22 novembre 2024 |

Ecrit par le 22 novembre 2024

Rentrée économique en Vaucluse : ‘Ne pas baisser les bras malgré les incertitudes’

Entre récession, ralentissement, reflux et résilience…. Plutôt morose la situation économique du Vaucluse en septembre. Après la parenthèse enchantée des Jeux Olympiques, la Banque de France, la Chambre de métiers et de l’artisanat, la fédération du BTP 84, la direction départementale des Finances publiques ou bien encore la CPME 84 se sont réunis à la chapelle Saint-Praxède à Avignon, siège de la Chambre des métiers pour évoquer la rentrée économique en Vaucluse.

C’est d’abord Christine Gord, la directrice de la banque de France de Vaucluse qui a longuement pris la parole de cette réunion de rentrée placée sous le thème ‘Entre attentisme et incertitudes’ : « L’environnement économique s’éclaircit, mais des zones d’ombre persistent. Même si la croissance du PIB en France est un peu plus soutenue que prévue (+1,1%) et que l’inflation ralentit (+2,1% en juin 2024). Mais elle atteint quand même +6% pour l’énergie, +5% pour les services, +3,7% pour les produits manufacturés et +2,5% pour l’alimentation ».

« Même s’ils ont plus progressé que l’inflation, les salaires n’ont pas compensé les pertes cumulées en 2022 et 2023. »

Christine Gord, directrice de la banque de France de Vaucluse

Elle poursuit : « Les taux de la BCE (Banque centrale européenne) sont en légère diminution (3,5%) et nous devons éviter la spirale infernale taux/salaires, d’autant plus que même s’ils ont plus progressé que l’inflation, les salaires n’ont pas compensé les pertes cumulées en 2022 et 2023. »

Avec une France cumulant 3 600 milliards d’euros de dettes, les Français ont préféré l’épargne à la consommation. Elle est ainsi passée de 17,08% au premier trimestre à 17,90% en septembre. Par ailleurs, le surendettement des ménages grimpe de 20% en Vaucluse (664 dossiers déposés en août 2023, 799, un an plus tard). Résultat : le secteur de la construction est sous tension. Daniel Léonard, le Président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de Vaucluse y reviendra un peu plus tard, à la tribune.

Procédures de défaillances en Vaucluse.

La directrice départementale de la Banque de France, évoquera également le chiffre d’affaires de la Région Sud, 127Mds€ pour 525 702 effectifs, avec en tête le commerce (34%), puis les services (30%), l’industrie (24%) et la construction (12%). Et pour les effectifs, ce sont les services qui cumulent le plus d’emplois (58%), suivis du commerce (16%), de l’industrie (15%) et du BTP (11%). Elle a aussi précisé que c’est chez nous dans la Région Sud (+12,9 jours de retard), comme en Ile-de-France (+17,4 jours) et dans les Hauts-de-France (+12,6 jours) que la trésorerie des entreprises est la plus tendue à cause des retards de paiement de qui les pénalise. Mais elle a conclu que, « Globalement, selon un questionnaire auquel ont répondu des centaines de chefs d’entreprises, ils restent plutôt confiants en l’avenir et optimistes, avec des perspectives étonnamment encourageantes ».

Une défaillance pour 4 créations
Après elle, c’est Olivier Borel qui, représentant Tribunal de commerce d’Avignon, a pris la parole pour évoquer les chiffres du. « En gros, on recense une défaillance pour 4 créations d’entreprises. L’an dernier, en Provence-Alpes-Côte d’Azur il y a eu 25 840 sociétés nouvelles pour 5 828 radiations. Dès que des difficultés apparaissent, il faut absolument que les patrons se rapprochent de nous. Plus ils attendent, plus leur situation risque de s’aggraver. Nous sommes là pour les aider, les accompagner, les protéger, les sortir de l’impasse. C’est gratuit, on les écoute et on les oriente si possible vers des procédures amiables. »
En 2023, 23% des défaillances ont concerné le BTP, 21% le commerce et la réparation automobile et 15% l’hébergement et la restauration. Il y a eu +22% de procédures en Vaucluse (38 403) dont 43% ont débouché sur un redressement judiciaire et 17% sur une liquidation. Mais le taux de conciliation lui, a été de 81%.

Michel Laffitte, le Directeur départemental des Finances Publiques de Vaucluse est intervenu brièvement mais fermement pour déclarer : « La situation n’est pas bonne sur les 12 derniers mois. Le chiffre d’affaires a progressé de +1,3 en France, a reculé de – 2,4 en Provence-Alpes-Côte d’Azur et de 0,9 en Vaucluse. » Par secteur, ce sont surtout les arts et spectacles avec les festivals (6%), qui nous sauvent, l’information et la communication (5,6%), le tourisme avec l’hébergement et la restauration (5,3%), et l’agriculture, en particulier le négoce du vin (1%). Alors que la santé et l’action sociale plongent à -5,4% et le transport et l’entreposage à -1,9%.

Le BTP veut garder l’espoir
C’est alors que Daniel Léonard, le président de la Fédération du BTP 84 a conclu la séance avec une série de chiffres en baisse : -12,9% de construction de logements neufs, -6% d’activité dans les travaux publics, – 16% d’appels d’offres. Mais « Il faut garder l’espoir, le moral. Les prêts à taux zéro ont progressé de 28%, la production de béton prêt à l’emploi a augmenté de 3% (371 740m3), le montant des appels d’offres travaux a grimpé de +6,9% (soit 690M€). Donc ne baissons pas les bras, continuons à former des jeunes, à transmettre nos métiers. Nous réhabilitons des logements anciens, nous faisons de la rénovation thermique pour que les appartements et les maisons ne soient plus des passoires, nous travaillons aussi sur les conduites et canalisations d’eau avec les grands donneurs d’ordres (Veolia, Suez) pour qu’il y ait moins de fuites. En ce moment il y a le chantier de la future prison d’Entraigues, de la déviation de la Nationale 7 à Orange, du réaménagement du carrefour de Bonpas. Que les élus des mairies, des communautés de communes et du département de Vaucluse continuent à nous faire confiance. Nos concitoyens ont besoin d’un toit, de crèches, d’écoles, de collèges, de lycées pour leurs enfants, de commerces, de lieux de culture et de loisirs, de routes. Nous n’avons pas le droit d’être pessimistes ».

La CPME martèle son appel à la confiance
Même volonté d’optimisme pour Bernard Vergier, le président de la CPME de Vaucluse qui, à l’image de la rentrée de la première confédération patronale du département, martèle son message d’appel à la confiance : « Nous souhaitons que la nomination du premier ministre puisse amener de la stabilité et de la visibilité pour nos entreprises afin de faire face à leurs inquiétudes grandissantes, à des carnets de commande en baisse, des investissements suspendus, des défaillances d’entreprise en hausse ou bien au dérapage incontrôlé des finances publiques. »
Et fort de son millier d’adhérents, Bernard Vergier appelle ainsi de ses vœux « une plus grande simplification administrative, une réforme de l’action publique et un soutien à la croissance économique. »


Rentrée économique en Vaucluse : ‘Ne pas baisser les bras malgré les incertitudes’

L’association Soroptimist International Avignon organise une soirée ‘Femmes d’action, femmes d’exception’, qui se déroulera, sur réservation Jeudi 19 septembre 2024 à 18h au Novotel Avignon centreChristine Gord directrice départementale de Vaucluse de la Banque de France fait partie des invitées de la soirée aux côtés du capitaine Lise Trincaretto, du Service départemental d’incendie et de secours de Vaucluse, de Caroline Clausse ingénieure navigante d’essais ; de Céline Lacaux, mathématicienne et chercheure à l’Université d’Avignon et de Géraldine Parodi, scaphandrière et Présidente de Spero Mare qui exerce dans le BTP sous-marin. Réservation ici. L’Echo du mardi vous propose, en avant-première, d’aller à la rencontre de ces femmes d’exception.

Qu’est-ce qui vous a destiné à faire ce métier, une connaissance, un reportage, un lieu, une envie ?
«C’était lors d’un stage étudiant à Lyon, une professeure avait recommandé la Banque de France (BdF)pour ses valeurs de service public, son expertise en matière financière, son vaste réseau d’implantation dans les territoires et ses missions de banque centrale. J’ai été séduite à la fois par les parcours qui étaient possibles de réaliser au sein de l’institution, le niveau de  technicité et l’expertise en matière financière puisque mes études supérieures étaient axées sur la gestion de l’analyse financière. Enfin, j’étais sensible à la diversité des missions sur tout le territoire.»

Comment avez-vous acquis toutes les connaissances requises pour exercer ce métier ?
«Tout d’abord durant mes études avec l’obtention d’un diplôme d’études comptables et financières (DECF). J’ai ensuite passé le concours d’entrée à la Banque de France, évoluant, ensuite, au sein de neuf succursales, dans toute la France, et bénéficié d’un parcours de formation interne technique et managérial.»

Quels ont été les étapes, les événements fondateurs de votre carrière ?
«Le passage à l’Euro fiduciaire –dans les années 2 000- avec un poste totalement différent de mes précédentes fonctions d’analyste financier et de responsable d’études économiques. J’ai ensuite poursuivi mes acquisitions techniques et pris de plus en plus de responsabilités dans le management d’équipe. J’ai également commencé à transmettre les connaissances et l’esprit Banque de France, en tant que vacataire dans l’enseignement supérieur, notamment dans les IEP Lyon (Institut d’études politiques), IUT Reims (Institut universitaire de technologie) et l’Ecole des Mines de Saint-Etienne.»

Quels sont les mentors, les personnalités qui ont forgé votre vocation -que vous les ayez connus ou non-?
«Là, je pense à une collègue actuellement en détachement à New York qui a été actrice de ma réussite à l’accès aux postes de direction. En effet, la Banque de France propose des détachements dans des ambassades ou organismes importants dans différents pays de la Banque centrale européenne. Elle est de celles qui m’ont dit que nous devions être nous-mêmes les actrices du changement, notamment à des postes de direction. Je me suis préparée à conquérir ces postes, notamment lors des épreuves de sélection, avec un coach en développement personnel, proposé par la BdF. Il s’agissait de mettre en avant mes points forts comme l’acquisition de connaissances techniques, le management et le pilotage d’objectifs, la conduite de projet, l’appétence relationnelle.»

Comment avez-vous abordé votre carrière et surmonté les épreuves ?
«Je n’avais pas de plan de carrière précis. Je profitais de toutes les opportunités offertes quelle que soit la localisation des fonctions à exercer. Mon intuition, mon audace me disaient que tout se passerait bien. Ma plus grande chance ? Concilier ma vie personnelle, familiale et professionnelle, ce qui incluait de fréquents déménagements tous les trois ou cinq ans et ce qui n’a pu être possible que grâce à mon époux –qui travaille dans le privé- et à mes enfants.»

Christine Gord, Directrice départementale Vaucluse de la Banque de France

Quelles compétences et qualités sont-elles essentielles dans votre domaine d’activité ?
«Pour moi, ce sont quand même plus l’ouverture d’esprit, les qualités d’écoute et la capacité d’adaptation. Et puis il y a aussi l’engagement, la détermination, quand il faut, par exemple, négocier avec un banquier parce que se présente le cas d’un chef d’entreprise qui pourrait subir une rupture de financement. Là, il est vrai qu’il faut être déterminé, engagé pour défendre des situations difficiles. Il est là question de lire la situation avec discernement, de  déterminer la nature des problèmes et les solutions possibles à y apporter avec le moins de casse possible pour le chef d’entreprise, pour les employés, pour la pérennité de l’entreprise… Il n’est pas non plus question de tomber dans le piège de personnes manipulatrices qui auraient sciemment perverti le système, en cela nous sommes garants de l’équité.»

Quels ont été les obstacles franchis et quels sont ceux qui ne s’effacent pas ?
«Il faut faire une force des difficultés rencontrées, s’adapter et ne rien regretter. Avant, sans doute fallait-il plus s’affirmer, montrer davantage et régulièrement ses compétences. Désormais c’est plus facile mais la vigilance reste de mise. Cette vigilance que les hommes n’ont peut-être pas l’obligation de tenir, mais les femmes oui, cependant il n’y a pas d’obstacles infranchissables.»

Ce qui vous fait tenir dans l’adversité ?
«La confiance en soi, la détermination pour maintenir le cap, et rester optimiste.»

Quels regards les hommes et les femmes portent-ils sur votre métier et la façon dont vous l’exercez ?
«Alors moi, je trouve que j’ai une grande chance parce que la BdF est une institution reconnue et indépendante. C’est encore plus intéressant de nos jours par rapport au pouvoir politique. Donc, on peut se permettre de parler en toute objectivité. Et de ce fait, nos fonctions, notre institution sont respectées. Et puis nous nous sommes ouverts à des publics différents comme le grand public, notamment avec la gestion du surendettement, et les entreprises.»

Quels sont les avantages et les inconvénients à être une femme dans un milieu d’hommes ?
«Les avantages ? Peut-être une anticipation plus grande et une capacité à avancer sur différents sujets en même temps puisque nous menons tambour battant vie de famille et vie professionnelle. Nous avons l’habitude de faire plusieurs choses en même temps. Peut-être également faisons-nous montre d’une humilité souvent plus importante qui permet de mettre de côté son ego et d’avancer ‘l’air de rien’.»

Les inconvénients ?
«Certains comportements toujours un peu machistes nécessitent de garder une vigilance quasi-permanente. Il est nécessaire de veiller à ce que les jeunes générations gardent à l’esprit que l’égalité hommes-femmes a nécessité des combats importants dans les sociétés occidentales et que cette cause est encore un sujet dans le monde dans lequel nous vivons.»

La Banque de France à Agroparc, à Avignon

Auriez-vous une anecdote à nous faire partager ?
«La fierté ressentie par plusieurs femmes d’un certain âge de ma famille, notamment lors de mon premier poste de directrice, alors qu’elles avaient dû se battre pour continuer à travailler à la naissance de leurs enfants ou pour obtenir un compte bancaire joint. Toutes ces femmes  qui ont eu du mal à supporter leur dépendance financière et sociale. Pour rappel ça n’est qu’en juillet 1965 que le Parlement votera une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte bancaire à leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari.»

Le mot de la fin ?
«La Banque de France permet une évolution de carrière très importante, nous permet d’être au service de l’économie via les banques, les dirigeants, les usagers, les enseignants, les transporteurs de fonds… L’ouverture, l’engagement et le sens des responsabilités dont notre institution fait preuve nous autorisent à nous consacrer pleinement à nos missions en pouvant concilier vie privée et professionnelle.»

Christine Gord
Directrice départementale de Vaucluse depuis la rentrée 2023. Elle fût directrice BdF de la Loire, Directrice régionale adjointe de la région Centre-Val de Loire… En 2022 elle réorganise les missions de la succursale de Saint-Etienne où elle était directrice depuis 2020. En 2002 elle participe au passage à l’euro fiduciaire, en 2 000 elle débute l’enseignement à l’IEP de Lyon (Institut d’études politiques, Sciences Po).

Les partenaires de cette deuxième édition de la soirée Femmes d’action, Femmes d’exception
Le Novotel Avignon centre, la Chambre de commerce et d’industrie de Vaucluse, l’Agence Chamade d’Avignon, Les Femmes chefs d’entreprises Vaucluse (FCE) et les Femmes Vignes Rhône et l’Echo du mardi.

Le programme de la soirée
18h – 18h30 : Accueil ; 18h30 – 19h : Mot de la présidente – présentation de la bourse Envie d’entreprendre Avignon ; 19h – 21h30 : Interventions des invitées puis échanges avec la salle. 21h30 – 22h30 : Moment convivial et d’échanges autour de planches de charcuterie, fromage et dessert.

Les infos pratiques
Jeudi 19 septembre à partir de 18h. Soirée Femmes d’action, Femmes d’exception 2e édition. Soroptimist International Avignon. Novotel Avignon centre. Inscription obligatoire 25€ ici.

La Banque de France, Agroparc, Avignon

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