6 mars 2025 |

Ecrit par le 6 mars 2025

Comment McCormick-Ducros se décarcasse pour l’économie vauclusienne

Grâce à ses marques Ducros et Vahiné, le groupe américain McCormick implanté à Avignon, Carpentras et Monteux, constitue l’une des principales locomotives du secteur agro-alimentaire en Vaucluse.

Après avoir racheté l’entreprise créée en 1963 par Gilbert Ducros à Buis-les-Baronnies en Drôme provençale, le groupe américain basé depuis 1889 à Baltimore a investi dans un nouveau siège McCormick France à Avignon-Agroparc et rénové les deux sites de Monteux (où sont fabriqués notamment ses moulins à poivre) et Carpentras où, au milieu de 8 hectares, est installée sa haute tour de broyage. Un équipement high-tech de tri, de désinfection, de désinsectisation, de calibrage, d’élimination de brindilles, pierres et insectes, de stérilisation à la vapeur d’eau, d’ensachage et de lyophilisation qui traite des tonnes d’herbes et aromates arrivés par bateau à Marseille pour la fabrication, le conditionnement et la livraison de ses épices Ducros et d’amandes, écorces de cannelle, noisettes et noix de coco pour les aides aux desserts Vahiné.

Arnaud Ronssin, directeur général du leader européen McCormick depuis 2022 à Avignon, résume la situation récente : « 2020-2021 ont été de belles années pour nous. Avec le Covid, le confinement, les restaurants fermés, les consommateurs assignés à résidence ont eu le temps de cuisiner des petits plats, de se mettre à la pâtisserie, du coup les ventes de nos produits ont bondi. Mais en 2022, on a connu des problèmes de livraisons face à la demande, le marché s’est rétracté. Avec l’invasion de l’Ukraine et l’inflation, le coût des matières premières a grimpé et on a subi une baisse de -30% de la production. Quand je suis arrivé aux commandes, j’ai dû adapter les tarifs et réduire les coûts notamment par la robotisation pour recréer la croissance. »

600 salariés sur les 3 sites vauclusiens
Et il y est arrivé : « Les volumes ont été redressés (+5,5%), nous avons vendu 10 millions d’unités (flacons, packs, sachets), nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 370M€ en 2022 à 404M€ en 2023. Les effectifs restent stables, ils tournent autour de 600 salariés sur les 3 sites vauclusiens et un millier d’emplois en France entre les magasins et les commerciaux qui quadrillent l’hexagone pour vendre « nos Herbes de Provence – Label Rouge-, notre piment, curcuma, paprika, curry, ras el-hanout. »

« Notre département R&D va voir en 2026 son budget d’investissement passer de 2,5% à 3,6%. »

Arnaud Ronssin, directeur général France de McCormick

Augmentation du budget R&D
Arnaud Ronssin poursuit : « Notre premier levier, c’est la croissance et elle est boostée par l’innovation. Notre département R&D (Recherche et développement) va voir en 2026 son budget d’investissement passer de 2,5% à 3,6%. Nous avons déjà lancé la sauce piquante Cholula et nous allons proposer des moulins de 18 cm pour poivre mais aussi Sel de Camargue, d’Himalaya et de Guérande. On innove avec un kit Fajita et ses saveurs typiques mexicaines. Côté Vahiné, des ferments lactiques pour yaourts-maison, nature, citron et vanille, des brisures de chocolats pour cookies et des sachets ‘3 en 1’ pour muffins, crêpes et gaufres. »

Encore 1 200 points de vente à conquérir
Le DG de McCormick France continue : « Notre deuxième levier est de vendre davantage. Il y a 1 200 magasins qui n’ont pas encore de Ducros et de Vahiné en rayons. Donc, nous devons convaincre les consommateurs de nous choisir en nous adossant par exemple à l’enseigne ‘Grand Frais’. Troisième axe de notre force de frappe, la croissance. Et on revient à nos fondamentaux, aux slogans qui ont marqué, qui sont notre ADN, ‘Ducros, c’est pour vous qu’il se décarcasse’ et ‘Vahiné, c’est gonflé’ avec des campagnes de pub. Notre souci en ce moment, c’est l’explosion du prix du chocolat qui a été multiplié par deux, or on ne peut pas répercuter une telle hausse sur nos produits. Nous allons faire le dos rond pour préserver nos équilibres. »

10 000 échantillons analysés chaque année à Carpentras
Les atouts de McCormick sont nombreux. Une qualité des produits (grains, racines, feuilles), de leur origine, de leur traçabilité, quel que soit le pays où on les achète, avec des contrats signés avec les producteurs en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique qui leur assurent des débouchés réguliers. Un laboratoire organoleptique, installé à Carpentras, qui analyse 10 000 échantillons par an et garantit la sécurité alimentaire. 40% des poivres et aromates sont exportés, 15% des aides à la pâtisserie.
« Les préparateurs de livraisons, des services de logistiques sont hyper-rapides, ils sont une force majeure de vente pour McCormick » insiste le patron, qui salue le travail de ses équipes à tous les niveaux de production.
Recettes exotiques, thaï, indienne, marocaine, orientale, créole, chinoise, pour BBQ, aides à la pâtisserie avec fruits secs, vermicelles, caramel, crème de coco, nappages, tout est fait pour apporter un supplément de saveurs et provoquer une ‘explosion’ de goûts.

Crédit : DR/Ducros

Quelle compétitivité pour les sites français ?
Mais Arnaud Ronssin, qui fait partie d’un groupe implanté dans le monde entier, s’inquiète du coût horaire de la main d’œuvre en France : 42€ avec toutes les charges sociales, alors qu’il n’est que de 13€ en Pologne et 7€ en Bulgarie, donc au sein de la même Communauté Européenne. Et il passe en revue le montant de la dette qui a explosé depuis les années 1980. Quant aux taux de prélèvements, « Ils sont passés de 782 milliards d’euros en 2018 à 928Md€ en 2024, alors que les services publics s’effilochent et que les tensions sociales s’exacerbent ». A priori, cela ne favorise pas la consommation et la croissance. Mais malgré tout, McCormick France réussit le tour de force d’avoir un chiffre d’affaires qui progresse d’année en année, 353M€ en 2019, 389M€ en 2021. Et le résultat net s’affiche à 14,8M€ en 2023.

https://echodumardi.com/tag/epices/   1/1