22 juillet 2024 |

Ecrit par le 22 juillet 2024

Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

Tiago Rodrigues et Pierre Gendronneau étaient on ne peut plus radieux pour faire un pré-bilan public de ce festival de tous les dangers annoncés – crainte d’une baisse de fréquentation due aux dates, aux Jeux olympiques et aux élections – ce lundi dans la cour du Cloître Saint Louis à une semaine de la fin de cette 78ᵉ édition. 

Avant d’en venir aux chiffres, le directeur Tiago Rodrigues a tenu à conforter son choix d’organiser la Nuit d’Avignon, non pas pour se justifier face aux critiques reçues, mais pour réaffirmer que le Festival d’Avignon a toujours été depuis Jean Vilar un festival de résistance, que la Cour d’honneur a toujours été le meilleur plateau pour s’exprimer. Il s’est félicité que dès le 8 juillet, après le résultat des élections législatives, « ce festival de résistance soit devenu un festival de célébration. » 

Les chiffres parlent d’eux-même

Pendant  23 jours : 
• 35 spectacles et 2 exposition
• 218 représentations payantes, 5 en entrée libre et deux expositions
• 121 508 entrées à la vente (hors entrées libres)
• 60 débats et rencontres, rendez-vous tout public dans le cadre du Café des idées
• Plus de 300 rendez-vous en cumulant spectacles, rencontres, lectures, débats, projections
• 34 lieux dont 20 extramuros
• 29 créations en 2024  qui représentent 83% de la programmation (+5% que 2023)
• Deux tiers de la programmation sont des premières mondiales (21 créations au Festival d’Avignon 2024, soit 60% de la programmation)
• 25 projets produits ou co-produits par le Festival (70%)
• Parité absolue avec 19 femmes (50%) et 19 hommes (50%)
• L’artiste complice Boris Charmatz : volets de spectacles, un atelier chorégraphique, des rencontres au café des idées (Café complice, Foi et Culture), Territoires cinématographiques
• Transmission Impossible : 50 participants français et internationaux venus de Taiwan, de Corée du Sud, du Portugal et de Lituanie
• Langue invitée : 30 % de la programmation en relation avec la langue invitée espagnole, 55% de porteurs de projets étrangers soit 11 nationalités représentées, une communication trilingue
• Première fois : 54 % des artistes sont invités pour la Première fois au Festival d’Avignon et plus de 7000 personnes touchées

Retour vers un futur prometteur

Une certitude : le Festival 2025 aura lieu en juillet, pendant trois semaines au moins et avec la perspective d’avoir des dates communes avec le festival Off. L’artiste complice sera la chorégraphe Marlène Montero Freitas qui fera l’ouverture de la Cour d’honneur. Poursuite de l’idée d’une langue invitée — et non pas d’un pays, trop réducteur — qui sera l’arabe, en partenariat avec l’Institut du Monde Arabe.  Le projet ‘Démonter les remparts pour finir le pont’ de Gwenaël Morin est reconduit, l’auteur et metteur en scène Milo Rau créera « Pièce commune – Volksstück » en tournée à Avignon et aux alentours, en partenariat avec le Wiener Festwochen (Autriche).


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

Pour cette 9ème édition concoctée par les élus de la mairie en partenariat avec le Festival Off d’Avignon, les Jeunes Vignerons de l’appellation et la Distillerie A. Blachère « Châto ‘Off les Murs » se veut culturel, divers et accessible à tous et attire chaque été des milliers de spectateurs dans un cadre à couper le souffle.

Ce lundi 15 juillet, Caroline Vigneaux Véritas ©Emmanuel Chandelier

La sélection propose :
– le lundi 15 juillet, Caroline Vigneaux Véritas
– le mardi 16 juillet, « Bel Ami » d’après le roman éponyme de Guy de Maupassant.
– le mercredi 17 juillet, soirée dédiée aux enfants avec « Le loup en slip » et « La folle histoire de France »
– le jeudi 18 juillet « Le dîner de cons »
– le vendredi 19 juillet pour la dernière soirée, Léon le Magicien dans un « Magic best of ».

L’espace de petite restauration ce lundi 15 juillet ©Emmanuel Chandelier

Les représentations ont lieu à 21h 30, mais auparavant, tous les soirs, dès 19h, le public est invité pour l’apéro au Bar à vins des Jeunes vignerons du village, Bar à Sirops de la distillerie A. Blachère et à une petite restauration servie sur planches, charcuteries, fromages, tapenade, anchoïade et melon.

Une semaine conviviale, familiale, bon enfant avec vue sur les vignes de Châteauneuf-du-Pape, le Rhône et même à l’horizon, dans le lointain, le Palais des Papes. Tarifs : 5€ enfants de plus de 11 ans – 10€ adultes – gratuit mercredi.

Ce lundi 15 juillet, le discours de présentation devant plus de 500 personnes de Yannick FERAUD, Conseiller Municipal en charge de l’Urbanisme – Aménagement, Circulation – Sécurité, Grands Evènements, Environnement, Cadre de Vie et Tourisme, Histoire et Patrimoine ©Emmanuel Chandelier

Du Lundi 15 au Vendredi 19 juillet 2024.
Cour de l’Ecole Camus – Av. Baron Leroy

Dès 19h00 :
Bar à vin des Jeunes Vignerons de l’AOC
Petite Restauration
Bar à sirops de la Distillerie A. Blachère
Ambiance musicale live

21h30 Représentation théâtrale

Office de Tourisme
04 90 83 71 08
accueil.chateauneufdupape@paysdorange.com


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

Il faut d’abord créer du lien, faire communauté

Après une arrivée intrigante où vases en argile et personnages statufiés nous font presque une haie d’honneur dans le long couloir du lycée Saint Joseph, nous nous trouvons face à une masse inerte et sombre sur le plateau… Très vite, le rire vient avec les recommandations d’usage d’avant spectacle faites par Camille Decourtye, un peu empruntée. Puis la situation vire au burlesque avec un pot cassé, un essai de remplacement en direct sur un tour de potier, une blague douteuse. Les comédiens s’installent, un chant a capella s’élève et Patatras ! Nous luttons avec le groupe pour tenir en équilibre sur l’argile glissante qui se répand sur le plateau.  Il ne s’agit plus simplement de faire corps, mais de tenir son corps. On rit bien sûr malgré la virtuosité de cette chorégraphie de glissades et de culbutes, cette solidarité en action. L’euphorie va ensuite laisser place pendant tout le spectacle à la fascination de la mise en corps et en espace de la question Qui Som ?

« Qui sommes-nous ? » de la Compagnie franco-Catalane Baro d’evel fondée par Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias 

C’est un spectacle qui nous engloutit et/ou nous libère. La masse grise, formée de lambeaux, dressée sur le plateau nous fascine et en même temps nous fait frémir. Elle est vivante, mue par le vent ? Par des corps ? Elle avance, nous avale, nous rejette, nous inquiète même si elle peut servir de refuge, de cachette — sauf pour le chien plus perspicace que nous — ou de paroi à franchir. 

Un spectacle fascinant où le propos prend littéralement forme 

Un spectacle féerique, ou plutôt fascinant, devant tant d’intelligence, d’inventions. Preuve que l’on peut sensibiliser aux enjeux écologiques, croire à la solidarité, retrouver la joie du groupe, magnifier le corps et le vivant, prendre soin de l’autre, chien ou humain, s’affranchir des frontières, braver l’inconnu, explorer les mystères, s’essayer à faire, à croire et recommencer sans cesse.

La liste est longue de tous les possibles que nous ouvre ce spectacle qui n’en finit d’ailleurs jamais puisque «  le monde n’est pas fini » La metteuse en scène et comédienne Camille Decourtye nous invite avec son haut-parleur à la suivre dans la cour du lycée Saint Joseph et à ne rien lâcher, à ne pas laisser tomber, à croire encore et toujours qu’un autre monde est possible. La jubilation devient fête, on a envie d’embrasser son voisin, de rester encore et encore, d’apprendre à façonner un vase en argile, grimper sur des lianes imaginaires, adopter un chien, se laisser tomber dans les bras d’un inconnu…..

Mais qui suis-je pour parler ainsi ?

Une spectatrice qui n’a pas envie de raconter l’histoire, de dévoiler l’indicible. Qui som ? C’est une somme d’émotions, d’inventivité, de création en direct même si ce sont des mois et des mois de travail de la part de ces 13 artistes touche-à- tout venus de la danse, du cirque, du théâtre de rue, de la musique. C’est un appel tous les soirs de représentation à agir pour un monde meilleur, dans la joie, avec les aléas du vent, du corps, de la fatigue, du groupe. 

Il fallait y être, il faudra y revenir. Le spectacle ayant été filmé, possibilité de le voir en replay sur Arte.TV.

Qui Som ? Festival D’Avignon. Date des tournées en France et étranger sur festival-avignon.com


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

Pas besoin de passeport pour se rendre dans ces territoires de la République qu’on dit souvent « perdus. » En fait, il s’agit d’un « seul en scène » de Xavier Berlioz, né en 1969 à Villeurbane et consacré à la 1ʳᵉ cité dynamitée en France en 1982, la « Barre Olivier de Serres. » Comme l’a été en 2001 à Avignon, La Tour Apollinaire avec ses 430 appartements, sur la Rocade.

À l’époque, Xavier Berlioz a 13 ans quand il assiste à l’effondrement de cette tour, dans un nuage de poussières de béton, de verre et de ferraille, dans un fracas qui brise son cœur et fait voler en éclats son enfance. C’est pour lui l’occasion d’évoquer sa jeunesse, son quartier, son copain dans l’immeuble d’en face, les petites gens, les Pieds-Noirs, les Harkis, le racisme, voire d’ostracisme.

Tour à tour, il évoque les stars de l’époque, Mireille Darc et Mireille Mathieu, Carlos, Marie Myriam, les émissions de Guy Lux, le feuilleton de la seule chaîne en noir et blanc de l’ORTF, Thierry La Fronde. Les déménagements de bric et de broc avec des sacs tricolores empilés et mal ficelés sur le toit des Ami 8 Citroën et des 405 Peugeot, le marchand de glaces qui klaxonnait au pied de la tour, l’été, et qu’on attendait avec impatience. Les vautours qui venaient chercher leur loyer en cash. Le berger rebelle du djebel aux mains tachées par le henné et les doigts jaunis par le tabac. « Tous les habitants vivaient là, dans ce melting pot, Monsieur Zaouche, l’épicier ouvert tous les jours et tard le soir et Monsieur Durant qui n’aimait pas beaucoup les étrangers ». Les riverains qui constataient « On n’est plus chez nous » après la Guerre d’Algérie, les Accords d’Evian et les bâteaux en provenance d’Alger qui larguaient sur la Joliette, à Marseille, leur cargaison humaine et exilée à jamais, de 800 000 Pieds-Noirs et 41 000 Harkis avec sur les murs des tags tracés au bitume : « La valise ou le cercueil » en guise de messages d’accueil…

Au bout de décennies de cohabitation chaotique, de ghettoïsation, de trafics en tous genres, de pauvreté, la mairie de Villeurbane a promis de « raser gratis » tous ces immeubles pour un lendemain meilleur. « La vermine » comme l’appelaient certains, était assiégée. Les fenêtres murées, les locataires chassés, parfois relogés loin, très loin. Le terrain, entre bitume et béton, était « de plus en plus vague » explique Xavier Berlioz, la vie a disparu à petit feu, la mémoire non. Cet « holocauste urbanistique » a été effacé, rayé de la carte pour faire place nette. De lieu de vie pour des centaines de familles, il est devenu no man’s land. 

En une heure, nous passons du rire aux larmes, de l’insouciance de l’enfance au drame. « La cité j’y retourne quand je veux », conclut l’auteur-interprète de ce « Voyage en territoires perdus ». Une « Symphonie Fantastique » de mots, d’émotions, de tendresse, de nostalgie signée Berlioz. Pas Hector, mais Xavier Berlioz, en collaboration avec Sabrina Delarue. À voir absolument jusqu’à dimanche 21 juillet à 10h50.

Xavier Berlioz, auteur, comédien et metteur en chène de ‘Voyage en territoires perdus’.

Contact : Théâtre des Béliers – 53 Rue du Portail Magnanen – Avignon


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

Le groupe Merci se joue des contes de Charles Perrault

Le groupe Merci, qui nous vient de Toulouse, aime maintenir dans ses choix artistiques « des îlots pour s’exposer aux questions qui maintiennent éveillés et pour creuser nos inquiétudes. Des îlots pour dire avec drôlerie nos catastrophes, nos colères, nos inquiétudes sans chercher la fin réconciliatrice. » Il aime les sujets tabous : dans le In en 2022 à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, il dialoguait volontiers avec les morts. Dans la charmante cour du Musée Angladon, il s’empare des contes de Charles Perrault réécrits par l’auteur contemporain Emmanuel Adely. 

De l’importance des contes de fées

On a beaucoup écrit sur les contes, leur utilité, leur rôle de médiation, capables de guérir, soigner ou aider à grandir selon Bruno Bettelheim ou Françoise Dolto. Ici point de circonvolutions psychanalytiques : le constat est dur et brut. Nos « héros » d’hier sont encore ceux d’aujourd’hui. Seule la langue a opéré un déplacement. Les riches en yacht n’ont rien à envier aux rois et reines d’antan. Les princesses d’hier sont les népo baby d’aujourd’hui. Les questions d’inceste, de domination, de pauvreté sont toujours des réalités. #MeToo a pris le relais pour nous conter des histoires qui n’ont rien de fictif. 

En guise d’introduction

L’entrée en scène sur un drôle d’engin à chenilles des deux comédiens donne le ton : on rira, mais on n’éludera rien. Campés sur un terrain de golf, ils entament un dialogue ping-pong, jouent du contre point, et plantent le décor d’un monde résolument moderne de réseaux sociaux, jets et soirées privées, avec des hommes riches, laids et vieux et des femmes idiotes, jeunes et belles. Mais ça n’existe que dans les contes de fées n’est-ce pas ? Il était une fois… mais ça se répète tout le temps.

Trois contes et quelques

Au cours du spectacle, trois contes seront totalement identifiés et racontés : Peau d’âne, Le Petit Chaperon rouge et Barbe Bleue. Mais la pomme lancée par un club de golf ou les cailloux semés en interlude nous incitent, même longtemps après le spectacle, à revisiter dans notre tête tous les contes de notre enfance et on ne peut que frémir devant la pertinence et la modernité malheureuse de ces histoires. 

Un ressort comique, une langue incisive, des comédiens qui ne s’en laissent pas conter

Il y a bien sûr le récit, qui est transposé dans un monde «  altermondialiste, écologique et anticapitaliste » avec des zadistes, des clodos, des accros, des influenceuses… Mais le rire vient aussi de la construction des histoires qui cochent tous les codes et invariants du conte : univers merveilleux avec des personnages hors du commun qui vont connaître des aventures flamboyantes etc. Les détails de rêve sont conservés, le principe d’énumération aussi.  Et les comédiens évoluent précisément, mais librement dans cet entre-deux spatio-temporel. 

Quand l’enfant devient une proie, le rire s’éteint

La première partie du spectacle nous a mis en confiance et permis de rire de tous les travers de notre société moderne. Quand Lou — fille ou garçon — entre dans l’antre de Mère Grand qui peut être « un professeur, un journaliste, un homme politique, un universitaire, un écrivain… » même les cigales se taisent. On ne peut s’empêcher de se tourner vers Charles Perrault, dignement installé au premier rang, un peu gêné, arborant une moue suffisante… et le gazon extirpe les cadavres de plusieurs siècles de silence. 

Il était une fois…..une fois de trop quelquefois. 

Jusqu’au 21 juillet. Relâche le 17. 10h30. 14 et 20€. Musée Angladon. 5 rue Laboureur. Avignon. Billetterie sur place ou www.lamanufacture.org


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

La Compagnie basque Hecho en casa a planté le décor cette année dans la grande salle du gymnase de Présence Pasteur. Le public est installé sur des gradins de part et d’autres d’une grande table de ferme qui servira de plateau pour nous servir… l’histoire d’une vie peu commune. 

Née en 1922, Blanche est une petite vieille espiègle et fort sympathique même si quelquefois son sourire cache des grimaces équivoques. Elle nous invite au grand banquet de sa vie. Cette fiction librement inspirée par la propre épopée familiale de l’autrice et comédienne Mélanie Vinolo nous touche immédiatement tant son appétit de vivre et de jouer est communicatif. 

Le fil conducteur de ce spectacle est la recette du bonheur

Sa vie n’a pas toujours été facile : le travail à la ferme avec les corvées, le départ pour la guerre de son frère adoré, sa mère sévère face à une tante plus magnanime, ses lectures de Boris Vian ou de Lorca, l’émotion du premier baiser, le départ vers la capitale. Sa mémoire vacille, les fantômes du passé surgissent de l’armoire quand ce n’est pas l’infirmier de la maison de retraite où elle vit désormais qui la ramène à une réalité dont elle veut s’évader : l’heure est venue en effet de tirer sa révérence, mais Blanche veut nous faire un dernier cadeau et soigner son départ. En cuisinant une improbable soupe aux légumes, elle compte bien nous donner une ultime recette de vie. De l’action surgit un souvenir, d’un regard une anecdote fuse, et en un tour de cuillère à pot, entre farine, neige ou plumes, l’histoire d’un siècle est reconstituée avec tendresse. 

Une mise en scène intuitive qui reconstitue le puzzle d’une mémoire vacillante 

La grande table sert de lieu d’ancrage. On y mange, on y danse, on y dort, c’est un quai de gare ou le toit de la grange. Elle conduit vers la grande armoire qui recèle tous les secrets d’une vie et dont les portes libèrent la mémoire de Blanche. Les trois autres comédiens qui jouent plusieurs rôles excellents dans des registres très divers. Une soirée pimentée, mais néanmoins poétique. 

Jusqu’au 21 juillet. Relâche le 15. 22h. 8 à 19€. Présence Pasteur. 13 rue du Pont de Trouca. Avignon. 04 32 74 18 54.


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

Dans le gymnase du lycée Mistral, les sierras d’Argentine se détachent sur un voile blanc et les sonnailles des troupeaux évoquent déjà le rassemblement et la réconciliation annoncée.

Tiziano Cruz, auteur et interprète de Wayqeycuna a choisi de clore sa trilogie (Adios Matepac et Soliloquio) commencée en 2022 à la mort de sa sœur et nous ramène dans son pays, après 25 ans d’absence. Il pose là un acte politique fort en renouant avec sa communauté du nord de l’Argentine par la langue « le quechua » et par ses traditions : le partage du pain.

Retour aux origines

Il alterne un discours frontal où il nous offre son corps et son âme en habit traditionnel ou un discours beaucoup plus politique et engagé avec les « sans dents » d’un monde qui se meurt dans un capitalisme décomplexé. La poésie et l’émotion affleurent continuellement, servis par un texte fort, un propos incisif atténué par un film d’une grande beauté où les moutons semblent s’envoler dans les brumes de ses montagnes andines. Dos tourné, Tiziano devient notre guide spirituel face à l’écran. 

Un adieu qui est une fête

À la fin du spectacle, il distribue du pain fabriqué lors de deux ateliers.  Le pain est un symbole important pour l’artiste, car porteur d’une culture et d’un savoir-faire ancestral propre à sa communauté du nord de l’Argentine. Et là, il peut sourire et laisser éclater sa joie d’avoir partagé ce moment autobiographique. 

Samedi 13 juillet. 11h. Dimanche 14 juillet. 11h et 18h. Gymnase du Lycée Mistral. Entrée boulevard Raspail. Festival d’Avignon. Cloître Saint-Louis, 20 rue du Portail Boquier, Avignon. 04 90 27 66 50.


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

La semaine de tous les dangers est derrière nous : plus d’école, plus de vent et de pluie, plus d’élections. La crainte de désertion du public pour cette première semaine de festival atypique s’est avérée infondée : le public est au rendez-vous et la qualité des spectacles aussi.

La Cour d’honneur, lieu d’émotion, de débat et de combat pour convoquer ou chasser les fantômes du passé, c’est selon

Le public ne s’imaginait peut-être pas venir deux fois, la même semaine, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes : pour voir Dämon, el funeral de Bergman d’Angelica Liddell et assister de minuit à l’aube à la ‘Nuit d’Avignon’, événement totalement imprévu, mais nécessaire face à la menace de l’extrême droite aux élections législatives. La performeuse Angelica Liddell a eu – ça devient une habitude risible — ses détracteurs habituels. Elle a pourtant fait l’unanimité publique et critique tant sa performance force l’admiration de courage, de générosité et de clairvoyance.

En invoquant la peur de la mort, de la vieillesse et le fantôme d’Ingmar Bergman qu’elle admire depuis l’adolescence, Angelica Liddell atteint au-delà de sa performance les sphères du Sacré. La Nuit d’Avignon était plus pragmatique — quand ce n’est pas ennuyeuse avec quelques discours institutionnels nécessaires mais conventionnels —  mais la mobilisation sans précédent des artistes du Festival et du public a permis une belle nuit de concorde et de réconciliation, unis dans un « même îlot de fraternité » contre les fantômes du passé. L’heure était à la fête malgré la gravité du moment. 

Dans l’écrin de la carrière de Boulbon, la Comédie Française a déployé tous ses atouts

Quel bonheur assurément pour l’auteur et metteur en scène Tiago Rodrigues de créer son dernier spectacle Hécube, pas hécube dans ce lieu magique avec les magnifiques acteurs de la Comédie française. Le directeur du Festival d’Avignon n’a pas son pareil pour construire des histoires simples et compréhensibles tout en les raccrochant à la tragédie grecque. Il dit volontiers aimer écrire « entre les lignes des géants. »

On connaît de lui dans ce registre l’adaptation de la Cerisaie, d’Antoine et Cléopâtre ou d’Iphigénie. Dans cet espace minéral, le huis clos qui se joue est double : nous assistons à la répétition d’Hécube d’Euripide et entrons dans un même temps dans la salle d’un tribunal où se tient le procès de l’institution accusée d’avoir maltraité le fils autiste de Nadia. Nadia est comédienne et répète son rôle d’Hécube et tout se brouille… Le ton est donné dès la première scène : le chœur antique « on a le temps, on est large », faisant allusion à la première qui doit avoir lieu dans une dizaine de jours, l’humour de Denis Podalysdes qui fait mouche en répétant inlassablement « Hécube méritait mieux », l’angoisse de Loic Corbery de ne pas être prêt. Elsa Lepoivre est somptueuse dans le rôle d’Hécube et de Nadia écrit spécialement pour elle. 

Une belle surprise que ce Mothers, a song for wartime

La Cour du Palais des Papes était particulièrement adaptée pour faire résonner les voix de ces 21 femmes rescapées de conflits armés. Chants traditionnels et rituels, mais surtout témoignages bruts et néanmoins sobres pour nommer les violences faîtes aux femmes en temps de guerre. Quand chaque femme s’extirpe du chœur, du groupe pour se présenter simplement, leur courage force l’admiration. La metteuse en scène polonaise Marta Gornicka, en réunissant ces survivantes de 9 à 72 ans, nous envoie un message incroyable d’espoir et de résilience Elle replace ainsi le spectacle vivant au cœur de sa mission de résistance et de débats. 

DR

À suivre pour les autres spectacles …..

Infos pratiques :
Carte Festival.
25€. Demandeur d’emploi. 1€. Professionnel du spectacle vivant. 20€.
Carte 3 Clés. 1€. réservée au moins de 25 ans. Ou étudiant. Bénéficiaire des minima sociaux.
Billetterie : festival-avignon.com
Festival d’Avignon. Cloître Saint-Louis, 20 rue du Portail Boquier, Avignon. 04 90 27 66 50. 


Le Festival d’Avignon 2025 se dessine déjà avec l’arabe en langue invitée

La compagnie Circus I love you vous attend sous son chapiteau pour un spectacle familial de qualité. Dès l’entrée nous sommes accueillis en fanfare et le swing en live ne nous quittera pas.

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont  passionnés et élégants dans l’effort. Ils représentent et perpétuent les valeurs du cirque traditionnel tout en le renouvelant : solidarité, amour du groupe, de la famille, du partenaire, de la musique et du public. Ils ? Ce sont les artistes, musiciens, acrobates de la Compagnie suédoise Circus I love you et ça tombe bien car leur spectacle n’est qu’Amour.

Des duos sensibles et maîtrisés

Trapèze, jonglage, roue cyr, funambule, acrobaties, voltiges, cerceaux, les duos se succèdent et on comprend peu à peu que les accolades données en début ou en fin de prestations ne sont pas factices : c’est réellement sous les feux de l’amour  et de la confiance entre eux et avec le public que ces prouesses ont pu se réaliser. Ils se réconfortent, se félicitent et ces moments de tendresse nous permettent de reprendre notre souffle.

Ajoutons que la générosité qu’ils nous ont témoignée va au -delà du spectacle : ils ont distribué plus de 500 places à Culture du Cœur afin de rendre accessible à tous pendant la durée du festival, le cirque , art populaire par excellence. Il est prudent de réserver.

Jusqu’au 19 juillet. Relâche les 11 et 18. 21h. 10 à 15€. Kabarouf. Chemin des canotiers. Ile de la Barthelasse. Avignon. 06 31 38 39 56

https://echodumardi.com/tag/festival-davignon/page/2/   1/1