour, auprès de ma famille et décidais d’orienter différemment ma carrière, se remémore la libraire. J’étais moi-même cliente dans cette librairie et commençait une formation terrain en même temps que j’y étais salariée durant deux ans. J’ai alors entrepris de mieux maîtriser le métier : l’assortiment, la relation client, la gestion de PME et NFI (nouvelle formation d’ingénieur en communication). Résultat ? Le chiffre d’affaires a doublé en 5 ans ce qui est aussi une conséquence de l’ouverture du 2e magasin, le Tome 2. Nous avons également bénéficié des effets de la pandémie de la Covid-19 dans les années 2020 et 2021 puisque nous étions le seul support culturel accessible.»

Une reconversion réussie
«Ma maitrise de droit et mon parcours en école de commerce ne m’avaient pas préparée à cette reconversion effectuée à 33 ans, pour un métier peu rémunérateur mais passionnant, s’amuse Maria Ferragu. 10 ans plus tard, je ne regrette pas mon choix parce que je voulais faire quelque chose de bien. Et j’ai même entraîné mon mari dans l’aventure avec notre fille Héloïse. Le livre qui a changé ma vie ? ‘Rien ne s’oppose à la nuit’ de Delphine de Vigan

En termes de chiffres ?
En plus de ses 13 000 références la librairie propose, à l’étage, des objets de décoration, de la papeterie, une multitude de petits objets en relation avec l’univers du livre. Les précédents propriétaires conjuguaient deux métiers, lui était libraire et sa femme, grande voyageuse, rapportait de ses voyages –notamment en Inde- des vêtements ainsi que des objets de décoration. C’est à l’étage que se tiennent les salons littéraires où deux fauteuils cossus, coussins et plaids, attendent auteurs et passionnés de lecture pour un moment hors du temps et lorsqu’il fait beau ça se passe devant la librairie.

Le Tome 2
Le Tome 2, l’échoppe voisine du Passeur de l’Isle, propose à la vente des vinyles «revenus sur le devant de la scène depuis 10 ans, précise Maria Ferragu. On y trouve aussi des chaînes Hi-Fi. Les jeunes à partir de 15 ans et moins jeunes s’y retrouvent pour compléter leur collection et retrouver les sons d’une époque où le numérique n’existait pas. Le passeur de l’Isle emploie, 6 salariés -5 équivalents temps plein- dont une chargée de mission culturelle à temps plein. «Nous sommes en zone touristique et lors de la saison estivale nos lieux restent ouverts 7 j sur 7, précise Maria Ferragu. La librairie est un espace atypique porté par Linda, Isabelle, Estelle, Tomek, Yann et Rémi.»

Au fait, c’est comment la vie d’un livre ?
« Un livre connaît une espérance de vie de 3 à 6 mois, constate la libraire, une nouveauté chassant l’autre. Le nerf de la guerre ? La diffusion et la distribution. L’auto-édition comme chez Amazon ? Cela répond souvent à un besoin d’écriture familiale, d’autobiographies, des ouvrages qui seront distribués lors d’une cousinade, intervient Gilbert Conil. D’ailleurs les imprimeurs locaux proposent l’auto-édition avec des livres bien mieux relus et surtout mieux réalisés. Et puis nous partons du principe qu’une personne qui écrit s’améliore. Là encore le conseil reste primordial. Avons-nous rencontré un talent d’ici ? OUI !, nous avons ici un bel exemple de réussite avec ‘Le dit du Mistral’ d’Olivier Mak-Bouchard, -qui a grandi à Apt et vit désormais à San Francisco et dont le livre est un best-seller, » sourit fièrement le philosophe.

De Gauche à droite Gilbert Conil, Maria Ferruga et Humbert Mogenet Copyright Mairie de l’Isle sur la Sorgue

Humbert Mogenet
«Après un cursus à Montpellier, en école supérieure de commerce, j’ai toujours œuvré dans le secteur de la banque à Bordeaux, Paris, Clermont-Ferrand… relate Humbert Mogenet. Mes passions ? Rencontrer les gens et œuvrer dans le monde des affaires. Ma plus belle aventure professionnelle ? Je l’ai vécue avec la Caixabank -Caisse d’épargne catalane et espagnole la plus importante d’Europe création de l’agence affaires, développée en 1990 en Europe- dont j’ai ouvert une agence à Avignon en 1992. Fin 1998 mon épouse, Laurence, et moi-même étions de retour à L’Isle sur la Sorgue. Nous étions redevenus, comme j’aime à le dire, vauclusiens volontaires. Aujourd’hui ? Je suis devenu courtier en financement pour les entreprises. Grand lecteur, je fais partie de ces personnes qui pensent que les livres sauveront le monde. Mes préférences ? La littérature classique, un brin lyrique, qui vous soulève comme avec Bernanos, Charles Péguy, Victor Hugo, Albert Camus. J’aime la lecture qui vous dépasse. Dernièrement ? Nous avons organisé une soirée sur ‘Les correspondances Albert Camus-René Char’ avec le plus grand spécialiste du grand écrivain né dans le petit village de Dréan (Mondovi) en Algérie, Franck Planeille. La soirée était dévolue à nos bénévoles ainsi qu’à nos partenaires pour les remercier.»

Gilbert Conil
«Je suis un vrai l’Islois, j’ai 63 ans. J’ai débuté ma carrière chez Pechiney en faisant les 3 voire les 4X8, en tant que technicien des automatismes après avoir obtenu un CAP puis un BEP de micromécanique. Aujourd’hui ? J’entame ma retraite après avoir travaillé la majorité de ma vie chez EDF-GDF devenu Enedis. J’ai été releveur de compteurs durant 15 ans avant d’aborder des activités syndicales, sociales parce que ne vis et ne respire que par le partage. Je crois que j’ai épuisé, dans ma vie professionnelle, tous les systèmes de formation parce que j’avais soif d’apprendre. Je suis devenu un grand lecteur à l’adolescence. Je me suis construit avec les livres. Lire était et reste une quête pour approcher des informations de qualité. J’ai acquis, au cours de mon parcours professionnel, une licence Jeunesse et sport, animation sociale, animé des groupes de management, été directeur de maison de retraite à Sainte-Tulle en encadrant 35 salariés, dirigé une entreprise de vidéo spécialisée dans le recueil de témoignages, particulièrement dans les quartiers nord de Marseille. Mon crédo ? La qualité de la rencontre. J’ai toujours placé l’humain au cœur de mon travail. A la fin de ma carrière j’ai passé une thèse de philo justement sur l’expérience au travail. Dorénavant je me consacre à ma passion, la lecture et je fabrique moi-même mes bibliothèques en bois d’arbre fruitiers. Mon auteur préféré ? Il est inconcevable de choisir. Je suis éblouis par François Jullien, notamment avec son ‘Traité de l’efficacité’. Il est le philosophe le plus traduit dans le monde. Il est d’ailleurs intervenu en mars dernier, dans le cadre d’un cercle des lecteurs à l’4rt gallery. Nous pensons tous les trois que les livres peuvent changer les vies.»

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