19 avril 2025 |

Ecrit par le 19 avril 2025

L’insulte au monde viticole 

Claude Avril, le maire de Châteauneuf-du-Pape a-t-il raison de fustiger le «dry january » ? Pour lui, le défi qui consiste à ne boire aucune goutte d’alcool pendant tout le mois de janvier est « une insulte au monde viticole ». Au-delà des motifs de santé publique de cette mode venue de Grande-Bretagne, ce sont les injonctions permanentes et culpabilisantes qui énervent l’édile de cette commune du Vaucluse. Et il n’est pas le seul !

Il est interdit d’interdire pouvait-on lire sur les murs de 1968. On est loin aujourd’hui de ces aspirations libertaires. Maintenant, c’est « la mise en sécurité » qui prime. Et à tous les niveaux. « C’est infantilisant » explique le maire de Châteauneuf-du-Pape. Comme si « on sous entendait que les gens vont se bourrer au vin, boire des bouteilles toute la journée, sans être capables d’esprit de modération, c’est insupportable » confie-t-il dans une interview réalisée par nos confrères d’ICI Vaucluse.

Bien que le mois sans alcool ne soit pas impulsé par les pouvoirs publics ou une quelconque officine de santé, cette pratique « ferait » chaque année de plus en plus d’adeptes. ¼ des français se disent prêts à relever le défi selon un récent sondage mené par l’IFOP. Mais les résolutions de début d’année on sait ce que cela vaut…

Le défenseurs de la filière viticole enfoncent le clou en disant qu’il n’est pas nécessaire d’inviter les français à modérer leur consommation de vin puisqu’ils l’ont fait d’eux-mêmes et cela depuis de nombreuses années : -70% en 60 ans et –20% pour ces 10 dernières années. Dans un contexte extrêmement difficile pour le secteur viticole et en particulier dans les Côtes-du-Rhône il n’était peut-être pas nécessaire d’en rajouter une couche.

Claude Avril a raison, il faut faire confiance aux gens et j’ajouterai que ce n’est pas le « dry january » qui rappellera à la raison les vrais alcooliques. S’il s’agit de se priver en janvier pour se lâcher en février quel est le bénéficie, à part s’être donné bonne conscience ? Ca me fait penser à ces personnes qui font des jeûnes de plusieurs jours pour se détoxifier et se rééquilibrer. Le reste de l’année ils se lâchent sans modération sur la charcut et le fromage…

Moi j’en ai marre qu’on me dise ce qui est bien ou pas pour moi et ce que je dois faire. Au risque d’apparaitre comme un vieux grincheux je soutiens sans réserve la prise de position du maire de Châteauneuf-du-Pape. Voilà c’est ma résolution pour 2025. Et je la tiendrai… celle-là. Bonne année à toutes et à tous.

Interview de Claude Avril, maire de Châteauneuf-du-Pape, réalisée par Loric Etcheverry pour la Chaîne des maire de France (cmftv.fr), dédiée aux élus et à la ruralité et créée par Laurent Brochet, dirigeant du groupe Cannes Lérins Médias et Thierry Robin, président chez SAS RPF EVENEMENTS et directeur Associé et développement chez Ap Média.


L’insulte au monde viticole 

Pour certains, la première bonne résolution de l’année prend la forme du dry January. Un défi qui consiste à ne pas boire d’alcool pendant un mois afin de prendre conscience des effets bénéfiques de ce changement de comportement. C’est aussi l’opportunité pour les entreprises de mener des actions de prévention et d’information sur les risques liés à la consommation d’alcool et de rappeler les règles qui s’appliquent au travail. Quelles sont-elles ? Quelles sont les sanctions ? Le point avec Isabelle Vénuat, juriste aux Editions Tissot, spécialistes du droit du travail.

L’alcool est-il autorisé sur le lieu de travail ?
Le vin, la bière, le cidre et le poiré (un équivalent du cidre à base de poire) sont les seules boissons autorisées par la loi sur le lieu de travail. Mais il est toutefois interdit de laisser entrer ou séjourner des personnes en état d’ivresse dans ces lieux ! Le non-respect de cette interdiction est sanctionné par une amende de 10 000€ appliquée autant de fois qu’il y a de salariés concernés dans l’entreprise.
Le principe est que la consommation d’alcool ne doit pas porter atteinte à la santé et à la sécurité des travailleurs. Or, elle peut modifier les capacités de travail : baisse de vigilance, champ visuel rétréci, oubli d’opérations indispensables à la sécurité, temps de réaction plus long… Un risque d’augmentation d’accident sur site et de circulation non négligeable…
La survenance d’un accident sur le lieu de travail en lien avec l’état d’ébriété expose donc l’employeur à la qualification d’accident du travail, voire à sa faute inexcusable.

L’employeur peut-il interdire l’alcool au travail ?
L’employeur a l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection des salariés et prévenir tout risque d’accident. C’est pourquoi il peut limiter, voire interdire, la consommation d’alcool.Mais ces restrictions doivent être proportionnées au but recherché et justifiées par la tâche à accomplir. C’est-à-dire qu’il faut tenir compte de l’exposition des travailleurs à des risques en raison de leurs activités. C’est le cas par exemple, du salarié qui travaille avec des produits hautement dangereux, un conducteur d’engins, ou un salarié qui utilise une plateforme élévatrice, …De telles restrictions doivent être inscrites dans le règlement intérieur ou, à défaut, dans une note de

service.Quelles sont les obligations du salarié face aux risques liés à l’alcool ?
Le salarié est, lui aussi, soumis à une obligation de sécurité et doit respecter les règles prévues par le règlement intérieur. Ainsi, son état d’ébriété sur le lieu de travail constitue une faute disciplinaire pouvant donner lieu à sanction y compris s’il a consommé de l’alcool dans le cadre de sa vie personnelle. Celle-ci peut aller du simple avertissement à un licenciement pour faute selon les circonstances.

Et si les entreprises relevaient le défi du mois sans alcool ?
Le ‘dry January’ constitue une opportunité pour l’employeur de faire connaître et mettre concrètement en œuvre son obligation de santé sécurité. Alors pourquoi ne pas profiter de ce mois de janvier pour lancer le Challenge du mois sans alcool dans l’entreprise, avec une campagne de prévention des risques professionnels liés à l’alcool et des actions d’information et de formation ?

Isabelle Venuat. ©Gilles Piel

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