22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Musée du Louvre-Lens : du bonheur pour les sens

Aux antipodes du labyrinthique Louvre parisien, son petit frère lensois est un havre de paix à la japonaise, où une galerie du temps artistique épurée vous attend, s’ouvrant sur un immense parc. Visite, avec la complicité de Justine Canu, médiatrice culturelle, et Rémi Maillard, administrateur.

Au cœur du bassin minier du Pas-de-Calais se trouve un lieu qui détonne et étonne : le Louvre-Lens. Un musée qui vaut le détour tant pour son architecture toute en transparence – havre de paix à taille humaine -, que pour ses expositions et sa célèbre galerie du temps. Celle-ci permet d’avoir une vue sur «5 000 ans d’Histoire de l’art en presqu’un coup d’œil», nous explique Justince Canu, médiatrice culturelle. «Cœur du réacteur» muséographique, cet espace aux 250 œuvres sculpturales et picturales seront renouvelées en septembre pour être remplacées par un nouveau «best of du musée du Louvre parisien».

La galerie du Temps © musée du Louvre-Lens

Loin du didactisme, la frise chronologique s’est faite discrète. Il y a ainsi «autant de chemins que de visiteurs» pour traverser l’espace. On découvrira les similitudes entre un sublime sarcophage médiéval et son voisin romain, un masque guinéen de 50 kilos, ou encore un portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples, par Raphaël (voir encadré).

«Le Louvre-Lens est autant un musée qu’un parc»

Justine Canu, médiatrice culturelle

Le musée propose également une visite de ses coulisses, via «la mezzanine» depuis laquelle on peut apercevoir à travers un vitrage l’entreposage des œuvres et ceux qui s’y attellent. Et bien évidemment des expositions, dans le musée mais aussi dans le parc, à l’instar d’une œuvre de Niki de Saint-Phalle, qui s’y installera prochainement. «Le Louvre-Lens est autant un musée qu’un parc», plaide Justine Canu. Retenu en 2005 parmi 124 candidatures, le projet des architectes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa de l’agence japonaise SANAA était guidé par l’idée d’une transition douce avec l’environnement, la recherche de transparence et l’ouverture sur l’extérieur. Et quel extérieur ! Un lieu de promenade prisé par les familles et autres joggers arpentant le «bois pionnier», et de nombreuses manifestations dédiées aux familles, parmi lesquelles «Parc en Fête».

«Le Louvre-Lens est autant un musée qu’un parc», plaide Justine Canu ©musée du Louvre-Lens- Philippe Chancel

Héritage minier et démocratisation culturelle

À l’opposé des grands ensembles verticaux souvent favorisés par les architectes contemporains pour les musées, SANAA a choisi une architecture très linéaire et horizontale, héritée des quartiers miniers, sur un seul niveau. La nature avait repris ses droits sur le site, y ont poussé des cerisiers issus des noyaux laissés sur la terre par les mineurs lors de leur pause déjeuner. Le bâtiment a en effet été construit sur une friche de vingt hectares, celle de l’ancien carreau de fosse des puits 9 et 9 bis, fermé en 1960…

Cet héritage minier et la volonté de démocratiser l’art dans une ville où il n’y avait jusque-là pas de musées, sont omniprésent. Et cela a fonctionné dès le début de l’aventure, bien avant l’inauguration de 2012. L’idée était alors de reproduire la délocalisation du Centre Pompidou à Metz. L’appel à manifestation d’intérêt à peine lancé, les Lensois étaient d’ores et déjà 3 000 à signer une pétition pour voir naître le projet, indique Rémi Maillard. Avec 13 médiateurs culturels et un travail «hors les murs», les habitants du bassin se prêtent désormais largement au jeu, profitant notamment de la gratuité de l’accès au parc et à la galerie du temps. Près d’un quart des 550 000 visiteurs annuels (chiffres 2023) sont des «locaux». «Les trois grands objectifs du musée étaient la démocratisation culturelle, la réinvention du Louvre et la redynamisation du territoire», résume l’administrateur du musée. Un pari réussi en beauté.

Le portrait de Dona Isabel de Requesens

Emblématique de la collection semi-permanente de la galerie du temps, le portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples, par Raphaël, a quelque chose d’envoûtant. Longtemps appelée «Portrait de Jeanne d’Aragon», l’œuvre de 1518 aurait été commandée par le Pape Léon X pour être offerte comme cadeau diplomatique au roi François Ier. L’artiste joue des effets de lumière pour de forts contrastes : l’habillement de velours rouge intense et le décor sombre. Le vêtement porté par la vice-reine occupe près de la moitié de l’espace !

Portrait de Dona Isabel de Requesens par Raphaël. © RMN-GD – musée du Louvre – Hervé Lewandowski

par Marine Tesse / La Gazette Nord-Pas-de-Calais membre du Réso Hebdo Eco


Musée du Louvre-Lens : du bonheur pour les sens

Ouvert en 2001, le musée du charronnage au car de Vanosc rend un hommage vibrant à Joseph Besset, un industriel ardéchois particulièrement visionnaire. On lui doit l’invention du car moderne et dans la foulée, la création de l’usine – aujourd’hui Iveco Bus – d’Annonay.

Contrairement à Louis Renault, André Citroën ou Armand Peugeot dont les patronymes sont assez logiquement passés à la postérité jusqu’à devenir des marques, peu nombreux connaissent Joseph Besset. L’histoire et la trajectoire de ce fils de paysan ardéchois devenu en son temps (soit à la veille et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale) l’un des plus importants industriels de son époque le mériteraient pourtant. Joseph Besset a en effet révolutionner à sa façon le marché du transport de voyageurs par la route en repensant complètement l’architecture des autocars, contribuant ainsi à l’essor d’une nouvelle forme de tourisme. 

De Vanosc à Annonay en passant par Détroit

Son coup de génie : rapporter des États-Unis (où il est allé constaté de visu quels sont les avantages du travail à la chaîne tel qu’on le pratique dans les usines Ford) dans une France qui fait connaissance avec les congés payés, un nouveau brevet portant sur la construction des autocars, lesquels sont jusqu’alors construits de la même façon que le sont les camions. À savoir un gros moteur fixé à l’aplomb des roues avant, entre eux deux longerons sur lesquels on monte une carrosserie. Dénommé Garwood, ce nouveau concept, que Joseph Besset rapporte dans ses valises, consiste à assembler un châssis tubulaire autoportant sur lequel on vient fixer des tôles pour la carrosserie. Le moteur, rejeté à l’arrière, augmente le confort sonore, visuel et thermique des passagers  et facilite la conduite en réduisant considérablement le poids sur l’essieu avant. Convaincu du succès de cette technologie – que l’on retrouve aujourd’hui encore à bord de tous les cars et bus – et conscient que son activité de carrossier automobile ne peut que décliner sous l’effet de la production en grande série d’automobiles « standard », Joseph Besset va alors se focaliser sur cette activité dans sa toute nouvelle usine d’Annonay. 

Dès 1946, sortiront des ateliers annonnéens  plus de dix cars par jour. C’est le début du succès pour cet industriel venu du monde paysan. L’Isobloc, son modèle emblématique, sera constamment amélioré et construit jusqu’à la fin des années Cinquante. De nombreux modèles ont depuis succédé à l’Isobloc. 

© DR

Joseph Besset ayant été contraint de déposer le bilan en 1951, son usine d’Annonay sera renommée SAVIEM puis RVI (Renault Véhicules Industriels) puis Irisbus et enfin, à partir de 2013, IvecoBus. 

Avec près de 1300 personnes en activité, cette usine est le plus important site de production de bus en France, voire en Europe. 

Un musée pour entretenir la mémoire

Géré par une association (« La Vanaude »), un musée situé dans la petite commune de Vanosc (commune située à une dizaine de kilomètres d’Annonay) d’où était originaire Joseph Besset et où il a appris le métier de charron) lui rend hommage et surtout, permet de faire connaissance avec ses différentes réalisations comme le fameux Isobloc, modèle emblématique, qui sera produit sans interruption de 1938 à 1959 et aura contribué à véhiculer des millions de personnes (touristes, scolaires, ouvriers, etc) sur les routes de l’hexagone. Bichonnée par une poignée de bénévoles, une trentaine de véhicules y est exposée dont certains sont habitués à jouer les premiers rôles au cinéma.

10.000. Soit le nombre de visiteurs qui fréquentent, chaque année, le musée du Car

Sur la route des souvenirs

La création du musée est due à une  association culturelle (La Vanaude) à qui  une collection d’outils de charron a été confiée. Soutenue par la municipalité  de Vanosc, ). La rencontre avec André Besset, fils benjamin de Joseph, va contribuer, dans les années 1990, à faire germer l’idée d’une exposition retraçant le parcours professionnel du jeune charron devenu carrossier. La famille Besset va permettre de réunir des documents d’époque ainsi que des souvenirs précis sur Joseph et son usine. Offerts ou prêtés par des autocaristes pour certains, achetés pour d’autres – notamment quand il s’agit de pièces uniques de collection, véritable « patrimoine roulant » -, les véhicules exposés sont tous représentatifs d’une période de la vie de l’entreprise annonéenne de cars. 

Certains véhicules sont parfois en excellent état de conservation, d’autres sont pratiquement en état d’épave. Toute une équipe de bénévoles, aidés par des professionnels (carrossiers, peintres, mécano…), eux aussi bénévoles, se met à l’ouvrage et les épaves redeviennent comme neuves, tout en gardant leur cachet d’origine. Ainsi sont rénovés des véhicules de 1935, 1947, 1955, 1975. Les collections du musée sont réparties sur deux sites. Le premier a été ouvert en 2001 dans le village, sur la route de Burdignes. Un atelier de charron reconstitué avec sa forge montre comment les apprentis charrons apprenaient à réaliser des roues de chars et charrettes. Le musée expose de nombreux outils provenant de l’atelier d’Alphonse Landy où Joseph Besset a appris le métier, ainsi que des machines-outils d’époque, utilisées par les charrons, telles que : tour à bois, copieur à rais, dégauchisseuse – mortaiseuse, cintreuse…

Des documents et photographies des années 20 aux années 80 montrent l’évolution du métier de carrossier de l’ère artisanale à l’ère moderne dans les ateliers d’Annonay.



Une salle vidéo permet au public de revivre l’aventure de Joseph Besset, du charronnage au car. Le musée consacre une salle à l’exposition de maquettes et modèles réduits de cars anciens et modernes du monde entier.

En juillet 2007, un deuxième site est ouvert. Sur ce lieu de 1 000 m² sont exposés des pièces de charronnage (jardinière, charrette à bras, calèche) et des véhicules de l’ère artisanale à l’ère industrielle : voiture Rolland Pilain de 1929, Citroën P32 de 1935, Citroën P45 de 1947, Isobloc de 1943, de 1951 et 1955, autocar Chausson, des cars et bus Saviem dont un SC 10 et un S45, et Renault V.I. des années 70 et 80.

Apprenti charron devenu carrossier puis constructeur de cars à grande échelle, Joseph Besset s’est éteint en 1959, année où fut produit le dernier modèle Isobloc.  Il s’était reconverti, quelques années  plus tôt, dans l’ostréiculture sur le bassin de Thau.

par Frédéric Rolland / l’Echo Drôme-Ardèche membre du Réso Hebdo Eco


Musée du Louvre-Lens : du bonheur pour les sens

Une double exposition, avec au Frac Bretagne des clichés de JO, aux Champs Libres des photos prises en Algérie : focus sur cette exposition Son œil dans ma main – Algérie 1961 & 2019, pour laquelle le Leica de Depardon a saisi deux périodes : en 1961 au temps de l’indépendance, puis en 2019, quand il est retourné à Alger en compagnie de l’écrivain Kamel Daoud.

« La rue, c’est une certaine liberté » indique Raymond Depardon, appareil photo à la main, toujours, un brin nostalgique lors de la visite de son exposition aux Champs Libres à Rennes. Dans les allées de l’exposition, partout, des regards saisissants fixant l’objectif, des postures marquées… « L’idée c’était de faire des photos sans avoir l’air de faire des photos, il fallait aller vite », évoque l’artiste, se remémorant, comme si c’était hier, ses passages en Algérie, ce pays avec lequel il garde des liens étroits, livrant au passage quelques anecdotes.

Raymond Depardon à Rennes ©S.se7jours

81 photographies
L’exposition, comptant 81 photographies de l’artiste, est divisée en quatre parcours : Alger, 1961, année pendant laquelle le principe de l’autodétermination de l’Algérie, soumis à référendum en Algérie et en France, est voté par une majorité de Français, ouvrant ainsi la voie à l’indépendance du pays ; Oranie, 1961, pendant les négociations d’Évian, le gouvernement français invite la presse étrangère à un voyage en Oranie, dans l’Ouest algérien. Il s’agit de lui faire visiter un village de regroupement, Magra, dénommé « Village de France », dans le domaine de Oued el-Kheir ; Négociation des accords d’Evian, 1961, les pourparlers entre la France et le Front de libération nationale (FLN) pour mettre fin à la guerre d’Algérie reprennent après le référendum du 8 janvier 1961 sur ordre du général de Gaulle ; Alger et Oran, 2019 : en 2018, Raymond Depardon souhaite éditer les photographies de 1961, en leur adjoignant un point de vue algérien : celui de l’écrivain Kamel Daoud. Trois longs textes de Kamel Daoud et un film de Claudine Nougaret, Kamel et Raymond, revient aussi sur la rencontre entre l’auteur et le photographe.

Villa du Bois d’Avault, Bellevue, canton de Genève en Suisse. La délégation du gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), mène une politique de sensibilisation, organisant conférences et rencontres avec la presse étrangère © Raymond Depardon / Magnum Photos

Des photos « l’air de rien »
Entre le printemps et l’automne 1961, le jeune reporter Raymond Depardon n’a que 19 ans quand l’agence de presse Dalmas l’envoie à plusieurs reprises en Algérie. Il est l’un des rares journalistes à accepter de couvrir cette actualité. Période pendant laquelle il saisit, avec son Leica, des regards, des sourires, des scènes de vie, captant ainsi la tension qui monte dans une ville où la présence de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) se fait de plus en plus menaçante. « Ces photos de rues n’ont l’air de rien, mais elles nous racontent plein de choses, raconte-t-il, pensif. Tout cela m’a ouvert à l’autre, à la tolérance et cela m’a obligé à trouver cette place qui est parfois difficile au milieu de gens qui souffrent. »Les photos, elles, racontent beaucoup.« En regardant bien, les visages, les postures, les vêtements et l’arrière-plan elles sont truffées de microdétails », détaille Yves-Marie Guivarch, chargé de programmation. Au-delà des photos de rues chères à l’artiste, l’Histoire et la politique ont toujours été au centre de sa démarche.

Inscription de l’OAS, Casbah d’Alger, 1961 © Raymond Depardon / Magnum Photos

L’Algérie d’aujourd’hui
En 2019, alors qu’il souhaite pour la première fois publier ces photographies de 1961, Raymond Depardon réalise un nouveau voyage à Alger. « Nous sommes venus dire bonjour aux gens comme des touristes. La langue française est d’ailleurs un lien entre nos deux territoires », se souvient-il. Après Alger, il se rend à Oran pour y retrouver l’écrivain Kamel Daoud. De là, naît l’idée d’un livre et d’une exposition réunissant les photos des deux voyages de Depardon et les textes de l’auteur algérien. « Il y a beaucoup de jeunesse et d’espoir à Alger », assure le photographe, exposant même une dernière idée : « J’aimerais beaucoup que ces photos soient exposées aussi en Algérie, c’est leur Histoire aussi, j’aimerais leur en faire don. »

Alger, 2019 © Raymond Depardon / Magnum Photos

Bio express : Raymond Depardon & Kamel Daoud
Photographe et réalisateur Français, Raymond Depardon naît à Villefranche-sur-Saône en 1942. Il devient photoreporter et réalise de nombreux reportages au Tchad, en Éthiopie, en Écosse, en Afghanistan durant l’invasion soviétique, aux États-Unis… En parallèle de son activité de photographe, il commence à réaliser des documentaires dès 1969. Seul ou avec sa compagne Claudine Nougaret, il réalisera plusieurs films traitant de la Justice (Faits diversDélits flagrants10ème chambreinstants d’audience…), les institutions psychiatriques (San Clemente12 jours), mais aussi au monde rural, auquel ce fils d’agriculteurs n’a jamais cessé de s’intéresser (Profils paysans…). Il est, entre autres, lauréat de plusieurs César, du Prix Louis-Delluc, du Grand Prix National de la Photographie, du Prix Nadar, et a signé la photographie officielle du Président François Hollande en 2012.

Exposition à Rennes © Raymond Depardon / Magnum Photos

Né en 1970 à Mesra, Kamel Daoud est un écrivain et journaliste algérien d’expression française, rédacteur en chef du Quotidien d’Oran à partir de 1994, et également chroniqueur dans différents médias et éditorialiste au journal électronique Algérie-focus. Après un recueil de nouvelles, il écrit son premier roman, Meursault, contre-enquête (2015), qui rencontre un immense succès. En 2019, Kamel Daoud est le premier titulaire de la nouvelle chaire d’écrivain de Sciences Po autour de l’écriture créative. Il reçoit le Prix international de la Laïcité 2020.

Infos : www.leschampslibres.fr/expositions/raymond-depardon

par Sarah Sedraoui / 7Jours l’éco de la Bretagne membre du Réso Hebdo Eco


Musée du Louvre-Lens : du bonheur pour les sens

Du 8 au 25 septembre  35 artistes aquarellistes français exposeront plus de 250 œuvres ainsi que des installations 3D sur les 3 niveaux du Cloître Saint-Louis : des œuvres montrant la diversité créative de la nouvelle aquarelle inspirées par le thème : «Ponts et Déchirures»….thème décliné à tous les temps, tous les niveaux et acceptations des termes.

Le vernissage
Aura lieu de jeudi 8 septembre à 18h, et s’ouvrira par une performance de Jacques Léon Charrier sur le thème de la surconsommation, des excès de la mondialisation, avant une visite commentée de l’exposition.

Les infos pratiques
‘Ponts et déchirures’. Jeudi 8 septembre à partir de 18h. Cloître Saint-Louis, 20 rue du Portail Boquier. Une initiative de la Société Française de l’aquarelle. Exposition tous les jours sauf les lundis de 14h à 18h30. Entrée libre.

En savoir plus
La ville d’Avignon au riche passé, est célébrée pour son pont déchiré et ce Rhône qui n’a pas voulu se laisser traverser : tout un symbole dans ces temps difficiles que nous vivons où nos déchirures sont nombreuses, diverses, étonnantes et angoissantes par leur chronicité et les cataclysmes qui vont avec…

Oeuvre de Jean-Claude Lizerand

Accidents des ans
Pandémies, dérèglements climatiques, inondations, sécheresses, incendies, ruptures sociales, attentats, guerres, toutes ces peurs et ces angoisses viscérales qui germent peuvent et doivent être gérées et calmées par les liens sociaux, familiaux et à plus grande échelle par toutes les médiations, les ponts et passages qui rapprochent les deux rives après ces déchirures. Le Beau qui calme, le sensible qui berce, l’émotion esthétique qui réunit sont autant de remèdes à ce qui nous divise et nous déchire.

De l’aquarelle mais pas que…
C’est ainsi que nous avons invité autour de l’Aquarelle, d’autres écritures avignonnaises pour nous donner à lire et à penser notre monde déchiré ! En effet dans le domaine des arts, l’Aquarelle est une écriture « d’eau et d’âme », une écriture de la trace, de l’évocation, et si l’on y associe d’autres écritures : celles des mots avec la poésie de René Char, des graphismes avec la calligraphie, et celle en devenir des jeunes de nos écoles, nous avançons dans une écriture sensible, un support relationnel, un lien, un pont universel pour dépasser nos déchirures …

De l’Aquarelle ? Une histoire d’amour…
On « tombe » en aquarelle comme on tombe amoureux…sans s’en apercevoir, sur une émotion qui nous saisit à la découverte de ce medium transparent, fragile, à la séduction ravageuse…et c’est uneévidence à la Société Française de l’Aquarelle (SFA) où 77 artistes contemporains sont réunis pour partager leurs recherches en ce medium longtemps délaissé aux siècles précédents, pour sa complexité associée à sa fugacité : « L’aquarelle, c’est quelque chose de diabolique ! » Vincent Van Gogh

Martine Jolit

Pure émotion
De l’Aquarelle ? Une aventure contemporaine… C’est ce nouveau défi que la SFA essaie de relever : tous pour l’Aquarelle avec un grand A, mais aussi avec l’expression de sa grande diversité d’univers artistiques, et d’écritures signant tous les courants et tous les possibles de la technique avec des usages différents de « l’eau créative » : ainsi, les fous de lavis traditionnels, les partisans de l’école du cycle de l’eau, côtoient chez nous les graphistes, les croqueurs-voyageurs et les illustrateurs, fans de la rapidité et de la souplesse du médium… toutes les tendances s’expriment. Un point d’unité demeure dans ce florilège de l’Aquarelle Contemporaine : l’émotion créée par cette eau vagabonde qui se laisse traverser par la lumière et qu’il faut accompagner, dans un jeu subtil aux surprises multiples !

Les grands moments de la scénographie
35 artistes aquarellistes français exposent plus de 250 œuvres et des installations 3D sur les 3 niveaux du Cloître (700m2) : des œuvres montrant la diversité créative de la nouvelle aquarelle inspirées par le thème dédié à Avignon, « Ponts et Déchirures »….thème décliné à tous les temps, tous les niveaux et acceptations des termes.

Le 8 septembre à 18h
lors du vernissage une performance de Jacques Léon Charrier sur le thème de la surconsommation, des excès de la mondialisation, va inaugurer l’exposition …

La salle de la Manutention au pied du Palais des papes sert également d’appel vers l’exposition avec la présentation d’un échantillonnage d’une quarantaine de petits formats de nos exposants : une mini-expo pour guider les visiteurs vers le Cloître. Ouverture de 14h à 18h rue des escaliers Sainte-Anne (en face du cinéma Utopia).

Thierry de Marichalar

Une écriture poétique avec un invité de marque en la personne de René Char, poète résistant qui va accompagner notre balade artistique sur les 3 étages. Déchiré pendant la guerre dans ses actions de résistance ; homme de liens, co initiateur du festival d’Avignon, il a aussi accueilli les plus grands artistes sous sa plume.

Une nouvelle écriture calligraphique, avec notre invitée Virginie Cadart, artiste de l’encre de Chine qui joue avec la symbolique des idéogrammes comme nouveau
lexique.

Enfin l’écriture des enfants de l’école St Roch d’Avignon avec leur maitresse, Maud Bertrand qui ont merveilleusement travaillé sur les représentations à l’échelledes enfants …un imaginaire puissant et débordant au service de notre déclinaison du thème. Par ailleurs, 15 classes avignonnaises seront accueillies et pré guidées dans la lecture de l’exposition…et un mini atelier d’essais aquarelle leur sera proposé à la fin de leur visite.

Un livre monographique SFA (Société Française de l’Aquarelle) présente l’ensemble des œuvres produites ces dernières années par les membres de la SFA, une autre façon de conclure la visite de l’exposition …en vente à l’accueil ! L’exposition dure jusqu’au 25 septembre à la rencontre des avignonnais, et des très nombreux amateurs de cette fabuleuse technique picturale !

Chaque année, la SFA présente plusieurs expositions dont une exposition nationale. Ses membres prennent part aux salons et festivals portés par d’autres organismes en France et à l’étranger, dont les expositions et symposiums internationaux de l’ECWS Fédération Européenne de l’Aquarelle. Elle participe, chaque 23 novembre, à la Journée Mondiale de l’Aquarelle Le site Internet de l’association fournit toutes les informations sur ses activités et projets. Il donne aussi accès aux sites personnels de ses artistes.
www.sfaquarelle.fr
MH

Maryse Louis

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