10 avril 2025 |

Ecrit par le 10 avril 2025

Les smartphones et les réseaux sociaux responsables de troubles anxieux chez les enfants

On savait que l’abus d’écrans pouvait avoir chez les enfants des effets néfastes. Mais l’essor encore récent des smartphones n’avait pas permis jusqu’alors de conduire de réelles études d’ impacts sur la santé mentale. Jonathan Haidt, professeur à la New-York University Stern School of business, spécialiste de psychologie sociale, vient de publier le fruit de ses travaux dans un ouvrage traduit en français : « Génération anxieuse » paru aux éditions Les Arènes.

Le constat est alarmant : « les réseaux sociaux menacent la santé mentale des jeunes » affirme Jonathan Haidt. Les chiffres sur l’anxiété, la dépression et l’automutilation grimpent en flèche avec le développement de la fréquentation des réseaux sociaux. Ce phénomène touche particulièrement les filles. Ainsi, en 2008, 12 % des adolescentes américaines avaient souffert d’un épisode dépressif au cours de l’année écoulée. Ce chiffre était proche de 30 % en 2020. Ce chercheur américain pointe notamment l’apparition d’Instragram, en 2010. La publication et le partage de photos de soi, où l’on se compare devant des centaines de milliers de personnes a des effets néfastes. Pour Jonathan Haidt , « il devient impossible pour ces jeunes filles de rencontrer les standards fixés ». « Leur miroir ne leur renvoi pas une image digne de ces standards ». Concernant les garçons les problèmes viennent d’avantage de la surconsommation de jeux vidéo et de la consultation de sites pornographiques. Les travaux conduit par le chercheur montrent que les enfants de la génération Z (nés entre 1990 et 2010) ont tendance à moins faire d’études supérieures, à trouver un emploi plus difficilement ou encore à ne pas quitter le domicile parental.

« Tout ce qui est nécessaire au développement des enfants s’évanouit »

D’une manière plus générale le fait d’être connecté en permanence « empêche les enfants d’être pleinement présents aux autres dans le monde réel ». « Ils ne jouent pas, ne courent pas, ne prennent pas de risque et n’apprennent donc pas de quoi ils sont capables. La lecture disparait. Tout ce qui est nécessaire au développement des enfants s’évanouit ». « Et le jour où ces enfants doivent faire face au monde, ils sont alors pris d’anxiété́ » conclut Jonathan Haidt. Avec l’avènement de l’IA les écrans vont devenir encore plus attractifs prédit l’universitaire. « Des faux amis encore plus empathiques rendront leurs vies « plus faciles » et le développement de leurs attitudes sociales en pâtira », « tout cela se terminera mal » ajoute-t-il. Mais le chercheur américain reste optimiste et son livre se veut aussi un manuel à l’usage des parents. Il propose quelques solutions : pas de smartphone pour les moins de 14 ans, interdiction d’utilisation des téléphones dans les écoles, avoir au moins 16 ans pour pouvoir créer un compte sur un réseau social (mesure mise en place en Australie).

« Génération anxieuse » paru aux éditions Les Arènes. 448 pages, 24,90 €

© « Génération anxieuse » paru aux éditions Les Arènes

Les smartphones et les réseaux sociaux responsables de troubles anxieux chez les enfants

Santé publique France a publié, mardi 9 avril, les résultats d’une enquête nationale menée auprès d’élèves de collèges et lycées, sur la santé mentale chez les adolescents. L’étude, menée par l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en partenariat avec l’Education nationale, met en lumière d’importantes différences entre les collégiens et les lycéens, et entre les filles et les garçons, en matière de santé mentale. Plus d’un quart des lycéens (27 %) disaient avoir éprouvé un sentiment de solitude au cours des douze derniers mois, contre 21 % de collégiens. Et seulement 51 % des lycéens présentaient un bon niveau de bien-être mental, contre 59 % des collégiens.

Comme le montre notre infographie, les lycéennes présentent également un risque plus élevé de dépression que les lycéens. Les filles sont en effet bien plus nombreuses à présenter des symptômes de l’échelle ADRS (Adolescent Depression Ratins Scale), qui est utilisée pour déceler le risque de dépression chez les adolescents. Cette échelle comprend dix symptômes, dont l’échec scolaire, le manque d’intérêt pour tout, ou encore un sentiment insurmontable de tristesse ; un adolescent présentant sept symptômes ou plus est considéré comme étant à risque important de dépression. Plus de 60 % des lycéennes disaient ainsi manquer régulièrement d’énergie, contre environ 45 % des lycéens. Les filles étaient également plus nombreuses à se sentir découragées, à mal dormir, ou encore à se sentir inutiles. De façon très inquiétante, près d’un quart des lycéennes interrogées dans le cadre de l’enquête (23,1 %) disaient avoir parfois envie de mourir. Au total, un quart des lycéens (24%) déclaraient avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, et les filles étaient nettement plus concernées que les garçons (31% contre 17%) ; environ un lycéen sur dix disait également avoir fait une tentative de suicide au cours de sa vie.

De Valentine Fourreau pour Statista

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