22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Cinéma : En route pour la Grâce ?

Du grand rien dans du grand nulle-part. Un tout, d’où surgit « La grâce » d‘Ilya Povolotsky, cinéaste russe. Dur et magistral.

C’est une histoire dure. Alors elle se raconte en silence, car elle est habitée par l’indicible chagrin de la fille, l’éblouissante Maria Lukyanova. Et de son père – le valeureux Gela Chitava – qui l’accompagne de la rivière à la mer. On ne sait rien d’autre.
La seule chose qui aille, c’est leur van qui brinqueballe. Dans un néant inouï.
Vivre, c’est persister. Tout est tragique, rien ne nous sauve. On baigne dans la Russie éternelle de Dostoïevsky, écrasée par un quotidien d’airain. Le réel est le signe de son au-delà. Il faut apprendre à distinguer, faute de savoir lire. Voyons ça.

Le van est rouge.
Comme le sang de la fille. Elle se lave dans la rivière, en rapporte un bidon d’eau qu’elle réussit à peine à porter, comme tous ceux qui en ont fait la nécessaire expérience : l’eau, c’est la vie. Mais c’est aussi un fardeau que nos forces ne peuvent jamais excéder malgré notre volonté. Il faut bien voir de quel bois nous sommes faits. Le ton est donné.

©DR

Le van porte un logo a trois branches.
La fille fait face à un soleil pâle, en route pour le Nord. L’éolienne géante la masque, à chaque rotation de ses trois pales qui semblent la décapiter sans fin.
C’est périlleux un voyage à deux, quand on ne sera plus jamais trois.

La mère est morte. Le père n’a pas de plan, comme le souligne cruellement la fille qui s’inquiète de savoir ce qu’il pourra bien faire quand « tout le monde aura Internet ». C’est-à-dire quand il n’y aura plus la moindre poésie possible.
Déjà, tout accable, rien ne sourit : le paysage atroce, le vide des âmes, les personnages aux boussoles fantomatiques – prodigues de paroles rares et énigmatiques – sous un ciel plombé.

Enfin, la station météo usée au-delà de la corde, laminée sans fin par la mer de Barents. Elle survit dans un froid glacial grâce à une femme étrange et pénétrante comme dans un rêve. La clé des songes. Elle pourrait faire redémarrer le van, au pare-brise fendu mais pas brisé, en route vers la grâce…

Comme disait Dostoïevsky, vivre sans espoir, c’est cesser de vivre.

©DR

Mon conseil : payez votre place pour embarquer dans ce « Road movie » d’une toute autre trempe de ceux que vous avez déjà vu. Partez si c’est trop dur. Vous aurez aidé un jeune cinéaste rempli de talent, maniant le symbole en orfèvre. Restez, si vous entrevoyez que la Grâce pourrait se rencontrer dans l’abîme du courage, la vie renaissant de l’abnégation de son cycle.

La grâce. Long métrage/119 minutes/Vostf. Jusqu’au mardi 13 février au cinéma Utopia d’Avignon La Manutention.


Cinéma : En route pour la Grâce ?

La 8ème édition du festival biennal Burkin’Arts accueille, du 21 au 29 octobre, la fine fleur de la création contemporaine burkinabè dans plusieurs communes du Gard rhodanien, mêlant musique, cinéma, arts plastiques, ateliers, cuisine…Burkin Arts,

Une histoire de rencontre
L’initiative de ce festival en revient au centre culturel et social Tôtout’Arts de Villeneuve les Avignon, qui a noué depuis longtemps des liens d’amitié avec le Burkina Faso et parraine le village de Guingalé. Tout a commencé en 2006. Cette année-là, les choristes de Tôtout’Arts participent au Festival de Chorales de Ouagadougou. Et c’est LA rencontre, le coup de cœur pour les artistes, peintres, sculpteurs, photographes, plasticiens, musiciens, écrivains, gens de théâtre, créateurs de tout poil. Au fil des échanges amicaux, l’idée d’un Festival dédié à la création contemporaine du Burkina Faso est lancée. Ce sera Burkin’Arts.

Du 21 au 29 octobre, la part belle faite à la fête et à la solidarité
Depuis la première édition, en 2009, ce festival met en lumière, tous les deux ans, des artistes représentatifs de la création burkinabé aux modes d’expression multiples : concerts, expositions, film, cuisine africaine, ateliers, stages, rencontre avec les artistes.

Des expositions dédiées à des peintres et plasticiens émergents burkinabè
Les peintres Bernardin Bationo, Elvis Aristide Bazongo et André Kané, le plasticien Lazart Récup, exposent en 3 lieux de Villeneuve lez Avignon : Espace Tôtout’Arts, Salle des conférences, Tour Philippe Le Bel. Entrée libre. Du 21 au 29 octobre.

Le programme
21 octobre : Inauguration et vernissage.11h.Tour Philippe Le Bel. Entrée libre. Concert d’ouverture avec le Trio Komasi, rythmique Cumbia, arpèges mandingues et Afrobeat. Accueil 20h. Concert 20h30 à l’YMCA de Villeneuve lez Avignon. 7, rue de la justice. Stationnement Av. du Général Leclerc.15€.10€.12-20 ans. Gratuit -12 ans.
23 octobre : Si tu es un homme, film de Simon Panay. Projection-rencontre, 20h30.Cinéma Utopia Avignon.
24 octobre : Maquis.repas africain.19h.Renc’Arts.275 rue du Grand Montagné.Les Angles.15 € + 2 € adhésion Tôtout’Arts.
26 octobre : Stage de peinture adultes-enfants avec Elvis Aristide Bazongo. 9h-11h.Renc’Arts. Les Angles. Sur réservation. 25€ adultes.5€ enfants. Matériel fourni.

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